[demeure des Nehleän] Revoir la dame de son coeur est si doux (complot)

L’hiver avait retiré son manteau glacé et immaculé de Miradelphia, laissant un sillon sanglant un peu partout sur sa surface. Les humains s’étaient entre déchirés au nom d’une quelconque vierge et en contestation vis-à-vis de leur Roi, Abyssea avait également succombé aux affres des combats intestins et la glorieuse armée drow, qui devait marcher sur les cloportes humains et se couvrir de gloire dans le sang et les tripes, s’était contenté de misérables raids sur les frontières et de pillages d’Ithri’Vaan. Les fières phalanges de Sargthlin s’étiraient en longues rangées cliquetantes, soulevant des nuages de poussières qui maculait le désert des Terres Stériles. La silhouette majestueuse d’Elda déchirait de sa masse noire le ciel printannier qui laissait des rayons blafards réchauffer faiblement la peau sombre des guerriers. A la tête de ses fiers gardes noirs, Dartan marchait, le dos légèrement voûté par la fatigue et par la déception de cette campagne qu’il imaginait plus glorieuse que celle d’Alonna et qui s’était révélé être un raid à grande échelle, comme il y en avait des centaines chaque année. Pourtant, on pouvait déceler une petite étincelle de satisfaction dans ses yeux violets et d’ordinaire si cruelle, de la satisfaction oui, de l’impatience, de la joie même. Une saison complète loin du Puy, loin de ses geôles, loin de la Reine, et surtout, avant tout, plus que tout, loin de sa bien-aimée, qu’il avait épouser en cachette avant de partir en guerre. Loin de la mère de son futur enfant, qu’il espérait mâle, portant fièrement le nom de Ténélas, sa plus grande fierté. Il tapota sur la besace qui pendait mollement sur son flanc, un petit présent pour sa femme, qui, il n’en doutait pas, lui plairait. Il avait appris la nomination de sa chère et tendre au poste de Ditronw Da’re, honneur suprême pour la belle sorcière et, au moins, cela lui fournirait un prétexte pour lui offrir un présent, bien qu’il avait envie de la couvrir de cadeaux juste parce qu’elle était … elle.

La colonne atteignait enfin les premiers amas de lave solidifés qui marquaient l’entrée du Puy, alors que le brouhaha s’intensifiaient dans la troupe, heureuse de son retour dans leurs pénates. Le son des cors cuivrés retentit sous les frondaisons de pierre, annonçant à la population le retour du Grand Ost de Brylyan Naerth. D’ailleurs, le Karliik Glenn avait trouvé un soutien indéfectible chez ses ouailles, car même si la campagne s’avérait être un échec aux goût de cendres pour le Da’ron de la Garde Noire, les trésors récoltaient couvraient de gloire et de fierté les Sargthlins. Certes, cette campagne aurait pu être plus sanglante, mais la mise à sac de Thaar permettrait à la nation sombre de devenir plus puissante et encore mieux armée. La populace se réunissait pour faire un triomphe aux glorieux guerriers qui revenaient des combats au nord, criant leur fierté et leur joie devant l’armée victorieuse. Le souvenir des lambeaux d’armées revenant piteusement d’Alonna hantaient encore les esprits collectifs et la vision d’un ost victorieux semblait emplir de bonheur, ceux qui étaient restés au Puy. Naerth en resortirait encore plus populaire, pas uniquement aux yeux des militaires, mais à ceux du peuple également.

Après un procession digne de César revenant de conquête, les régiments reçurent l’ordre de rompre les rangs, et chaque soldat allait enfin pouvoir rejoindre son foyer. Dartan fit se réunir ses guerriers une dernière fois, inspectant rapidement l’équipement de chaque soldat, puis il les congédia avec un petit sourire, si inhabituel sur son visage, que les gardes ne purent s’empêcher d’échanger des regards incrédules. Il rompit les rangs en premier, chose encore plus inhabituelle, et se dirigea vers les quartiers nobles, le pas rapide et le cœur léger, jettant un nouveau coup d’œil à la besace, qui tapait sur sa cuisse au rythme de sa démarche, souriant une nouvelle fois. Il traversait les boyaux qui parsemaient les flancs du volcan et arriva enfin en vue de la demeure des Nehleän. Il prit une profonde inspiration satisfaite avant de frapper à la porte massive. Les gonds couinèrent légèrement alors qu’un esclave chétif ouvrit la porte, avant d’écarquiller les yeux devant la vision de son maître. Il baissa soudain les yeux, se rappelait la morsure du fouet la dernière fois qu’il avait osé dévisager Ténélas. Dartan se pencha légèrement en souriant avant de s’adresser à l’esclave.

Préviens mon épouse au lieu de rester planté là.

Alors que l’esclave filait prévenir Y’Shahinn, Dartan se fit entourer par de nouveaux larbins qui lui otèrent son plastron finement décoré rapidement, puis l’emmenèrent pour le nettoyer. Ténélas plongea ses mains dans la petite bassine que portait une jeune esclave et se lava le visage, otant la poussière qui s’était incrusté dans les creux de son visage. Soudain, le plancher craqua légèrement et fit se retourner le drow, alors que les gouttes ruisselaient toujours le long de ses traits, qui s’étirèrent en un sourire amoureux, alors que ses yeux semblaient contempler la plus grande merveille que Miradelphia comptait. D’ailleurs à ces yeux, cette image était la réalité. Il se précipita vers elle sans un mot, et l’embrassa sans réfléchir, avec toute la passion et la fougue qu’il avait du réfréner pendant si longtemps. Le contact de ses lèvres était si doux qu’il n’arrivait plus à se dégager du baiser ardent de sa tendre compagne. Il parvint enfin à désouder ses lèvres de celles, pulpeuses, de Y’Shahinn pour lui dire.

Bonjour belle sorcière

Puis, un petit sourire au coin des lèvres, il se recula légèrement et s’inclina, joueur.

Oh … Pardon … Ditronw Da’re

Le temps suivait son cours tout comme les saisons et les personnes. Mais aujourd'hui était un jour animé dans le Puy. En effet l'Ost parti semer la mort dans les contrées humaines revenait parmi les Drows. L'expédition avait été un peu plus courte par rapport aux dernières grandes invasions, les rigueurs de l'hiver ou les combats ayant dus probablement précipiter le retour vers la cité des Drows. Mais le retour s'était fait différemment par rapport à Alonna où l'armée était revenue assez meurtrie. Cette fois les pertes étaient faibles, signe que de gros combats n'avaient pas eu lieu. Le faible taux de perte avait de quoi réjouir les populations du Puy, les Drows ne renouvellaient pas rapidement leurs rangs et chaque survivant pouvait resservir pour de futures expéditions. L'armée allait sûrement repartir en campagne lors de la prochaine belle saison mais pour le moment chacun pouvait bénéficier d'un temps de repos parmis les siens et s'enquérir des derniers changement dans la vie du Puy.
Car des changements il y en avait eu. La cité n'était pas restée inactive durant l'absence des soldats. Certes la Reine restait toujours cloitrée dans son palais avec son fils mais ses sujets avaient continués à faire prospérer les organisations des Drows.
Mais beaucoup voyaient cette inactivité du pouvoir comme un fléau planant sur le Puy. Le retour triomphant d'un des membres du Triumvirat avait de quoi susciter bien des questions sur l'inactivité de la Reine alors que d'autre se taillaient une réputation défiant son propre prestige. Parmis les nobles, les complots avaient repris de plus belle et, pour éviter un morcellement du peuple Drow en faction, il fallait faire relever la tête au pouvoir. Les premiers changements avaient été opérés par les sorciers du Crnos qui ne voulaient plus rester dans l'inactivité. La direction de ce corps d'élite avait été remplacée à la suite d'un duel entre l'ancien dirigeant et la Sorcière de Glace. La Reine n'avait guère appréciée voir l'un de ses favoris être renversé par sa propre Dame de compagnie mais, au vu des soutiens dont elle disposait parmis les sorciers et devant la nécessité de relever le Crnos, elle n'avait pu punir ce renversement.
Cette prise de contrôle du Crnos avait mis en route d'autres projets secrets qui visaient à transformer la société des Drows mais cette partie était ourdie par les nobles et les politiques, bien qu'ils possédent des appuis parmis les sorciers. Dès à présent les prochains événements au Puy pouvaient se réaliser, il suffisait juste que la bonne personne tissa les bonnes relations.

Dans cette agitation de retour d'expédition, la Sorcière n'avait pas pu ne pas entendre le retour de l'Ost. Ce retour signifiait plusieurs choses pour elle. D'abord il augurait de nouvelles perspectives pour elle-même dans sa conquête pour se hisser au siège qui lui reviendrait bientôt dans la chambre magmatique. Mais il annonçait aussi le retour de celui qui était devenu son époux avant le départ des guerriers, un époux qui était également le père de l'enfant qu'elle portait.
Mais Dartan était également le Chef de la Garde de Aetherya et à ce titre il était important pour les projets de la Sorcière. En effet elle ne pouvait continuer son ascencion sans s'enquérir de la position de son mari car ses ambitions signifiaient que Dartan était un certain obstacle qu'il fallait franchir. Mais elle restait confiante dans ses capacités de persuasion. Après tout elle possédait bien des atouts pour rallier son mari à son propre parti.
Dartan venait de rentrer chez lui. Depuis qu'il s'était amrié avec Y'Shahinn, le Drow passait le clair de son temps en sa compagnie dans la demeure de la sorcière. Le fait qu'elle était enceinte de lui avait fait que le Drow n'arrivait plus à la quitter, d'ailleurs il venait de venir à elle avec le plus empressement.
Y'Shahinn le laissa se laver un peu pour enlever la poussière qui maculait son visage mais, à peine avait elle eu le temps d'arriver dans son dos, qu'il s'était précipité vers elle pour l'embrasser avec passion.
Le fait qu'elle avait des projets pour lui ne l'empêchait pas d'être très proche de celui qui était son mari et elle répondit avec le même amour au baiser qu'il lui adressa. La Sorcière avait enserré son bras autour du cou de Dartan pour mieux le rapprocher de lui tandis son autre main caressait le corps de celui dont elle avait été séparée trop longtemps à son goût. Mais elle ne pouvait pas vraiment se serrer contre lui car son ventre avait pris une certaine rondeur depuis le départ du Drow, au travers de la robe qu'elle portait on devinait aisément sa grossesse qui avancait.

Bonjour mon cher époux.

Dartan eu du mal à se séparer d'elle et, lorsqu'il le fit, c'est aussitôt pour parler du nouveau rang de la sorcière. Visiblement les nouvelles de sa promotion avaient été portées jusqu'à l'Ost en guerre. Cela la fit sourire d'amusement lorsque Dartan s'inclina légérement devant elle. Elle resta debout devant lui pour qu'il s'aperçoit des changements qu'il y avait eu en elle et autour d'elle.

Je vois que tu t'es tenu au courant de ma situation malgré ton éloignement. Je suis en effet le nouveau Ditrown Da're, je voulais t'en faire la surprise mais on ne peut empêcher les rumeurs de circuler.
Et toi ? qu'a tu à raconter de ton départ en guerre ?

Ses magnifiques lèvres se fendirent d’un sourire amusé par l’attitude de son époux, au grand ravissement de ce dernier, qui contempla le visage ravissant, ainsi illuminé. Sa voix suave s’enquit du sort du drow, pendant cette expédition, qui se disait glorieuse et mortelle.

Je vois que tu t'es tenu au courant de ma situation malgré ton éloignement. Je suis en effet le nouveau Ditrown Da're, je voulais t'en faire la surprise mais on ne peut empêcher les rumeurs de circuler.
Et toi ? qu'a tu à raconter de ton départ en guerre ?

Ses sourcils se froncèrent légèrement à l’évocation de la dite guerre. Il prit sa bien-aimée par la main et se dirigea vers le salon, lieu plus adéquat pour continuer la conversation qui s’engageait. Alors qu’ils marchaient lentement, Ténélas renseigna la belle sorcière.

Plus que des rumeurs à ton sujet … Les membres du C’nros de l’Ost ont annoncés avec une certaine joie, la nomination de la Sorcière de Glace au poste de chef de leur ordre.

Ils entrèrent dans le salon, où les sofas pourpres s’étalaient toujours dans la pièce richement décorée. Il jeta un regard amusé au lieu de leur première rencontre charnelle, puis il poursuivit, un petit sourire aux coins des lèvres.

Une Sorcière de Glace digne d’occuper ce poste … Il n’y a que toi qui en est capable, chère amie … Quand à la guerre …

Il déposa un petit et doux baiser sur les lèvres de Y’Shahinn, et l’invita à s’asseoir d’un geste léger de la main, tentant de ne pas lorgner sur le ventre légèrement arrondie de sa femme. Il brûlait de savoir comment se portait l’enfant, mais sa fierté de mâle lui intimait l’ordre de répondre aux interrogations de sa belle amante.

Moi qui espérait connaître le plaisir des combats et la joie de faire ramper ces misérables humains … Nous nous sommes contentés de piller Ithri’Vaan et les frontières. Point de bataille glorieuse, point de campagne sanglante … Tu me retrouves déçu de cette expédition, Y’Shahinn. Crois-moi, tu n’as rien loupé !

Il eut un petit rire nerveux, un pouffement presque, puis négligemment, il posa la main sur le ventre de la jolie sorcière, caressant les rondeurs charmantes du bout de ses doigts fins, n’osant presque pas toucher de peur de faire mal à la mère et à l’enfant. Il releva les yeux pour plonger son regard dans celui de son épouse, avant de poursuivre.

Et toi, ma douce compagne … Quelles nouvelles du Puy ?

Il baissa les yeux vers l’écrin qui accueillait leur enfant et il ajouta, effleurant plus qu’il n’osait toucher

Comment va-t-il ?

Dartan semblait ne pas évoquer la guerre en public devant les esclaves. C'était là étonnant vu le retour triomphant auquel avait eu droit l'Ost lorsqu'il était revenu au Puy. Les choses s'étaient elles passées d'une moins bonne manière que les rumeurs ne le prétendaient ? Le Drow ne souhaita pas répondre sur le champ et entraîna la Sorcière vers le salon. Y'Shahinn ne pouvait qu'apprécier l'ironie de la situation. C'était exactement dans cette pièce que les deux amants s'étaient donnés l'un à l'autre pour la première fois. La Sorcière revenait de la guerre alors que le Capitaine avait dû rester au Puy. A présent la situation était inversée mais elle ne risquait pas de se terminer de la même façons que la première fois, il y avait plus en jeu que de simples retrouvailles de couple.
Le Drow lui indiqua qu'il avait appris sa nomination à la tête des sorciers par les membres du Crnos accompagnant l'Ost. Elle pouvait comprendre le fait que ses subordonnés s'étaient empressés à diffuser la nouvelle, après tout l'ancien Ditrown Da're ne bénéficiait pas à l'époque d'une bonne réputation parmis ses sujets. L'arrivée de la sorcière à la tête de l'unique contingent indépendant de l'armée avait eu de quoi susciter des remous et de grandes attentes face à une oisiveté maladive qui consumait le Puy petit à petit.
Dartan semblait très satisfait de cette nomination, il ne voyait qu'elle à ce poste. La Sorcière se demanda intérieurement ce qu'il en penserait de savoir que sa femme visait encore plus haut dans la hiérarchie.

Mais le Drow préféra enchaîner sur la guerre. L'expédition s'était avérée plutôt décevante par rapport aux dernières. Juste quelques pillages, pas de gros combats, en somme une promenade de santé pour une armée qui avait grand besoin de se dérouiller. Dartan était assez déçu, il avait déja manqué la bataille d'Alonna et il avait mis beaucoup d'espoirs dans cette expédition mais au final c'était beaucoups de moyens pour peu de résultats.
Mais de son coté Y'Shahinn était déçue de sa vie au Puy alors que Dartan guerroyait. L'oisiveté du Puy avait fait qu'elle aussi avait des ressentiments. Si les nobles n'avaient pas commencçés à bouger durant l'absence de l'armée Dartan aurait trouvé que l'expédition à laquelle il venait de participer aurait un goût de voyage extraordinaire comparé à la morosité de la cité.
Mais, d'un autre coté, le fait qu'il y ai eu très peu de combat avait fait que son mari lui revenait indemne. Y'Shahinn savait que le risque de décès dans un combat était aussi élevé pour lui que pour elle mais elle aurait regrettée que son enfant n'ait jamais connu son père.
Elle en était au tiers de sa grossesse et vu l'intérêt que portait Dartan à son enfant elle aimerait qu'il le porte un jour dans ses bras. Mais avant cela il y avait plus important à décider.

Souriant légérement à la question de Dartan sur la santé de l'enfant, la Sorcière se saisit de la main du Drow et la posa sur son ventre. Dartan ne faisait que l'effleurer de ses gestes, la Drow l'autorisait donc à toucher pleinement les changements que son corps avait subit et surtout le ventre qui contenait son futur enfant.

L'enfant se porte bien Dartan. Tu n'a pas idée du nombre de petites attentions auquel à droit une femme enceinte au Puy. N'ai aucune crainte, notre enfant est précieux et je compte bien veiller dessus.

La sorcière scella ses paroles par un tendre baiser déposé sur les lèvres de son époux. Elle avait préférée aborder le sujet de l'enfant avant celui du Puy car la discussion allait être tout autre.

Quand aux nouvelles du Puy .. Elles sont plutôt moyennes. Le silence s'est installé dans la cité et il y en a plus d'un que cela attriste. La Reine vit recluse dans ses appartements avec son fils et ne dirige plus les affaires du palais. Moi-même, sa Dame de compagnie, n'est plus vraiment d'une quelconque utilité pour elle. Et en cela c'est dérangeant. On en a vu les effets sur le Crnos : les sorciers sombraient peu à peu dans l'oisiveté et la paresse à l'image de leur Reine. C'est en partie pour cette raison que j'ai du renverser l'ancien Ditrown Da're : afin de redonner un semblant d'ordre parmis les sorciers.
Mais tu sais Dartan ... bien qu'aujourd'hui je sois à la direction de tout les mages de la cité je ne comptes pas en rester là. Mais pour la suite je me dois de t'en parler car tu es directement impliqué.

Y'Shahinn se sépara de son mari pour le fixer droit dans les yeux. La conversation sérieuse avait débutée et ce qu'il allait se décider en cet instant risquait de fortement ébranler le couple ou alors le souder d'autant plus.

Dartan sentit les doigts fins et délicats de la sorcière presser légèrement les siens, l’invitant à toucher plus franchement le berceau de la vie. Sa paume entra en contact avec la peau lisse at arrondie de son épouse. Il laissa échapper un petit souffle surpris, une exclamation silencieuse et ravie. Dire que sous sa paume, au cœur de la chaleur de la sorcière, grandissait son enfant, son fils ou sa fille, à vrai dire il s’en moquait, même si il prétendait qu’un fils naîtrait et qu’il en serait fier, l’enfant de cette drow, de cette sorcière qui avait su emprisonner son cœur, cette princesse des glaces qui avait su enfermer son esprit dans son royaume gelé, pour son plus grand plaisir et à son plus grand étonnement. Le cruel, le terrible, le sadique Da’ron de la Garde Noire n’avait qu’elle en tête. Elle le rassura sur la santé de l’enfant.

L'enfant se porte bien Dartan. Tu n'a pas idée du nombre de petites attentions auquel à droit une femme enceinte au Puy. N'ai aucune crainte, notre enfant est précieux et je compte bien veiller dessus.

Elle l’embrassa, tendrement, fougueusement, idéalement en fait. Le genre de baiser qui vous fait vous sentir bien, un fissure dans l’espace temps où il vous semble entendre des petits oiseaux et voir gambader des lapins roses, où votre vocabulaire s’échappe de votre esprit pour décrire cette sensation, qui vous arrache un sourire immuable, même chez l’individu le plus désespéré et blasé. Y’Shahinn poursuivit son compte rendu, presque aussi militairement que son époux, qui visiblement commençait à déteindre sur son épouse.

Quand aux nouvelles du Puy .. Elles sont plutôt moyennes. Le silence s'est installé dans la cité et il y en a plus d'un que cela attriste. La Reine vit recluse dans ses appartements avec son fils et ne dirige plus les affaires du palais. Moi-même, sa Dame de compagnie, n'est plus vraiment d'une quelconque utilité pour elle. Et en cela c'est dérangeant. On en a vu les effets sur le Crnos : les sorciers sombraient peu à peu dans l'oisiveté et la paresse à l'image de leur Reine. C'est en partie pour cette raison que j'ai du renverser l'ancien Ditrown Da're : afin de redonner un semblant d'ordre parmis les sorciers.

La Reine est toujours inactive … Ca en devient préoccupant pour son sort …

La phrase avait échappé au drow, mais le constat était là, et la menace pouvait être bien réel. Au fil de ses paroles, ses traits s’étaient resserrés, et le ton s’était fait plus amer, elle s’était séparé de lui, quittant cette tendre étreinte. Dartan arqua un sourcil devant les propos de la sorcière et posa son index sur le pli de sa lèvre supérieure, incrédule. Il semblait réfléchir, puis il se mit à sourire, résolu à rendre le sien à la dame de son cœur. Il se saisit de la besace qui pendait mollement à son flanc, le ventre gonflé par le présent qu’il portait depuis les lointaines contrées d’Ithri’Vaan, mais elle poursuivit

Mais tu sais Dartan ... bien qu'aujourd'hui je sois à la direction de tout les mages de la cité je ne comptes pas en rester là. Mais pour la suite je me dois de t'en parler car tu es directement impliqué.

Il avait plongé sa main dans le sac et s’apprêtait à en sortir le présent mais il marque un temps d’arrêt. Ses yeux se plissèrent, légèrement suspicieux et ses traits ainsi que le ton se durcirent légèrement.

Tu veux encore plus que le titre de Ditronw Da’re ? …

Il chercha à retenir un sourire, puis il tira son cadeau de sa cachette, le brandissant vers elle. Un grimoire couvert d’un cuir devenu râpeux avec le temps et noir, gravé de lettres sylphides dans lesquelles reposait de fines feuilles d’or. Les pages usées et parcheminées semblaient innombrables. Il poursuivit

Peut-être ceci t’y aidera ? J’ai trouvé ce grimoire dans les ruines de la bibliothèque de Thaar. Il est question d’arcanes de Vaan et autres petites choses qui devraient t’intéresser.

Malgré sa surprise, Dartan gardait la tournure de la discussion en tête, et il avait bien sentit le sérieux que prenait la conversation, aussi avait-il préféré en terminer lui aussi avec ses frivolités.

Il était suprenant de voir comment l'amour avait transformé le capitaine de la garde sadique et cruel en un grand enfant sucré et émerveillé par les bases de la vie. C'était peut être pour cela que l'amour n'était vraiment apprécié des Drows, les changements psychologique étaient le contraire de la dureté qui caractérisait cette race. Mais, au fin fond de cette demeure située à l'intérieur du Puy il n'y avait pas lieu de se poser des questions dessus. La Sorcière avait choisie ce Drow comme étant celui qui serait le père de son enfant et aussi celui qui partagerait des grands moments de sa vie. A partir d'aujourd'hui il serait peu être plus, cela dépendrait de sa position qui ne demanderait aucune équivoque.
Dartan semblait inquiet pour la Reine. Le fait que Aetherya restait inactive au sein du pouvoir avait en effet de quoi inquièter le capitaine de sa garde car il en était beaucoup qui souhaitaient que cela change. Et le changement ne pouvait s'effectuer qu'en évincant la Reine de son trône ou attenter à sa vie. Donc oui la situation devenait inquiètante sur son sort et cette phrase fit sourire discrétement la Sorcière.
Dartan ne pouvait le savoir encore mais la machine pour renverser la reine était déja en marche et que sa propre femme qui se tenait à coté de lui faisait partie des conjurés. Après tout, elle avait pris le contrôle du Crnos par la force, la seule force non affiliée à l'armée dépendant de la Reine elle-même. Il était évident, en y réfléchissant un peu, qu'elle ne comptait pas en rester là. Mais pour cela, elle devait s'assurer de la partialité de Dartan, allait il suivre sa femme dans son ascencion ou allait il rester fidèle à la Reine, lui qui était responsable de sa sécurité ? Un choix difficile mais néanmoins crucial. S'il restait fidèle à la Reine, il ne trahissait pas sa parole et le serment d'allégeance qu'il avait honoré jusque là. Mais en retour il perdait sa femme et surtout l'enfant qu'il chérissait tant. Il risquait donc de jouer à pile ou face à ce petit jeu.

Mais, bien qu'ayant retenu l'ambition de sa compagne, il préféra lui offrir un souvenir de son expédition avant d'aborder des sujets plus sérieux. Il avait ramené un vieux livre d'arcanes trouvé lors du pillage. La Sorcière ne savait pas que la bibliothèque de Thaar pouvait posséder des ouvrages plutôt intéressants. Il ne s'agissait pas là d'un ouvrage magique mais il expliquait en détail les arcanes de cette région. C'était une mine d'informations dont la Sorcière pouvait raffoler. En effet, comprendre les arcanes de l'ennemi et leur fonctionnement pouvait aider grandement dans les futurs affrontements du Crnos contre les magiciens adverses. Ce livre qui lui était offert allait donc être particulièrement étudié et déchiffré par la Sorcière au cours des prochains jours.
Y'Shahinn adressa un sourire de ravissement lorsque Dartan lui fit cadeau de ce livre, le Drow avait le don de trouver des cadeaux qui lui faisait plaisir. Elle le remercia en l'embarssant avant de commencer aussitôt la lecture de l'ouvrage.
Mais elle n'avait pas oubliée ses paroles et elle reprit la conversation initiée avec son mari.

En effet, devenir Ditrown Da're n'est guère utile face à la déchéance que subit le Puy en ce moment. Si nous laissons la situation empirer alors la société des Drows risque de se morceller en factions ennemies. Le mécontentement a gagné la cité depuis Alonna et tu sais que les Drows n'aiment absolument pas l'inaction. C'est pourquoi il nous faut repenser à l'organisation de notre société afin de lui restaurer sa grandeur aujourd'hui sur le déclin. Je ne serais guère étonnée que la Reine ne voit son autorité remise en doute, surtout après le retour triomphant d'un membre du Triumvirat.
J'ai ralliée à moi chaque Sorcier du Puy mais cela ne sera pas suffisant pour corriger la situation, le Crnos est toujours limité à sa propre condition.
Pour avoir un vrai poid dans la reconstruction de l'honneur de la cité je dois prendre place dans la Chambre Magmatique. Je dois acquérir le titre de Prime Sorcière, Dartan.

Les dés étaient jetés parmis le couple. Y'Shahinn venait officiellement d'annoncer son ambition de prendre la place sociale d'Aetherya : prendre la plus haute place magique de la société des Drows. La Sorcière observa le regard de son compagnon, allait il la voir désormais comme une ennemie ?

Un nouveau tendre et délicat vint remercier Dartan pour son présent, dernier acte doux de la conversation, du moins pour l’instant. La voix de la sorcière se fit hésitante mais déclama les ambitions d’Y’Shahinn.

En effet, devenir Ditrown Da're n'est guère utile face à la déchéance que subit le Puy en ce moment. Si nous laissons la situation empirer alors la société des Drows risque de se morceller en factions ennemies. Le mécontentement a gagné la cité depuis Alonna et tu sais que les Drows n'aiment absolument pas l'inaction. C'est pourquoi il nous faut repenser à l'organisation de notre société afin de lui restaurer sa grandeur aujourd'hui sur le déclin. Je ne serais guère étonnée que la Reine ne voit son autorité remise en doute, surtout après le retour triomphant d'un membre du Triumvirat.
J'ai ralliée à moi chaque Sorcier du Puy mais cela ne sera pas suffisant pour corriger la situation, le Crnos est toujours limité à sa propre condition.
Pour avoir un vrai poids dans la reconstruction de l'honneur de la cité je dois prendre place dans la Chambre Magmatique. Je dois acquérir le titre de Prime Sorcière, Dartan.

Au fil des mots, l’expression souriante de Dartan s’était mué en un rictus mauvais. Son regard, d’ordinaire si doux lorsqu’il contemplait son épouse, s’était mué en observation mauvaise. Il resta sans voix dans un premier temps, tentant de se convaincre qu’il rêvait, qu’il avait mal compris, qu’elle lui faisait une farce. Les mots s’écoulèrent au même titre que sa colère qui éclatée progressivement.

Prime Sorcière ? … N’as-tu pas honte de parler ainsi ? … Prime Sorcière !! … Prendre la place de la Reine de tous les drows ! Tu parles de grandeur ! Tu parles de déclin et pourtant, jamais notre race n’a été aussi puissante ! Et tu annonces ça à moi ! Da’ron de la Garde Noire ! Au garde du corps de la Reine, en personne.

Il se leva, renversant une table basse qui se trouvait à proximité, brisant le vase sombre qui trônait en son centre. La rage lui piquait le nez et serrait ses entrailles l’une contre l’autre. Il avait bien entendu des rumeurs sur ces révolutionnaires, mais qu’elle soit impliqué le retourner totalement. Ses mâchoires se serraient machinalement sous l’emprise de la fureur et il arpentait le salon comme un lion en cage qui attendait sa pitence. Sa respiration se faisait courte, alors que les murmures de rage qu’il attribuait à Kiel commençait leur chant funeste dans un coin de sa tête, luttant avec celles plus éthérées de l’amour qui avaient papillonées depuis le début de cette rencontre. Les mots fusèrent de plus en plus vite.

Ton ambition a-t-elle dévorée ta raison ? … Je devrais te tuer pour avoir prononcer ses mots ! … La mère de mon enfant est une traîtresse ! Quelle déchéance !!

Une larme perla le long de sa joue, involontairement. De rage ? De déception ? Qui sait ? … Il l’essuya d’un geste rageur, tentant de retrouver un contenance et laissant à la sorcière le temps d’ajouter quelque chose avant que la situation ne dérape totalement.

Comme prévu la nouvelle ne faisait du tout plaisir à Dartan qui éclata dans une colère noire. Le mari aimant et tout guilleret avait cédé la place à un Dartan colérique et violent qui ne se gêna pas de renverser les meubles qui se trouvaient sur son passage. Au milieu de cette débauche de colère la Sorcière s'était également levée mais restait des plus calmes envers la colère de son mari. La suite logique dans son ascencion sociale était bien sûr le titre de Prime Sorcière, un titre qui ferait d'elle la représentante officielle de la magie dans le Puy d'Elda. De cette place elle serait affranchie de toutes contraintes, pas de général ou de roi au dessus d'elle pour lui dire quoi faire. Certes la place était déja prise mais un titre détenu par une personne qui se morfond dans l'inactivité ne signifiait rien. Dartan avait beau être le Da'ron de la Garde Noire la sorcière ne pensait pas qu'il aimait voir Aetherya rester oisive et contraindre sa garde à faire le pied de grue devant sa porte en vain.
Mais, face à la colère du Drow, la Sorcière ne montrait aucune honte ni remord. Elle restait droite et fière, confortée dans ses motivations.

Dartan calme toi .. La nation Drow est forte c'est vrai mais réfléchis un instant. Pouvons nous nous permettre, alors que nous sommes si puissants, que notre dirigeant se mure dans le silence et l'inactivité ? J'ai vue de mes propres yeux les efferts pervers de cette inaction parmis le Crnos et certains des soldats de l'armée. Je ne cherche pas à conquérir le titre de Prime Sorcière uniquement pour mon but personnel et je pense que tu a du le comprendre déja.

Y'Shahinn ne quittait pas Dartan des yeux. Elle savait que le Drow pouvait se montrer violent à son égard et le fait qu'elle soit enceinte de lui n'importait que peu dans ce genre de situation. Il fallait avant tout qu'il retrouve son sang-froid. Elle s'approcha doucement de lui, tout en restant alerte. Son regard dur s'adoucit un peu et elle lui parla avec une tendresse affirmée.

Ne dis pas que ta femme est une traîtresse. Je ne sais que trop bien que tu es le Da'Ron de la Garde Noire et c'est justement pour cela que je t'en parle. Dartan, tu es précieux pour moi. Tu es le père de mon enfant et je ne souhaitais personne d'autre dans ce rôle. Je ne me suis pas offerte à toi par pur intérêt.
Mais comprend moi .. souhaite tu que ton enfant souffre d'une société oisive ?
Je n'ai jamais dis que je souhaitais devenir Reine des Drows, je souhaite juste évincer la Reine de son Rang de Prime Sorcière. Une fois ce titre acquis, je ré-organiserais la vie magique dans le Puy afin que jamais les fondements de notre peuple ne soient menacés par l'usure et la dépravation. Nous resterons fort et puissants.

Et moi, je resterais ta femme quoi qu'il arrive. Ma raison ne s'en est aucunement allée, je sais exactement ce que je souhaite et à quelle place je souhaite être. Et ces souhaits comprennent le fait que je veux rester à tes cotés en tant qu'épouse. Alors je t'en prie, ne te met en colère ainsi.

Dartan faisait les cent pas, nerveux et agité, alors que ses mâchoires se servaient machinalement pour ravaler des mots furieux. Sa main frottait nerveusement ses lèvres, comme pour empêcher ses paroles furieuses de s’échapper de sa bouche. La sorcière continua son réquisitoire, sans se décontenancer.

Dartan calme toi .. La nation Drow est forte c'est vrai mais réfléchis un instant. Pouvons nous nous permettre, alors que nous sommes si puissants, que notre dirigeant se mure dans le silence et l'inactivité ? J'ai vue de mes propres yeux les efferts pervers de cette inaction parmis le Crnos et certains des soldats de l'armée. Je ne cherche pas à conquérir le titre de Prime Sorcière uniquement pour mon but personnel et je pense que tu a du le comprendre déja.

Ténélas lançait des regards noirs, mais baisser rapidement les yeux lorsqu’il croisait celui de son épouse. Non pas par faiblesse, mais de crainte de lancer quelques mots trop hauts, qui pourrait être irréparables. Il entendait plus qu’il n’écoutait les paroles de sa femme.

Ne dis pas que ta femme est une traîtresse. Je ne sais que trop bien que tu es le Da'Ron de la Garde Noire et c'est justement pour cela que je t'en parle. Dartan, tu es précieux pour moi. Tu es le père de mon enfant et je ne souhaitais personne d'autre dans ce rôle. Je ne me suis pas offerte à toi par pur intérêt.
Mais comprend moi .. souhaite tu que ton enfant souffre d'une société oisive ?
Je n'ai jamais dis que je souhaitais devenir Reine des Drows, je souhaite juste évincer la Reine de son Rang de Prime Sorcière. Une fois ce titre acquis, je ré-organiserais la vie magique dans le Puy afin que jamais les fondements de notre peuple ne soient menacés par l'usure et la dépravation. Nous resterons fort et puissants.

Et moi, je resterais ta femme quoi qu'il arrive. Ma raison ne s'en est aucunement allée, je sais exactement ce que je souhaite et à quelle place je souhaite être. Et ces souhaits comprennent le fait que je veux rester à tes cotés en tant qu'épouse. Alors je t'en prie, ne te met en colère ainsi.

Au fur et à mesure du discours, le drow réalisait l’ampleur du plan. Elle avait touché des points sensibles. Le Da’ron méprisait bien des choses, mais l’oisiveté et l’inactivité galopante étaient en tête de liste. Ses pas s’étaient ralentis, et la fureur s’apaisait, le laissant bougon mais silencieux. Lui aussi, il tenait à elle et, il y a encore quelques instants, il aurait bu ses paroles comme un nectar divin. Il se rassit lourdement, plongeant dans ses pensées, livré à un dilemme affreux. La fidélité à sa Reine et à son devoir, ou la fidélité à sa si belle épouse et à son cœur. Il resta immobile un long moment, pesant le pour et le contre, tellement hypnotisé par son problème qu’il ne décelait plus les sons. Y’Shahinn parlait-elle encore ? Soudain, il releva les yeux, elle s’était rapproché de lui et, à mi-voix, il lui dit.

Garantis-moi sa survie.

La Sorcière avait pu calmer quelque peu le Da'ron au fur et à mesure de ses paroles. Dartan semblait fléchir devant elle mais il restait passablement énervé. Y'Shahinn ne tenta pas de le retenir lorsqu'il alla s'asseoir sur le divan, semblant réfléchir à la situation et aux aproles qu'il avait entendu.
Sa femme comptait bien le rallier à sa cause, après tout il était aussi proche physiquement de la Reine qu'elle même pouvait l'être de son coté. Les deux Drows étaient habitués au pouvoir et au palais, ce n'était que justice qu'ils se fassent une place sur un espace vide qui ne s'opposerait pas à leurs efforts.
La situation dans le Puy allait vite évoluer avec le retour de l'armée et si Dartan manque le départ alors cela serait une trop belle occasion de manquée.
Dans les prochains jours la Reine serait "renversée", Dartan se retrouverait à la tête d'une garde n'ayant plus rien à protéger. Il était inconcevable pour lui de retourner dans l'anonymat. Il lui resterait alors l'occasion de mettre ses efforts aux services de son épouse qui deviendrait la plus haute autorité magique du Puy, insoumise à l'armée et faisant partie des membres triés sur le volet de la chambre Magmatique. Elle était la dirigeante du Cnros et allait devenir la Prime Sorcière des Drows, Dartan était directement impliqué et c'était à lui de faire un choix.

Y'Shahinn connaissait son mari et elle savait que ses paroles avaient eu le don de toucher à ses convictions profondes. Elle ne comptait pas en faire son pantin mais le mari de celle qui attendrait le sommet de sa carrière, elle qui était issue d'une noblesse modeste.
La Sorcière resta silencieuse le temps que Dartan finisse de remettre ses pensées en place. Le silence devenait pesant entre les deux conjoints et cela inquièta la Sorcière. Ne rien dire était source de mauvaise augure, peut être ne s'était elle pas suffisament montrée convaincante.
Elle s'approcha de Dartan, essayant d'obtenir une réponse de sa part.
Et elle en obtint une, mais une réponse sous la forme d'une demande. Dartan semblait ne pas vouloir la perte de la Reine et lui demandait de garantir sa survie. Cela gêna intérieurement la Sorcière, il n'avait pu se défaire de son serment d'allégeance à Aetherya. Y'Shahinn savait ce qui allait se passer mais elle ne pouvait véritablement garantir la survie de la Reine lors de la prise de pouvoir. Elle tenta néanmois de répondre à la demande qui venait de lui être formulée.

Je n'ai nullement l'intention de tuer la Reine. Dartan, mon objectif est de l'évincer mais pas d'attenter à sa vie. Donc oui, Aetherya vivra tu en a ma promesse.

Les mots de Dartan avaient sonnés comme une éloge funèbre, sans véritable ton.Les faits étaient simples et sa conclusion était implacable. Il devait s’assurer de la vie d’Aetherya, à tout prix, sous peine de perdre son honneur, bien que cette notion est très malléable, surtout chez les sombres. Pourtant, Dartan était drow et pourtant son serment était important pour lui, une sorte de chevalier servant la cruauté et la violence, alors que chez les autres races, on sert la veuve et l’orphelin. Il lcroisa le regard de son épouse et il serra les dents, alors qu’il constatait une fois de plus sa faiblesse amoureuse face à son devoir. Il l’aimait. Oh oui, il l’aimait, et il se maudissait en cet instant d’avoir succombé à la douce voix de Cupidon. Elle parla calmement, semblant s’adresser à un jeune étalon nerveux, fit des gestes lents et rassurants, comme pour continuer d’apaiser la bête qui sommeillait sous la peau sombre de son mari.

Je n'ai nullement l'intention de tuer la Reine. Dartan, mon objectif est de l'évincer mais pas d'attenter à sa vie. Donc oui, Aetherya vivra, tu en as ma promesse.

Cette réponse lui suffit, il lui faisait confiance, mais il sentit sa langue transpirer un goût cuivré et désagréable, alors que ses boyaux semblaient prendre un malin plaisir à faire des nœuds. Son visage restait tendu, il ne pouvait se résoudre totalement à la trahison, il ne put s’empêcher d’engager une meilleure garantie.

Promets le sur la vie de notre enfant …

Sa voix était enrouée, comme celle d’un vieillard. Les mots qui scelleraient sa trahison semblaient douloureux à prononcer et éraillèrent, presque logiquement, sa voix. Il lança un regard plein d’espoir mais déterminé vers sa belle sorcière. Il se tourna vers elle et eut un bref sourire, puis il ajouta.

Promets le sur l’enfant et je t’aiderai …

L'affaire était réglée, Dartan avait accepté en lui-même l'idée que la Reine allait se faire renverser. C'était la meilleure solution pour lui. Certes il allait faillir à son devoir de protection mais Y'Shahinn allait planifier la disparition d'Aetherya de manière à ce que cela ne puisse pas être reprochée à son époux. Dartan allait acquérir une position assez confortable pour lui, il serait le mari d'une représentante de la chambre magmatique, il ne serait affilié à aucun senger de l'armée et surtout il verrait son enfant grandir. En son for intérieur la Sorcière n'aurait pas voulu écarter de force son mari s'il s'était avéré contre le projet de prise du pouvoir.

Mais, sur l'heure la Sorcière était satisfaite. Le complot allait connaître son dénouement dans les prochains jours lorsque Aetherya sortira de ses appartements pour effectuer son entrainement magique. Y'Shahinn serait alors nommée Prime Sorcière en remplacement du siège vacant, les Drows ne pouvant se passer d'une représentante de la magie dans le Puy.
Dartan semblait se calmer peu à peu. Il semblait encore tiraillé entre ses serments et l'amour qu'il vouait à sa femme. Mais telle était la nature des Drows, une femme enceinte était plus précieuse qu'un titre ou qu'une ambition personnelle. Le coeur du Drow était dévoué à son épouse et cela lui fit accepter ce qu'il s'apprêtait à dénoncer juste avant.
Mais il ne put s'empêcher de demander une autre garantie, celle de jurer sur l'enfant que la Reine ne serait pas tuée. Cela gêna la Sorcière de devoir mettre en jeu sa propre progéniture, Dartan allait un peu trop loin.
C'était Y'Shahinn qui se chargerait d'évincer la Reine grâce à sa magie, sa parole devrait donc suffire.
Mais le regard et la voix de son mari lui indiquèrent qu'il était encore en balancement, la situation était dure pour lui.
La Sorcière alla s'asseoir à ses cotés, le regardant dans les yeux. Une fois de plus, elle prit sa main et la déposa sur son ventre. Il ne restait que quelques mois de grossesse avant qu'elle n'arrive à terme et il le savait. Elle lui avait promis de rester à ses cotés et c'était bien ce qu'elle comptait faire.

Je le promet sur notre famille Dartan. Fais moi confiance.

Elle promit, elle engagea non seulement l’enfant, mais la famille entière, l’union de leurs cœurs et de leur sang. Elle avait pris sa main et l’avait posé sur son ventre délicatement arrondi. Il acquiesca, l’air un peu perdu, sonné par sa trahison et la facilité avec laquelle il bafouait son serment. Il déposa un léger baiser sur les lèvres pulpeuses de sa femme et retira sa main. Il se leva, semblable à une personne venant d’être victime d’un malaise. Il fronça les yeux puis se tourna vers son épouse, l’œil sombre et vide à la fois, puis il s’adressa à elle.

Je … Je vais rentrer chez moi … Je reviendrais … Plus tard.

Il avait l’air fatigué, et il avait besoin de rester seul. Il venait de sceller son allégeance à un complot qu’il aurait du démanteler et anéantir. Ses sens semblaient le punir, les bruits semblaient étouffés, un goût aigre s’emparait de sa bouche de plus en plus, ses doigts étaient gourds et il se dirigea vers la sortie. En apercevant le grimoire, il s’arrêta et dit distraitement.

J’espère que tu aimeras ce cadeau

Et il s’en alla, sans un mot de plus, et partit s’enterrer chez lui et n’en sortit pas pendant plusieurs jours.

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