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 Face to face [PV Fierce]

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Aurore Lanval
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Aurore Lanval


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MessageSujet: Face to face [PV Fierce]   Face to face [PV Fierce] I_icon_minitimeLun 16 Fév 2009 - 11:21

Aurore se tenait derrière la fenêtre de sa chambre qui donnait sur le parc de la propriété des Lanval. Ce lieu de verdure et de platitude lui évoquait de nombreux souvenirs tout aussi agréables les uns que les autres. C'était là qu'elle avait grandi, joué, lu et fait plus de discours que n'en compte l'œuvre de Platon. Les arbres étaient maintenant baigné d'une lumière incandescentes. Ombres immobiles dans le sang du désespoir. Aurore laissa échapper un soupir puis se laissa tomber avec nonchalance dans un fauteuil. La jeune femme était seulement vêtue d'une chemise de nuit faite dans le coton le plus fin qui existait. Elle ramena ses jambes contre sa poitrine et continua de contempler le coucher de soleil quand on soudain trois coups secs retentirent à la porte. Aurore n'était pas d'humeur à voir qui que ce soit alors elle ne répondit rien, mais elle savait qu'on ne lui laisserait pas le choix. En effet la seconde d'après elle entendit le grincement de la porte puis un claquement sourd. Elle ne pris pas même la peine de détourner le regard de la fenêtre.

"Mademoiselle Lanval, il faut vous habiller rapidement, le seigneur Darius demande un entretien avec vous dans les plus brefs délais!"

"Dites lui que ma santé laisse à désirer ce soir et qu'il faudra reporter cette entrevue à plus tard je vous prie..."

"Le seigneur votre père dit que vous n'avez pas le choix mademoiselle..."

Aurore se leva d'un bond. Cette fois ci elle avait du mal à contenir toute la colère qu'elle avait en réalité accumulée depuis plusieurs mois et elle arracha elle-même sa chemise de nuit, ouvrit à la volée son armoire en chêne massif et sortit sa plus triste robe en satin noir. Sa servante l'aida à la fermer puis lui coiffa les cheveux en un chignon simple mais élégant.

"Mademoiselle, vous êtes absolument ravissante."

La jeune fille regarda Aurore de ses grands yeux et comprit au visage de sa maîtresse que la phrase précédente ne lui avait pas plût et elle se contenta de serrer un peu plus les lacets du corsage. Suite à cela elle s'éclipsa, laissant seule Aurore attendre son fiancé. Celui-ci ne tarda pas à frapper et à entrer dans la chambre, il fut ensuite reçu dans un petit salon annexe.

"Aurore malgré la sobriété et les tons foncés de vos habits, vous êtes absolument resplendissante..."


"Vous me flattez trop seigneur."

Darius invita Aurore à s'asseoir à ses côtés sur un canapé puis il engagea la conversation tout en lui prenant la main. La jeune femme n'osa pas la retirer. Elle resta là, immobile et silencieuse, le regard perdu quelque part dans le vide.

"Aurore, je vous ai trop longtemps attendue... Je souhaite que nous fixions maintenant une date pour notre mariage."

La jeune femme sentit son cœur s'accélérer dans sa poitrine, elle afficha cependant un visage tout à fait impassible.

"Mais enfin Darius ma robe n'est toujours pas terminée..."

"Ah oui, tiens à ce sujet, où en êtes vous dans votre ouvrage?"

"Je suis en ce moment en train de coudre des perles et des broderies sur le bustier. C'est un travail d'orfèvre, vous verrez par vous même cette robe sera digne d'une pièce de collection."

"Je vous crois sur parole ma douce, mais combien de temps comptez vous passer sur cette fameuse pièce de collection?"

L'homme porta la délicate main d'Aurore jusqu'à ses lèvres mais la jeune jeune femme la retira d'un geste vif avant de se lever et d'entamer de continuels allers et retours.

"Je ne sais pas.. Peut être encore six mois... Seulement pour la robe, je ne parle pas des autres préparatifs..."


Darius se leva à son tour et dirigea ses pas sur ceux d'Aurore. Quand ils se rencontrèrent enfin celle-ci lui adressa un sourire hypocrite absolument convaincant. Cependant cette fois-ci le regard de son interlocuteur n'était plus le même, la sérénité et la cordialité avait été remplacées par la plus profonde des rages. Il empoigna fermement le bras de sa fiancée et la jeta avec violence contre un mur. Lorsque sa tête se cogna Aurore ne put retenir un léger gémissement. Darius rapprocha son visage si près qu'elle pouvait sentir le souffle de sa respiration dans son cou.

"Écoutez moi bien, vous allez très vite oublier cette satané robe ou bien la terminer car croyez moi bien quand je vous dis que la semaine prochaine à cette heure-ci nous serons mari et femme et le mariage sera consommé..."

Sur ses funestes paroles, Darius pressa avec force ses lèvres contre celles d'Aurore qui bien évidemment ne se laissa pas manipuler de la sorte. Celle-ci gifla tout d'abord son agresseur et parvint à se détacher de son emprise avant de saisir un chandelier en or et de lui enfoncer dans l'estomac. Darius se redressa de toute sa hauteur et attrapa la jeune femme par les cheveux.

"Ne recommencez jamais ce genre d'action car vous le regretteriez amèrement, me suis-je bien fait comprendre Aurore?"

Malgré les larmes qui brouillaient sa vue, Aurore parvint à donner un coup de pied à l'endroit le plus stratégique lorsqu'il s'agit de se défendre contre un homme malfaisant. Darius lâcha immédiatement la jeune femme pour se recroqueviller sur lui même.

"Je ne suis pas celle que vous croyez Darius. L'amour d'un enfant pour son père est la seule motivation de cet horrible union. Dieu sait combien je peux aimer le seigneur de Lanval mais il ne sera pas éternel, tout comme cette triste mascarade!"


Aurore continua de regarder avec défiance le seigneur de Darius tout en le raccompagnant à la porte.

"Nous nous reverrons demain à la réception."


"Avec joie!"

La porte claqua.

________________________________

«Voilà deux années que j’attends. Je me souviens encore de ce jour glorieux, cet après-midi où le seigneur avait fait le voyage lui-même jusqu’à ma propriété pour m’annoncer qu’il acceptait avec considération ma demande. Je me rappelle encore parfaitement l’air regrettable et harassé inscrit sur son visage. Son pas traînant et sa silhouette voûtée. Avais-je déjà eue vision plus pathétique ? J’en doute fort. Certainement commençait-il à voir le soleil se coucher derrière les montagnes verdoyantes de l’Ardeur et l’ombre glaciale et impassible de la Mort s’étendre sous ses pieds pour me confier ce qu’il chérissait le plus au monde.
Mais ce jour là, j’avais été trop prompt à croire mon entreprise réussie car le vieil homme avait adjoint une condition à sa réponse. Aurore devait préparer elle-même sa robe et notre union ne serait prononcée qu’une fois le vêtement terminé. A l’époque j’avais jugée cette modalité comme négligeable mais depuis ce jour, ma Belle me fait languir et je ne vois plus la fin de cette affaire… Je pensais avoir enfin apprivoisée la colombe, mais il se trouve que la porte de sa cage n’a jamais été fermée à double tours et l’animal menace à tout moment de déployer ses ailes hors de ma portée. »


Le seigneur de Darius était un homme de grande taille. Droit et l’expression figée, il semblait hautain et impressionnant dans ses habits de satin pourpres et ornés de filigranes d’or au niveau des manches et du col. Ses cheveux gris étaient noués en catogan et dévoilaient son immense front qui commençait à être marqué par le temps. Pour une personne ayant dépassé la quarantaine d’années, il était encore remarquable et bel homme.

Il était assis dans une bergère en velours vert près d’une fenêtre en saillie donnant sur le petit jardin de la propriété qui était baigné dans un rayon de soleil blanc. Il n’accordait aucun regard, aucune réelle attention à son invité, installé quant à lui sur une chaise en ébène près de la porte de ce cabinet privé et qui restait fermée à quiconque à l’occasion de cet entretien. Le visiteur demeura silencieux pendant tout le temps que dura l’explication du seigneur.

« Voyez-vous, ce manoir n’est pas en ma propriété, il m’a été confié par une très proche connaissance pour notre rencontre. Vous comprendrez aisément que je ne souhaite pas que le fait de notre conversation soit rendu publique.
J’aimerais que vous suiviez Aurore, que vous notiez chacun de ses faits et gestes, que vous écoutiez chacune de ses paroles et que vous sondiez son cœur. Je ne vous cache pas que j’aurais été en mesure d’accomplir moi-même cette tâche, mais la jeune Lanval, j’en suis certain, se méfie de ma personne… »


La voix rauque et assurée de Darius s’éteignit dans un souffle. Comme si prononcer cette phrase était pour lui une corvée insoutenable.

« Mon hôte dévoué organise ce soir un banquet en l’honneur de la naissance de son premier fils. Les hommes de la plus prestigieuse noblesse seront conviés. Je ferai mon affaire de vous faire entrer. Ne vous inquiétez pas. De toute manière je ne mets absolument pas en doute les astucieux stratagèmes pour infiltrer les sphères les plus cloisonnées dont vous pourriez faire preuve. Et vous savez ce qu’il vous restera à faire puisque Aurore m’accompagnera… »

Darius se leva et sortit de la poche de son pantalon une bourse soigneusement fermée par un ruban qu’il donna au mercenaire.

« Voilà pour vous, en espérant que le service que vous me fournirez sera à la hauteur du salaire que je vous verse. Je vous attends dans trois jours, à la même heure et au même endroit pour que vous me rendiez compte de vos premières observations et informations. Suivant la qualité de celles-ci, je jugerai moi-même s’il va de mon intérêt à maintenir notre association. Maintenant disposez je vous prie. »

Le seigneur se posta devant la fenêtre. Dehors tout le petit monde de son ami s’affairait à la préparation des tables et des différents plats. La fête s’annonçait grandiose et distinguée.
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MessageSujet: Re: Face to face [PV Fierce]   Face to face [PV Fierce] I_icon_minitimeLun 16 Fév 2009 - 18:33

Assis sur sa chaise, les bras croisés, le mercenaire écoutait son hôte discourir. Impassible, son visage n'exprimait aucune émotion, que ce soit de l'ennui ou de l'intérêt devant les paroles de son client. A vrai dire, Tarantio était assez indifférent à tout ce verbiage. Il se contentait de relever toute information utile, et enregistrait les directives de sa future mission.
En revanche, ses yeux captaient le moindre détail susceptible de le servir.
Même s'il ne le lui avait pas dit, le mercenaire aurait deviné sans mal que le manoir n'appartenait pas à son employeur. Tout chez lui respirait la manipulation, le calcul et la fatuité. C'était un homme qui aimait s'entendre parler et donner des ordres. Encore élégant et impressionnant malgré son âge, ses vêtements étaient coûteux et richement décorés. Au contraire, la pièce dans laquelle ils se trouvaient, et par extension le manoir tout entier, était sobre et modeste, l'élégance dans toute sa simplicité.
Le bois était verni, mais non décoré, massif, brut. Le propriétaire devait être un homme simple et vertueux. L'exact opposé de son interlocuteur.
Tarantio remarqua que tous ses gestes étaient étudiés. Cet homme était influent, et il ne devait pas être bon de lui déplaire. En même temps, c'était un pervers et un maniaque de l'apparence. La manière qu'il avait de se lisser les sourcils était entre autres révélatrice. Le mercenaire abhorrait ce genre d'hommes, et il n'aurait eu aucun remord à lui enfoncer son couteau dans la gorge. Mais pour l'heure, c'était lui qui l'embauchait, et il avait besoin d'argent pour entreprendre ce qu'il avait planifié.
Malgré ses talents, ou plutôt à cause de ceux-ci, il était peu demandé par la plupart de ses "clients": ses services étaient chers. Trop pour beaucoup d'entre eux. Bien souvent, on avait besoin de trouver des mercenaires capables de voler, assassiner, enlever parfois, mais rien de plus. Et pour ce genre de tâches, la première racaille venue faisait l'affaire: bon marché et remplaçable, son inefficacité était tolérable, compensée par son nombre.
Tarantio, lui, était à part. Son efficacité n'était plus à prouver, son taux de réussite était parfait en plus de cinq années dans le métier. Ses méthodes étaient rigoureuses, inflexibles, ses résultats plus que satisfaisants. Il faisait partie de ces mercenaires de haut-vol, polyvalents, discrets, et qui ne se souciaient pas du bien fondé de leurs actes. Tant que la somme payée était suffisante, les résultats obtenus étaient à la hauteur des exigences.
Malheureusement pour lui, le mercenaire s'était absenté trop longtemps du réseau "officiel", préférant travailler seul, et ainsi pouvoir choisir lui-même ses missions. Sa réputation, si elle n'avait pas trop souffert, était tombée dans l'oubli, boycottée en quelque sorte. Il était d'ailleurs remarquable que le seigneur Caliban ait entendu parler de lui, et l'ait engagé. Preuve qu'il ne faisait pas les choses à moitié. Tarantio étouffa la bouffée d'orgueil qui commençait à poindre.
Patiemment, il attendit la fin de la conversation -qui s'était avérée être un monologue- pour se lever, imitant le noble. Il soupesa la bourse, la rangea dans la poche, et acquiesça avant de prendre congé. En sortant, il prit soin de vérifier qu'il n'y avait personne.
Leur entrevue, avait précisé Caliban, devait rester secrète. Le mercenaire ne s'attarda donc pas à l'intérieur du manoir, préférant rejoindre la quiétude du jardin qu'il avait repéré le matin même.
Bien que de proportion modeste comparé au domaine, le jardin était tout à fait charmant. Ainsi qu'il en avait eu l'impression en l'apercevant, il y régnait une aura de quiétude et de sérénité. Orienté vers le sud, les rayons de l'astre diurne baignaient le moindre coin de verdure, et les parterres de fleurs étaient magnifiques. Avec une étendue plus importante, le résultat n'aurait pu être aussi agréable. C'était un jardin dédié au bien-être, et non à l'apparat. Seule petite touche purement esthétique, l'allée principale était couverte de gravier et de cailloux blancs comme du nacre. Ce détail excepté, on pouvait constater sans mal que la Nature était maîtresse des lieux. Aucune symétrie dans la disposition des arbres et buissons, pas de coupe particulière. C'était tout simplement un endroit où se promener et méditer en paix.
En s'engageant sous la petite arche naturelle, Tarantio sentit le gravier crisser sous ses bottes. Prit d'un soudain caprice, il tenta de marcher sans bruit tout en conservant la même allure. Bien qu'admirable, le résultat était loin d'être parfait. Dépité, le jeune homme abandonna en voyant un écureuil le narguer puis disparaître à sa vue sur le même chemin que lui, le tout sans le moindre bruit.


*Décidément, je n'aurais jamais pu devenir un véritable assassin ...*

Avisant un banc, le mercenaire s'y dirigea, avant de s'asseoir pour réfléchir. Sur la pierre blanche, ses vêtements contrastaient par leur absence de couleur. Sa cape en particulier, de la même couleur que ses chausses et ses bottes, était d'un noir profond, rappelant les ailes d'un corbeau.
Parlant à voix basse, presque pour lui-même, il fit le point:


-Ainsi, ça sera une mission d'espionnage ...Enfin, si on peut qualifier cette tâche de la sorte! Faire la causette à une châtelaine et la surveiller ... Tu es tombé bien bas Tarantio, pour qu'on te confie des missions de gardiennage ...
Mais qu'importe, ce sera de l'argent facilement gagné ...


Il eut un sourire.

-Pour une fois que l'on peut joindre l'utile à l'agréable; j'ai cru comprendre que cette Aurore valait le coup d'œil ...Et puis il y aura bien d'autres occasions de faire de nouvelles rencontres. Ca me changera des infiltrations en quartier mal famé.

Une pensée fugace traversa son esprit, et l'image d'une jeune femme aux cheveux châtains apparut dans son esprit. Une pointe de remord naquit en lui, entourée d'un élan de nostalgie. Le parjure l'étouffa rapidement. Ce n'était pas le bon moment pour le passé ...Néanmoins, un nom franchit ses lèvres, prononcé avec tout le déchirement qu'une voix pouvait porter.

-Cordélia ...

Se contraignant à se concentrer, le jeune homme tourna son regard vers les murs du manoir. Depuis sa position, on e voyait que la façade éclairée par le soleil, les vitres renvoyant des reflets mordorés comme autant de miroirs. Il songea qu'il aurait dû demander un plan de l'intérieur du bâtiment pour faciliter son travail, avant de hausser les épaules. Il en savait bien assez pour se débrouiller, et puis, l'imprévu avait une saveur agréable.
Quelques heures avant le rendez-vous, le parjure était arrivé sur les lieux pour examiner la place. Le terrain était plat, dégagé. Au nombre de fenêtres et à la taille du bâtiment, le mercenaire avait calculé une trentaine de chambres. Ayant visité, bien que succinctement l'intérieur, il avait revu son approximation à la hausse. Une cinquantaine semblait plus proche de la réalité.
Ceci associé à la taille du domaine, et les invités qui ne logeraient pas au manoir pendant la durée de la fête, on arrivait à une centaine de personnes. A cela enfin s'ajoutait le personnel domestique.


*Il risque fort d'y avoir du monde ...*

S'allongeant sur la pierre, le parjure émit un soupir. Il était tenté d'accepter l'aide du duc, à savoir une entrée en tant qu'invité. Cela lui éviterait d'inventer mille subterfuges et autres complications. Devoir jouer un rôle et le tenir tout le long de la soirée -voire plus si Caliban décidait de la faire durer plus longtemps- avait quelque chose de fatiguant.
Finalement, il abandonna l'idée, préférant faire les choses à sa façon. De plus, la jeune Aurore refuserait probablement de lui parler si 'elle apprenait qu'il avait une quelconque relation avec Caliban.
Son plan commençant à prendre forme, le jeune homme ferma les yeux et s'accorda quelques heures de repos avant de passer à l'action. Il fallait que les premiers convives arrivent pour que son plan puisse se dérouler comme il l'entendait.
De plus, il aurait besoin d'être en forme pour jouer son rôle, et s'amuser un peu ...
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MessageSujet: Re: Face to face [PV Fierce]   Face to face [PV Fierce] I_icon_minitimeLun 16 Fév 2009 - 18:42

"Cassandre est ce bien votre nom?"

Le bruit régulier des sabots sur les pavements couvrait la voix d'Aurore. Celle-ci parvint comme un souffle aux oreilles de l'intéressée qui était assise en face d'elle.

"Tout à fait..."

Le ton enjoué de sa voix l'agaçait profondément mais elle avait eu vent de la réputation de cette femme de joie. Mutine et cruelle, exactement ce dont elle avait besoin. A vrai dire elle n'attendait pas réellement quelque chose de précis de sa part, mais en la prenant à son service, Aurore savait qu'elle pouvait être un atout non négligeable. Par ailleurs elles étaient toutes deux gagnantes puisque de cette manière Cassandre quittait sa misérable condition. Dehors le ciel commençait déjà à se teindre d'un dégradé de tons rosés. Leurs pieds foulèrent bientôt le sol empierré de la rue annexe dans laquelle se trouvait le manoir où allait se tenir la réception. Lorsqu'elles arrivèrent devant la porte d'entrée, la rumeur des invités déjà arrivés monta jusqu'à elles. Les conversations allaient bon train dans un brouhaha incessant et une douce musique tentait vainement d'établir un peu d'harmonie dans ces bruits chaotiques. Un domestique leur ouvrit et les convia a entrer dans l'allée principale avant de les débarrasser de leurs affaires.
Cette pièce était immense et semblait être le cœur de la demeure. Sur la gauche un vaste escalier de marbre menait aux étages. En levant la tête, Aurore put en compter trois. Le propriétaire attachait certainement aussi beaucoup d'importance à la décoration car partout où votre regard se posait, vous pouviez apercevoir multitude de meubles luxueux, accessoires ostentatoires et tableaux de maître. A l'autre bout de la pièce, des portes en verre étaient ouvertes et donnaient sur l'extérieur verdoyant et aménagé pour l'occasion. Il y avait de longues tables disposées aléatoirement sur la pelouse, couvertes de longues nappes blanches, de dizaines de mets, de bougies... Les conviés étaient invités à s'asseoir ou rester debout pour discuter, et Aurore devait bien l'avouer, la réception était plutôt réussie.

Une centaine de personnes étaient présentes. Aurore avait déjà rencontré la plupart d'entre elles mais n'en connaissait réellement que très peu. Tandis qu'elle avançait dans l'allée principale, accompagnée de Cassandre, elle adressait des signes de tête amicaux, fière et droite dans sa robe nacrée. Ses cheveux raides et noirs ondulaient dans son sillage. Elle se saisit d'un verre tendu par un domestique et approchant son visage de celui de Cassandre, désigna discrètement de l'index Darius, qui était en pleine conversation avec le propriétaire du manoir.

"Voyez-vous cet homme aux cheveux gris qui porte une veste verte?"

Darius, vêtu en effet d'une veste en velours sinople et les cheveux noués par un ruban d'un ton légèrement plus foncé, s'esclaffait au coté d'un petit homme rose et bienveillant . Un verre à la main, le visage ouvert et rieur, il passait au premier abord pour une personne agréable et habitué à faire la conversation en bonne compagnie. Aurore tressaillit lorsqu'elle pensa à sa vraie nature, qu'elle était d'autant plus la seule à connaître véritablement.

"Certainement..."

"Ce soir, je veux qu'il disparaisse..."

Il y eut tout d'abord un court silence entre les deux jeunes femmes. Cassandre avait été mise au courant de la situation d'Aurore et lui avait promis sur le trajet d'être présente pour l'aider dans ce projet de liberté. Elle le fixa encore un moment, comme prise d'une intense réflexion interne puis son regard noir s'enflamma en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

"Savez-vous de quelle manière vous allez vous y prendre jolie demoiselle?"

Aurore sortit de sa manche un petit paquet renfermant le poison destiné à Darius puis le glissa rapidement à nouveau sous le tissu. La seule difficulté de ce plan était de parvenir à se saisir du verre de Darius sans que celui-ci ne s'en rende compte, en effet il était certainement méfiant depuis leur dispute de la veille et n'accepterait pas qu'Aurore lui apporte elle-même à boire. La parjure ne connaissait que trop bien son ennemi et l'inverse n'était heureusement pas réciproque... Les deux jeunes femmes rejoignirent leur victime avec un sourire hypocrite.

"Bonjour seigneur, laissez moi vous présenter une amie, Cassandre..."

"Heureux de vous rencontrer, vous êtes ravissante."

Les yeux de Darius parcoururent Cassandre de haut en bas à plusieurs reprises et se portèrent finalement sur Aurore. Sans doute la trouvait-il digne d'un plus grand intérêt ou alors avait-il quelque soupçon au sujet de cette nouvelle arrivante. Un rictus apparut au coin de ses lèvres et la jeune femme fut absolument certaine qu'il restait imperceptible pour les autres personnes présentes autour d'eux. Quoiqu'il en soit, ce regard lourd de sens entre les deux fiancés pesait sur Aurore qui préféra orienter ses pensées sur Cassandre.
Quand Aurore avait rencontrée la jeune femme pour la première fois, celle-ci n'avait rien d'élégant. Grimée à l'excès et portant des habits tape à l'œil voire vulgaires, elle incarnait l'archétype de la fille de la rue. Mais Aurore ne pouvait décemment se permettre d'être vue en telle compagnie c'est pourquoi elle lui avait fait tailler une robe distinguée de couleur claire, coiffer ses cheveux d'un rouge profond et avait fait mettre en valeur la délicatesse de son visage par un maquillage plus discret.

"Enchantée, vous n'êtes qu'un flatteur!"

Le ton enjoué de Cassandre semblait amuser Darius qui ne pouvait détacher ses yeux froids d'elle, la regardant à la fois comme l'on regarde un animal effectuer bêtement le tour qu'on lui a appris mais également avec une certaine curiosité, qui certes était propre à ce personnage, mais qui témoignait de l'intérêt qu'il lui portait. Aurore jubilait intérieurement, la première étape était plus ou moins accomplie. Elle échangea un regard rapide avec sa complice.

"Le seigneur Darius ne saurait être de mauvaise compagnie voyons!" s'exclama l'organisateur de la réception.

En entendant ces paroles Aurore avala de travers et crut s'étouffer l'espace d'un instant. Cassandre lui tapota le dos.

"Eh bien demoiselle Lanval, où sont passés votre maintien et votre raffinement?"


"A croire que ma domestique a oublié de m'en parer aujourd'hui!"

Tout le petit comité se laissa gagner par l'hilarité, sauf Darius qui riait jaune...

"Très bien Darius, et si vous m'invitiez à danser, ce serait l'occasion de faire plus ample connaissance! Je suis absolument convaincue que vous avez un jeu de jambes à tomber..."

"Vous ne croyez pas si bien dire très chère! Votre sens de la répartie est délicieux, je dois bien l'avouer.Mais mon jeu de jambe est réservé à ma précieuse fiancée, ma douce Aurore..."

"Je vous en prie seigneur! Et puis, rappelez vous notre conversation de la veille! La semaine prochaine l'hyménée sera prononcé! Je serai entièrement vôtre..."

"En voilà une bonne nouvelle Darius! Vous nous l'aviez cachée!"

Darius jeta un coup d'œil vers le fond du jardin, comme pour s'assurer de quelque chose... Aurore suivit discrètement les yeux de l'homme mais ne parvint pas à distinguer ce qui attirait exactement son attention car la foule des invités était trop dense...

"Très bien Cassandre, si tel est le souhait de ma tendre Aurore!"

Darius jeta un dernier regard insistant à Aurore, comme pour lui signifier qu'elle ne quittait pas ses pensées, puis s'éloigna en bonne compagnie. Un sourire malicieux parcourut le visage d'Aurore qui sortit discrètement le poison et s'approcha de la table où Darius avait posé son verre encore à moitié rempli... Enfin elle était sur le point de venir à bout de son dessein.
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MessageSujet: Re: Face to face [PV Fierce]   Face to face [PV Fierce] I_icon_minitimeJeu 19 Fév 2009 - 11:23

L'écho des premiers rires parvint jusqu'aux oreilles de Tarantio, troublant la quiétude qui régnait dans le jardin, et mettant ainsi fin au sommeil dans lequel il était plongé. Ouvrant les yeux, le jeune homme s'assit et perçut la gracieuse mélodie des violons s'élevant.
La fête venait de commencer ...
Silencieusement, le mercenaire se leva, un éclair brillant dans ses yeux sombres.


*Il est temps de passer à l'action ...*

Se mettant en quête de sa cible, le parjure parvint rapidement aux abords de l'entrée, guettant l'arrivée des invités, et plus particulièrement la personne répondant à ses critères. Malheureusement, la vaste majorité des convives arrivait en couple ou en groupes plus importants. La partie était loin d'être jouée ...
Enfin, la personne qu'il cherchait fit son apparition. Nerveuse, elle semblait ne pas se sentir à sa place, regardant autour d'elle comme si elle cherchait quelqu'un. Le chasseur s'apprêtait à se mettre en mouvement, lorsqu'un élément imprévu retint son attention: la personne était accompagnée. Le mercenaire sourcilla en détaillant le couple. Il n'y avait désormais plus aucune trace de gêne, et sa proie avait retrouvé son assurance.
Heureusement, celle-ci s'éloigna de sa compagne après quelques mots glissés à son oreille, se dirigeant vers le jardin et leurs ombres rassurantes.
S'assurant qu'on ne les regardait pas, le mercenaire emboîta le pas de sa cible. Celle-ci le conduisit jusqu'à une stèle que le jeune homme n'avait pas remarquée. Plongé dans l'ombre d'un cyprès, le visage baissé vers la stèle, Tarantio devina que sa proie se recueillait. Au bout de quelques minutes, sa voix s'éleva, et ses mots surprirent le mercenaire:


-Je jure de te venger ma sœur, et de venger ton honneur perdu. La vie de cet infâme Caliban prendra fin ce soir, dussé-je y laisser ma vie. Rien ne se mettra en travers de ma route, je sais ce que je dois faire ...

Ses paroles se perdirent dans le vent, et le jeune homme se rapprocha de la silhouette. Celle-ci se rendit compte de sa présence, et, troublée dans son intimité, se retourna brusquement, un poignard dans la main. L'air furieux qui était peint sur ses traits indiquait qu'elle était fermée à tout raisonnement sensé. Pourtant, le parjure tenta de l'apaiser:

-Du calme, je ne cherche aucunement à te nuire camarade. Au contraire. Seulement, je tiens à te donner un conseil: Crois-tu réellement qu'un jeune homme de ta trempe puisse te mesurer à un noble de l'envergure de Caliban?

Voyant que son interlocuteur ne desserrait pas ses phalanges devenues blanches, Tarantio comprit que le rabaisser ne le calmerait pas. Changeant d'approche, il s'efforça d'adopter un ton calme et intéressé:

- Dis-moi quel est ton nom?

L'interpelé daigna répondre dans ce qui semblait être un grognement, comme s'il voulait faire comprendre qu'il ne lui faisait toujours pas confiance;

-Thallium.

-Eh bien Thallium, voyons voir, quel âge as-tu, 17, 18 ans?

-19

-Très bien. Sais-tu quel âge a Caliban? 47. Ce qui veut dire qu'il a plus de deux fois ton âge. Pour une personne ordinaire, on pourrait en conclure que tu aurais toutes tes chances, compte te nu de la différence de vos conditions physiques. Seulement, Caliban est un être abject, comme tu as pu t'en douter. Manipulateur, calculateur, voleur, menteur et j'en passe. Pour cette raison, ces 28 années d'écart sont autant d'expérience qu'il a de plus que toi. Combien de jeunes comme toi crois-tu qu'il a déjà mis à mort?

Marquant une pause, le mercenaire laissa à ses paroles le temps de faire effet avant de terminer:

-Enfin, sache que je ne dis pas ça juste pour déjouer ton plan, mais seulement parce que je n'aime pas que des vies soient gâchées aussi inutilement.

En face de lui, l'adolescent semblait sonné par ses mots, comme s'il commençait à comprendre l'énormité de son projet. Cependant, une partie de lui continuait à désirer la mort de celui qui avait détruit sa sœur et jeté le discrédit sur le nom de sa famille, quel que soit le prix à payer.
Alors que le jeune homme tourmenté semblait prêt à entendre raison, le parjure perdit soudainement patience, et une sourde colère l'envahit, étrange sentiment qui ne lui semblait pas propre. Il commit alors une erreur qu'il ne s'expliquerait jamais, pas même avec du recul.


-Allons mon garçon, regarde toi, tu ne tiendrais pas même deux minutes: tes gestes trahissent ta nervosité et tes intentions. Les gardes du corps de Caliban t'arrêteront avant même que tu ne l'aies approché.
Abandonne.


A ces mots, le dénommé Thallium pâlit, et Tarantio prit conscience de sa faute. Malheureusement, il était déjà trop tard. Les yeux de l'adolescent s'enflammèrent d'une rage soudaine, et agrippant son poignard, il se jeta sur le mercenaire.

-Personne ne m'arrêtera! Rien ne fera obstacle à ma vengeance.

Le parjure, sentant la situation prendre une tournure désagréable, voulut le calmer. Prendre une vie aussi facilement lui répugnait, d'autant plus qu'il s'agissait d'une personne qui sortait à peine de l'adolescence.

*Un enfant? Regarde toi, tu as à peine plus de 21 ans ...*

Quoi qu'il ait eu l'intention de faire, le mercenaire n'eut pas le temps de mettre son projet à exécution; son adversaire courait vers lui, toute raison envolée, et devant la menace, l'instinct combatif du mercenaire prit le dessus. Préférant ne pas attirer l'attention, il avait laissé son sabre au manoir et n'avait conservé sur lui que deux couteaux de lancer. L'espace d'une seconde, il songea à s'en servir, avant d'écarter l'idée. L'instant d'après, son opposant était sur lui, visant son cœur. Tarantio vint à sa rencontre et écarta son bras d'arme, avant de lui asséner un direct qui l'atteignit au visage. En entendant un craquement, le combattant sut qu'il avait brisé son nez. Le visage en sang, son adversaire recula en titubant, et le cavalier de l'orage crut que cela suffirait, avant de le voir revenir à la charge. Le parjure n'avait pas le choix: il saisit son poignet et passa en dessous de sa garde, pour le projeter par-dessus son épaule. Son agresseur à terre, le mercenaire lui fit une clé de bras pour l'immobiliser. Malheureusement, sa proie se débattit violemment pour se libérer de l'étreinte, ignorant sa nature, et sa nuque se brisa dans la prise. Navré, Tarantio sentit le remord l'envahir. Puis, se souvenant de ses objectifs, il déshabilla sa victime, et endossa ses vêtements, ne conservant que ses couteaux et sa cape. Ainsi accoutré, le jeune homme quitta les lieux après s'être assuré que ses affaires étaient en sécurité, au même titre que le cadavre, avant de se diriger vers le cœur des festivités. La place était déjà pleine de monde, et la fête battait son plein, les musiciens exécutant une sérénade enjouée.
Dans cette atmosphère chaleureuse et légère, les convives, qui étaient tous des nobles de souche plus ou moins pure, semblaient avoir oublié la caste à laquelle ils appartenaient, et se comportaient comme si la réserve propre à leur rang n'était plus qu'un lointain souvenir.
Sous l'effet du vin particulièrement édifiant que Caliban avait mis à leur disposition, certains d'entre eux avaient mis en œuvre des stratégies d'approche à la subtilité ...pour le moins discutable. Mais le plus curieux ne résidait pas dans l'attitude presque dépravée des invités; c'était que cela semblait fonctionner: leurs proies semblaient sous le charme, leurs yeux de biche les couvrant de leur regards langoureux. Enfin, ne disait-on pas que le pouvoir était un puissant aphrodisiaque?
Le mercenaire avait l'impression d'être le seul à le remarquer, perdu dans la nef des fous ...


-" Ce genre de réceptions a un intérêt tout particulier: il y aura beaucoup de beau monde, et des gens influents. Tous possèdent des informations dont j'aimerais prendre connaissance. Et nous savons tous deux que l'alcool a la propriété de délier les langues ..."

Tarantio avait bien compris les allusions de son employeur, mais à en voir le résultat, il était allé bien loin pour obtenir ce qu'il voulait. Mais ce n'était pas à lui d'en juger.
En entrant dans la salle de bal, le mercenaire sentit un regard sur lui, puis avisa son employeur qui le regardait. Il répondit d'un hochement de tête avant de se mettre en chasse.
Ses yeux parcourant la foule, le jeune homme repéra sans trop de mal la jeune Aurore s'éloignant de Caliban et d'une autre jeune femme à laquelle il ne prêta tout d'abord pas attention. Perdue au milieu de la masse, elle semblait pourtant s'en distinguer, dégageant une aura de fraîcheur et de mystère inexplicable. Se concentrant sur elle, le mercenaire fit abstraction des autres invités, et ses sens se tendirent pour l'étudier.
La fille d'Eve se mouvait avec une grâce naturelle, ses cheveux formant comme une traîne qui accompagnait ses gestes lorsqu'elle parlait. Son maintien, le port de son visage dénotaient une éducation rigoureuse, dans le respect des valeurs aristocratiques. Pourtant, il émanait d'elle comme une volonté d'indépendance, un instinct de rébellion contre l'ordre et ses injustices.
Alors qu'il se rapprochait de la jeune femme, Tarantio remarqua qu'elle était d'une beauté à couper le souffle. Sa robe était d'un violet pale décoré de fins entrelacs d'argent, et bien que d'apparence simple et sans ornementations excessives, le satin dont était faite la robe semblait chatoyer de reflets argentés sous le clair de lune. En cet instant, et sans raison apparente, le jeune homme eut la vision de sa défunte promise, alors qu'elle expirait dans ses bras. Elles ne se ressemblaient absolument pas pourtant: la chevelure d'Aurore était d'un noir profond tandis que Cordélia avait eu les cheveux châtains. Sa peau, légèrement hâlée par le soleil du sud, allait sublimement bien avec son visage où un sourire naissait facilement. Chez la jeune noble, il n'y avait aucune trace de gaieté. Son visage était un masque où ne trahissait nulle émotion, et son teint était d'un blanc de nacre. L'intelligence brillait dans ses yeux gris, que surplombaient des sourcils fins, évoquant un aigle majestueux.
Le mercenaire n'était plus qu'à quelques mètres, lorsqu'il nota que la jeune femme ne cessait de regarder dans une direction. Suivant son regard, il aperçut qu'elle épiait son fiancé, "dansant" avec une cavalière pour le moins douée dans l'art d'être une femme, ce qui signifiait ici danser avec grâce et abandon, et affecter des manières très féminines.


*Trop serait le terme exact ...*

Lorsqu'il vit le visage de la compagne de Caliban, le parjure se raidit, reconnaissant Cassandre.
Il eut d'abord la crainte d'être repéré, l'ayant rencontré auparavant sous des allures moins nobles, puis la suspicion et la méfiance prirent le pas sur sa prudence. Qu'une personne telle que Cassandre soit présente en ces lieux ne pouvait signifier qu'une seule chose: quelqu'un l'avait faite introduire. Non pas qu'il eut été difficile de s'introduire dans cette fête réservée aux nobles, mais le mercenaire voyait mal la courtisane se fondre dans cette foule maniérée sans une motivation quelconque. Quelle qu'en soit la manière, la jeune Aurore avait réussi à prendre contact et convaincre une personne au caractère aussi trempé que celui de Cassandre.


*Décidément, cette jeune châtelaine semble nous réserver bien des surprises ...*

S'approchant de façon à ce que son visage ne puisse être vu de Cassandre ou de sa cible, Tarantio arriva dans le dos d'Aurore. La robe de la demoiselle était légèrement échancrée dans le dos, dévoilant sa peau d'une pâleur délicieuse, comme invitant à une caresse.
Se retenant, le parjure sourit du pouvoir de la jeune femme. A coup sûr, celle-ci savait user de toutes les armes à sa disposition, et un homme peu avisé aurait eu tôt fait de tomber dans le piège de sa beauté et de sa séduction, si la noble Lanval en avait le caprice.
Le comportement de l'intéressée se modifia de manière presque imperceptible, et Tarantio comprit qu'elle avait sentit sa présence et tentait de jauger quelle proie elle venait de ferrer.


*Rusée la petite ...*

Conservant son sourire, le jeune homme endossa son masque, et prit la parole, se conformant au rôle qu'il devait jouer:

-"Quand on m'a parlé d'une jeune femme, dont la noble lignée remontait à plus de 6 générations, et dont la beauté brillait plus qu'un soleil, je n'avais pas accordé plus d'attention que cela, prenant ces rumeurs pour les habituels ragots exagérés. Avec tort semble t-il. Votre grâce n'a d'égale que vos charmes, demoiselle Lanval. Et votre visage est celui d'un ange, encore que cette comparaison est dépréciative en votre faveur ..."

Satisfait d'avoir toujours le compliment facile, le mercenaire craignit d'abord en avoir trop fait, avant de se souvenir que le commun des courtisans en aurait fait bien plus. Son sourire semblait plus spontané, et ses mots avaient été prononcés avec un naturel convaincant.

-"Mais j'en oublie toutes les plus primaires règles de convenance. Permettez-moi d'y remédier:
Nathaniel Hawkthorn, pour vous servir ..."
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