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 Fait chier (Terminé)

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Cyric
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MessageSujet: Fait chier (Terminé)   Fait chier (Terminé) I_icon_minitimeVen 28 Aoû 2009 - 11:32

À travers la forte pluie qui ne cessait de battre les vallées oësgardiennes, quatre chevaux, la gueule pleine d’écume, martelaient de leurs sabots éreintés une terre spongieuse et traîtresse.
Malgré tout, Cyric s’obstinait à ne pas baisser l’allure, ces équidés allaient les mener à Dormmel avant le lever du troisième jour ou bien leurs carcasses, déjà dévorées par l’épuisement, finiraient par pourrir sur place. Portant avec précaution une main au niveau de son épaule gauche, Walfen ne quittait pas pour autant du regard l’horizon qui défilait devant lui. Un geste trop brusque et s’ensuivrait une violente chute, la blessure qu’il avait reçue durant son évadée de la Cachematte lui suffisait amplement, pas besoin de se briser autre chose. Il pouvait sentir la fétidité dégouliner de sa plaie entre ses doigts. Qu’importe, sa réputation connaissait désormais une prodigieuse ascension, bien plus grande qu’aucune de ses atypiques missions n’aurait su lui conférer. En contrepartie, le chemin, sensé relativement court entre les deux citées, s’était vu fortement rallongé par les mesures prises suite à son escapade. Les routes se voyaient doublement surveillées, la garde devait se montrer rapide et efficace face à cet affront jusque là impensable. On ne sortait de la Cachematte que les deux pieds devant…
Virant brusquement sur sa gauche, les montures soulevèrent une vague boueuse au détour de ce surprenant changement de chemin.


-Pourquoi ne…
-Nous flognons l’aloyau de Phaörn, selon quelques fleure-fesses, un Bat-d’Oës s’y est installé une quinzaine de lunes auparavant.
-Comment t’peux être au jus de notre position Walfen ? Deux luisants qu’on cravache nos montures sans relâche.


Ne daignant répondre, Cyric se contenta de pointer du doigt un étrange rocher situé quelques mètres derrière eux et dont la nébuleuse forme humanoïde semblait tenir une longue-vue.

Le zieutar.
-Bin merde alors, j’avais pas r’marqué avec toute c’te pisse qui tombe.
-Si l’on poursuit c’te trimard, le patelin de Saint Délice s’fera un plaisir de nous servir une moussante.
-Alors bougons nous l’cul !



Profitant de cette énergisante pensée, le quatuor s’engouffra à toute vitesse dans la pénombre d’un bois nouvellement apparut.
Une petit heure plus tard, désormais sortis des fourrés, Cyric posa son regard cerné par l’harassement sur Saint Délice. Ces chaumières de pailles et de chaux avaient des airs de somptueux palais si l’on s’imaginait les paillasses que ces dernières devaient certainement recouvrir. La chaleur d’un foyer lui était presque palpable, violentant une ultime fois le flanc de son cheval, Walfen se mit à galoper une raide descente avant de parvenir aux portes du village.


La nuit enveloppait déjà, de son drap noir, les ruelles de Saint Délice tandis que les quatre malandrins s’engouffraient au cœur d’une auberge grouillante de vies et de rires.
La lumière, quoique légèrement glauque, réchauffa quelque peu le cœur, meurtri par le froid, du Walfen. Se retournant dans la direction de ses acolytes, Cyric lança avec rapidité quelques pièce puis ponctua son geste d’ordres :


Volk, assures-toi que nos bourrins ne manqueront de rien. Ils devront être frais comme des gardons avant la disparition de c’te lune.

L’autre acquiesça et disparu à nouveau dans l’obscurité de la rue.
Pendant ce temps, le trio alla s’assoire à une table excentrée et commanda quatre gros morceaux de lards avec tout ce qui pouvait l’accompagner.
Une fois la panse bien remplie –ce qui fut le cas moins de cinq minutes après- ils louèrent une unique chambre.


Même ici, on doit allumer ses chasses. L’un d’entre nous devra toujours garder un œil sur la venterne et t’nir un astic à la main. On ne défait aucun bagage, c’clair ? J’ m’occuperai du premier tour de garde, Ebraite deus’, Volk trois’ et Pard dèr’. La l’vée est pour dans moins d’cinq heures.

Sans doute trop épuisés pour rechigner, ses hommes hochèrent de la tête comme une seule personne avant de s’affaler sur les literies.

Éteignant la bougie, les ténèbres ne tardèrent pas à les engloutir une fois encore. Silencieusement, Cyric entrouvrit la fenêtre, laissant ainsi une légère brise rafraîchir ces sombres hères.

Au vent de l’Affre hurlent les oiseaux Goëpeurs. C’l’heure.

Plus difficile que de faire nuit blanche : dormir juste ce qu’il fallait sans avoir réellement eut l’impression d’en profiter. Cette sensation horripilait méchamment le Walfen qui n’aimait pas qu’on le contrarie. Si celle-ci avait eu un visage, son poing matinal aurait su lui dire bonjour. Grognant de frustration, il se leva lentement tout en portant attention à sa blessure.

Bougez vous l’cul il est temps d’prendre la poudre d’escampette.

Telles des ombres, ils se faufilèrent jusqu’aux écuries où ils prirent leurs destriers par les rênes sans pour autant monter dessus :les hennissements des chevaux contrariés attireraient trop d’attention à cette heure inhabituelle de la nuit.
Lorsqu’ils furent au niveau des portes de Saint Délice, le quatuor se mit en scelle et partirent au grand galop vers l’est…

La suite du trajet se passa sans grand bouleversement, la pluie et le brouillards avaient refaits leur apparition, la fatigue et la faim tenaillaient de nouveau les estomacs des gredins.
Sur les quatre montures, un seul ne parvint à destination :


Pard est une vraie boulette de muscle, normal qu’son canasson ait pas t’nu l’coup !
-J’dirais plutôt un bloc, parc’qu’il doit bien dépasser les 90 le bougre !
-C’vrai qu’vaut mieux pas le titiller le gonze, parce qu’une d’ses giroflées à cinq branches ça vous décapite net !!
-Hey vous allez la fermer bande d’analphabètes.
-L’problème d’ces bestiaux c’est qu’ils coûtent un fric monstre en bouffe.
-Mais…
-Ha c’clair, bourrin mais pas très économique hein ! Haha
-Je n’suis pas un animal !!!!
-… Heu t’enflammes pas Pardi, on faisait juste que déconner.
-Ouai c’est ça, tu veux que j’rigole à ma façon ?!
-Nan c’bon…


Le sourire aux lèvres, Cyric s’arrêta cependant avec brusquerie.

-Enfin.
-La vache !
-Non c’t’un mur Volk.
-Une putain de gigantesque muraille tu veux dire !


Devant eux, tranchant net avec les forêts des alentour, se dressait fièrement un énorme rempart abritant Dormmel, la grande citée des forgerons oësgardiens. De hautes fumées venaient ici et là embrasser le ciel noircit par les toxicités que dégageait en permanence cette ville écarlate.
Une pesante chaleur étreignit le quatuor dont les longues capes souffraient encore de la dernière pluie.
Remballant leurs manteaux, ils avancèrent au pas, toujours sur leurs équidés. Tout le monde semblait affairé à ses négoces, les aciers criaient à mille endroits, le métal y était travaillé sous toutes les formes possibles et imaginables.
Cyric ne put s’empêcher de cracher un vilain mollard noir sur les pavés rougis de Dormmel. C’était la première fois qu’il y mettait les pieds et à vrai dire ses émotions restaient… Partagés !
Les visages qu’il croisait étaient d’un brun étonnant, les vêtements dépaysaient également notre assassin qui n’aurait pas parié un écu sur l’existence d’un tel style vestimentaire au sein de sa baronnie. Desserrant le foulard qui protégeait son coup, il s’arrêta au premier croisement.


Ebraite, Volk, magnez vous la rondelle, j’veux que dans moins d’une heure vous ayez dégoté l’atelier du goffeur Gibon.
-Merde Walfen y’a qu’ça ici des goff’, on va jamais s’en sortir !


Lentement, Cyric posa son regard noir sur Volk. Faisant avancer son cheval vers celui du bandit, il s’arrêta au moment où ses bottes frottèrent contre celles de ce dernier.

-J’commence à en avoir vraiment ras-l’cul de tes furibardises, depuis le début tu m’pompes la cal’basse alors je vais tenter d’être clair une dernière fois. Ose encore contredire mes ordres et j’enverrai ta langue se taper la bise avec tes batoches.

Puis, en un éclair, la tête de Volk s’était rapprochée de celle de Cyric, la main de ce dernier serrant fermement le cou de celui-ci.

-C’est clair ?

L’autre ne dit rien, mais son regard haineux en disait long.

-Allez maintenant, on vous attendra avec Pard à cette auberge-ci.Conclu-t-il en désignant du doigt une bâtisse aux pierres couleur terre.

Sans un mot, les filous fielleux se faufilèrent au beau milieu de la cohue infernale. Les gens allaient et venaient dans tous les sens, tonnant de leurs voix tonitruantes des avanies ou laissant exprimer leur joie sans plus de gêne.
Cyric tentait d’en apprendre un maximum sur les coutumes de ces gens tout en se dirigeant vers l’auberge susnommée « Les têtes brûlées ».
Savourant le plaisir simple qu’était celui de poser son fessier sur une chaise, Pard fit un geste de la main en direction d’un serveur qui s’empressa d’accourir, souriant d’une gaieté non feinte.


Que puis-je pour vous les étrangers ?
-On est d’la Maraille alors pas d’manière avec nous fralin.


L’homme sourit aux dires de Cyric.

-Essenburg ?
-Plutôt crever ! Nebelheim.
-Haha !
-Offre nous donc deux verres d’la spécialité du coin aminche.
-Et deux Grands Vents pour ces m’sieurs ! Deux !...


Dégustant leur cocktail épicé, les compères attendirent patiemment le retour du binôme des scionneurs de pain rouge.
C’est au même moment où Cyric commençait à perdre contrôle de ses capacités à rester calme, qu’Ebraite le fit sursauter. Celui-ci c’était faufilé jusque dans leur dos sans qu’ils s’en soient rendu compte.


-Et bien les féesants on pitanche un peu trop à c’que j’vois ! J’aurais pu vous saigner comme des porcs qu’vous auriez pas eu le temps d’pisser dans vos falzars !
-J’espère pour toi qu’t’as trouvé l’informateur avant d’raconter tes fumisteries.
-Suivez-moi.


Sortant discrètement de l’auberge, ils atteignirent finalement l’atelier de Gibon, officiellement maréchal-ferrand, officieusement faiseurs de caquets aux services de la Sorgne.
S’approchant du Walfen, Pard murmura :


T’es sûr que c’pas une gorge profonde ton indic’ ?
-T’inquiète, fais c’que je te dis et tout ira bien.


Le quatuor pénétra alors dans la boutique…


Dernière édition par Cyric le Lun 28 Déc 2009 - 23:23, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Fait chier (Terminé)   Fait chier (Terminé) I_icon_minitimeMer 2 Sep 2009 - 13:25

Gibon aimait s'appeler lui même « Honnêtre Maréchal-Ferrant indépendant », car il avait une très haute estime de lui-même. En fait, c'était l'une des pires raclures que la cité ait connut. Fouille-merde, menteur, pilleur, voleur et violeur, sournois et corruptible, comme tout un chacun parmi les « gradés » de la Sorgne en somme. On lui avait récemment confié une mission des plus intrigantes : le roi en personne voulait qu'on emmène de l'or quelque part et discrètement. Son intermédiaire ne s'était pas plus étendu que cela en explications et, comme au débotté, il avait exigé que l'on confie la mission au Cyric-bien-bon-de-la-cachematte. Le ladre s'était accaparé une gloire exagérée pour une simple évasion et un incendie d'importance mineure, de quoi mériter le mépris d'un honnête laborieux tel que Gibon qui, lui, malgré tous ses bons services restait dans l'ombre.

Une troupe de gueux pénétra son atelier au plafond bas et poussiéreux. En permanence, agité par le tonnerre des marteaux-pilons de la cité, celui-ci expirait un pulvérin âcre que seul Gibon savait respirer correctement. Nul doute que ce godelureau de Cyric, quand il arriverait, aurait mal aux poumons. Pas pour déplaire au margoulin. Il détailla hâtivement les nouveaux arrivants : des gueux, vraiment. La face basanée et mal tenue, les frusques à peine moins sale que l'oignon d'un berger, la bouche exhalant une mauvaise piquette de cave, et les yeux bêtes ! Si bêtes ! Était-il possible que les ladres soient ceux tant attendus ?

Puis il retourna à ce qu'il frappait avec autant de férocité. Un bout de ferraille récalcitrant, quelque chose qu'il fallait frapper pour le plaisir.. qui savait ? Les artisans avaient toujours la fâcheuse manie d'être affairés à d'obscurs ouvrages dont on pouvait difficilement déceler les tenants et les aboutissants. Gibon, aussi particulier qu'il ait pu l'être, faisait partie de cette si vaste caste, il en avait donc récupéré les principaux attributs ; et en prime s'était octroyé un petit extra : l'air hargneux et torve de sa face aplatie. Celle-ci était surmontée d'un crâne chauve avec quelques cheveux et encadrée d'oreilles qui dénotaient étrangement par leur abondante pilosité. Toutes ces affaires se tournèrent plus attentivement vers Cyric et sa troupe.


« Messieurs ? Je peux faire quelque chose pour vous ? Un canasson mal ferré peut-être ? Quelque chose à rafistoler, ou quoique ce soit d'autre ? » il se détourna de son labeur avec nonchalance, sachant pertinemment qu'il pouvait s'adresser à de véritables clients, et non pas à des fripons de la Sorgne. Gibon détailla les quatre gaillard en s'essuyant vaguement les mains. Breneux, assurément, stupides, peut-être pas totalement en fait, laids, énormément, à peine avaient-ils l'air aussi lestes que de mauvais chapardeurs. S'il y avait parmi cette marmaille un seul pour s'être évadé de la cachematte, Gibon aurait juré sur la sainte-mère.
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MessageSujet: Re: Fait chier (Terminé)   Fait chier (Terminé) I_icon_minitimeJeu 3 Sep 2009 - 10:00

Messieurs ? Je peux faire quelque chose pour vous ?

Encerclant l'établi sur lequel travaillait le pensé Gibon, les quatre malandrins affichèrent, avec une synchronisation déroutante, leur plus sinistre sourire.

Un canasson mal ferré peut-être ? Quelque chose à rafistoler, ou quoique ce soit d'autre ?

Touchant de leurs doigts crasseux des outils dont l'utilité leur restait obscure, ou encore un objet tout juste remis des martèlements que le maréchal-ferrant venait de lui asséner, les teignes semblaient vouloir jouer avec la nervosité de l'artisan.
Pard était le seul resté aux côtés du Walfen, les nombreux coups-bas qu'ils avaient effectué ensemble dépassaient de loin le chiffre jusqu'au quel était capable de compter illettrée. Une amitié profonde s'était inconsciemment créée entre les deux comparses qui se sentaient comme obligés de se protéger mutuellement.
D'un geste rapide, Cyric lui ordonna d'aller verrouiller la porte, s'assurant ainsi qu'aucun sinve ou autre bridoux ne viendrait les perturber durant leur intime discussion.

"-N'est pas là pour faire marcher tes affures de goff' tête d'enclume.
-T'sais très bien qui nous envoie barguigner avec toi, alors arrête de nous lanterner.

D'un revers de la main, Volk débarrassa de son bric à brac un buffet-bas à deux portes, posant ainsi son rufian de fessier à la place. La totalité des objets vint s'écraser dans un bruit strident sur le sol.
Cyric s'accouda alors sur l'établi, l'air tartarin.

-Un tuyau la gorge prof', si tu veux qu'on soit bon aminche, nous fais pas trop languire, ces crapules n'ont pas trop appris les bonnes manières. Me comprends-tu... Gibon ?


Dernière édition par Cyric le Lun 28 Déc 2009 - 23:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Fait chier (Terminé)   Fait chier (Terminé) I_icon_minitimeLun 28 Déc 2009 - 12:05

"Fait chier…"

Camouflé par le voile sombre d’une nuit sans étoile et perché sur une jument à la robe couleur charbon, Cyric ne parvenait pas à décrocher son regard des vallées qui s’étalaient aussi loin que pouvait voir ses yeux d’homme. Il pouvait aisément s’imaginer leur couleur émeraude sous un soleil encore malmené par une froide saison.

Sa main se resserra sur un bout de papier froissé.

Il cherchait encore à comprendre comment les évènements avaient pu prendre pareille tournure. C’était la fin de la Sorgne, il fallait croire que la pègre immortelle d’Oësgard n’était pas si immortelle que ça. La frustration qui avait fait son apparition au creux de son cœur plus tôt dans l’après-midi n’était définitivement pas décidée à céder. Le cerveau de Cyric ne cessait de bourdonner sous les inlassables assauts de petites voix intérieurs qui tantôt blâmaient le dernier acte qu’il commit au sein de la Maraille, tantôt se félicitaient de n’avoir répondu que par la plus naturelle des idées venues. Réfléchir plus qu’il ne le fallait, c’était laisser le doute s'installer, cette émotion ne pouvait que déstabiliser un bras ou fragiliser la précision d’un coup porté : deux choses inconcevables pour tout assassin de renom. Mais l’incertitude était là, rien à faire.

Sa monture poussa un hennissement d’impatience.

Il aurait tant aimé pouvoir laisser couler toute sa colère et son impuissance sur l’immonde faciès du baron Baudoin 1er. Ce bougre avait foutu une sacrée merde, quelle folie lui avait soufflé Arcamenel en l’envoyant brandir l’astic au nez de Diantra, la capitale humaine et siège de leur suzerain berlu ! Cyric n’y avait jamais mis les pieds, mais une prairie reste une prairie tout comme une vergne une vergne, paroles d’un esprit aussi étroit qu’ignare. Les putes d’Amblère avaient toujours su le satisfaire et l’alcool, de paire avec la bonne chaire, n’étaient pas choses qui manquaient en oesgardie.
L’ignorance, Cyric ne l’avait jamais vu d’un mauvais œil, celui qui se foutait de sa gueule se prenait une maroufle dans le minois avant d’aller tanner sa mère pour l’avoir façonner avec une bonne caboche mais de petits bras. Alors pourquoi les choses avaient-elles changé aujourd’hui ? Pourquoi les dieux se jouaient aussi cruellement de lui ?!

**Redescendez jamais bande de foireux…**

Le Walfen n’a pas une mémoire plus grande qu’un autre, mais aussi loin que remontent ses souvenirs, et bien que très tôt tombé dans le monde des nuisances, ce dernier n’a eu qu’un seul et unique rêve : devenir le Sicaire. Certes toute la sarabande et voyoucratie de la baronnie connaissaient son nom et sa réputation n’était plus à faire, mais devenir Sicaire, c’était devenir officiellement le leader qu’il s’était évertué à être auprès de ses comparses.

"Putain…"Cracha une ombre à proximité.

Les quatre Scionneurs de pain rouge avaient pris place dans l’atelier du maréchal-ferrant Gibon, comme tout bon goffeur qui se respecte, les ladres avaient dû galoper jusque derrière les épaisses murailles enfumées de Dormmel pour retrouver le faiseur de caquets. Celui-ci avait le visage déformé par la peur, le corps dégoulinant de sueur, sa gorge en reflet sur la lame d’un des assassins. Cyric prit l’enveloppe que lui montrait l’artisan d’une main tremblante. Un cache gris, intact, signature de l’Empereur des Trimes, prouvait que la lettre n’avait pas été ouverte par un quelconque fouille-merde depuis que l’auteur l’avait scellé. D’un geste vif et trahissant la curiosité qui le rongeait, Cyric déchira l’enveloppe et parcouru à tout vitesse les mystérieux glyphes que contenait le parchemin.

"-Non…"

Ses boyaux se soulevèrent, tournèrent dans tous les sens avant de lui donner l’horrible impression d’exploser au sens littéral du terme.

"-Quoi ? Les ordres ont changé ?"

Relevant ses mains, les paumes tournées vers lui, il les observait aussi ardemment que si ces dernières soutenaient le plus fabuleux mais aussi dangereux des joyaux.

"-Fais-moi voir !"

Ebraite lui arracha le morceau de papier sans rencontrer la moindre résistance. Ne perdant pas une seconde, il se plongea à son tour dans la lecture du langage codé de la Sorgne. Lorsqu’il eut finit, le malandrin releva lentement sa trogne en direction du Walfen, l’air confus.

"-Merde alors…
-Dieux vous allez les ouvrir vos claques-merde et nous dire c’qui se passe ?!
-C’est la fin…
-Le Roi est mort.
-… C’quoi ces fumisteries ?
-Le Roi est mort, c’est la fin.
-Ouai bon d’accord même si c'que tu hurles est vrai, l’a bien choisit un successeur non ?! Les règles on les connait tous, doit y'avoir un successeur...
-Tu ne comprends pas ?! Depuis toutes ces berges, le maître incontesté de la Sorgne, NOTRE Roi, n’était personne d’autre que son ennemi juré ! Le Baron Baudoin 1er !!"

La coïncidence crevait les yeux. Cyric aurait préféré s’arracher les oreilles plutôt que de s’entendre dire pareilles ignominies. Tout, absolument toute sa vie venait d’être réduite à néant. Lui qui s’était toujours vu comme le fervent défenseur des gueux et des bohèmes contre la tyrannie de leur Roy local. Bien que très manichéenne et pauvre en vérité, la vision de Cyric, à l’instar de celle des basses-gens, se réduisait en la considération de la Sorgne, représentée par leur champion -en l’occurrence lui- comme ultime bouclier contre l’ignoble baron et son pouvoir despotique, unique responsable de leur misère. Mais avec cette découverte, plus rien n’avait de sens.

**Je ne suis qu’une… Marionnette.**

A cette révélation, une fureur s’éleva en lui, ses acolytes quant à eux semblaient être rentrés dans une quatrième dimension, la bouche pendante et les yeux perdus dans le vide.
Saisissant la poigne de son épée, Cyric se tourna vers le dit Gibon. Volk se reprit et immobilisa par derrière le faiseur de caquets qui se débattait comme un rat. Une main sur la bouche de goffeur, l’autre tenant fermement sa flambe, il embrocha sa victime sans geste théâtrale ni réflexion grandiloquente. Le cadavre tomba dans un bruit sourd avec pour seule protestation un argh mal prononcé.
Cyric ne se posait guère plus de question, il avait décidé de partir le luisant même. Pour aller où ? Il n’en avait fichtrement pas la moindre idée, tout ce qu’il souhaitait sur l’instant se résumait à quitter cette foutue baronnie. Abandonnant la Sorgne et son nouveau Roi à son sort, il n'aspirait qu'à reprendre la maîtrise de son destin. Tant de choses se bousculaient et s'entremêlaient, avait-il passé toutes sas années à assouvir les désirs malsains d'une noblaille qui l'avait toujours répugnée ? Avait-il vénéré durant tout ce temps un de ces tocards à sang bleu ?! Le simple fait d'y penser lui foutait des nausées. Il avait envoyé Volk et Ebraite propager la nouvelle de son départ aux Bataclans, peut-être que certains parmi ses plus fidèles amis le rejoindraient, mais Cyric ne se faisait pas d’espoir, après tout il n’était qu’une raclure de la pire espèce et ceux qu’il avait côtoyé ne valaient guère mieux: de véritables sans foi ni lois sans plus d'amour propre qu'une magnuce de bas-étage. Pard était le seul en qui le Walfen avait pu toujours faire confiance, ce dernier était idiot mais fort brave, un chien exemplaire en somme… Dommage que les molosses n’aient pas de grandes discussions, la route serait longue.
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