La parabole des ténèbres - partie 2 [Ilinsar Veldrin]

Dans la grande salle du sortilège, Ilinsar n'avait pas été franchement rassurée. Elle et la magie n'avaient en général que des rapports tendus, distants et méfiants. Elle n'avait guère confiance en cette force aléatoire et mystérieuse. Elle faisait partie de ces personnes qui préféraient de loin savoir à quoi elles ont affaire, par le contact, ou par une vision réelle de la chose... Souvent, elle craignait d'être abusée par la magie, qui lui masquait peut-être la vérité des choses... Donc, pour la drow la magie se résumait à: on regarde, on ne touche pas, et on laisse faire les personnes compétentes.

Ensuite, il y avait eu cette profusion d'hommes autour d'elle. Depuis son aventure avec Hanegard, Ilinsar, qui autrefois jouissait de son pouvoir sur la gente masculine, ne voyait plus que d'un très mauvais oeil leur présence dans ses environs directs. Elle haïssait les mâles, quoique ceux de sa races subissent moins ses fourdres que les Humains. Mais tout de mêm, lorsqu'elle avait du l'effleurer, ce sorcier, tout son être s'était révulsé à cette simple idée et elle avait bien faillit claquer la porte. Mais fuir ainsi n'était pas dans ses habitudes, la prime était bonne et de plus, il l'avait engagée. Trois bonnes raisons de ne pas se faire la malle comme le pensait au premier abord.

Elle avait respiré profondément, avait saisit fermement l'épaule du magicien et l'avait laissé effectuer ses bizarreries sans broncher. C'était quelqu'un de compétent, et mieux valait ne pas désobéir à quelqu'un de compétent. Ces gens là ne disent jamais rien au hasard, même s'ils oublient parfois des choses...

Ce dernier point sauta à la figure de la jeune drow lorsqu'ils atterrirent de toute évidence à Nisétia. Mais le monde tangua tout d'abord si dangereusement devant ses yeux, flou et un peu trop lumineux, pour qu'elle en prenne vraiment compte, trop occupée à d'abord conserver son équilibre. Sa tête lui faisait mal.

-Respirez calmement. Les sortilèges de téléportation causent souvent ce genre d’effets secondaires. Cela va disparaître d’ici quelques minutes.

Il en avait de bonnes, lui!

-Il suffit de quelques secondes pour égorger un homme, maître Baenfere... grogna-t-elle en s'agenouillant au sol, les yeux fermés.

Dans cette position, ellle retrouvait un équilibre plus stable, et son ouïe permettait de seconder sa vue defectueuse pour le moment. Son odorat aussi fut de la partie durant les quelques minutes où cette sensation nauséeuse resta à gambader dans ses tripes... Enfin elle se redressa et détailla le paysage.

De ce qu'elle pouvait en juger, ils se trouvaient actuellement au Nord des Ruines. D'imposants blocs de pierre gisaient ça et là, marquant le début du territoire des esprits. Malgré sa vision nocturne performante, elle ne pouvait guère distinguer au-delà avec ce maigre pan de brume qui pouvait dissimuler n'importe quoi.

-Pour cette nuit, éloignons-nous des ruines. Il se peut que nous ayons à combattre, et je préfèrerais découvrir ce terrain de jour. Les pièges de la nuit sont nombreux. Vous pourrez commencer vos recherches demain.

Ilinsar ruminait tranquillement ses pensées face au feu de camp. Etabli dans une petite cuvette, le terrain avait l'avantage de dissimuler la lueur de leur feu. Un bon traqueur sentirait sûrement la fumée, mais sans doute mettrait-il un peu de temps avant de les dénicher. Et puis, elle ne comptait pas se laisser surprendre en territoire hostile en mission. Elle protégerait son employeur de toute créature cherchant à l'approcher de trop près, comme convenu dans le contrat, et exécuter les pires bassesses ne lui faisait pas peur. En mission, on met de côté sa fierté personnelle.

Elle dévisagea le Drow dont le visage éclairé par la lumière du feu restait obstinément baissé sur son parchemin. Au moins, son client n'était pas trop bavard, elle ne risquait pas de se déconcentrer. De plus, sa quête semblait le monopoliser tout entier, corps et âme. L'objet devait être d'une extrême valeur, sans doute d'une quelconque magie... Peut-être même un artefact d'une puissance démesurée, mais elle n'y croyais pas trop. Et puis, ça ne la regardait pas. Tant qu'elle était payée et que le peuple sombre survivait sans autre soucis que celui de massacrer les autres races, tout allait bien, et donc pour elle aussi.

La jeune femme fit tourner son couteau entre ses doigts, pensive. Il faudrait qu'elle prépare l'expédition du lendemain avec soin et minutie. Nisétia était, disait-on, hantée. Si elle ne croyait pas un mot de ces inepties, elle voulit bien admettre qu'une certaine forme de magie ait pu y rester ative, bien qu'elle soit affreusement sceptique. Mais elle ne prendrait pas de risques inutiles. A l'aube, leur camp serait replié en vitesse, et, si la brûme le permettait, ils commenceraient les recherches. Elle sourit. L'inaction des deernières semaine lui avait cruellement pesé.

- Dites moi Ilinsar… vous avez voyagé dans les terres humaines plus que la plupart d’entre nous. Et d’après ce que j’en sais, vous connaissez bien ce que les humains appellent le duché de Serramire. Comment donc les humains ont-ils réussi à maintenir un semblant de stabilité dans ces terres après la destitution de leur duc ? La défaite certes légère mais toutefois douloureuse de Beremas a surpris plus d’un drow, et moi-même je n’y ai d’abord pas cru.

La drow se crispa imperceptiblement prit reprit une bouchée, mâchant avec lenteur en se demandant comment tourner sa réponse.

-J'y suis allée plusieurs fois, c'est vrai, comme mercenaire ou danseuse. Serramire a frôlé le guerre civile pendant un court instant. Mais je ne traînais pas vraiment près des villes, les nouvelles m'arrivaient assez lentement et souvent trop enjôlivées pour valoir quoi que ce soit. Mais de ce que je sais, le responsable de la déroute est aussi celui qui a contenu le désordre, avec une poigne de fer... Hanegard Kastelord. Qu'il soit cent fois maudit pour tous ces braves imbéciles qu'il a envoyé rejoindre les dieux.

Elle cracha vertement, cachant avec plus d'habileté qu'elle ne l'aurait cru sa haine viscérale...

Un jour, oui.

Un jour, elle regarderait cet humain se vider de son sang à ses pieds.

Ilinsar se crispa violemment au moment même où son camarade de "sortie" prononça le nom honni. Son visage se ferma d'autant plus, sa lèvre fut férocement maltraitée dans l'effort que la drow faisait pour retenir le chapelet d'injures colorées et les menaces de mort plus violentes les une que les autres. Ses yeux en eux-même n'étaient plus qu'une invocation à la violence et à la haine. Non. Tout son être n'était que haine...

Hanegard.

Elle cracha avec fureur et son couteau se planta avec violence dans le sol à ses pieds. Reprendre contenance. Ne rien laisser paraître de sa colère, même si c'était déjà trop tard. Et l'autre, là qui souriait comme s'il savait déjà toute l'histoire... Pour un peu, elle le hairait aussi.

-Pour sûr, il est intelligent, stratège de qualité et imprévisible. Mais il est dérisoire face à notre Peuple, cracha-t-elle en se levant.

Son poing serré à s'en faire saigner était encore la seule marque de sa fureur, sans compter son regard assassin, mais ça, elle ne pouvait pas encore le contrôler correctement... Et de toute manière, il fallait qu'elle évacue cette colère de son corps, or, frapper son commanditaire ne remplissait pas les conditions idéales...

-Je prends la garde cette nuit. Dormez. A l'aube, nous irons chercher ce que vous souhaitez et nous repartirons dès que possible.

Elle saisit son arc et son carquois et s'éloigna un peu, le regard rivé sur les ruines cachées dans la brume. D'un bref coup de langue, elle lappa le sang sur sa paume, son esprit déjà évacué ailleurs.

Pendant toute la nuit, Ilinsar rôda autour du campement comme un fauve en chasse. Dans la brûme, le moindre bruit pouvait être étouffé, les siens mais aussi ceux d'une potentielle menace. Or, il était hors de question de laisser cette menace s'approcher trop près du campement et rameuter d'autres menaces diverses d'un peu partout. Tout, sauf ça. Et puis, avec son état d'esprit, elle aurait été ravie, mais alors d'une manière parfaitement exemplaire d'occire un petit truc vivant de ses flèches... non, de sa dague, ça aurait été plus drôle, bref, de torturer généreusemet le gêneur avant de l'envoyer rejoindre le trente-sixième dessous...

Elle se balada donc avec ses armes mais, visiblement, pas un seul animal n'avait été assez suicidaire pour s'approcher, et c'était bien dommage.

***

La drow ne rentra vraiment au camp que lorsqu'une faible lueur rosée commença à poindre par-dessus les collines. Elle frappa dans une pierre puis fit demi-tour, attentive au moindre mouvement suspect. Elle n'aimait pas cet endroit, rien ne lui ferait plus plaisir que de quitter ce secteur mort. Elle n'avait aucune peine à croire qu'il soit hanté, loin de là. Et ses rapport avec le fantastique étant TRES tendus, elle voulait en finir le plus vite possible.

Avec un soupir, elle se laissa tomber près des dernières braises du feu qu'elle raviva, préparant les restes de leur pitance de la veille en vitesse. Puis elle saisit une branche et titilla joyeusement le mage endormit à côté.

- On se lève, maître Baenfere. Ou votre recherche prendra plus de temps que prévu.

Sans plus attendre, elle se servit et entama son repas à moitié froid. Ce n'était pas comme si elle avait vraiment faim, de toute manière, mais il lui faudrait des forces pour la journée, et pour contrebalancer la nuit blanche, comme d'ordinaire.

Elle attendit que le magicien vienne s'asseoir à son tour puis posa sa question.

-Par où voulez-vous commencer? Avez-vous une carte des ruines ou quelque chose comme ça qui nous permettrait d'accélérer vos recherche en ciblant des endroit précis?

Ilinsar bougonna lorsque le mage évita sa question avec une mauvaise volonté évidente. Peut-être n'était-il pas du matin, m'enfin, c'était son choix. S'il ne voulait pas qu'elle connaisse le terrain, libre à lui de penser ainsi, mais qu'il ne vienne pas se plaindre s'ils étaient pris dans une chausse-trappe qu'elle n'aurait put prévoir.

Elle termina rapidement son repas, inspecta de nouveau son équipement puis s'apprêta, plaçant chacune de ses armes à portée directe de la main. Elle ouvrit son carquois de manière à rendre ses flèches plus accessibles, réajusta la position de ses aiguilles empoisonnées et vérifia que ses trois dagues ne resteraient pas bloquées dans leur fourreau au moment inopportun. Enfin, ils partirent pour les ruines.

Au premier abord, elles paraissaient identiques à toutes les autres qu'elle avait pu croiser jusque là. Mais il ne fallait pas s'y laisser prendre. L'atmosphère qui se dégageait de cet endroit était tout sauf ordinaire. Plusierus fois, elle se retourna nerveusement sur leur chemin, se dissimulant derrière un muret pour observer la route, cherchant un silhouette qulconque, même un simple animal. Son inconscient lui soufflait sans cesse que quelque chose de sombre était à l'oeuvre, qu'elle ferait mieux de partir pour sa survie, que ce n'était pas sa place. Elle renvoyait alors son instinct aux fins-fonds de son inconscient et suivait Haldren avec une légère angoisse paranoïaque. Elle avait préféré lui laisser la recherche des quartiers des mages, se préoccupant uniquement de leur sécurité qu'elle sentait perpétuellement menacée. Bon sang, cet endroit respirait la mort!

Leur bref repas en terrain dégagé ne l'apaisa guère plus et elle se contenta de picorer distraitement, l'esprit fixé sur les mouvements possible autour d'eux. Cet endroit, elle devait l'avouer, ne lui plaisait pas du tout. Les ruines antiques masquaient trop de secrets, trop de recoin pour avoir une bonne visibilité sur l'ensemble des lieux.

Quand ils reprirent leur route, la drow sentit son présentiment se renforcer bien davantage tandis qu'ils s'enfonçaient dans les bâtiments. Elle laissa courir son regard un peu partout, l'oreille aux aguets. Le fait de voir Haldren entrer dans une vielle bâtisse ne lui plu pas, mais il ressortit indemne. Il faudrait peut-être lui expliquer à quoi servait un garde du corps finalement...

Elle s'arrêta brusquement, tous les sens en alerte, un frisson de mauvais augure lui traversant l'échine. Cette fois, elle sentait bien quelque chose arriver. Une pierre roula non loin, mais la cause de sa chute ne lui apparut pas. Ilinsar se mordit la lèvre du bas pour reprendre son calme et emboîta le pas de son commanditaire, fixant la corde de son arc avant de placer une main sur sa dague. Son allure se modifia aussi légèrement, plus souple et silencieuse, tandis qu'elle se glissait au niveau de celui qu'elle devait protéger. La menace pouvait venir de partout...

-Nous devrons sortir des ruines avant le coucher du soleil pour bivouaquer, messire Baenfere, souffla-t-elle, tendue.

Sa décision pourraient sans doute déplaire au mage, mais c'était tout de même mieux que d'être surprit dans son sommeil par une cohorte de monstres, s'ils n'en croisaient pas avant. Et elle doutait que ces recherches ne prennent qu'une simple journée...

Haldren entendit à peine les sages paroles de la mercenaire, fixant avec intensité une tablette gravée qu’il venait de ramasser dans un grand bâtiment. La sagesse des mages est certes légendaire, mais seulement après leur soif démesurée de savoir. Et arracher un mage à une piste le menant à plus de pouvoir ou de connaissances demandait du matériel de siège. Or justement, Haldren venait de trouver la piste qu’il cherchait. Il n’en revenait pas… les dieux devaient décidément être de son côté !

Souriant comme un gamin, le Ditronw Da’re brandit fièrement la tablette et la montra à sa compagne, qui ne parut pas impressionnée pour autant. Bien sur, se rappela-t-il brusquement, elle ne pouvait pas comprendre l’antique langue utilisée pour la rédiger. Lui-même devait admettre que la traduction n’était guère chose aisée, tant les tournures s’éloignaient des langues modernes. De fait, peu de mages à travers Miradelphia auraient pu y comprendre quoi que ce soit... mais le maître du C’nros faisait partie de ce petit groupe.

Souriant toujours, il expliqua à Ilinsar :

Cette tablette ornait autrefois l’office des serviteurs de ce bâtiment. Les noms des maîtres des lieux y sont mentionnés, et prouvent que ce palais était bien celui du mage que je recherche. Je sais désormais où nous sommes et où nous devons aller. Suivez-moi ! Vite !

Et d’un pas soudain léger, Haldren s’enfonça encore plus profondément dans la cité, sans aucune hésitation désormais quand à la direction à suivre. Il suivait le chemin de la procession mortuaire de Kersart’h, tel que décrit dans les chroniques de cette époque qu’il avait fini par retrouver en annexe d’un livre moisi au fin fond d’une des nombreuses bibliothèques du C’nros. Le danger qu’ils couraient, la nuit qui approchait, rien de tout cela ne comptait plus à ses yeux. La parabole des ténèbres n’était plus qu’à quelques centaines de mètres de lui, et rien ni personne ne pourrait l’empêcher de s’en emparer. Guère enthousiaste, Ilinsar suivit son employeur du moment.

En moins d’une heure, les deux drows s’étaient enfoncés tellement profondément dans les ruines qu’espérer en ressortir avant que le soleil ne se couche devenait une gageure. Haldren et Ilinsar allait devoir passer une nuit dans les ruines de Nisétia… et y survivre.

Dans l’ombre d’une ruelle, deux yeux morts depuis bien longtemps fixaient le mage et la mercenaire. Une langue noirâtre passa sur les gencives pourries de la créature. De la chair fraîche… enfin !

Ilinsar regarda d'un air blasé l'étrange plaquette que le mage lui tendit, aussi excité qu'un gamin devant un nouveau jouet. Et c'était un des membres les plus influent de la sorcellerie drow? Et bien, fallait pas aller chercher trop loin... Elle soupira lorsqu'elle se rendit compte que son avertissement était tombé dans l'oreille d'un sourd volontaire (et fier de l'être avec ça!) et que, visiblement, il n'avait pas l'intention de l'écouter. Par moment, Ilinsar se posait une question basique, mais pourtant fondamentale: pour se faire écouter, mieux valait frapper avant ou ensuite....? Face à des gamins, la question ne se posait pas dès lors que les parents étaient loin.

Avec un Ditronw Da're, c'était plus difficile. Est-ce qu'il lui en voudrait? A près tout, c'était pour sa peau qu'elle faisait ça, il l'avait engagé dans ce but. Mais pouvait-elle l'autoriser à lui compliquer la tâche en courant partout comme un gosse, avec l'air de ne plus se rendre compte où il était? Non, elle ne pouvait pas le lui permettre... Donc.

La drow emboîta le pas de son employeur en maugréant menaces et insultes colorées à l'égard des mâles volatiles et imprévisibles de leur race... Mais, foi d'Ilinsar Veldrin, elle ne le laisserait pas la faire tourner en bourrique!

Ils continuèrent un bon moment, puis, voyant que l'excitation du magicien avait atteint son comble et que la soleil était sur le point de disparaître au loin, à son plus grand désespoir, Ilinsar saisit vivement l'homme par le col et le traîna derrière elle, comme le gamin qu'il semblait devenir en une fraction de seconde...

-Puisque Monsieur le Ditronw Da're ne semble pas tenir compte des conseils de sa garde du corps attitrée, la garde du corps va user des grands moyens! grogna-t-elle sur un ton, froid et acide qui, elle l'espérait, remettrait un peu cettte tête de linotte à sa place.

Elle leur fit escalader une ruine en pas trop mauvais état. Une fois arrivés au dernier étage de la bâtisse, elle condamna la trappe de son mieux, pour ensuite aménager deux issues différentes dans le plafond, ainsi qu'une fenêtre. Enfin, elle se planta devant le mage et lui colla deux merveilleuses gifles qui, faute de changer quoi que se soit à leur situation, avaient au moins le mérite de soulager ses nerfs.

-Maintenant, gamin, vous allez m'écouter! Comme vous le savez, Nisétia n'est pas un endroit sûr. Surtout la nuit. Je vous ai dit que nous devions sortir des ruines avant la nuit. Question: pourquoi sommes-nous encore ici?

Elle balaya toute protestation d'un geste rageur de la main pour enfoncer fermement son ongle pointu dans le torse du magicien, hargneuse et venimeuse comme rarement.

-Tout ça parce que vous, Monsieur le magicien, n'avez pas su vous contenir! Votre fabuleux trésor n'allait pas s'envoler en une nuit! Et je préfère affronter des maléfices divers ou autres créatures de jour, si vous le voulez bien! Je n'ai pas pour habitude de me faire engager par des suicidaire, et je ne compte pas me laisser mourir ici. Alors à partir de maintenant, vous faites exactement tout ce que je vous dis à la lettre, ou je vous laisse discuter avec nos futurs assaillants, est-ce que c'est clair!?

Ilinsar souffla rageusement puis retourna à la fenêtre observer les alentours.

-Ah, et, si vous n'y voyez pas d'inconvénients, je vous prierai de vous occuper des sorts qui pourraient s'interposer cette nuit. Juste si vous voulez survivre, hein.

Et l'attente commença, tandis que le soleil menaçait de disparaître à tout instant.

Face à la réaction outrée du mage, Ilinsar n'eut qu'un regard blasé et un bref coup d'oeil dubitatif. Elle dut bien retenir aussi l'exclamation de mépris qui avait faillit lui échapper, comme quoi un mage qui oubliait lui-même ses propres mises en gardes face aux dangers magiques n'était pour elle que pacotille et poudre aux yeux... Elle était déjà allée très loin dans l'audace en le giflant après l'avoir traîné ici, il ne valait mieux pas pousser le bouchon plus que cela. Elle se doutait parfaitement que sa vie n'avait tenu qu'à un cheveux. Mais s'il l'avait tuée, il lui aurait fallu se débrouiller seul face à ce pourquoi il l'avait engager, quoi que ce fut. Elle elle lui aurait souhaité bon courage. De plus, la tuer alors qu'elle ne faisait que son travail aurait tenu de la bêtise...

L'entendre marmonner comme un môme à qui l'on aurait retiré le jouet rêvé la fit sourire de manière sardonique, accoudée à la fenêtre. Oui, il avait beau avoir au moins trois voire quatre siècle de plus qu'elle, ils éataient au même niveau concernant leurs plus bas désirs... De vrais drows.

En revanche, son soupir de mépris lui fit beaucoup moins plaisir et elle dut se retenir de lui clouer une main au mur, histoire de lui faire réaliser qu'il ne lui faudrait qu'un instant pour l'abattre s'il l'agaçait trop... Mais bon, elle lui devait un peu la vie, donc elle épargna aussi la sienne. Retour de bon procédé. Et puis, s'il n'avait pas été aussi obnibulé par son Trésor, il aurait pu dresser plus tôt la barrière, na!

Elle ne lui prêta pas plus d'attention lorsqu'il s'assit sur le sol pour marmonner son sort, en revanche, les fils noirs qui se déroulèrent de partout déclanchèrent un violent frisson sur son échine. Magie = danger. Toujours. Aussi s'éloigna-t-elle discrètement des ouvertures, tendue comme jamais, le regard dérivant un peu partout.

La remarque de son compère sur la solidité de sa barrière et le ton satisfait dans sa voix ne lui plurent pas du tout. Souvent, les plus vantards oubliaient un léger détail, souvent insignifiant, mais qui fragilisait leurs oeuvres. Et de toute manière, Ilinsar ne croyait qu'en son arc et sa lame. Avec un soupir, elle s'assit sur le sol devenu élastique et retira un morceau de son repas de son sac. Elle se refusa à allumer un feu, trop repérable de nuit. Et rien ne leur disait qu'un magicien ne s'était pas lui aussi aventuré dans les ruines en quête de pouvoir...

Une sorte de gémissement aigü la fit sursauter, les yeux grands ouverts. Elle se glissa vers la fenêtre, mais les ténèbres de la nuit avaient effacé toute trace de vie. Un léger brouillard se levait à nouveau.

-Qu'est-ce que c'était que ça?

Lorsque la tache blanche était apparue sur le sol, Ilinsar avait sentit son estomac se nouer. Quelque chose arrivait. Elle banda son arc avec dextérité, mais recula lorsqu'on lui en donna l'ordre. Elle n'était pas stupide au point de ne pas comprendre ce qui se passait: la chose parvenait à franchir le bouclier que son ô combien puissant compagnon avait vanté quelques minutes auparavant... Donc la chose avait de bonnes compétences magiques... Elle déglutit avec une légère angoisse. Affronter des créatures dotées de pouvoirs magiques ne lui plaisait pas du tout. C'auraient été des monstres ordinaires, pas de problème, elle en aurait fait son affaire... Mais de la magie... Brrr...

Lorsque le trou s'ouvrit, tout doucement, la drow du s'empêcher de porter à la main à son nez, histoire d'entraver cette odeur de putréfaction gangrenée qui s'échappait de l'orifice. Il lui fallut tout son self-contrôle dûrement acquis pour ne pas lâcher ses armes comme la plus pitoyable des débutantes. Mais cette odeur nauséabonde, elle la connaissait pourtant. Cette odeur de chair pourrie à moitié dévorée par le temps et les vers, cette odeur de sang séché depuis trop longtemps, et surtout, cette odeur de mort, de maladie et de destruction qui accompagnait tout meurtre violent, sanguinaire, brutal. La chose n'était pas humaine. Ni drow, ni elfique. Peut-être naine, mais elle avait des doutes. C'était bestial, violent, primaire, mais incontestableemnt dangereux.

Enfin, le bras était sorti, immonde dans sa destruction, la peau pendant comme un vêtement en loque sur la chair noircie. Le membre était bien trop long pour apartenir à un nain, remarqua-t-elle. Mais avait-elle vraiment eu une forme conue et définie, un jour, cette chose? Peut-être pas, s'il s'agissait d'un maléfice.

Ilinsar vit avec joie le bras repartir d'où il venait sous l'assaut des piques d'ombre, et le trou se refermer presque aussitôt. Elle déglutit, n'écoutant que distraitement les conclusion de son compagnon, le regard fixé sur l'ancien trou. Elle avait su briser cette protection si aisément que la drow ne pouvait plus se sentir en sécurité dans leur maigre cachette.

-Cette créature n’y reviendra pas cette nuit, mais nous devrons être prudents demain, car je doute qu’elle abandonne si facilement.

Ilinsar acquiesça mécaniquement, mais son esprit tournait à plein régime. Et s'il y en avait d'autres? Si, profitant des ténèbres, ces créatures venaient les assaillir en plein sommeil, perçant leur maigre cocon de protection comme le fit celle-ci?

Ces tourments suivirent la drow jusque dans le sommeil. Si elle gardait un visage impassible d'un point de vue extérieur, elle restait nerveuse. Dans quelle merde cet abruti de sorcier venait-il de les embarquer. Elle aurait du le forcer à partir bien plus tôt, avant qu'il soit trop tard pour partir...

Au matin, elle n'avait guère dormi, mais elle était parvenue à une conclusion. A prrésent que la créature était là, elle ne les lâcherait plus. Sa faim était trop importante, et les proies sûrement trop rares. Peut-être même était-ce elle qui les avait suivit depuis le début. Il leur faudrait se battre aujourd'hui. Eviter les zones sombres, de préférence, mais la jeune femme avait déjà perdu cet espoir... Elle avait bien vu que leur destination était une tombe. c'était à elle de jouer pour les sortir de là, en s'appuyant sur les pouvoirs de son coéquipier. Face à une armée, ils ne tiendrait sans doute pas longtemps. Il leur faudrait un plan de secours. Et l'assurance de ne pas y laisser leur peaux. Pas qu'elle n'ait pas confiance en ses facultés, et en celle du plus dangereux magicien du Puy... Mais face au surnombre, leur marge de manoeuvre serait trop restreinte.

Elle refit silencieusement son sac, puis suivit le mage hors de leur cachette, le corps et l'esprit aux aguets. Elle se retournait fréquemment, scruttait les ombre, affreusement mal à l'aise. On les observait aussi. C'était encore plus fort que la veille...

-Quoi que vous ayez à faire, maître Baenfere, faîtes le vite. Nous ne survivrons sans doute pas à une autre nuit ici à moins de disposer du support des Dieux ou d'un revers de chance magistral.

Oui, elle était lucide. Leur présence ici ne devait pas se poursuivre plus longtemps. Quitte à simplement ressortir des Ruines pour la nuit. Le contraire reviendrait à un suicide en règle.

Ilinsar grogna pour la forme lorsque le mage fit écho à son propre conseil et reprit sa surveillance des environs. Rien ne semblait se mouvoir, mais elle refusait de se laisser berner par ce calme illusoire. On les surveillait, et ce "on" ne leur voulait pas du bien. Depuis la visite de la veille, la drow faisait également marcher son odorat, histoire de voir si la créature s'approchait un peu trop d'eux. Mais les Ruines vides avaient leur propre puanteur, poussiéreuse et érodée, si puissamment incrustée dans la pierre qu'il était difficile de distinguer une autre "saveur" olfactive... Ce qui la dépitait un peu. Ne pas savoir d'où venait le danger était la pire crainte de la proie. D'ordinaire, Ilinsar se serait fait une joie d'inverser la donne, mais les Ruines lui étaient inconnues, et affronter un cadavre de magicien ambulant semblait un peu hors de sa portée avec ses maigres connaissances. Il lui faudrait donc attendre...

Son mage à elle les mena jusqu'à une sorte de petit bâtiment sinistre, mais elle sentait que ce n'était pas quelque chose d'ordinaire. Ce lieu avait une aura sombre, typique de ces lieux de mort où les cadavres reposaient pendant que l'âme rejoignait les Dieux. Une nécropole, ou un cimetière. Et donc, forcément, un endroit ténébreux, avec une seule sortie.

Pour la deuxième fois depuis le début de l'expédition, Ilinsar se prit à haïr son employeur. C'était un coup à se jeter tout droit dans la gueule du loup. Elle poussa un soupir à fendre l'âme mais assista tout de même le mage dans l'ouverture de la porte maudite. Maudite, car rouillée, donc fichtrement résistante à leurs injonctions, mais elle s'ouvrit tout de même. L'odeur de renfermé la fit suffoquer un peu puis ils s'engagèrent dans le long couloir, vers les tombes. La drow marqua distrètement les murs, simple réflexe sécuritaire au cas où ils se perdraient.

Enfin, ils débouchèrent dans une vaste salle. Avant qu'elle n'ait pu en juger les dimensions et les éventuels pièges, le mage se rua littéralement sur un vieux bouquin poussiéreux. En se rapprochant, elle fut surprise par ses axclamations soudaine de bonheur, particulièrement... expressive... Et elle dut empêcher son poing d'aller rencontrer la joue du mage dans un vieux réflexe. Néanmoins, une présence dans leur dos la ramena vite à la réalité.

Alors même que la voix caverneuse résonnait, Ilinsar enconcha une flèche avec une vitesse que seule l'expérience peut donner. Le retour du cadavre ambulant... Mais pas seul, loin de là. Comment avaient-ils pu se glisser à leur suite sans qu'elle les remarque? Elle ne savait pas. En revanche, elle savait très bien qu'il lui faudrait très vite trouver une idée géniale pour sauver leurs postérieurs de la horde glauque...

-Valas Tal'Berith et Uriz sont avec vous, hein? marmonna-t-elle à son compagnon, l'arc tendu...

Le coup d'envoi de la mêlé fut donné. A peine les derniers mots de la créature eurent-ils franchit ses lèvres putréfiées que la masse grouillante s'élançait. Mais au même moment, Ilinsar entama la grêlée de flèche, aussi vite que possible, visant la tête.

-Occupez vous de la mère, je vais jouer avec ses chers petits comme elle l'a si gentiment proposé...

Sur ces mots, la drow bondit en avant, encocha quatre flèches et les tira, un sourire de hyène aux lèvres.

Ilinsar esquiva avec une rage redoublée les attaque à la pierre de cette masse répugnante, décochant toujours ses flèches à toute allure. Un instant, elle avait pu tenter d'atteindre le meneur, le touchant en plein cou, une blessure mortelle pour tout être vivant normal. Oui mais, celui-là, non seulement était déjà mort, mais bougeait grâce à la magie. Or, elle ne connaissait rien à la magie, et donc rien pour rompre le sort qui rattachait cette âme détraquée à ce monde.

Par dépit, elle laissa donc son compagnon imaginer une quelconque formule qui les débarrasserait de ce truc et pendant ce temps,e lle s'occupa de retenir la masse grouillante des morts-vivants. Il ne lui restait plus beaucoup de flèches. Bientôt, elle devrait passer au corps à corps, et cette option ne lui plaisait pas beaucoup. Contrainte de se rendre au contact, elle serait plus vulnérable. Et se faire encercler n'était pas dans ses projets. Oui, ils n'avaient plus beaucoup de temps avant d'être débordés.

Cinq flèches... Trois... Deux...

Elle esquiva une pierre d'un pas sur le côté, jurant lorsqu'elle sentit la roche l'effleurer. Réaction trop tardive. Elle reprit brièvement son souffle au curs d'une accalmie. Courte, bien trop courte.

La drow encocha sa dernière flèche mais alors qu'elle allait tirer, une main entre dans son champ de vision, lui tenadant un étrange trait entièrement noir.

-Utilisez cette flèche. Visez la tête.

Répugnée mais pas stupide, Ilinsar saisit l'objet avec précaution, l'encocha, envoya une dague sur un zombie qui approchait un peu trop, recula d'un pas et tira. Elle avait soigneusement visé pour que la créature n'ait pas le temps de se décaler assez pour esquiver. Mais rien ne pouvait empêcher un autre monstre de se mettre sur la trajectoire de la chose. La drow frotta sa main moite contre sa tunique, dents serrées à l'idée qu'elle ait pu manquer son but. Le tout ne dura que quelques secondes, ou pas un seul son ne l'atteignit.

Si elle avait échoué, il ne faudrait pas longtemps avant qu'ils perdent toute chance de survie...

La flèche d’ombre siffla dans l’air, messagère de mort et de destruction. Le nécromancien mort vivant parut comprendre le danger, et ses yeux desséchés s’écarquillèrent en le voyant arriver. Pour la première fois depuis longtemps dans son regard de lisait non pas de la faim ni de la colère mais de la peur. La créature tenta bien d’esquiver, mais…

…trop tard…

Le tir d’Ilisar avait été parfait et la flèche se planta en plein milieu du front du mort-vivant qui poussa un épouvantable hurlement d’agonie. Des filaments d’ombres jaillirent, formant un complexe réseau tout autour de son crâne, absorbant les énergies qui relaient la volonté du mage au cadavre qu’il habitait depuis de si longs siècles. Lentement, le nécromancien tomba à genoux, puis s’étala de tout son long et après quelques ultimes soubresauts ne bougea plus.

La… mort… définitive… du mort-vivant stoppa net l’assaut des zombies. Plusieurs s’effondrèrent brusquement, comme des marionnettes dont les fils se seraient coupés, d’autres s’immobilisèrent, quelque uns se mirent à frapper tout ce qui se trouvait autour d’eux dans une sorte de rage aveugle. Quoi qu’il en soit, la horde n’était plus en danger et la créature d’ombre invoquées par le Ditronw Da’re pu en venir aisément à bout sous le regard approbateur de son maître.

Enfin le calme revint dans le tombeau. Ayant dissipé ses sortilèges, Haldren sourit à Ilinsar. La mercenaire s’était révélé une alliée précieuse, bien au-delà de ses attentes. Mais désormais ils allaient devoir se séparer. Lui-même disposait d’un moyen de rentrer au Puy quasi-instantanément, et il lui tardait de passer au crible les savoirs ancestraux contenus dans le livre qu’il serrait contre lui.

De sa main libre, il fouilla dans l’une des nombreuses poches de sa tenue et en sortie une bourse bien rondie contenant la paye de la mercenaire ainsi qu’un petit rubis dont elle pourrait tirer un bon prix. Il s’agissait d’un petit bonus pour elle que le Ditronw Da’re lui laisserait découvrir au fond de la bourse.

La joie d’avoir découvert la parabole des ténèbres le rendait particulièrement généreux, car de fait le rubis valait largement autant que l’or qu’elle lui avait demandé pour l’accompagner à Nisétia. Et puis qui sait ? Le mage tenait à démontrer sa gratitude à Ilinsar. Malgré ses manières brutales, la mercenaire lui avait sauvé la vie, et il tenait à son image d’employeur « généreux ». Si jamais un jour il avait de nouveau besoin d’elle…

Eh bien Ilinsar, c’est ici que notre collaboration se termine. En ressortant de cette crypte, allez toujours vers le Nord, vous devriez être sorti de la cité en quelques heures. Continuez dans cette direction, vous trouverez à quelques kilomètres une route bifurquant Nord Est qui vous ramènera au Puy en guère plus d’une semaine.

Un voyage plutôt aisé pour une mercenaire qui s’était rendu jusqu’au cœur des terres humaines. Agin de lui faciliter la tâche, le mage lui laissa ses rations et son équipement, lui expliquant qu’elle pouvait en faire ce qu’elle désirait. L’abandonner, s’en servir, le revendre à son retour au Puy… au fond, peu importait à Haldren.

Le grimoire serré contre son cœur, le Ditronw Da’re activa le sort de téléportation contenu dans la bague symbolisant sa charge. Une nuée noire l’enveloppa, et lorsqu’elle se dissipa, il avait disparut.

Ilinsar constata avec allégresse que non, elle n'avait pas manqué sa cible pour son plus grand bonheur et sa survie, bien entendu. Avec un sourire sadique, elle regarda la chose s'effondrer dans un hurlement sinistre mais très agréable pour ses potentielles victimes. Quel bonheur de voir la menace tomber sous votre regard de votre fait... Quelques fils noirs s'attardèrent le temps de vider la créature de sa substance ( elle aurait elle-même été ravie de profiter de son immobilité pour le disséquer jusqu'à ce que son âme quitte elle-même ce corps sous la souffrance... mais bon, les plaisirs devaient être gardés pour plus tard...)

La horde en elle-même ne l'inquiétait pas, son partenaire s'en chargea de manière expéditive et redevint rapidement une montagne de chair inarticulée et à l'odeur putride que la jeune femme allait s'empresser de fuir dès que le mage aurait récupéré son souffle avec son bouquin... D'ailleurs, quel bouquin pouvait provoquer une telle réaction de la part d'un mage supérieur, si ce n'est un ouvrage de magie noire? Après, ce genre de choses ne la regardait pas du tout, tant qu'on la laissait en paix. La commande était remplie, à moins que ce cher Haldren ait dans l'idée de la pousser à la raccompagner... Ce ne serait pas du luxe, en fait... Ils étaient loin de toute terre habitée...

Oui mais, si elle souhaitait rejoindre la terre des hommes dans le secret afin de faire ravaler sa superbe à cet Hanegard de malheur, partir discrètement d'ici serait une bonne solution... Sauf qu'elle n'aurait certainement pas assez pour se rendre jusque là-bas... Il fallait tout de même traverser la moitié du continent...

Bon, elle rentrerait donc au Puy, s'achèterait un cheval avec sa toute nouvelle forture fraîchement ganée, puis, cap sur Alona... Sans oublier de refaire le stock de flèches...

-Eh bien Ilinsar, c’est ici que notre collaboration se termine. En ressortant de cette crypte, allez toujours vers le Nord, vous devriez être sorti de la cité en quelques heures. Continuez dans cette direction, vous trouverez à quelques kilomètres une route bifurquant Nord Est qui vous ramènera au Puy en guère plus d’une semaine.

Elle aquiesça distraitement à l'égard du mage en tâtant la bourse, la faisant tourner entre ses doigts. Elle distinguait une forme incongrue au fond du sachet mais ne dit rien à ce sujet, après tout, on ne la payait pas pour dire n'importe quoi. La chose était là à dessein.

Elle récupéra rapidement le reste du matériel d'Haldren, se demandant comment il allait pouvoir expliquer qu'elle ne ressorte pas de chez lui plutôt que de revenir au bout d'une semaine au Puy? Bah c'était son problème.

Ilinsar regarda tranquillement son employeur disparaître en un clin d'oeil grâce à cette magie dont il était si fier. Puis elle chargea son équipement, vérifia qu'elle avait bien récupéré toutes ses dagues et les flèches non abîmées puis prit la direction du Nord, encore sur ses gardes. N'importe qui pouvait entrer dans les ruines, mais peu en ressortaient vivant. Quoique s'il tombaient toujours sur ce maudit enchanteur, c'était compréhensible.

Avec un rire moqueur, la jeune femme se dirigea tranquillement vers la sortie de ce bref mauvais passage de sa vie, grimaçant lorsqu'elle se rendit compte que l'odeur de cadavre la suivait partout.

Première étape, le prochain ruisseau, cours d'eau ou la simple cuvette pour un bon bain...