Adieu Arashkam, Adieu Abyssea.

Abyssea. Un mythe, une légende, un sombre conte. Les Tueurs de l'Ombre eux, savent que cet endroit existe et qu'il n'est pas le fruit de l'imagination de quelques hommes. Depuis une dizaine d'années, elle surplombe les Marais de Faélia et seuls les fous présomptueux et hardis oseraient s'y aventurer sans savoir vers quel élément ils se dirigent... Le Chaos... Magie Interdite en tout temps. Qu'est-ce que le Chaos, réellement ? Quelques vieux érudits l'ont écrit ainsi. Le Bien et le Mal sont deux opposés. Ils existent partout, en tout être. Parfois on parle d’un bon et d’un mauvais côté au plus profond de soi-même et tout varie en fonction de la mentalité de l’être pointé du doigt. Les Drows sont plus sensibles à développer un Mal que les trois autres races originels tandis que les Elfes Sylvains sont plus réputés pour leur bonté que leurs mauvaises actions. Mais comment peut-on trouver le Bien et le Mal dans une seule enveloppe charnelle ? Pour notre Ordre, la réponse est simple : La Neutralité. Afin d’admettre la possibilité que le Bien et le Mal puissent s’équilibrer dans un corps, les vieux érudits définirent le principe de la Neutralité. Il ne s’agit pas d’être Tout ou Rien… Il s’agit d’être Tout et Rien à la fois. Pour eux, tout collait. Nombreux sont les êtres vivants à vivre dans la crainte du courroux des Dieux et seulement quelques courageux osent prononcer que les Dieux sont imparfaits. Les vieux mages ont dans leur théorie présenté l’Unique comme imparfait. Pour les fidèles des Cinq Dieux, cette théorie était un blasphème. Les Sorciers qui présentèrent cette réflexion furent bannis des trois Royaumes. Ils n’étaient plus autorisés à parcourir les Royaumes Humains, Elfiques et Nains. Et le Puy d’Elda se serait moqué de quelques humains en quête d’un refuge… Il ne restait plus qu’un seul endroit, le Marais de Faélia.

Fous et désespérés, les Sorciers utilisèrent leur haine et leur mépris pour les trois races afin de créer une nouvelle magie. La Magie du Chaos. Le Clergé des Cinq avait négligé qu’ils étaient eux aussi dotés de pouvoirs magiques assez conséquent. C’est ainsi qu’ils nommèrent la Neutralité sous un autre nom encore inconnu des hérétiques à leur culte de nos jours… La Neutralité devint le Chaos. Avec le temps, on en oublia le principe de Neutralité lui-même et il n’y avait plus que le Chaos. Une Divinité qui pris également le nom de l’Oublié. Un homme, fidèle parmi les plus grands fidèles se proclama être le Fils du Chaos. Son nom était Arashkam. Abyssea, la Cité construite par les premiers fidèles reconnut ainsi le Fils du Chaos comme son envoyé et les Enfants du Chaos sont nés de cet évènement. Abyssea, une ville qui se veut être accueillante pour tout être qui peut prouver être digne de l’Oublié. Nains, Elfes Sylvains, Humains et Drows cohabitent et coexistent même entre eux ! Néanmoins, ce sont tous plus ou moins des désespérés qui attendent une vengeance sur une vie qui a été bien trop égoïste avec eux. Avec le temps, ce qui était à l’origine voué à être Neutre pris la voie de la Destruction. En La Voix fut placé le Réceptacle de la Magie du Chaos. Élue parmi les Chaotiques, il est impensable de vouloir la contredire.

Pourtant... Qu'est-ce qu'il y avait auparavant ? Abyssea ne possède qu'une dizaine d'années derrière elle, tout comme l'Ordre des Enfants du Chaos. La Magie du Chaos est une magie terrible née en même temps que la création de Miradelphia, tout simplement. Une Magie interdite que quelques mages réussirent à exploiter... Alors, le Fils du Chaos ne serait-il qu'un imposteur ? Pour celui qui portait le nom d'Elverion, c'était le cas. Aujourd'hui, nous sommes à la fin de la Guerre Civile de Diantra. Etherna est conquis par Gaucelm d'Odélian et Oësgard soumise par Merwyn de Serramire. Pendant que les Humains se battent entre eux... Abyssea tremble. Oui, elle tremble comme jamais. Ce sont aujourd'hui des milliers d'âmes qui sont réunies dans la Cour d'Abyssea, convoquées officiellement par La Voix. En réalité, à ses côtés se tient le Chevalier du Chaos Elverion. Ce dernier se prépare à prononcer son discours, un long discours. De ce même discours naîtra probablement une bataille sans précédente au sein d'Abyssea. Néanmoins, c'était pour lui nécessaire d'en venir ici. Encore aujourd'hui, Arashkam n'est pas des leurs. Depuis Alonna... Le Fils du Chaos manque à l'appel. S'est-il enfermé ? Est-il en pèlerinage ? Nul ne le sait. En tout cas, ce qui est certain, c'est qu'un Ordre sans Chef n'existe pas. D'une voix claire, très audible, Elverion s'exprima devant toutes ses sœurs et frères présents.

Mes frères, mes sœurs... Bonsoir ! J'espère sincèrement que ce qui va suivre contentera la plupart d'entre vous. Je demande par avance à tout ceux qui n'envisageraient pas la même chose que moi de contenir leur colère et de respecter mon choix. Mon choix, quel est-il ? Sans plus tarder, le voici : Je m'en vais.

Blasphème. Comment un Chevalier du Chaos pouvait-il prononcer ces trois mots ? Lui, il avait osé. Devant tout le peuple d'Arashkam, devant les Enfants du Chaos.

Voici mes raisons : Je ne veux plus vivre à Abyssea. Je ne veux plus être dirigé par un représentant imposteur de Père. Cet endroit est triste, très triste. Nous ne le méritons pas. Ce sont eux, ceux qui nous ont forcé à nous réfugier ici qui devraient être ici. Humains, Nains, Elfes Sylvains... Drows ? Pourquoi devraient-ils connaître le plaisir et le luxe de vivre dans la Lumière ? Nous sommes nés comme eux avec les mêmes droits qu'eux. Pourtant, pour des raisons qui nous sont propres, nous sommes ici, dans leur Ombre. Nous sommes tous des fidèles de Père. A notre façon, peu importe ce que nous faisons, nous lui sommes fidèles. Arashkam est un imposteur. Comment peut-il se prétendre être le Fils du Chaos ? C'est une injure à nous tous ! Nous qui sommes les Enfants du Chaos ! Ne serions-nous aux yeux du Chevalier que des pions ? Si tel est le cas, cela va à l'encontre de toutes les règles d'Abyssea. Où est l'égalité, dites-le moi ? De ce fait, je ne veux plus être un Enfant du Chaos. Je veux être Elverion, Chevalier du Chaos en son nom seulement.

Combien d'entre vous pensent que le Chaos est né avec l'ascension d'Arashkam et la création d'Abyssea ? La Magie du Chaos est ancestrale, mes amis. J'étais Chaotique bien avant la naissance du Maître d'Abyssea. En tout temps, les Chaotiques ont existé. Nos ennemis n'ont tout simplement jamais voulu admettre notre existence avant Alonna. Soyez fiers d'être des légendes, mes frères et mes sœurs... Cela vous rend plus proche de Père que vous ne le penseriez. Pardonnez-moi cette expression mais elle est mon sens une réalité. Que serait Père sans ses fidèles pour le représenter ? Il n'existerait pas. Un Dieu, tel qu'il soit existe parce que des mortels croient en lui. Vous tous, méritez bien plus que la considération que vous apporte Abyssea. Les limites du Chaos sont bien supérieures à Abyssea. Nous devons être partout, vraiment partout. Notre Magie et notre culture est encore à développer. En voici la preuve incontestable. Voici pour vous ce que j'ai intitulé la Cristallisation du Chaos.

Mécaniquement, Elverion joignit ses deux mains et se concentra intensément afin de faire apparaître une masse sombre de forme ovale. Sa source était le Chaos sans en douter une seule seconde. Lentement, il prononça une incantation et la masse de Chaos se durcît de secondes en secondes... Jusqu'à former un cristal noir. Pour n'importe quel Chaotique, même la Voix à qui il avait fait la démonstration de ses recherches quelques heures plus tôt... C'était du jamais vu. Les voies de la Magie sont encore très peu connues et de nombreux mystères flottent encore autour d'elle. La Magie du Chaos ne fait pas exception.

Ses applications sont nombreuses et seront fortes utiles pour ceux qui me suivront. Mon objectif est de former mon propre groupe et de m'installer en Terres Humaines. Je veux reprendre Miradelphia afin de l'offrir à Père. Nous sommes à la fois des Destructeurs et des Créateurs et nous avons également le droit de gouter au bohneur qui nous est propre. Si vous aspirez à Arashkam et Abyssea, lynchez-moi. Dans le cas contraire, suivez-moi ou faites route seule. Gardez une seule chose en tête : Personne n'est enchaîné à Abyssea. Abyssea n'est pas le Chaos. Elle est une création de celui qui s'est auto-proclamé son fils.

Je prouverais à ceux qui me feront confiance que je peux leur apporter Miradelphia et que plus jamais, vous n'aurez à vivre dans l'ombre des autres peuples. Si vous l'ignoriez... Ethan est actuellement en Serramire avec un millier de nos compagnons afin de guerroyer. Nous devons prendre son exemple et le rejoindre sur le champ. Seul, je ne peux rien faire. Avec vous, nous pourrons surmonter tout les obstacles et rendre à Père ce qui est à lui et l'honorer mieux qu'Arashkam ne l'aurait jamais fait. Qu'en dites-vous ?

Moment crucial. Deux camps étaient sur le point de se former... Les discussions et les différents groupes se réunissaient et tout cela risquait fortement d'entrer en guerre d'opposition.

Abyssea est désormais derrière moi. Peu importe ce que le plus sensé et le plus intelligent d'entre vous dira. Je servirais les intérêts de Père loin d'ici et bientôt... Miradelphia entendra notre appel. Avec mes frères et sœurs d'armes... Nous construirons l'avenir que nous méritons depuis toujours.

S'il était arrogant, hautain et sûr de lui, on ne pouvait pas lui reprocher son charisme, son sang froid, sa qualité d'orateur et sa façon de savoir ce qu'il désirait. Elverion se demandait bien lequel d'entre eux se dresserait sur son chemin. Il avait à vrai dire une petite idée derrière la tête. Comment la Loi d'Abyssea prendrait-elle ce discours ? Zelvajra, éveilles-toi...

Zelvajra n’avait pas loupé une miette du plaidoyer de son compagnon d’arme. Pas une seconde, son attention ne s’était détournée des lèvres mouvantes de l’elfe, et pendant tout son temps, son poing s’était serré sur la garde de son arme, avec une seule et unique envie, dégainer. Châtier l’impudent qui oser renier l’existence de Chaos. Car c’était ce qu’il avait dit, non ? Selon lui, le Dieu n’était qu’une vaste fumisterie, une entité qui n’existait que dans le cœur d’Abyssea ? Chaos n’était pas un ensemble de personne, réunies autour d’un même but, il était, et c’était son existence qui avait permis l’émergence des Enfants. Oser dire le contraire, oser renier l’idéologie sur laquelle reposait toute leur société depuis une dizaine d’année… L’Hybride ne voyait qu’un unique mot pour qualifier tout cela.

« Hérésie. »

La voix était sombre et menaçante, et le regard s’était fait meurtrier. Les quelques personnes qui étaient à côté de lui levèrent le regard vers la Loi et s’écartèrent. Car la rage que ressentait l’Hybride mettait à mal son contrôle sur son apparence, et sa marque commençait à déchirer les voiles de l’illusion qu’il entrainait en permanence. Quelle ironie, que l’hérésie naisse parmi les hérétiques. Quelle ironie, que même la religion d’Abyssea voit des ignorants et des sots la pervertir au grès de leur délire. Et la Voix… La Voix trônait à côté du fou. La Voix observait son peuple à travers son voile sans frémir, ne bougeait pas quand il insultait son Dieu. Le Bourreau ferma les yeux. Lui qui avait toujours vénéré celle qui recueillait Sa parole, voilà qu’il avait la preuve qu’il avait eu tord. Il avait donné sa confiance aux mauvaises personnes. Arashkam n’était plus là. Pour une raison obscure, le Fils du Chaos s’était éloigné de sa Cité. Jivund’us avait fait de même. Et maintenant, la Voix… Il tourna les talons, et s’éloigna rapidement, laissant la foule et les délires de celui qui n’était désormais plus un frère.

Il revint rapidement. Sur son cheval, armé de l’étendard de la Cité dans une main, et du Cor de la Loi dans l’autre. Quand il ne fut plus qu’à quelques mètres de la foule, il porta l’instrument à ses lèvres et souffla longuement. Le son, grave, lugubre et solennel emplit l’air. Tous connaissaient la mélodie funèbre. Quand il sonnait, la Loi s’exprimait et rendait son jugement. Et quand il sonnait et que l’étendard était levé, l’armée était appelée. Les Chevaliers du Chaos furent les premiers à répondre à l’appel, accompagnés des muses avec qui ils formaient des tandems meurtriers. Sylea avait été sa muse, et elle était morte, désormais… Chassant de ses esprits l’elfe défunte, il se concentra sur sa seule et unique tâche : garder Abyssea unifiée et forte, et l’amener à détruire le monde. Derrière lui, une bonne quinzaine de chevaliers l’avaient rejoint, à pied, et ils formaient son escorte. Et ils arrivaient toujours.

« Que tous entendent la Loi d’Abyssea ! »

Il avait parlé d’une voix forte et assurée, teintée de colère. Voilà désormais un an et plus qu’il était le Bourreau, et les allocutions publics ne l’effrayaient plus. Même quand la Voix en personne comptait parmi les spectateurs. Au moins elle savait ce qu’il allait dire. Etonnant qu’elle n’intervienne pas, d’ailleurs.

« Elverion, tu es jugé coupable d’hérésie. » Il marqua une pause, observant les réactions. Il n’était pas un religieux, et n’avait donc théoriquement pas le droit d’asséner de telles accusations, mais il disait à voix haute ce que bien des Abysséens devaient penser tout bas. Et depuis la disparition du Fils, il était le Chevalier le plus « gradé ». « Ton discours dissident ne saurait être toléré en notre Cité. »

La Voix parlerait sans doute, et s’opposerait à lui… Alors il l’accuserait elle-même de s’être égarée. Pour le moment, il ne pouvait et ne devait le faire. Son seul atout était que les idées d’Elverion était bien trop novatrice pour remporter une adhésion large et massive, et qu’il jouissait d’un statut particulier auprès des Chevaliers du Chaos. Chaos n’avait pas besoin de ses fidèles pour exister, mais il avait besoin d’eux pour se libérer, c’était cette conviction d’être utile qui unissait les Enfants, et on leur annonçait que tout ça n’était que foutaise ?

« Pour avoir renié les Idéaux d’Abyssea, tu mérites la mort. Ton âme ira rejoindre Père et il te prouvera ton inconscience. »

Il tourna son regard d’or dans lequel dansait l’écarlate de la colère vers l’oracle de tout un peuple.

« J’imagine que vous partagez mon avis, ô Sainte Voix ? »

Il n'attendait qu'une chose, désormais... Qu'elle se trahisse devant tout un peuple. Alors il chargerait, et tant pis si la mort l'attendait au tournant.

Banni ? Décidément, ce mot lui collait à la peau ce siècle dernier. Si le jugement du Roi Elfique l'avait profondément atteint, c'était aujourd'hui pour lui une scène de déjà vu. Une scène de routine... Banni... La Loi s'était montrée avec l'étendard d'Abyssea et venait de rejoindre son jugement. Le Chevalier du Chaos Elverion venait d'être banni d'Abyssea. C'était bien la première fois que l'on bannissait publiquement quelqu'un devant une telle foule. Deux camps se formaient désormais. Non, pas deux camps mais trois. Les fidèles d'Elverion, les fidèles de Zelvajra et les fidèles de la Voix. Que feraient-ils ? Ce que la Voix leur dicterait dans quelques instants probablement si cette dernière daignait de prendre la parole et de s'expliquer. Le destin d'Abyssea était désormais entre ses mains. Suivre Elverion et prendre le statut de traitresse ou bien demeurer avec Zelvajra et continuer son rôle au sein d'Abyssea. La Voix, comme d'habitude, était la carte maîtresse de tout un peuple.

Allons, allons... C'est une bien belle déclaration, Loi d'Abyssea. Ton discours ne m'atteint pas. Il me fait sourire, franchement sourire. Je viens de violer une multitude de vos lois, tu sais ? Il est ainsi tout à fait normal que tu prononces un tel jugement. Mais...

Un court instant, Elverion baissa la tête et inclina son chapeau noir vers l'avant. Seule la Voix pu entendre son profond soupire d'amertume. Ce qui allait suivre, il ne le désirait pas. Tout aurait pu été si simple si la Loi avait toléré ce départ, non ?

Chien d'Arashkam. Par ton Jugement, tu viens de signer la perte d'Abyssea. Es-tu certain, fruit du Drow et du Sylvain que tu souhaites en arriver jusque là ? Sincèrement, j'aimerais partir, tout simplement, avec ceux qui partagent le même idéal que moi du Chaos. Ce serait plus simple pour tout le monde, non ? Si l'idée de t'en prendre à d'autres Chaotiques te satisfait... Ce n'est pas mon cas. Ne plus vouloir d'Arashkam ne tient qu'à moi et moi seul.

Peu importe où j'emmènerais les Chaotiques derrière moi, nous honorerons Père et nous lui rendrons ce qui devrait lui appartenir. C'est ma seule conviction. Le Chaos sera honoré. Ce n'est qu'une autre façon de faire que tu ne sembles pas accepter... Abyssea est une utopie, fou. Cet évènement en est la preuve. Tout le monde ne peut pas vivre ensemble dans le plus beau des mondes. Il n'y a que les forts qui survivent. Même nous, Chaotiques, n'échappons pas à cette règle. Pour survivre, il faut être fort. Pour être fort, il faut agir. C'est tout. Et aujourd'hui, Arashkam met en péril notre survie.

Évidemment, ce n'était pas les seules motivations de l'être qu'était Elverion. Au plus profond de lui, l'adrénaline montait. Il était un Enfant déchu qui ne cherchait que la vengeance et son havre de paix. Il était sans nul doute que quelqu'un comme lui finirait seul et malheureux dans une mort des plus pitoyables. Non loin derrière lui, il sentait sa présence. Son amour charnel était de son côté et ce, quoi qu'il arrive.

Lluvia... Je reprendrais tout ce qui nous appartient... Ce n'est qu'une question de temps. Tu seras ma Reine et je serais ton Roi. pensa-t-il. Puis, il ajouta, à haute voix. Avez-vous réellement perdu la raison pour désirer se battre jusqu'à la mort, alors ?

Ak'esha avait suivi Zelvajra ce jour là essayant encore mais sans succès de sortir l'hybride de son état étrange à la fois apathique et attentiste, et en même destructeur. Lors du discours elle était juste à coté de lui sentant la tension monter dans le corps de l'hybride, la jeune femme avait elle aussi été hérissée par les allégations d'Elverion mais elle était d'accord avec lui Abyssea n'était pas le Chaos. Il fallait que les Enfants se bouge et ce serrait surement la meilleurs façon de le faire même si les moyens employés n'étaient pas les plus judicieux. Par meilleur moyen il faut comprendre le plus radical, l'exemple même de cette extrémité était le point serré de Zelvajra tout au long du discours.

-Hérésie.

La voix du Bourreaux était froide, sombre et menaçante, pleine d'envie meurtrière, la jeune femme pouvait presque voir le meurtre dans l'aura de la Loi. Alors que presque tous s'éloignaient de l'hybride, elle ne fit pas un pas pour s'éloigner ou s'approcher, elle ne fit que le fixer du regard sans émotion particulière sur le visage. C'était comme si elle cherchait à deviner ses pensées, tout ce qu'elle vit de plus ce fut que petit à petit sa marque devenait de plus en plus visible, seul indication, il était très très en colère mais ça elle le savait déjà. Il fixait avec intensité la scène, maintenant qu'elle s'était légèrement déplacée, elle pouvait voir son visage dévoré par sa marque fermé dans une expression terrible.

-Hérésie, murmura-t-elle doucement d'un ton amusé avec la voix du Bourreaux.

C'est à ce moment qu'il se détourna de la scène, il partit d'un pas décidé. Ak'esha hésita un instant à le suivre mais finalement décida de resté pour voir jusqu'au bout l'intéressant spectacle qui se jouait sur cette place. Elverion ne supportait plus l'immobilisme dans lequel étaient coincés les Enfants. Il avait semble-t-il choisi de forcer le mouvement en donnant un violent coup de pieds dans la fourmilière, en proposant une alternative plausible au peuple d'Abyssea.

« On le suis. » déclara catégorique Fureur.
Je... je ne suis pas tout à fait d'accord, commença Ak'esha.
« Et pourquoi » demanda Fureur surprise.
Parce que ce qu'il dit à l'air de partir d'une envie de servi Chaos différemment mais...

Ak'esha interrompit sa réflexion pour chercher comment faire passer son message, elle n'arrivait ni à mettre des mots ni des images juste un sentiment confus de malaise.

Je ne dis pas que ce ne sera pas plus amusant de le suivre juste parce qu'il propose de se bouger un peu mais ce qu'il dit à propos d'Arashkam et du Père...

La non plus elle ne termina pas avec des mots mais juste avec une sensation de négation, de rejet de la voie choisie par Elverion.

« Mouais je crois que je vois un peu ce que tu veux dire « un dieu, quel qu'il soit existe parce que des mortel croient en lui » un peu présomptueux » convint son alter ego.
Voilà! Oui, se donner trop d'importance pour Père, ça peut le rendre un peu fumasse, renchérit l'albinos. Et énervé un dieux c'est pas l'une des meilleurs façon de vivre tranquille.

C'est à peu près ce moment que choisie le cor de la Loi pour retentir. Ak'esha se retourna pour découvrir Zelvajra sur son cheval tenant dans une main l'étendard et dans l'autre le cor. Certain chevalier répondirent instantanément à l'appel s'approchant du cheval du Bourreau pour formé son escorte quand il s'avança vers le centre de la place. La jeune femme hésita une seconde puis elle se dirigea vers l'hybride se glissant dans la foule sans que celle-ci ne se rende compte de son déplacement. Elle n'avait pas besoin d'être aussi talentueuse qu'une ombre, elle l'avait souvent fait avant et la foule en cette instant avait son attention tourné ailleurs. Elle s'approcha par la gauche du cheval de Zel' hésitant un peu à s'approcher d'une des bêtes qu'elle avait en horreur. L'albinos se fit violence et repris son avancé sans bousculer personne se glissant doucement entre les corps massé autour du Bourreau, elle s'arrêta au coté de l'hybride, sans voir et sans entendre Anara parlé trop occupé par sa propre mise en scène. Elle attendit qu'il termine son allocution, qu'il déverse la première partie de son ire. Elle écouta ensuite la réponse d'Elverion, stupéfiée par son talent, elle était excitée à l'idée qu'il soit aussi bon épéiste qu'orateur. La jeune humaine pris une grande inspiration et la relâcha, Ak'esha savait qu'elle faisait une énorme connerie mais elle devait la faire, elle en était convaincu.

-J'aimerai que tu reconsidère l'ensemble de ton action, susurra-t-elle.

Elle avait choisie la voix d'une elfe, mais elle n'avait pas conscience du choix de voix qu'elle avait fait. Elle ne savait pas à qui appartenait cette voix mais elle savait qu'elle avait un rythme, une musique, une scansion merveilleuse, magnifique, c'est tout ce qu'elle savait. Si elle avait sut toute la porté de cette voix peut être n'aurait elle pas reproduit cette voix car elle appartenait à la Voix cette musique magnifique qu'elle contre faisait ne se basant pas sur le sens de la première fois qu'elle l'avait entendu mais sur la musique qu'elle lui rappelait, sur les intonations dont elle se souvenait.

-Je ne veux pas parler de ton jugement entier mais de sa mort, bannie le, ce n'est pas ça que je conteste. Je pense qu'il cherche sincèrement une façon différente de servir Chaos même s'il semble que sa voie soit un peu... présomptueuse, reprit elle. Mais je pense que tu peux te servir de lui, sans mettre en danger ceux qu'il a envouté, ceux qu'il a dévoyé son toujours des Enfants même s'il n'en ont plus conscience. Je pense qu'il te faut l'éloigner d'Abyssea et l'obliger à se battre avec les quelques un qu'il emportera contre le monde entier qu'il n'est aucun endroit où se terrer mais que tu le laisse vivre pour l'obliger à combattre tous les jours pour sa survie. Si tu agis ainsi tu auras une force terrible cherchant à se tailler une place en répandant le sang pour Chaos, sans mettre en danger tes frères et sœurs.

La jeune femme avait parlé très bas certaine qu'il entendrait, elle espérait qu'il comprendrait la suite de son discours. Elle n'en était pas assurée mais elle devait le faire. La jeune albinos avait trouvé en Abyssea une famille et un foyer mais elle n'était plus capable d'en profiter, il lui fallait du mouvement. Même si Elverion ferait bouger les deux parties visible le sien serait obligé de bouger violemment pour survivre.

-Je sais que tu n'approuveras pas, commença-t-elle avec sa propre voix, mais je veux savoir comment il va se débrouiller. Ça me paraît amusant, alors je vais le suivre, ne m'en veux pas, ajouta-t-elle avec douceur.
-J'espère que, même si tu ne veux plus que nous revenions, ce foyer sera toujours debout même si ses portes nous sont fermées, ajouta Fureur avec sa propre voix et son insolence.

Ceux qui auront saisie la fin de son discours l'empêcherait peut être de sortir de l'entourage de Zel' mais elle savait pouvoir se débrouiller. Elle avait toujours adoré ce genre de situation, trop de traqueur pour la même proie. Ils se gêneraient les uns les autres. La jeune femme commença à se déplacer au milieu de la foule, attentive, son regard glissa sur Anara sans la voir, sa clochette teintait doucement, elle s'efforçait de vider son esprit pour ne plus rien dégager, pour être insignifiante.
Ak'esha se déplaça lentement cherchant à sortir de l'escorte de Zelvajra...

Ecoute la déchire appelée et désirée. Le sang qui s'écoule en gouttes rubicondes sur le sol craquelé. Entends les chairs qui s'arrachent par lambeaux entiers, écoeurement et beauté melée, fascination rejetée et pourtant adorée. Comme ce baiser qui sera donné porteur de mort et d'élévation dans les ténèbres sanguines de l'oubli. Il murmure et chante, ricane parfois dans les tréfonds abyssaux de sa cage de verre. Encore, encore...Le sang coule, la peau s'éffrite, se lacère d'elle même, esclave d'un destin qui n'est plus sien.

Ma pensée chavire sous les entrelats rageurs et haineux, les sifflements de la nuit dont je suis le receptacle a jamais enivrée de Sa propre volonté. Les rêves se sont délassés cette nuit, courbant mon corps sous l'assaut impétueux de ses Paroles, pliant mes sens jusqu'à la déraison assoiffée. Dévotion étrange, dessins ténébreux qu'ils ne peuvent comprendre...Le plan est parfait puisque né de ses lèvres purpurines. Le voile frémit car il sait, il suinte l'envie délicatement dévoreuse de connaître l'enfer, d'expier chaque mots. L'ocean écarlate a encore faim, toujours faim...Plongeant ses crocs avides dans les gorges offerte, déchirant les trames de ce qui fut un jour hérétique a sa Voix.

Ses Enfants se séparent...Le sang doit couler encore par delà les frontières écrites, je le sais, je l'ai toujours su qu'un jour il faudrait que je Le quitte...L'incomprehension régnera encore longtemps, la colère et la rage, mais ainsi soit il, les chemins se séparent dans les tripes et les cris d'agonies. Peut il comprendre ce glaive qui s'élève contre ses propres frères ? Moi qui les regarde s'aimer encore et encore..Puis je comprendre ? Chut, il n'est plus temps des questions, j'ouvre la voix ensanglantée, la découvre lentement de mes pieds nus, volte le voile de ma perdition aux yeux entrouvert, s'égare le sourire narquois et aimant, se perdent les paroles haineuse d'un enfant qui s'oublie...Mes lèvres s'incurvent, s'ouvrent lentement et pourtant, toi mon enfant sera le seul a entendre mes mots..Ne les oublie pas...

« Le sang s'écoulera par ta bouche, laissant une saveur enivrante sur ta langue. Les portes s'ouvriront devant ta flamme pourpre, d'errant tu deviendras seigneur. Le trone est offert a Sa droite, les chants ne mentent jamais, les griffes voraces ont déjà lacérées ta chair. Mes bras seront doux pour l'enfant qui revient auprès de son Père.. »

Etaient-ils tous stupides ? Ou fallait-il que les seuls assez courageux pour prendre la parole soient aussi les plus idiots ? Peut-être avait-il sous-estimé Elverion et ses talents d’orateur. Oui, la façon dont il pouvait s’exprimer poussait à la confiance. Peut-être avait-il raison ? Sauf que, étrangement, alors que tous s’accordaient pour dire que Zelvajra était plus brutal qu’intelligent, l’hybride voyait clair entre les lignes du discours. Lui entendait « hérésie » à chacun de ses mots. Et pas pour les raisons que tous semblaient croire. Condamnait-il la volonté de l’elfe de sortir d’Abyssea ? Non. Beaucoup prenait la Cité en ruine pour une prison, mais c’était surement parce qu’ils n’avaient rien compris. Zel’ ne s’était-il pas absenté pendant plus d’un mois, l’année passée ? Elverion brandissait un étendard, celui de l’inaction, et il avait bien raison. Mais il n’agitait la vérité que pour mieux dissimuler ses mensonges.

La première des hérésies était aussi la plus terrible. Elverion n’avait-il pas dit qu’il était destructeur et créateur ? Qu’il voit les choses ainsi montrait toute l’étendue de sa folie. Il n’était pas un Créateur, les Enfants n’en étaient pas. Ils étaient des Créatures, imparfaites à l’image des Cinq qui leur avaient donné la vie. Savoir qu’il devait son existence aux Dieux Faibles qui avaient empêché l’Avènement de Chaos le rendait malade… Il était impur, indigne de créer, car toutes ses tentatives seraient forcément un échec. Il était, comme tous les Enfants, un Destructeur, et Chaos était le Créateur. En vérité, dans sa folie, le Chevalier du Chaos se plaçait à l’égale du Dieu qu’il prétendait servir. Et il persistait dans ses mensonges en affirmant que l’Unique avait besoin des Enfants pour exister.

Etait-il le seul à avoir seulement écouté ?

Au final, la moins importante de ses fautes avait été de renier le lien qui existait entre le Fils et son Père. Mais Arashkam n’était plus là, c’était une vérité à laquelle il s’était rapidement faite. En ce sens, la place « était libre », et qu’un Chevalier veule la prendre n’avait rien d’étonnant. Ce qui l’était, c’était cette redéfinition d’une doctrine en laquelle toute une communauté croyait. Beaucoup de personne lui avaient parlé. Il ne les avait pas écoutés. Il les connaissait tous, et tous ou presque se rangeaient du côté du Fou. Cette unique pensée faisait bouillonner son sang, et son regard écarlate foudroyait la mascarade. Il doutait que la Voix se range de son côté. Elle n’aurait pas convoqué toute la Cité sans bonne raison, et avait du discuter longuement avec Elverion de son discours.

La Voix qui, dans un silence hautain, laissait planer le mystère. La Voix qui, si on en croyait l’Hérétique, n’avait plus de raison d’être. La Voix qui, directement à ses oreilles, laissa son souffle s'épancher. Sans savoir pourquoi, il fut tout de même persuadé que lui seul entendit les paroles de l'Oracle. Et elles se gravèrent directement sur son âme. Il prit cela comme un encouragement.

Peut-être Abyssea n’avait-elle plus de raison d’être, elle non plus. Il n’avait qu’un mot à dire, et l’Anarchie s’imposait. Deux syllabes. S’il le faisait… Eh bien, il y avait de grandes chances qu’il signe l’arrêt de mort de son peuple. Mais avait-il une raison de sauvegarder un idéal qui mourrait de lui-même avec la naissance de telles idées ? Zelvajra leva l’étendard. Le temps sembla s’arrêter. Il chercha le regard de celui qui, à ses yeux et par ses mots, venait de mettre un terme à un rêve de dix ans. Et il esquissa un sourire. Le gout amer du sang emplit sa bouche, alors qu’il ressentait l’excitation de la bataille à venir. Oui, l’Indésirable était brutal. Une brute épaisse, sanguinaire, qui se complaisait dans ses massacres. Il n’avait pas toujours été ainsi, mais Alonna l’avait changé. Voilà trop longtemps qu’il n’avait pas pu se laisser aller dans une véritable bataille. Trop longtemps que, comme les autres, il se complaisait dans l’inactivité d’Abyssea.

Il poussa un soupire.

Elverion devait s’attendre à une argumentation. La petite Lluvia aussi. Anara plus que les autres ne voulaient pas de ce qui allait se passer. Mais Zelvajra n’était pas de ces hommes qui perdaient leur temps en palabres. Autour de lui, les Chevaliers qui avaient répondu à son appel retenaient leur souffle. Leurs Muses, tendues comme la corde d’un arc, attendaient que se prononce la Loi. Combien étaient-ils ? Le Bourreau n’en avait aucune idée. Mais s’ils étaient là, c’est qu’ils avaient compris le message caché de leur ancien compagnon et qu’ils ne voulaient pas en entendre parler non plus.

« Chargez. »

Un simple mot, prononcé avec force, et marquant la fin d’une ère. Jamais il n’avait cru qu’il le ferait si tôt. Autour de lui, l’ordre était repris, et on se mettait en marche. Autour de lui, on commençait à courir. Vers une folie, vers un être entouré de tant d’autres. Vers Elverion. Et ceux qui s’opposeraient à cette vague purificatrice subiraient le même sort que lui.

La Mort, et l’Oubli.

Quoi qu'il en soit, quoi qu'il en dise. Elverion devait reconnaître une chose, une seule chose. La situation l'amusait. Lui-même devait reconnaître avoir brisé le peuple du Chaos en quelques minutes de fantaisies seulement. Certes, Zelvajra était celui qui venait de prononcer les deux syllabes fatidiques mais Elverion était l'auteur premier du massacre qui allait se dérouler. Mais n'était-ce pas le prix à payer pour se libérer de Lui ? Il fallait également lui reconnaître une manière très étrange de servir le Chaos. Au fin fond de lui-même, l'Elfe Sylvain se considérait être seul maître de sa destinée et pour lui le Chaos n'était qu'un outil né du fanatisme d'un peuple. Peuple qu'il venait se fragmenter par ses talents d'orateurs. Mais... La situation actuelle n'était clairement pas à son avantage.

Abyssea venait de se séparer en deux camps et à l'œil nu on pouvait remarquer que les forces de la Loi étaient plus nombreuses que celles de l'Hérétique. Et que dire de la puissance ? La totalité des Chevaliers du Chaos et des Muses au corps à corps s'étaient alliés à lui tandis que la faible portion des Muses à distance avait choisit de suivre Elverion. Plus rien n'allait retenir le Bourreau, désormais. Même la Voix était en danger dans la Cité du Chaos... Quatre cent cinquante Chevaliers du Chaos, trois cent Muses au corps à corps, pas loin de deux mille Habitants... et une poignée de Mages. Zelvajra possédait en cet instant présent une véritable machine de guerre qu'Elverion n'aurait su contrer.

Elverion ? Cent Muses à distance, qui s'étaient déjà placées en hauteur, l'avaient donc suivi. Ce fut également le cas d'environ mille sept cent Habitants, de deux cent Ombres, deux cent Soumis... C'était également le cas de la centaine de membres du Clergé... Sans oublier quelques Mages. Une dizaine plus précisément. Maintenant, il fallait réagir. A voix basse, d'un ton à peine audible pour la Voix et sa propre sœur, il chuchota.

Nous ne pouvons pas remporter cette bataille. Zelvajra est bien trop influent et puissant ici. Que faire ?

Alors que la confrontation entre les deux fronts devenait imminente, une idée effleura l'esprit de l'Hérétique d'Abyssea. Son regard sombre se porta immédiatement sur les Soumis et un sourire carnassier s'afficha sur ses lèvres. Elverion méprisait par dessous tout ceux qui se soumettaient à quelqu'un d'autre. Pour lui, ces idiots ne seraient qu'une gêne pour l'avenir prometteur qu'il avait tantôt suggéré à ses fidèles. Zelvajra voulait éliminer les traitres ? Alors en toute courtoisie, Elverion lui offrirait cette possibilité. Par dessus tout, Elverion pensait devoir sauvegarder en priorité le Clergé. Une dizaine de Mages s'étaient associés à lui... Peut-être que...?

Soumis ! Vous allez honorer Père aujourd'hui-même ! Sa représentante, La Voix est avec moi ! Ceux qui se liguent contre la Voix sont faibles et ils ne disposent d'aucune magie assez puissante pour vous faire trembler. Retenez leur avancée et soyez honorer de participer à la sécurité de l'Oracle du Chaos !

Une fois l'ordre donné, les deux cent soumis s'exécutèrent sans plus attendre. Il s'agissait bien évidemment d'un sacrifice mais d'un sacrifice qui permettrait de gagner quelques précieuses secondes. Au moins pour permettre à sa prochaine stratégie de se mettre en place. Ensuite, son regard se porta sur ses Muses, placées en hauteur. De cette position, même en minorité, les dégâts allaient être satisfaisants. A priori, Zelvajra ne les atteindraient pas avant un très long moment.

Muses ! Bandez vos arcs et tirez à répétition ! Privilégiez vos traitresses de sœurs ! Les Chevaliers et les Muses de Zelvajra sont redoutables en duo mais ces mâles en rut seront affaiblis lorsque ces garces brûleront en Enfer !

Habitants d'Abyssea ! ... Prenez les armes et formez une seconde barrière ! Interdiction de la briser avant que je n'en ai donné l'ordre ! Pour Père !

Que le Clergé se replie jusqu'au point de téléportation le plus proche. Mages, ouvrez le portail et préparez l'issue de secours ! L'objectif aujourd'hui est d'amoindrir les pertes et de tous nous retrouver vivant pour un nouvel avenir.

Et... Ombres ! Glissez vous dans les rangs ennemis et éliminez silencieusement l'ennemi !

Les ordres étaient donnés et Elverion pensait avoir mis en place la stratégie la plus efficace pour permettre le replie de ses troupes. Tout n'était plus qu'une question de temps et de résistance. Les soumis venaient de se dresser face à l'attaque de Zelvajra et une seconde rangée empêchait l'avancée jusqu'à la Voix et son Clergé. Une barrière de futurs cadavres bloquait également les accès proches au murets afin de protéger les Muses.

Ses dernières paroles furent pour sa jeune sœur, Lluvia.

Lluvia, je te charge de la sécurité de la Voix et des Mages. Si je ne reviens pas vivant, c'est à toi qu'incombera la tâche de mener ce peuple vers notre Terre Promise.

Un instant plus tard, l'épée dégainé et le regard froid et sans expression, Elverion se glissa dans ses propres troupes. Il serait le dernier de sa faction à quitter Abyssea, c'était un serment.

Ak'esha cherchait à s'extraire de la suite de Zelvajra ne voulant pas être prise dans un combat l'opposant à un frère ou une soeur. La voix de Lluvia s'éleva au-dessus du murmure de la foule. Plus que ses paroles, c'est son ton qui hérissa la jeune albinos. Sa propre réaction la surpris énormément, elle ne se savait pas si attaché à Zel'. Lui ne semblait se préoccuper de rien il fixait froid l'oeil brillant de colère l'estrade où se tenait l'hérétique. Il n'avait semble-t-il pas tenue compte des paroles d'Ak'esha, d'ailleurs il ne paraissait pas avoir plus relevé les paroles de Lluvia. Il était là sur son cheval l'étendard à la main fixant de son regard noir la foule délirante.
La jeune humaine se détourna et continua à louvoyer entre les corps presser de l'escorte de la Loi pour rejoindre le cercle extérieur de la place. Une larme sincère roula soudain de son oeil au moment où elle sortait de la foule de suivant qui s'était regroupé autour de l'hybride. Elle s'arrêta un instant, surprise, marqué.

« Cela faisait longtemps ma chérie »
Oui, bien longtemps que je n'avais plus pleurer pour une chose perdue.
« Ca fait mal? » demande Fureur préoccuper.
Pas autant que cette fois là.

Elle se retourna vers le centre de la place laissant la soeur de la larme solitaire roulé sur son autre joue. La jeune femme récupéra l'une des larme sur ses doigts pour la regarder puis la porta à ses lèvres lapant celle-ci, le goût amère piquant sa bouche. Elle secoua discrètement la tête faisant teinter sa clochette, dans le même temps, elle fixait l'estrade où se tenait le fou qui avait déclencher ce vent de folie. Elle vie une jeune femme monter sur l'estrade pour rejoindre la Voix, baiser sa main et se placer derrière elle comme un serviteur attendant les ordres de son maître. L'humaine vit la Voix s'avancer vers le bord de la scène, mais elle ne sembla pas s'adresser à la foule, tout le monde s'attendait à ce qu'elle réponde publiquement à Zelvajra que tous entende ce qu'elle avait à dire pour s'expliquer, pour que tous comprennent. Mais elle avait choisie mystérieusement de ne montrer son approbation pour les choix d'Elverion seulement en s'avançant à ses cotés.
L'ordre de Zel' tomba comme un couperet pile au moment où la jeune humaine prenait un chemin de travers qui lui aurait permis de suivre le chevalier dissident sans se faire repérer. Elle observa avec horreur les chevaliers et leur muses se mettre en branle et courir sus à l'hérétique.

« Bouge, tu t'es ramollie ma vieille »
Désolé, tu as raison, j'ai pris une décision. Je m'y tiendrais.
« Tu semble avoir peur »
J'ai peur de ne pas réussir à me tenir à ce que j'ai décidé.
« Ne t'inquiète pas je suis là, je te botterais le cul pour que tu reste sur le chemin intéressant »
Merci...

Elle se précipita par le chemin de traverse et contourna à toute vitesse les bâtiments qui entouraient la place. L'humaine entendit les ordres étouffés d'Elverion, elle sut que le combat serait inévitable, que ses frères et soeurs s'entretueraient. Elle jura à haute voix, là où d'autre le ferais dans plusieurs langues différentes, elle le fit avec plusieurs voix différentes, la voix douce de putain ou de gamine, succédant à celle de vieillard cacochyme qui se mêlaient à celles de jeunes hommes. Mais toutes ces voix vomissait un torrent de juron sur la musique d'une clochette qu'accompagna bientôt le cliquetis des armes se heurtant dans une cacophonie à la douce discordance. Elle arriva de l'autre coté de la place sans trop de problème, elle était maintenant derrière l'estrade.
Ak'esha s'arrêta pour reprendre son souffle, elle détacha ses épées, lassa les liens de cuir permettant de bloquer les lames dans leur fourreau. Ainsi elle pourrait s'en servir sans blesser ni tuer.
En arrivant elle avait vu Elverion parler à sa soeur et s'avancer vers l'avant de l'estrade. Sa soeur acquiesça et conduisit la Voix en sureté. La jeune humaine se glissa derrière le groupe sans rien faire de particulier et les suivis, sur ses gardes.

La Guerre s’était invitée dans la Cité perdue de Faëlia. Ou plutôt, plus que la Guerre, l’Anarchie s’était emparée des ruines Chaotiques. Il était presque amusant de voir les fidèles s’agiter, se retournant à tord ou à raison vers ceux qui seraient désormais les hérétiques. Zelvajra ne réagit pas toute suite, observant la scène. Spontanément, les Soumis obéirent aux ordres de celui qui était désormais leur Maître, formant un rempart entre les Chevaliers et le Félon. Mais pas seulement. Dispersé dans la foule, ils se ruèrent aussi sur les côtés de « l’armée » en mouvement, la ralentissant assez pour permettre aux unités compétentes adversaires de s’organiser. L’Hybride soupira. Ils n’avaient pas été assez vite. Il était dommage de constater qu’une foule ne laissait pas toujours passer aussi aisément qu’on pourrait le croire l’élite de leurs combattants. Malgré elle, la Loi esquissa un sourire.

« Pas de quartier avec les traîtres. »

Peut-être Anara entendit-elle, mais ce fut surement la seule. Il ne s’agissait pas d’un ordre à proprement parlé, après tout ses frères d’armes n’avaient aucunement besoin de ses conseils en matière de massacre. Ils avaient autant que lui la Soif du Sang, et ils voyaient autant que lui le sacrilège que venait de commettre Elverion. Seulement voilà, la charge avait été stoppée plus vite que prévu, et il fallait désormais la relancer. Une simple question de temps, on ne disposait pas en face de troupes capable de rivaliser, mais c’était le temps qui était important… Car déjà la Voix s’éloignait… L’Indésirable nota sa direction, puis reporta son attention sur plus pressant. La panique régnait désormais dans la place, et si Zelvajra avait été quelques minutes plus tôt totalement encerclé par une masse grouillante de vermines rampantes, ce n’était désormais plus le cas. Beaucoup d’habitants s’étaient enfuis dès le début des combats, conscients du châtiment qui les attendaient si la folie de rester les prenait. Soudain, plusieurs dizaines de fiches tirées à l’unissions obscurcirent le ciel. Zelvajra laissa s’échapper un juron alors que la première salve s’abattait sur ses hommes. Le plus dérangeant était qu’il était à portée de tir… Et qu’il ne devait pas mourir si vite. Pas avant d’en avoir fini avec ce qui venait de se commencer. D’un geste violent, il planta l’étendard au sol, qui s’enfonça entre deux pavés fissurés par le temps. Après avoir rangé le Cor, il laissa s’échapper de ses paumes ouvertes deux tentacules noirs de jais… Bientôt viendrait le temps de l’épée, mais pour toute suite.

Son regard se posait sur le chaos qui s’était installé au sien de ses Enfants. Muses et Chevaliers se frayaient lentement mais surement un passage vers Elverion, écartant sans trop de gène les suicidaires qui s’attaquaient à eux, empli du fanatisme religieux qui caractérisait si bien Abyssea. Les choses étaient moins aisées quand ils rencontraient une Ombre ou une Muse félonne… Il y en avait peu, mais il y en avait déjà bien trop. Anara était à côté de lui, veillant à sa sécurité… Il faudrait qu’il prenne le temps de la remercier. Même s’il s’était éloigné de la demi-drow, elle semblait garder son adoration pour ce frère qui semblait-il, ne voulait plus d’elle.

Si seulement la vérité était aussi simple.

Il soupira. Il n’y arriverait pas de cette façon, pas en fonçant tête baissée. Mais il était trop tard, désormais. La Destruction était en marche mais, trop lente et encerclée, elle peinait à s’emballer. A moins que…

« Anara, trouve moi deux ou trois mages fidèles, n’importe lesquels, dans cette cohue. Je vais avoir besoin de leurs talents. »

Il était temps de jouer une nouvelle partie.

Méconnaissable. Abyssea était devenue réellement méconnaissable. Frères et sœurs s'entredéchiraient entre deux camps bien distincts. Oh, tout aurait bien été plus facile si Zelvajra avait décidé d'entendre le raisonnement d'Elverion. Mais non, cette gêne avait décidé de prendre le rôle d'Arashkam et de défendre la Cité. Enfin, c'est ce qu'il en ressortait. Lui savait bien. Il savait que Zelvajra était une brute vouée au Chaos et qu'il ne faisait que de lui faire honneur en participant au bain de sang. Puis, il aurait été surprenant que la Loi d'Abyssea ne prononce pas le bannissement du Chevalier du Chaos qui avait causé cette Guerre Civile. En tout cas, chaque camp avait lancé ses troupes et le combat faisait rage. Le Mur des Soumis avait été décimé aussi rapidement qu'il s'était dressé face aux Chevaliers et aux Muses de Zelvajra. Paix à leurs âmes, le fou qui avait provoqué leur suicide pouvait au moins les remercier d'avoir gagné le temps nécessaire pour mettre sa formation en place. Elverion lança un dernier regard au second mur d'habitants bien plus massif qui s'était dressé. La plupart d'entre eux ne survivraient pas et il se demandait s'ils en avaient bien conscience. Son discours aurait-il provoqué un tel fanatisme ? Non, c'était une lutte d'idéaux. Les Anciens contre la Renaissance. S'ils voulaient croire en cette Renaissance, ils devaient se battre dès maintenant. Tous devaient le savoir, c'était la première d'une longue série de souffrances à endurer pour quitter Abyssea et devenir indépendants.

Tenez bon, mes frères et mes sœurs ! Tenez bon jusqu'à l'ouverture du Portail ! L'ennemi ne doit pas passer nos défenses où c'est la fin pour nous tous !

Tout était donc en place, et les Muses d'Elverion tirèrent leurs premières flèches qui firent mouche. Un temps plus tôt, Elverion avait ordonné la visée des Muses de Zelvajra. Elles tiraient une bonne partie de leurs capacités de leurs duos avec les Chevaliers du Chaos. Vice versa, bien évidemment. Dans ce cas, atteindre l'une des deux paires affaiblirait incontestablement l'autre. Que ce soit aujourd'hui ou pour l'avenir. Qui sait, si Elverion s'en sortait... Zelvajra ne le chercherait-il pas jusqu'au bout du monde pour chasser l'hérétique ? Chacune de ses actions allait être importante. Chaque acte devait être prémédité parce que chacun d'entre eux à sa conséquence sur l'avenir proche ou lointain. Puis, soudainement... Une pluie de gemmes s'abattit dans les rangs ennemis alors qu'un Mage venait de rejoindre Elverion. Il s'agissait d'Arsh. Qu'est-ce que signifiait ce stratagème ? Qu'importe, il semblait qu'il soit en sa faveur. Elverion rit amusé de voir une partie des ennemis s'enfoncer dans la mousse provoquée par les Mages qui soutenait son camp. C'était encore un peu de temps de gagner, et c'est tout ce dont il avait besoin. Comme bon nombre de ses nouveaux frères et sœurs, il se battait au front comme un véritable Général. Il ne suffisait pas de bien savoir parler pour convaincre un peuple de ses ambitions. Il fallait aussi lui prouver sa détermination. Du regard, il cherchait Zelvajra. De face ou sur les flancs, il pouvait surgir à tout instant dans toute sa bestialité.

Zelvajra ! C'est la fin d'Abyssea ! Attaquez ! Attaquez sans relâche ! Pour le Chaos ! Notre Chaos !

Les troupes d'Elverion étaient incapable de tenir sur la même position. L'important pour lui était de préserver l'accès aux murs et de protéger ses précieuses Muses. La vague était lancée et le mur de défense organique s'était brisé pour réaliser sa plus belle percée. Objectif, faire reculer les attaquants. Ceux qui mourraient au front gêneraient de toute manière une nouvelle contre attaque de Zelvajra. Ce serait comme marcher pied nu sur un brasier ardent. L'odeur de sang était devenue maîtresse de l'atmosphère d'Abyssea et il fallait désormais attendre le son de la voix de Lluvia. Elverion n'avait plus qu'à attendre son retour pour lancer l'ordre de retraite.

Puisses-tu te dépêcher, ma soeur ?

Plus que quelques minutes. Probablement les quelques minutes les plus longues de sa vie. Il jetait de temps en temps des coups d'œil en arrière, ne désirant pas manquer le moment où Lluvia lui dirait que tout ceci serait terminé. Combien d'Enfants du Chaos étaient déjà morts, consumés par la folie d'Elverion et l'indifférence de Zelvajra ? Beaucoup trop... Et ce n'était qu'un pâle début. Comment repartiraient Elverion et sa troupe du point zéro ? Le savait-il vraiment lui-même ? Il ne suffisait pas de se libérer de ses chaînes et de prendre le visage d'un chien errant. Les quelques centaines de survivants suivraient-ils longtemps Elverion ? Le doute planait, et c'était tout à fait normal. La vie d'Abyssea venait de basculer à jamais. Vraiment, Zelvajra serait-il capable de reconstruire ce qui a été bâti par Arashkam ? Selon Elverion, il n'en avait ni le caractère, ni l'âme. Ce bain de sang en était la preuve. Quelques minutes plus tard, Elverion était sans adversaire. Seul Chevalier du Chaos de son camp et l'un des plus anciens d'Abyssea... Celui-ci était le mieux placer pour lutter contre ses anciens frères d'armes. L'Epéiste d'Ebène, l'avait-on surnommé.

Il y a encore tant à faire pour ramener ce Monde à ses origines... Sa déchéance est ma mission, voilà tout. Cette folie est celle de Zelvajra, pas la mienne.

Murmura-t-il, en soupirant. A sa droite, un corps rampait sur le sol, dans sa direction. Troublé de violents spasmes de douleurs, ses deux jambes avaient été arrachées par l'épée d'un Chevalier du Chaos parce qu'il s'était retrouvé sur son chemin. Pourtant, il avait été un homme qui aurait pourfendu mille et une fois l'Hérétique s'il l'avait pu.

Hérétique ! ... Tu as détruit Sa Cité ! ... Tu as mené Son Peuple à l'extinction ! ... Il te prendra de ses propres mains et t'étripera comme tu le mérite tant ! Ordure ! ... Ma famille, mes amis, ma vie ! ... Quel est ton... nom... L'Hérétique ?!

Bien qu'affaiblit, le visage de l'homme n'en demeurait pas moins haineux. Ses yeux bleus se gorgeaient de larmes de rages et de tristesses. Comme tant d'autres, il avait été un être déçu par son ancienne vie et qui avait su se reconstruire auprès de Lui. Après des années de dures labeurs, l'homme avait su se reconstruire une famille. A ses yeux, l'Epéiste d'Ebène était le seul coupable. C'était lui et lui seul qui venait d'arracher sa vie. Elverion, d'un regard hautain se rapprocha de lui. Que ressentait-il à l'intérieur ? Probablement rien. L'extérieur en disait tout autant, après tout.

Mon nom...? Il n'a guère d'importance. Mon nom est le même que celui de votre ennemi. Chaos. Nous allons nous en sortir et ce sera la preuve que Père t'as abandonné, chien de la Loi et du Fils. J'ai montré que le Fils n'est qu'un imposteur. Il n'est même pas revenu pour vous sauver, c'est peu dire. Avant d'achever tes souffrances, je vais te révéler un secret...

Machinalement, l'Epéiste d'Ebène posa un genou à côté du mourant et colla ses lèvres contre son oreille gauche. La voix d'Elverion était gonflé d'excitation. C'était comme s'il allait révéler à un confident le secret de sa vie. Partager sa raison de vivre et de se battre...

Mon but est de devenir un Réceptacle, tout simplement. L'Immortalité est la clé de mon entreprise.

Un réceptacle ? L'immortalité ? Il faudra certainement apprendre quelques chapitres pour en apprendre un peu plus. Après tout, cela aurait été parler à un cadavre, maintenant. L'homme était mort, épée plantée dans le crâne. Epée qu'Elverion retira tout aussi sèchement que ses habitudes sournoises. Oh ? Il eut à peine le temps de jeter un coup d'oeil vers Lluvia en attente du signe fatidique que Zelvajra galopait dans sa direction. Rien de bien étonnant, à priori. Sauf que... On trompait son regard d'Elfe Sylvain ? Comment diable cinq Zelvajra fondaient-ils dans sa direction de cinq points différents ? Lequel était le vrai, plutôt ?

Mince, j'avais espéré ne pas utiliser Sa Magie ici...

Comment ne plus croire à l'illusion lorsqu'un corps en traverse un autre ? Cinq directions différentes... Il n'y avait plus qu'une seule chose à faire. Un dernier recourt pour la survie. Dans la maîtrise de la Magie destinée aux Chevaliers du Chaos... Il était certainement l'un de ceux la maîtrisant le mieux. De sa vie en Anaëh, il avait été le disciple de Dyarque, Mage désormais connu et reconnu dans tout le Royaume Sylvain. Avant la plupart de tout les autres Chevaliers du Chaos, Elverion maîtrisait déjà les règles de la Magie universelle. Un véritable temps d'avance en soi. Alors, quel sort allait-il utiliser ? Le suivant.

Cercle de Mort !

Son regard s'illumina et son corps fut envahi d'un halo lumineux très violacé. L'entité de magie destructrice s'éparpilla tout autour d'Elverion sous la forme d'un cercle impardonnable. Les illusions de la Loi rejoignirent Elverion en son centre et disparurent en se croisant simultanément. Quant à Zelvajra ? Son cheval avait encaissé de plein fouet et s'était renversé, fondant dangereusement sur Elverion qu'il percuta de plein fouet alors que l'Hybride s'écrasa un peu plus loin. Les deux guerriers, sonnés, se relevèrent presque en harmonie. Le duel des Généraux allait commencer.

Je vais te tuer, Loi ! Accepte Sa Colère et admet la défaite d'Abyssea ! Notre indépendance est certaine, ta lutte est inutile, désormais !

Il fallait maintenant se dresser au niveau de la Loi. Ses tentacules du Chaos étaient prêtes à en découdre et à moins d'être un épéiste invisible, il n'en aurait tranché qu'une avant d'être saisit par les cinq autres. A son tour, sa tunique se déchira en six points de son corps et six tentacules du Chaos jaillirent.

Je suis prêt. dit-il à voix haute. ... J'espère que ma jambe droite ne lâchera pas maintenant... Je ne la sens presque plus... murmura-t-il à lui même.

Ainsi, le véritable face à face venait de commencer. L'épique duel des deux Généraux promettait d'être violent et carnassier. La réponse de Zelvajra ne surprit pas plus que cela Elverion. Abyssea devait être défaite, mais pas maintenant. Aux yeux du Sylvain, Abyssea était tel un Temple. Le Temple du Chaos, dirons-nous. Arashkam avait totalement bafoué la véritable vision du Chaos que Zelvajra et Elverion partageaient au fond d'eux mêmes. Le Fils du Chaos avait essayé de monter un peuple uni dont tout ceux qui voulaient prétendre en faire parti pouvaient s'y intégrer en remportant l'Epreuve. Foutaises... Dans le Chaos, Elverion n'y voyait que Naissance, Destruction, Renaissance, Destruction, Renaissance et Destruction... Un cycle pervers et interminable. Détruire pour reconstruire ! Voilà ce qu'était véritablement le Chaos. Alors que le Portail était ouvert, la Voix, ses fidèles... Et bientôt les survivants s'engouffraient dedans. Lluvia n'était toujours pas partie, préférant garder un œil sur son frère. Après tout, c'était dans une Danse Mortelle qu'il venait de s'engager.

Non, Zelvajra. Abyssea ne doit pas être défaite maintenant. Elle doit tenir jusqu'à mon retour. Peux-tu t'en charger ? Ce lieu est celui de Sa Renaissance... C'est ici que tout a commencé et que tout terminera.

Légère erreur de sa part, Zelvajra rétorqua avec une violente droite qu'il reçut de plein de fouet. Le Chevalier du Chaos grimaçait et frappa à son tour de plein fouet son visage avec une tentacule, bien que la force se faisait largement différente. Zelvajra avait le don d'être une brute... Une brute qui tenait en joug ses adversaires. Dans sa condition, Elverion savait bien qu'il risquait de ne pas tenir très longtemps. Il n'avait même pas le temps de maudire sa condition de Sylvain que Zelvajra était déjà revenu à la charge, le faisant une nouvelle fois reculer sous les yeux d'Arsh.

Nous sommes pareils, Zelvajra ! C'est pour cela que nous nous battons. Nous suivons la même Quête et cette dernière ne peut être partagée car nous savons que son aboutissement est la Mort.

Une déclaration pleine de sens venait d'être prononcée par l'Epéiste d'Ebène. Oui, ainsi était la Quête du Chaos. Tuer, tuer, tuer jusqu'à être le dernier et se donner soit même la Mort. Zelvajra était le seul ici à pouvoir le comprendre. Elverion ne comptait nullement offrir à ses suivants l'avenir prometteur qu'il avait décrit pendant son discours. Seul, il ne pouvait pas détruire Miradelphia et il le regrettait bien. Il ne restait plus rien de l'Elfe Sylvain qui naquit il y a sept siècles... Même sa jeune sœur comptait désormais comme un futur sacrifice. Amour, Amitié, Liberté... C'était comme si toutes ses notions avaient quitté Zelvajra et Elverion. Une intervention du Dieu Unique ou bien une suite logique d'évènements ?

Lluvia ! Va-t-en ! Je te rejoins dans un instant !

Le temps de donner cet ordre, Elverion ne put esquiver le coup de lame à l'épaule droite qui venait d'être envoyé par Zelvajra et qui trancha au passage deux tentacules. C'était terminé. Quasi instantanément, Elverion disparut sous les yeux de la Loi et le portail sous ses pieds disparaissait. Un peu plus loin, Arsh soufflait, fixant Zelvajra non sans crainte. Sa mission était de sauver à tout prix Elverion et il préférait subir le courroux de la Loi plutôt que celui d'Ethan.

... Adieu Arashkam, Adieu Abyssea...

Ak'esha se tenait derrière l'estrade avec la Voix, le Murmure, quelques mages et Lluvia. Elle ne voyait pas ce qui se passait de l'autre côté de la scène mais les sons qui lui parvenaient lui en donnaient une bonne idée. Les cris de douleurs, les hurlements de rage, les gémissements de désespoir et le criaillement de l'acier contre l'acier donnaient un concert en l'honneur du combat du frère contre la soeur, ces sons ébranlaient plus Ak'esha qu'elle voulait bien le laisser paraître. Quant à Fureur, eh bien tout ceci ne faisait qu'attiser sa curiosité, elle n'avait jamais vu une bataille de cette ampleur, elles savaient ce qu'était un combat sur un chemin ou une rixe dans une taverne mais ce type d'empoignade à grande échelle avait tout de nouveau pour elles.

« Allez quoi! Laisse moi voir ce qu'il se passe! » gémit Fureur contrarié.
Je ne préfère pas.
« Pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi... » débita-t-elle aussi vite qu'elle pouvait.
-Arrête! Tu me fatigue, s'énerva Ak'esha en se tenant la tête. On va aller voir si ça te chante.
« C'est mieux comme ça » minauda-t-elle.
-Mouais, grommela la jeune humaine.

Elle se glissa prudemment sur le côté de l'estrade. Arrivée au bout, face aux combats qui se déroulaient devant elle, la jeune femme s'arrêta, s'adossa nonchalamment sur le devant de la scène, elle ne voyait pas très bien ce qu'il se passait devant elle mais elle avait exaucé les vœux de son alter ego, elles pouvaient voire les combats. Tous ce qu'elles voyaient c'étaient un amas de corps fluctuant de façon désordonné.

« Ouais c'est comme une bagarre de taverne mais en plus grand » fit Fureur dépité.

Ak'esha elle tremblait de rage, elle en voulait à ceux qui avaient déclenché ce gâchis sans nom. Elle en voulait à Elverion qui avait été égoïste mais elle était aussi en colère contre Zelvajra qui avait eu une réaction démesurée. Si l'autre abruti avait envie de servir Chaos à sa façon qu'il le face même s'il déblatérait des absurdités, Chaos se débrouillerait très bien tout seul pour le remettre dans le droit chemin. Quoique... Ce serait flatteur...
Elle en était là de ses réflexions quand les mages d'Ethan rentrèrent dans la partie en lançant leur cristaux, une mousse verdâtre commença à envahir la place sous les pieds des partisans de Zel' les engluant et restreignant leurs mouvements.
L'esprit d'Ak'esha était vide, plus aucune émotion ne s'affrontait en elle, elle était là les yeux perdu dans le vague face à cette folie, complètement détaché ne suivant plus tout à fais ce qu'il se passait. Fureur suivait avec attention ce spectacle ne loupant pas une miette de ce qu'elle pouvait voir de l'évolution des combats, brulant même d'y ajouté son grain de folie mais l'état d'esprit d'Ak'esha ne lui permettrait pas d'y participer.
Elle n'avait pas remarqué mais inconsciemment elle avait suivi Zelvajra des yeux, l'hybride avait réussie à rester sur son cheval tout au long de la mêlée dominant le combat, il semblait cherché quelqu'un ou quelque chose, surement Elverion. Soudain elle comprit qu'il l'avait trouvé et il chargea sans se préoccuper de qui était sur son passage, mais il n'y avait pas qu'un seul Bourreau mais cinq qui traversait la foule en direction de l'épéiste d'ébène. A quelque pas d'Elverion l'hybride tomba à bas de son cheval et les illusions disparurent toutes en même temps et le combat entre les deux volontés qui avaient déclenché ce gâchis commença

« Tu crois qu'on devrait aller lui donner un coup de main »
Non il se débrouillera très bien tout seul.
« Duquel tu parles? »
N'importe les deux sont assez grands pour se défendre et de toute façon notre frère elfe a une nounou.
« C'est tout de même dommage... »

Elle se détourna rapidement du combat et rejoignit les mages autour de la Voix qui avait presque fini leur portail. L'albinos s'arrêta à coté de Lluvia pour regarder le combat qui se déroulait à leurs pieds, quelques instants plus tard le portail était fini. Lluvia en informa son frère qui lui ordonna de traverser le portail lui assurant qu'il allait la retrouver de l'autre côté, elle hésita. Maintenant que la Voix était en sécurité loin de cette folie elle avait envie d'aller aider son frère. Fureur éclata d'un rire bref comme un aboiement à haute voix faisant sursauté l'elfe.

-Je te voies trembler d'excitation, constata Fureur avec sa voix caractéristique trainante et insolente.
-Suit mon ordre je te retrouverais ma soeur, dit Fureur durement avec la voix d'Elverion juste assez fort pour qu'elle soit la seul à entendre.
-De toute façon il n'a rien à craindre il a une nounou, fit-elle en indiquant le mage qui fixait intensément Elverion.
-C'est assez impolie ce que tu fais Fureur, s'emporta Ak'esha. Même si elle a une façon de parler assez rude elle a raison tu ne devrais nous suivre.

Puis elle se détourna sans un regard en arrière vers le portail le traversant sans vérifier que l'elfe l'avait suivie.

« A plus Abyssea. J'espère que cette abruti se démerdera pour qu'elle tienne quelque temps »