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 [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]

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Lucrèce d'Uberwald
Humain
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MessageSujet: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeJeu 25 Fév 2010 - 0:37

Le tournoi royal était fini à présent, tournoi que je n'ai pas vu car je fus reconduite par les gardes de mon époux à l'hôtel particulier dans lequel nous nous étions installé pour la durée de l'événement. J'y étais restée enfermée sous bonne surveillance.
Le voyage de retour vers Ysari se passa sans un mot, sans un regard. Je l'avais profondément déçu et il n'y avait pas de raison pour qu'il me pardonne mes fautes mais pourtant j'aurai tellement aimé une parole, ne serait ce un regard. La colère était toujours présente et celle ci est bien souvent mauvaise conseillère.
Le temps que nous passions au château fut assez court. Nous faisions alors chambre à part et ne nous croisions même pas. J'étais dans les appartements du premier étage, celui qui était réservé aux invités généralement. Cela faisait mal car j'avais la désagréable impression de ne plus être considérée comme son épouse mais comme une vulgaire étrangère.
L'annonce tomba. Je devais quitter le château pour vivre recluse sous surveillance dans un petit château du côté de Féoda. Comme moi soit disant chevalier représentait cette province, je devais donc subir les conséquences de mes actes et devenir la reine solitaire de ce lieu.
Il fallut deux jours pour préparer mes malles. Aussi ce matin là, elles étaient déjà chargées sur le toit d'un carrosse et les des gardes attendaient patiemment mon arrivée et notre départ. Je montai alors dans le carrosse lançant un regard triste derrière moi. Il n'était pas là, il n'était pas venu. Pas même sur le perron, même son ombre n'était point visible à l'une des fenêtres de la façade.

Le voyage dura la demi journée. J'étais seule et je méditais mon comportement et mes erreurs passées. Le trajet se passa sans encombre et ce fut vers le début de soirée que nous arrivâmes dans cette demeure qui me parut austère. La nuit n'allait pas tarder à tomber.
Une fois dans la demeure, je fus reçue avec la plus grande indifférence du personnel. Sans doute avaient ils eu des ordres à ce sujet. La lourde porte se ferma alors à clef après mon passage pour ne plus se rouvrir.

Le temps allait me paraître long à n'en point douter mais cela me permettrai de méditer sur la vie et ce que je voulais réellement. On me mena à mes appartements.
Ceux ci étaient moins spacieux qu'à Ysari et beaucoup plus sombres et austères. Je n'aimais pas cette chambre mais il faudrait que je m'y fasse car elle serait mienne pour un long moment. Il y avait un lit assez large, un petit secrétaire dans un coin assorti à son fauteuil, une bergère devant la cheminée et c'est tout. Le mobilier était lui aussi en minorité.
Quelques minutes plus tard, on m'apporta un plateau avec le repas. Un bol de soupe, un peu de jambon fumé et des fruits. Je n'eus droit qu'à cela, ce soir là. J'allais alors ensuite me coucher, une fois mon repas frugal avalé.
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Humain
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeSam 27 Fév 2010 - 19:08


Alors ?


Eh bien… rien

Rien ?

Le baron d’Ysari fronça les sourcils et croisa les mains sous son menton, signe caractéristique chez lui que la patience s’épuisait. Assis dans le fauteuil en face de son seigneur, un des espions que le baron avait envoyé fouiller en détail la vie de Lucrèce lui faisait son rapport journalier.

Je ne veux pas dire que je n’ai rien trouvé monseigneur, bien au contraire. Mais toutes les informations que j’ai recoupées amènent au même résultat… votre femme n’a jamais eu d’amant.

Se levant, le baron marcha jusqu’à la fenêtre qui dominait les jardins d’Ysari et soupira. Voilà déjà plus d’un mois que le tournoi de Diantra s’était achevé, tournoi au cours duquel Lucrèce l’avait publiquement humilié en apportant son soutien à ce mystérieux chevalier d’Adamantine. Enfin… mystérieux… elle lui avait affirmé juste après qu’il s’agissait en réalité d’Arnhild, la mercenaire affectée à son service, et les rapports des espions du baron confirmaient cette information.

Depuis cet incident, les deux époux ne s’étaient quasiment pas parlés, Lucrèce ayant été reléguée à leur hôtel pendant toute la durée du tournoi. Le trajet du retour depuis la capitale avait été glacial, le baron ne répondant même pas aux timides tentatives de sa femme d’engager la conversation, préférant souvent chevaucher à côté du carrosse sans daigner lui jeter ne fusse qu’un regard. Et dès leur arrivée à Ysari, Lucrèce avait été reléguée en résidence surveillée à Féoda, dépouillée de la plupart de ses privilèges, éloignée de Camille, sa femme de chambre et amie de toujours.

On dit généralement que le plus grand amour peut amener à la plus grande haine. Et pour le couple régnant d’Ysari, c’est bien ce qui s’était passé. Harnyll avait passionnément aimé sa femme, aussi la trahison lors du tournoi n’en avait de ce fait été que plus dure et plus cruelle. Au début, Harnyll avait sérieusement envisagée l’exécution pure et simple, ou à tout le moins la répudiation. Le geste de Lucrèce lors du tournoi était inqualifiable, car il humiliait son époux et sa terre.

Si le baron avait été sûr que son geste était intentionnel, la jolie tête de Lucrèce aurait déjà roulée sur le sol de l’échafaud. Mais voilà, Harnyll n’en était pas sur… et les rapports de ses espions le troublaient encore plus. Tous ces rapports convergeaient vers la même hypothèse : Lucrèce avait commis une grave faute par imprudence et légèreté, mais elle n’avait pas trahie son époux.

D’une oreille distraite, Harnyll écouta son espion lui détailler ce que d’autres indicateurs ces dernières semaines avaient déjà rapporté. Méfiant par nature, Harnyll avait en effet fait appel à de nombreux membres de ses services secrets ne se connaissant pas les uns des autres, lui-même restant le seul à disposer de toutes les cartes. Mais toutes les cartes disaient la même chose…

Ce Denys de La Vallière a bien raccompagné votre femme un soir à Arcani, mais à aucun moment ils ne se sont arrêtés. Et votre femme ne l’a plus jamais revu si ce n’est lors de cette partie de colin-maillard.

Un simple concours de circonstances, c’est bien ça que vous voulez m’expliquer ?

Euh… oui…

Et le chevalier d’Adamantine ?

Et bien, il s’agissait en effet d’Arnhild Níðhöggr. C’était déjà elle à Arcani. J’ai rédigé un rapport détaillé à ce sujet.

Merci. Posez le sur mon bureau et laissez moi.

Sans se retourner, le baron d’Ysari continua de fixer le jardin. Une fois la porte refermée, il alla s’asseoir et s’attela à la lecture du rapport concernant les activités de Lucrèce depuis leur mariage.

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Lucrèce d'Uberwald
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeSam 27 Fév 2010 - 21:06

Le matin, une servante vint me réveiller de bonnes heures, bien plus tôt que ne le faisait Camille. J'avais du mal à ouvrir les yeux, étant peu habituée à des horaires si matinaux. Camille... Mon époux n'avait pas permis qu'elle m'accompagne. Je me retrouvais alors véritablement seule et sans aucun soutien. La servante d'un ton sec me demanda de me lever.

Levez vous, il est l'heure à présent!

Ouvrant alors les yeux avec difficultés, je fus surprise de voir en face de moi une femme d'un certain âge que des cheveux gris trahissaient. Elle avait l'air stricte et sévère comme pouvait l'être un garde. Me levant finalement, elle me fixa avant de rajouter.

Habillez vous à présent, ensuite je vous apporterai votre repas matinal.

Elle quitta alors la pièce. M'habiller seule! Depuis toujours c'était Camille qui s'occupait de cette corvée et aujourd'hui, je devais le faire seule. J'eus quelques difficultés à me vêtir et je ne pus fermer ma robe qui se laçait dans le dos.
La porte se rouvrit et la matrone déposa le plateau qui contenait une tasse de lait chaude, un fruit et un peu de pain sur la petite table ronde située sous la fenêtre. Elle poussa alors un soupire de consternation.


Vous n'êtes pas prête!
Je …
Pas un mot!

Elle me rabrouait comme si j'étais une vulgaire servante. Sans doute était ce encore un ordre de mon cher époux. Se plaçant dans mon dos, elle laça ma robe avec une certaine dureté. J'eus le souffle coupé sur le coup car habituellement Camille ou les autres femmes de chambres y allaient plus doucement.

Demain, je vous apporterai une robe plus pratique.

Qu'entendait elle par plus pratique? La journée fut morne et ennuyeuse. Rien ne se passa, je fus consignée dans mes appartements toute la journée sans rien pour me divertir. Je voulus sortir me balader dans le jardin intérieur de ce manoir mais on m'en empêcha et on me reconduisit à ma chambre. J'avais l'impression d'être prisonnière. Même chez les pirates, je n'avais pas été traitée de la sorte.
Le jour suivant fut le même. Celui d'après fut encore comme le précédent. Je restais enfermée dans ma chambre. Je passais la journée assis sur le fauteuil du secrétaire que j'avais déplacé sous la fenêtre afin de regarder par celle ci les extérieurs en espérant que ma punition cesse bientôt. Mais visiblement ce n'était pas le cas.

Dans le secrétaire, de quoi écrire se trouvait à disposition. Aussi je fus tentée par rédigée une lettre mais à qui? A lui, mon époux, pour lui demander grâce? Je décidai que non car il l'aurait sans doute brûlée sans même lire le contenu. A qui pouvais je écrire dans ce cas?
Une idée me traversa l'esprit. Une personne serait plus à même de me conseiller, une autre exilée, la mère de mon époux, ma tante. M'attelant à la rédaction de la lettre, celle ci me prit la majeur partie de l'après midi.


Citation :
Chère tante,

Comment vous portez vous? Cela fait si longtemps que je n'ai eu de nouvelles de vôtre part. J'espère sincèrement que vous vous portez bien et qu'un jour peut être vous reviendrez à Ysari. Si je vous écris ce n'est pas désintéressé, loin de là...
J'aurai tellement besoin de vos conseils en cette heure sombre. Je sais que vous ne m'avez jamais réellement portée dans votre coeur et je le regrette bien. Votre sévérité que je jugeai excessive me rende nostalgique de cette époque car malgré cela vos instructions se sont bien souvent révélées exactes et justifiées.
Je vous implore de me venir en aide afin de sauver mon mariage avec vôtre cher fils que j'aime de tout mon amour. J'ai commis une énorme erreur et je l'ai déshonoré devant toute la noblesse et pas seulement celle de la péninsule soltarienne.
Me suis actuellement exilée à Féoda en attendant une décision de sa part. Je comprendrai parfaitement au vue de la situation que vous refusiez de me répondre.

Portez vous bien.
Lucrèce Théodora de Hetalia, Baronne d'Ysari.

Je venais de finir de cacheter la lettre avec le sceau aux armoiries de ma famille. Pas celle des de Hetalia mais des Adamantine quand la porte s'ouvrit et me fit sursauter. Je ne me retournai point et finis brièvement de noter le destinataire de cette lettre.
Gertrude était là. C'était comme cela qu'elle se nommait. Elle me demanda ce que je faisais. Les yeux baissés sur ma lettre que je tenais en main, j'hésitai à lui demander de la faire parvenir à ma tante. Finalement, je n'eus pas besoin de le faire car elle m'arracha la lettre des mains et observa le destinataire et parut surprise de voir le nom de ma tante figuré sur la lettre.


Je me charge de la transmettre à qui de droit!

Que voulait elle dire? Me l'avait elle confisquée ou allait elle réellement la remettre à la baronne mère? Elle se dirigea vers la porte et avant que la porte ne se referme, elle me dit.

Mangez avant que cela ne refroidisse!
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeDim 28 Fév 2010 - 10:24


Citation :
[…] Portez vous bien.
Lucrèce Théodora de Hetalia, Baronne d'Ysari.
Harnyll referma la lettre de son épouse.

Vous avez bien agi en me portant cette missive.

L’intendante Gertrude a pensé qu’elle vous intéresserait, monseigneur

Et c’est le cas. Dîtes lui que je suis satisfait.

Saluant, le page sortit du bureau du baron. Une fois seul, il relut de nouveau la lettre que Lucrèce avait écrite à sa belle-mère. Fallait-il qu’elle soit désespérée pour s’adresser à une femme qui se retrouvait éloignée elle aussi de la cour baronniale suite à un conflit entre elles deux. Que faire ? Lucrèce protestait elle de son amour dans cette lettre en espérant que son époux l’intercepterait ? Était-elle sincère ou manipulatrice ? Attendre de la compréhension ou de la compassion de la part de l’ancienne régente d’Ysari prouvait bien le désespoir de Lucrèce, où au contraire le machiavélisme de son esprit.

Poussant un soupir, Harnyll s’enfonça dans son fauteuil. Ses espions avaient finis leur travail de recherche dans la vie de sa femme et il n’en ressortait aucune trahison ni aucune infidélité. Des erreurs, parfois, des imprudences, souvent, de la légèreté, presque toujours… mais aucune malveillance intentionnelle. Le baron hésitait, retournant en vain le problème dans son esprit. Devait-il déclarer Lucrèce coupable de trahison et la répudier ? Il le pouvait, l’affront subi au tournoi lui en donnait le droit, et presque le devoir. Nul procès ne serait nécessaire, nulle justification. La noblesse du royaume toute entière pouvait se porter témoin du comportement humiliant de son épouse. Où alors devait-il laisser une dernière chance à Lucrèce d’expliquer ses actes ? La situation demeurait embrouillée. Si Harnyll ne répudiait pas Lucrèce et la rappelait à ses côtés, il lui fallait être sur que plus jamais elle ne lui ferait subir un tel affront. Mais sa femme avait-elle compris toute l’étendue de son geste ? A lire la lettre, il semblait que oui… mais Harnyll ne jouait jamais tout sur une seule carte.

Fouillant dans ses papiers, il relut les rapports de l’intendante Gertrude que cette forte femme lui envoyait chaque semaine. Selon les ordres du baron, Lucrèce devait être tenue au secret dans ce petit manoir en bordure de Féoda, traitée avec le respect du à son rang, sans douceur ni compassion toutefois. Une politesse glacée, tels avaient été les ordres du baron. Harnyll avait choisi cette vieille femme acariâtre qu’était Gertrude comme geôlière non pas parce qu’elle était la plus à même de maintenir ce difficile équilibre, mais parce qu’elle était absolument incorruptible. Gertrude se complaisait dans sa rancœur vis-à-vis des nobles dames mieux nées qu’elle, et pour rien au monde elle n’aurait voulu se séparer de cet amer nectar. Harnyll pouvait être tranquillisé quand au fait que sa femme ne verrait ni ne correspondrait avec personne, Gertrude y veillerait….

Rangeant les rapports et la missive dans un tiroir, le baron se leva et regarda au dehors. La nuit commençait à tomber sur Ysari, mais sa décision était prise. Sortant de son bureau, il ordonna au premier garde qu’il croisât :

Je pars à l’aube demain. Que mon cheval et une escorte soient prêts.
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Lucrèce d'Uberwald
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeDim 28 Fév 2010 - 12:39

Le temps passa encore, chaque jour me semblait de plus en plus long que le précédent. Je vivais cloitrée dans cette chambre, privée de toute liberté élémentaire comme celle de pouvoir sortir dans le jardin ou jouer du clavecin. Le temps était long horriblement long.
Au fur et à mesure que les jours s'écoulaient, mon appétit diminuait. Cela faisait trois semaines à présent que j'étais dans ma prison et mon assiette ressortait à chaque fois de la chambre à moitié pleine. Je ne touchais plus aux fruits et à peine au pain.
Cela faisait à présent, une semaine que Gertrude avait intercepté ma lettre. Je n'avais toujours pas de réponse de ma tante. L'avait elle reçue? L'avait elle lu? Tant de questions et pourtant aucune réponse.

Mon appétit avait grandement diminué et cela commençait doucement à se voir sur ma silhouette déjà fine. Une autre semaine passa encore, à présent je touchais à peine à mon assiette. Aussi Gertrude avait pris la mesure drastique de rester à côtés lors de mes repas et de me forcer à tout manger.
Je lui obéissais sans dire mot, mais le moment du repas, devint un calvaire pour moi. Je n'en pouvais plus dès la troisième bouchée. L'envie de vomir me prenait et restait présente.
Le seul endroit où je pouvais me rendre sans la surveillance de Gertrude ou d'une autre servante était la salle de bains et les toilettes. Aussi après le départ de ma geôlière, ce fut comme un rituel qui s'installa car je me rendais aux toilettes pour vomir. Ce n'était pas difficile de rendre mon repas étant donné que j'avais envie de vomir. Je me sentais mieux, une fois cette besogne faite.
Cette folie, car cela en est une, avait un lourd impact sur ma santé. Je devins petit à petit plus faible. Je ne me levais presque plus durant la journée du fauteuil. Ma minceur s'était accrue pour devenir maigreur. Je perdais goût à la vie et cela se voyait.

Un après midi, on put entendre quelque chose tomber dans ma chambre. Les gardes devant la porte ne surent s'ils devaient entrer ou aller chercher Gertrude. Aussi comme ils étaient deux, l'un alla chercher Gertrude et le second pénétra dans la chambre.
Ce n'était pas une chose qui était tombée et que l'on avait si bien entendue mais moi. Il n'osa alors rien faire, ne sachant que faire. Il attendit alors Gertrude qui arriva assez rapidement pour voir ce désolant spectacle.


Portez la sur le lit!

Le garde s'exécuta et me souleva de terre pour me déposer sur mon lit. Pour Gertrude à la vue de mon teint blanc, cela ne faisait aucun plis, elle voulut vérifier alors son hypothèse. Elle ordonna aux gardes de sortir avant de me dévêtir. Ma maigreur sauta alors aux yeux de la vieille femme.

Quelle petite sotte!

Elle avait compris pourquoi à présent je me rendais aux toilettes quelques minutes après chaque repas. Même si elle savait que je m'y rendais elle avait jusqu'à présent aucune preuve mais maintenant, elle savait.
Pour le moment, elle était à mon chevet pour me faire sentir des sels afin que j'ouvre les yeux. Ce fut seulement au bout de quelques minutes que je commençai à réagir à leurs odeurs. Sortant doucement des ténèbres, les yeux encore mi clos et la vue brouillée, je murmurai alors un prénom pendant ce douloureux réveil.


Harnyll...

Gertrude reconnut immédiatement le prénom du baron. Elle se serait plutôt attendue à ce que je murmure le prénom de mon amant, de l'élu de mon coeur mais elle dut se rendre à l'évidence que cet élu n'était personne d'autre que mon époux.
Une fois que je fus réveillée, elle me laissa me reposer avec une servante à mes côtés qui avait ordre de me faire avaler ce bol de bouillon pour que je récupère des forces et cela peu importe le temps que cela prendrait.
S'absentant, elle alla écrire une missive à mon époux pour l'informer de mon état actuel.


Citation :
Mon seigneur,

En ce jour, votre épouse a fait un malaise. La cause de cette évanouissement est qu'elle a arrêté de s'alimenter convenablement. Au début, j'ai pris les choses en main en veillant qu'elle finisse toujours ses assiettes. Sauf qu'elle les vomissait quelques minutes plus tard sans que personne ne le sache.
Sa vie n'est pas menacée si nous arrivons à lui faire garder un peu de nourriture. Mais sa maigreur et sa mélancolie sont très avancées. De plus alors qu'elle se réveillait, elle a murmuré le prénom d'un homme. Le vôtre.
Cette situation l'affecte beaucoup, et visiblement elle ne pense à personne d'autre que vous.

Gertrude.
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeDim 28 Fév 2010 - 21:12

Comment cela a-t-il pu arriver ? N’avais-je pas été clair quand à sa santé ?

Monseigneur… nous ne pouvions pas savoir qu’elle se faisait vomir.

Vous ne pouviez pas savoir ?

Fulminant, Harnyll se mit à faire les cent pas dans le bureau qu’il avait réquisitionné en arrivant au château de Féoda. Arrivé d’Ysari la veille, il venait d’apprendre le malaise qu’avait subi Lucrèce suite à sa tentative de se laisser mourir de faim.

Vous ne pouviez pas savoir ? Étiez-vous oui ou non en charge de sa surveillance ? La surveiller veut également dire surveiller sa santé, par les cinq dieux !

Monseigneur, je vous jure…

Cela suffit ! Sortez !

Esquissant une référence, Gertrude fila sans demander son reste, fuyant la colère de son seigneur.

Maudissant l’imprévoyance de la vieille femme, le baron froissa dans sa main la missive qu’elle lui avait envoyé et la jeta au sol. En chemin pour Féoda, le baron et son escorte étaient tombés sur le messager. Dès qu’il était arrivé à la fin de la missive, Harnyll avait ordonné à sa petite troupe de chevaucher à vive allure jusqu’à Féoda. Une fois arrivé, le baron avait convoqué la gardienne de sa femme pour obtenir des explications détaillées, explications qui ne lui plaisaient guère.

Mais comment pouvait-on laisser une jeune femme sous surveillance se laisser mourir de faim ? Non, vraiment, l’inattention des gardes aurait pu entraîner une catastrophe. Selon la vieille femme, qui voyait Lucrèce tout les jours, le désespoir de la jeune baronne était à l’origine de ce comportement. Mais l’origine du désespoir, quel était-il, lui ? La séparation de son époux ? Les remords ?

Mais il était une chose qu’Harnyll ne pouvait se sortir de l’esprit, ce prénom que Lucrèce avait murmurée lors de son évanouissement… son prénom ! A moitié consciente, elle n’avait pas murmuré le prénom d’un quelconque amant, non elle avait murmuré celui de son époux. Se pouvait-il qu’elle l’aime toujours ? Qu’elle se repente sincèrement de ses fautes ? Il fallait qu’il la voie, qu’il lui parle. Trop d’éléments restaient dans l’ombre, trop de mystères couvraient encore leur relation.

Sortant dans la cour du château, le baron enfourcha son destrier et mis le cap sur le manoir où était recluse sa femme.

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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeDim 28 Fév 2010 - 21:54

Le lendemain de mon malaise, je restai alitée. De toute façon je n'étais pas en état de me lever de mon lit. Une servante venait toutes les deux heures dans ma chambre pour voir comment je me sentais et surtout pour me faire avaler un peu de soupe ou de bouillon de volaille afin que je reprenne des forces.
Rien à y faire au bout de la troisième cuillerée, les renvois se faisaient déjà sentir et je manquai de vomir. La servante me força un peu plus pour que je mange d'autres cuillères mais le résultat fut celui escompté car je dus basculer la tête sur le côté du lit où je vomis sur le sol.
On décida alors qu'il était préférable de ne point essayer de me gaver comme une oie mais plutôt de me laisser manger un peu. Le plus important était que je mange même si cela était très peu plutôt que je rende tout ce que j'avais ingurgité.
Afin d'éliminer cette odeur acre qui avait envahit la chambre, on ouvrit grand les fenêtres pour laisser l'air frais s'engouffrer dans la chambre. Je tentai alors de me redresser dans le lit mais la servante à mes côtés m'en empêcha.

Cela ne serait pas prudent dans votre état, restez allongée, madame.

Il s'agissait d'Adélaïde, une jeune femme de chambre d'une vingtaine d'années. Elle était beaucoup plus douce que Gertrude dans ses paroles et dans ses actes. Me rallongeant alors, je fermai doucement les yeux pour me reposer.
Je ne sais pas combien de temps, je dormis mais on me réveilla pour m'alimenter. Cela devait donc faire deux heures voir un peu moins que je dormais. On ne me força point à tout mange, on me laissa simplement manger à ma faim. C'est à dire par grand chose car dès que les premiers renvoies arrivèrent, on ne me força pas plus. Cette fois, je ne vomis pas.
Je demeurai toujours faible et incapable de me lever de mon lit. Adélaïde sortit de la chambre et je refermais les yeux pour me reposer un peu. Je me sentais horriblement fatiguée et apathique. Je n'avais goût à rien et dormir était la seule chose qui arrivait encore à faire que je sois de ce monde car j'économisai mes forces de la sorte.

Une migraine me sortit de mon sommeil avant que le délai de deux heures soit écoulé. Sur le chevet à côté du lit se trouvait en permanence une carafe d'eau et un gobelet. J'avais soif, aussi je me servis. Mais le manque de forces qui était mien en ce moment, je réussis très maladroitement à soulever la carafe et à en verser dans le gobelet. Il y avait de l'eau partout.
M'asseyant alors dans mon lit, un coussin dans le dos, je buvais quelques gorgées quand la porte s'ouvrit à nouveau. Adélaïde apparut dans l'embrasure de la pièce et laissa passer un silhouette que je connaissais très bien. C'était celle de mon époux.
Que faisait il ici? Je croyais qu'il ne voulait plus me voir ni entendre parler de moi. Je fus donc bien surprise de le voir. Baissant le regard pour fixer le gobelet que je tenais dans mes mains, j'eus envie de pleurer. S'il était venu c'est qu'il avait pris sa décision. Je redoutais le pire et je ne voulais pas affronter son regard. Une goutte d'eau tomba sur ma main, puis une seconde. Sans même m'en rendre compte mes larmes coulaient et je ne pouvais les retenir. J'avais peur...
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeLun 1 Mar 2010 - 12:30

Sautant à bas de sa monture, le baron rentra dans le manoir. Surprise de voir le seigneur d’Ysari venir en ces lieux où nul ne l’attendait, une servante fit une révérence rapide et demanda :

Monseigneur ?

Où est ma femme ?

Dans la chambre au premier étage, la porte en face de l’escalier.

Grimpant l’escalier, le baron posa la main sur la poignée de la porte… et se figea. Désirait-il vraiment la revoir ? Cette femme qu’il avait tant aimée et qui l’avait trahi si cruellement. Le souvenir du tournoi de Diantra remonta dans l’esprit enfiévré du baron. Il revit, lors de la présentation des jouteurs, l’instant où le chevalier d’Adamantine était entrée en lice. Il revit sa femme se lever, et offrir son plus beau sourire à son champion, dénigrant par la même son propre mari. Il revit l’humiliation subie, les ricanements ou les regards de pitié qu’il avait depuis du endurer.

Le ronge de la honte montant à nouveau à son front, il ôta presque la main de la poignée. Il lui suffisait de retourner à Féoda, de signer le décret de répudiation et tout serait fini. Il pourrait alors chercher une nouvelle épouse, réellement aimante et dévouée. Il aurait pu agir ainsi… mais il fallait qu’il sache, il fallait qu’il comprenne les vrais raisons du comportement de Lucrèce.

Monseigneur ?

Regardant à ses côtés, le baron vit que la jeune servante l’avait suivi à l’étage. Non, il ne pouvait plus faire demi-tour, il fallait qu’il la voie. Tournant la poignée, il entra dans la chambre.

Lucrèce était allongée dans son lit, et baissa les yeux lorsqu’elle le vit, des larmes coulant sur ses joues creuses. Le baron fut frappé par sa maigreur et son teint pâle, mais surtout, elle irradiait… la peur ? Peur de quoi ? De lui ? Au fond, il y avait de quoi, elle pouvait s’attendre à entendre une répudiation voire une condamnation à mort pour ses actes, bien que dans ce cas la présence du baron n’aurait pas été nécessaire.

S’asseyant au pied du lit, suffisamment loin de Lucrèce pour ne pas l’effaroucher, il l’observa en silence, tentant de retrouver la jeune femme qu’il avait tant aimé, mais en vain. Lucrèce n’était plus que peur et faiblesse. Elle avait lâchée prise et n’espérait plus rien, n’attendait plus rien. Pourquoi donc avait-elle gâché une si belle histoire ? Oui, la punition de ses erreurs était terrible, et elle semblait enfin avoir pris la pleine mesure de ses fautes… trop tard hélas.

Lucrèce…

L’espace d’un instant, Harnyll aurait voulu se retrouver avant que cette terrible histoire ne commence, lorsque sa femme et lui commençait alors à se découvrir doucement. D’un geste de la main, il ordonna à la servante de les laisser, et, la gorge nouée, demanda à son épouse :

Je sais que c’était Arnhild, à Arcani et à Diantra. J’ai d’abord cru que vous aviez un amant, mais je suis désormais sur que cela n’a jamais été le cas. Et pourtant, je n’ai aucune réponse à cette simple question : pourquoi ? Pourquoi m’avoir humilié devant toute la cour ? Que vous ai-je donc fait pour mériter une telle haine ?
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeLun 1 Mar 2010 - 15:27

J'étais assise dans mon lit, le regard baissé, tenant fermemant le gobelet d'eau encore quasi plein. On pouvait voir mes doigts se crisper dessus, reflettant ainsi mes appréhensions et ma peur. Harnyll s'avança mais ce ne fut pas pour autant que je relevai les yeux pour le regarder. Je restais muette, seules les larmes coulaient et quelques sanglots se faisaient entendre.
Il s'assit sur le rebord du lit, provocant un mouvement de recul non calculé de ma part. Mes jambes en bougeant provoquèrent le renversement d'une partie de l'eau du gobelet sur les draps du lit. Tout était trempé à présent mais je ne dis toujours rien, gardant toujours le regard bas.
Mon époux prononça alors mon prénom. Ce fut seulement à ce moment où je relevai la tête et les yeux lentement pour écouter ce qu'il avait à me dire. Il allait certainement me faire part de sa décision, que je redoutais tant car je craignais que notre histoire ne se finisse ainsi moi qui aurait tant espéré lui donner un héritier et vieillir à ses côtés.
Contrairement à ce que je pouvais penser, il me demanda pourquoi. Pourquoi j'avais agit de la sorte et je lui avais fait ainsi honte? Mon coeur se serra dans ma poitrine. Il pensait que je l'avais fait volontairement alors que ce n'était absolument pas mon intention. Ouvrant lentement la bouche pour lui répondre, ma voix se faisait tremblante et reflettait ma crainte, ma peur, ma tristesse et mes remords.


Je... Je ne voulais pas vous faire honte devant toute la noblesse humaine. J'avoue m'être laissée emportée quand Arnhild est rentrée en lice alors que vous m'aviez demandé de tempérer mes émotions. Je conçois que je vous ai blessé dans votre orgueil et dans la confiance que vous me portiez...
Jamais, au grand jamais, cela fut intentionnel. J'ai fauté par imprudence et je suis aujourd'hui bien punie. Je le regrette amèrement, les Cinq peuvent m'en être témoin.
Vous n'avez rien fait pour mériter cela, bien au contraire car mes sentiments ont toujours étaient sincères et loyaux envers vous. De jamais, je ne vous ai été infidèle car mon coeur vous a toujours appartenu.
Si j'ai fait cela ce n'était que pas amour pour vous car je ne voulais pas que vous participiez à ce tournoi ni à aucun autre. Vous savez ce que je pense de cela car un accident est si vite arrivé et peu vous enlever la vie. Aussi face à Arnhild, je pensais pouvoir vous faire sortir du tournoi le plus rapidement possible sans qu'il n'y ait de dommages.
Je suis consciente que notre relation est brisée et que vous avez déjà fait votre choix. Aussi si celui ci est de me répudier, je vous implore de m'achever car je ne pourrai vivre sans vous à mes côtés.


Ma résolution était prise. Si son choix était de me répudier, je préférai mourir car jamais je ne pourrai vivre sans lui. Je l'aimais beaucoup trop pour pouvoir vivre ainsi. On achève les animaux blessés pour qu'il ne souffre pas, aussi je voulais qu'il fasse de même pour moi si c'était la répudiation qui m'attendait.
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeLun 1 Mar 2010 - 19:34


Que ne m’avez dit tout cela avant notre départ pour Diantra,
soupira Harnyll, nous aurions pu éviter bien des problèmes et des chagrins.

Le baron d’Ysari croyait l’explication que venait de lui donner sa femme, explication qui recoupait pour beaucoup ce que ses espions lui avaient déjà remonté lors des dernières semaines. Le raisonnement de sa femme concernant le tournoi ne constituait pas un prodige de subtilité, mais il venait du fond du cœur aussi devait-il être jugé sur ses intentions, et non pas sur ses effets. Si Lucrèce avait seulement parlé à son époux de ses craintes, sans doute aurait-il renoncé à participer, quitte à permettre à Arnhild de représenter Ysari à sa place. Comme hélas trop souvent, le silence avait été la source de tous les maux.

Mais ce cri d’amour, ce cri di cœur qu’avait poussé Lucrèce, Harnyll l’entendait. Non, jamais sa douce épouse ne l’avait trahi, et ce même lorsque des erreurs d’appréciation ou un enthousiasme juvénile pouvaient laisser penser le contraire. Elle l’aimait, hier comme aujourd’hui, et ce malgré être persuadée que sa répudiation était déjà décidée et inévitable.

Un grave problème demeurait cependant. Peut être même la source de tout car ce problème était la principale cause du silence coupable de Lucrèce.

La peur… là se trouvait le nœud gordien des rapports conflictuels du couple régnant d’Ysari. Lucrèce craignait son époux, bien que celui-ci ne comprenne pas pourquoi et s’en désole. Le seul désir du baron était le bonheur de son épouse, et un simple sourire de Lucrèce pouvait embellir sa journée.

Certes il savait pouvoir être colérique et violent lorsqu’il était poussé à bout, comme hélas tout un chacun, mais n’avait-il pas tenté l’impossible pour rendre sa femme heureuse ? Combien de jeunes mariées effrayées par les contacts charnels peuvent espérer obtenir patience, compréhension et fidélité ? Combien de femmes se refusant à leur mari ne reçoivent en échange qu’amour et attention ?

Pesant ses mots, le baron reprit la parole :

Lucrèce, vous dites m’aimer et je vous crois…. je… je veux vous croire. Mais entre personnes qui s’aiment ne peuvent subsister des zones d’ombres telles que celles qui se dressent malheureusement entre nous. Vous avez peur de moi, ne le niez pas, vos paroles et vos gestes le prouvent. Et cela me fait mal, croyez le, car jamais je ne l’ai voulu.

Harnyll aurait tant voulu la serrer dans ses bras, lui caresser doucement les cheveux et lui murmurer tendrement à l’oreille que tout allait bien se passer. Mais agir ainsi terrifierait encore plus la baronne que la simple proximité de son époux angoissait.

Lucrèce, sur le repos de l’âme de nos ancêtres, je vous jure que rien de ce que vous direz ne me mettra en colère ni ne m’amènera à ne plus vous aimer. Mais je vous le demande en tant qu’époux et vous l’ordonne en tant que seigneur, dites moi pourquoi avez-vous peur de moi ?
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeLun 1 Mar 2010 - 23:51

Le soupire du baron concernant mes aveux me fit mal car il avait raison. Pourquoi n'ai je point eu le courage de lui parler de mes craintes avant? Pourquoi fallait il qu'on en arrive là pour enfin mettre à jour une part d'ombre, celle de mon silence.
Je me sentais coupable. Tout était de ma faute. Si seulement j'avais pu... J'étais bien trop réservée pour oser le lui demander. Comment lui demander de ne point jouter alors qu'il aimait cela? C'est comme s'il voulait m'interdire de jouer du clavecin. Je n'avais pas le droit de lui demander une telle chose, surtout quand celle ci lui tenait à coeur.
Quand il annonça de but en blanc que j'avais peur de lui, je fis un signe négatif de la tête pour ne pas le froisser mais tout dans mon comportement prouvait le contraire, aussi il n'eut pas tord de me dire de ne pas nier la chose. La voix à peine audible, je dis alors.


Je... Ce n'est pas non plus ce que je voulais. L'amour et la crainte sont deux cruelles amies qui font que j'hésite à vous parler de ce qui me perturbe. Je ne veux pas vous déranger avec mes états d'âme de jeune fille, vous avez autre chose à gérer.

Harnyll désirait tant savoir pourquoi j'avais peur de lui. Comment le lui dire sans le froisser? Il n'y avait pas de façon délicate de le lui annoncer. Même si les détails les plus profonds étaient enfouis dans mon inconscient et dont j'ignorai la cause réelle. Je voulus néanmoins le rassurer un peu.
Malgré mes craintes, je fis un pas en avant. Ceci était à la fois une image que la réalité car je m'avançai un peu dans le lit dans le but de poser ma main sur la sienne. Cela me demandait beaucoup d'efforts mais je devais en faire si je voulais sauver mon couple et celui ci était plus que nécessaire.


J'ai peur quand vous vous mettez en colère. Et non sans raison. Vous avez fait exécuter les anciens dirigeants d'Arcani, même si vous m'avez expliqué la raison de ce choix drastique, cela n'empêche point le fait que vous craint pour cela.
De plus même si vous vous êtes le plus souvent montré doux à mon égard, il y a eu quelques gestes qui m'ont fait vous craindre un peu plus que de raisons. Pour commencer lors de la route nous menant à Arcani, où vous m'avez saisie un peu violemment par le poignet. Après le premier tournoi, où vous m'avez repoussée alors que j'avais tenté de vous plaire sans y arriver. Puis, il y a …


Je ne finis pas phrase, il n'y avait pas besoin de la finir pour qu'il comprenne car machinalement j'avais porté ma main à mes lèvres. Lèvres sur lesquelles le sang avait coulé lorsqu'il me frappa dans sa tente lors du tournoi royal.
L'origine profonde de ma peur à son égard n'était toujours pas mise à jour vue qu'il s'agissait d'un traumatisme d'enfance. J'avais été envoyée à Ysari alors que je n'étais âgée que de huit années. Ce qui devait être une simple visite de courtoisie avait duré des années. Années durant lesquelles, je n'avais vu mon cousin alors que nous vivions sous le même toit. On me répétait déjà à l'époque que je ne devais pas le déranger. Cette phrase s'était bien involontairement inscrite dans mon esprit pour s'y ancrer fermement. Mon mariage fut aussi à l'origine de ma peur. Je n'avais pas été consultée et la crainte s'était installée, comme en témoigna le jour de mes noces où à la place de paraitre radieuse et souriante, je fus en larme triste. La nuit de noces ne fit pas exception à la règle.
Beaucoup de petites choses accumulées qui misent à bout faisaient que je craignais de le déranger même pour une chose qui me paraissait de la plus haute importance. Une simple crainte, bête et méchante, qui avec le temps s'était métamorphosée en véritable peur pour devenir ce qu'elle est aujourd'hui.
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeMar 2 Mar 2010 - 10:43

Harnyll écouta calmement les explications hésitantes de Lucrèce. La jeune femme faisait preuve d’un certain courage pour parler honnêtement à quelqu’un qui lui faisait peur. Doucement, elle posa sa main sur celle de son époux. Le baron ne bougea pas, ne désirant pas, par un geste inconsidéré, briser le lien si fragile qui s’établissait. L’amour et la peur se combattait encore dans l’esprit de Lucrèce, et Harnyll craignait, par ses actes ou ses paroles, de faire triompher la peur.

Enfin désormais il savait, au moins en partie, d’où venait cette peur. Bien qu’elle prenait probablement sa source dans des racines plus anciennes, les rares mais brutales crises de colère d’Harnyll l’avaient éveillée. Lucrèce était et demeurait une jeune femme fragile et vulnérable psychologiquement, sans doute bouleversée par une enfance difficile. Arrachée très jeune à son foyer et à sa mère pour venir vivre auprès de celui qui serait un jour son époux, elle se sentait déracinée et perdue, sans personne à qui faire confiance. Le baron se promit de faire tout ce qui était en son pouvoir pour changer cela.

Harnyll réfléchit quelques instants à ses prochaines paroles. S’il ne parvenait pas à convaincre Lucrèce que sa peur était, du moins en partie irrationnelle, s’il ne parvenait pas à la convaincre que ses sentiments profonds n’étaient qu’amour, sa venue n’aurait alors été qu’un échec. Il lui fallait gagner la confiance de Lucrèce, et non pas juste son amour, car alors seulement elle pourrait atteindre un vrai bonheur.

A la légère crispation de sa main, Harnyll sentait que la jeune femme craignait les conséquences de sa franchise. Murmurant presque, le baron prit la parole :

Je peux mal interpréter vos actes, car je n’en connais pas toujours les raisons. Mais soyez sure que jamais vos paroles ne me fâcheront. Cette honnêteté, cette franchise dont vous venez de faire preuve, je m’en réjouis, car ce n’est qu’ainsi que nous pourrons avancer tout les deux, unis.

Caressant lentement les doigts effilés de son épouse, le baron hésita quelques secondes avant de continuer.

Je sais Lucrèce, que je n’ai parfois pas fais preuve de toute la douceur que je devrais avoir envers vous. Je peux me mettre en colère, j’en suis hélas bien conscient, et il m’est difficile de me contrôler dans certaines situations tendues. Lucrèce, croyez moi quand je vous dis que ces colères je les regrette sincèrement. Devant les Dieux, je vous jure que jamais je n’ai voulu faire naître cette peur en vous.

La crispation diminua mais ne disparut pas totalement. La jeune femme attendait toujours son verdict, son jugement quand à son sort. Elle était sans aucun doute prête à se laisser mourir si le baron ne parvenait pas à la sortir de ce puits de douleur où elle s’était jetée.

Lucrèce… je vous aime, et je crois que même aux plus durs moments je vous aimais encore, même si je refusais de me l’admettre. Je vous ai toujours aimé, dès l’instant où nous nous sommes rencontrés pour la première fois, et cette flamme ne s’éteindra jamais.

Doucement, Harnyll referma ses doigts sur ceux de sa femme et porta la main de Lucrèce à sa bouche pour y déposer un baiser.

Je veux que vous reveniez vivre à Ysari avec moi.
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeMar 2 Mar 2010 - 19:22

Alors que nous discutions, assis sur le lit pour lui, et à l'intérieur des draps pour moi, Harnyll me jura que jamais ce que je pourrai dire pourrait le mettre en colère. Les actes inconsidérés comme celui que j'avais eu, oui mais pas mes paroles si je déniais lui expliquer la raison de mes agissements futurs. Les actes pouvaient être interprétés de diverses façons mais pas les mots.
Un contact doux telle une plume se fit sentir sur mes doigts. Celui qui était encore mon époux caressait lentement et doucement le revers de ma main sans geste brusque afin de ne pas m'apeurer plus que de raison. Il m'avoua alors qu'en de nombreuses occasions, il n'aurait pas du laisser libre cours à sa colère et ainsi attiser ma peur.
Nous étions fautifs tous les deux, lui de n'avoir pas su tempérer ses ardeurs, moi d'agir de façon inconsidérée et légère. Nous étions tombés dans un puits dans fond dans lequel il nous faudrait de multiples efforts et beaucoup de chutes afin d'en sortir.

Je demeurai toujours anxieuse car le verdict de mon époux sur ma condition future n'avait toujours pas été abordée. J'ignorai quel était mon destin à cet instant précis. Puissent les Cinq me protéger et veiller sur moi...
Harnyll disait m'aimer, moi, celle qui l'avait trahi devant tous. Malgré cela il m'aimait toujours même si pendant les heures les plus sombres, il taisait ce noble sentiment pour laisser éclater un autre beaucoup moins honorable. Amour et haine vont souvent de paire, l'un ne peut aller sans l'autre.
Dans sa confession, il ajouta qu'il m'aimait depuis le jour de notre rencontre. Je me souvins alors de celui ci. C'était le jour de mon anniversaire. Ma main, machinalement, effleurait le pendentif qui ornait mon cou, présent d'anniversaire de sa part. Un cadeau que j'avais toujours conservé en toutes circonstances près de mon coeur.

Le contact de ses doigts se fit plus ferme sur les miens, mon époux me tenait à présent ma main dans la sienne qui montait lentement et doucement alors que sa tête s'inclinait pour y déposer un baiser. Ce contact me surprit mais je ne retira pas ma main de son étreinte.
L'annonce de ma destiné arriva enfin. Il me demanda de revenir avec lui, vivre à Ysari. Ainsi donc il semblait ne plus m'en vouloir même si je savais qu'il conservait de la rancune un mon égard. Le geste que j'avais eu avait été inqualifiable et il faudrait plus de temps que cela pour l'effacer car c'était encore bien trop vif dans nos esprit.
J'étais heureuse d'entendre ses paroles car cela signifiait qu'il donnait une seconde chance à notre couple. Ce pourquoi j'avais prié les dieux se réalisait enfin. Je ne pus empêcher mes larmes de couler. Cette fois ce ne fut pas des larmes de tristesse, ni de honte mais des larmes de joie qui ruisselaient sur mon visage émacié.
Mes larmes étaient visibles et mon époux devait se demander quelle en était la cause cette fois. Les élans de mon coeur et ma pudeur naturelle bataillaient à cet instant précis. Ce fut mes sentiments les plus profonds et sincères qui prirent le dessus, entrainant par la même occasion mon geste.
Mes bras s'enroulèrent doucement autour du cou de mon cher et tendre. Enfouissant mon visage dans le creux de son cou, mes larmes coulaient toujours et mouillèrent sa chemise et donnèrent à sa nuque ce petit goût salé. Murmurant alors à son oreille, d'une voix repentie.


Je ferai tout mon possible pour être l'épouse modèle que vous souhaitez tant...
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeMer 3 Mar 2010 - 12:27

Les larmes de Lucrèce coulaient dans le cou du baron, mouillant sa chemise. Enlaçant tendrement son épouse, Harnyll la laissa pleurer contre lui, murmurant doucement tout son amour pour elle. Certaines douleurs doivent être exprimées pour être combattues. La tension, les remords et la peur de ces dernières semaines et enfin le soulagement de rester à ses côtés sortaient enfin dans ce flot de larmes, et nulle épaule n’est plus adaptée pour cela que celle d’un époux aimant.

Harnyll ne se faisait pas d’illusions, la route serait encore longue avant que leur amour ne puisse totalement et librement s’exprimer, mais l’un comme l’autre était décidé à ne plus laisser le silence creuser un nouveau fossé entre eux. Intérieurement, Harnyll se promit d’être aussi présent que possible, de tout faire pour que sa jeune épouse puisse se sentir en confiance et en sécurité auprès de lui.

Lucrèce…

Les larmes s’étaient calmées mais la jeune femme ne semblait pas vouloir quitter le creux des bras de son mari, qui d’ailleurs ne le désirait pas lui non plus. Laissant sa main glisser le long du corps de Lucrèce, le baron fut frappé par sa maigreur. Harnyll se promit de veiller à ce qu’elle retrouve ses forces au plus vite, dut-il passer ses journées à veiller sur elle.

Vous allez venir à Féoda avec moi. Vous avez grand besoin d’un vrai repas, d’un bon bain et d’une nuit de sommeil.

Ôtant doucement les bras de Lucrèce de son cou, Harnyll l’aida à se rallonger et lui déposa un tendre baiser sur le front.

Je reviens tout de suite.

Se levant, le baron alla ouvrir la porte. La jeune servante et un garde l’attendaient sur le palier, bien conscient que des ordres ne tarderaient pas. La venue du baron ne pouvait signifier que deux choses : un pardon ou une condamnation.

Envoyez un messager à Féoda, qu’un carrosse soit envoyé pour venir chercher ma femme.

Ma femme… le baron venait de leur faire comprendre que Lucrèce resterait bien à ses côtés en tant que baronne d’Ysari. Bientôt, la nouvelle se répandrait et toute la baronnie serait au courant que leur seigneur et maître ne la répudiait pas. Les rumeurs allaient courir la ville quand à ses raisons de lui pardonner, surement des rumeurs plus farfelues les unes que les autres. Sans doute les gens comprendraient-ils que les accusations de trahison et d’adultère n’étaient en réalité pas fondées, mais les zones d’ombres qui perdureraient pour eux, comme l’identité réelle du chevalier d’Adamantine que peu de gens connaissaient, donneraient encore lieu à des discussions passionnées.

Cela fait, il retourna auprès de Lucrèce. Les yeux lourds de fatigue, la jeune femme semblait avoir du mal à rester éveillée. La brusque chute de tension nerveuse produisait ses effets, laissant la faiblesse due au manque drastique d’alimentation reprendre ses droits. S’allongeant au côté de son épouse, le baron l’enlaça tendrement, la tête de la jeune femme reposant sur son épaule. Tandis que les yeux de Lucrèce se fermaient, la fatigue la terrassant, il murmura :

Dormez… je vous réveillerai lorsque le carrosse arrivera.
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeMer 3 Mar 2010 - 15:17

Le temps que mes larmes coulaient, j'enlaçai mon époux. Je pleurai toutes les larmes de mon corps, toutes ces larmes que je ne pouvais contenir et qui devaient sortir afin de me soulager. Au bout de quelques minutes, mes larmes ne coulaient plus mais mes yeux restaient humides.
Harnyll m'avait enserrée de ses bras robustes. Je senatais également son souffle sur ma nuque alors que lentement il caressait mes flancs amaigris. Il put sentir la différence car le contact qu'il eut du bout de ses doigts fut plus que osseux. On sentait mes côtes comme si on flattait de la main un cheval décharné.
Le fait d'avoir tant pleurer m'épuisa plus que de raison. Mes yeux se fermaient lentement et mon époux pouvait sentir que je m'affaisais sur lui, sombrant dans le sommeil. Harnyll m'allongea alors lentement. Ce mouvement me fit me crisper, mes muscles se tendaient alors qu'il n'y avait aucune raison apparente.
Une fois dans la position longitudinale, il déposa un doux baiser sur mon front avant de s'excuser et de se lever du lit. Mes yeux se fermaient sans que j'y puisse quoique ce soit. La fatigue gagnait mon être. Je pensais qu'il était sorti de la pièce mais il ne fit que donner quelques instructions avant de revenir à mon chevet.

Mes yeux étaient déjà clos quand il s'assit près de moi ce qui eut pour effet de me faire ouvrir les yeux péniblement. Un murmure, une caresse sur ma joue et je referme alors les yeux. Je m'endors instantanément. Je suis épuisée.
On frappe alors à la porte. Celle ci s'ouvre lentement et laisse le passage à Adélaïde qui tient sur un plateau un bol de soupe pour moi et un verre de vin pour mon époux.



Il faudrait qu'elle mange encore un peu, elle n'a même pas mangé l'équivalent d'un quart de bol pour le moment.

Elle déposa alors le plateau sur le chevet et laissa mon époux me surveiller et m'alimenter. Quand la porte se referma j'ouvris les yeux. Le grincement de la lourde porte de bois m'avait réveillée. Aussi cela sembla t-il être le bon moment pour manger un peu. Il n'y avait pas besoin de me réveiller.
Une heure plus tard, on frappa à nouveau à la porte.Adélaïde entra et informa le baron que le carosse était prêt.Nous pouvions partir de cette prison qui avait été mienne durant ces dernières semaines pour nous rendre à Féoda même.
Assise dans le lit, je bougeai mes jambes difficilement car elles étaient engourdies. Une fois les pieds hors du lit, je voulus me lever. J'étais bien trop faible pour tenir debout aussi le résultat fut une chute car au lieu de retomber simplement sur le lit, mes jambes se dérobèrent sous moi pour me faire tomber sur le sol à même le tapis.
Mon époux ne put réussir à empêcher ma chute car il se trouvait dos à moi et donner d'autres recommandations quant à notre départ de ce lieu. Aussi seul le bruit de ma chute se fit entendre. Quand il se retourna, le lit était vide mais à bien regarder, on voyait un bout de tête dépassé du lit.
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeMer 3 Mar 2010 - 21:21


Le carrosse est prêt monseigneur

Parfait je vais…

Pouf ! Enfin… pouf… quand quelqu’un tombe, cela fait rarement « pouf », « paf » ou « sbaff » n’est-ce pas ? Mais il faut bien que le rédacteur puisse faire comprendre qu’un bruit de chute vient de retentir de retentir dans la pièce et…. Oh et puis vous avez compris non ?

Bref…

Harnyll se retourna et vit que Lucrèce n’était plus dans son lit mais sur le tapis à côté. La jeune femme avait vraisemblablement tentée de se lever avant que ses jambes amaigries ne la trahissent. Pas une chute bien haute au demeurant, mais révélateur d’un inquiétant état de faiblesse générale. Contournant le lit, le baron vint s’agenouiller aux côtés de son épouse.

Lucrèce, vous ne vous êtes pas fait mal ?

Heureusement non, le tapis ayant amorti le choc, la baronne en serait quitte pour un ou deux bleus. En tout cas la preuve était faite que lui demander de marcher serait inutile pour le moment, la jeune femme devant avant tout reprendre des forces.

Le carrosse est prêt, accrochez vous à moi.

Attrapant un épaisse robe de chambre accrochée dans l'armoire, le baron en vêtit son épouse. Pas franchement la tenue idéale pour un bal, mais le plus important était que Lucrèce ne prenne pas froid en plus du reste. Il ne manquerait plus qu'elle tombe malade pour compléter le tableau.

Soulevant son épouse, ce qui n’était guère un exploit au vu du poids, le baron la porta hors de sa chambre jusqu’au carrosse. Toute la domesticité s’était rassemblée en une sorte de haie d’honneur sur le perron, ayant bien compris d’où soufflait à nouveau le vent. Le couple pénétra dans le carrosse aux armes d’Ysari où Harnyll installa sa jeune épouse du mieux qu’il le put.

Au château !

Fouettant les chevaux, le cocher lançant l’attelage sur la route. Le trajet jusqu’à Féoda ne fut guère long, et ils rentrèrent assez rapidement dans la ville même. La présence de la baronne fut fort remarquée par les habitants et les conversations bruissaient déjà après le passage du cortège. Une fois le carrosse arrêté dans la cour d’honneur du château, Harnyll souleva de nouveau Lucrèce dans ses bras, ce que la jeune femme ne sembla pas dénigrer. La tête posée sur l’épaule de son époux, le visage apaisé malgré les traces de larmes, elle oscillait entre le sommeil et la veille.

Sur le palier du premier étage, le baron hésita un instant puis se dirigea vers l’aile des invités et non pas vers la grande chambre où il avait prévu de loger. Lucrèce avait avant tout besoin de repos, et le calme qui baignait l’aide des invités serait parfaitement adapté. Une servante ouvrit au baron la dernière chambre de l’aile, et Harnyll pu enfin poser son précieux fardeau sur le lit. Se retournant il ordonna :

Faîtes préparez un bain pour ma femme, et amenez mes affaires dans la chambre d’à côté, je vais m’y installer pour la durée de notre séjour.

Le baron ne voulait pas recommencer immédiatement à faire chambre commune, mais il ne voulait pas non plus être à l’autre bout du château pendant que sa femme se remettait de son jeûne volontaire. De la chambre d’à côté, il pourrait gérer les affaires de sa baronnie sans perdre de vue sa douce Lucrèce.

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Lucrèce d'Uberwald
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeMer 3 Mar 2010 - 23:46

La chute ne fut pas douloureuse car le tapis amortit ma chute. Mon époux se précipita alors vers moi. Il me demanda alors si je ne m'étais pas faite mal en tombant. Je secouai alors la tête pour signifier que non.
Passant mes bras autour de son cou, il m'aida à me relever et me déposa sur le lit le temps d'aller chercher une robe de chambre pour me couvrir avant de sortir. J'avais un peu plus chaud à présent.
Me soulevant à nouveau, on se dirigea alors vers la sortie. Je me trouvais dans ses bras, ma tête reposant dans le creux de son épaule. Je me sentais bien comme apaisée.
Mes yeux se fermaient. J'étais dans un état entre veille et sommeil. Je ne fis pas attention que tous les domestiques du manoir s'étaient rassemblés dans la cours et nous faisaient une haie d'honneur. La plus part des servantes étaient heureuses de voir que la situation allait en s'améliorant car certaines m'avaient prises en pitié.
La porte du carrosse s'ouvrit et il me déposa délicatement sur la banquette en faisant bien attention à ne pas m'éveiller. Prenant place ensuite à mes côtés, nous partîmes de mon lieu de détention pour séjourner quelques jours au château de Féoda.

Le trajet me parut bref mais cela sans doute était il du au fait que je somnolais. Nous traversâmes Féoda sans passer inaperçu car toute la population savait que si je me trouvais dans le même carrosse que mon époux c'est qu'il m'avait pardonnée.
La calèche s'arrêta dans la cours intérieur du château. La main de mon cher et tendre vint à caresser mon visage pour me réveiller. J'étais toujours dans cet état de semi veille quand il me porta à nouveau pour me mener à l'intérieur.
Déambulant dans les couloirs, il ne me conduisit non pas aux appartements qui nous étaient normalement alloués mais dans l'aile réservée aux invités. Il avait choisi cette partie délibérément non pas pour m'éloigner de lui mais pour que je sois au calme afin de me reposer et reprendre des forces.
La servante qui nous accompagnait ouvrit la porte d'une des chambres. Entrant dans la piège, Harnyll me déposa avec la plus grande des douceurs sur le lit. A bien y réfléchir, c'était la première fois qu'il faisait preuve d'autant de délicatesse envers ma personne.
Sa voix me tira alors de ce sommeil. Ouvrant les yeux, je me rendis compte que nous étions déjà arrivés. Harnyll comme à son habitude donnait des ordres sur les choses à faire. Un bain et le déménagement de ses affaires dans la chambre juxtaposée à la mienne. Nous allons donc faire chambre à part. Cela me rassura car je n'étais pas tout à fait prête à repartager pleinement une intimité trop proche.

Pendant ce temps, je m'étais assise sur le lit. J'étais retournée vers lui et j'attendais qu'il revienne près de moi. J'avais une question à lui poser car il vrai que pendant tout le temps de mon exil, je n'avais eu de nouvelles de Camille.


Puis je vous demander comment se porte Camille? Elle doit être morte d'inquiétude quant à mon exil.

Il est vrai que Camille était l'une des personnes qui comptait le plus pour moi après mon époux. Donc il était normal que je m'inquiète un peu pour elle. De plus j'avais autre chose à lui demander. J'ignorai s'il avait lu ma lettre ou si elle avait été bien remise.

J'aurai autre chose à vous demander. Je sais qu'il peut être dur de vivre exilé des personnes qui comptent pour nous... Aussi...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que l'on frappa à la porte. C'était la servante pour nous informer que le bain était coulé et prêt. Je ne pouvais m'y rendre seule et je ne pouvais encore moins laisser ma maigreur être découverte par encore plus de personne. Il ne faut pas se leurrer car les bruits de couloir allaient courir. Attrapant par la manche mon époux, je le retiens à mes côtés. Il était la seule personne à qui je pouvais demander cela sans avoir honte étant donné que Camille n'était pas présente.
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeJeu 4 Mar 2010 - 19:14


Camille ? Elle va bien, elle…


Le bain de madame est prêt.

A cette annonce, Lucrèce pâlit quelque peu, si cela était possible pour son visage déjà livide à cause de sa faiblesse. Saisissant la manche de son époux, elle lui jeta un regard presque suppliant. Surpris le baron s’apprêta à lui en demander la raison :

Que se…

Brusquement, Harnyll comprit. La honte. La honte d’être vue nue par la domesticité dans son état actuel. Outre la pudeur habituelle dont la jeune femme faisait preuve, cela risquait de donner lieu à des ragots sur de mauvais traitements qu’elle aurait pu subir. Non, en effet, jusqu’à son rétablissement complet ou à l’arrivée de Camille, mieux vaudrait que le baron s’occupe personnellement de son épouse. Caressant doucement du bout du doigt le visage de Lucrèce, il ordonna à la servante :

Merci, nous nous débrouillerons tout seul.

Saluant, la servante quitta la pièce. Sans doute pensait-elle que ses maîtres comptaient « fêter » leurs retrouvailles dans l'intimité. Pareille pensée était en l’occurrence totalement absente de l’esprit du baron, seule la santé de son épouse lui importait dans l'immédiat.

Allez hop ! Au bain !

Soulevant de nouveau Lucrèce, qui décidément semblait destinée à passer cette journée portée par son mari, le baron la conduisit jusqu’à la salle d’eau. Moins spacieuse que celles d’Ysari, une baignoire en occupait la majeure partie, laissant toutefois la place de tourner autour. De chaudes volutes de vapeur s’en échappait, rappelant au baron que lui non plus ne s’était pas lavé depuis son arrivée à Féoda, malgré qu’il ait passé la majeure partie de la matinée au grand galop sur son cheval. Mieux vaudrait éviter d’interroger Lucrèce sur sa propre odeur…

Asseyant Lucrèce sur une chaise, le baron commença à la dévêtir. La robe de chambre d’abord, puis la chemise de nuit qui laissa apparaître le corps amaigri de la jeune femme. Maudissant intérieurement les serviteurs qui n’avaient rien remarqué, le baron ôta sa tunique pour éviter de la mouiller et porta Lucrèce jusque dans la baignoire.

Délicatement, le baron l’aida à s’installer. Saisissant un savon, il le tendit à sa femme mais demanda, un petit sourire amusé aux lèvres :

Vous pensez pouvoir y arriver seule où dois-je le faire ?

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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeJeu 4 Mar 2010 - 19:53

Mon regard suppliant fit naitre une interrogation dans l'esprit de mon époux. Il se demanda pourquoi je le retenais de la sorte mais il comprit de lui même l'étendu de la situation. Suite à cela, il congédia la domestique qui s'en retourna un sourire au coin des lèvres. Pour elle, il ne faisait aucun doute que nous allions célébrer nos retrouvailles mais ce n'était pas la réalité.
Harnyll dut me porter encore pour me conduire à la salle de bains. Les effluves de sels odorants et les vapeurs embaumaient la pièce. J'avais chaud et très vite le rouge me monta aux joues. Assise sur une chaise, mon époux me déshabilla lentement avant d'ôter sa propre tunique puis de me porter dans la baignoire.
Ma maigreur s'affichait dans toute sa splendeur. On pouvait déjà la deviner à travers mes vêtements mais là, elle ressortait avec la plus grande des évidences. Nul doute que j'aurai trépassé si cette situation avait perduré une semaine de plus.

Une fois dans l'eau chaude, un soupire se fit entendre de ma part. Harnyll me tendit alors le savon, un sourire aux lèvres et une question des plus délicates. Etais je capable de me savonner seule? La réponse était pourtant si simple. Oui, je le pouvais mais le ton qu'il avait utilisé ressemblait plus à une demande de sa part pour se charger de cela.
Il était aux petits soins pour moi. Il n'était pas obligé de le faire mais visiblement, il en avait envie. Je lui avais promis d'essayer d'être une meilleure épouse aussi céder à cette requête qui me mettait quelque peu mal à l'aise n'était pas sans conséquence sur l'avenir de mon couple.
C'était une preuve que je faisais également des efforts de mon côté. Quand il faisait un pas en avant, j'avais pris l'habitude d'en faire deux en arrière. Aussi le laisser faire était un geste primordial. Pour la première fois, ce fut moi qui fit ce pas en avant.


Comme il vous sierra, Harnyll. Je m'en remets à votre volonté.

Mes yeux se baissèrent et mes joues se fardèrent de ce rouge coutumier qui faisait que j'étais gênée. A mes paroles et à la réaction que j'eus il put comprendre que je demandai son aide plus par volonté propre que par nécessité.
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MessageSujet: Re: [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll]   [Féoda] Enfermée dans sa tour [Harnyll] I_icon_minitimeVen 5 Mar 2010 - 21:41


Harnyll se doutait que sa femme pourrait se laver elle-même, bien qu’elle soit toujours à moitié endormie, mais renouer ce premier lien physique entre eux était important pour leur couple. La peur qu’elle ressentait n’était qu’affaiblie mais pas encore vaincue, et la réaction de Lucrèce lorsqu’il s’était approché d’elle au manoir trottait dans son esprit. Avant de se laisser aller, Lucrèce avait eu un mouvement de recul à l’approche de son époux, signe révélateur de la peur qui l’habitait. Cette peur qu’il jurait de bannir, dont il refusait de laisser l’ombre ternir leur mariage.

Le savonnage ne fut pas vraiment fait dans les règles de l’art, d’une part parce qu’Harnyll n’osait point y aller trop vigoureusement, d’autre part parce qu’il s’interdisait encore l’accès à certaines… zones… du corps de sa femme. Mais enfin, Lucrèce se détendit peu à peu, la chaleur de l’eau et les quasi-caresses de son époux faisant leur effet. La crispation qu’il sentait dans les muscles de la jeune femme au début finit par disparaître.

Cela fait, le baron l’aida à sortir de l’eau pour retourner s’asseoir sur la chaise, inondant le sol au passage. Les servantes qui passeraient ensuite risquaient de se dire que la baronne possédait encore bien de l’énergie et que les ébats avaient du être animés. Douce ironie, pensa Harnyll, que ces rumeurs qui circuleraient bientôt. Mais elles valaient toujours mieux que celles affirmant que sa femme avait un amant caché et qui blessaient si profondément le cœur du baron.

Attrapant une serviette, il sécha Lucrèce puis lui repassa son épais peignoir, et renfila sa propre tunique. La prenant (encore) une fois dans ses bras, il conduisit la jeune femme ensommeillée jusqu’à sa chambre et l’aida à s’installer sur un fauteuil près de la cheminée où flambait un bon feu de bois, l’air fraîchissant à l’approche de la nuit. S’installant dans l’autre fauteuil en face de sa belle, le baron la regarda en souriant tendre ses petits pieds vers les flammes pour en capter le maximum de chaleur. Pour la première fois depuis ce terrible jour au tournoi de Diantra, Lucrèce semblait apaisée et tranquillisée.


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