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 Premiers mots | PV Ophan

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Jonathan
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MessageSujet: Premiers mots | PV Ophan   Premiers mots | PV Ophan I_icon_minitimeSam 28 Nov 2009 - 8:03

    Je m'étais fait plus discret ces derniers mois à la Dross, celle ci avait continué à fonctionner et moi je m'étais murée dans mes entrainements, observant sans vraiment voir les évènements. Je ne voulais rien voir parce que rien n'était beau désormais... C'était peut-être ça l'amour. je reste persuadé que cela finit toujours mal, Kathleen m'a ensorcelé puis... elle a disparu. Pourquoi utilises-t-on toujours quelques moyens pour affaiblir un évènement tragique ? Non. Elle est morte voilà tout. Morte et enterrée... et moi je ne suis plus que le fantôme de ce que j'ai été : Jonathan Carassi. S'il y a bien une promesse que je peux me faire, c'est de ne plus jamais tomber amoureux.
    Je pose mes deux mains sur mon bureau. Plus de quatre heures d'entrainement intensif, un bon bain et je ne me sens pas encore suffisamment éreinté pour dormir. Dormir... Comme j'aimerais dormir sans être agité par quelque cauchemars ou dormir pour ne plus jamais me réveiller. D'un geste brusque, je tire le tiroir du bureau... A l'intérieur, ma bague de fiançailles scindée en deux à l'identique de mon cœur. Mon épée l'a traversé sans difficulté comme la mort à traverser mon cœur. Et voilà, voilà quoi maintenant ? Il y aussi une dague, je la prends entre mes mains et fascinée par son coupant, je trace une petite ligne pourpre dans ma main. Pris par un accès de démence, la lame commence à monter doucement. Je sais exactement comment il faudrait faire pour me suicider... Qui ne le saurait pas ? Une faible douleur me submerge mais elle m'enivre plus qu'autre chose... Seul trois coup frappé à la porte auront pu me sortir de ma torpeur. J'attrape une serviette pour éponger le sang et pose la dague sur le bureau alors qu'on m'indique une visite. Une visite... Probablement encore un de ces hommes pompeux qui voudraient... Ah, non, une femme.
    J'acceptais de la faire entrer tout en allant chercher une chemise noire dans mon armoire et la refermant doucement tout en me tournant vers elle. Ce n'était pas des manières que de recevoir une femme torse nu. Pour les cheveux dégoulinant encore de quelques gouttes de mon bain et désordonnés, je n'y pouvais pas grand chose. Si elle venait pour me voir, il lui faudrait m'accepter tel que je suis.

    - Ma Dame.

    Mon sourire était légèrement forcé, je fuyais la compagnie féminine depuis quelques temps, on ne se demandera probablement pas pourquoi... Le coureur de jupon que j'étais s'est évanoui pour un fiancé amoureux qui lui même s'est évanoui pour ne donner place qu'à un fantôme. En ces lieux, il est évident qu'aussi belle soit elle je ne la remarquait pas. Sauf peut-être ses cheveux bleus et ces oreilles, je tentais de me souvenir mais ne l'avait jamais vu.

    - Je ne me souviens pas déjà vous avoir rencontrer, qui êtes vous ?

    Que voulez vous ? Voilà la question muette qui se perdait derrière la voix froide et coupante de l'autorité. Puisqu'elle était là pour me parler, qu'elle parle... L'écouterais-je ? Je ne sais pas. Nous verrons bien. Je baissais les yeux sur la serviette qui commençait à s'imbiber de sang et la nouait plus fermement.
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MessageSujet: Re: Premiers mots | PV Ophan   Premiers mots | PV Ophan I_icon_minitimeLun 30 Nov 2009 - 14:52





« L’ambition est le triomphe du rêve sur la certitude »
Robert Brisebois


La Dross vibrait dans la lumière qui coulait comme du miel des prisons de cristal installées jadis par les premiers occupants de la cité troglodyte. Il suffisait d’un seul rayon de lumière capté à l’extérieur pour que les voûtes s’embrasent, et dans les tunnels comme dans les cavernes, il faisait toujours beau. Qui aurait pu penser que cette antédiluvienne excavation, qui tenait plus d’un tombeau que d’une serre, puisse être la cité de l’éternel été ? Les habitants avaient coutume de se lever tard ici. Il fallait souvent attendre que sonnent les douze coups de midi pour que la vie reprenne son cours, et irrigue à nouveau les anciennes galeries. Car les nuits étaient longues dans ce monde souterrain où l’on s’encanaillait jusqu’à pas d’heure dans les bordels et les tripots. Les tavernes ne désemplissaient jamais, comme toutes les ruelles où l’on aimait se promener la chope à la main comme au bras d’une dernière conquête. Ophan Leänn aimait plus que tout ce monde exubérant et secret où tout semblait possible. La Dross avait aboli les privilèges de la naissance ou de la fortune, pour mieux glorifier la force et la ruse. Les derniers pouvaient aspirer à devenir un jour les premiers, et les premiers n’étaient jamais sûrs de rien, car il suffisait de posséder plus que les autres pour se transformer en gibier potentiel dans cette société qui se gorgeait de l’or du Vice. La Dross était vite devenue la ville de cœur de l’Elfe qui ne rêvait rien d’autre qu’elle ne devienne tout à fait SA ville. A ce projet, Dame Leänn oeuvrait depuis longtemps, elle qui s’était imposée comme le conseil occulte des Chefs de Bande, et contribuait avec tant de passion et d’enthousiasme à les enrichir. Et les circonstances lui avaient servi l’ouverture qu’elle n’espérait plus. Kathleen avait rendu l’âme et l’on chuchotait que Jonathan, son bras droit et amant, celui qui avait endossé pour elle le gouvernement de la cité pour complaire aux Bandes, demeurait inconsolable. D’ailleurs, nul ne l’avait rencontré depuis plusieurs lunes, et l’on chuchotait que le garçon ruminait une tristesse inconsolable qui le mènerait tout droit au suicide. Douce opportunité que voilà pour celle qui, toujours, avait convoité le pouvoir comme la seule richesse acceptable.

Pourtant, la prudence le disputait chez Ophan Leänn à la force de son ambition. Jamais elle n’élaborait de stratégie ni ne dessinait de plans qu’elle ne puisse fonder sur des éléments dont elle avait pu elle-même vérifier la consistance. Selon elle, celui qui se satisfaisait des rumeurs tressait lui-même la corde qui indubitablement le pendrait un jour. Cantonnée par le machisme aberrant des Chefs de Bandes à la périphérie du Conseil, et jusque là très soucieuse de ne pas attirer l’attention des Puissants sur sa personne, l’Elfe n’avait jamais recherché la confrontation avec Jonathan. Or, se connaissant mieux que quiconque, elle savait que jamais elle ne serait capable de pousser plus loin ses réflexions sur la prise en main de La Dross sans avoir pu mesurer par elle-même la profondeur de la dépression dans laquelle le Maître des lieux avait soit disant sombré. Mais voilà que la mort de Kathleen avait entrouvert une porte, et Leänn ne tenait plus en place, soucieuse de voir cette dernière se refermer à jamais et sceller le chemin escarpé vers le pouvoir. Aussi avait-elle pris son légendaire courage à deux mains, et avait-elle pris la décision ferme et définitive de rencontrer le plus tôt possible Jonathan.

Rien de plus facile que de trouver un alibi à cette entrevue. Ophan Leänn gérait, directement ou indirectement, plus de la moitié des intérêts privés de La Dross, et grâce au réseau tissé de longue date tout au long de ce qu’elle aimait à appeler son « ancienne vie », négociait, en personne ou par l’intermédiaire de quelques faux nez, près des trois cinquièmes des approvisionnements vitaux de la ville. Sa position s’était renforcée depuis que Jonathan avait lâché la gestion des affaires publiques. Grâce aux précieux coups de main de Nalfein Nathrae, l’Elfe avait gagné des parts de marché en saignant, - au sens propre -, ses concurrents les plus audacieux et en rachetant les plus timorés d’entre eux. Et l’Elfe avait d’importants projets pour La Dross. Des galeries inexplorées avaient été découvertes et il semblait judicieux à Leänn de profiter de cette aubaine pour faire croître et embellir la ville des Brigands. Elle avait des idées. Elle avait des fonds. Elle avait tous les appuis nécessaires. Il ne lui manquait plus que l’assentiment de l’amant de Kathleen.

Ophan Leänn avait longuement hésité avant de choisir la toilette qui convenait à cette première rencontre. Il ne fallait pas se tromper, car la moindre faute de goût pouvait ruiner tout espoir d’amadouer Jonathan Carassi. Elle avait repoussé immédiatement l’idée de revêtir toute tenue extravagante. L’heure ne se prêtait pas à l’esbroufe. Et il aurait été malséant de porter quoi que ce soit qui mette en valeur ses charmes naturels : se lancer tête baissée dans le jeu subtil de la séduction avec un homme affecté d’un tel chagrin tenait de la pure démence. D’ailleurs, il paraissait préférable de gommer autant que possible sa triomphante féminité. Etre femme auprès d’un amant qui avait perdu sa belle ne constituait pas nécessairement un atout : elle laisserait donc ses robes dans ses appartements, même les plus élégantes et les plus convenables. Porter la maille relevait de la provocation la plus ridicule, même si son armure personnelle était sans conteste un merveilleux chef d’œuvre qui aurait pu éveiller la curiosité et l’intérêt d’un ancien maître d’arme. Elle opta donc pour une vêture androgyne. Chemise de soie d’un bleu profond pour rehausser la tonalité de son regard, pourpoint bleu sombre et chausses assorties, elle troqua ses bottes à boucles pour des bottes de cavalière près du corps d’un cuir noir de jais. Comme il se doit, elle laissa son baudrier d’or vide, car il n’était toujours pas autorisé de se promener armé dans La Dross. De toute façon, son escorte habituelle, constituée par les colosses Horace et Curiace, veillerait assez bien sur elle…

Jonathan accepta de la recevoir et Ophan Leänn pénétra seule dans le Saint des Saints. Elle fut surprise, - mais pas au point d’en être perturbée -, qu’il l’accueille torse nu et les cheveux mouillés comme au sortir du bain. Ce fut néanmoins pour elle l’occasion d’admirer la finesse de la musculature de cet hybride aux allures d’adolescent. Leänn savait que le Maître de La Dross était bien plus jeune qu’elle, mais jamais plus qu’en cet instant, elle n’en avait pris réellement conscience. Et elle savoura cette constatation comme une friandise, pesant l’atout majeur que représentait son expérience à elle qui avait vécu plus que six fois sa vie à lui.

- Ma Dame.

Pour toute réponse, Ophan Leänn inclina légèrement la tête. Le Maître de La Dross ne jouissait pas du statut d’un monarque, et il aurait été outrancier que de concéder une révérence. Bien qu’ambitieuse, l’Elfe n’avait jamais versé dans l’obséquiosité. D’ailleurs, elle ne respectait que l’intelligence. Elle se rappela néanmoins qu’on lui avait dit un jour que Jonathan était Baron d’Eraïson, et ses bons vieux réflexes elfiques lui commandèrent de ne pas lui adresser la parole tant qu’il ne lui en aurait pas donné la permission. Question d’étiquette et d’éducation. Ce Jonathan n’avait rien de commun avec les Chefs de Bande et leurs lieutenants, la plupart dépourvus de toute finesse et de tout savoir-vivre. Alors, autant se placer rapidement et sans équivoque à sa hauteur.

Selon les critères du Beau Peuple, Jonathan Carassi aurait été qualifié sans contestation de bel homme. Haute stature, - il dominait Ophan d’au moins une tête -, finesse des attaches, il avait hérité de sa parentèle elfique la délicatesse du visage. Il posait sur Ophan Leänn un regard bleu aux nuances mauves d’une totale froideur. Manifestement, l’Elfe l’avait dérangé dans ses pensées. Sans le vouloir, il la dévisageait, cherchant certainement dans sa mémoire si leurs routes respectives s’étaient un jour croisé, dans ce monde ou dans un autre. A voir la distance qu’il avait prise, il était clair qu’il n’avait jamais remarqué Leänn, ce qui ne manqua pas d’étonner cette dernière. D’autant qu’il y avait assez peu de représentants de la Race d’Aleandir au cœur de La Dross, et encore moins des femmes affublées d’une chevelure aussi reconnaissable que la sienne.

- Je ne me souviens pas déjà vous avoir rencontrée, qui êtes vous ?

Ophan Leänn osa un sourire léger qui embrasa son regard clair. Redressant légèrement la tête, elle se présenta d’une voix calme et posée, pendant qu’elle continuait à observer avec une absolue discrétion l’attitude de son interlocuteur. Les rumeurs disaient vrai, et l’Elfe s’en trouva des plus satisfaite : bien que donnant admirablement le change, Jonathan Carassi semblait la proie de ses démons intérieurs. Lassitude non affectée, détachement, il y avait bien plus derrière cette attitude que la volonté de l’homme de pouvoir de marquer son territoire. Et il n’avait pas échappé à Leänn cette serviette imbibée de sang frais que son hôte ne cherchait même pas à dissimuler. Comment peut-on se blesser à ce point pendant une baignade ? Leänn ne laissa rien transparaître de son étonnement.

- Je m’appelle Ophan Leänn, Messire Carassi, et bien que vivant depuis plusieurs années sous protection de La Dross, je n’ai jamais eu l’honneur de vous être présentée.

Jonathan ne lui avait pas encore invité à s’asseoir. Il ne faisait plus aucun doute que l’audience serait courte et rondement menée. Alors, autant en venir rapidement aux faits.

- Si je me suis permise cette… intrusion, dont vous voudrez bien m’excuser, c’est que je voulais vous faire part personnellement de quelques projets pour La Dross que j’ai la bonne fortune de pouvoir financer si vous les juger à propos…

Inutile de pousser plus loin à ce stade. Ophan Leänn songea que Jonathan l’inviterait à s’installer plus confortablement si elle avait réussi à piquer son intérêt au vif. Sinon, s’en retournerait-elle. Parfois, mieux valait savoir reculer pour mieux sauter.
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MessageSujet: Re: Premiers mots | PV Ophan   Premiers mots | PV Ophan I_icon_minitimeDim 6 Déc 2009 - 11:18

    Je la jauge d'un regard rapide d'expert. En un autre temps, sans doute aurai-je profiter du spectacle de ce corps divin demeurant plus ou moins secret par quelques étoffes androgynes. Quel était donc son but en pénétrant dans cette chambre ? Cette femme dégage un charisme rare et je ne doute pas qu'elle ait fait tombé dans son lit plus d'un homme. Est-ce son but ici ? Mais si elle analyse mon regard, elle sera déçu de constater que je me fixe sur son visage, tentant de le remettre dans un contexte, de trouver un nom qui lui corresponde peut-être ? Elle ne me dit presque rien, sa chevelure d'un joli bleu me rappelle vaguement quelque chose mais il est inutile de faire durer plus longtemps les choses. Je ne sais pas, alors autant le lui demander. Il ne me restera après plus qu'à attendre, les vautours venu me voir déjà se sont toujours empressé de me dévoiler leurs noms et fonctions, elle ne l'a pas fait. Semblant respecter l'étiquette elfique à la lettre. J'ai toujours préféré les actes aux mots, on m'a appris à manier les deux et à en croire ses gestes, elle sait que je suis plus que le maître de la Dross. M'en considère-t-elle plus dangereux ?
    Sa voix est calme lorsqu'elle me répond... Ophan Leänn, Ophan Leänn. Oui. Elle gérait une bonne partie des intérêts privés de la Dross et était principal sujet de bien des discussions entre bandit depuis longtemps. Tout sembla s'éclairer pour moi alors qu'un mot venant se mettre en évidence dans mon esprit, se dégageant de la masse compacte d'informations qu'il me fallait analyser chaque minute.

    Vautour.

    Une lueur nouvelle brilla un instant dans mes yeux avant de n'être happée une nouvelle fois par mon masque infaillible. Savait-elle lire dans les yeux des gens ? Beaucoup disent qu'ils sont leur âme. J'ai tendance à le croire également je l'avoue mais que trouvera-t-elle si elle se plonge dans les miens autre que des ruines encore fumantes ? Je lui souris poliment.

    - Il me semble avoir déjà entendu parler de vous, en effet, mais je n'avais jamais encore eu le privilège de vous rencontrer.

    Je finis de boutonné ma chemise et m'approchais de mon bureau pour en sortir de quoi me faire un pansement pour quelques heures. Je guérirais vite, il s'agissait juste d'arrêter le sang. Je disposais mon matériel sur le bureau mais m'arrêtait en entendant les mots qui suivirent. Un rire froid et cristallin sorti de ma bouche alors que je me retournais vers elle, un sourire résigné aux lèvres et une voix suffisamment mielleuse pour qu'elle n'ait pas trop de mal à comprendre ce qui avait provoquer ce rire.

    - Kathleen vous faisait donc si peur pour que vous n'osiez aller lui proposer vos réformes ?

    Non Ophan... Ne me prenez pas pour un faible et ne tentez pas de me manipuler... Vous vous casseriez les dents comme ceux qui s'y sont déjà essayés. Le mot résonnait toujours dans mes yeux, arriverait-elle à le lire ? Je lui désignais la chambre d'un geste ample de la main.

    - J'ai moi même des projets pour la Dross, peut-être sont-ils compatibles. Asseyez vous, que nous puissions continuer une discussion dans de meilleures dispositions.

    Et je prenais place à mon bureau. La méfiance était de mise, et sans doute avait-elle très bien compris que ce n'était que pour l'usage, j'avais écouté les autres qui n'étaient parvenu à m'intéresser et que j'avais renvoyé aussi vite qu'ils étaient arrivé. Sans doute devrai-je me sentir flatter qu'on s'intéresse tant à moi ? A ma santé plus particulièrement. Tous ces hommes - et désormais des femmes ? - qui tentent de prendre place dans votre entourage pour mieux vous poignarder. Beaucoup oublient néanmoins que la Dross m'est fidèle et qu'un certain nombre pensent avoir une dette envers moi. S'ils lançaient un quelconque push, je ne suis pas sûr de l'issue finale de l'histoire. Hormis un bain de sang bien sûr. Je commençais à passer un onguent cicatrisant sur la blessure lorsque je m'adressais une nouvelle fois à elle.

    - Je vous écoute, intéressez moi... Mais gardez en tête que la Dross n'est pas à vendre. De l'or, j'en ai aussi.

    Ceci dit, il ne lui restait plus qu'à s'exprimer. La désinvolture avec laquelle je semblais traiter son cas devait l'agacer mais peu importait. Elle n'était rien pour moi, ou pas grand chose... Pourquoi devrais-je faire des efforts ? Non, elle se contenterait de l'être taciturne et cynique que je suis devenu.
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MessageSujet: Re: Premiers mots | PV Ophan   Premiers mots | PV Ophan I_icon_minitimeLun 7 Déc 2009 - 1:08

Il l’avait poliment priée de s’asseoir, mais de la part d’un homme à l’éducation aussi policée, il ne fallait pas voir dans cette invitation banale la moindre marque d’intérêt. Ophan Leänn repoussait la simple idée qu’elle puisse déranger Jonathan pour s’en tenir strictement à son plan : exposer en quelques phrases ses aspirations profondes pour La Dross. Si elle avait cédé à ses sensations premières, elle aurait quitté la pièce après l’esquisse d’une révérence tant l’attitude du jeune hiérarque ne nourrissait aucune équivoque : son esprit était ailleurs, et l’Elfe lisait dans ses postures l’impatience que son intrusion avait suscitée. De son ascendance sylve, Jonathan avait hérité l’acuité et la précision du regard. Il n’avait nullement échappé à Leänn que le Maître des lieux l’avait jaugée d’un coup d’œil. Mais alors que les regards de l’hybride évitaient soigneusement de se poser sur elle, l’Elfe n’hésitait pas un instant à fixer Jonathan de ses grands yeux bleu pâle, guettant le moment où elle plongerait ses pupilles dans les siennes pour mieux investiguer son âme. Comme elle attendait cet instant ! Comme elle l'espérait cette confrontation ultime qui la renseignerait bien mieux que les mots sur les pensées secrètes de son hôte. Le contact ne durerait qu'une fraction de seconde : elle le briserait de son propre chef avant qu'il ne puisse être ressenti comme une provocation irrévérencieuse et vulgaire.

Car Jonathan, sous sa froide réserve, jouait les chattemites. Difficile d’échapper à une vieille âme lorsque l’on a si peu vécu. La voix mielleuse du jeune homme, comme ses belles manières, n’étaient pas parvenues à masquer l’éclat terrible du regard, - comme un trait de lumière sur une lame -, que l’Elfe avait surpris pendant qu’il finissait de boutonner sa chemise sombre. Dangereux, Jonathan l’était sans conteste. Mais il ne l’était pas assez pour faire trembler Ophan Leänn. Combien de présomptueux de ce genre avait-elle étendus raides sur le champ d’honneur ? Combien de meurtres avaient-elle commandités ? Elle avait cessé depuis longtemps d’en tenir la comptabilité exacte. D’autant que ses assassinats ne pesaient rien. Qu'elle s'en était de longue date lavée les mains ! Jonathan pourrait allumer son regard de toute la fureur d’un soleil qu’elle ne cillerait même pas. Elle ne retenait pour sa part que l’aveu d’une pensée bien éloignée de l’attitude polie que l’hybride lui servait. Simple impatience ? Enervement ? Raillerie ? Ophan Leänn aurait payé cher pour mettre un mot sur cette œillade assassine qui avait transpercé le masque impassible de Jonathan.

- Kathleen vous faisait donc si peur pour que vous n'osiez aller lui proposer vos réformes ? J'ai moi même des projets pour la Dross, peut-être sont-ils compatibles. Asseyez vous, que nous puissions continuer une discussion dans de meilleures dispositions.Je vous écoute, intéressez moi... Mais gardez en tête que la Dross n'est pas à vendre. De l'or, j'en ai aussi.

« Habile question ! » Songea l’Elfe.

Après tout, une telle interrogation était légitime. Pourquoi maintenant ?

Avouer la vérité aurait été signer son arrêt de mort. Comment dire à celui qui tient tous les pouvoirs entre ses mains que c’est justement ce trésor immatériel que l’on convoite ? Comment Ophan Leänn pouvait-elle lui expliquer qu’il lui avait fallu plusieurs années pour comprendre ce qui l’animait, pour définir sans ambiguïté l’ambition ultime, celle qui galvanise tant le cadavre en puissance que nous sommes tous, que ce dernier se meut chaque jour transporté par un enthousiasme sans cesse renouvelé. Deux siècles ! Il avait fallu deux siècles à Leänn pour admettre que seul le pouvoir donnait du sens à sa vie. Le hasard avait voulu que la prise de conscience éclate alors que Kathleen avait déjà rendu l’âme. Et depuis, la soif de domination avait été la seule et unique motivation de tous ses calculs et de tous ses actes. Quand l'existence s'avère si longue, et que le chemin restant à parcourir se perd dans la profondeur d'un horizon insondable, comment se passer de l'étincelle vivace qui éclaire la route ? Régner était devenu sa pire drogue.

Avait-elle jamais eu peur de Kathleen Faraeria ? En toute honnêteté, certainement pas ! Que valait la rousse flamboyante sans Jonathan ? Kathleen avait eu son heure de gloire en vengeant jadis l’assassinat de son mentor, un certain Hedred, stupéfiant les gredins de sa bande en tranchant la tête d'un Capitaine ennemi quand la bataille semblaoit perdue. On vantait sa main de fer dans son gant de velours. Mais elle n’avait été, après tout, qu’une gamine qui avait eu beaucoup de chance. Car sans son ami d’enfance et amant, elle aurait tôt ou tard perdu le contrôle du royaume qu’elle s’était taillée à la force de son caractère. Les Bandes auraient tôt ou tard refusé de se soumettre plus longtemps à l’autorité d’une fille. Non ! Kathleen Faraeria n’aurait pas même arraché un frisson à Ophan Leänn.

Mais pourquoi ne pas doser ses propos et jouer, même à jeu caché, les cartes d’une certaine franchise ? Que risquait-elle après tout ? Déplaire au béjaune ? Et alors ? Il y a tant de possibilités pour ravir à autrui ce que l’on convoite. Au moins aurait-elle la satisfaction d’avoir tenté la manière la plus élégante.

C’est le sourire aux lèvres qu’Ophan se fendit de sa réponse.

- Messire Carassi, pourquoi ne puis-je m’empêcher de penser que votre question en cache une autre, plus pressante ? Vous ne m’en voudrez donc pas si je me permets de la reformuler… Pourquoi maintenant ? Suis-je donc de ces aventurières qui tentent le sort dès qu’une opportunité se présente ? Certes, je n’ignore pas le deuil qui vous accable, et vous êtes trop bien informé pour ne pas savoir que La Dross toute entière murmure que vous avez perdu le goût de vivre. Serais-je de ces rapaces qui tournent autour d’une carcasse, si vous m’autorisez cette métaphore si peu engageante ?

Le visage de l’Elfe se ferma.

- Eh bien non, Messire Carassi ! Je n’ai pas le plumage de ces charognards. Et si je consens d’être considérée comme une aventurière, c’est parce que j’attache à ce vocable quelque idée de grandeur. Pourquoi maintenant donc ? Deux raisons primordiales. La première s’attache aux circonstances. Les Hommes se font la guerre. Les Drows se promènent en Aduram. Les Nains et les Elfes se bercent de leur splendide neutralité. Et tout ce grabuge nuit au commerce. Attaquer une caravane tient de l’exploit avec toutes ces patrouilles aux frontières. Pourtant, la situation n’a jamais été aussi riche d’opportunités à saisir. Il faudra de l’or pour rebâtir par-dessus les ruines fumantes des combats. Les Seigneurs se sont ruinés à lever des troupes et à l’entretien de l’ost. Et de l’or, La Dross en a plus qu’il n’en faut. Alors j’ai pensé qu’il était temps d’avoir de l’ambition pour ma ville ! Et pour moi-même, bien sûr parce que personne ne fait rien pour rien… La seconde raison tient directement à votre personne. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que vous êtes toujours celui que les Bandes ont choisi pour les diriger. Je fréquente par trop les Chefs et leur entourage pour méconnaître la confiance qu’ils vous font tous. Croyez bien que si vous étiez affaibli, je ne perdrais pas une seconde de mon temps à discuter avec quelqu’un qui a perdu son pouvoir et ses prérogatives. C’est parce que je vous sais fort que je suis ici. Et c’est parce que je sais que vous ne faîtes par parti de ces mâles que l’on manipule que je tenterai de vous convaincre. Je préfère parler à l’intelligence qu’au coeur…

Ophan Leänn plongea son regard dans celui de Jonathan et esquissa un demi sourire empreint du plus grand respect.

- Si Dame Faraeria était là, c’est à elle que j’aurais demandé audience, mais il ne fait aucun doute dans mon esprit que j’aurais eu à vous convaincre vous tout autant qu’elle. Car si je n’ai pas votre assentiment, je n’aurais jamais celui des Bandes…

« Voilà pour la franchise, pensa Ophan pour elle-même pendant qu’elle s’asseyait face à Jonathan qui s’était installé à son bureau. Mais levons toutes les ambiguïtés avant d’aller plus loin… »

- J’ai parfaitement conscience que La Dross n’est pas à vendre. Si elle l’était, peut-être d’ailleurs aurais-je tenté de l’acquérir tant cet endroit représente pour moi tout ce dont j’ai toujours rêvé. Ne vous méprenez pas lorsque je parle de financer quelques projets. Il ne s’agit pas pour moi de prendre des parts dans une quelconque entreprise. La Dross m’a enrichi au-delà de mes espérances. Et lorsque je vous propose mon or, c’est pour contribuer à rendre cette ville plus puissante encore. Car plus elle sera à la pointe des affaires et respectée, plus nos fortunes prospéreront. Voyez ma proposition comme le souhait de promouvoir La Dross pour lui donner la place qu’elle mérite dans le monde actuel. Je sais qu’elle me le rendra au centuple et au-delà…

Leänn se tenait le dos très droit sur sa chaise, et avait croisé les jambes avec distinction. Elle parlait avec calme, mais une certaine passion résonnait derrière chacune de ses paroles. Car l’Elfe aimait La Dross d’amour, et ne pouvait l'évoquer sans une pointe d’enthousiasme. Ses yeux irradiaient de plaisir. Ophan Leänn n’était jamais plus belle que lorsqu’elle menait sa barque sur le fleuve tumultueux de son ambition.

- Intéressez moi, dites vous ? J’ai déjà beaucoup parlé et je vous sais perspicace. Derrière mon verbiage vous avez vu poindre la silhouette confuse de quelques aventures que j’aimerais vous proposer. La Dross est polymorphe, et j’ai l’espoir qu’elle croisse et embellisse dans plusieurs directions. Elle peut changer de visage d’abord. Dans sa configuration actuelle, la ville est trop petite pour prendre un véritable essor. Je sais que quelques mineurs ont découvert dernièrement des galeries nouvelles qui autorisent à rêver de doubler les capacités d’accueil de la zone franche sans remettre en cause sa sécurité. Des travaux d’envergure qui pourraient conduire à rénover les quartiers commerçants, et à multiplier les dépôts pour les trafics en tous genres. Ce serait l’occasion inespérée d’établir des maisons de jeux. Lorsque l’on voit les fortunes amassées par les tripots, les tavernes et les bordels, on ne peut s’empêcher de penser aux bénéfices d’une maison de jeux ! Inutile de préciser que le développement des activités à l’intérieur de la ville dégageraient des subsides qui permettraient de l’embellir encore et encore. Attractive, La Dross attirerait plus de bourses à vider. Politiquement, La Dross peut aussi espérer un nouveau départ. Imaginez, Messire Carassi, que La Dross, sous couverture de prête nom et autres faux nez, devienne le banquier du monde ? Imaginez quelques officines complètement licites installées dans les grandes villes prêtant sur gage ou à tempérament les sommes monumentales nécessaires à la reconstruction des contrées humaines dévastées par la guerre. Avec quelques commissions habilement placées, quelques pots de vin versés dans les bonnes poches, c’est la protection des Seigneurs que s’offrirait La Dross. A très court terme, La Dross pourrait jouer un rôle dans l’équilibre des forces sur l’échiquier mondial. Nous serions toujours dans le camp des vainqueurs. Et plus jamais les norias de nos caravanes ne seraient entravées par les guerres et les conflits locaux…

L’Elfe marqua une pause, pour reprendre plus calme et résolue que jamais.

- Inutile de préciser que nous avons déjà les réseaux qui permettent de mettre ce genre de plan à exécution si vous veniez à prendre des décisions en ce sens… Suis-je parvenue à aiguiser votre intérêt, Messire ? Dois-je développer, ou préférez-vous que je quitte les lieux séance tenante ? Je me conformerai à votre décision…
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MessageSujet: Re: Premiers mots | PV Ophan   Premiers mots | PV Ophan I_icon_minitimeDim 13 Déc 2009 - 15:36

    Une bien drôle demoiselle était venue me voir et j'avoue sans mal avoir du mal à l'interprété pour le moment. Nous jouons à un jeu de chat et souris ou chacun se terre et attend un geste que l'autre. Il n'y a pas de règle au jeu du banditisme et celle que j'ai face à moi est dangereuse. Avoir croisé l'éclat de ses jolis yeux un millième de seconde m'en a donné la certitude... Le sang coulé se lit dans chacun de ses gestes, et sa retenue prouve qu'elle me considère comme un adversaire de taille... ou pas. Elle tente peut-être juste de me le faire croire ? Les femmes sont vicieuses, il n'y a rien de plus à dire là dessus. Je lui demande d'une voix toujours aussi mesurée et froide pourquoi elle ne s'est pas adressée à la précédente reine de la Dross... La question muette est interprétée immédiatement et Ophan ne se démonte pas le moins du monde. Ce projet est interessant et le moins qu'on puisse dire est quelle la étudié précautionneusement sur chacun des points que je pourrais soulever. Elle est rentrée dans ce bureau avec la certitude d'en sortir vainqueur, j'en suis quasiment sûr.
    Ses lèvres se fendirent d'un sourire et elle me répondit. Indiréctement néanmoins... Mais la demoiselle vient de commettre une erreur, je sais ce qu'on murmure dans mon dos, je sais ce qui se passe dans ma vie. Je connais l'état de mon coeur, la felure qui sépare ses deux moitiés mais je suis un batant, il en faudra plus que cela pour m'abattre. A vouloir me prendrre par les sentiments elle réanime en moi cette petite étincelle de lumière, la flamme qui consume la bougie revient à elle-même. Je n'ai jamais supporté qu'on se permette de me juger ou de s'apitoyer sur mon sort, les choses ne doivent pas être ainsi... Je suis plus fort qu'un quelconque incident. Je suis moitié elfe moitié humain. Un elfe se laisserait mourir d'amour, mais un humain passerait à coté. Ophan venait de m'ouvrir les yeux avec brutalité sur le choix qui m'était donné depuis la mort de Kathleen. Je devais vivre... Je ne marquerais pas les esprits par une sinistre fin. Mon sourire s'agrandit alors que je plongeais mes yeux dans ceux d'Ophan, une lueur malicieuse attachée au visage. Verrait-il cet étrange revirement de situation ? Et si commençait un autre jeu ? Ou ni la souris ni le chat ne se terraient ? L'ironie est mordante.

    - Je vous remercie de tant vous préoccuper de ma santé.

    Son visage se ferma et elle continua sur sa lancer, comme lisant dans mes pensées, elle démentit le statut de vautour que je lui avait attribué un peu plus tôt. Aventurière tentant le sort ? Je l'écoute attentivement, gardant ses pensées en mémoire, analysant chacun de ses élément. Si ses paroles s'avéraient vraies, peut-être pourrions-nous faire quelque chose ensemble... Mais si cela s'avérait être un mensonge, elle aurait tissé la toile de l'arraignée gourmande seule et s'y serait jetée à corps perdu. Elle rajoute un peu de miel, caresse doucement dans le sens de ce que les dirigeants veulent d'habitude entendre. Suis-je le plus fort ? Non. Ai-je un total contrôle sur les bandes ? Oui et non de toute évidence. Nul n'est irremplacable. Néanmoins ses yeux s'exprimaient avec respect et sa voie était empreinte d'une flamme puissante qui animait et enveloppait ses propos d'une onde envoutante. Comme elle avait du brisé des coeur... Elle était belle, elle parlait bien. L'idéal d'une meneuse d'hommes.
    Certains de ses propos respiraient la vérité, sans moi elle ne pourrait jamais asseoir sa domination sur la Dross. Beaucoup ont confiance en moi, beaucoup me doivent la vie... Tenter de prendre le pouvoir de force serait ce heurter à un mur de confiance. Certains sont achetable, d'autres non. La corruption ne marche que sur les âmes faibles. Je l'écoutais encore, feignant presque l'indifférence alors que je marquais chacune de ses paroles dans mon esprit. Elle marqua une pose et acheva sa longue tirade. Mon sourire s'était encore agrandit, trompeur et indéchiffrable malheureusement pour elle.

    - Dame Leänn, vous parlez bien, votre discours est bien préparé. Vous m'avez parlé de la Dross, des raisons, de l'extérieur, de moi... Soit. Mais il me semble que vous avez oublié l'essentiel en partie. Parlez moi de vous... puisque vous semblez déjà tout savoir de moi.

    L'enjeu était gros, combien étaient tombés dans le piège de cette question ? Obligé d'utiliser le "moi" avec le souci de ne pas parler en présomptueuse... Qu'elle me dise ses qualités, ses défauts... Qu'elle me dise tout ce qui comptait à ses yeux. Ma réponse viendrait de cette réponse plus que d'un quelconque projet. J'ai besoin de savoir si je trouverai en elle de l'argile manié aux mots ou du fer sur lequel ricoche chaque imprévus. Car la vie est faîte d'imprévus et on ne débute pas un tel projet sans des personnes de confiance capable de réagir vite et bien.
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Ophan Leänn
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MessageSujet: Re: Premiers mots | PV Ophan   Premiers mots | PV Ophan I_icon_minitimeLun 14 Déc 2009 - 0:28

Jonathan l’avait écoutée jusqu’au bout, sans jamais l’interrompre. Que devait-elle en penser ? Son regard profond scrutait sans pitié le visage du sang-mêlé, à l’affût du moindre indice : mais que cachait donc le Maître de La Dross derrière ce sempiternel sourire dont il jouait comme d’un masque ? Ophan Leänn savait la personnalité complexe de Carassi : nul ne parvient si jeune au sommet d’une organisation, quelle qu’elle puisse être, sans une intelligence trempée, une volonté de fer, et une ruse exacerbée. Encore moins lorsque les individus que l’on gouverne appartiennent aux grandes et cruelles compagnies du brigandage et de la pègre. Dompter l’ambition et les appétits des Bandes, régir l’équilibre précaire d’une fragile trêve, briser les rapports de force et imposer un code social et moral : telles étaient les tâches régaliennes qui incombaient chaque jour à son interlocuteur. Et il s’en était acquitté, - du moins jusqu’à la disparition de Kathleen -, avec zèle et talent. Exercer le pouvoir nécessitait certes du courage, mais encore plus, une dose sérieuse de duplicité. Imprévisible ! Une qualité majeure pour celui qui veut dominer les autres. Derrière son visage rayonnant et juvénile, Jonathan Carassi pouvait, sans problème aucun, cacher les plus noires desseins, les pensées les plus perverses. Et plus il souriait, et plus les sens de Leänn s’aiguisaient.

L’Elfe avait bien remarqué les changements qui avaient animés Jonathan depuis qu’elle était entrée dans son repaire. Elle l’avait trouvé tout à sa toilette, cheveux humides encore, soignant avec désinvolture une main blessée va savoir comment. Elle avait alors senti cette tension, cette sourde impatience face à son intrusion. Comme si, sans le savoir, elle avait brisé quelque chose de précieux. Comme si elle était venue troubler l’eau d’une mare en y jetant une poignée de graviers. Et puis, après les saluts d’usage, il y avait eu cette froideur, ce cynisme, cette agressivité larvée, comme si le fauve rentrait ses griffes malgré le pressentiment d’une menace. Ne l’avait-il pas mise au défi d’exciter son intérêt ? Car c’était bien un défi dont il s’était agi. Comment le traduire d’ailleurs ? Viens me distraire de mon chagrin si tu l’oses ? Aurais-tu l’outrecuidance de vouloir m’enseigner le pouvoir ? Ou, tout simplement : cause toujours, ma belle, tu m’intéresses ? Mais voilà qu’il s’était tu, s’imprégnant de chacune des paroles d’Ophan, ne perdant pas miette de son discours. Il en avait même oublié sa blessure, et s’il feignait l’indifférence, c’était en vain : nul ne s’inflige un tel pensum sans y prendre une once de plaisir. Et lorsqu’il avait repris la parole, il n’était plus le même qu’à l’instant où Leänn avait fait irruption dans son boudoir. Comme s’il avait repris consistance. On aurait dit que son âme égarée avait repris place dans son corps.

- Dame Leänn, vous parlez bien, votre discours est bien préparé. Vous m'avez parlé de la Dross, des raisons, de l'extérieur, de moi... Soit. Mais il me semble que vous avez oublié l'essentiel en partie. Parlez moi de vous... puisque vous semblez déjà tout savoir de moi.

« J’ai passé un cap, songea en elle-même Ophan Leänn impassible, mais je suis loin encore d’avoir gagné la partie. Voilà des heures qu’il me jauge. Qu’il soupèse chacun de mes actes, chacune de mes paroles, sans jamais se dévoiler d’un brin. Pense-t-il sincèrement que c’est exprimer sa force que de se protéger sans cesse ? Est faible par essence celui qui reste tapi derrière ses murailles lorsqu’un visiteur vient frapper à la herse de son donjon ! Serais-tu devenu faible, Jonathan Carassi, pour prendre autant de mal à me percer à jour ? Où finalement, n’es-tu qu’un joueur de talent qui bluffe avec une mauvaise main comme avec une bonne, juste pour le plaisir de tromper l’adversaire ? Te parler de moi… Quelle belle invention que voilà ! Si trop je m’avance, tu me jugeras présomptueuse et vaniteuse. Et si je ne m’avance pas assez près, tu me considèreras comme nulle et sans intérêt aucun. Je n’ose même pas penser à ce qui m’arriverait si par extraordinaire, je ne m’avançais pas du tout ! Alors, voilà, Jonathan Carassi : je vais me mettre à nu devant toi, sans forfanterie, sans ostentation, juste pour que tu touches du doigt à qui tu as à faire. Car je n’ai peur de rien ni de personne, et certainement pas de toi… »

Ophan Leänn rendit son sourire à Jonathan, et ses yeux bleus étincelèrent comme si un soleil avait implosé sous la glace. La question avait été certes inattendue, et pour le moins surprenante. Mais l’Elfe gardait trop d’emprise sur elle-même pour le laisser apparaître. Elle aimait les défis. Et pour tout avouer, elle adorait qu’on porte de l’intérêt à sa personne, quelles qu’en puissent être les raisons.

- Vous me faîtes là un bien grand honneur, Messire Carassi ! Commença-t-elle d’une voix claire et chantante, irradiant soudain tout son charme subtil. Les hommes, d’habitude, aiment à ce que l’on parle d’eux-mêmes, lorsqu’ils ne préfèrent pas se livrer de leur propre chef à cet exercice avec délectation. Nous autres, femmes, avons plus l’habitude d’écouter que de discourir sur ce chapitre bien particulier du personnel et de l’intime !

Elle avait mis dans sa répartie une once de gaîté qui faisait pétiller ses yeux, et ses lèvres avaient rosi.

- Mais je vois bien que vous n’êtes pas un homme comme les autres !

« Certes non ! Beaucoup d’autres, tout malheureux qu’ils soient, m’auraient déjà envisagée sous un tout autre plan. La plupart de ceux que j’ai croisés ne peuvent s’empêcher de se vanter, de se hausser du col. Tout ça pour me complaire. Certains pour me séduire ! Et toi, tu préfères me soumettre à la question… »

Ophan n’avait pas changé d’expression. Elle avançait sur son chemin avec sa sérénité coutumière. Rien ne la dérangeait vraiment lorsqu’il s’agissait d’emporter une affaire. Et celle là était de taille ! Si les Dieux le voulaient, elle y gagnerait droit de citer pour construire l’avenir de La Dross. Dans le cas contraire, il lui faudrait se chercher un autre projet. Mais à cela, elle n’acceptait pas de se résoudre, tant la Cité des Brigands lui faisait envie…

- Voilà trois cent soixante années et quelques que je cours le monde, Messire Carassi ! Par quoi commencer ? Que vous serait-il utile d’apprendre sur quelqu’un, qui, comme moi, vient vous présenter un projet d’envergure. Oserai-je dire, une… collaboration… De mes motivations personnelles, vous n’ignorez plus rien, puisque je viens de vous les livrer en partageant avec vous quelques uns de mes plus beaux rêves… Et je ne suis pas femme à gloser à l’infini sur les ouvrages menés à terme, les belles entreprises, comme les grandes réalisations. J’ai la faiblesse de penser que si mérite il y a en ce bas monde, il appartient aux autres de le vanter. Soit par des louanges. Soit par excès de critique, car après tout, la calomnie n’est-elle pas une autre forme d’hommage ?

L’Elfe fixait son interlocuteur, un léger sourire accroché aux lèvres.

- Disons simplement que je suis native de la belle Aleandir, et que je suis née riche. Que j’ai passé fort peu de temps en Terres Elfiques car je me suis vite lassée de mes Semblables qui se lassent eux-mêmes de tout, et s’enferrent dans un perfectionnisme morose, lorsqu’ils ne se laissent pas dévorer tout entier par une mélancolie profonde et stérile. Que j’ai couru le monde pour satisfaire une curiosité insatiable qui ne tarit jamais, et que j’espère le courir encore de longs siècles durant. Que j’ai navigué par amour et que j’ai tué pour ne pas mourir de tristesse lorsque l’amour s’en est allé. Que j’ai longtemps assisté mon Père dans le développement de ses affaires avant de comprendre que tout cela n’avait pas de sens à mes yeux. Que ce qui aurait du être le plus grand drame de ma vie, - on m’a enlevée pour me couper la gorge -, s’est avéré la plus précieuse des aubaines puisqu’elle m’a conduit dans le ventre de La Dross et que je n’en suis jamais partie…

Ophan marqua une pause, comme pour clore un chapitre. Et elle recommença aussitôt, plus intimiste cette fois, la voix plus basse et plus doucereuse. Comme quelqu’un qui chuchote un secret. Qui partage un trésor.

- Voilà pour ce qui est du parcours. C’est là l’essentiel ! Sinon, j’aime monter des chevaux fougueux. Ninniach est le nom de mon dernier étalon, un pommelé gris, et je n’apprécie rien autant que le vent sur mon visage lorsque je galope avec lui dans les chemins creux d’Aduram ! L’épée est mon arme favorite… J’adore le contact de la soie sur ma peau, mais j’aime autant le froid baiser du mithril sur mon corps… Je préfère les vins capiteux élevés par les Hommes aux rhums puissants de Méca… Je m’émerveille d’un rayon de lumière incendiant le plus fin cristal… Je vénère ceux qui ont la force de créer, qui écrivent, peignent, et inventent… La nuit est ma sœur, mais j’aime d’amour les aubes rouges de l’hiver et les crépuscules sombres de l’été qui meurt… Je respecte mes ennemis et ne tourne jamais le dos à aucun de mes amis… J’abhorre la trahison et le mépris… Et j’aime réussir ce que j’entreprends, pour le seul plaisir, o combien régénérant, d’avancer et de combler cette éternité qu’il m’a été donnée de vivre…

Elle laissa le silence s’installer un instant pour conclure :

- Maintenant, Messire Carassi, vous en savez bien plus sur moi que je n’en saurais jamais sur vous…
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