Les marchands et le Roi [PV Trystan]

La réforme des armées était finie, ne restait plus à Aldénor qu'à améliorer l'entraînement et à augmenter l'emprise de la duchesse sur son armée mais cela se ferait avec du temps et de la patience, il n'y avait plus besoin de cette masse énorme de travail du commencement. Seule une routine subsistait et désormais Aldénor pouvait se pencher un peu plus sur sa guilde marchande qui ne connaissait qu'une faible expansion depuis sa création. L'effet d'annonce s'en était allé et la faible part de marchand de la Corporation ne permettait pas une efficacité notable pour qu'un engouement massif se répande dans la population.

Il fallait donc dynamiser cela, rendre la guilde plus importante, plus centrale dans la vie des humains et de leurs royaumes. Sans doute qu'une réussite chez eux pousserait les autres peuples à s'intéresser de plus près à la guilde et à développer ainsi leur commerce et leurs échanges pour une paix et un bien-être plus grand. Du moins c'est ce que tentais de faire la guilde qui obtenait de menus résultats dans les domaines où elle s'implantait. Pour Aldénor, seule une entente globale pouvait permettre une réelle influence de la Corporation sur les habitants. Des pactes plus ou moins avantageux de ci et de là n'étaient pas un moyen efficace pour baisser les prix ni pour procurer à chacun une existence plus aisée. De plus, la réticence de certains était un obstacle à cette marche en avant malgré qu'elle profitait à tous, y compris ces seigneurs qui pensaient que la nouveauté était nuisible... Pour arriver à une situation stable et bénéfique, il fallait donc passer outre ces écueils et dépasser ces clivages. Certains ne voulaient pas parce qu'un de leur adversaire appartenait déjà à la corporation ou bien parce que cette même Corporation n'était pas sous leur joug ou qu'elle était soit disant manipulée par un autre,... Enfin ces querelles de clochers qui empêchaient inlassablement et à coup sûr la moindre chose de se faire. Si ce genre de réactions ne proliféraient pas, Alonna n'aurait peut-être jamais eu lieu ou la victoire humaine aurait été plus flamboyante...

Ainsi, le maître d'arme de Langehack avait obtenu audience auprès du roi pour s'entretenir de tout cela. Il fallait donner une nouvelle impulsion aux royaumes humains, faire souffler un vent de nouveauté et balayer ces tensions nuisibles à l'équilibre du peuple humain. Un nouveau roi pouvait donner une nouvelle chance à son peuple bien que cela poserait certainement quelques soucis et nécessiterait également quelques négociations. Cependant, les humains étaient plus dynamiques que les autres peuples et un souverain réformateur ne pouvait que plaire face aux conservatisme des autres races. C'était cette rapidité d'évolution qui permettrait aux humains de se défaire de leurs adversaires.

Une fois arrivé, on le fit entrer dans un bureau, peut-être celui de sa majesté, il ne savait guère. Toujours est-il qu'il retrouvait le souverain face à lui et qu'après une longue révérence et les saluts d'usage, il s'installa puis prit la parole après qu'on l'y ai invité.

" Votre Altesse, je suis honoré de pouvoir m'entretenir avec vous. Je cherchais depuis fort longtemps à vous contacter et je n'ai pu trouver que votre tante qui a avec vous des relations assez tendues d'après ce que j'en ai compris. Comprenez bien qu'il n'a pas été simple de vous faire parvenir mes idées et mes questions d'où mon réjouissement le plus fort en cet instant. "

Il affichait un sourire rayonnant. Il pensait tout ce qu'il venait de dire. Cette entrevue pouvait s'avérer être une date capitale dans la société humaine et y laisser ainsi une empreinte ne pouvait que lui profiter, à lui, à la Corporation et à Langehack. Une bonne relation avec le roi lui ouvrirait d'autres horizons et notamment un avantage certains dans son mariage qu'il désirait de plus en plus voir annulé. Marion n'était vraiment pas une femme à marier... Toujours ce sourire franc aux lèvres, il reprit.

" Je voulais donc m'entretenir à propos de commerce, de guilde et de marchands. Une entrevue au profit de la Corporation avait était prévue il y a de cela un mois environ mais elle a finalement avortée sans raison. J'espère que tout ceci ne vous dérangera pas même si je pense que mon approche ne pourra que satisfaire votre Majesté. "

Il en resta là, préférant que le roi prenne enfin la parole. De plus, il ne savait pas quel crédit était le sien, celui de sa Corporation ni celui de la duchesse de Langehack. Dès lors, il devrait adapter son discours afin de le rendre appréciable à sa juste valeur.

Aldénor de Faëorn...

Trystan s'était renseigné à son sujet. Il recevait rarement quelqu'un sans avoir quelques menues informations qui pourraient s'avérer utiles. Après tout, il fallait bien que les SSR justifient leur salaire, n'est-ce pas? Il n'avait pas à se plaindre de ce service, très performant... Des ombres, qui s'insinuaient partout mais restaient insaisissables. Il avait besoin d'eux, surtout en ces temps troubles où ses ennemis n'avaient pas tant la peau sombre que des dents rayant le parquet.

On amena le demi elfe devant lui et il le reçut comme il se doit. Comme à son habitude, le roi était habillé simplement, de pourpre et d'or, pour une fois, une tunique simple, quelques dorures, un pantalon... Pas de fanfreluches, pas de crevées, rien de ces accessoires à la mode qui faisaient des hommes des bouffons. il préférait rester sobre et classique. Pas de chance, ce n'était pas sur lui qu'il fallait compter pour lancer les modes à Diantra. Mais ce n'était rien, d'autres se faisaient un plaisir d'endosser ce rôle. La seule concession à son statut était le mince cercle d'or qui ornait son front. Son visage était sévère, ses yeux clos, pour ne pas incommoder son interlocuteur de ses yeux sans vie.

- "Seigneur de Faëorn, sachez que je ne suis jamais réfractaire à accorder entrevue à qui me la demande, quels que soient ses positions politiques ou ses liens avec la Noblesse. J'ai cru comprendre que vous étiez à l'origine de bouleversements sur les terres de ma tante et je vous suis gré de veiller ainsi sur Langehack suite à la disparition tragique du Duc."

Vérité, mensonge? Peu importe. le ton du toi était neutre, difficile de savoir ce qu'il pensait vraiment. Toujours est-il qu'il jouait la carte de la diplomatie, se gardant bien de confirmer les inimitiés entre sa tante et lui et la considérant comme un membre de sa famille et un soutien précieux sur lequel il fallait veiller. le Maitre d'Armes avait prit les choses en main, bouleversant la vie à Langehack. Savoir que le duché cherchait à se militariser davantage ne plaisait pas au roi, mais mieux valait jouer les idiots en comptant sur ces forces que de se montrer suspicieux quant à la loyauté de sa tante, jusqu'ici irréprochable, malgré son aversion pour son neveu.

- "Toutes les propositions de développement, de financement, ont ma plus grande attention Messire. La guerre coûte cher, le peuple est le premier à en souffrir et s'il est en mon pouvoir d'éviter que les temps deviennent trop difficiles pour les plus démunis, je serais un imbécile de ne pas saisir l'occasion. C'est une erreur de presser les paysans, ils sont la base même de notre économie, s'ils souffrent, nous souffrons tous."

Enfin, non pas tous, pas les classes les plus privilégiées. mais il n'avait pas envie de se retrouver avec une horde de paysans en colère un jour, alors autant se montrer prévoyant dés maintenant.

Assis à son bureau, coudes sur la table, et mains croisées sous son menton, il reprit :

- "Je vous en prie messire, parlez sans détours, je vous écoute."

La... lala... oui... d'accord... et voila que les amabilités d'usages se terminaient, au plus grand plaisir d'Aldénor qui n'était pas un noble mais un militaire. Or un soldats ne s'embarrassent guère de toutes ces politesses. Un salut, une marque de respect et on obéissait aux ordres c'était là le fonctionnement habituel pour une plus grabde efficacité. Les nobles, tout nobles qu'ils soient, s'obligeaient et obligeaient à plus de paroles, plus de mesure et moins de franchise. On ne pouvait pas leur parler simplement, il fallait s'excuser demander l'autorisation, s'excuser de la demander, complimenter leur femme, leurs goûts ou leur tenue. Tout un cortège de précautions lourd et pompeux qui alourdissait une conversation ou qui faisait simplement naître une conversation puisque les ordres ne se discutent pas.

Bref, les présentations étaient faites, les précautions prisent et les coutumes respectées. La tâche la plus redoutée pour un homme de sa condition. Il avait désormais tout loisir de se laisser aller même s'il restait des règles à respecter. La liberté d'expression noble n'était pas celle militaire, il fallait insinuer les choses pour ne pas créer un incident diplomatique, il fallait dire les choses à demi-mots pour ne pas inquiéter, il fallait finalement garder une certaine distance et un maître d'arme n'était pas rompu à cet exercice malgré son activité importante dans un duché...

" La Corporation Marchande a été créée il y a peu ici même à Diantra mais je pense que vous le savez. Cependant et comme je ne veux pas vous faire perdre de temps avec ce que vous savez déjà je ne suis pas venu vous expliquer ses bienfaits mais les difficultés qu'elle rencontre à se mettre en place. "

Enfin bon, il faudrait quand même rappeler des choses que le roi savait, l'insinuation trop vague n'étant pas une chose très simple à comprendre. Il faudrait donc soutenir encore une fois que la guilde baisserait les prix et que cela... enfin comme d'habitude. Après les nombreuses entrevues avec des futurs membres ou des nobles, Aldénor avait finalement prit le pli et connaissait tout ceci par cœur : il fallait rassurer le client même pour les choses dont il était déjà sûr et rassuré.

" En effet, nous devons contacter chacun de vos suzerains l'un après l'autre et négocier individuellement un nouveau contrat. Je vous laisse imaginer la dose de travail nécessaire mais surtout la complexité et la moindre efficacité que cela génère. Si nous obtenons un rabais important dans un territoire, celui d'à côté nous empêche le passage ou augmente ses taxes ce qui limite fortement nos bienfaits. De plus, certains, non contents d'approvisionner leurs terres à moindre coût s'amusent à nous taxer toujours plus ce qui nous empêche d'exercer des prix attractifs.

Récemment cependant, deux grandes figures de la noblesse nous ont rejoins en les personnes de Damoiselle Katalina Noblegriffon et Dame Esidenir de Langehack. Or les résultats que nous obtenons grâce aux comptoirs de la première et au duché de la seconde ne peuvent qu'être encourageant. J'ai personnellement réussi à équiper l'armée de Langehack en réalisant de fortes économies. Les comptoirs de Damoiselle Noblegriffon permettent quant à eux des ventes à des prix défiant toute concurrence si bien que nous sommes régulièrement en pénurie. Pénurie hélas créée par des barrières seigneuriales qui nous empêchent d'approvisionner les comptoirs assez régulièrement... "

Un léger soupir se fit entendre. En y repensant, la situation navrait réellement Aldénor. Il n'y pensait pas vraiment habituellement, bien trop de travail pour cela mais désormais les choses étaient moins présentes et la situation devenait moins brouillonne mais très frustrante lorsqu'il y réfléchissait un peu mieux.

" C'est pour cela qu'il faudrait harmoniser les royaumes humains et les unifier sous une seule bannière, la votre bien entendu. Soyez assuré du soutien de Langehack dans cette œuvre ainsi que de Serramire par l'intermédiaire de Damoiselle Noblegriffon. "

La proposition n'était pas banale puisqu'il s'agissait d'unir tous les humains sous une seule bannière. Cela risquait de ne pas plaire à tous mais une fois ceci fait, le Roi aurait un royaume stable et économiquement sain. Il faudrait régler les détails de tout ceci, afin que les nobles ne se sentent pas trop lésés et gardent un peu de contrôle sur leur domaine. Mais l'idée était lancée et nul doute qu'elle ferait son chemin dans l'esprit royal dans une période où les complots et les tensions se dessinaient un peu partout. De plus, un royaume fort et unit serait plus efficace contre les drows. Aldénor ne parla pas des autres sujets, préférant ne pas tout cumuler de suite, il avait le temps de toute façon.

Au moins, Aldénor n'y allait pas par quatre chemins et sitôt que le roi l'eu enjoint de parler, il s'exécuta, ne parlant pas de la création de la Corporation, revenue aux oreilles royales, tout naturelement, mais à ses débuts, assez difficiles. Trystan hocha la tête, silencieux et laissa le maitre d'armes continuer sur sa lancée, sans l'interrompre. Il ne put retenir un mince sourire ironique alors qu'Aldénor lui exposait les difficultés à traiter avec les nobles qui en profitaient pour continuer leurs petites guerres stupides, au mépris du bénéfice général qu'ils pourraient tirer. Chacun pensait à une duperie du voisin et voyait là un moyen de mettre des batons dans les roues de son voisin. Oh Trystan était bien au courant de tout cela, c'était ainsi pour tout.

Mais la proposition du demi elfe le prit au dépourvu, ce qui se traduisit simplement par un mouvement imperceptible de la tête. Unifier la noblesse sous son étendard? Pensait-il donc que cela était si facile? Que les rois n'y avaient pas pensé avant? Mais les Nobles tenaient trop à leur privilège et leur liberté pour s'harmoniser derrière leur suzerain.

- "Messure de Faëorn, je comprends tout à fait votre situation et vos regrets. Nous en arrivons à un point où nous n'avons même pas besoin des drows pour semer le trouble. C'est réellement navrant. j'espère les unir dans la guerre, mais il y en aura toujours pour en profiter et assouvir quelques petites ambitions personnelles."

Trystan soupira, songeur et réellement navré de cet état de fait.

- "Alors unir les nobles sous mon autorité seule, croyez bien que cela me séduit, mais j'ai quelques difficultés à trouver le moyen de réaliser cet exploit sans que cela ne finisse en bain de sang. Certains seigneurs ont le sang chaud et ne sauraient tolérer mon pouvoir absolu. D'autres l'accepteront pour mieux me poignarder et se débarasser d'un tyran. Que me proposez-vous messire?"

Le roi n'était manifestement pas d'un naturel expressif quoi que les aveugles n'étaient pas connus pour les mimiques faciales très développées. Froncer un sourcil ou avoir un regard vague ne signifiait pas grand chose lorsque l'on ne pouvait en mesurer l'impact sur son interlocuteur. Cependant, cette impassibilité était assez gênante, Aldénor avait l'impression de ne pas intéresser son auditoire qui en l'occurrence était royal ce qui lui donnait une importance toute particulière. Il fallut attendre ses paroles empreinte d'un grand désarroi et d'un fatalisme presque désarmant. Il était le roi et n'arrivait pas à discipliner ses vassaux... Cependant, il laissa une question en suspens, bribe d'espoir au milieu d'un constat qui semblait plus sombre que les desseins des drows. Il fallait y répondre avec conviction, fermeté et espoir. Si le demi-elfe ne prenait pas les devants, c'en était finit d'une unification humaine et il devrait se contenter de retourner à des négociations peu fiables et trop inégale pour un réel effet.

" Oui je comprends bien, c'est en effet ce problème qui surgit de mes différentes entrevues.
Cela étant je ne pense pas que cette unification soit un problème très important, il suffit de trouver les bons arguments. Or comme je vous l'ai dis, Damoiselle Noblegriffon et Dame de Langehack sont membres de la Corporation. Je doute que messire Merwyn de Serramire souhaite perdre sa femme après ce qu'il a fait pour la secourir quant à ma maîtresse son soutien vous est assuré. Messire de Sainte-Berthilde avait parlé fut un temps de nous rejoindre et je ne pense pas qu'il vous fasse faux bond. Quant à Soltariel, voici un duché peu vindicatif qui n'aura probablement aucune envie de s'opposer y voyant là une bien bonne opportunité pour Ydril.
Je pense également que l'armée des divins soutiendra le projet ainsi que les marchands et la populace. Ils sont très attachés à leurs seigneurs il est vrai mais son bien plus attachés à leurs écus. La perspective de vivre à un moindre coût sapera toute loyauté qu'ils pourraient avoir envers des seigneurs contre ce projet. "

Il était vrai que les paysans fidèles étaient nombreux à première vue. Chaque seigneur comptait sur la loyauté de sa populace pour résister aux autres. Cependant, ce n'était ni l'admiration pour leur souverains, ni la haine pour un autre qui les rendaient loyaux mais juste la peur. La peur de se faire exécuter s'ils refusaient de se battre, la peur de se faire exécuter en cas de défaite, la peur de ne pas laisser à leurs enfants une vie un peu meilleurs. Ils ne pouvaient pas changer leur condition. On naissait charpentier, notre fils était charpentier. C'était ainsi et il s'y résolvaient sans trop rechigner. Cependant ils pouvaient modeler leur vie et la rendre moins difficile à vivre. On économisait pour manger un peu de viande de temps en temps ou pour acheter un peu de miel... C'était ça avant tout la vie de la populace : survivre en s'autorisant un maximum de plaisirs. Dès lors, malgré la réticence fréquente envers les marchands, leur proposer une vie moins chère les séduiraient bien plus que de faire la guerre contre cela. Seuls quelques fanatiques pourraient s'y opposer mais rien qui ne puisse déstabiliser les provinces humaines...

" J'ai entendu dire qu'une réunion des nobles serait bientôt organisée, je pense que ce sujet devrait être abordé. Bien sûr il faudra prendre gare à ne pas déposséder les seigneurs de tous leurs pouvoirs. Une unification commerciale est suffisante pour le moment et si certains esprits risquent de contester au début, les bienfaits seront tels qu'ils ne pourront que louer votre grande clairvoyance d'ici quelques saisons. "

La réunion à venir était en effet l'occasion rêvée d'amorcer ce léger changement. Aldénor était convaincu que plus que le mérite et la fierté, les nobles étaient trop lâches pour risquer leur vie dans des combats perdus d'avance. Or comment vouloir se battre contre le roi ? Langehack n'y avait aucun intérêt, Serramire non plus. Ne restait dès lors que deux duchés qui ne prendraient pas ce risque. Peut-être certains comtes et barons, trop fiers, pourraient avoir l'envie de se rebeller contre leurs suzerains mais que vaut une armée d'un baron face à celles d'un duc et de ses vassaux restés fidèles ? Non vraiment, aucun ne prendrait le risque de périr et de voir sa famille déshonorée.

" Peut-être pourriez-vous leur lancer un message fort d'ici là en autorisant la Corporation Marchande à établir une grande halle couverte sur le marché de Diantra. Cette entreprise serait à nos frais et rapporterait taxes et activité à Diantra la rendant plus importante que toute autre ville Miradelphienne.
Cette démonstration de puissance ne pourra qu'attiser les envies les plus viles pour les orienter en votre faveur puisque pour comploter il est nécessaire d'avoir au moins les atouts que vous possédez. Plus vous vous développerez, plus ils serons unis avec vous et leur nécessité deviendra finalement une fuite en avant qui les amènera à une allégeance sincère. "

Avec ce projet, Aldénor espérait bien propulser la Corporation Marchande comme interlocuteur marchand privilégié mais également prouver à tous que les belles paroles qu'il avait eu n'étaient pas que du vent et que paix, stabilité et meilleure vie n'étaient pas juste des idéaux en l'air. Dans un avenir plus proche bien évidemment, il espérait des recettes non négligeables venant de cette nouvelle halle.

Trystan hocha la tête quand Aldénor évoqua Esidenir et Katalina, des alliées de poids, à n'en point douter. Cependant, son sourire se teinte d'ironie alors qu'il parlait de Merwyn de Serramire et il corrigea le demi elfe :

- "Elle n'est pas encore sa femme messire et je ne suis pas certain qu'elle puisse influencer le duc de Serramire..."

Certes, il tenait à elle, mais de là à se laisser dicter sa conduite par une femme, il y avait une marge. Il ne connaissait pas bien Merwyn de Serramire. Ils avaient échangé quelques lettres lors de la demande de rançon de Katalina et le roi s'était montré ferme avec le duc, le dissuadant d'attaquer la Dross pour se venger de l'outrage. Les bandits de la Dross n'étaient pas une priorité et Trystan ne pouvait se permettre de perdre des soldats dans une vendetta personnelle.

- "Quant au marquis de Sainte-Berthilde, je me garderais bien de conjecturer quant à ses intentions... Je sais qu'il a rendu visite à la duchesse il y a peu..."

Il ne précisa pas ce qu'il savait d'autre. Le réseau d'espionnage royal était très étendu et pratiquement tout se savait. Que le marquis ai rendu visite à la duchesse n'avait échappé à personne. La teneur de leur entrevue en revanche... Trystan avait bien son idée... Le Marquis avait épousé Ivy et avait ainsi acquis une place qu'il n'aurait jamais osé rêver auparavant. Il pensait bien que le jeune homme était un ambitieux. Et à Langehack, il y avait une veuve encore charmante et une vierge en âge de convoler... S'approprier Langehacl ferait du marquis quelqu'un de très puissant. Trop puissant au goût du roi d'ailleurs.

- "L'aurait-elle convaincu d'embrasser ses intêrets concernant votre Corporation?"

Il ne montra rien de ses réflexions intérieures. Rien n'était visible sur son visage à l'impassibilité statuaire. Par contre, il était d'accord avec le demi elfe concernant Soltariel. Ils étaient fidèles et peu enclins à faire des remous. Ce qu'Aldénor semblait oublier, c'est que les vassaux n'étaient pas forçés de suivre leurs seigneurs sur certaines décisions. Le roi sourit pourtant alors qu'Aldénor évoquait une prochaine réunion de nobles.

- "Vous êtes bien informé."

Oui, elle aurait lieu. Mais le roi attendait que ses seigneurs soient entièrement libres pour les convoquer tous et mettre au point plusieurs choses. Oui, le point de vue économique était important et se devait d'être évoqué. Il pourrait annoncer sa prise de position concernant la corporation marchande et inciter ses seigneurs à faire de même. Mais un sourire ironique ourla ses lèvres quand Aldénor parla de louer sa grande clairvoyance dans quelques temps. Etant donné la nature de certains nobles bien ancrés dans leurs privilèges et leurs droits, il avait quelques doutes.

- "Dites-moi, messire, si j'autorise cela, si vous devenez l'intrlocuteur marchand privilégié de tous, vous gagnerez le monopole de notre économie. Les autres marchands n'auront d'autre choix que de vous rejoindre, n'est-ce pas? Beaucoup ne sauront aligner leurs prix sur les votres... Pas en étant indépendants... La concurrence a du bon, hors, votre corporation risque d'anihiler cette indépendance... Sans oublier que vous contrôlerez toute l'économie humaine, chose qui, je vous l'avoue, me laisse méfiant. Je n'aime pas ne pas contrôler mon environnement, je n'aime pas les surprises et l'imprévu. Un défaut autant qu'une qualité. Outre l'aspect économique, pourquoi devrais-je accepter votre offre et accepter de laisser transiter la majeure partie de nos écus entre vos mains? Il suffirait que l'on vous achète ou que vous trouviez un intêret quelconque, pour que vous paralysiez le royaume..."

Les drows par exemple, trouveraient un avantage certain. Il doutait que la CM s'acoquine avec les drows, mais il y avait parfois des arguments convainquants. L'argent, pour commencer. Le roi était méfiant de nature, et l'idée qu'une organisation gère tout l'argent lui déplaisait, car cette situation pouvait lui échapper. Il ne demandait qu'une chose : des garanties, solides. Et des arguments en acier trempé.

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