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 Fantaisies Nocturnes ( PV: Ailill Mânes)

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Ziel Ock
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MessageSujet: Fantaisies Nocturnes ( PV: Ailill Mânes)   Fantaisies Nocturnes ( PV: Ailill Mânes) I_icon_minitimeLun 2 Fév 2009 - 21:05

Diantra, capitale de la société humaine, demeure du Roi et siège du conseil.
Bercée par l’obscurité d’un soir de pleine lune, les dernières lumières s’éteignent dans les chaumières des citadins.
Ici et là quelques ivrognes se déplacent dans les ruelles sombres de la ville. Chantant, vomissant de taverne en taverne.
A croire que la vie s’écoule sans encombre pour tous, l’humeur est à la fête et pourtant une guerre se prépare non loin de là. Bientôt des hommes mourront par milliers au combat. Mais la population n’à que faire des tracas de demain, préférant vivre l’instant présent, laissant le destin les porters vers un avenir incertain.
Mais certain comme toujours profite du malheur des autres, et ce cercle vicieux est chose courante dans la cité et la milice ne peut être partout à la fois.
Depuis peu, les meurtres se multiplient sans les bas quartiers, ces quartiers qui n’intéressent que peu de monde dans la cour du Roi.
Les nobles…. Idiots se cachant derrières de grande muraille, à l’abri de tous. Bien sûr tous ne sont pas mauvais, même certains sont bons, mais la généralité est là.
Et dans ce beau château, on n’a que faire que les gens meurent dans ces rues sombres ou la mort fait partie du quotidien. La famine, la maladie tuent chaque jour. Et cela, rien ne peut le changer.
La guerre crée un déficit immense dans les coffres du royaume.
Et bien sûr, les nobles continus de dépenser dans leurs fêtes et apparats alors que la basse société trime pour payer leurs futurs impôts.

Mais cela, le nouveau Chef de la S.S.R n’en a que faire. Et d’un côté, il ressemble aux nobles. Bien que lui s’occupe de cette basse société, son royaume, son terrain de jeu. Il est le maître des rues sombres de Diantra.
De part son tout nouveau grade, il s’est élevé bien au-dessus que la plus part des nobles. Lui qui fut jadis un voleur parmi tant d’autres, il est maintenant, leurs ennemi, mais aussi leurs meilleur allié. Car il est préférable par les temps qui cour, d’être du côté de la SSR, que son opposant, car seule la mort attend les ennemis du royaume.

La nuit était fraîche et parfaite pour admirer les étoiles qui luisaient dans le ciel.
Et comme on dit la nuit porte conseil. Et ces cela même, que Ziel espérait.
Devenu depuis peu, le responsable des Services Secrets Royaux.
Beaucoup de responsabilités lui étaient imposées. Il maudissait Dallin, l’ancien gérant des services de lui avoirs légué son grade.
En temps de guerre, la paperasse c’était accumulé sur le bureau du jeune homme.
Mais qu’elle idée, de choisir comme héritier, le plus étrange de ses membres…
Irresponsable, versatile, indolent et désordonné, la tache qui lui incombait était vraisemblablement….impossible.
Ziel est devenu en l’espace de huit années, la personne la plus importante des services, et de plus beaucoup, n’était pas en accord avec le choix du successeur, trop jeune pour certains, pas assez compétant pour d’autres et ainsi de suite, un cycle de reproche sans fin, qui venait s’accumuler au tracas du jeune chef.
Beaucoup trop de travail pour sa personne…

Mais du haut des remparts du château, dans l’aile nord, non loin de son bureau, enfin de ses appartements, vu que depuis la procession, il n’avait jamais quitté son lieu de travail. Il s’adonnait à un de ses seules passe temps… regarder le ciel. Examiner la lune, écouter le vent qui lui murmurait de douce poésie au creux de l’oreille. Se sentir libre, sortir de cette cage, se dénouer de ses chaînes. Vivre l’espace d’un instant.

Main levée vers le ciel, filtrant à travers ses délicats doigts les rayonnements de la lune, qui se soir, pleine, était belle.
L’enfant de 24 ans était allongé sur un rebord de pierre. Le silence régnait et petit à petit, il s’enroulait dans la cape de velours du sommeil.
Et enfin, sont corps se détendit et fut paisible…
Mais cette havre de tranquillité, fut vite brisé par, au loin, le résonnement d’un pas feutré avançant vers lui.
Maudit garde, pensa t’il tout d’abord. La ronde que faisaient les soldats, l’exaspérait au plus haut point. Car il n’aimait point être dérangé, lorsqu’il s’enfermait dans son monde. Dans ce petit paradis qui lui était propre.
Et préférant ignorer son visiteur, il ferma les yeux…
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MessageSujet: Re: Fantaisies Nocturnes ( PV: Ailill Mânes)   Fantaisies Nocturnes ( PV: Ailill Mânes) I_icon_minitimeMer 4 Fév 2009 - 19:37

    Une nuit sans nuages, lumineuse autant que peuvent l'être les éclats de lumière cireuse. La lueur découpait l'ombre des hommes, les faisant paraître autant de pions irréels, de cadavres erratiques qui régnaient en maître sur cette nuit poisseuse. Les taches de lumières fades se mouvaient sur les corps au rythme de leur respiration, éclaboussant leurs yeux, enfantant là quelque lueur malsaine. Tous les regards portaient la haine que l'alcool attise dans les corps. Mais la première étincelle avait été la toute récente levée des impôts, plus importante que les précédentes du fait de la guerre. Déjà, on savait que les soldats qui étaient partis ne reviendraient pas. Et seule la reine demeurait au château. La reine ! Une femme, sur le trône !
    Les gargouillements des ventres torturés par les spiritueux ponctuaient les jurons abjects. Lorsque les gardes intervenaient, les ivrognes les poussaient à la violence. Du moins, selon ce qu'ils en disaient. Et le pseudo-silence nocturne d'être lacéré par les chocs mats des coups dans des corps trop mous, déliquescents.
    Un petit peuple vivait sous cette crasse. Mille pattes roses et humides qui tapotaient le sol à une allure effrénée. Les rats prospéraient, portant le pire des fléaux, et où qu'ils aillent ils souillaient tout. Un bébé se réveilla en hurlant. Personne n'intervint.
    Sur les toits, féline, l'élite de la mort œuvrait tranquillement sans se soucier de ce que l'aube allait se lever, inéluctablement. L'on tranchait des gorges d'où jaillissait le sang en d'ignobles gargouillements, et les effluves du travail de la mort prenaient possession de l'air vicié et oppressant, immobile.
    Oui, une belle nuit, fraîche, qui donnait envie de gerber.

    Ailill regardait la ville qui s'étendait, au-delà des murailles. Chaque jour, il se saignait un peu plus afin de donner le meilleur avenir possible à ces hordes hurlantes et affamées. Elles comptaient, certes, nombre d'ordures, mais des gosses aussi. Il savait trop bien ce qu'était la mort d'un gosse. Alors, il se noyait dans la paperasse jusqu'à ce que ses yeux refusent de voir, que ses doigts crispés lâchent la plume. Toujours, il dormait assis, ou au sol. Pas cette nuit. Il ne portait qu'une chemise, un pantalon de toile grossière sur son armure fine, épée au côté ; il n'avait pas froid.
    A cette hauteur, pourtant, le vent qui se riait des ruelles mourantes gagnait en force et en vigueur. Il survolait les toits humides, jouant avec la vie des félins et autres épéistes nocturnes. Froid, glacial, il sifflait et hurlait désormais. Puis il se calma, tourbillonnant sur lui-même. Les cheveux de l'homme cessèrent de battre contre ses tempes. Il ne s'était pas rasé depuis plusieurs jours. Toutefois, il avait mangé, et il se sentait inhabituellement reposé... Comme si ce genre de pensées lui étaient interdites, une subite torsion compressa son cœur. Cela cessa aussi vite que c'était advenu. Mais il était trop tard ; Ailill ne profiterait pas de la ballade. Pas ce soir. Trop de vies étaient en jeu. Et, sans la sienne, elles perdraient beaucoup. Que faisait-il, ici, à cette heure, alors qu'il avait coutume de travailler jusqu'à perdre conscience ? Seul lui possédait la réponse...

    Il prit conscience d'une présence, non loin de lui. Il ne pouvait s'agir d'un garde ; il s'était rapidement informé de l'heure des tours de veille, afin qu'il ne soit pas dérangé. Il n'était jamais venu ici, mais il savait que toute autre présence à ses côtés en ce point culminant perturberait le flux de ses pensées. Les chiffres se mêlèrent à la ronde plénitude de cette lune, lui conférant un aspect obscène. Les étoiles éclataient le ciel comme si elles avaient voulu crever les yeux. Et, où que son regard aille pour nier la réalité de cette présence, il rencontrait quelque élément repoussant. Les pierres humides des remparts sur lesquelles se détachait, s'étirait, une couche visqueuse d'humidité verdâtre, la chouette qui se posait sur un créneau le temps de tirer les viscères hors du corps tressaillant de sa proie...


    « Intrus. »

    Ce n'était pas une question. Le ton était bref et rauque, mais égal. Une façon comme une autre de rendre réel un songe, de la même manière que l'on adoucit les tortures en prononçant les mots qui s'essayent pitoyablement à les qualifier.
    Ainsi immobile, dans cette cape, l'homme paraissait un cadavre. Dans l'état d'esprit d'Ailill, cela n'avait rien de troublant. Un cadavre de plus, un corps mort, de la chair durcissante autour de laquelle, à l'aube, tout un tas de vautour s'égailleraient en clamant au meurtre.

    Non, la poitrine se soulevait au rythme des respirations de l'homme. Tant mieux, après tout. Il n'aurait guère de temps à perdre, demain, mais cette nuit il savait ce qu'il cherchait, et peut-être cet étrange dormeur détenait-il quelque information.
    S'approchant de lui, il s'accouda au rebord de pierre. Plusieurs mètres les séparaient, un gouffre que comblait le vent avec le brio d'un chef d'orchestre fou. Les notes stridentes frôlaient les basses, croissant en puissance et en intensité. Le souffle fut tel que la chevelure noire fut ramené en arrière, découvrant un profil hâve, décharné, comme au chapitre de la mort. Le regard bleu tranchant d'Ailill scrutait la ville. A le voir, on ne pouvait douter qu'à l'instar du faucon il cherchât quelque proie. Que ce fût réellement le cas ou non ne présentait aucun intérêt.
    De nouveaux, ses lèvres formèrent quelques mots, à peine un murmure.


    « Ouvre les yeux, et regarde le monde. Tu n'as aucun droit de te fermer à lui. »
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MessageSujet: Re: Fantaisies Nocturnes ( PV: Ailill Mânes)   Fantaisies Nocturnes ( PV: Ailill Mânes) I_icon_minitimeJeu 5 Fév 2009 - 22:50

Enfin assoupis, l’enfant, paisible dans son petit paradis, jouait….
Un monde, dont il est le maître absolu.
Et c’est dans ces courts moments, qu’il hait se faire déranger.
Le pas qu’il avait ignoré, devenait plus fort et dérangeant.
L’étranger parla, mais Ziel, ne put le comprendre, enfin il ne voulait pas l’entendre.
L’inconnu s’approcha encore et encore, d’une démarche lente et silencieuse. Bien que les tintements de l’épée résonnaient. Un guerrier sans doute, pas un garde en tout cas. Pas de bruit d’armure, seulement le son du pas feutré de l’homme et de son épée.

Espérant fortement qu’il passe son chemin, Ziel ne daigna ouvrir les yeux.
Ce qui lui valut une remarque des plus étrange, rare sont ceux qui l’avait accosté du manière si peu commune. Ne se présentant même pas, d’un ton imposant et autoritaire, il lui ordonna d’ouvrir les yeux.
Un petit sourire en coin apparaissait sur le visage du dormeur.
Son interlocuteur n’était pas un garde ou encore un noble en perdition. Dans la voix de l’homme, on sentait l’expérience, la force, oui, la force d’un meneur. D’une personne prenant régulièrement des décision importante.
Dommage, Ziel, espérait que ce pas soit celui d’une femme. Et sans sortir de son univers, il répondit sans retenu :

« Et pourquoi ? Mon monde est bien plus beau que le tien ! Et qui es tu ? Pour m’ordonner quoi que se soit. Je suis un homme libre et si je souhaite dormir sur ce rempart, je suis dans mon droit ! »

Et d’un geste de main, il le somma de le laisser tranquille.
Mais cet étrange personnage avait titillé sa curiosité. Quel genre de personne pouvait bien s’être présenté a lui.
Et cédant à son pêché, il ouvrit les yeux.
La lune toujours aussi belle et le vent soufflaient toujours pareils. Que cela était monotone.
Et d’un seul geste, il se leva gracieusement sans prendre appui sur la paroi froide et rugueuse de ces remparts rocheux et sauta en direction, se plaçant à quelque pas de son opposant.

Les deux hommes se ressemblaient sur certains points. Tout deux étaient frêles, plus où moins de la même taille, les cheveux se fondaient dans la nuit et leurs yeux, tout deux bleus étaient magnifiques, bien que ceux de Ziel ne possédaient pas cette lueur sévère que le temps laisse à travers les ages.
Mais l’enfant n’aimait point s’attarder sur le physique des autres, ce qu’il voulais, c’était plutôt de « comprendre » et peut être s’entendraient t’ ils ? Ziel se sentait quelque peu seul ces temps ci, confiné derrière son bureau à éplucher toute sorte de rapport. Un peu de sociabilité ne lui ferait pas de mal. Et autant avoir des relations avec une personne étrange. Et celui là ferait sûrement l’affaire.

Se décidant enfin à parler, il afficha un petit sourire moqueur. Et fit une courbette bien basse en l’ ironisant au maximum.

« Eh, bien vu que tu te crois, tout permis, au point t’interpeller une personne sans te présenter, je vous montre mon plus grand respect en te faisant cette magnifique courbette dû a vôtre rang si haut… et après un petit blanc, il se releva. D’humeur moqueuse il continua : Je me nomme Ock, Ziel Ock et maintenant que je me suis présenté, il marqua un arrêt, j’espère que vous me feriez l’honneur de me dire qui vous êtes. »

Fière de lui, il s’éloigna d’un pas et s’accouda au rebord du rempart qu’il avait dans le dos.
Prenant la pose, regardant l’inconnu droit dans les yeux. Une bourrasque souffla, faisant onduler ses cheveux. Et de sa main gauche, il les plaça derrière son oreille et de l’autre pointa la lune.

« Belle nuit…. N’êtes vous point d’accord Monseigneur ? Parfaite pour se perdre dans cette noirceur infini ? Non ? Dit t’il en dégainant un petit couteau de lancer. Que j’aimerais toucher cette belle dame, de ce couteau, pour lui montrer ma détresse…. »


Et son rire retendit.




[HRP]Pas inspiré, Merriadeck, ma explosé le cerveau XD….[HRP]
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MessageSujet: Re: Fantaisies Nocturnes ( PV: Ailill Mânes)   Fantaisies Nocturnes ( PV: Ailill Mânes) I_icon_minitimeVen 6 Fév 2009 - 15:19

    Son regard tranchait les volutes aériennes qui glissaient sur les tuiles irrégulières, coquille de la ville. Il voyait au-delà de la carapace ocre et brunâtre, ce contenu humide et bouillonnant, visqueux, vivant pourtant. Il distinguait sans peine les râles de ceux qui expiraient comme tous ces hurlements qui formaient un chœur dérangeant. Ces lieux ne lui étaient pas plus familiers que d'autres ; ce qu'il connaissait, c'était le cœur des hommes qui vivaient dans les bas-fonds, ou les masures qui tenaient debout quoiqu'elles frissonnent en se serrant les unes contre les autres.

    « Et pourquoi ? Mon monde est bien plus beau que le tien ! Et qui es tu ? Pour m’ordonner quoi que se soit. Je suis un homme libre et si je souhaite dormir sur ce rempart, je suis dans mon droit ! »

    Doucement, sa tête se pencha un peu sur le côté, finalement ses yeux firent face au corps qui n'était plus immobile ; le dormeur souriait. Quand bien même il n'aurait pas esquissé le moindre mouvement, aussi peu perceptible fût-il, ce corps semblait vivre du fait du vent qui battait ses flancs, des tissus qui frappaient l'air et tentaient en vain de s'arracher à l'être qu'ils couvraient. Ces cheveux, aussi, rais de lumière noire, éclaboussés du bleu céleste, sans cesse s'éparpillaient gaiement en une valse funèbre et glacée.
    Ailill demeura inexpressif, attendant peut-être qu'il daignât se lever. L'autre esquissa un petit mouvement agacé de la main, de ceux dont l'on use pour chasser les mouches. Sans aucun doute, il ne saurait conserver son impassibilité. Alors Ailill prit le temps de le scruter, habitude ou calcul, il était toujours utile de connaître celui auquel on s'adressait.
    C'était un gosse. Adulte, il avait conservé une stature chétive, une charpente frêle quoiqu'il possédât encore les muscles de la jeunesse, mais ceux-ci étaient presque noueux. Il avait pour l'instant la finesse des traits féminins, puis ses paupières s'ouvrirent sur des yeux bleus, à peine plus clairs que ceux d'Ailill, et il sut que le dormeur quittait son monde à regrets.
    Il est toujours plus aisé de vivre là où la souffrance n'existe pas, tellement plus facile de fuir ceux qui crèvent quand ils vous tendent la main. Et tellement plus agréable, aussi, de les regarder de haut et de se dire qu'ils ne valent même pas ce regard qui les détaille comme des objets décoratifs d'un goût douteux. Ailill, s'il s'était accoutumé aux manières de la cour, n'avait pas cherché à s'intégrer ni à se fondre dans cette masse roucoulante. Il n'avait pas de temps à perdre.
    Non, pas de temps.
    Un fin filet de sang perla au coin de ses lèvres, disparut, poisseux, dans le chaos sombre sur la joue glacée.

    Alors, le jeune homme se remit sur pied avec la pédante brusquerie que lui permettait son corps. Ailill demeurait impassible de telle sorte qu'il était impossible de savoir ce qu'il pensait. Mais qu'importait. Son regard ne quittait pas les yeux de son interlocuteur, sans pour autant perdre le moindre de ses mouvements. Tout à coup, celui-ci plia son buste à la manière des courtisans, cependant il l'approcha si près du sol que ç'en était risible. Et visiblement, c'était l'effet qu'il recherchait.
    Un autre qu'Ailill l'aurait pris à la légère, lui aurait répondu de haut. Il ne se permit pas une telle erreur, écoutant sans broncher tout ce qu'il avait à dire.
    Et les mots d'éclater, de jaillir de cette bouche emplie de vie.


    « Eh, bien vu que tu te crois, tout permis, au point t’interpeller une personne sans te présenter, je vous montre mon plus grand respect en te faisant cette magnifique courbette dû a vôtre rang si haut…Je me nomme Ock, Ziel Ock et maintenant que je me suis présenté, j’espère que vous me feriez l’honneur de me dire qui vous êtes. »

    Le dormeur éveillé semblait d'humeur moqueuse. Bien davantage, même, il laissait percevoir une certaine fierté. Sur cette tirade, il alla s'accouder, dos au rempart. Ailill nota à part qu'il ne lui tourna pas le dos un instant, après être resté si exposé, vulnérable comme un nouveau-né alors qu'il s'obstinait à refuser de voir. Et, en écho à cette pensée, le métal froid de la lame émit une aura crissante.

    « Belle nuit…. N’êtes vous point d’accord Monseigneur ? Parfaite pour se perdre dans cette noirceur infini ? Non ? Que j’aimerais toucher cette belle dame, de ce couteau, pour lui montrer ma détresse…. »

    Esquissant quelques pas chancelants, balloté par les bourrasques à la manière d'un pantin, Ailill recula jusqu'à ce que son dos heurte l'autre rebord de pierre du chemin de ronde, en face de l'homme. Pas un instant son regard ne s'était détaché du sien, quoiqu'il parût ne pas le voir, regarder bien au-delà de ces prunelles azur.

    « Le mien ? »

    La voix d'Ailill n'était pas forte, pourtant elle prenait possession de l'espace, rauque elle se mêlait aux frottements du vent contre l'interminable chemin de pierre. Elle ne semblait pas particulièrement assurée, mais elle avançait inéluctablement, eût-on souhaité ne pas l'entendre, elle s'immisçait dans les pensées. Certes, il perçait là une sorte de force, celle de l'assurance. Ailill était maître de ses mots, et s'il venait à douter, ceux-ci n'en laisseraient rien paraître, jamais. Ses lèvres bougeaient à peine, de telle sorte que quelqu'un qui se trouvât quelques pas plus loin n'auraient seulement pas pu savoir qu'il parlait. Il savait mesurer parfaitement la puissance de ces notes de sorte qu'elle parviennent à ceux qu'ils visaient.
    Mais, la plupart du temps, il n'usait pas de ce talent, préférant de loin le silence, le flux tourbillonnant de ses pensées.


    « Je ne possède pas de monde... homme libre. »

    Une pointe de sarcasme dans ces derniers mots. Libre. A moins de ne donner une définition tout juridique de la liberté, et peut-être était ce qu'il voulait dire au travers de l'évocation de ses droits, ce jeune homme ne pouvait être réellement libre. Et, à moins qu'il fût aveugle, ce qu'Ailill présumait comme étant faux - les pires erreurs surviennent lorsque l'on sous-estime, non l'inverse - il ne pouvait pas l'ignorer. Alors sûrement, simplement, ne voulait-il pas le montrer.

    Personne ne se plait à exhiber ses chaînes.


    « Qu'est-ce qu'un nom ?... Rencontrerais-tu tant d'hommes, au clair de lune, sur les remparts du château qu'il te faille un nom pour tous les différencier ? »

    Pourquoi le tutoyait-il ? Cela s'était imposé à lui comme une évidence, lorsqu'il avait vu ce corps tantôt inhabité, si incongru sur cette pierre sale, noyé dans les réminiscences glauques de la lumière jaunâtre. On ne vouvoie pas un cadavre, fût-il ressuscité. Et maintenant que le jeune homme vivait, il ne ferait pas marche arrière pour autant.

    « Cette nuit n'a pour moi aucune beauté, du fait qu'elle abrite en son sein bien plus de souffrances que le jour n'en voit naître. »

    Détresse...
    Était-ce d'avoir prononcé ce simple mot, qui rendait palpable un état de fait, ou moins probablement quelque désir de souffrir, qu'il enfantait ce rire ?
    Ce n'était pas un rire d'homme, ni de femme... D'habitude, les notes montaient, presque des hoquets que l'on éructait dans des gargouillis infects, le corps agité de tressaillements semblables à ceux qui précèdent la mort, puis la peau s'humectait, devenait visqueuse, les yeux se révulsaient ; toujours, le rire montait... Encore et encore, le même dans la gorge des nobles durant les banquets que celui des mercenaires qui violaient les femmes...
    Toucher la lune qui l'observait vêtue de sa noirceur infinie, voilà à quoi il disait aspirer. Son rire avait la clarté du cristal.


    « Il est tant de choses qui doivent être faites que tu n'as aucun droit de t'enfermer dans ce monde que tu considères comme le tien. Il t'a été donné par ceux qui te permettent de vivre, ceux qui produisent ces aliments qui t'empêchent de crever. »

    Alors, Ailill s'avança vers le jeune homme. Il s'immobilisa à moins d'un mètre de lui, si près que les nuages opaques qui s'élevaient de leur visage se mêlaient. Tout à coup, son regard gagna en intensité, aussi perçant, inébranlable que l'est la flèche qui fuse vers sa cible, l'empennage comprimé sous la violence de l'air. Et, l'espace de quelques souffles, il demeura là.
    Puis il se détourna et se déplaça à côté du jeune homme. Là se trouvait un espace vide, un néant entre deux créneaux. Il s'avança doucement, comme marche un aveugle.
    Car il ne voyait plus, tant ses pensées dominaient son esprit. Il avait noté le moindre des détails de ce visage. Désormais, il ne l'oublierait plus.
    L'autre ne mentait pas, quelque tourment le hantait.
    Mais qu'était-ce en comparaison des hôtes sanguinaires de l'homme qui s'approchait du vide ?
    Ses paumes osseuses frôlaient la pierre des créneaux de part et d'autre de lui. Il interrompit son lent mouvement alors que seuls quelques centimètres le séparaient du néant.
    Plus bas, si loin, les ténèbres engloutissaient le pavage irrégulier. Un chien gémissait, mourant.
    Comme il aurait été facile de le rejoindre ! Si facile, et pourtant tellement ignoble... Même cela, Ailill n'en avait pas le droit. Il n'était libre de rien. Sa prison ? Il l'avait bâtie de ses propres mains. S'il mourrait, qui gérerait l'argent pour lequel tous ces hommes et ces femmes suaient sang et eau ?
    Il n'avait pas le droit de manquer à ses devoirs. Ironie du sort...
    Oh, que le destin était drôle, quand il le voulait...
    Il se permit un faible sourire, si amer pourtant.
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MessageSujet: Re: Fantaisies Nocturnes ( PV: Ailill Mânes)   Fantaisies Nocturnes ( PV: Ailill Mânes) I_icon_minitimeDim 8 Fév 2009 - 21:16

« Le mien ? »


L’homme lui répondait par une autre question, pourquoi tout ne pouvait être simple ?
Tant de difficultés, elles qui rendaient, la belle existence des humains si hasardeuse.
Et pourquoi tant de question.
Ces questions qui torturaient l’esprit des hommes, ou de celle qui les font douter.
Chaque question était la réponse d’une autre, chaque question était la clé. Une clé pour une porte. Et de cette porte sortait une autre question, et un cercle vicieux sans fin naissait.
Etre curieux, oui Ziel l’était, mais les questions n’étaient pas une chose qu’il appréciait. S’immiscer dans la vie des gens, rompre leurs intimités, pénétrer dans leurs petits jardins.
Certes un certain dicton disait que connaître ses amis est important, mais que connaître ses ennemis l’est encore plus.
Alors, son interlocuteur, était un ennemi ou un ami et lui comment le considérait t’il, ami ou ennemi. Comment savoir sans poser de question ?
Ô vie pourquoi es tu si dur avec l’homme que je suis devenu, pourquoi ?


« Je ne possède pas de monde... homme libre. »

La voix de l’homme le sortit de ses étranges divagations ?
Pas de monde. L’enfant ricana. Et oui, car tout homme, femme, enfant possède son propre monde tant que personne ne lui affirme le contraire.
Il voulait répondre a cette affirmation, mais il préféra ce taire pour laisser continuer cet étrange personne.
Et qu’est ce qu’un homme libre ? Lui, libre… qu’elle douce illusion.


« Qu'est-ce qu'un nom ?... Rencontrerais-tu tant d'hommes, au clair de lune, sur les remparts du château qu'il te faille un nom pour tous les différencier ? »

Et oui, il en rencontrait beaucoup, depuis quelque temps, des gens important, certains moins, mais le nom d’une personne et aussi importante que la vie elles mêmes… Qu’est ce qu’un homme sans nom ? Et bien ce n’est personne…non même moins encore ce n’est rien.

« Cette nuit n'a pour moi aucune beauté, du fait qu'elle abrite en son sein bien plus de souffrances que le jour n'en voit naître. »

Pour une fois, l’homme ne généralisait pas son cas, il ce ciblait. Et tant mieux, car le joueur n’était point d’accord avec cette affirmation.
Et riant, Ziel rangea son couteau, le vent soufflait de plus belle et quelque nuage se faisait connaître.
Il regarda une nouvelle fois la lune, si belle et si mystérieuse. Ce qu’il aimerait la touché, être son amant, rien qu’une nuit, pour que le reste de vie, il rêve chaque nuit de la beauté qui c’était offert a lui et que chaque nuit il contemple son amour d’une nuit.



« Il est tant de choses qui doivent être faites que tu n'as aucun droit de t'enfermer dans ce monde que tu considères comme le tien. Il t'a été donné par ceux qui te permettent de vivre, ceux qui produisent ces aliments qui t'empêchent de crever. »

Dur parole… Si vrai, mais en même temps tellement fausse…
Il détacha son regard, de sa maîtresse, pour le poser sur cet homme qui semblait tout savoir, avoir réponse à tout.
S’approchant, l’homme se posa, prés de lui.
Ami ?
Encore une question, que Ziel devrait poser, un de ces jours…
L’examinant, il remarqua un petit sourire.
Il en avait terminé…Laissant ainsi, à Ziel le loisir de continuer…

Alors il s’éloigna du rempart, sa démarche était lente et gracieuse. Sautillant pour se réchauffer. Regardant au loin, un regard perçant traversant les murs du château, sans pour autant entrevoir ce qu’il y avait derrière. Un regard vide de sens.
Il joua quelque instant avec ses longs cheveux et sauta sur le rempart, telle un félin s’élançant vers sa proie.
Et s’assis les pieds pendant dans le vide.
Admirant cette ville si silencieuse et animée a la fois.


« Donc, tu ne possède pas de monde ? Et pourtant tu en possède un…, il reprit après être resté silencieux un court instant. Et tu viens de me l’affirmer. Toute tes pensées, toutes ses affirmations, toutes tes croyances. Voila ce qui est ton monde. Et si tu ne me crois pas, j’ai un exemple pour toi ! »

Et sans détourner son regard de l’horizon, il pointa du pousse, ce qu’il y avait derrière lui.

« Regard, derrière toi, et dit moi si tu vois cette torche accrochée au mur. Le flamme est verte n’est ce pas ? Ou me dira tu le contraire. Car moi je la vois verte et toi ? De qu’elle couleur vois tu la flamme. Verte comme moi ou d’une autre couleur ? Et si toi tu la vois jaune, rouge ou même orange. Comment pourrais tu me dire que je me trompe. Nous ne sommes que deux, qui de toi ou de moi a raison ? M’imposerais tu ta vision du monde ? »

Il laissa son « ami » réfléchir quelques instants et reprit.

« Et pour moi cette nuit et magnifique… peut être pas pour toi, mais pour moi, si ! Ou voudrais tu une nouvelle fois, m’imposer ton monde ? C’est cela mêmes êtres libres. Ne pas entrer dans le moule que l’on crée pour toi. Être libre n’est pas une action, ou quelque chose que l’on peut obtenir, c’est ce que l’on est. Chacun est libre à sa manière et voici la mienne ! Mais cela n’est peut être pas la même pour toi ! »


Et lentement avec regret, il détourna le regard pour observer la réaction du vieil homme. Sourire aux lèvres, son regard se plongea dans celui de l’autre. Les cheveux battant au vent, par cette nuit, qui maintenant assombrit par les nuages, était de plus en plus belle et mystérieuse.
Et petit à petit la pluie tomba, pour enfin éclater dans un lourd fracas.
Trempé, Ziel leva les yeux au ciel.


« Et bien qu’elle est ton nom ? Pour que peu être la prochaine fois que je rencontrerais un homme la nuit sur ce même rempart, je ne le confonde pas avec toi ! »
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Ailill Mânes
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MessageSujet: Re: Fantaisies Nocturnes ( PV: Ailill Mânes)   Fantaisies Nocturnes ( PV: Ailill Mânes) I_icon_minitimeMer 11 Fév 2009 - 11:16

    Il ricane, il tourbillonne, rengaine l'arme, pouvoir de mort, qu'il tenait tantôt. Qui est-il pour se croire permis d'appeler la Faucheuse ? Assassins, mercenaires, tous dérobèrent ce droit et en usent sans légitimité aucune. La mort ne serait qu'un simple méfait, rien de plus qu'un vol - celui de la vie ?

    Il semblait aimer à parler, s'épancher, dût-il briser encore et encore les sonorités nocturnes. Ce devait être ainsi qu'il concevait toute relation humaine. Ailill, au contraire, n'avait pas pour habitude de s'embarrasser de tant de mots auprès de ses semblables, si ce n'était lorsque ses fonctions le contraignaient à un rapport précis. Ou, peut-être, lorsqu'il devait entrer dans le jeu de son interlocuteur... En l'instant présent, il se trouvait tiraillé entre différents choix. Il trancha avec l'aisance d'un assassin qui scinde un cœur encore palpitant, ayant déjà pesé le pour comme le contre de chaque décision.


    « Je n'ignore pas que l'on puisse nommer "monde" le cloaque de son imagination propre. Pour moi, dans un monde doivent se trouver d'autres êtres à la volonté distincte de la notre. »

    Pour moi... Prenait-il réellement des précautions dans sa façon de parler ? Ou bien était-ce une manière comme une autre de ne pas faire perdre pied à son interlocuteur ? Ou, encore, n'appréciait-il pas de se montrer trop incisif, impérieux ? Il ne prenait pas les Hommes de haut, ni quelque autre créature que ce soit - du moins, selon sa façon de voir. Pour l'heure, il paraissait discuter, usant d'un ton égal, un murmure rauque qui portait infailliblement la moindre de ses syllabes.

    A chacun sa vision propre du monde, c'est cela que le jeune homme prônait.


    « Certes, il n'est pas sans exister tout un chapelet de petites différences mineures de perception entre les êtres. Les visions divergent, selon, se particularisent. Je puis cependant affirmer que ces singularités sont aussi peu importantes que les différences physiques. A moins de n'être quelque courtisan en mal de plaire, l'on s'attache à ce qui fait la personne de manière plus profonde, pas à sa perception physique du monde. »

    Il était vrai, cependant, que la perception du monde découlait partiellement du vécu... Mais Ailill ne désirait pas s'encombrer outre mesure de considérations tatillonnes, préférant qu'elles lui restent étrangères.

    « Pour connaître le cœur humain qui naît et qui crève, celui de la vie de chaque jour, ceux que corrompent l'alcool ou l'argent, celui qui tient une épée ou une rame ou une faux comme celui qui se dévoue, qui aime ou qui perd toute l'eau de son corps, un petit cadavre serré contre lui... je peux aller à penser que, somme toute, ils ne sont pas si différents. »

    Non, en effet, l'on pouvait comprendre tous les hommes, si l'on savait ce qui les avait forgés pour aboutir à ce qu'ils étaient. Même les pires salauds avaient des raisons d'agir. Ce n'était pas pour autant, par ailleurs, que l'on pouvait les pardonner... Mais ceci était un autre terrain, plus glissant encore car pente des convictions enduite des viscosités religieuse et royale.

    « "Libre à sa manière", n'est-ce pas un moyen d'extérioriser la sensation de vivre dans une cage ? Le monde est une prison pour ceux qui ne possèdent pas les milliers de clefs des portes qui le barrent et le sillonnent en tous sens. Ces murailles, sont-ce des obstacles palpables, ou bien des fragments de l'âme de ceux auxquels l'on tient et qui nous serons à jamais refusés, ne nous permettant pas de les comprendre ? Et de l'incompréhension de ces êtres-là résulte la souffrance, un supplice bien plus insidieux, destructeur, que celui qui tient le condamné aux tripes. »

    Et plus un être était simple, heureux, moins les murailles se faisaient nombreuses, moins il aurait besoin de ces fameuses clefs que l'on guette sans jamais parvenir à les saisir.

    La métaphore des clefs, quoi de plus classique mais de plus efficace pour se faire comprendre ? La clef représentait le moyen, la porte l'obstacle, et ce à quoi elle conduisait, le but ; l'homme marche mené par ses desseins, mais la porte ne peux en laisser passer qu'un à la fois, et encore faut-il qu'il possède le moyen... Une bien jolie façon de souffrir, en vérité. Combien d'êtres se réveillèrent-ils en hurlant à la clef, la clef du paradis, du bonheur, de la compréhension, la clef des champs - la liberté ? Tout ce à quoi aspire l'être humain condensé dans un objet futile car étranger à la nature, un ramassis de matière qu'il créa lui-même pour mieux se torturer.
    Mais qu'était-ce que la guerre sinon une forme de torture mutuelle qui naissait d'un commun accord ?


    « Parfois, la mort apparaît comme une clef. Un ustensile pour quitter les hommes - et les empêcher à jamais de vous suivre. »

    Si l'on prêtait attention à ces quelques mots, on s'apercevait qu'Ailill affirmait être athée, et ce avec une assurance inébranlable. Il ignorait pourtant tout des fonctions, du pouvoir de ce jeune homme. En cela, commettait-il une erreur ? Non, il avait foi en le cœur des hommes. Rien ne se perdait à jamais, tant que l'on vivait.

    La mort se fait tentatrice, promesse de libération éternelle. Néant.
    Il tenait trop à cette multitude de vies éphémères pour se permettre de les abandonner, déjà.


    « J'ai la présomption de penser qu'il n'est guère aisé de me confondre avec qui que ce soit. »

    Et la pluie de se jeter, se fracasser sur le sol avec une violence inouïe, un corps colossal et grandiose se précipitant à l'encontre de la Terre. Un titanesque orchestre venait de se lever, auquel le vent se mêlait, les nuages, parfois le premier amenait les gerbes d'eau et le brouillard contre un mur, et la flotte explosait contre le pisé dans un fourmillement de poussières lumineuses, boueuses. Le froid, avec lui la mort, fluctuait hors et autour des corps qu'il enlaçait, enveloppait, chahutait avec une douceur semblable à celle d'un gosse aussi musclé qu'efflanqué en plein jeu.

    Ses cheveux trempés ruisselaient, déjà, mais l'eau ne diluait pas le bleu pur de ces yeux tranchants.


    « Andoe. C'est celui que je suis, en cet instant. La nuit présente n'est pas dénuée de pouvoir. Même pour moi. »

    Sans précaution, il se sépara du vide. La pluie formait des ruisseaux croissants en contrebas, emportant par à-coups le cadavre gonflé du chien. Quelques rats que tenaillait la faim affrontaient les intempéries pour se rapprocher de la masse de chair durcissante ; l'un d'eux poussa un couinement de fin du monde lorsqu'un type sorti de nulle part l'écrasa de son pied nu.
    Ailill ignora ce spectacle, retournant non sans dégoût - à l'encontre de ce lieu protégé dans lequel il se trouvait - à l'isolement du chemin de ronde. Ses vêtements dégouttaient tant d'eau que, sous ses pas, la mousse spongieuse ne se décollait pas ; elle se contentait de se tasser, gluante et verdâtre, puis de regagner sa forme originelle.


    « Rentrons. Le plus proche sera le mieux. Je ne te demande pas de m'offrir un abri ni de me suivre, mais si tel était le cas sache que je le ne refuserais pas. »

    Elle s'était tue, éphémère illusion, elle n'en reparaissait que plus forte. La toux secoua les poumons de l'homme, coupant sa respiration encombrée. Mais tout son corps rejetait ce silence feutré qui promettait de s'emparer de lui, son cœur battait, encore, toujours, il vivrait. Combien de temps ? Deux, trois ?... Jours, ou bien mois ?
    Oh, quel brillant avenir ! Comble de la joie...
    Amer.

    Tout en parlant, Ailill s'était rapproché de lui, jusqu'à se trouver à côté. Tendant simplement le bras, il posa sa main sur son épaule. Une longue serre émaciée, maigre, si légère qu'elle en était effrayante. Qu'il sache seulement combien le sang circulait lentement dans ses veines. Qu'il n'ignore pas qu'il portait la mort, qu'il était malade. Pourquoi pas contagieux ? Cela aurait été amusant, presque... Peut-être était-ce le cas, mais ce mal, il le développait depuis des années, lui qui croissait jusqu'à déchirer son cocon et dévorer ce qui restait de sa substance vitale.


    « Tu as exigé mon nom. J'exige en retour que tu saches que je crève. »

    Pour certains hommes, cela pouvait se trouver être un fardeau. Peu lui importait, que ce jeune homme le prenne comme bon lui semblait.
    Et la pluie de redoubler en un furieux déchaînement.
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