Aerandir
En attente de validation.. Nombre de messages : 789 Âge : 40 Date d'inscription : 28/04/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Religieux | Sujet: [temple d'Arcamenel] Temps...il est temps... Lun 2 Mar 2009 - 23:00 | |
| Les langues ténébreuses du sommeil s'évanouissent doucement sur sa peau. Reflets miroitants et sensuels..étendues noirâtres et pourtant douce, si douce qu'il s'y laisse glisser avec un soupir, grisé par l'étreinte cotonneuse, savoureuse d'un oubli mêlé de rêve, d'ombre mouvante, d'une danse irréelle qu'il regarde comme un éperdu. La perte sera immense, désœuvrement mais le cadeau si beau...
S'ouvrent les portes dorées, entremêlées de noirceur ombrageuses, le chemin est pavé d'argent flamboyant...Avance...Un pied après l'autre, délicatement comme pour ne pas briser le miroir sur lequel tu marche. Il te renvoi l'image dansante d'un mélange divin, une vague mousseuse de cheveux qui danse dans ton dos...Aveugle, tu suis le chemin, guidé par le chant mélodieux, cette voix qui te hante depuis ta naissance...Les notes volent, t'enivrent de leur consonance immatérielle, ravi ton ouïe, charme éternel. Ferme les yeux...Danse sur la partition qui t'est offerte, valse sur son rythme éternel, écoute le encore et encore, elle t'attire comme jamais, tu es cet adepte enivré, possédé, tu es cette conscience oubliée dans les limbes d'une sonate immortelle. Rien n'existe plus que cette voix enchanteresse, divin mélange des beautés de ce monde. Tu as oublié ton monde, ta vie, ton nom dans cette étrange eurythmie, tout s'efface ne survis que cette aurore qui te nimbe de rose a peine écloses, ondoyante dans le souffle d'un vent malicieux...Il secoue tes cheveux, embrasse ta peau d'une douceur sensuelle. Ecoute, tends l'oreille, il est une voix qui dépasse les choeurs harmonieux. Grave et aérienne, une mélopée envoutante qui ordonne...
« Arrêtes toi. Lève les yeux, contemple le soleil une dernière fois. Baisse le regard, admire la terre une ultime fois. Ta naissance fut la mienne, endormie et toujours veillant en ton sein, un oeil absent, une oreille oubliée...Caresse l'argent qui dort sur ta poitrine...Il est temps ! »
Le réveil est abrupt, comme une larme de vierge amère. La soie de l'oreiller caresse sa joue, au dehors s'étends le chant divin d'oiseaux paradisiaque. Il garde les yeux fermés, les sourcils froncés, il cherche, cherche des brides de ce rêve, de ce songe dont il garde un goût étrange sur la langue. Ce n'est qu'un murmure presque éteint, un arôme presque envolé. Il enfonce son nez dans le coussin moelleux. Cette nuit, sa rose n'est pas venue, mais elle reste libre, superbement libre de ses choix. Il est seul, perdu dans cette immensité de soie et de coton chatoyants...Il soupire...Le songe s'en est allé et avec lui, son hypnotisante mélodie. A-t-il effleuré du coeur la vérité brute ou n'est ce là qu'un désir enfouit et libéré par la magie de la nuit ?
Il roule sur le dos dans un froissement sensuel de tissus éparses, plie un bras sur son visage comme un pénitent honteux. Un merle se pose sur le rebords de sa fenêtre ouverte sur l'air frais, il chante et le Serviteur écoute un fin sourire dessiné sur ses lèvres d'ordinaire dévouées aux pétales rosés. Dans les jardins s'activent les Suivants, il peut entendre les rires et les murmures, plus loin encore, l'ode au Prisonnier retentit telle une musique féerique. Il sent sur sa peau l'évanescente chaleur du soleil, il brille, il le sait, il imagine sa couleur d'or et de feu...Les paupières frémissent, papillonnent et s'ouvrent...Sur les ténèbres les plus opaques...
« Une ultime fois...Une dernière fois...Temps...Il est temps... »
Il est un cri qui demeure muet sur les lèvres entrouvertes, une vague noire et impérieuse que l'on tente de réprimer sous la volonté brute...Pourtant...Pourtant...La nuit, la nuit est une compagne désormais, SA compagne tant que la vie lui sera prêtée...Il comprends...Il comprends...Vite, trop vite...Ses doigts se crispent sur la soie, ils déchirent la douceur, lacèrent la tendresse...Trop vite...Trop soudain...Il n'était pas prêt...Il...
« Temps...Il est temps... »
Il bascule sur le sol dans un hurlement silencieux, frappe le sol d'un poing rageur...Il n'était pas prêt ! Pas encore ! Pas maintenant ! Pas...comme ça...Pourtant, pourtant il ne peut s'élever contre la volonté affichée...Il n'est qu'un Serviteur...Juste un Serviteur...Aujourd'hui il est...Sa voix. |
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