[Les loups se retirent...] Courtes Jambes contre Loups Gris [Prio : Aetius]

A la venue de ce Gaudale, à ses paroles et à son comportement de roturier, Aetius ne put retenir une moue de dédain manifeste. A l’agréable compagnie du sieur Jehan de Rochefort se substituait l’arrivée abrupte d’un petit chef du Comptable. Se contentant d’écouter les paroles de ce dernier dans un silence froid, il n’esquissa aucune réaction que cet air méprisant qu’on a cité plus haut. Ne donnant pas plus d’importance que cela au nouveau venu, il se tourna une nouvelle fois vers Jehan d’Assar et lui dit.

« Messire, qui dois-je écouter ? Il n’est pas bon d’avoir deux hommes décidant de mener en même temps les pourparlers, notamment lorsque leurs manières tout comme leurs offres sont à l’opposée l’une de l’autre. A qui dois-je donc parler ? A vous, ou à cet homme ? »

La situation était certes critique, mais les deux capitaines, ne leur en déplaise, devaient bien s’accorder avant de proposer deux alternatives tout à fait différentes. Aetius espérait que cette confusion au sein du commandement de l’armée adverse allait se régler vite, afin qu’ils engagent une discussion valable.

L'arrivée fracassante du Godal, fut des plus ... fracassantes et jeta un froid sur les discussions qui se déroulaient agréablement jusque maintenant. Il parla fort et d'un air contrit.

Que signifie ceci Sieur Jehan ? Pourquoi avez vous pris l'initiative des pourparlers sans même m'en avertir ?

Jehan se renfrogna, adressant un regard désolé au jeune seigneur qui allait en prendre pour son grade.

Chevalier d'Ivrey .. Je suis le Capitaine Godal, Commandant des forces de patrouille d'Oësgard et envoyé du régent Egmont de Syliana.
Vous êtes accusé de brigandage et de raid en Oësgard. Vous avez profité du chaos de la région pour venir voler butin et richesses appartenant à Oësgard.
Je vous adresse une unique sommation : vous et vos nains doivent déposer les armes et vous soumettre à l'autorité du régent.
Vous devez également sur le champ rendre tout butin, toute ressource que vous avez volés.

Votre réponse doit être immédiate.

Si vous obtempérez, vos nains seront expulsés et reconduis sans délais à la frontière ainsi que les hommes vous accompagnant et n'appartenant pas à Oësgard.
Si vous refusez .. sachez que vous êtes complètement encerclés par une force plus de quatre fois supérieure à vos rangs. Et vous devez sûrement être au fait que nous ne sommes aucunement tendres envers les brigands écumant la province.

Le Seigneur d'Assar soupira en baissant les yeux, ces oësgardiens étaient décidément de fin diplomate. L'air méprisant qu'eut le jeune chevalier ne fut rien comparé à la façon qu'il eut d'ignorer le capitaine vindicatif avant de se tourner vers Jehan.

Messire, qui dois-je écouter ? Il n’est pas bon d’avoir deux hommes décidant de mener en même temps les pourparlers, notamment lorsque leurs manières tout comme leurs offres sont à l’opposée l’une de l’autre. A qui dois-je donc parler ? A vous, ou à cet homme ?

La situation s'envenimait plus vite qu'une morsure de vipère et Jehan du élever quelque peu la voix.

Messieurs! Messieurs!! Je vous en prie!

Il prit une profonde inspiration, s'adressant tout d'abord à l'oësgardien.

Capitaine ... J'ai voulu rencontrer le Seigneur Aetius, pour qu'il puisse s'expliquer. Tout cela semble être un malentendu. Notre déploiement est suffisamment agressif et belliqueux pour modérer nos propos!!

Il observa un instant le jeune officier. Jehan avait été comme lui, impulsif, fougueux, prompt à se battre, mais les années lui avaient appris que la guerre ne se faisait pas toujours à la pointe de l'épée. Son ton était teinté d'une certaine autorité, sans pour autant être agressive, c'était un conseil appuyé, dirons nous, un conseil de vieux briscard au jeune loup. Il poursuivit, revenant sur Aetius au fil de ses mots.

Je veux juste éviter du sang inutilement versé ... Nous poursuivons le même but d'après les dires de chacun. Je comprends votre colère, Capitaine, mais le seigneur d'Ivrey, ici présent, m'assure qu'il s'agit d'une mésentente ... Seigneur d'Ivrey, veuillez excuser l'emportement du capitaine, mais comme je vous le disais plus tôt, de graves soupçons pèsent sur vous. Pourrions nous reprendre cette discussion tous ensemble?

Jehan, en parfait diplomate, tourna la tête vers l'un et l'autre de ses interlocuteurs, attendant les réponses de l'un et l'autre.

« Être traité de baron rebelle de la part d’un de leurs anciens sbires est pour le moins cocasse, messer capitaine. Si je suis ici, c’est pour le bien du royaume et au nom du roi. Je ne vais pas commencer à entrer dans les petites intrigues de votre nouveau maître, ce serait dégradant. Tout ce que j’ai fait, c’est combattre des brigands et des déserteurs venus aussi bien d’Oësgard que de Serramire, d’Alonna et même d’Arétrian. Les prises de guerre que nous avons faites n’appartiennent donc pas à Oësgard, mais à toutes les seigneuries que je viens de citer.

Quant à ma soi disant fuite avec ce butin, c’est un procès d’intention, une nouvelle manœuvre ourdie par votre maître pour me perdre. Je déclare que j’ai aidé à assainir cette contrée, vous soutenez que je l’ai pillé. Vous n’avez aucune preuve, seulement des suppositions, et montrez toute la cruauté de votre race en voulant anéantir des hommes qui se sont battus pour le bien de ce pays. Cette affaire nécessite le jugement des dieux, un duel judiciaire et rien d’autre. »

Aetius était étonné qu’on lui demandât de rendre les prises de guerre qu’il avait faites. Il se doutait bien que le Comptable, à force de côtoyer l’argent, s’était épris de lui. Etait-ce par avidité qu’il réclamait ce butin ? A moins que ce régent-ci ait quelque dent contre Aetius ? Les dieux seuls savent. Tout ce que l’Ivrey savait, c’est que l’agressivité de l’Oësgardien ne pouvait être qu’intentionnelle, notamment lorsque l’on avait entendu les propositions précédentes de Jehan de Rochefort, qui semblaient beaucoup moins insultantes.

L'appel au calme avait visiblement était écouté par les oiseaux mais en rien par les deux compères de Jehan. Les piques incessantes de l'oësgardien ne pouvait rencontrer que la froideur de l'Ivrey. Chacun accusait l'autre de complot, de manoeuvre pour nuire à l'autre. Le jeune Aetius, plein de fougue, en appela à la justice des dieux, souhaitant laver l'affront qu'on lui faisait. Secouant la tête, Jehan ne put que déplorer cette situation et il intervint une nouvelle fois, tentant de calmer les ardeurs de l'un et l'autre.

Messieurs! Je vous en prie! Godal cessez votre vindicte! Aetius, de grâce, raisonnez vous! Le capitaine Godal suit les ordres, nul besoin de prendre la chose personnellement, d'Ivrey. Capitaine, accordez au moins le bénéfice du doute à un homme mandaté par le Roi en personne, comme le Régent Egmont. Je vous en prie encore une fois! Je suis certain qu'il est possible de nous entendre! Je me refuse à engager Odélian dans une bataille contre le représentant de Scylla sans ^preuves tangibles de a félonie, mais il est hors de question de laisser planer le moindre doute par rapport a votre intégrité, Aetius.

La médiation trouvait-elle une résonnance dans les coeurs fermés des "ennemis"? Jehan devrait avertir le Gras du déroulement de l'affaire au nord.

Votre différent ne peut-il se régler ailleurs que dans le sang? Odélian ne pourrait-il se montrer juge impartiale dans cette querelle et ainsi éviter des morts inutiles?

Si l'un ou l'autre refusait, le combat deviendrait inévitable.

Encore une fois, Jehan de Rochefort se plaçait en médiateur, se posant entre Gaudale et l’Ivrey, l’un souhaitant mettre l’opprobre sur l’autre. Le traitement que lui faisait subir le sbire du Comptable de Diantra ne faisait qu’exacerber cette colère froide qui couvait, loin de son visage, toujours empêtré dans un glacis marmoréen. Il accueillit, de nouveau, les paroles du seigneur odélian avec joie, qui savait se comporter. Se tournant de nouveau vers ce dernier, Aetius lui répondit.

« Si je dois laver mon nom des accusations formulées par Egmont, je suis effectivement persuadé que ce dernier ne pourra s’acquitter d’un procès de bonne justice, étant juge et partie à la fois, ainsi que particulièrement zélé quant à ma perte. J’accepterai une médiation de la part du comte d’Odélian, à moins que le roi ne veuille régler cette mésentente lui-même. »

Il se contenta de ces quelques mots, espérant que cette affaire allait se régler pacifiquement. Le royaume n’avait pas besoin, pensait-il, de plus de morts, surtout sous un prétexte aussi fallacieux que celui qui avaient amené ces deux armées à s’observer ainsi, en chien de faïence.

Par les Cinq ! Qu’était-ce donc que ces manières en plein pourparlers ? Si le second avait d’abord voulu laisser le bénéfice du doute au Capitaine Godal, pensant à tord qu’il finirait par se calmer et devenir enfin un minimum poli dans cette discussion, mais non.
Aussi, quand il estima que cet imbécile en avait trop fait, ne manquant pas même de cracher sur de précieux et courtois alliés, le Second, Roland eut un brève échange avec quelques soldats venus en compagnie du Capitaine.
Bien vite, les hommes s’avancèrent, se plaçant de chaque côté du Capitaine, et le Second s’avança avant que celui-ci ne réponde à la sage proposition de Jehan.

« Soldats, emmenez-moi ce manant avant qu’il ne nous déclare une guerre avec ses imbécilités. »

Oh il protesta, hurlant des ordres contraires, mais ses hommes furent fermes et le conduirent à l’écart, où on l’entendait encore maugréer au loin. Quand le calme revint, Roland fit face tant au Chevalier de l’Ivrey que du Commandant Jehan.

« Pardonnez cette initiative qui pourrait apparaître comme déplacé, mais je ne pouvais le laisser continuer ainsi… Je suis le Lieutenant Roland, et dès à présent représentant de l’Oësgardie dans ces discussions. Et à ce titre, je vous présente des excuses, Sieur d’Assar, pour les mots à l’encontre de vos troupes et de votre présence. A vous également, Sieur de l’Ivrey, pour ces accusations prématurées. »

Les excuses prononcées, il espérait pouvoir passer outre cet épisode désastreux perpétué par le Capitaine Godal qu’on entendait définitivement plus à présent. Il fallait poursuivre sur une meilleure voie.

« Outre cela, Sieur d’Assar… J’accepte volontiers l’assistance d’Odelian dans cette histoire, au titre de médiateur, afin qu’on puisse tirer au clair et dans le calme tout les rouages de cette obscure affaire. »

Alors que les pourparlers s'envenimaient, tombant dans l'insulte pure envers son "adversaire" et ses alliés, un évènement plus qu'inattendu eut lieu. Le Capitaine Godal, pris d'une semie folie, lui faisant oublier toute retenue et bienséance de mise, fut mis au arrêt par son second, qui trépignait sur sa selle depuis la première intervention de son supérieur. Il prit alors la parole.

Pardonnez cette initiative qui pourrait apparaître comme déplacé, mais je ne pouvais le laisser continuer ainsi… Je suis le Lieutenant Roland, et dès à présent représentant de l’Oësgardie dans ces discussions. Et à ce titre, je vous présente des excuses, Sieur d’Assar, pour les mots à l’encontre de vos troupes et de votre présence. A vous également, Sieur de l’Ivrey, pour ces accusations prématurées.

Les traits tirés de Jehan laissaient bien voir son désarroi mêlé de colère qu'avait fait naître en lui les dernières paroles de Godal. Ses mots claquèrent dans l'air, secs.

Croyez bien que votre Régent et mon suzerain seront mis au courant des paroles prononcées ici et devant témoin! Mon désir de régler cette affaire pacifiquement est l'unique chose qui me fait demeurer ici! A la prochaine insulte, je vous laisse régler vos affaires d'oësgardiens entre oësgardien.

L'officier odélian ne plaisantait plus, et le dénommé Roland avait intérêt à faire preuve de courtoisie. Le sus nommé fut effectivement plus humble que son supérieur.

Outre cela, Sieur d’Assar… J’accepte volontiers l’assistance d’Odelian dans cette histoire, au titre de médiateur, afin qu’on puisse tirer au clair et dans le calme tout les rouages de cette obscure affaire.

Quelque peu agacé, mais tentant de retrouver son calme, il dit entre ses lèvres crispées.

Certes, certes ... Laissons juste au Sieur d'Ivrey le temps de s'expliquer. Avant votre intervention, sa version était des plus contradictoires avec celle de votre officier. Si vous vouliez vous donner la peine ...

Il dit ces derniers mots en invitant du geste et de la parole, le juen régent de Scylla a éclaircir les points d'ombres de cette triste affaire.

Les pourparlers, qui prenaient alors une pente dangereuse, prenaient à présent une allure pour le moins chaotique. Traitant d’abord avec le doux sire d’Assar avait eu, ensuite, affaire à un capitaine de la troupe oësgardienne avant de voir celui-ci suppléé de manière musclée par l’un de ses subordonnés. Avait-il face à lui (ou plutôt autour de lui) une armée organisée, disciplinée ? Aetius, toujours paré dans un visage d’une inexpressivité hautaine, observait les chamboulements avec autant de surprise que de flegme. Quelques mots furent échangés puis Jehan de Rochefort, de nouveau plus ou moins arbitre de cette rencontre, reprit la parole pour la lui prêté.

« Messire, si je suis ici, c’est sans aucun doute pour le bien du royaume. Comme je vous l’ai expliqué auparavant, j’ai clamé ma venue ici, sur les terres d’Oësgard pour y aider à sa pacification, ou plutôt, pour y évincer la canaille. Après avoir levé une armée à Lante, j’ai rejoint les cols oësgardiens pour entrer le plus publiquement du monde sans cacher mes intentions. Après avoir longé un temps ce fleuve qui coupe et relie les royaumes nains, humains et elfiques, j’ai rejoint Hasseroi pour me faire une première impression. Certains bourgeois me proposèrent d’entrer dans leurs manigances. Ils intriguaient les uns les autres pour accéder au pouvoir dans la ville, aussi me suis-je bien gardé de rejoindre leurs roueries. Nous fîmes le plein de provisions et fûmes rejoints par quelques chevaliers oësgardiens, qui m’avouèrent être excités à l’idée de guerroyer contre les bandits qui infestaient la campagne. Ceci fait, nous avons longé la forêt d’Uberwald pour ensuite nous y enfoncer.

De nombreuses bandes opéraient dans cette région, protégées par l’obscurité des bois et proches des villages qui la bordaient. Ce sont des paysans de ces mêmes bourgades qui nous tinrent ce discours, prétendant avoir été attaqués de plusieurs fois par celles-ci. Ainsi, nous avions décidé de les prendre à leur propre jeu, tendant des embuscades à ces pillards, rencontrant parfois des déserteurs fraichement arrivés et comptant bien abuser de la faiblesse de la baronnie pour s’enrichir. Des richesses que nous trouvâmes, une grande partie fut donnée aux temples des alentours, comme la totalité des reliques qui furent dérobées. »

Aetius, comme tout bon chevalier, était entredéchiré entre le désir d’argent, qu’on méprise mais qui toujours manque, et le désir de gloire. Ainsi les troupes avaient-elles rejoint, une fois un bois assaini, des bourgades pour apporter au temple du lieu dit un peu du butin. Le chevalier n’avait jamais voulu remettre les prises aux bourgmestres ou directement aux villageois, craignant les mensonges des soi-disant victimes, les jalousies des dupes, les convoitises des chefs. De plus, il se garda bien de parler des montures et de l’équipement des brigands, qu’il considérait naturellement être un butin qui revenaient de droit à ses guerriers.

Voilà quelques temps que Aetius et de nombreux hommes parlaient. Trop de paroles, trop peu de décisions, que d'enfantillage.
Gorak regarda ces hommes et ses nains d'un air triste, et partit, cette terre était à jamais perdu dans la querelle humaine.

[merci d'avoir laissé une petite place à tous (ironie)]

EDIT MODO: Rien ne t'empêchait de venir engager les pourparlers

Cette histoire aurait des conséquences… Mais il espérait que ces histoires ne mettent pas tant à mal les relations entre les deux pays. Après cela, il écouta le récit et la justification du Sieur de l’Ivrey. Ce à quoi il répondit calmement, sans une once d’agressivité.

- Vous avez clamé votre venue, Sieur de l’Ivrey ? Sauf votre respect, nous n’avons point eu de missive, pas même un messager ou un hérault portant vos couleurs à nos portes, venu annoncer votre soutien à l’Oësgardie.
Ainsi, comprenez bien notre surprise quand nous découvrîmes le nouveau régent de Scylla parcourant nos terres flanquer d’une troupe bien surprenante, chassant les bandits, récupérant pour son profit les trésors qu’ils tentaient de voler.

Au sujet des trésors, il tint à ajouter.

- Et Messire, pour votre gouverne, nous savons, pour avoir intercepté plusieurs autres convois similaires, que les derniers trésors dont vous vous êtes emparés sont oësgardiens… Pécule de la Meute de Nebelheim, pour sa retraite hors de nos terres.

Il ne se permit pas de spéculer quant à la décision que prendrait Aetius en entendant cela… Supposer et accuser de vouloir piller ou garder sous prétexte d’un butin de guerre, ça n’était pas pour tout de suite.

Jehan écouta les deux protagonistes argumentait calmement, sentiment inespéré quelques instants plutôt. Comme quoi une mise aux arrêts et parfois nécessaire pour rétablir le calme. Bref, revenons à nos pourparlers.

Messire, si je suis ici, c’est sans aucun doute pour le bien du royaume. Comme je vous l’ai expliqué auparavant, j’ai clamé ma venue ici, sur les terres d’Oësgard pour y aider à sa pacification, ou plutôt, pour y évincer la canaille. Après avoir levé une armée à Lante, j’ai rejoint les cols oësgardiens pour entrer le plus publiquement du monde sans cacher mes intentions. Après avoir longé un temps ce fleuve qui coupe et relie les royaumes nains, humains et elfiques, j’ai rejoint Hasseroi pour me faire une première impression. Certains bourgeois me proposèrent d’entrer dans leurs manigances. Ils intriguaient les uns les autres pour accéder au pouvoir dans la ville, aussi me suis-je bien gardé de rejoindre leurs roueries. Nous fîmes le plein de provisions et fûmes rejoints par quelques chevaliers oësgardiens, qui m’avouèrent être excités à l’idée de guerroyer contre les bandits qui infestaient la campagne. Ceci fait, nous avons longé la forêt d’Uberwald pour ensuite nous y enfoncer.

De nombreuses bandes opéraient dans cette région, protégées par l’obscurité des bois et proches des villages qui la bordaient. Ce sont des paysans de ces mêmes bourgades qui nous tinrent ce discours, prétendant avoir été attaqués de plusieurs fois par celles-ci. Ainsi, nous avions décidé de les prendre à leur propre jeu, tendant des embuscades à ces pillards, rencontrant parfois des déserteurs fraichement arrivés et comptant bien abuser de la faiblesse de la baronnie pour s’enrichir. Des richesses que nous trouvâmes, une grande partie fut donnée aux temples des alentours, comme la totalité des reliques qui furent dérobées.

Vous avez clamé votre venue, Sieur de l’Ivrey ? Sauf votre respect, nous n’avons point eu de missive, pas même un messager ou un hérault portant vos couleurs à nos portes, venu annoncer votre soutien à l’Oësgardie.
Ainsi, comprenez bien notre surprise quand nous découvrîmes le nouveau régent de Scylla parcourant nos terres flanquer d’une troupe bien surprenante, chassant les bandits, récupérant pour son profit les trésors qu’ils tentaient de voler.

Bien que la réplique soit immédiate, le Lieutenant oësgardien avait fait preuve de calme et de tact. Jehan opina du chef, se mettant à la place des soldats de la baronnie, découvrant une étrange troupaille s'égayant sur les terres d'Odélian, sans raison ... Il serait beaucoup moins diplomate, à n'en point douté. Le militaire poursuivit, sur les prises de guerre, comme les avait appelés plus tôt le chevalier d'Ivrey.

Et Messire, pour votre gouverne, nous savons, pour avoir intercepté plusieurs autres convois similaires, que les derniers trésors dont vous vous êtes emparés sont oësgardiens… Pécule de la Meute de Nebelheim, pour sa retraite hors de nos terres.

Ces coffres allaient poser problème, car chacun en revendiquer la légitime possession. Le seigneur d'Assar prit alors la parole, tentant de trouver un compromis qui pourrait satisfaire les deux partis.

Messieurs, peut-être pourrions-nous éclaircir cet imbroglio rapidement ... Lieutenant, le Sieur d'Ivrey ne s'est pas annoncé officiellement, mais lui et ses hommes se sont attelés à combattre le même adversaire que vous. Et qu'Odélian. A l'heure actuelle, nul habitant d'Oësgard n'a eu à souffrir de ses actes. Rendons son arrivée officielle, en le faisant joindre sa bannière à la notre. En contrepartie, Seigneur d'Ivrey, et pour dissiper tous soupçons d'opportunisme et de pingrerie, nous irons à Nebelheim, rendre ces fameux coffres du trésor. Le reste de vos prises de guerre vous revient de droit, mais si vous êtes en possession de bien appartenant directement à la baronnie, il vous faut les remettre à qui de droit.

L'odélian lissa sa moustache en jetant un coup d'oeil à ses deux interlocuteurs. Puis, lança, calme mais ferme.

Cela vous convient-il?

Les pourparlers s’étaient éternisés, et Gorak avait subitement disparu. Aetius n’en avait rien su, bien entendu, mais il entendait ses hommes s’agiter, non loin. Tournant un instant sa bride, il embrassa d’un regard lointain la troupe, apercevant en même temps les différentes armées en position autour de lui. Quelle perte de temps… Se retournant vers les émissaires, il écouta avec plus d’intention ce qu’on lui disait. La chose s’annonçait mieux qu’avec l’autre capitaine. En somme, on lui proposa, comme au début des pourparlers avec le seigneur d’Assar, de rallier les armées mercenaires d’Oësgard pour finir ce qu’il avait commencé, avec Gorak et les soldats nains qui le suivaient, sans porté le blason du scribe de Diantra. Il eut un pincement au cœur lorsqu’on lui annonça qu’il devait remettre à Oësgard le butin qu’avait amassé une certaine meute, la meute de Nebelheim, sûrement des filous plus nombreux que les autres.

« Oui-da, messire, je me rallierai à vous. Le butin que nous fîmes sur ce fameux convoi de la Meute de Nebelheim sera donc remise aux temples de cette cité, pour le bien des âmes des victimes et pour la prospérité de leur famille. »

C’était là sa petite victoire. Il préférait remettre le fruit de l’escarmouche aux représentants des dieux, sans oublier, bien sûr, de prétendre posséder les coffres d’or, qui sont, selon lui, la solde de ses hommes. Une solde tout à fait extravagante de par son importance, certes, mais qui sait ? Aetius était peut-être quelqu’un de prudent ou un employeur très généreux. En vérité, il ne voulait pas subir les foudres de ses soldats en leur retirant cette petite fortune qu’ils avaient pu dérober lors de leur dernière ‘embuscade’.

Si les débuts avaient d’abord été chaotiques, avec le Capitaine Godal, désormais, les choses prenaient une pente plus bénéfique qui éviterait sans doute l’incident sérieux et inutile. Les deux points de vue avaient été donnés, tant la version du Sieur de l’Ivrey que celle de l’Oësgardie, dans cette histoire. Odelian ensuite joua à merveilles le rôle qui devait-être le sien, du moins, celui qu’on lui avait finalement donné.

Le compromis semblait correct, même tout à l’avantage de l’Oësgardie, tout du moins si effectivement, le régent de Scylla restituait ce qui devait être rendu. Bon, les seigneurs et nobles auraient bien des peines à retrouver les fortunes qui seraient semble t-il remit aux temples, mais au moins, cela resterait en Oësgard.

- Soit, cet accord me convient… Nous acceptons donc que votre bannière se joigne à la notre, et ferons route vers Nebelheim.

Fort bien!

Les mots de Jehan claquèrent dans l'air, teinté de soulagement et de fierté face à cette situation épineuse qui se résolvait sans sang versé. il venait d'éviter d'un bain de sang, car nul doute que tout autre épilogue aurait mener au sang, aux cris et à la mort. Il se tourna vers son second, un petit sourire au coin des lèvres.

Veuillez annoncer la nouvelle aux hommes! Le régent de Scylla nous rejoint! Nous reprendrons la route de Nebelheim dans une heure. Faites transporter les coffres dans les chariots, nous passerons par la route!

L'odélian sourit en observant ses deux acolytes et conclut.

Je pense qu'une poignée de main scellera pour l'heure cet accord, Messieurs. Soyez le bienvenu parmi nous, Seigneur d'Ivrey