[C'nros] Bienvenue chez moi

La surprise laissa Halystra muette. Les paroles de son maître étaient tellement inattendues…elle n’aurait jamais cru les entendre un jour. Outre le fait qu’il lui accordait un endroit où elle pourrait vivre sans se sentir constamment enchaînée à lui, il lui donnait également l’autorisation de sortir de ses appartements. Elle avait même le droit d’aller où bon lui semblait dans le C’nros.

Il avait confiance en elle. Aussi surprenant que cela puisse paraître pour quelqu’un qui avait acheté une esclave indomptée.
Il aurait pu la garder enfermer encore quelques jours, voire des semaines, peut-être même des années que cela aurait été son droit le plus profond. Pourtant, à peine deux jours s’étaient écoulés et déjà il lui laissait la possibilité de sortir.
Cependant elle savait que devant ce geste de confiance, il lui était interdit de faire le moindre faux pas. Une erreur de sa part et elle perdrait tous ces petits privilèges qu’il lui accordait pour elle ne savait qu’elle raison.

- Votre générosité et votre confiance me touchent Maître. Je ferais en sorte d'être une esclave digne de votre nom, Maître.

Bien sur, il était évident pour elle qu’elle limiterait ses sorties. Elle accomplirait les tâches qu’il lui confierait que ce soit dans l’appartement ou à l’extérieur, mais elle n’en profiterait pas pour se dégourdir les jambes librement.

Les caresses qui lui parcouraient le dos éveillaient en elle une envie, un désir qu’elle n’avait plus ressentit depuis son enlèvement. Un petit sourire aux lèvres, la drow murmura dans le creux de l’oreille de son maître.

- Comment puis-je vous remercier Maître ?

Il y avait, certes, tout un tas de chose qu’elle aurait pu faire, mais là, elle pensait à quelque chose de bien particulier. Une chose que même la veille elle aurait eut beaucoup de mal à faire et dont elle n’aurait jamais prit l’initiative.
Seul un ordre aurait pu la contraindre à se laisser faire, pourtant là, c’était exactement le contraire, c’était elle qui proposait.

Bien sur elle pouvait craindre que son maître ait prévu totalement autre chose pour sa matinée et qu’il la délaisse à ses tâches ménagères. Mais à cet instant il était au moins certains que son esclave lui appartenait corps et âme. Et qu’elle était d’ailleurs prête à se donner à lui sans qu’aucun ordre ne soit nécessaire.

Un joli cadeau pour l’esclave que cet appartement, mais Haldren était satisfait de son achat et elle avait bien droit à son petit écrin personnel. Un endroit où elle pourrait se reposer seule, au calme. Dès lors qu’Halystra acceptait sa soumission, pourquoi être cruel avec elle ? Ce serait inutile, or le Ditronw Da’re était depuis lontemps un fervent adversaire de la cruauté inutile.

Pour lui, la cruauté devait rester une arme bien affutée que l’on ne sort du fourreau qu’en dernier recours. A trop l’utiliser, on ébréchait et fragilisait cette arme. Des adversaires sachant qu’ils n’ont rien à espérer, qu’une mort cruelle et douloureuse leur sera de toute façon réservée se battrons jusqu’au bout. Alors que savoir doser la cruauté pour faire des exemples, tout en sachant se retenir le reste du temps donnait de bien meilleurs résultats.

La peur du châtiment est souvent plus efficace que le châtiment lui-même. Trop peu de drows comprenaient cela…

Enfin en attendant, il se sentait très tenté par la proposition taquine d’Halystra de le remercier de ses largesses. Certes il avait du travail, mais l’idée de passer cette journée à profiter des charmes de la jeune femme était bien plus attirante que de finir la validation des listes actualisées des mages qui accompagneraient le second ost pendant la campagne à venir.

Rejetant le drap pour admirer le corps d’Halystra, le mage lui caressa doucement les seins, le ventre, effleura son intimité du bout de ses doigts. Se penchant, il déposa de légers baisers dans son cou, déclenchant un ronronnement de plaisir. Roulant sur le dos, il attira sa tigresse contre lui, ses bras resserrant leur douce étreinte. Juste avant que leurs lèvres ne se joignent, il murmura :

Je suis sur que tu sauras trouver un moyen.

Lorsque son maître rejeta le drap, Halystra sentit un léger frisson la parcourir. Frisson qui disparu vite sous les caresses du mage. La drow n’osait pas bouger de peur de faire quelque chose sans y avoir été invité. Mais elle n’eut qu’à attendre une minute avant d’avoir l’invitation qu’elle attendait.

Son maître venait de l’attirer sur lui, leur deux corps serrés tandis qu’ils échangeaient un long baiser.
Elle savait très bien quoi faire pour remercier son maître d’être aussi généreux avec elle, et elle n’hésita pas une seconde à couvrir de baiser le drow. D’abord s’attardant sur son cou, puis descendant lentement sur son torse jusqu’à se retrouver bien plus bas.
Au râle de plaisir qui parvint à ses oreilles elle sut que les délices que prodiguait sa langue étaient du goût de son maître.

Remontant le long sur torse d’Haldren, Halystra sema tout le long de petits baisers, elle s’attarda sur chaque téton puis refit face à son maître en lui souriant.

- Ce genre de remerciements vous convient Maître.

La jeune drow resta un moment à l’observer droit dans les yeux, attendant un signe de sa part pour reprendre le doux combat qui s’était engagé entre eux.
Malgré le mauvais caractère que l’on reconnaissait au drow, le seigneur Baenfere n’avait pas l’air d’aimer la cruauté inutile. Il était peut-être l’un des seuls nobles drows à ne pas user de son rang pour se montrer gratuitement cruel.

Peut-être qu’à force de vivre seul dans cet appartement il avait souhaité retrouver un peu de compagnie. Certes acheter une esclave pour combler ce vide pouvait paraître un peu surprenant pourtant il s’agissait seulement d’une façon de s’attacher définitivement cette compagnie.
Il était certain qu’elle ne pourrait pas partir… et puis elle n’en avait vraiment plus envie.

Bien qu’elle ait un statut d’esclave, elle vivait dans de meilleure condition qu’avant. Elle allait avoir une petite pièce rien que pour elle, elle pourrait se déplacer à sa guise et sa seule contrainte, si on pouvait appeler ça une contrainte, s’était de s’occuper de combler tous les besoins et les désirs d’un homme comme Haldren.
Ca n’avait rien d’horrible ou de dégradant. Bien au contraire, elle se trouvait une certaine utilité à servir ainsi le drow.

Ils firent l’amour avec passion, Halystra démontrant que le titre de tigresse dont l’avait affublé son vendeur n’était pas usurpé. Un tempérament de feu allié à un corps de rêve produisait un cocktail détonnant. En tout cas, elle ne se fit pas prier et mit de l’ardeur à la tâche. Épuisés tout les deux par leurs ébats, ils restèrent alanguis dans le grand lit, la charmante tête de la drow reposant sur la poitrine de son maître.

Tout en caressant doucement les cheveux de sa belle, le mage se prit à s’intéresser à elle, non pas seulement en tant qu’esclave mais en tant que personne. Après tout, elle allait vivre avec lui désormais, partager son quotidien, et pourtant il ne savait rien d’elle. Rien, si ce n’est son prénom. Pas de passé, pas de famille, pas d’histoire, non tout ce qui constituait la vie d’Halystra avant le jour de son achat était dans le brouillard.

Oh certes il ne s’agissait pas tant là d’empathie avec Halystra que d’une simple logique : connaître le passé de son esclave lui permettrait d’éviter les mauvaises surprises. Son passé importait peu, pour autant il ne fallait pas qu’un élément s’en échappe brutalement. Supposez que cette jeune drow ait tué quelqu’un et qu’un proche de sa victime se mette en tête de se venger ?

Indifférente aux réflexions du Ditronw Da’re, Halystra avait repris ses jeux de langues sur sa poitrine. L’espace d’un instant, Haldren hésita mais la curiosité fut, pour un temps, la plus forte.

Dis moi Halystra…

Les baisers s’arrêtèrent et la belle tourna son visage souriant vers lui.

… comment as-tu été réduite en esclavage ?

Halystra reprenait son souffle, blottie dans les bras de son maître. Leurs ébats avaient été des plus plaisants et des plus épuisants. La jeune drow n’aurait jamais imaginé qu’elle céderait aussi facilement au Ditronw Da’re, et elle aurait encore moins imaginé qu’elle apprécierait autant faire l’amour avec lui.
Elle avait tellement aimé, qu’elle en redemandait même. Alors qu’elle recommençait à embrasser tendrement le torse du mage, la jeune femme fut interrompue par celui-ci.
Relevant la tête vers lui, elle lui adressa un sourire en attendant la suite.

Elle s’était attendue à tout sauf à la question qu’il lui posa. Un instant elle le regarda surprise par l’intérêt soudain qu’il portait à son esclave puis elle baissa les yeux et se mit à réfléchir aux paroles qu’elle allait prononcer.
S’allongeant sur le ventre contre le corps de son maître, Halystra commença à raconter.

- Et bien, je suis devenue esclave à cause de la bêtise de mon père. Il adorait les jeux d’argent et au cours des dernières années il s’était énormément endetté. Il y a environ une semaine l’homme a qui il devait de l’argent ….l’a fait assassiner…devant chez moi.

Halystra sentait la même colère que ce soir là monter en elle. Elle n’avait jamais beaucoup aimé son père, mais il fallait dire qu’il n’avait jamais levé la main sur elle et qu'il l’avait toujours bien traité. En cela elle lui était reconnaissante et comme toute fille, elle avait un peu d’affection pour cet homme qu’elle voyait tous les jours.
Si elle avait eut Radkorn entre ses mains, elle lui aurait fait payer le traitement qu’il avait infligé à son père… il l’avait fait roué de coups avant de lui planter un poignard dans le dos. Le marchand d’esclaves ne méritait pas mieux.

- L’homme a voulu récupérer ce que lui devait mon père et il a fait vider ma maison et m’a fait enlever. C’est là que j’ai appris que mon père jouer avec un dénommé Radkorn, l’un des marchands d’esclaves les plus réputés du Puy. Il a donc décidé de me vendre pour rayer la dette de mon père sur son ardoise.

Halystra fixait un point sur l’oreiller près de la tête de son maître. La profonde haine qu’elle ressentait à cet instant était uniquement dirigeait vers Radkorn et elle ne voulait pas se montrer insolente envers son maître, aussi tenta-t-elle de se calmer en fermant les yeux un instant.
Elle ne souhaitait qu’une chose, voir cette ordure morte. Mais cela, elle ne savait pas si elle pouvait le confier à son maître.

Le mage écouta attentivement le récit de son esclave. Ainsi donc Radkorn piégeait des gogos avec des jeux d’argents ? Pas étonnant, cette vieille fripouille ne reculait devant rien pour augmenter son stock, et Uriz seul savait combien de ses esclaves étaient des imbéciles pris dans la spirale des dettes de jeux, de la même manière que le père d’Halystra. Haldren réprouvait les jeux de hasard auxquels s’adonnait la plèbe, occupations indignes d’un drow comme lui.

Le reste de la journée se passa très agréablement dans le lit du mage dont ils ne sortirent guère, hors pour aller déguster un robuste repas… oui, les deux drows dépensaient beaucoup d’énergie et avaient grand besoin de se sustenter. Mais le mage avait stocké dans un coin de son esprit bien huilé les informations d’Halystra, ainsi que la haine évidente qu’elle portait à Radkorn. Cela pourrait lui servir un jour…

[Quelques jours plus tard]

Haldren fut réveillé par les baisers que déposait Halystra sur sa hampe d’amour. La belle esclave avait pris l’habitude de tirer ainsi son maître du sommeil, ce dont le mage ne se plaignait pas… au contraire !

Bonjour toi, lui dit-il en souriant.

La jeune femme se nicha au creux de ses bras et ils entamèrent leur ballet de câlins et de mamours matinaux, ballet interrompu par un grognement rageur venu du ventre du mage. Il était tôt, les serviteurs des cuisines amèneraient son petit déjeuner un peu plus tard, mais l’estomac d’Haldren ne semblait pas disposer à attendre. Riant doucement, Haldren ordonna :

J’ai particulièrement faim ce matin… va me chercher le petit déjeuner.

Obéissante, Halystra s’habilla prestement et sortit pour se rendre en cuisine tandis que son maître enfilait une robe de chambre, s’envoyait une goulée de son alcool nain préféré et s’asseyait à table en pensant par avance au gueuleton qu’il allait s’envoyer.

Les jours étaient passés sans qu’aucun incident ne soit à déplorer. Haldren avait ordonné que l’on vide la petite pièce juste à côté de ses appartements pour que son esclave puisse s’y installer mais pour l’instant, la jeune femme passait toutes ses nuits avec son maître. Il fallait dire qu’en plus d’être un maître généreux c’était également un excellent amant. Le réveillant à sa manière, elle lui adressa un sourire lorsqu’il ouvrit enfin les yeux.
Comme chaque matin il l’enlaça, la caressa et….et son ventre gargouilla. Amusée autant que lui, elle se leva docilement lorsqu’il lui ordonna d’aller lui chercher à manger aux cuisines.

Elle n’y était pas allée très souvent depuis qu’elle avait l’autorisation de quitter les appartements de son maître. Seulement pour redescendre les plateaux vides ou pour aller chercher de l’eau pour le bain du mage.
Après avoir enfilée rapidement sa robe, Halystra quitta la chambre et sortit des appartements de son maître. Les couloirs étaient encore sombres et elle ne croisa personne.
Les serviteurs n’avaient pas encore reçus l’ordre de monter les repas aux autres seigneurs vivant dans cette partie du Puy.

Alors qu’elle finissait de descendre les marches qui menaient à la cuisine, la jeune femme s’arrêta net en entendant deux voix s’élever de l’autre côté de la porte.
Celle-ci était légèrement entrebâillée et Halystra put voir un homme vêtu de noir, la capuche de sa cape rabattue sur sa tête pour dissimuler son visage, et l’imposant cuisinier du C’nros.
L’homme avec la capuche tendit une bourse en cuir qu’il secoua légèrement pour faire entendre le tintement des pièces qui se trouvaient à l’intérieur.

- Tu y as mis le poison ?
- Oui comme vous m’l’avez demandé, mon seigneur…le plateau attend…just’ là que le serviteur vienne le chercher.
- Je ne tolèrerais aucune erreur, Baenfere doit être mort ce soir. Ton serviteur a intérêt de ne pas se tromper d’appartement.

Le drow masquait fit tomber la bourse dans la main tendue du cuisinier. Celui-ci s’empressa de l’ouvrir pour constater par ses propres yeux sa nouvelle fortune. Sans quitter son argent des yeux il ajouta.

- Ne vous inquiétez pas, mon seigneur, tout sera fait comme vous l’avez demandé…

Halystra était restée sans bouger derrière la porte, bien qu’elle ait eut envie de se jeter sur l’énorme cuisinier pour l’étrangler. L’homme encapuchonné sortit par la porte qui donnait directement à l’extérieur, ce qui laissa le temps à la jeune esclave de réfléchir.
Finalement après avoir laissé écouler de longues secondes, elle entra dans la cuisine et jeta un regard noir au cuisinier.

- Je viens chercher le petit déjeuner du Seigneur Baenfere.

L’homme surprit, ferma rapidement la petite bourse en cuir et montra d’un geste brusque le plateau posé sur la table. Il connaissait Halystra, il savait donc que le plateau parviendrait au bon destinataire.
Sans un mot de plus, Halystra quitta la pièce, se retenant pour ne pas revenir sur ses pas et tuer ce traitre. Lorsqu’elle entra dans les appartements de son maître elle posa le plateau sur une petite table dans l’entrée et pas devant son maître, qui en fut visiblement surpris.

- Votre repas est empoisonné, Maitre. Déclara-t-elle aussi simplement que s’il avait s’agit d’annoncer le menu du jour.

- J’ai surpris un homme en train de payer le cuisinier. Il a empoisonné ce plateau, Maître.

Empoisonné ?

Le mage ne remit une seule seconde en doute les paroles d’Halystra. Elle n’aurait eu aucun intérêt à lui mentir et il commençait à suffisamment la connaître pour la croire sincère envers son maître. De plus, cela n’était pas la première fois depuis qu’il vivait au C’nros que des ambitieux tentaient de l’éliminer. Lui-même ne pouvait pas prétendre avoir les mains bien propres, plusieurs mages étant morts de sa main au fil des siècles.

Mais le poison… comment dire… c’est… dégradant. Enfin quoi, vous êtes des mages, vous disposez d’un pouvoir à nul autre pareil, et vous vous abaissez à utiliser des méthodes aussi viles ? De fait, les empoisonnements restaient assez rares au C’nros, cette méthode pour monter en grade étant très mal considérée. Après tout, la logique de base du C’nros consistait à dire que seul le meilleur mage doit diriger… mais pas le meilleur empoisonneur.

Haldren l’avait donc mauvaise. Que l’on vienne le défier en duel dans l’Arène, soit, les traditions seraient respectées, mais que l’on s’abaisse à ce genre de pratiques, non, non et non. Il était temps qu’il rappelle à tous les comploteurs quelques règles de base. Le C’nros restait nue organisation militaire, les guéguerres internes étaient fort mal vues par les hautes instances du Puy. Que de temps en temps deux mages règlent un conflit par un duel à mort, soit, mais les complots à outrance appelaient un châtiment exemplaire.
Ouvrant la porte de ses appartements, il ordonna à un garde :

Allez me chercher le cuisinier.

Saluant son seigneur, le gaillard prit la direction de la cuisine tandis que le mage fulminait. D’un geste, il indiqua à Halystra d’aller se placer dans un coin sombre de la pièce et de rester discrète. Lorsque le cuisinier entra, il jeta un regard inquiet au plateau intact.

Monseigneur ?
Mange.
P…pardon ?
Tu m’as bien entendu. Mange !

Tremblant, le cuisinier s’approcha du plateau mais n’osa pas aller plus loin. Un aveu somme toute… s’avançant, Haldren lui colla un direct du droit qui l’envoya rouler au sol.
Misérable cloporte, rugit le mage. Ta petite tentative a échoué. Si tu veux t’épargner une éternité de souffrance, et crois moi ce n’est pas une menace en l’air, parle !

Pitié… il m’a forcé… je…je ne voulais pas…

Ben voyons, on entrait dans la partie « non c’est pas moi ». Toujours écœurante mais souvent instructive. Croisant les bras, Haldren fusilla le cuisinier du regard et attendit la suite des aveux.

Il… il m’a dit qu’il me tuerait… alors… j’ai eu peur…
Qui « il » ?
Dreken Ro’st

Ah… Dreken… cet ambitieux… un mage de la terre assez doué, nostalgique de l’époque de Nyarlee, et qui avait très mal pris de ne pas être nommé Phord’Ur. Ainsi donc il tentait d’éclaircir les rangs des dirigeants du C’nros ? Bien, une leçon de souffrance s’imposait donc. Appelant un garde, il cracha presque :

Prévenez Dreken Ro’st qu’il doit se rendre immédiatement dans l’Arène.

Que cette affaire soit réglée au grand jour… malgré la porte, le garde avait du entendre une bonne partie de la conversation et bientôt tous les mages sauraient ce qui s’était passé. Une leçon comme celle que comptait donner le Ditronw Da’re se devait d’être publique pour porter ses fruits. Fouillant dans ses affaires, le mage en sortit une petite bourse qu’il accrocha à sa ceinture puis sortit de son bureau.

Suivez-moi.

A grands pas, le seigneur mage se rendit dans l’Arène de duel, suivit par Halystra et le cuisinier encore tout tremblant. Une fois arrivé, Haldren leur indiqua de rester sur un côté, lui-même se plaçant au milieu du grand cercle.
Et il attendit…

Halystra obéit docilement à l’ordre de son maître en se cachant dans un coin sombre de la pièce. Le cuisinier arriva bientôt, son petit air agaçant sur le visage. Il fut cependant vite décontenancé, notamment lorsque Haldren lui ordonna de manger ce qui se trouvait dans le plateau.
Un léger sourire se peignit sur les lèvres de la jeune drow.
De sa place elle pouvait voir toutes les émotions se succéder sur le visage du cuisinier. La peur, la panique et puis cette petite lueur dans les yeux que l’on décelait chez les menteurs.
De ce qu’elle avait entrevue dans la cuisine quelques minutes plus tôt l’homme n’avait jamais été forcé à quoi que se soit.
Bien au contraire, il avait presque fait ça avec plaisir, surtout lorsqu’il avait eut la bourse remplie de pièces entre les mains.

Il se produisit ensuite une chose assez surprenante, alors qu’Haldren venait d’avoir un nom, il appela un garde pour que le mage soit convoqué dans l’arène.
Comme tous les drows du Puy, Halystra avait entendu parler de cette arène. Un endroit où l’on réglait les problèmes de façon publique et civilisée, si l’on peut dire.

Sortant de l’ombre, Halystra suivit son maître, restant juste en retrait pour avoir un œil sur le cuisinier. Celui-ci lui jeta un regard noir, qui aura pu lui glacer le sang si elle n’avait pas su que l’homme était en trop mauvaise position pour tenter quoi que soit. L’homme avait parfaitement compris que la cause de son problème actuelle était la nouvelle esclave de Seigneur Baenfere.

Lorsqu’ils furent dans l’arène, Halystra resta près de l’entrée, juste derrière son maître. Elle ne voulait pas le laisser seul, même si elle pouvait paraître totalement inutile, elle avait le sentiment que tout ne se passerait pas comme prévu.
Elle gardait un œil sur le cuisinier qui s’entortillait nerveusement les doigts en jetant des regards inquiets autour de lui. Visiblement il avait peur de ce Dreken Ro’st, et il y avait de quoi, surtout après avoir aussi facilement donné le nom de son commanditaire. Il n’avait même pas une égratignure qui aurait pu laisser croire qu’il avait été longuement torturé…

S’il comptait s’éclipser en douce pendant le traitement ‘civilisé’ de cette affaire, il pouvait tout de suite déchanter. Pour le moment Haldren réglait son différent avec un autre mage, mais cela n’enlevait pas la faute commise par ce traître, il devrait répondre de ses actes le moment venu. Et puis même si elle n’était pas armée et que l’homme faisait bien trois fois son poids, elle n’avait aucune crainte de l’affronter. Son père lui avait appris à se battre, et elle avait déjà du à de nombreuses reprises, tirer ce dernier d’une taverne pendant une bagarre générale. Autant dire que les mouvements lents du cuisinier n’avaient aucune chance face à l’agilité et à la rapidité de la drow. Mais encore fallait-il qu’il tente de fuir comme un lâche.

En attendant son adversaire, Haldren fouilla dans la petite bourse qu’il portait à la ceinture et en sortit une gemme, un splendide rubis qui l’avait sorti d’affaire plus d’une fois… sans maîtriser l’art de l’imprégnation comme le faisait le Prime Joaillier, le Ditronw Da’re en reconnaissait toutefois pleinement l'utilité. Au cours de sa carrière, il avait donc fait façonner quelques gemmes par les fort rares mages du C'nros à avoir développé cette branche particulière des arcanes. En l’occurrence, ce rubis contenait son sortilège d’armure d’ombre… on ne sait jamais, cela pourrait lui servir.

Lorsque la porte s’ouvrit, Haldren cilla. Non pas un mais trois mages entrèrent dans l’Arène. Dreken Ro’st n’était donc pas venu seul… misérable petit cloporte ! Ce n’était pas ainsi que devait se passer ce duel. D’abord le poison maintenant la lâcheté, décidément cela faisait beaucoup pour un seul drow. Le seigneur mage reconnut vaguement les deux autres, un mage de l’air et un nécromancien sauf erreur de sa part. Dreken eut un sourire faux et cracha :

Eh bien eh bien, enfin nous nous affrontons. Ce sera un plaisir pour moi d’en finir avec vous.

En vieux briscard des combats de ce style, Haldren ne perdit pas de temps en vaines palabres et entama immédiatement une incantation. Alors même que Dreken finissait ses rodomontades, les ombres se solidifièrent devant lui, formant une créature pouvant vaguement rappeler un taureau. Mais vaguement hein… ce serait plutôt un taureau passé au hachoir, puis remonter entièrement par un type affublé d’un hoquet chronique.

Enfin, taureau ou pas, la bestiole fonça droit sur les trois rebelles. Si Dreken et un de ses complices esquivèrent la charge, le nécromancien, prit en pleine invocation, n’eut pas le temps de se pousser et la bête lui passa sur le corps. Mais le rebelle mage de la terre n’était un novice et ses doigts dansèrent un baller compliqué dans les airs. Aussitôt le sol sous le pseudo-taureau devint mou comme du beurre, et il s’y enfonça, bloqué.

Invoquant une lame d’air, tranchante comme un rasoir, le mage de l’air la projeta sur le Ditronw Da’re pour l’empêcher de venir en aide à sa créature et gagner du temps afin que Dreken entre dans la partie à ses côtés. D’une pensée, Haldren activa son bouclier qui dévia assez aisément le sort.

Pas assez doué petit. A moi maintenant !

Utilisant son sortilège d’attaque favori, Haldren créa autour de ses poignets cinq lames d’ombres qu’il lança coup sur coup. Le jeune présomptueux en esquiva une… deux… mais les trois dernières ne le loupèrent pas et il s’effondra au sol.

Pendant ce temps, Dreken se créait lui aussi une armure de protection en prévision de la suite. La perte de ses alliés ne semblait pas le troubler outre mesure, sans doute n’avaient-ils dès le début comme seule utilité aux yeux de Dreken que de fatiguer Haldren…

Mais ce que le Ditronw Da’re n’avait pas vu, c’était que le cuisinier venait de sortir une dague de sa botte et s’approchait discrètement de son dos.

Lorsque les portes s’ouvrirent, ce ne fut pas un…mais trois mages qui s’avancèrent dans l’arène. Halystra serra les poings. Comment pouvait-on être aussi lâche ? Un drow, mage de surcroît avait-il besoin d’une escorte pour venir se confronter à l’homme qu’il avait tenté d’empoisonner ?

Non c’était ridicule, il était ridicule…
La jeune drow resta en retrait et observa la scène. Les quatre mages se regardaient, se jaugeaient et ce fut son maître qui attaqua le premier. La surprise d’Halystra n’était pas feinte. Elle n’avait encore jamais vu pareil sortilège. Elle n’était habituée qu’aux bagarres d’alcooliques notoires et aux règlements de compte dans les ruelles sombres. Ici, les combats étaient plus…raffinés, plus imagés.

Elle, pauvre petite esclave, ne comprenait pas les forces en présence qui se combattaient sous ses yeux. Elle savait juste que deux des adversaires de son maître étaient déjà morts. Cette magie, aussi mystérieuse soit-elle, était d’une efficacité redoutable.

Les yeux rivés sur le combat, l’esclave ne vit pas immédiatement les mouvements du cuisinier. Celui-ci avait tiré une dague de sa botte et s’avançait vers Haldren l’arme levée près de son visage.
Lorsque la jeune femme comprit ce qui allait se passer, elle bondit sur l’homme. Celui-ci, surprit, hésita une seconde de trop.
Halystra agrippa la main armée et poussa violemment dessus. Le cuisinier tenta de se débattre et il réussit à lui entailler le bras, lui arrachant en même temps un cri de douleur. Mais pour lui c’était trop tard. Appuyant davantage sur la lame et celle-ci s’enfonça dans l’abdomen du cuisinier.
Le sang se mit à couler abondamment mais l’homme, puisant dans ses dernières ressources tenta une dernière action. Attrapant le bras d’Halystra il l’attira à lui et plaça ses mains sous sa gorge.

La jeune femme fut surprise par la force qui restait au cuisinier. Malgré ses vaines tentatives pour se défaire, la prise de son agresseur était parfaite et peu à peu elle sentait l’air commencer à lui manquer. Elle commençait à sentir ses membres s’engourdir…sa vision devenait floue…
Par chance, le cuisinier se mit à vaciller et bientôt ses mains perdirent de leurs forces, jusqu’à ce qu’elles retombent mollement de chaque côté de son corps avant qu’il ne s’effondre.

Halystra sentit l’air remplir à nouveau ses poumons et une vive douleur enflamma sa poitrine. Elle n’avait pas été loin de l’asphyxie et son corps se remettait difficilement.
Lorsqu’elle fut suffisamment remise, Halystra posa ses mains ensanglantées sur le manche de la dague qu’elle tira du corps inerte du cuisinier. Se tournant vers l’arène, elle jeta un regard meurtrier au mage qui se battait contre son maître. Il ne voulait pas se battre à la loyale…très bien…

Prenant la dague par la pointe de la lame, la drow ajusta en quelques secondes son tir puis lança son arme en direction de Dreken. Celui-ci l’esquiva au dernier moment, mais il perdit toute sa concentration.
Comment aurait-il pu se douter que l’on utiliserait contre lui une autre forme d’arme que la magie ? Décontenancé, il fronça les sourcils et tenta de se concentrer à nouveau.

Haldren fut surpris de voir une lame siffler dans l’air, mais bien moins que Dreken qui relâcha sa concentration afin de l’éviter… reflexe stupide car la lame aurait été arrêtée par son sort de protection. Mais c’était bien là que l’on différenciait les vrais maîtres des simples ambitieux. Un maître des arcanes n’aurait pas prêté la moindre attention à une attaque qu’il savait pouvoir être bloquée.

Agacé, Dreken entama le lancement d’un nouveau sortilège… mais pour lui il était déjà trop tard. Du bras tendu du Ditronw Da’re s’étendaient de longues chaînes d’ombres qui vinrent immobiliser le mage de la terre. La peur remplaça la colère et l’arrogance sur le visage du vaincu lorsqu’il comprit qu’il n’arriverait pas à s’échapper. Se rapprochant, Haldren s’approcha et murmura d’une voix rauque :

Misérable… ta pitoyable tentative pour me tuer était vouée à l’échec dès le début. Tes actes indignes d’un véritable mage te vaudront une damnation éternelle…

Sortant une émeraude de sa bourse, le mage la jeta au sol un peu plus loin dans l’Arène et commença à incanter sous les yeux inquiets de son prisonnier qui ne reconnaissait pas ce sort très particulier. De fait, et mis à part le Prime Joaillier, personne n’aurait pu le reconnaître. Lentement, deux disques d’ombres apparurent, l’un près d’Haldren et l’autre près de l’émeraude. Un sourire maléfique aux lèvres, le Ditronw Da’re prononça la sentence :

Comprends-tu ce qu’est ce sort ? Non ? Alors sache qu’il s’agit d’un portail d’ombre.
Mais… ce sort n’existe… pas
Si fait. Mais cela ne change rien pour toi, car si tu passeras le premier seuil, tu trouveras le second… fermé.

Comprenant brutalement le traitement qui lui était réservé, Dreken se mit à hurler comme un goret qu’on égorge, suppliant Haldren de l’épargner, lui promettant richesse et grimoires rares… pitoyable… même pas capable d’affronter son destin en face. Décidément, débarrasser le C’nros d’une telle charogne serait presque un acte miséricordieux. Indifférent aux sanglots et aux suppliques, le Ditronw Da’re plaça Dreken au dessus du seuil puis relâcha d’un coup la chaîne d’ombre qui l’enserrait. Le mage hurlant passa à travers le seuil au moment ou Haldren coupait le sort. Les seuils se tordirent comme des animaux blessés et se dissipèrent brutalement.

Epuisé, le vainqueur se laissa tomber au sol, la figure ruisselante de sueur. Lui-même devait admettre qu’il ignorait ce qu’il était advenu de Dreken. Peut être le mage était-il mort à l’instant où le portail s’était refermé, peut être son âme voguait-elle en hurlant dans les ombres, subissant un châtiment pour l’éternité en un lieu où le temps ne voulait plus rien dire. En tout cas, les rumeurs iraient bon train au sein du C’nros lorsque les mages se rendraient compte de l’absence du cadavre…

Halystra se sentit vaciller. Ses jambes se dérobèrent et sans comprendre comment, elle se retrouva à terre. Le sang lui battait aux tempes. Derrière elle le combat avait reprit de plus belle. Bien qu’il fut de courte durée, la drow crut que cela faisait une éternité qu’elle se vidait de son sang…
Bientôt le silence revint dans l’arène. Relevant la tête, Halystra vit son maître à genoux, le souffle court. Il lui tournait le dos pourtant elle pouvait sentir qu’il était littéralement épuisé.
Mais il avait gagné. Dreken n’était même plus dans l’arène et les dieux seuls savaient où il était maintenant…

Se redressant, l’esclave porta sa main à la blessure de son autre bras. Une grimace de douleur se dessina sur son visage. Ce gros porc de cuisinier ne l’avait pas raté.
Mais ça seule inquiétude, c’était son maître. Elle ne voyait pas son visage, elle ne savait pas s’il souffrait. Tant pis si elle devait se vider entièrement de son sang, elle voulait être sûre qu’il allait bien.
Se remettant sur pied difficilement, la jeune femme s’approcha de son maître et s’accroupie devant lui.

- Vous sentez-vous bien, Maître ? Nous devrions remonter dans vos appartements pour que vous vous reposiez…

Elle n’avait aucune idée de ce qui allait suivre, elle n’avait jamais assisté à ce genre de duel, mais elle était certaine d’une chose, son maître avait besoin de se reposer. L’effort qu’il avait fourni l’avait vidé de ses forces et cela l’inquiétait.
Les cadavres des deux mages et du cuisinier entouraient le maître et son esclave. Un seul manquait, et cette seule pensée fit frissonner la drow.
Couverte du sang du cuisinier et de son propre sang, Halystra se sentait extrêmement sale.

Serrant sa main plus fortement sur sa plaie, la jeune femme ne pu s’empêcher de jeter un coup d’œil autour d’eux, dans le cas où un autre invité surprise se présenterait. Elle aurait été prête à se jeter entre un mage et son maître juste pour lui donner le temps de refaire appel à sa magie. Et lorsqu’elle réalisa cela, la jeune femme sentit ses dernières résistances s’effondrer.
Son statut d’esclave ne lui déplaisait pas, surtout avec un maître comme Haldren, cependant elle avait toujours espéré retrouver un jour sa liberté…et elle avait toujours pensé que c’était cette seule pensée qui la faisait tenir dans sa nouvelle condition.
Pourtant elle se rendait maintenant compte qu’elle avait tout faux.

» Bienvenue chez nous [PV Eléonore]
» [Esion] Bienvenue chez les fous? (Droki)
» Bienvenue chez vos Kidnappeurs, chère Duchesse [Pv: Ambre =D]
» [Demeure d'Alyryne] Bienvenue en ce monde...
» Modestie, tu n'es plus la bienvenue!

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée