[Qyriah] Au rapport (Diolando)

2e Jour de la 3e ennéade de Barkios
An 18 du XIe cycle


Il y a des choses dont il ne se lassera jamais. Parcourir les routes avec Melkor, son fougueux étalon Fernelais en est une. Une fois acclimaté et avec les bons fers, l'animal a recommencé à avaler les kilomètres. Si sa robe noire et feu attire les regards, son allant et sa vantardise toute équine fait tourner les têtes, plongeant son cavalier dans l'oubli. Le cavalier est arrivé voilà deux jours d'ailleurs et a arpenté les rues de la cité de Diolando. Une taverne, une auberge, le maréchal ferrant, le forgeron... Une discussion par ci, un échange par là. Il tâte le pouls de la ville effervescente pour se faire une idée de l'ambiance et comment établir sa présence en cette ville.

Ce qui est certain, c'est qu'il y a beaucoup de guerriers de toute teinte de cuir. L'atmosphère anti Eldéenne aussi est bien présente. Par réflexe, l'Ombre enfile son bandeau de borgne. Pour ce qu'il en sait, la Dothka pourrait être bien présente en ces lieux. Tout ce beau ramassis de gens de tout acabit lui semble une manne bénie .Comme salaire, l'Estreventin jette son dévolu  sur une auberge spacieuse tenant plus du bordel qu'autre chose, un des lieux favoris de détente de la garnison locale. Diolando sera content. Si le Qyriote accepte, Dante va faire venir des filles fraiches de Thaar.

Pour ses besoins personnels, il se trouvera une petite planque à la périphérie de la ville en toute discrétion... La beauté d'avoir plus de fric qu'il n'en faut...

Se pavanant sans vergogne, le fier Fernelais et son cavalier s'arrêtent devant les gardes du palais de Vega. Sans émotions, le borgne balaie ce que la grille peut le laisser voir. Son plastron de cuir léger et souple, d'excellente facture la cape de laine bouillie légère. Tout est d'excellente qualité malgré ses airs modestes et a un vécu manifeste.

Je viens voir le Prince Vega. Il m'attend. Je suis venu lui rendre son bien et prendre les lames de feu X'Andarin.  

Dit une voix grave et rauque, froide comme la glace et tranchante comme l'acier.

Un haras... Évidemment.

La durée de mon séjour dépendra essentiellement de votre maître. Répond Dante  en sous entendant qu'il n'est pas de ces gens qui s'imposent.

Rester l'attendre ou le rejoindre au Haras... L'Estreventin hésite. En tant que tel, explorer le palais Vega est tentant, curiosité professionnelle oblige. De l'autre, Diolando, vantard comme il est, est bien capable de le trainer pour une visite guidée dans le but de l'impressionner ce qui reviendra sensiblement au même.

Les prunelles dépareillées passent sans émotions sur le décor, avant de se replonger directement sur l'intendant et l'analyser. Pendant que la gamine se sauve à l'étage, il la voit du coin de l'oeil. Qui est-il? Homme de confiance, sbire ou esclave scribe comme Akhan? Le teint pâlot et les cheveux noirs. Le regard acéré et vif. Il n'y a pas l'offre de pain ni de vin comme les règles de l'hospitalité universelles ne l'exigent habituellement.

Trois hypothèses.

-Le Mignon est nouveau
-Il n'est pas le bienvenu en ces lieux.
-L'être qui l'acceuille est intimidé et en oublie les règles les plus basiques.

Si il s'en fout royalement, la cause et l'ambiance de la demeure l'intéresse à titre professionnel. L'assassin aime savoir dans quoi ses employeurs vivent et comment ils traitent leur personnel. Ca lui en dit beaucoup.

J'aimerais assez le rejoindre... Dit il, tranchant nettement la question. Vos haras, tout comme l'hospitalité  du Prince Vega sont légendaire et m'ont été longuement vantées... Avant de repartir le voir et sans vouloir rien imposer, est ce que mon cheval peut être abreuvé et légèrement nourri? La route a été longue.

Dante ne demande rien pour lui. Ce n'est pas nécessaire. Ici c'est un pays de chevaux, comme Fernel. Il y a des sine qua non. Et l'étalon en fait parti.

Un mouvement à la périphérie de sa vision attire le regard du visiteur. UN colosse s'avance vers lui. Deux mètres minimum, carapaconné comme un homard. Il lui fait penser à cet enfoiré de Karlikk Glenn tiens. La même lourdeur de pas, comme si il voulait ouvrir le sol sous ses pieds ou qu'il a une nuée de cafard à écraser. Il a l'avantage du terrain, dans ce hall, il n'y a pas grand chose à utiliser. Les replis de la cape de l'assassin arrêtent de se mouvoir tandis qu'il le regarde avancer vers lui, précédé par la gamine qu'il a vue se pousser un peu plus tôt. Avec l'économie de geste propre des vétérans, l'homme fait face avec aplomb au mastodonte.

« Dame Valor’Kriss souhaite vous rencontrer, ce qui intéresse son fils l’intéresse aussi. »

L'Ombre ne marque aucun signe d'irritation ou d'impatience, ni aucun signe d'enthousiasme. Elle souhaite? Elle exige oui. L'invitation accompagnée du homard est fort explicite,  de même que le pâle sourire de l'intendant qui lui annonce que sa bectance lui sera livrée dans la chambre de l'apparente maitresse des lieux.

Soit. Il serait malséant de refuser. Je te suis.

Lors de la courte épopée, le vacarme tintinnabulant de l'armure de son escorte l'agace prodigieusement même si il n'en laisse rien paraitre.  Traversant la large galerie, commencant à connaitre ses produits, il remarque l'excellente qualité du marbre fourni par ses propres carrières. Il le reconnait parce qu'il a exactement le même en facade de son manoir. Au delà de larges ouvertures, la végétation dense des jardins du prince Marchand attire plus son attention. Il n'a pas le temps d'apprécier les quelques plantes rares qu'une porte est ouverte sur une drow.

Le borgne contemple la femelle assise sur son sofa, qui le regarde comme une pièce de viande. Putain de bordel de merde... pense t'il en entrant dans la pièce, Messire homard refermant la porte derrière lui et se campant devant. Sans en avoir l'air, l'assassin analyse la pièce, l'ameublement et les sorties possibles  tout en ne lâchant pas la drow du regard. A vue de teint, il dirait Doeb. Les Eldéens ayant une tendance plus sombre. Encore là, ce n'est pas une science exacte alors.

Contredisant ce qu'il s'est passé jusque là, elle l'acceuille avec affabilité.

« Fachtna Valor’Kriss, bienvenu à toi, voyageur privilégié. Viens t’asseoir et tutoie-moi. Tu as la confiance de mon fils, ne nous embarrassons pas. » 

L'assassin s'incline légèrement. Un léger claquement de cape se fait entendre quand il la repousse pour prendre place dans un fauteuil lui permettant d'avoir un visuel sur les deux individus partageant son espace vital en cet instant. Se faisant, il dévoile trois dagues, dont une à la garde embijoutée bien connue.

Merci de votre hospitalité Valsharess... Je ne pensais pas que Prince Vega avait une mère. Si on ne me l'avait pas dit, j'aurais cru que vous étiez sa fille. Je me demande en quoi ma modeste personne a t'elle pu susciter votre intérêt. Que puis je pour vous être agréable?  

La prunelle marron luisant d'intelligence, la verte bien cachée sous le bandeau, il regarde son hôtesse avec la même affabilité qu'elle à son égard, en apparence tout concentré sur elle.

es.



[size=12]« Dis-moi, avec quoi viens-tu si ce n’est ce beau cheval ? »

Un air concerné passe sur le visage de l'humain.


Je n'ai malheureusement pas prévu de présent digne de votre intérêt, valsharess. Si votre fils m'avait dit qui régnait en sa demeure, j'aurais prévu un présent digne de votre intérêt. Je n'ai que mon cheval, et mon équipement en ma possession.

Finalement, ca n'aura pas été trop difficile à comprendre pourquoi le fils est aussi timbré. Suffit de regarder la mère et sa boite de conserve format géant. Quand on dit qu'il fait tout pour que sa mission soit un succès, l'Ombre ne dément pas l'état de fait.

Quand on dit que ca lui coûte son âme... Pour fêter les bonnes nouvelles que son espion lui amenait,  Diolando eut la merveilleuse idée de faire une orgie en son honneur la quatrième nuit... Et ça fini en boucherie, l'Ombre prenant finalement ombrage d'une esclave envoyée par le patron, trop entreprenante, finissant par festoyer de sa chair derrières les rideaux d'une alcôve et le Qyriote en faisant ce qu'il savait faire de mieux avec tout ce qui passait à sa portée. Hommes, femmes, enfants... Sous le regard de sa garde du corp masquée. La matriarche Vega, tout sauf à jeûn, jeta son dévolu sur lui en lui demandant ce "présent" digne d'elle, mais grâce à ses soins, elle tomba fort commodément et subitement endormie dans ses bras. Il ne faut pas tuer les patrons, alors l'humain la laissa dans une autre alcôve, attendit un peu avant de sortir en faisant signe à deux mâles qu'elle était disponible... L'air empestait l'alcool, l'opium, la sueur, le sang et le sexe et pas nécessairement dans cet ordre. Des gémissements de plaisir et de peur se jumelaient à des hurlements d'agonie pour lui donner un vague rappel du Voile. L'assassin aurait pu apprécier s'il n'y avait le facteur sexe. Il déteste les drows, tout les drows sauf une qu'il déteste un peu moins que les autres mais bon... Aussitôt arrivé à Thaar, il va aller s'écorcher vif, se récurer la peau, se l'enlever de la lame pour la tanner. S'ébouillanter, de récurer... Ce qu'il ne faut pas faire pour la mission. Bon, cinq filles et deux mignon... Plus un vieux qui sait compter et entendre...    

Il fit un croche pour aller voir la garde du corp masquée de Diolando, ils sympathisèrent un peu fraternellement, ni l'un ni l'autre n'ayant envie de participer à ce genre de choses. Il ne la poussa pas dans ses retranchement, se contentant de lui laisser une menue porte d'ouverte pour une collaboration ultérieure. Pour ou contre son patron n'est pas spécifié. Il ne lui fait pas confiance plus qu'à un autre. Plantant patiemment ses cailloux à des endroits cachés, comme le petit poucet

Mais il l'aura eu finalement. Ce bordel sur le flanc de la caserne militaire, contre la promesse d'y emmener les plus belles filles de Thaar pour l'appétit gargantuesque de Diolando. Le loup est entré dans la bergerie. Quand les hommes sont heureux, ils parlent. Quand Vega est heureux ou défoncé, il parle aussi. Maintenant, il doit partir. Parce que si Dante reste, ca sera suspicieux.  Ca lui aura pris quatre jours. Quatre longs jours et autant de nuits de calvaire stoïquement endurés avant que l'humain ne quitte Qyriah sur son étalon qui est lui aussi heureux de se pousser de cette ville de malheur.

Etrangement, il n'aura ni la lame promise ni n'aura pu récupérer ses Grandes Filles. Ce qui ne l'étonne pas du tout mais l'irrite conséquemment... Ils ne payent rien pour attendre.

quatrième ennéade de Verimios de l’an 18 du Cycle XI.
durant la nuit, au bordel de Qyriah.

Comme à chaque fois que Diolando vient, la baraque s'est vidée.. C'est une de ces journées ou Vega est particulièrement en forme, au grand dam de sa favorite qui en aura bien pour quelques jours à en avoir de la difficulté à marcher.

Ses sbires sont en bas, en train de becter le peu de nourriture qui a réussit à atteindre la ville. Les gens commencent à avoir faim malgré le rationnement. la grogne monte... Ce qui est normal, quand les putes sont meilleur marché que les quignons de pains. Se vider les bourses ne remplit pas un estomac.  

-M'dam' Vot monnaie.

Dit le tenancier en tendant une poignée de pièces à Gayle. Dans celles ci, il y en a une spéciale en acier noir, frappée d'une dague d'un coté et de l'autre lisse.

-Vot'Mignon vzattends. Troisième porte en bas.

Empochant le tout, faisant jouer l'étrange piécette entre ses doigts agiles, Gayle va à l'endroit indiqué.
Perché sur la commode l'y attend l'Ombre... Dans un silence parfait, elle extirpe les fins parchemins soigneusement pliés contenant les derniers documents demandés.

-Il y a du nouveau, souffle t'elle, il va faire affréter son navire. Partir à la recherche du dragon bleu.

-Tu sais quand il va partir?

Signe que non de la tête. Dante réfléchis, essaye de se rappeler où est supposé être le Caran. Il y avait une livraison à faire à Naelis il doit rentrer si il calcule bien dans l'ennéade. Reconstruire nécessite des matériaux.

-Bien beau boulot... Tu l'accompagne. la veille, reviens ici pour tes ordres exacts.Amuse toi bien. Tu le mérite.

Dit il avant de sortir par la fenêtre, caché par une épaisse haie.  

*****

plus tard, un messager part vers Thaar, porteur de deux lettres.

A Akhan a écrit:

Le ciel s'Obscurcit. Affrète le Caran, aussitôt rentré, avec bouffe et hommes discrets. Avise l'équipage d'emporter le nécessaire pour un barbeque potentiel.  Direction Qyriah asap.

O.
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Et une deuxième lettre.

A Maralina a écrit:

j'ai entendu une histoire pas piquée des vers. C'est celle d'un petit poisson qui veut suivre la rivière jusqu'à la mer ou il espère rejoindre et devenir un dragon des mers. Il y a un dragon rouge qui le rejoignit au départ pour le guider. Pendant le voyage, voyant notre héros en mauvaise posture, il le prit entre ses crocs et alla plutôt loin, au pays du chat.

Nul ne sut ce qu'il advint du poisson, mais je joins le dessin du banc de corail qui l'a abrité.

Je me plais à penser qu'il n'est pas encore parti. Sa mère et sa fille poisson l'accompagnèrent bien malgré elles.

Qui sait quand ca se fera... je vais arpenter d'autres auberges en attendant mon chargement.


O.
.