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 Le nouveau messager [Solo - Terminé]

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Padävi Isväsa
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Padävi Isväsa


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MessageSujet: Le nouveau messager [Solo - Terminé]   Le nouveau messager [Solo - Terminé] I_icon_minitimeVen 4 Mai 2018 - 23:41



~ Au cœur de la Prime Forêt ~

Le nouveau messager [Solo - Terminé] Forest11


L'astre étincelant du jour, immense et radieux, perçait de ses beaux rayons lumineux la canopée aux feuillages mouvants, valsant au souffle du monde. Illuminant les vertes feuilles nervurées des grands arbres peuplant la Prime Forêt en ce mois chaud de Vérimios, telle une coulée de lumière liquide, les éclats descendaient inexorablement, caressant les branchages et les troncs jusqu'au pied des monuments de bois qu'édifiait continuellement la nature, si puissante et fragile qu'elle était. Les parterres de mousses et de lichens se réchauffaient à son contact luminescent, convainquant les fleurs diverses et multiples d'éclore çà et là, tapissant les sous-bois aux arômes de terre et d'écorce. Les pic-verts, petits mais rapides, nichés aussi bien en les buissons qu'en les hauts branchages, chantonnaient en chœur, fiers d'accueillir en leur beau domaine l'elfe sylvain au milieu de tout cela. Ses pas étaient lents, évitant quelques rochers emmitouflés de verdures et de champignons, enjambant nombreux troncs déracinés des vents décadents, monts de terres érigés et terriers habités. Il songeait, l'elfe des bois, marchant seul depuis quelques longues heures. Il pensait et, effrayé du vaste monde qui l'attendait, énuméra, dés ses premiers pas, la route qu'il devrait emprunter, chiffonnant quelque peu la carte de Miradelphia entre ses doigts, sans se laisser le temps d'apprivoiser les maux de son départ.

Son périple jusqu'à la Cité Blanche d'Alëandir lui prendrait trente-neuf jours à pied sans s'arrêter, soit neuf cent trente kilomètres à parcourir en la verdoyante Anaëh. Avant tout, il lui fallait traverser cette zone boisée pour y rejoindre, semblait-il, la Route du Méroca en le Protectorat de Quatrième Saison. Celle-ci le guiderait durant vingt jours, ou quatre cent quatre-vingt kilomètres, jusqu'à la cité de Faelodën. De là, il continuerait sur cette même route durant dix jours, à savoir deux cent quarante kilomètres, jusqu'à la Croisée, carrefour entre trois routes importantes où il emprunterait celle de la Trace. Et de là, il ne lui resterait plus qu'à marcher neuf jours en ce chemin, parcourir deux cent dix kilomètres jusqu'à La Cité Blanche, capitale d'Anaëh. Et en Alëandir, il irait rendre visite au vénérable Arbre d'Estel, espérant y ressentir la Symphonie de Mère. Bien que pour l'instant, il n'en soit qu'à ses premières heures de marche. Et tout ce trajet lui semblait impossible, comment envisager de marcher aussi longtemps à travers la sublimissime et vaste Première Œuvre de Kÿria. Plus rapide aurait été la route en ligne droite mais les imposants Monts Telion, indomptables monstres rocailleux, ne lui laissèrent pas le choix. Il en soupira, un tantet détaché du chemin qu'il empruntait dura un instant. Malgré cela, il ne voulait s'arrêter de penser car n'aurait supporter de laisser les dérives mentales négatives emplir son âme en songeant à son départ et à tous ce qu'il avait quitté mais, bien qu'inévitablement, il devrait y faire face en voyant le brasier du firmament annoncer l'instant crépusculaire pointait en l'immensité du ciel. Il redoutait celui-ci et continuait à avancer, mais ses pas s'arrêtèrent net lorsqu'il entraperçut une créature inerte posée sur un rocher cajolé de mousses verdâtres où champignons et insectes rampants semblaient y avoir élus domicile. Le jeune elfe s'agenouilla à cela et distingua clairement l'un des nombreux messagers volants, les ailes déployées, le bec ouvert et les yeux fermés, un faucon d'Anaëh à l'âme volage ayant abandonné son enveloppe charnelle. Un minuscule parchemin était accroché à l'une de ses pattes et, l'en détachant, l'elfe le déroula et le lut ;



Le nouveau messager [Solo - Terminé] Messag10

Message à remettre à la Grande Fauconnerie d'Alëandir.
Ce message est envoyé par le faucon d'Anaëh du nom de Dûtä.


Belle Menwä,

Je manque de toi. Il est difficile pour moi d'imaginer ta peine, mais l'amour qui nous unis n'aurait en souffrance que notre distance. La Garde d'Eteniril a prolongé notre mission. Je crains ne pas pouvoir revenir en tes bras à Alëandir, mon devoir de soldat est de protéger les cités et me voilà contraint de rester un ou deux mois de plus. Sache que mon cœur est à toi, attends-moi.

Ton valeureux, et distrait, Sämdis


Padävi enroula le parchemin et le mit dans sa sacoche, se promettant ainsi d'apporter ce message à la fauconnerie de la Cité Blanche. Les mots du jeune soldat l'émurent, assez pour ne pas remarquer que le ciel vint à s'assombrir un peu plus, dévoilant en les cieux un combat épique entre lumière et ténèbres, entre couleurs chaudes et froide noirceur. Il décida ainsi de se poser à quelques mètres de là, fit un feu avec deux pierres polies et y brûla l'oiseau meurtri de quelques prières elfiques presque inaudibles. Le petit corps trapu se désagrégea dans les flammes. Et les étincelles, telles de virevoltantes lucioles, s'élevèrent avant de disparaître, permettant à l'oiseau, une dernière fois, de s'envoler sous forme d'une nuée étincelante.

L'elfe, calmement, écouta les bruits de la nuit tombante, les branchages se briser, les oiseaux se poser, nourrissant leurs petits tandis que le vent sifflotait entre deux buissons. Et il se mit à songer ainsi et les maux de son départ surgirent dans son âme. Il avait engendré la tristesse de ses parents, et certainement de quelques autres compagnons, et s'en voulait terriblement. Il aurait bien pu fermer les yeux sur l'abandon de Kÿria à son égard mais ne le put et se morfondit en une peine intérieure et les sanglots de son cœur durant de longues, trop longues années. Le Conseil du Clan, à l'unanimité, se devait de prendre soin de lui, et si le prix à payer était de l'envoyer vers l'inconnu, alors qu'il en soit ainsi et pas autrement. C'était pour son bien et celui du Clan du Hibou, mais il aurait préféré rester auprès des siens que de s'aventurer dans les méandres du vaste monde car, bien que devant trouver la Symphonie, n'y croyait pas lui-même. Il était persuadé que rien n'y pourrait quoi que se soit, et jamais il ne pourrait la ressentir, mais l'espoir en le regard de ses parents et de tous les êtres le soutenant y croyait pour lui. Alors, il accepta malgré tout ce qu'il pensait au plus profond de lui. Il devait s'efforcer d'y croire, pour eux, pour ceux qu'ils l'aiment et ceux qu'il aime. Il s'y était soumis, s'allongea sur la mousse molle au pied d'un grand chêne d'où le feu crépitait et, mélancolique, triste et peu sûr de lui, s'endormit.


Dernière édition par Padävi Isväsa le Lun 7 Mai 2018 - 20:47, édité 5 fois
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MessageSujet: Les premiers pas   Le nouveau messager [Solo - Terminé] I_icon_minitimeSam 5 Mai 2018 - 0:56


Le chant des feuilles, vaguement, réveilla Padävi d'une nuit sereine sur la mousse humidifiée de la douce rosée d'Anaëh. L'éclat du soleil fendit les épais branchages feuillus, transperçant les chevelures frivoles des grands arbres. Le feu s'était éteint depuis peu à en observer la fine volute de fumée s'échapper des braises mourantes. Les petits volatiles, peuple des hauteurs, formèrent une chorale fabuleuse qui chantonna en rythme quelques louanges au jour nouveau. Se relevant, il inspira profondément, les yeux fermés, puis les rouvrit en direction du firmament bleuté, étendit ses bras, s'équipa et continua sa route, et à chacun de ses pas s'éloignait de chez lui. Et déjà tout lui manquait ; les fêtes quotidiennes aux danses et chants elfiques, les rassemblements autour du grand feu en la place de la Noss, ses rondes en compagnie de ses coéquipiers ayant grandi avec lui, ses parents l'aimant et les sages conseils du Maître Hibou. Il aspirait à les retrouver au plus vite, à regagner son petit confort personnel, son clan si paisible et isolé. Il pensait être un guerrier, un aventurier, mais dés les premiers pas à l'extérieur se voyait troubler du manque et de la solitude. Il était faible et le monde qui l'attendait serait rude, peut-être trop. Mais il avait un but et revenir sans aucun résultat n'était pas une possibilité. Alors, il marcha et, sans s'arrêter, continua ainsi quelques heures durant. Et peu à peu, les arbres se dispersèrent, la chorale des pic-verts s'estompa en le lointain et le cœur battant, l'elfe arrêta ses pas d'un mouvement brusque.

Devant lui, une route perforait la Prime Forêt. Elle étouffait la terre de milliers de pavés légèrement orangés transperçant brutalement la nature environnante comme une lame en plein cœur. Quelle abomination, pensait-t-il. Les elfes des cités s'étaient tant différenciés de la terre naturelle qu'ils la voilaient pour pouvoir la traverser. En un sens, ils haïssaient la nature tout en se convainquant du contraire en vivant loin d'elle. Les histoires du Maître Hibou au sujet des Grandes Cités de pierre l'avaient toujours captivé mais à présent l'horrifié. Il comprit que bien des choses ne lui plairait pas, qu'il devrait les surmonter et s'en tenir à ne rien dire, alors il y penserait simplement, sans jamais élever la voix, car de toute évidence les elfes des cités furent corrompus par la vie matérielle et la luxure. A vrai dire, Padävi n'avait jamais rien connu d'autres que son clan et même pour les autres races du monde qu'il ne connaissait que par de grossiers dessins et stéréotypes ; les nains étaient petits et poilus, enfermés dans leur sombre caverne mais respectueux des autres races ; les hommes faibles et avides de pouvoir en compétition permanente pour la conquête de leur propre territoire, bien incapables de se les partager entre eux, bien qu'extrêmement valeureux pour leur si courte vie ; et les elfes noirs tramant d'horribles desseins pour gouverner le monde, cloîtrés dans leur forteresse de noirceur en les bas-fonds de Miradelphia. Etait-ce vrai tout cela, se le demandait-il. Il le découvrirait par lui-même, mais pour cela devait-il maintenant s'engager définitivement sur le chemin qui le mènera au bout du monde. Il jeta un coup d'œil derrière lui, perçant de son regard vairon la dense forêt, puis se retourna face à la route du Méroca, toute première étape de son périple.


« Nous y voilà… », prononça-t-il avant de poser le pied sur le premier pavé, puis sur le deuxième et ainsi de suite.


Débuta alors le long voyage de Padävi Isväsa.
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