[C'nros] Le rapport

Bien avant les voyages de Rosa dans les divers alentours des terres stériles, Rosa se rappela son entretien avec son supérieur hiérarchique. Ses recherches durent s’interrompre quand un apprenti frappa à la porte. On lui avait demandé d’avertir la Phord’Ur, d’oser s’aventurer dans ses quartiers. Ce fut la peur au ventre, que le jeunot appela la nécromancienne, lui dire qu’il devait lui apporter un message. La Phord’Ur ouvrit la porte sans prendre la peine d’ouvrir les yeux pour savoir qui se trouvait en face d’elle. Le drow ne réagissait pas, il semblait inquiet. Elle dut le faire réagir en prenant la parole la première d’une voix glaciale :

« Eh bien quoi ? Ne voyez vous pas que votre silence m’importune ? Dites moi ce qui vous a poussé à me déranger dans mes travaux ? »

« Je vous demande pardon Phord’Ur. » commença t-il presqu’en bégayant « Suite à votre retour de campagne, le Ditronw Da’re m’a envoyé pour vous convoquer dans ses quartiers. »

« Ah oui le rapport. Certes… Bien dites lui que j’arrive. Cessez de trembler, vous m’agacez. »

La nécromancienne se changea rapidement, juste un manteau propre car les tâches de sang sont de mauvaises augures lors des entretiens. Le dernier patient malgré les avertissements très clairs de la veuve noire, se condamna en bougeant alors qu’elle s’apprêtait à lui couper juste un ongle. Pour un doigt il perdit la main, ses cris persuadèrent la bourreau de changer de sujet. Rosa enfila son plus beau manteau noir, un noir digne des plus magnifiques jais. Ce n’était pas pour faire plaisir à Haldren Baenfere mais simplement pour gouter au plaisir du confort après toutes ces semaines à voyager. Les mages du C’nros surent désormais que la Phord’ur était revenue. Cette expédition suicide, insensée pour certains porta étonnamment ses fruits. Sa réputation augmenta légèrement et ceux qui avaient participé, la remerciaient d’un hochement de tête craintif. Elle put de nouveau revoir son ancien maître, toujours là parmi les élèves.

« Votre razzia était audacieuse, un certain mérite vous revient. Mais qu’adviendra t-il lorsque vous serez aux commandes d’un régiment tout entier sur le champs de bataille ? »

« Ce n’est pas la volonté qui me manque mais… Mes supérieurs refusent encore l’accès à un si haut commandement, comment voulez vous que je me prépare à une telle bataille ? Non vous avez raison. Je compte bien en parler au Ditronw Da’Re, des entraînements à grande échelle ne serait pas mauvais pour nous tous. »

« Vous allez faire votre rapport ? »

« Il faut bien. Notre maître mérite bien d’être mis au courant des résultats de l’opération, cette petite épine dans le pied du territoire humain peut après tout intéresser Haldren Baernfere. »

« Vous avez changé, Rosa. Faites attention à sa méfiance et gardez à l’esprit que vous êtes là pour nous diriger. Je n’oublie pas que vos agissements personnels peuvent vous mener à votre perte même si jusqu’à maintenant vous vous en êtes plutôt bien sortie. »

« Je ne me lasserai jamais de vos cours, An’kin d’Thalack. Même s’ils sont jetés à mes pieds sous des murmures craintifs. Ne vous mettez point en peine, mes idées sont toujours à leur place et mon devoir passe toujours avant tout. Maintenant, il est temps pour moi d’avancer. »

Le vieux mâle acquiesça puis lui laissa le chemin libre. Malgré sa monté hiérarchique et qu’il ne pouvait plus rien lui commander, le professeur estimait que cette jeune nécromancienne restait l’une de ses meilleurs élèves non pas pour sa magie mais pour sa discipline. Il pouvait être fier d’elle car la veuve noire ne comptait pas le décevoir. Xsa’Us Rosa arriva enfin à la porte du bureau. On lui indiqua qu’il s’y trouvait et n’attendait plus qu’elle. La Phord’Ur entra après avoir lentement frappé.

« Salutations Ditronw Da’Re, je viens pour vous conter notre expédition. » Un temps. « Le premier voyage fut long mais il se passa sans problème. Une fois que nous arrivâmes en territoire ennemi, notre éclaireur fit une rapide reconnaissante et désigna deux cibles. Deux bourgades de deux cent et trois cent habitants. Je vous informe que les deux villages ont été totalement rasés, la population entièrement décimée et seulement une vingtaine fut prise en esclave pour récompenser la généreuse contribution de la cavalerie et des arbalétriers. Il n’y eut d’ailleurs des pertes que chez eux, six soldats ont été tués et dix blessés. Les renforts humains n’arrivèrent pas et notre retour se fit sans encombre. »

Un rapport on ne peut plus clair, elle espérait que cela suffise. Néanmoins Haldren Baenfere devait avoir de nombreuses questions, fallait-il lui parler du mage ? Non, du moins pas pour l’instant. La nécromancienne attendait calmement qu’il réponde. Peut être un simple oui pour la faire congédier ensuite ou alors un bref résumé des événements qui allaient venir…

Grommelant, le Ditronw Da’re sonna pour appeler un domestique. Il était de mauvaise humeur ce matin là… non, vraiment de mauvaise humeur… un problème lié à une expérience en magie qui lui résistait depuis plusieurs jours, et cela avait le don de l’agacer. Enfin, il lui fallait aussi s’occuper du C’nros.

Un serviteur passa précautionneusement la tête dans l’entrebâillure de la porte. Curieux comme le petit personnel ressentait son humeur non ? Sûrement un critère de survie pour eux. Éviter de s’approcher de trop près d’un seigneur en colère constituait une compétence utile pour qui veut garder ses tripes dans l’endroit prévu à cet effet.

Seigneur ?
La Phord’Ur est de retour, allez lui dire que j’attends son rapport immédiatement.
A vos ordres.

Tremblant, le serviteur ressortit. Le Ditronw Da’re puis la Phord’Ur, voilà une bien mauvaise matinée où le moindre geste de travers lui coûterait cher. Soupirant, le maître mage se renversa dans son fauteuil, se massant les paupières dans l’espoir de chasser la migraine qui l’envahissait.

Il s’était trop longtemps acharné sur son problème la veille au soir, mieux aurait valu aller se coucher et réattaquer avec l’esprit clair. Mais enfin, si les mages étaient raisonnables, cela se saurait, et Haldren ne prétendait pas être un être parfaitement équilibré mentalement. En fait il s’en fichait.

Quelques coups à la porte et la Phord’Ur entra. Sans attendre, elle attaqua un rapport bref sur la razzia qu’elle avait menée en Alonna quelques semaines plus tôt. Pas une opération de grande envergure mais enfin, maintenir la peur dans le cœur des humains était une bonne chose. Et cela avait servit d’entraînement aux troupes.

Haldren l’écouta d’une oreille assez distraite. Oui, oui, il savait déjà tout cela. Et même bien plus. Faisant craquer ses doigts, il demanda :

Intéressant mais succinct. Des détails Phord’Ur, des détails ! Je suis friand de détails. Comment se sont comportés les prêtres ? Et les jumeaux qui vont ont accompagnés ? Avez-vous des éléments intéressants à me rapporter ? Êtes vous revenue directement ?

Voyons voir ce qu’il y a sous la surface de ma subordonnée, se dit-il. La loyauté d’un Phord’Ur est une chose rare qu’il n’espérait guère venant de Xsa’us, mais l’obéissance, il ne l’attendait pas… il l’exigeait. Une ambition démesurée est le plus court chemin à la ruine. Alors voyons… le test n’était pas dur, mais le passerait-elle ? Un dilemme intéressant pour elle que de deviner ce que son supérieur savait… et ce qu’il ignorait…

Était-il changé ? Rosa avait-elle raté un événement étrange qui se passa en son absence ou une personnalité cachée de son supérieur refit surface ? Des détails. Il lui fallait des détails. Comme si les mots pouvaient retranscrire nos sensations, comme si le langage ne trahissait pas nos visions… Corps déchiquetés par les galops, Chair martelée de coup de lance et articulations tranchées par le fil d’épées acérées. Même la poésie peinait à nous rapprocher de la vérité. Comment parler d’un village en ruine et de ses habitants à l’agonie ? Des sons imprononçables, des douleurs inimitables et des images imperceptibles. Non, Haldren ne voulait rien de tout cela, cette destruction ne le toucherait pas. Son esprit se limitait aux performances et aux capacités. Esprit d’homme de bureau te voilà servi ! Les prêtres de la vermine, ses hommes qui disposaient d’un si grand prêtre à leur tête, quant aux jumeaux, esclaves des ombres et du temps, ils furent tous d’un grand recours mais fallait-il en faire un éloge ? Leur participation se montra honorable pourtant la nécromancienne resta sur sa faim ou … Sur sa pénible déception. Pas d’incident diplomatique au sein du Puy, elle ne devait pas cracher sa bile noire aux oreilles du Ditronw Da’Re, que pourrait-il faire d’un avis dangereusement sincère ? La Phord’Ur raconterait en toute vérité, cela semblait le meilleur moyen de poignarder car elle suffisait en elle même à piquer la honte de certains. Rosa ouvrit la bouche puis eut un bref sourire :

« Les prêtres furent redoutables au combat, ce sont eux qui ont porté le coup de grâce aux derniers combattants de la place du premier village. Lorsque nous attendions le moment propice pour le deuxième assaut sur l’autre cible, l’Haut prêtre Jivvin s’écarta des rangs pour faire sa propre mission de reconnaissance, il n’échappa pas à la vigilance d’un rapace qui le désarçonna. Son corps tomba dans l’enceinte de la bourgade. L’ennemi le fit prisonnier. On m’annonça l’égard du haut prêtre et je dus précipiter l’attaque afin de le délivrer. Ce qui rejoint les capacités des jumeaux. »

Leurs mystères sombrèrent avec eux dans leur disparition, Rosa ne croyait pas qu’elle les reverrait un jour mais qui pouvait savoir ? Leur aide se montra plus utile cependant et sans leur diversion les pertes auraient pu faire grimacer ses supérieurs. La nécromancienne avait bien fait de les inviter à cette razzia, elle savait que ses effectifs ne serait pas suffisant, or ces deux mages millénaires comblèrent le vide au delà de ce que la jeune drow espérait :

« Ces jumeaux sont des adeptes de l’ombre et de l’illusion, leurs pouvoirs furent serviables et ils purent mener une attaque de diversion sur la cible car munie de rempart, notre stratégie dut s’armer de ruse. Ils traversèrent d’abord les palissades grâce aux sorts de l’ombre, puis avec l’aide d’un apprenti dont je leur ai fait don d’assistance, ils créèrent un leurre efficace, un faux régiment de drows qui sema le trouble et la crainte. Ils tuèrent de nombreux humains avec leur magie. Nous pûmes ensuite libérer Jivvin, mais il fut impossible d'atténuer les railleries discrètes des soldats à son égard. »

Impossible, non. Pourquoi elle les aurait arrêtés ? Ils s'amusaient tellement. Pour le récit, cela pouvait suffire. Vint ensuite une question beaucoup plus piège. Haldren Baenfere doutait de la loyauté de sa Phord’Ur. Il faisait bien car Xsa’Us Rosa aimait douter de la capacité des autorités, non pas pour les remplacer , les trahir mais pour voir s’ils étaient à la hauteur. S’il ne commettait ne serait ce qu’une erreur qui pouvait mener le Puy à sa perte, Rosa le tuerait sans hésitation. Amour de l’ordre passait avant la loyauté. Attachement à l’obéissance préservait cette dernière. Elle allait donc répondre, inutile de le faire attendre :

« Non. Le voyage fut long et en chemin je m’écarta du groupe lorsqu’il pouvait rentrer au Puy sans encombre. Je m’étais bien assurée du fait qu’il n’y aurait pas de danger si je laissais ces mâles seuls or la région se montre toujours calme. Pourquoi ? Parce que je sentis un écho de magie. J’ai d’ailleurs trouvé cette vague, ce signal. Une magicienne dans un cimetière au bord de l’agonie, ironique non ? Je l’ai ramenée au Puy, simplement pour mes recherches. Elle se trouve dans une de mes cellules, j’attends que le traitement fasse son effet. »

Ainsi donc le Haut Prêtre s’était laissé capturer ? Heureusement que son imprudence ne lui avait pas couté la vie, cela aurait risqué d’envenimer les rapports du C’nros avec les autorités religieuses. Toujours problématique la perte d’un personnage important durant ce genre d’expéditions… Mais là, l’affaire c’était plutôt bien déroulé puisque les mages avaient su délivrer l’aventurier aérien. Au fond, cela arrangeait le Ditronw Da’re qui voyait d’un œil malicieux les mésaventures du haut prêtre.

Quand aux jumeaux, bah, des mages millénaires sont de toute façon des alliés précieux. Un peu trop autonomes sans doute aux yeux d’Haldren, mais avec l’âge, peut être commençait-on à en avoir assez des règlements et des organisations. Les jumeaux n’avaient plus à faire de preuves quand à leur art et devaient trouver fatiguant la compétition permanente avec de jeunes collègues ambitieux.

Et dire qu’Haldren se trouvait jeune par rapport à eux. Lui, qui s’approchait de son demi-millénaire n’atteignait que le quart de leur âge vénérable.

Bon, Xsa’us avait toutefois passé sous silence la rencontre et le duel avec le vieux mage humain. L’apprenti envoyé pour aider les jumeaux lui avait déjà tout raconté à ce sujet. Devait-il la tuer pour ses cachotteries ? Ou simplement la punir ? Peut être une séance dans les salles de tortures pour qu’elle prenne la place de ses victimes ? Hmm, oui, quelques coups de fouet lui ferait peut être du bien non ?

Une idée vraiment tentante…

Mais peu productive. La Phord’Ur avait tout de même fait du bon boulot à Alonna, et à ce titre elle méritait une récompense. Sa vie et son intégrité physique serait donc cette récompense. Belle récompense non ? Tant qu’elle ne dépasserait pas les limites, tant qu’elle ne tenterait pas de saper le pouvoir du Ditronw Da’re ou de tenter de le renverser, pourquoi abîmer un subordonné efficace ? Trouver une Phord’Ur lui avait demandé du temps et des efforts, et il ne se sentait pas de recommencer ce travail tout de suite.

Peut être alors devrait-il envoyer une remarque aussi cinglante qu’ironique à ce sujet ? Juste à titre de rappel ? Hmm, non, inutile de dévoiler ses sources. Si elle avait tenté de soustraire un prisonnier, là oui il y aurait eu matière à sanctions. Mais là, de toute façon, le gaillard était mort et complètement inutilisable. Un gâchis, vraiment, le Ditronw Da’re aurait aimé pouvoir analyser les étranges pouvoirs de l’humain… une curiosité rare qu’un humain sachant vraiment manier les arcanes… tant pis.

Bon, le trajet du retour désormais. Là il entrait dans l’inconnu, n’ayant guère d’idée de ce qu’avait pu faire sa subordonnée. Un simple détour par un cimetière ? Sans doute un peu plus au vu de la durée de son absence, mais il y avait déjà là des informations intéressantes. Une magicienne agonisante tombée entre les mains de la Phord’Ur ? Pauvre petite, ce sort n’était guère enviable. On entrait donc dans un sujet intéressant, la magie vivante…. Oui, les magiciens si vous préférez. Travailler sur eux se révélait aussi amusant que de travailler sur des sorts, et en plus on a l’avantage de pouvoir tailler le bout de gras tout en expérimentant.

Vraiment ? Vous m’intéressez Phord’Ur. Quel traitement lui avez-vous appliqué ?

Haldren observait silencieusement la nécromancienne dans ses récits. Il semblait plus occupé à ses propres pensées, ses propres projets. Elle avait l’impression de parler à un irresponsable mais les apparences étaient parfois trompeuses… Le mâle prenait presque cette scène avec le sourire, une envie de rire ou de bailler peut être ? La Phord’Ur restait debout à supporter la présence d’un supérieur qui faisait planer trop de mystère sur sa capacité à commander. Elle le jugeait déjà mais il fallait attendre de le voir sur le terrain, peut être qu’il se montrerait à la hauteur de son rang. Rosa ne le vit jamais à l’œuvre mais les futures campagnes drows ne sauraient tarder. Oh oui vraiment, elle brulait de le voir hurler des ordres, soit pour l’impressionner , soit pour l’amuser. Voilà qu’il s’intéressait à un détail dont le mâle ne méritait pas. Malaurie appartenait à Rosa et à personne d’autre. Elle n’aurait jamais du mentionner son existence. Il allait fourrer son sale petit nez dans les petites affaires de la nécromancienne, y mettre son savoir convaincu et ruiner des années de recherche. Hors de question que le Ditronw Da’Re puisse la voir, pas avant d’avoir réglé certains détails. Des détails importants qui concernaient uniquement le sujet et l’observatrice. La nécromancienne tenta d’assouvir la curiosité intempestive du drow. Elle espérait que cela lui fasse gagner du temps :

« Une simple recherche sur le sang. Vous savez que le notre est particulièrement mortel pour les humains. Généralement, les transfusions donnent des résultats dramatiques qui affectent l’esprit du sujet avant qu’il ne meure dans des excès de folie. J’ai alors porté mes recherches sur les demi drows, certains ont résisté plus longtemps, j’espérais alors qu’une mage puisse apporter des effets inattendus qui remettraient en cause toutes mes recherches. Je lui ai administré le traitement, il me reste à attendre. »

Cela devrait suffire. Oui il ne fallait pas qu’Haldren s’intéresse à Malaurie. Des recherches banales rien de plus, Le mage des ombres n’y verrait qu’une expérience parmi tant d’autres que la nécromancienne faisait. Xsa’Us Rosa était la seule à savoir ce que l’expérience avait donné. Un résultat parfait dont les yeux corrompus du Ditronw Da’re ne méritaient de s’y poser. La plupart de ses dissections, opérations et tests restèrent dans le secret, pourquoi pas cette expérience là ? Néanmoins la jeune drow doutait, il était perfide et égoïste. Il ne verrait que sa curiosité et pourrait à tout moment vouloir y interférer… Elle espérait qu’il prenne ça à la légère avec un désintérêt idéal.

« J’avais pensé à ce que nous multiplions les entraînements, cette fois ci à échelle plus importante. La plupart de nos effectifs savent se coordonner de façon suffisante dans des groupes mais nous n’avons jamais dépassé la centaine. Les rumeurs se bousculent quant aux prochaines activités de l’armée. Nous savons tous les deux que nos osts ne sont à l’aise que lâchés sur les ennemis et nous y préparer au mieux pour éviter un autre échec à Alonna, ne serait pas mauvais. »

Il fallait que la conversation tourne dans un sujet plus ennuyant, la politique oui, c’était une bonne idée.

« Avez vous des nouvelles de nos supérieurs ? Ai-je raté un événement important ? »

Avec un peu de chance, il s’emporterait dans son savoir actuel des manigances actuelles, Haldren s’empresserait de lui rappeler le devoir du C’nros, l’obéissance que Rosa lui devait et des ordres tout aussi inutiles mais qui apaiseraient l’esprit de la Phord’Ur. Pourquoi la petite souris la préoccupait tant ? Pourquoi vouloir la protéger plutôt que la jeter du haut des marches du bâtiment ? Quelque chose la tracassait…

Ainsi donc elle jouait les mystérieuses, tentait de dévier la conversation ? Bah, après tout pourquoi pas ? Un Phord’Ur a bien le droit de mener ses expériences tranquilles, et Haldren lui-même, du temps où il l’était, détestait que l’on vienne le déranger. Amusant comme la vision des choses change suivant le côté de la barrière où l’on se place. Que Xsa’us joue donc avec cette pauvre malheureuse tombée entre ses mains.

Je vous rassure quand aux entraînements, ils n’ont pas cessé en votre absence, bien au contraire.

Croyait-elle donc que le C’nros ne pouvait tourner sans elle ? Arrogante petite chose… la faille et le marais de Faelia avaient constitué des terrains de choix pour les mages ces dernières semaines.

Bon, la politique maintenant.

Officiellement non, vous n’avez rien raté, mais suite au conseil de guerre, une offensive de grande envergure est en train de se planifier contre nos anciens frères de l’Aduram

L’Aduram… ses ancêtres en était les protecteurs. L’attaque de Fort Ellyrion ressemblerait presque à un pèlerinage pour la Ditronw Da’re. Un pèlerinage sanglant certes, mais la fourberie et la trahison dont ses ancêtres avait été les victimes huit millénaires avait donné naissance dans l’esprit des sangs purs à un mélange de haine et de regret assez difficile à décrire. Regret des temps glorieux où vivaient les protecteurs de l’Aduram, haine de ceux qui n’avaient pas vu leurs foyers détruits, qui les avait rejeté lorsque leur juste colère s’était éveillée.

Haldren se rendit compte qu’il en avait presque oublié sa Phord’Ur. La nostalgie n’est pas une bonne chose décidément.

L’intégralité des osts sera de la partie, nous ne laisserons donc au C’nros qu’une centaine de nos membre afin d’y maintenir une activité minimum en notre absence. J’accompagnerai bien sur le 5eme ost. Avez-vous une préférence en ce qui vous concerne ?

Le 3eme ost semblait logique puisqu’il comptait le plus de membres du C’nros après le 5eme, mais Xsa’us était libre de choisir.

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