[C'nros] Bienvenue chez moi

Suivi par sa nouvelle acquisition, le seigneur du C’nros pénétra dans le grand bâtiment qui constituait le cœur vivant de la magie de guerre au Puy. Des yeux étonnés se posèrent sur la jolie drow fort légèrement habillée qui l’accompagnait, mais tous surent garder poliment bouche close, bien conscients du fait que les affaires du maître ne les regardaient en rien. Ce qui ne les empêcha pas de zieuter avec intérêt sur les courbes d’Halystra que révélait sa cape entrouverte.

Prudence fort judicieuse d’ailleurs, la curiosité tuant aussi sûrement et rapidement qu’une bonne lame. Il n’était guère besoin de disposer de facultés de réflexion très poussées pour deviner d’où revenait le Ditronw Da’re. Savoir qu’il s’était acheté une esclave personnelle suffisait, le reste relevait du domaine de la vie privée. Et violer la vie privée d’un mage au mauvais caractère restait une activité dangereuse.

Les deux drows montèrent le grand escalier pour arriver au premier étage et ils entrèrent dans le bureau d’Haldren, une grande pièce confortable qui donnait sur ses appartements privés. Au milieu de la pièce trônait un immense bureau, les murs étant quasi recouverts d’étagères et d’armoires remplies de parchemins.

Le néophyte pourrait croire qu’il s’agissait de parchemins décrivant des sorts aussi mystérieux que mortels, mais la réalité était en fait beaucoup plus prosaïque. Il s’agissait seulement des nombreux dossiers administratifs dont le Ditronw Da’re avait besoin au quotidien pour faire tourner son organisation. Les parchemins… de travail, dirons nous… étaient eux soigneusement rangés hors de portée des mains trop curieuses.

S’asseyant dans son fauteuil, Haldren fit signe à Halystra de s’approcher.

Bien, mettons les choses au point tout de suite. Je suis ton maître, tu es mon esclave. J’attends de ta part obéissance et respect, faute de quoi tu le regretteras… crois moi. Tu veilleras à maintenir mon logement propre et en ordre, tu accompliras toute mission dont je te chargerai et tu coucheras avec moi si je te l’ordonne. Des questions ?

Entrant dans le bureau à la suite du seigneur Baenfere, Halystra ne put s’empêcher de laisser courir son regard sur chaque objet. Il y avait évidemment un nombre incalculable de chose dont elle ignorait totalement l’utilité mais ce dont elle était certaine en cet instant, c’est que le mage n’était pas un professionnel du ménage.
Lorsqu’il s’assit sur son fauteuil face à elle, Halystra resserra les pans de la cape autour de ses épaules. Un frisson glacé venait de la traverser lorsqu’elle entendit les paroles du mage.
Il voulait de l’ordre et de la propreté, aucun problème, pour le reste il ne fallait pas s’attendre à ce qu’elle soit très obéissante. S’il lui donnait la moindre occasion de s’enfuir elle partirait sans aucune gêne même si pour cela elle devait quitter le Puy en courant.

Relevant les yeux vers son maitre, Halystra l’observa un moment avant de répondre dans un murmure :

- C’est très clair.

Elle n’avait aucune question à lui poser, elle voulait juste ne plus le voir, qu’il l’abandonne dans un coin à faire le ménage et qu’il ne pense plus à elle.
Il était évidemment que ça n’allait pas se passer de la sorte mais après tout elle pouvait bien rêver un peu.
Alors qu’elle observait le sol de pierre, attendant un ordre, un geste du mage, Halystra décida qu’elle pouvait bien tenter le tout pour le tout. Après tout peut-être qu’il s’agissait d’un drow intelligent avec un minimum de compassion pour ses congénères (bien que ce soit totalement irréaliste je vous l'accorde).

- Je vous en prie, laissez moi partir…je vous jure de vous rembourser les cinq cent écus…mais laissez moi…je n’ai rien d’une esclave, je ne…

Alors qu’elle relevait la tête elle croisa le regard du seigneur Baenfere et sentit son sang se glacer. Il était vraiment impressionnant, même lorsqu’il ne faisait pas un geste. Là, elle avait peut-être dit quelque chose qu’il allait lui faire payer plus d’une fois.
Baissant à nouveau les yeux elle bredouilla une phrase d’excuse en attendant qu’il lui ordonne de faire une chose ou une autre.

Presque touchante la supplique de l’esclave… presque… pour un peu cela aurait pu lui tirer une larme. Elle y croyait donc encore à sa liberté ? Amusant, très amusant même, briser cet espoir serait assez agréable. Quand à croire qu’il s’agissait d’un simple problème d’argent… qu’étaient cinq cent écus pour son acheteur ? Pour elle le salaire d’années de travail, pour lui une ligne à rajouter dans les dépenses courantes du C’nros.

Se levant lentement, il s’approcha et ôta la cape qui couvrait la nudité d’Halystra. Un frisson parcourut le corps de l’esclave lorsque la main de son maître se posa sur elle. Amusé, Haldren passa derrière elle, sortit un bandeau de sa poche et le lui noua sur les yeux afin de l’aveugler. Pas de vêtements, pas de vision, aucune défense somme toute… cela la maintiendrait dans un état mental approprié pour la suite.

Il la saisit par le bras et l’obligea à le suivre.

Viens.

Peut être croyait-elle qu’il allait la forcer immédiatement ? L’amener à son lit et profiter de son acquisition dès la première nuit ? L’idée était certes tentante mais la peur ainsi que l’humiliation le servirait pour l’instant mieux qu’un viol. Il fallait qu’elle comprenne qu’elle n’était rien en ces lieux, rien de plus qu’une extension de la volonté de son maître. Cette leçon apprise, les choses se simplifieraient.

Partant du bureau du mage, un couloir menait à ses appartements privés, couloir dans lequel donnaient deux petites pièces. Ouvrant la porte de la première, Haldren y entra, menant toujours son esclave par le bras. Grande de deux mètres sur trois environ, éclairée par un soupirail en hauteur, la pièce était vide, hors un gros anneau de fer scellé au plafond, anneau auquel était accroché un jeu de chaînes.

Haldren menotta les poignets d’Halystra puis la força à lever ses bras et bloqua ses attaches. Se reculant un peu, il vérifia l’ensemble d’un coup d’oeil. Les orteils d’Halystra touchaient à peine le sol et la tension dans ses articulations, pour l’instant supportable, deviendrait une longue torture durant la nuit. Le Ditronw Da’re sortit de la pièce sur un « Bonne nuit » ironique, laissant son esclave pendre lamentablement au bout de ses chaînes.

Se retrouver aveugle dans un endroit inconnu avec un homme froid et cruel. Ce n’était vraiment pas la chose la plus agréable qui lui soit arrivée. Surtout lorsque les doigts de son maître se posèrent sur elle. Elle eut l’impression que ce contact la brûlait, et chaque pas qu’il la forçait à faire était un véritable supplice.
Les bruits devenaient plus clairs à son oreille, la porte qu’il poussa et le léger écho que l’on entend dans une salle vide. Dans cette pièce elle était sure qu’il n’y avait rien, seul le tintement des menottes qu’il attacha à ses poignets et le bruit de la chaine lorsqu’il lui fit lever les bras, vinrent troubler le silence.

Lorsqu’elle entendit la porte se refermer, la jeune femme se permit de pousser un soupir. Elle était peut-être pendue, les pieds touchant à peine le sol, mais au moins il n’était plus là.
Alors qu’elle pensait que la légère tension disparaitrait au fil des minutes, elle se rendit compte que bien au contraire, ses bras commençaient à s’engourdir. Laissant pendre sa tête en arrière Halystra sentit les muscles de son cou se crisper.
Lui revint alors en mémoire son idée de devenir une esclave modèle. Faire tout, vraiment tout ce qu’il demandait et avoir la paix. Elle aurait au moins encore ses pensées à elle, elle pourrait rêver de liberté autant qu’elle voudrait du moment qu’elle faisait bien son travail et que le seigneur Baenfere n’avait rien à redire. C’était sûrement la meilleure chose à faire car se révolter ouvertement lui aurait valu des châtiments trop terribles pour qu’elle les imagine. Surtout que le mage ne la laisserait sûrement pas mourir tranquillement.

Elle n’aurait su dire si cela faisait quelques minutes ou des heures. Quoi qu’il en soit, elle avait mal. Très mal et elle ne supportait plus cette position. Elle avait l’impression de ne plus sentir ses bras, ses jambes pendaient mollement et sa tête toujours rejetée en arrière vacillait de temps à autre.

Un gémissement de douleur s’échappa de sa bouche, puis se transforma en sanglot de rage et de colère, avant de devenir des pleurs de douleurs et de terreur.
Elle avait peur, terriblement peur de ce mage. Si c’était ce que lui réservait cet homme pour le reste de sa vie, elle préférait ne jamais avoir à le contrarier…

Ramenant sa tête entre ses bras, Halystra ferma les yeux et laissa les larmes couler sur ses joues le reste de la nuit. Le lendemain risquait d’être une journée encore plus douloureuse alors elle n’avait plus qu’à prier les dieux. N’importe lequel, du moment qu’il lui donnait la force de ne pas broncher aux traitements qui l’attendaient.

Baillant, Haldren se leva de bonne heure ce matin là… et de bonne humeur, chose rare chez lui. Une belle journée de domptage de la tigresse achetée la veille, voilà qui le changerait quelque peu de la paperasse de son bureau. Allait-il aussi s’accorder une journée de pause pour ses expériences magiques ? Hmm, oui, se reposer la tête ne ferait pas de mal, et peut être penser à autre chose pendant quelques temps lui permettrait d’aborder ses problèmes sous un nouvel angle.

Une fois lavé et habillé, il retourna voir comment se portait Halystra. Pauvre petite chose… ses larmes avaient mouillées son bandeau et coulées sur ses joues, elle avait du souffrir de sa position douloureuse, mais cela était nécessaire. Une première leçon de douleur était nécessaire dès l’entrée, et d’autres suivraient.

Ouvrant la paire de menottes, il rattrapa Halystra tandis qu’elle s’effondrait, ses jambes ne la portant plus. D’une main douce, presque caressante, il lui ôta son bandeau et la prit dans ses bras. Alterner douceur et brutalité, gentillesse et cruauté, être imprévisible et bien faire comprendre à l’esclave qu’il pouvait être la source de douleur ou de bien être… et que tout dépendrait de son comportement, de son attitude envers lui.

Halystra toujours dans ses bras, le mage se rendit dans la salle d’eaux où un bain bien chaud l’attendait dans la grande baignoire enchâssée dans le sol. Avec précaution, il l’aida à descendre dans l’eau, souriant intérieurement en entendant le soupir de satisfaction qu’elle ne put retenir. Après une nuit passée suspendue comme un quartier de viande, ce bain devait en effet être fort agréable.

S’asseyant sur une chaise à côté de la baignoire… oui, la notion de pudeur ne devait plus avoir la moindre signification pour elle, Haldren ouvrit un paquet et en sortit une robe qu’il posa sur le dos d’une chaise. Fort jolie robe d’ailleurs, bien moulante et amplement décolletée pour mettre en valeur les formes de son esclave.

Laves toi et enfile cette robe, je te ferai ensuite faire le tour de mes appartements.

Etait-ce le bruit d’une porte que l’on ouvre ? Elle avait tellement rêvé que quelqu’un vienne la sortir de là qu’elle devait toujours être en train de s’imaginer une fin heureuse à son calvaire. Pourtant, ce rêve là semblait vraiment réel. Quelqu’un lui détachait les poignets, avec une douceur si inhabituelle… N'ayant plus la moindre force dans ses jambes elle se sentit tomber mais des bras solides la soulevèrent alors pour lui éviter une chute douloureuse. Un gémissement de douleur s’éleva à ses oreilles. Il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte que s’était elle qui avait gémit.
Une caresse retira son bandeau pour qu’elle puisse à nouveau ouvrir les yeux. Difficilement au début car elle n’avait pas vu de lumière depuis des heures. Le visage du seigneur Baenfere apparut alors devant elle tandis que celui-ci la soulevait avec autant de facilité que si elle n’avait pesé que le poids d’une plume.

Elle n’osait plus rien dire, elle avait même peur de faire un geste. Pourquoi était-il aussi ‘gentil’ aujourd’hui. Son expression n’avait rien à voir avec celle de la veille. Lorsqu’il la déposa dans l’eau chaude d’un bain, elle gémit d’abord à cause de l’eau chaude qui rappelait à ses muscles combien ils étaient endoloris puis ce fut un soupir d’aise qu’elle tenta d’atténuer du mieux qu’elle put.
Alors qu’elle faisait couler l’eau sur ses épaules et ses bras, elle vit le mage, du coin de l’œil, déballer une robe qu’il posa sur le rebord d’une chaise.

C’était une robe très belle, bien plus jolie que toutes celles qu’elle avait porté jusqu’alors, et quelque chose dans son esprit lui disait qu’elle allait devoir mériter ce cadeau qu’il lui faisait, car après tout…il aurait très bien pu la laisser nue.

Elle ne le fit attendre que quelques minutes, puis elle se leva, se sécha avec une serviette et enfila la robe qu’il venait de lui donner. Tout ça, sans oser jeter un coup d’œil vers lui.
Une fois prête elle se tourna docilement vers lui et attendit.
Loin d’être comme n’importe quel esclave qui aurait baissé les yeux devant son maître, Halystra était plutôt du genre à l’observer, à le regarder droit dans les yeux, sans pour autant lui témoigner le moindre manque de respect.

Elle voulait juste voir celui qui se comportait de façon si changeante avec elle. Un coup l’attachant dans une cellule froide, nue comme un vers et les pieds touchant à peine le sol, et le lendemain, la portant presque en douceur pour la conduire jusqu’à un bain chaud avant de lui faire enfiler une robe au tissu si doux et si fin qu’il lui faisait l’effet d’une caresse.

Le Ditronw Da’re attendit patiemment qu’Halystra ait finit sa toilette, ce qui fut fait somme toute assez vite. Une fois qu’elle eut enfilée sa vesture, le mage tourna autour d’elle, la détaillant sous tous les angles. La robe lui allait magnifiquement, taillée qu’elle était pour mettre en valeur les courbes d’Halystra. Fort légère, presque diaphane en fait, elle ne cachait rien des atouts du corps de l’esclave.

Superbe.

La raison d’un tel cadeau ? Simple voyons… tout simple. Halystra était l’esclave personnelle du seigneur mage et à ce titre elle se devait d’être élégante. Une autre raison qui avait fait choisir une jeune femme non domptée : celles qui l’ont été ont tendance à ne pas oser lever les yeux. Or si Haldren comptait bien punir la plus infime marque insolence dans le regard, il ne seyait pas qu’elle soit trop humble non plus. Un si joli visage ne doit pas rester baissé…

Bon, un autre point à noter : il allait lui falloir prévoir un petit logement pour son esclave. Une chambre et une salle d’eau suffiraient, mais encore fallait-il s’en occuper. Il n’y avait pas urgence, après tout elle allait passer les premiers jours enfermée dans ses appartements, soit dans le lit du mage soit dans la petite pièce. Mais lui fournir un logement bien à elle serait une récompense qu’il lui donnerait en temps utile.

Haldren amena sa tigresse encore indomptée dans son salon. Elle avait vu son bureau de travail hier, ses appartements aujourd’hui. Appartements assez simples somme toutes, composés d’un grand salon d’où on pouvait accéder à la salle d’eau, à sa chambre… et à la partie la plus privée où se trouvait le laboratoire et la bibliothèque personnelle du Ditronw Da’re.

S’asseyant dans un canapé, le mage sortit une petite flasque d’alcool et s’en envoya une goulée. Cela fait, il commença ses explications :

Tu as vu l’ensemble de mes appartements, j’attends de toi que tu les maintiennes propre et en ordre. Fais bien attention à trois endroits : l’armoire située derrière mon bureau de travail, la petite commode à côté de mon lit et la porte située juste derrière toi.

Le mage désigna du doigt la porte de son laboratoire.

J’ai installé des pièges magiques en ces trois endroits, et tu les déclencherais en les ouvrants. Et crois moi, ton sort serait bien pire que la mort si tu commettais cette erreur. Et je ne pourrai rien faire pour te sortir de là.

Un piège magique… terme générique utilisé à tort et à travers. Dans l’imagination populaire, un piège magique est un sort paramétré pour se déclencher lorsque quelqu’un passe à un endroit précis ou touche un élément qu’il n’aurait pas du. Certes de tels sorts existent mais un autre pratiquant des arcanes risquerait de pouvoir en aspirer l’énergie et ainsi donc les désamorcer tranquillement.

L’autre méthode, plus simple, consiste à volontairement « rater » un sort. C’est cette méthode là, plus aisée et plus fiable qu’utilisait le Ditronw Da’re. Le principe était tout simple : n’importe quel mage est capable de « rater » un sort, de mal équilibrer les fins dosages qui assurent l’équilibre d’un sort. Inutile bien sur de préciser qu’un sort « raté » entraine un brusque dégagement de l’énergie accumulée. Vous voyiez l’idée ?

Bon, supposez maintenant que vous installiez un sort raté mais non finalisé sur une armoire que vous voulez protéger, de telle sorte que l’ouverture de l’armoire achève le sort. Mal constitué, mal paramétré, le sort explosera littéralement à la figure du voleur. Contournable ? Non… car même un autre mage ne saura pas quelle partie du sort vous avez omis de finaliser. Vous seul le saurez, ce qui vous permettra de contenir l’achèvement… et donc l’explosion du sort.

Pas clair ? Une image alors comme explication ?

Bon, imaginez un immense château de carte, qui représenterait votre sort « raté ». Et supposez que le déclenchement corresponde à l’effondrement du château. Ok ? Bon, imaginez qu’ouvrir la porte de l’armoire revienne à enlever une carte clé du château. Si vous savez laquelle, vous aurez au préalable pris la précaution de vous munir d’un petit support pour remplacer la carte manquante, mais si vous ignorez de laquelle il s’agit… le château s’écroule.

Dans le cas qui nous intéresse, Haldren avait utilisé un sort de refuge des ombres. Quelques essais lui avaient appris que le mauvais déclenchement d’un tel sort déclenchait fréquemment un brusque dégagement d’énergie, transformant le jeu de test… pardon l’esclave de test… en un petit tas de cendre carbonisé à un degré jamais atteint ailleurs. Mais à quelques reprises, le sort s’était tout simplement déclenché apparemment normalement, « aspirant » le malheureux esclave dans les ombres. Le Ditronw Da’re se demandait d’ailleurs parfois ce qui leur était arrivé… étaient-ils morts sur le coup ? Voguaient-ils encore dans les ombres, âmes hurlants pour l’éternité en un lieu ou le temps ne signifiait rien ?

Halystra suivit docilement son maitre à travers ses appartements. On voyait tout de suite que le mage était d’un autre niveau social que la jeune esclave. Le mobilier était sobre mais d’une finesse étonnante, les tapisseries accrochées aux murs donnaient de l’élégance aux pièces. Lorsqu’ils retournèrent au salon, la jeune femme savait à présent qu’elle vivait chez un homme qui avait suffisamment d’argent pour se payer une esclave à cinq cent écus et une demeure aussi richement meublé.
Certes l’appartement privé du Ditronw Da’re était spacieux et bien décoré, mais il était aussi très en désordre et le balai n’avait pas du être passé depuis des semaines voire même des mois…quoi que….vu la poussière, ça pouvait même se compter en année.

L’homme s’installa sur le canapé tandis qu’Halystra se tenait toujours debout face à lui. Maintenant il était tant qu’elle écoute les quelques recommandations qu’il avait à lui faire. S’occuper des tâches domestiques chez un mage devait être plus risqué que chez elle aussi fut-elle attentive à ses paroles.
D’accord, il ne fallait pas toucher à l’armoire derrière le bureau, ni à la commode près du lit et encore moins à la porte derrière le canapé. C’était assez clair, bien que cela éveilla aussitôt sa curiosité. Sachant le sort qui lui était réservé si elle désobéissait, Halystra oublia immédiatement son envie de savoir ce qui se trouvait dans ses trois endroits.
A moins de vouloir mettre fin à ses jours, elle ne s’en approcherait pas.

-Très bien, fit-elle d’une petite voix.

Le Ditronw Da’re resta à l’observer en silence. Halystra ne savait pas si elle pouvait se permettre de poser une question. Il semblait pour le moment de bonne humeur et elle ne voulait pas le mettre en colère de bon matin. Elle avait repéré lors de la petite visite guidée un petit placard dans lequel s’entassait balais et seau en bois pour le ménage. Visiblement ce placard n’avait pas été ouvert depuis quelques temps déjà.

Croisant le regard de son maitre, elle osa néanmoins :

- Par où souhaitez-vous que je commence ?

Se sentant un peu bête après ces mots, Halystra rajouta rapidement :

- Il y a peut-être une pièce en particulier que vous voulez que je nettoie en priorité.

Elle ne voulait pas déranger son maître et surtout pas lui trainer dans les pattes. Aussi, si le mage voulait se concentrer dans son bureau, il était inutile que la jeune femme soit dans la même pièce à ranger et nettoyer.
C’était inutile de tendre le bâton pour se faire battre. Son challenge consistait à énerver le moins possible son maître. Elle ne lui portait aucun sympathie et encore moins le moindre attachement d’un esclave pour son maître mais elle préférait que cette horrible situation se passe…dans les meilleures conditions possibles. Elle aviserait plus tard.

Haldren regarda sévèrement son esclave. Elle oubliait l’une des règles de base, ce qui pouvait être pardonnée du fait de son inexpérience dans cette profession rarement choisie… mais il fallait remettre les choses au point pour éviter de laisser de mauvaises habitudes s’installer. La fusillant du regard, il ordonna d’un ton sec :

Une chose Halystra. Appelles moi « maître » quand tu t’adresses à moi. Je ne tolérerai pas un nouvel oubli.

Bon, cela fait, il pouvait réfléchir à la question de la belle. Euh… bonne question d’ailleurs… commencer… oui… le mage avait vaguement conscience que les grouillots habituels s’arrangeaient pour ne jamais être dans la même pièce que lui lorsqu’ils faisaient le ménage. Tâche difficile par moments, ce qui expliquait que la poussière s’accumulait chez lui.

Souriant mentalement, le Ditronw Da’re décida de jouer un peu avec les nerfs d’Halystra. Une fois seule, elle allait vraiment pouvoir réfléchir à la triste réalité de sa situation, et il tenait à ce que cette journée se passe dans l’angoisse pour elle. Se levant, il déposa un léger baiser sur la joue d’Halystra… désir ? affection ? ironie ? Sans doute un peu de tout cela.

Je serai dans mon bureau toute la journée. Nettoie ma chambre tout d’abord. Je te conseille de ne pas garder ta robe pour ne pas la salir, je serai fâché de devoir t’en fournir une nouvelle aussi rapidement.

Le mage marcha jusqu’à la porte donnant sur le couloir vers son bureau, posa la main sur la poignée et se retourna.

Oh oui, j’oubliais… une fois la pièce nettoyée, attends moi dans le lit.

Encore une petite dose de torture psychologique. Être obligée de l’attendre dans son lit, persuadée qu’il allait abuser d’elle à son retour. Il lui avait déjà fait le coup la veille et il récidivait, réveillant de nouveau la honte et l’humiliation. Elle allait pouvoir s’apitoyer sur son sort en attendant d’être « consommée » par son maître. Oh qu’il aimait jouer avec les nerfs de son esclave…

Riant intérieurement, Haldren laissa Halystra seule et se rendit dans son bureau. S’asseyant dans son fauteuil de travail, il prit en soupirant un rapport sur de nouveaux mages qui étaient proposés pour intégrer leurs rangs. Une longue journée s’annonçait.

Lorsque la porte du bureau se referma, Halystra desserra son poing. Ses ongles avaient profondément marqué la paume de sa main, mais il n’y avait là rien de bien méchant, ni de bien douloureux. Du moins rien en comparaison de ce qu’elle venait d’entendre. Faire son ménage et son rangement, ça elle pouvait gérer, mais il lui était insupportable de se dire qu’il voulait encore plus d’elle. Bien sur elle n’était pas idiote et elle savait pertinemment qu’un jour il lui aurait donné cet ordre là, pourtant il est très différent d’imaginer cet instant et de le vivre.
Machinalement elle porta ses mains aux attaches de sa robe qu’elle déboutonna lentement. La robe glissa jusqu’au sol, elle la ramassa, la plia soigneusement et la posa sur le bord du canapé. Sans un regard vers elle Halystra se dirigea ensuite vers le petit placard qu’elle avait remarqué plus tôt dans un coin de la pièce.
Elle y trouva un balai et un vieux chiffon mais cela ferait l’affaire.

Râlant contre elle, trop obéissante, contre son père, trop idiot et contre le reste de l’univers, la drow pénétra dans la chambre du Ditronw Da’re. Un regard vers le lit et elle sentit un frisson la parcourir.
A non ça non, elle n’avait pas du tout envie de finir dans ce lit. Et encore moins en compagnie de cet homme.
Elle en avait connu des drows agréables et elle avait passé d’excellents moments avec eux mais là, comment pourrait-elle apprécier d’être la ‘chose’ de celui là ?

Il lui faudrait énormément de courage. Mais pour l’heure, elle n’en était pas là. Inutile d’y penser.
Commençant par mettre un peu d’ordre dans les affaires éparpillées, Halystra ramassa et plia un tas de vêtements, remit une pile de livres sur une étagère, dépoussière chaque meuble, sauf la petite commode près du lit.
Elle passa chaque angle de la pièce au peigne fin. Lorsqu’elle eut terminée de balayer elle ramena le seau remplit de poussière dans le petit placard et resta un moment sur place.
Elle avait passé la matinée entière à tout laver et la pièce n’avait plus la même allure que quelques heures plus tôt, et maintenant elle savait ce qu’elle aurait du faire.

Le seigneur Baenfere était toujours dans son bureau et un coup d’œil dans le miroir suspendu derrière le canapé lui renvoya le reflet d’une femme couverte de poussière. Elle n’en avait peut être pas l’autorisation mais elle se permit de retourner dans la salle de bain. Le bain du matin était froid et elle n’avait pas l’intention d’y mettre un pied. Simplement de mouiller une serviette et de retirer toute cette crasse qui collait sur sa peau. Après tout son maître préférerait sûrement poser la main sur une peau propre et parfumée, plutôt que sale et suante.

Méticuleusement, comme pour retarder l’échéance elle frotta son corps avec la serviette humide. Elle croisa son regard dans l’eau trouble du bain. Elle n'était plus la Halystra qu'elle avait été.
Poussant un soupir à fendre l’âme, Halystra quitta la pièce, traversa le salon et retourna dans la chambre. Après une seconde d’hésitation elle s’allongea sur le lit attendant que son maître rentre pour se redresser.

La journée avait été fort chargée une fois de plus, surtout avec une offensive majeure contre le premier peuple qui s’approchait. Le Ditronw Da’re ne fut donc pas mécontent de pouvoir retourner dans ses appartements le soir venu.

Comme il le lui avait ordonné, Halystra l’attendait sur son lit, nue et obéissante. Était-elle domptée ? Non, juste désireuse de ne pas le mettre en colère, de s’éviter une nouvelle punition. Il en faudrait plus que cela pour qu’elle obéisse non pas par crainte mais de sa propre volonté, uniquement pour faire plaisir à son maître adoré.

Elle reste assise ainsi, les bras repliés autour des jambes, fragile et sans défense tandis que le mage s’approchait. D’une main, il l’obligea à sa rallonger tandis que de l’autre, il parcourut lentement son corps dénudé, glissant sur sa gorge, effleurant un sein, caressant son ventre, tournant un instant autour de son intimité… se penchant, il déposa un baiser sur un téton… puis sur son jumeau… et enfin il… il… il s’éloigna et sortit de la chambre.

Suis-moi.

Une fois encore il repoussait l’ultime humiliation, le moment ou Halystra devrait ouvrir ses cuisses pour un partenaire qu’elle n’avait pas choisi. L’attente décuple le désir dit on, et il appréciait de sentir la crainte et la honte qui émanait d’elle à chaque fois qu’elle pensait qu’il allait en profiter. Oh, elle y passerait, mais en temps voulu, et pas avant.

Un serviteur venait d’amener un plateau avec un copieux repas qu’il avait déposé sur la table du salon. Le diner du Ditronw Da’re, bien trop copieux d’ailleurs pour une seule personne. S’installant, Haldren fit signe à Halystra de se rapprocher.

Assieds-toi là, lui ordonna-t-il en désignant le sol à côté de sa chaise.

Une fois qu’elle se fut assise en tailleur à ses côtés, il se mit à manger avec appétit. Il avait volontairement commandé aux cuisines une quantité trop importante pour qu’il puisse tout manger. Le repas fini, il posa le plateau au sol, à côté de son esclave.

Tu peux finir mon repas si tu as faim.

Laissant son esclave se restaurer… et oui, elle était à jeun depuis la veille au matin et son estomac devait faire valoir son point de vue avec une certaine insistance… le Ditronw Da’re alla s’affaler sur le canapé.

Lorsque son maître entra dans la chambre, Halystra frissonna. Elle s’était redressée pour le voir entrer, mais une fois qu’il fut près d’elle, il posa sa main sur elle pour la recoucher. Par tous les dieux…elle ne supportait pas de sentir ses lèvres sur elle. Alors qu’il était penché sur elle, la drow se mordit la lèvre pour taire le moindre son de protestation.
Cependant son calvaire ne dura pas. L’homme se leva et retourna dans le salon en lui ordonnant de le suivre.
Halystra se surprit à remercier silencieusement le mage qui l’avait épargné pour l’instant. Lorsqu’elle le rejoignit dans le salon, elle sentit l’odeur des plats posés sur la table et elle sentit presque immédiatement l’eau lui monter à la bouche.
Elle avait faim…si faim. Et pourtant elle devait le regarder manger. Halystra s’assit au pied de la chaise et pria pour que son ventre ne se manifeste pas.

Lorsque l’homme posa le plateau devant elle, Halystra ne put cacher son air surpris. Il y avait encore beaucoup de nourriture dedans. Comme s’il avait fait exprès de commander un repas copieux pour lui donner ce qui resterait en trop.
Levant les yeux vers le mage, Halystra lui adressa un timide sourire avant de murmurer :

-Merci, Maître.

Cependant elle ne se jeta pas sur la nourriture. Non elle était trop bien élevée pour ça et malgré la faim qui lui tiraillait l’estomac elle ne voulait pas ressembler à une sauvage.

Le seigneur Baenfere alla s’installer confortable sur le canapé pendant qu’elle picorait la nourriture qu’il lui offrait. C’était un vrai délice et elle appréciait d’autant plus les saveurs qu’elle n’avait rien mangé depuis la veille.
Lorsqu’elle jugea qu’elle avait suffisamment mangé, Halystra prit le plateau dans ses mains et se leva pour le poser sur la table. Elle ne savait pas trop quoi en faire. Un serviteur viendrait sûrement le chercher un peu plus tard, car il était peu probable que son maitre la laisse quitter ses appartements. Ne serait-ce qu’une minute pour rapporter ce plateau dans les cuisines.

Il n’avait pas assez confiance en elle et il y avait de quoi. Pourtant…pourtant la façon qu’il avait de la traiter n’avait pour le moment rien à voir avec ce qu’elle avait imaginé.

Se tournant vers le drow, Halystra l’observa un moment et s’en même qu’il eut besoin de lui donner d’ordre, elle s’approcha du canapé et s’assit sur le sol juste à côte. Il allait sûrement lui demander de reprendre son ménage mais tant qu’il ne lui avait rien dit elle resterait près de lui. Il avait l’air soucieux quelques minutes plus tôt lorsqu’il était entré dans la chambre, sûrement avait-il eut une journée difficile…
Mais qu’est-ce qu’il lui prenait ? Pourquoi s’intéressait-elle au bien être de cet homme ? Elle n’était pas en train d’abdiquer si vite quand même… Mais que faire pour conserver cette liberté qui lui était si chère. Elle n’avait aucune chance de fuir un homme aussi puissant. Et même si elle avait pu quitter le Puy pour se cacher au fin fond des terres humains ou dans la plus épaisse forêt elfique…elle était persuadée qu’il aurait pu la retrouver.

Confortablement assis dans son canapé, le mage regarda Halystra finir son repas. La pauvrette devait avoir faim, mais elle garda une certaine distinction et ne se jeta pas sur la nourriture. Bien, elle prenait l’habitude d’être polie, de l’appeler « maître » et savait se tenir. Important cela, l’esclave d’un haut personnage ne doit pas se comporter comme un sagouin non plus.

En tout cas, elle avait eu la bonne initiative de se laver après avoir fini son ménage. Voir une esclave crasseuse n’est pas agréable à l’œil alors que là… propre comme un sou neuf la mignonne. Et efficace, il fallait admettre, sa chambre ne ressemblait plus au fouillis habituel mais redevenait vraiment habitable.

Une fois son repas finie, la jeune femme posa le plateau sur la table où un serviteur viendrait le chercher pour le ramener aux cuisines puis vint s’asseoir aux pieds de son maître. Bonne réaction encore, elle progressait vite. En attendant, il hésitait pour la suite. Que faire ? Coucher avec elle ? La remettre dans ses chaines pour une deuxième nuit ? Dilemme dilemme.

La punir était tentant mais bon, elle n’avait pas fait d’erreur en ce jour. Il n’allait quand même pas la punir juste par caprice, les bordels du Puy disposaient de salles de tortures où les puissants pouvaient « s’amuser » avec des esclaves. Non, tant qu’Halystra ne commettrait pas d’impair, elle y échapperait.

Coucher avec elle était tentant également, mais là non plus ce n’était pas l’idéal. Halystra n’avait pas vocation à être un simple jouet sexuel, son maître avait plus d’ambition que cela pour elle. Certes ce serait un élément aussi important qu’agréable, mais la réduire à une paire de cuisses qu’on écarte ne valait pas les cinq cents écus payés la veille.

Bon, pour l’instant, il ne pouvait guère lui confier de mission autre que de s’occuper de ses appartements, car il préférait attendre encore quelques jours avant de la laisser sortir dans le reste du bâtiment. Se levant, il retourna dans sa chambre, toujours suivi humblement par
Halystra.

Cette nuit, tu pourras dormir au pied de mon lit. En attendant aides-moi à me déshabiller.

Dormir au pied de son lit, comme un petit chien. Voilà à quoi elle était réduite. Un petit chien apeuré. Mais il fallait reconnaître qu’elle préférait dormir par terre, sur un sol de pierres froides plutôt que d’être suspendue comme la veille. Au moins cette leçon là était apprise et tant qu’elle pourrait éviter de retrouver ses chaines qui lui avaient entaillées les poignets, elle serait une esclave modèle.
Son maître ne semblait pas mécontent d’elle, du moins il ne fit aucun commentaire négatif sur l’état de la chambre lorsqu’ils y retournèrent. En cela s’était déjà une petite victoire pour elle. Et visiblement il récompensait ses efforts en lui permettant de rester dans la chambre pour la nuit.

Passant devant son maître Halystra croisa son regard une fraction de seconde puis baissa les yeux sur la chemise qu’elle déboutonnait. Lorsqu’elle écarta les pans de la chemise, la jeune femme put voir pour la première fois le torse étonnamment sculpté de son maître.
Il était surprenant de voir un mage aussi bien bâti, d’autant plus que les vêtements qu’il portait ne mettaient nullement cet atout en valeur.
Faisant glisser ses mains sur les épaules du mage, Halystra fit descendre sa chemise le long de ses bras. Une fois retirait elle la posa soigneusement pliée sur une chaise dans le coin de la pièce.
Revenant près de son maître, Halystra se concentra ensuite sur sa ceinture et son pantalon qu’elle retira également sans ciller.
Le pantalon trouva bientôt une place sur la chaise tandis que la jeune drow se tournait vers son maître enfin dévêtu.
Elle ne savait pas bien comment se comporter, il lui avait donné l’autorisation de rester dormir là, mais elle n’allait pas se coucher avec que lui soit installé dans son lit…

Levant les yeux vers lui elle demanda :

- Maitre…puis-je mettre la robe que vous m’avez donné… pour dormir ?

Elle n’était pas taillée dans un tissu épais, bien au contraire, mais au moins elle aurait moins froid si elle devait dormir sur le sol. Et puis elle avait passé toute une journée entièrement nue. Certes, elle n’était embarrassée par aucun vêtement trop ample ou trop vite salissant, mais pour dormir…elle aurait au moins souhaité se couvrir un peu.

Sa voix l’étonna un peu lorsqu’elle prononça ses mots. Elle parlait si peu depuis qu’elle avait été enlevée. La solitude qu’elle avait pu ressentir dans la cellule du Radkorn était loin d’avoir disparut ici, mais au moins son maître lui parlait avec un tout petit peu plus de considération que le marchand qui ne voyait en elle qu’une poule aux œufs d’or.

Une fois dévêtu, Haldren s’apprêta à aller se coucher lorsque son esclave prit la parole pour lui demander si elle pouvait revêtir la robe offerte le matin durant la nuit. Hmm… un peu imprudente, mais le ton et les mots étaient soumis, et dormir nue sur le sol n’était vraiment confortable, il fallait l’avouer.

Après tout, il venait de décider de ne pas la punir, donc peut être pouvait-il accéder à sa supplique ? Sinon, autant l’enfermer comme ça dans la petite pièce où elle avait passé la nuit précédente, cela reviendrait au même. Or là il ne désirait pas qu’elle dorme mal, cela ne lui aurait servi à rien.

Non, cette nuit là, elle aurait vraiment droit à du repos.

Depuis qu’Halystra était devenue esclave, elle n’avait guère due pouvoir se reposer, et il ne voulait pas d’une esclave aux yeux chassieux et aux gestes las. Ouvrant la porte d’une armoire, le mage en sortit une couverture… plus toute neuve certes, mais tout de même plus adaptée qu’une robe légère.

Tu risquerais de la froisser, prends plutôt cela.

Se couchant, le Ditronw Da’re ramena les couvertures à lui, tassa son oreiller et s’endormit. Il n’était pas inquiet de dormir dans la même pièce qu’une jeune femme qui ne devait guère ressentir de bons sentiments envers lui. Comme tous les hauts mages qui doivent se méfier de ne pas se faire assassiner durant leur sommeil, Haldren disposait d’une excellente ouïe.

Au comble de la surprise, Halystra regarda son maître se coucher. Elle tenait contre elle une couverture qu’elle n’aurait même pas osé demander. Il ne semblait même pas se rendre compte du cadeau qu’il lui faisait alors qu’elle, elle était bien trop heureuse à son goût. Faisant taire ce ‘moi’ intérieur, Halystra s’allongea à son tour au pied du lit, chaudement emmitouflée dans la couverture.
La nuit ne fut pas des plus reposantes, mais elle l’était déjà bien plus que la veille. Elle avait au moins pu fermer les yeux et dormir quelques heures. Le sol, dur et inconfortable, l’empêcha néanmoins de dormir trop longtemps et lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle savait que la nuit était loin d’être fini.

Malgré l’obscurité, il y avait suffisamment de lumière qui filtrait par l’unique fenêtre pour qu’elle puisse distinguer les éléments qui l’entouraient.
Derrière elle, elle entendait le souffle lent de son maître qui dormait. Alors que la drow qu’elle était une semaine plus tôt aurait profité de ce moment pour tenter de tuer cet homme par n’importe quel moyen ou au moins pour s’enfuir sans demander son reste, celle qu’elle était aujourd’hui se contenta juste de s’asseoir un moment.
N’y tenant plus, elle se leva, rangea la couverture dans l’armoire et quitta la chambre sur la pointe des pieds. Dans le salon quelques bougies étaient allumées. La jeune femme n’eut le temps que d’enfiler sa robe lorsqu’elle vit une petite silhouette miteuse passer la porte en trainant des pieds.

Visiblement le petit homme fut aussi surpris qu’elle et il bredouilla rapidement qu’il était domestique et qu’on l’avait chargé de venir récupérer le plateau de la veille.
Avant qu’il eut disparut, Halystra s’entendit dire :

- Pourrez-vous faire monter de l’eau chaude pour le Seigneur Baenfere ? Ainsi qu’un nouveau plateau pour son petit déjeuner.

L’homme acquiesça et disparut derrière la porte. Un instant Halystra voulut s’y précipiter, quitter cet endroit, et cette situation épouvantable. Pourtant elle resta clouée au sol. Et aussi surprenant que celui puisse paraître elle préféra s’occuper de ramasser les quelques bibelots qui jonchaient le sol et les livres éparpillés à droite et à gauche.
Le serviteur revint quelques minutes après avec un petit tas de bois. Il voulait allumer un feu dans la petite cheminée de la salle de bain pour que l’eau soit encore chaude lorsque le mage se lèverait. Halystra en profita pour lui demander quelle heure il était… Le serviteur se contenta de lui répondre que le jour se lèverait dans un peu plus de deux heures.

Une fois qu’il eut disparut, Halystra retira à regret sa robe et commença à nettoyer le petit salon, elle ne fit même pas attention à la présence du domestique qui revint moins d’une heure après pour monter deux énormes seaux d’eau.
Lorsque la jeune femme eut terminée de retirer la poussière et de balayer dans le salon, elle se rendit dans la salle de bain.
L’eau dans les seaux fumée et une douce chaleur se dégageait de la cheminée. Comme la veille, elle se débarbouilla à l’aide d’une serviette humide puis versa les deux récipients dans la baignoire avant de quitter la pièce.

Enfilant au passage sa robe, Halystra vit le plateau de nourriture qu’avait sûrement posé le serviteur pendant qu’elle était dans la salle de bain. En quelques enjambées elle fut à nouveau dans la chambre. Elle ne savait pas du tout quand son maître se réveillerait aussi s’installa-t-elle par terre à coté de son lit.
La jeune drow avait largement apprécié les traitements de la veille, aussi était-elle décidée à continuer ainsi. Elle ne ferait rien qui puisse déplaire à son maître. Du moins elle essaierait.

Le Ditronw Da’re se réveilla péniblement… enfin comme d’habitude, il n’avait jamais été un grand matinal. Emergeant du fouillis de couverture, il constata qu’Halystra était déjà debout et habillée, assise au pied du lit. Satisfait, il effleura de sa main le menton de la belle. Une bonne initiative que celle d’être prête avant même qu’il ne soit éveillé.

Se levant, il passa dans le salon sans prendre la peine de s’habiller. La notion de pudeur vis-à-vis de son esclave n’existait pas, ni dans un sens ni dans l’autre. Une autre bonne surprise l’attendait dans le salon : elle l’avait déjà nettoyé, surement en se réveillant, précédemment même son ordre à ce sujet.

Une fois assis à table, il dévora à belle dents son petit déjeuner, puis laissa de nouveau Halystra finir ce qu’il restait. Manger les restes du Ditronw Da’re devait de toute façon être bien meilleur que les repas qu’elle devait avoir avant d’être réduite en esclavage, au vu de la qualité de la cuisine du C’nros, faite pour mages fin gourmets.

Bon, une fois qu’elle aurait son petit chez elle à côté des appartements de son maître, elle gérerait elle-même ses repas, mais pour le moment elle demeurait à ses côtés en permanence. La laissant seule, il alla se laver en vitesse. Lorsqu’il ressortit de la salle de bain, une serviette nouée autour des reins, il la retrouva là où il l’avait laissée, assise en tailleur discrètement près d’un mur.

Si belle…

Si désirable…

Sur un geste de son maître, Halystra se rapprocha de lui. Ne pouvant se retenir plus longtemps, le mage passa un bras autour de la taille de son esclave, l’attira contre lui et posa doucement ses lèvres sur les siennes.

Pour le moment le Seigneur Baenfere semblait s’être levé de bonne humeur. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’il le reste. Suivant son maître, Halystra ne put apercevoir la surprise qui se peignit l’espace d’une seconde sur le visage du drow lorsqu’il franchit la porte du salon.
Comme la veille, elle s’installa par terre près de lui et attendit qu’il ait finit de manger. Cette fois encore il lui donna les restes avant de disparaître dans la salle de bain. Halystra mangea à sa faim, sans se presser. Aujourd’hui encore elle avait beaucoup de travail niveau ménage. Elle laverait le sol dans la chambre avant de revenir finir le travail dans le salon. Les coussins du canapé méritaient d’être aérés et dépoussiérés, il n’y avait besoin que d’un seul coup d’œil pour le savoir.

Lorsque son maître réapparut, une simple serviette autour de la taille, elle se leva et reposa le plateau sur la table. Il lui fit signe de s’approcher et elle crut qu’en cela il lui demandait de le suivre pour l’aider à enfiler ses vêtements mais une fois près de lui, elle sentit la main du mage se poser sur sa taille et l’attirer à lui.
Elle fut tellement surprise qu’elle n’eut presque aucune réaction face à ce baiser. Juste sa main qu’elle avait plaqué contre le torse de son maître, par reflexe. Si elle n’avait pas retrouvé ses esprits rapidement elle aurait presque pu le repousser mais là au contraire, elle ne fit rien.

Elle qui depuis son arrivée redoutait cet instant, elle ne trouvait rien à faire. Elle ne cherchait même pas à se débattre.
Et bien qu’au premier abord ce contact la répugne, au fond d’elle, elle devait reconnaître que cette tendresse inattendue et qui se faisait extrêmement rare ces derniers jours, était agréable.

Se reculant légèrement, Halystra plongea son regard dans les yeux laiteux de son maître. Elle n’arrivait pas à le comprendre. Il pouvait être doux et la minute d’après sombre et cruel. Pourtant, en cet instant, la main qu’il avait posée au creux de ses reins la réchauffait.
Comme pour répondre à son regard, Halystra se rapprocha à nouveau et embrassa à nouveau les lèvres de son maître.

Dans sa tête, tout en elle se révoltait. Pourquoi cédait-elle ? Elle aurait du se défendre, le frappait, se dégager de cette étreinte. Mais ce qui révoltait le plus la petite Halystra éprise de liberté qu’elle avait enfermé dans un coin reculé de son esprit, c’est qu’elle appréciait cette étreinte.

Lorsque leurs lèvres se descellèrent, Haldren posa son regard dans celui d’Halystra, curieux d’y lire les émotions de son esclave. A sa grande surprise, l’émotion qu’il y lut le plus n’était autre que du désir… désir confirmé par le baiser qu’elle lui rendit, sans qu’il eut cette fois besoin de l’y contraindre.

L’enlaçant tendrement, il laissa ses mains parcourir le corps de la belle, savourant le contact de sa peau contre la sienne, juste séparées par le fin voilage de la robe d’Halystra, goutant la douceur de ses lèvres. Une main caressante se glissa dans l’entrecuisses d’Halystra, qui se laissa faire, appréciant les attentions de son maître.

Mais brusquement Haldren relâcha son étreinte et se recula. Le travail avant le plaisir. Certes il désirait emmener la jolie tigresse dans sa chambre, mais il devait ce jour là rencontrer trois nouveaux candidats désireux de devenir des mages du C’nros. Et s’il cédait aux sirènes du désir, il serait en retard… très en retard.

Filant dans sa chmabre, il s’habilla en hâte de ses plus riches vêtements, ceux destinés à impressionner ses interlocuteurs et à bien leur faire comprendre qu’ils avaient en face d’eux un seigneur mage. Attrapant la bague de sa famille sur la table de nuit, il se la passa au doigt et l’observa un instant.

La bague des Baenfere… la dernière de ce type, plus personne d’autre que lui ne la portant. Une bague qui un demi-millénaire plus tôt était l’emblème du plus puissant clan de mages de l’époque… une bague qu’aujourd’hui seul un héritier des Prima Sanguis saurait encore reconnaître.

Je reviendrai assez tard ce soir, si tu en as fini avec le salon, tu pourras commencer à t’occuper de mon bureau. Je préviendrai les cuisines pour qu’il t’apporte de quoi manger.

Sur ces mots, le Ditronw Da’re quitta ses appartements.

Le départ brusque de son maître laissa Halystra coite. Elle n’aurait jamais crut qu’il éveillerait en elle pareil désir pour ensuite filer se vêtir sans un mot. Lorsqu’il ressortit de la chambre, il portait un habit fait sur mesure. Il rappellerait à qui le croiserait quel était son rang, et le respect qu’on lui devait. Avant de quitter la pièce il lui lança une dernière phrase pour lui préciser ce qu’elle aurait à faire et quand il serait de retour.
Elle fut étonnée de voir qu’il pensait même à demander qu’on lui monte quelque chose à manger. Lorsqu’elle se retrouva seule, la Halystra qu’elle avait enfermé s’échappa soudain et fit couler des larmes de rage et de haine sur ces joues.
Pourquoi se laissait-elle faire ? Il était préférable qu’elle se fasse tuer plutôt que de vivre une existence comme celle-ci jusqu’à la fin de sa vie…
Retournant près de la table, Halystra prit le plateau et l’envoya voler contre le mur en face d’elle.

Lorsqu’elle réalisa ce qu’elle venait de faire, la jeune drow mit sa tête entre ses mains et tenta de se calmer. Il faudrait bien qu’elle s’y fasse de toute façon et son maître était loin d’être la brute qu’elle croyait… Mais cette capitulation là était des plus douloureuses, car cela signifiait qu’elle acceptait son sort et sa nouvelle vie d’esclave.

Après un long soupir elle se dirigea vers le placard et sortit le balai. Elle nettoya ce qu’elle venait de faire puis reposa le plateau vide sur la table. Enfin elle se décida à reprendre son rôle d’esclave modèle. Elle pouvait s’estimer heureuse que cette petite crise intérieure se soit produite en l’absence du seigneur Baenfere sans quoi elle était certaine de retrouver la petite pièce froide avec pour seule décoration une paire de menottes et des chaînes.

Le reste de la journée elle effectua les tâches qu’elle s’était fixée, à savoir laver le sol dans la chambre et le salon, nettoyer le canapé et commencer à ranger le bureau en prenant soin de ne pas s’approcher de l’armoire. Le lendemain elle laverait le sol du bureau et s’occuperait des plafonds aux angles remplis de toile d’araignée. Et puis elle trouverait toujours quelque chose à faire. Laver les draps dans la baignoire de la salle de bain, nettoyer le tapis du salon. Bref elle avait encore un tas de chose incalculable à faire.

La nuit avait obscurcie les appartements du mage et la jeune femme se pressa d’allumer torches et bougies pour que son maître puisse rentrer en toute quiétude. Il lui avait dit qu’il rentrerait tard et il ne lui avait pas mentit. Elle tombait de sommeil mais n’osait pas fermer l’œil.
Pourtant elle finit par s’endormir nue comme un ver, les jambes replies contre elle, au pied du canapé.

Épuisé, le mage rentra chez lui au beau milieu de la nuit. Une journée harassante, entre l’arrivée de nouveaux mages et la préparation de l’offensive contre leurs anciens frères, les heures ne duraient plus assez longtemps.

Lorsqu’il entra dans son salon, la première chose qu’il vit fut Halystra, recroquevillée nue au pied du canapé, endormie. Vision touchante non ? Enfin, elle ne s’était pas ménagée elle non plus, et le salon avait eu droit à un coup de ménage en profondeur.

Un long moment, le mage resta debout devant elle, réfléchissant. Tenait-il à elle ? Oui, sans doute, elle accomplissait sa tâche avec efficacité et obéissait à ses ordres sans rechigner. Et pourtant il n’avait pas couché avec elle, pas encore du moins. Mais sa compagnie lui faisait du bien, cela le changeait agréablement des comploteurs et des ambitieux qu’il devait tenir en laisse le reste de la journée.

Certes, mis à part la première nuit, il n’avait pas été spécialement dur avec elle, mais cela tenait à une raison toute pragmatique. Il désirait qu’elle soit aussi heureuse que possible dans sa condition d’esclave. Non pas que le Ditronw Da’re se sente tout d’un coup des pulsions amicales, ou qu’il s’intéresse aux états d’âme d’Halystra, non.

Mais si une esclave malheureuse et effrayée accomplira fidèlement sa tache, le maître jouira plus d’une esclave qui accepte son sort et l’accepte. Cette dernière mettra plus de cœur et d’entrain à la tâche, ne présentera pas un regard ou seul la peur prédomine. Même les grands mages ont besoin d’un jardin secret, et dans un sens Halystra était le sien.

La prenant doucement dans ses bras pour ne pas la réveiller, Haldren la porta jusqu’à son lit et l’y coucha précautionneusement. Se déshabillant, il se glissa à son tour sous les couvertures et passa un bras autour des épaules de la belle. Un réflexe spasmodique dans son sommeil, et Halystra vint poser sa charmante tête contre la poitrine de son maître.

Ce fut ainsi que le mage s’endormit, un fin sourire aux lèvres.

Profondément endormie, Halystra ne remarqua même pas qu’on la déplaçait pendant son sommeil. Le travail qu’elle avait eut pendant la journée à tout ranger et nettoyer l’avait littéralement épuisée.
Mais malgré son état de fatigue, son inconscient lui était toujours en éveil, et il ne tarda pas à remarquer combien elle se sentait bien, et à quel point elle appréciait la douce chaleur qui l’enveloppait.
Son esprit alors se demanda pourquoi elle se sentait si bien et pourquoi elle avait l’impression de dormir sur un nuage de plume.
Peut-être qu’à force d’y penser cette idée l’empêcha de dormir plus longtemps, quoi qu’il en soit, Halystra ouvrit les yeux. Le jour n’était pas levé, et malgré l’obscurité régnante, la jeune femme se rendit compte qu’elle était dans la chambre de son maître.

Encore à moitié endormie, elle réalisa bien plus lentement qu’elle avait la tête posé sur le torse du mage et que celui-ci avait passé un bras protecteur autour de ses épaules. Sa respiration était lente, signe qu’il dormait encore.

Que faire ? Quitter le lit ou attendre qu’il se réveille ?
Elle se souvint qu’elle s’était endormie devant le canapé, c’était donc que son maître l’avait transporté jusqu’à son lit pour la coucher près de lui.
La jeune esclave avait cru que le jour où elle se retrouverait ainsi dans le lit de son maître, se serait le jour où il lui aurait demandé bien plus que de faire le ménage. Pourtant, elle était certaine qu’il ne s’était rien passé. Ils avaient juste dormis. Elle dans les bras de son maître.

Et pour l’instant elle n’avait pas envie de bouger. Elle se contentait d’écouter sa respiration et son cœur qui battait lentement. Malgré sa toute nouvelle condition d’esclave, elle voyait qu’il ne lui voulait ‘presque’ aucun mal. Il ne demandait que du respect et l’amour d’une esclave pour son maître. Et au vue de son comportement avec elle, il avait au moins déjà gagné son respect. Elle serait plus qu’une esclave modèle, elle s’occuperait de lui comme elle s’était occupée de son père avant lui. Elle veillerait sur lui, car il veillait sur elle.

Bien sur ce n’était plus du tout pareil que d’être libre, mais à y réfléchir, maintenant que son père était mort, que serait-elle devenue ? L’argent aurait finit par manquer et elle se serait retrouvée dans l’un de ces bordels à vendre ses charmes au premier venu. Rien de réjouissant. Alors que là, elle aurait un endroit où dormir que se soit par terre ou dans le lit de son maître, elle aurait droit à un minimum d’attention, surtout lorsqu’il aurait des ordres à lui donner…et puis elle aurait l’impression de servir à quelque chose.
Bien sûr cette vie là comportait des risques. Il suffisait qu’elle fasse un faux pas pour que son maître la réprimande sévèrement…punition qu’elle devrait accepter la tête haute.

Un mouvement près d’elle, une respiration qui s’accélère… Le seigneur Baenfere s’éveillait. Elle sentit la main de son maître glisser sur son épaule. Relevant la tête, Halystra croisa son regard et lui adressa un sourire.

Haldren se réveilla agréablement ce matin là. Oui, je sais, avec une jolie fille dénudée blottie au creux de ses bras, il aurait du mal à faire le difficile. Dans le classement des bons réveils à se garder en mémoire, celui-là ferait figure de favori.

Décidément, il ne regrettait pas un seul instant son achat. Une esclave comme Halystra valait son pesant d’or, et le prix demandé, pour élevé qu’il soit, se rentabilisait aisément. La jeune femme semblait assez bien accepter son nouveau statut, qui après tout aurait pu être bien pire. Haldren n’était pas un drow sadique ni violent, réservant sa colère à des occasions vraiment utiles. Toutes les esclaves n’ont pas cette chance.

Cela mis à part, être l’esclave du Ditronw Da’re garantissait également une certaine sécurité, un mot qui ne veut souvent rien dire au Puy. Haldren n’était pas connu pour être quelqu’un de partageur ou de compréhensif, et malheur à qui tenterait de poser ses salles pattes sur sa propriété. Et si Halystra se retrouvait entièrement à ses ordres, elle avait le toit et l’assiette de garantie. Cela ne valait-il pas mieux que de finir troussée au fond d’une ruelle ou de crever de faim suite à un revers de fortune ?

Il faudrait vraiment qu’il pense à donner des ordres pour que le petit logement à côté du sien soit débarrassé de son occupant actuel et attribué à Halystra. Cela permettrait à la belle de laisser son maître au calme lorsqu’il en aurait besoin, tout en étant prête à le servir.

Resserrant son étreinte, il attira Halystra à lui, la jeune femme s’allongeant sur le corps de son maître, toujours avec ce fin sourire aux lèvres. Déposant un baiser sur le bout du nez d’Halystra, il lui demanda :

Bien dormi ?

Où était donc passée l’Halystra qu’elle avait du séquestrer au fin fond de son esprit. S’il y avait une chose qu’elle n’aurait pas supporté c’était bien ce genre de contact avec son maître. Pourtant il n’y eut aucune manifestation. Comme si elle s’était envolée. Il avait suffit qu’elle accepte pleinement et totalement son sort pour que cette femme qu’elle avait été, disparaisse.
Du moins, pas entièrement. Elle gardait toujours suffisamment la tête haute pour ne pas craindre de regarder le seigneur Baenfere, et elle n’avait pas peur non plus de lui sourire, parce que tout cela se faisait naturellement.

Alors qu’il l’attira sur lui, la jeune drow sentit les mains du mage courir sur son dos alors qu’elle touchait du bout des doigts les fins cheveux blancs de son maître.
Le baiser qu’il lui donna sur le bout du nez la surpris une seconde avant qu’elle le regarde à nouveau en souriant.

- Extrêmement bien, Maître.

Se penchant légèrement, elle déposa à son tour un baiser sur le bout du nez du mage et se recula en souriant.
Elle n’aurait jamais crut la chose possible. Pourtant en peu de temps il lui avait appris à avoir de l’affection pour lui, si bien qu’elle ne se forçait même plus à la lui témoigner.

- Et vous Maître, avez-vous passé une bonne nuit ?

Il était rentré à une heure avancée de la nuit et peut-être était-il encore fatigué par le travail qu’il avait accompli, mais il ne le montrait pas. Elle avait hâte de pouvoir le servir autrement qu’en rangeant et nettoyant ses appartements. Il y avait sûrement des tas de chose qu’elle pouvait faire pour lui rendre la vie plus facile. Elle pourrait s’occuper de courses importantes pour lui ou encore … quoi ?...elle arrivait même à envisager de quitter ses appartements … et de revenir ? Le changement était encore plus profond qu’elle ne l’aurait imaginé.

Un baiser en réponse au sien… un sourire… Halystra et lui semblaient avoir trouvé une sorte de terrain d’entente, la jeune femme acceptant apparemment son nouveau statut d’esclave. Au fond pas si horrible, son maître ne lui imposant pas de tâches dégradantes et lui seul pouvant donner des ordres. Politesse et respect envers les autres membres du C’nros, mais un seul drow possédait son obéissance.

Cette obéissance qu’elle lui montrait méritait une petite récompense. Le Ditronw Da’re avait déjà décidé de lui allouer un petit logement bien à elle lorsqu’elle serait domptée, lorsqu’elle aurait accepté sa nouvelle condition. Au vu des actes et des réactions d’Halystra, ce moment était arrivé.

Caressant doucement le corps de sa compagne, le mage décida de lui offrir son cadeau tout de suite :

Tu occuperas désormais le petit appartement à côté du mien. Tu es libre d’arpenter le C’nros, sauf les zones indiquées comme étant réservées aux mages.

Il allait pouvoir la laisser sortir de chez lui désormais, mais il ne fallait pas qu’un accident arrive, or les zones de laboratoire peuvent être dangereuses. Une expérience qui tourne mal et… boum ! Les dissipations d’énergie suite au lancement raté d’un sortilège étaient aussi chaotiques que dangereuses.

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