[C'nros] Affaires de famille | Haldren, Halystra, Aureane

Nicolaï se réjouit qu'elle admette au moins un peut sa présence. C'était sans doute cela le problème. Il était là. Aureane devait plutôt avoir désirer qu'il s'en sorte que tout ceci ne soit rien de plus qu'un cauchemars. Dont elle allait se réveiller. Lui il était sauf. Elle ne voulait pas qu'il soit captif au point d'en être arriver à nier tout les événements qui s'étaient déroulé depuis. Pour elle, rien de tout cela ne s'était produit. Rien de se qui l'entourait n'était réel. Il y avait autre chose qui lui cachait le monde. Se qui fut plus encourageant encore, se fut le léger moment de lucidité qu'elle parut avoir. Un très léger moment qu'elle chassa d'elle même bien vite. Au moins pouvait-elle encore être lucide. Tout se qu'il fallait, c'était la maintenir ainsi.

À la question qu'il lui posa, elle lui répondit par un très grand sourire. Comme si soudain, elle était heureuse.

" Mes frères, bien-sûr ! Et Adelphe et Beaudoin et le petit Isaac ! "

Nicolaï tiqua instantanément au nom du dernier frère qu'avait mentionné Aureane. Cela ne le rassura d'ailleurs pas vraiment. Isaac était mort. Il avait été emporté par la maladie. Elle le lui avait dit pendant leur conversation alors qu'il se remettait des blessures infligées par Veshork.

" Même Fald, si il crie beaucoup. " précisa-t-elle.

Se qu'elle disait n'avait tout a fait aucun sens. Comme si elle mettait des mots sur certaines de ses pensées et pas sur d'autres et cela de façon un peut aléatoire.

Soudain, elle perdit son sourire et parut réfléchir. Quelque chose semblait être en train de percer à travers son esprit brumeux. Quelque chose qui ne devait pas être l'un de ses délire.

Nicolaï avait peut à petit apprit à reconnaître les mouvements du corps d'Aureane et les expressions qui passaient parfois de manière très brève sur son visage. Ces légères expressions qui en disait toujours plus sur se qu'elle pensait que sur se qu'elle disait. Car quoi qu'il se passe, jamais elle n'aurait osé tout dire. C'était toujours inconcevable pour elle.

En ce moment, tout le cerveau de Nicolaï était uniquement tourné vers la recherche de ces expressions. C'était la seule chose qui pouvait vraiment lui indiquer quant elle sortait de son délire et quant elle y restait plongée.

Là, elle en sortait tout doucement.

" J'ai dit que... je... te les présenterai... tous... ? Ma famille... ? J'ai déjà dit... ça ? "

Son froncement de sourcils rassura un peut Nicolaï. Oui, elle se rappelait de quelques chose qui s'était déroulé il y a assez peut de temps. C'était encourageant. Le léger haussement d'épaule auquel il eut droit ainsi que la suite des mots brisa ses quelques espoirs.

" Ils vont bientôt rentrer... Il n'y a qu'Elvira qui est là. "

Nicolaï sentit ses épaules tomber plus bas encore. Elvira, c'était celle de ses soeurs qui était morte en couche. Celle dont elle avait récupéré la robe bleue avec laquelle il l'avait rencontré. Une petite consolation sans doute, cette robe était restée à Dyriet. Enfin, encore fallait-il qu'ils puissent regagner la péninsule.

Une chose sembla capter soudainement toute l'attention d'Aureane. Nicolaï mit une seconde à comprendre se que c'était. Le mouchoir.

Elle resta un instant à observer le petit morceau de tissu. Elle se dirigea doucement dans sa direction. Nicolaï ne bougea pas une seule seconde. Elle avait cette même expression que lorsqu'elle avait commencé à se rappeler. Il espérait qu'elle était capable de se rappeler de tout seule.

Aureane lui prit la main pour voir de plus près ce morceau de tissus que Nicolaï conservait comme un trésor depuis le jour ou elle l'avait noué à son bras et resta un instant à le détailler. L'espoir renaissait petit à petit en Nicolaï alors qu'elle passait doucement un doigt sur les initiale. Elle fini par relever les yeux vers le jeune homme. Aureane hésitait, l'air complètement perdu. Tant mieux. Si elle ne savait plus où elle en était, c'était que l'illusion ne collait plus avec se qu'elle avait sous les yeux. Et si cette illusion ne convenait pas, son esprit ne tarderait pas à s'en débarasser.

" C'est à moi mais... mais je n'en ai plus... je... l'ai donné... "

Elle parut sur le point de se mettre à pleurer et fit un pas en arrière, lui laissant le mouchoir entre les mains. C'était assez encourageant. Elle se souvenait d'un élément du tournois. Pas dans sa totalité, mais elle s'en souvenait. C'était déjà ça.

" Je l'ai donné... " répéta-t-elle en secouant la tête.

Elle semblait accablée. Sans vraiment pouvoir dire pourquoi, Nicolaï s'en réjouissait un peut. Malheureusement, d'un coup, son expression devint neutre, voir légèrement souriante. Ses yeux évitant à nouveau de se poser sur Nicolaï. Le chevalier savait se qui était en train de se passer. Dans son esprit, l'illusion qu'elle s'était bâtie pour se protéger était en train de reprendre petit à petit le dessus sur le reste. Une certitude naquis alors dans l'esprit de Nicolaï. Il allait briser ce petit monde qu'elle avait bâtit. C'était sans aucun doute cruel, mais il n'avait pas le choix. Il ne pouvait pas la laisser dans cet état. Et sa présence seule remettait ce petit monde en doute. Sa simple présence fissurait déjà cette coquille. Et c'était sans compter le mouchoir.

" Isaac est rentré, annonça-t-elle à Haldren comme si elle venait de découvrir la présence du drow. Je vais lui laver les mains. "

Elle était tout à fait convaincue de se qu'elle était en train de dire. C'était certainement se qui était le plus effrayant. Lorsqu'il la vit s'approcher de la sortie comme si de rien n'était, Nicolaï agit aussi rapidement qu'il était possible, lui bloquant le passage. Il fallait à présent mettre un terme à ce petit jeu.

Étant donné que le plus souvent, la diplomatie n'était pas le point fort de Nicolaï et qu'apparemment cela ne fonctionnait pas, il allait appuyer sur tout les points sensibles d'Aureane pour briser le petit rêve qu'elle avait forgé.

Étape n°1: On appui sur le premier bouton qu'elle lui avait elle même montré.

Nicolaï exhiba le mouchoir devant elle.

« Tu te rappel de ce mouchoir. Aureane,fait un effort. Où l'as-tu donner? »

Nicolaï attendit un instant avant de s'approcher d'elle.

« Tu me l'a donné lors du Tournoi Royal de Diantra. Tu t'en rappel? C'est là-bas que nous nous sommes rencontré. Tu était en train de dessiner devant ma tente. »

Il y avait encore quelque chose qu'il pouvait faire pour appuyer plus encore. Se n'était pas fini. Il avait encore bien d'autres cartes dans sa manche et comptait bien toutes les utiliser avant de baisser les bras.

Doucement, il se mit à chanter. C'était un air assez entêtant qui avait pour particularité de rester dans l'esprit de ceux qui l'entendaient. Il ne s'était pas mi à chanter n'importe quoi.

Le Chevalier à la Gueuse.

La chanson qui avait commencer à circuler après sa première joute et sa victoire contre de Firmelong.

Une fois sa chanson terminée, il s'approcha doucement d'Aureane.

« Je suis Nicolaï, Aureane. Nicolaï. Si j'ai réussi à gagner, c'est grâce à toi. Si j'ai survécut à mes blessure, c'est grâce à toi. Si j'ai tenu dans le navire, c'était parce que tu étais avec moi. »

Nicolaï attendit un instant.

« Tu te rappel ta promesse? Tu devais rester avec moi. Tu devais t'accrocher si on n'était pas séparer. Je suis là. Avec toi. »

Un nouveau moment de silence.

« Ne me laisse pas, supplia-t-il. »

Aureane ne fit pas vraiment à attention à Nicolaï lorsqu'il lui bloqua le passage, s'étant de toute façon arrêtée d'elle-même. La première phrase ne parut pas vraiment l'atteindre si ce n'est qu'elle attendit passivement la suite sans plus prêter attention au mouchoir.

" Tu me l'a donné lors du Tournoi Royal de Diantra. Tu t'en rappelles ? C'est là-bas que nous nous sommes rencontrés. Tu étais en train de dessiner devant ma tente. "

Son regard se posa à nouveau sur le mouchoir et elle resta pensive un instant avant de murmurer :

" C'était des histoires... "

... que racontait sa grand-mère. Des chevaliers qui joutaient sous le regard des princesses. Les contes de fées se terminaient toujours bien, mais c'était des histoires... des histoires...

Elle sursauta violemment quand Nicolaï débuta sa chanson et sembla chercher autour d'elle d'où cela provenait. Elle voulait que ça s'arrête, tout de suite. Elle ne pouvait pas écouter ça. C'était... dérangeant. Elle finit par bredouiller en hésitant :

" Guilaine, arrête... "

Décidément, toute la famille y passait. Aureane, elle, restait où elle était mais regardait nerveusement autour d'elle en se mordant la lèvre à mesure que la chanson se poursuivait. Elle finit par se boucher les oreilles et fermer les yeux, au moment où l'air se terminait.

Elle ne les rouvrit qu'au moment où Nicolaï s'approcha d'elle.

" Je suis Nicolaï, Aureane. Nicolaï. Si j'ai réussi à gagner, c'est grâce à toi. Si j'ai survécu à mes blessures, c'est grâce à toi. Si j'ai tenu dans le navire, c'était parce que tu étais avec moi. "

La jeune fille baissa les yeux, silencieuse. Tout se bousculait dans sa tête, elle n'arrivait pu à réfléchir... Gagner, Nicolaï, navire, Nicolaï, blessures, Nicolaï, c'est grâce à toi... Nicolaï... Nicolaï, encore Nicolaï... elle avait l'impression que sa tête allait exploser. Elle ne voulait pas, ce serait désagréable. C'était déjà désagréable.

" Va-t-en, toi... " murmura-t-elle, la voix tremblante, comme on chasserait un mauvais esprit qui vient pour le plaisir de tourmenter sa victime.

Elle allait répéter son injonction, lorsque le jeune homme la prit de court, demandant simplement :

" Tu te rappelles ta promesse ? "

Aureane réagit aussitôt à ce mot et plongea son regard dans celui du jeune homme. Elle avait l'air en arrêt, comme si le temps s'était suspendu. Sa promesse. Elle avait fait bien des promesses... Une seule avait eu vraiment de l'importance parce que vitale... c'était... ça s'était passé... un jour... il y avait... elle avait dit... c'était important... vital... vital.

" Tu devais rester avec moi. Tu devais t'accrocher si on n'était pas séparés. "

Elle secoua la tête alors que ses yeux se remplissaient de larmes et s'exclama avec un accent de désespoir :

" C'est peut-être les derniers moments que nous passons ensemble. "

Exactement les mots qu'il lui avait dit. Elle n'avait pas l'air de savoir pourquoi elle les répétait, mais elle semblait touchée par cette idée. Elle parut s'affaisser et regarda à nouveau ailleurs d'un air absent sans se préoccuper des larmes qui coulaient. C'était trop dur... elle voulait rentrer. Il fallait préparer le repas. Les grands rentreraient bientôt des champs.

" Je suis là. Avec toi. "

Aureane garda le silence un instant, parut réfléchir, hésiter et murmura finalement tristement :

" Non... "

C'était plus une supplique qu'autre chose. Non... Non, par pitié. Elle recula à nouveau, ne pouvant continuer à l'écouter. Il fallait faire cuire la soupe pour tout le monde. Lui, il ne cadrait pas...

" Ne me laisse pas. "

Cela sembla faire un choc à la jeune fille qui se figea et accrocha instantanément son regard au sien. Elle semblait en arrêt, comme si elle était incapable d'accepter l'information. Pas de soupe... pas de repas... pas d'eau... la cale d'un bateau... le navire... Nicolaï... Elle finit par murmurer en écho :

" Ne me laisse pas. "

Difficile de savoir si elle ne faisait que répéter mécaniquement ou si elle pensait ce qu'elle disait. Elle ne bougeait plus et semblait un peu ailleurs, sauf qu'elle continuait à fixer le jeune homme comme si elle ne savait pas trop pourquoi.

Le rêve se brisait rapidement. En tout cas, c'était l'impression que Nicolaï avait lorsqu'il regardait Aureane. Ils n'étaient pas encore sortit d'affaire. Mais elle semblait commencer à sortir de son délire. Ou au moins, s'y maintenir était de plus en plus compliqué. La chanson du Chevalier à la Gueuse lui avait apparemment porté un coup terrible. Aureane semblait ne plus supporter se qu'il était en train de chanter. C'était très pénible de la voir souffrir ainsi. Il était sur le point de s'arrêter. Mais lorsqu'elle avait demandé à Guilaine d'arrêter de chanter, il avait repris de plus belle. Il aurait agit autrement si elle n'avait pas fait comme si c'était sa jeune sœur qui était en train de chanter. Là, il revint plus vite encore à la charge. Il fallait qu'il la débarrasse de ce monde mensonger.

Aureane ne pouvait pas rester ainsi. Ou tout du moins, il fallait qu'à certains moments, elle soit assez lucide pour comprendre se qui l'entourait. Dans le cas contraire, quoi qu'Haldren ait put décidé pour eux deux, elle serait plus un poids qu'une aide. Il n'avait pas le choix.

Elle tenta de le chasser alors qu'il commençait à parler. Hors de question. Il allait rester. Continuer à appuyer là ou apparemment, ça faisait mal. Cela ne lui faisait pas plaisir.

" Tu te rappelles ta promesse ? "

La jeune femme tilta immédiatement. Parfait. Il avait touché juste. C'était là qu'il devait continuer à chercher. Elle le fixait droit dans les yeux. Comme si le temps était totalement arrêté. Respirait-elle seulement ou le choc qu'avait engendré ses paroles l'avait complètement paralysée.

Il avait trouvé un point sensible. Parfait. Maintenant, il ne restait plus qu'à exploiter cette faille. Aussi, le jeune homme repris rapidement.

" Tu devais rester avec moi. Tu devais t'accrocher si on n'était pas séparés. "

Aureane secoua la tête alors que ses yeux se remplissaient de larmes. Nicolaï détestait la voir ainsi. Mais il ne devait pas s'arrêter. Pas maintenant. Il était déjà allé trop loin pour s'arrêter maintenant. La voie brisée et désespérée d'Aureane se fit alors attendre :

" C'est peut-être les derniers moments que nous passons ensemble. "

C'était mot pour mot se qu'il lui avait dit il y a quelques jours alors qu'ils venaient tout deux d'être vendu à D'Aring. C'était sans doute un peut encourageant. Elle se rappelait de quelques éléments. Même si elle semblait perdue, elle paraissait également touchée par cette idée. Elle parut s'affaisser et à nouveau, son regard se vida de toute expression. Elle regardait ailleurs, fuyant une fois de plus le regard du chevalier. À quoi pouvait-elle bien penser?

" Je suis là. Avec toi. "

Aureane garda le silence un instant.

" Non... "

C'était une supplique. C'était bien se qu'il avait pensé. S'il était là, tout l'univers d'Aureane s'effondrait comme un château de cartes.

" Ne me laisse pas. "

S'il avait frappé la jeune femme, sans doute n'aurait-elle pas réagit autrement. Elle sursauta, et se figea, fixant à nouveau son regard dans celui du jeune homme. Nicolaï gardait ses yeux dans les siens. Il ne bougeait pas, attendant qu'elle dise quelques chose.

" Ne me laisse pas. "

C'était comme un échos à se qu'il venait de dire. Aureane était perdue.

Nicolaï fit un pas en avant pour se rapprocher d'elle.

« Je suis là, se contenta-t-il de dire. »

Un nouveau pas vers elle.

« Aureane. Tu te rappel se que j'ai dit? Se que tu m'avais promis? »

Il tendit doucement une main vers son visage, essuyant les larmes qui y coulaient.

« Tu m'avais dit que tu resterais avec moi. Tu me l'avais promis. »

Il marqua une petite pose.

« Tu m'as promis que si nous étions séparé, tu tiendrais une semaine. Puis, nous rejoindrions ensemble Tyra. Nous avons été séparé moins de deux jours. Reviens vers moi. »

Nicolaï caressa doucement les cheveux de la jeune femme. Un geste doux et aimant.

« Aureane. J'ai besoin de toi. Reviens, je t'en prie. Je suis là. Il ne t'arrivera rien. Pas tant que je serais avec toi. Personne ne t'a jamais fait de mal lorsque j'étais avec toi. Ça ne commencera pas aujourd'hui. J'ai besoin de toi. Je ne pourrais pas continuer sans toi. »

La main du chevalier quitta les cheveux de la jeune femme pour se mettre à hauteur de son visage. Nicolaï attendant qu'elle y pose sa main. Pour ça, elle allait devoir admettre sa présence à ses côtés.

« Ne me laisse pas. »

Rien n’aurait pu décrire mieux la surprise et le dégoût que le visage de la drow. Quand elle avait parlé d’amour la veille, elle n’aurait jamais cru avoir une démonstration aussi…dégoulinante et envahissante. Les deux êtres semblaient totalement ailleurs, loin de ce bureau, loin du mage et de l’esclave. Peut-être croyaient-ils être seuls et cela étonnée encore plus Halystra de voir que son maître ne réagissait pas. Quoi que cette petite pièce de théâtre pouvait le divertir à moins qu’il soit aussi choqué qu’elle. L’esclave tourna les yeux vers son maître qui croisa son regard quelques secondes.

Quelle horreur ! Elle n’aurait jamais cru que l’Amour puisse être aussi….dégoûtant. Elle l’avait imaginé comme un lien unissant plus fort deux être, un lien que les drows ne connaissaient que rarement. Un amour dans lequel on retrouvait autant le désir physique qu’un sentiment d’attachement fort. Au lieu de ça elle se retrouvait devant une scène presque pitoyable. L’humaine semblait avoir perdue la mémoire, et les vains efforts de Nicolaï pour lui faire retrouver ne serait-ce qu’un bout de son cerveau n’avait pas l’air très concluant. Du moins pour l’instant.

Cette profusion de tendresse, de pleurs, de désespoir et de sentiments baveux provoquèrent une drôle de réaction chez Halystra. Elle se sentit mal, malade même. Elle était prise de nausée rien qu’en regardant la scène. Un regard à son maître et celui-ci comprit son désir sans qu’elle n’ait besoin de l’exprimer. D’un hochement de tête, elle eut l’autorisation de quitter la pièce, du moins quelques minutes le temps de se remettre.

Fermant la porte derrière elle, Halystra apprécia la fraicheur du salon des appartements du Ditronw Da’re, comparée à la chaleur étouffante de son bureau. Il lui fallut plusieurs longues minutes avant de ne plus ressentir cette sensation de dégoût. Elle pouvait donc conclure que l’amour entre drow, bien que parfois brutal et sans réel attachement, pouvait être bien moins ridicule que ce sentiment qu’éprouvaient les humains.
Que ce devait être difficile d’être comme eux. Souffrir perpétuellement, perdre la raison au moindre changement, être effrayé par l’inconstance du partenaire…aaarggg…il fallait qu’elle arrête d’y penser. Elle allait se rendre à nouveau malade. Mais enfin, comment les drows avaient-ils pu perdre en Alonna contre des créatures pareilles ? Il était tellement facile de les briser. Il lui suffisait de gifler Aureane pour que Nicolaï en souffre également. Il lui suffisait de la tuer pour qu’il veuille mourir aussi.

Quand elle se fut calmer, elle retourna silencieusement dans le bureau et fit en sorte de ne pas poser un seul regard sur le couple humain. Son rôle d’esclave lui avait appris à se tenir tranquille contre le mur, elle n’avait plus qu’à fixer le sol et se chanter une chanson dans la tête pour ne plus entendre les paroles des deux créatures.

Haldren regardait avec un intérêt bien dissimulé la réaction de son petit fils face à ce qui semblait être de la folie douce. Son « amour » dont Halystra lui avait parlé n’était donc pas feint, il ne s’agissait pas d’une ruse mais d’une réalité bien ancrée dans son cœur. C’en était presque amusant de le voir ainsi pleurnichant auprès de cette jeune fille qui ne le reconnaissait plus, tenter vainement de lui rappeler ses souvenirs, l’implorant de ne pas le laisser.

Il croisa le regard de son esclave l’espace d’un seconde et pu voir le dégoût que cela inspirait à Halystra. Apparemment, constater de visu la mièvrerie dans laquelle pouvait sombrer la sous race humaine écœurait sa tigresse, qui s’éclipsa du bureau afin d’aller respirer de l’air frais qui ne soit pas rempli de bons sentiments et de gentillesse. Ah mon garçon, comme tu es indigne de mon sang, se lamenta in petto le mage… dire que le sang des Baenfere coule dans tes veines… qui aurait pu le croire ?

Pour autant, le Ditronw Da’re ne laissait rien voir de ses sentiments. On ne survit pas longtemps au C’nros si l’on ne sait pas cacher son jeu, et à voir le visage désolé du mage, n’importe qui (ne le connaissant pas bien sur) aurait juré qu’il était réellement et sincèrement désolé de ce qui arrivait. Mais dans les sombres tréfonds de son âme, le véritable Haldren Baenfere ricanait face à ce spectacle et se réjouissait de voir que les pièces de son plan se mettaient en place.

Se levant, il s’approcha de Nicolaï et, posant une main compatissante sur l’épaule du jeune homme, lui murmura à l’oreille :

Je suis navré Nicolaï. Cette ordure de D’Aring l’avait vendu à une maison close, et je crains que ses nerfs n’aient pas tenu face à ce choc. Si cela peut te consoler, elle n’a pas eu à… enfin tu vois de quoi je parles…

Grand papi tout gentil, essayant de consoler son petit fils qui affronte une épreuve cruelle, il y avait de quoi rire, vraiment ! Mais tout le jeu du mage se basait sur la confiance, certes toute relative, que Nicolaï lui porterait. Peu importait que le jeune homme ait des doutes sur les véritables motivations de son grand père tant qu’il croyait qu’Haldren cherchait sincèrement à l’aider. Oui, peu importait qu’il croie que ses actes étaient guidés par l’amour filial ou par désir d’éloigner un humain gênant pour sa carrière…

Oui, peu importait… car il ne pourrait pas soupçonner la vraie raison qui faisait agir le seigneur du C’nors.

Nicolaï

Mais le jeune homme ne l’écoutait pas, prisonnier qu’il était de sa douleur. Imbécile, je te parle ! D’une voix plus ferme mais cependant douce, le mage reprit :

Regardes moi mon garçon !

Deux yeux dans lesquels pouvaient se lire une tristesse sans bornes se fixèrent sur lui. Bien mon garçon, viens voir papi…

Nicolaï, le Puy n’est pas un endroit pour les humains. Je n’aime guère ceux de ta race, mais tu es de mon sang… je doute que tu comprennes jamais l’importance de ces liens pour un drow, et je n’ai guère le temps de te l’expliquer. Mais je ne peux pas laisser mon propre petit fils finir ses jours en ces lieux. Tu partiras donc à l’aube avec Aureane, peut être un prêtre de ton pays pourra-t-il quelque chose pour elle.

Oui, à l’aube, cela lui laissait la nuit pour préparer… la… « chose ».

" Je suis là. "

Aureane secoua lentement la tête, ne pouvant y croire. Ce n'était qu'une illusion, c'était impossible. Pourquoi fallait-il que tout soit si compliqué ? Il était là... qui était là ? Elle ne voulait pas y croire, c'était trop douloureux.

" Aureane. Tu te rappelles ce que j'ai dit ? Ce que tu m'avais promis ? "

Elle lui renvoya un regard perdu. Non, elle ne savait pas de quoi il parlait, elle ne se souvenait pas... Il ne cadrait pas. Il ne cadrait pas du tout. Avec rien, avec plus rien du tout... C'était trop confus, mais suffisamment clair pour qu'elle se mette à pleurer doucement.

Elle tressaillit lorsqu'il posa une main sur son visage pour essuyer ses larmes, comme si elle prenait soudain conscience qu'il était là. Se laissant faire, elle essaya de comprendre ce qu'il voulait dire. Elle lui avait promis de rester avec lui...

" Tu m'avais dit que tu resterais avec moi. Tu me
l'avais promis. "

Il avait promis de rester avec elle... Ça n'était pas arrivé... tout se confondait dans sa tête, comme un rêve très ancien et très compliqué, un rêve qui se serait transformé en cauchemar. Elle ne voulait pas vivre de cauchemar, c'était trop difficile. Elle ne pouvait pas.

" Tu... "

Elle ne pouvait vraiment pas. Trop douloureux, elle n'y arriverait pas, elle deviendrait folle de chagrin... Nicolaï... il n'était plus là, elle voulait qu'il sorte de sa tête. Il marqua une pause, lui laissant le temps de se reprendre un peu. Elle soupira, hésita encore, ne sachant visiblement plus où elle en était.

" Tu m'as promis que si nous étions séparés, tu tiendrais une semaine. Puis, nous rejoindrions ensemble Tyra. Nous avons été séparés moins de deux jours. Reviens vers moi. "

Tout cela n'avait aucun sens... Elle ne savait pas quoi répondre, mais elle ne l'empêcha pas de lui caresser les cheveux, c'était même... réconfortant. Elle continuait à le regarder sans vraiment réagir mais il n'était plus question de frères et sœurs absents. Elle n'y arrivait pas...

" Je ne peux pas... " murmura-t-elle sans trop savoir de quoi elle parlait.

Mais Nicolaï n'avait pas dit son dernie rmot, sans doute encouragé par le fait qu'elle lui réponde un tant soit peu en lien avec ce qu'il lui disait.

" Aureane. J'ai besoin de toi. Reviens, je t'en prie. Je suis là. Il ne t'arrivera rien. Pas tant que je serai avec toi. Personne ne t'a jamais fait de mal lorsque j'étais avec toi. Ça ne commencera pas aujourd'hui. J'ai besoin de toi. Je ne pourrais pas continuer sans toi. "

Chacun des mots de Nicolaï faisait son chemin dans son esprit embrumé tandis que ses larmes séchaient. Cela devenait difficile de s'y retrouver. Elle ne réagit pas au moment où la drow quitta la pièce, mais inclina légèrement la tête lorsque Nicolaï glissa ses doigts dans ses cheveux. Un léger sourire flotta sur ses lèvres un instant... puis elle se recula doucement.

" Ne me laisse pas. "

La jeune fille regarda à nouveau le sol, perdue dans ses pensées. Elle ne savait pas vraiment quoi répondre. Y avait-il seulement quelque chose à répondre ? Elle n'en était pas sûre. Elle regarda Haldren d'un air absent puis fronça tout-à-coup les sourcils, comme si elle n'était pas contente de le voir. Le drow parlait, mais ses mots lui paraissaient obscurs. En revanche, ce qu'elle voyait très bien, c'était l'expression de Nicolaï, teintée de tristesse.

Elle attendit qu'Haldren se taise et alla prendre doucement la main du jeune homme, murmurant gentiment :

" Ne sois pas triste... ça me rend triste aussi. "

Certes, elle n'avait pas tout à fait l'air de savoir à qui elle parlait et elle n'était sûrement pas dans son état normal, mais elle ne l'ignorait plus et se souciait de lui... du moins pour le moment. Elle continua à lui tenir la main, ayant apparemment décidé de ne pas le lâcher.

" Je rajoute un couvert, " expliqua-t-elle consciencieusement au drow.

La déclaration ne fut suivie d'aucun mouvement, la jeune fille resta là, gardant la main de Nicolaï dans la sienne. Elle se sentait bien, là... mieux qu'habituellement. Elle lui sourit finalement de façon un petit peu plus naturelle et se remit à ignorer les drows.

Haldren vint lui poser une main compatissante sur l'épaule. Mais Nicolaï ne l'écoutait qu'à peine. Il était totalement obnubilé par se qu'était en train de lui dire Aureane et par les réactions de la jeune femme.

Je suis navré Nicolaï. Cette ordure de D’Aring l’avait vendu à une maison close, et je crains que ses nerfs n’aient pas tenu face à ce choc. Si cela peut te consoler, elle n’a pas eu à… enfin tu vois de quoi je parles…

ENCORE !!!

Nicolaï fulminait. Aureane avait encore été vendue à une maquerelle. Veshork avait faillit réussir. Mais il avait été là pour la secourir. Où avait-il été pour lui éviter cette épreuve cette foix-ci? Pas étonnant qu'elle se soit battit un petit monde pour se protéger de la réalité.

Aureane regardait le sol. Nicolaï était assez anxieux de sa réaction. Qu'allait-elle faire? Il était tellement absorbé par le fait qu'il guêtait les réactions de la jeune femme qu'il ne fit pas un seul instant attention à Haldren lorsque celui-ci l'appela. Il ne réagit qu'au moment ou le mage repris, plus énervé:

Regardes moi mon garçon !

Nicolaï reporta son attention sur le mage. Au point ou il en était, il pouvait tout entendre. Il avait perdu Aureane, son grand-père était un drow, il était prisonnier du Puy et esclave, il n'y avait pas grand chose qui puisse l'atteindre ou en tout cas, pour le descendre plus encore.

Nicolaï, le Puy n’est pas un endroit pour les humains. Je n’aime guère ceux de ta race, mais tu es de mon sang… je doute que tu comprennes jamais l’importance de ces liens pour un drow, et je n’ai guère le temps de te l’expliquer. Mais je ne peux pas laisser mon propre petit fils finir ses jours en ces lieux. Tu partiras donc à l’aube avec Aureane, peut être un prêtre de ton pays pourra-t-il quelque chose pour elle.

Nicolaï en resta sans voie. Partir? Quitter le Puy libre? Jamais il n'aurait crut que se serait possible. D'autant plus qu'il emmenait Aureane avec lui. Une Aureane marquée par sa douce folie et qui ne retrouverais peut-être toute sa tête, mais c'était tout de même Aureane. Et puis, peut-être finirait-elle par se souvenir.

Aureane puisqu'il pensait à elle lui prit doucement la main en lui adressant un de ses jolis sourires avant de lui murmurer doucement:

" Ne sois pas triste... ça me rend triste aussi. "

Se rendait-elle seulement compte de de qu'elle était en train de dire et de la personne à qui elle était en train de le dire? Se n'était pas certain. Elle semblait toujours un peut dans un état second. Mais pourtant, elle n'était plus tout à fait dans les vapes. Elle semblait un minimum consciente de se qui se passait tout autour d'elle. Vraiment peu, mais tout de même. Elle ne l'ignorait plus. Elle ne cherchait plus à le chasser non plus. Elle semblait juste vouloir son bonheur. Vouloir qu'il soit heureux.

C'était déjà assez encourageant. Elle était toujours Aureane. Un peut folle, mais Aureane tout de même.

" Je rajoute un couvert, " expliqua-t-elle consciencieusement.

Enfin. Ça c'était un peut inquiétant tout de même. Mais il ne s'attendait pas à briser ce petit monde dans lequel elle s'était enfermée tout de suite. Enfin, pas après se que lui avait dit Haldren à propos de se qu'elle avait eu à subbir.

Aureane ne bougea pas d'un millimètre après le lui avoir dit. Il faudrait qu'il trouve quelqu'un capable de l'aider. Sans cela, elle allait rester dans cet état pour encore longtemps. Il n'avait pas réussi à briser cette folie. Un prêtre de Néera peut-être. Enfin, avant cela, il lui fallait rejoindre la péninsule et se ne serait certainement pas une partie de plaisir. Aureane lui accorda un nouveau sourire, ignorant purement et simplement les deux drows.

Nicolaï fixa alors Haldren dans les yeux. Se que le seigneur du C'rnos avait en tête, il ne le savait pas. Se qu'il savait, c'était que cette occasion était totalement inespérée. Il n'allais pas la laisser passer. C'était hors de question. Quelque soit la volonté d'Haldren, il avait l'intention de les renvoyer sur la péninsule. C'était tout se qui comptait.

« Je ne ne sais pas comment vous remercier, fini par dire le jeune homme les yeux fixé dans ceux de son grand père et la main d'Aureane toujours dans la sienne. »

Haldren tapota gentiment l’épaule de Nicolaï, continuant avec son cynisme habituel à jouer son rôle de grand père sincèrement désolé par ce qui arrivait au jeune homme. La lueur d’espoir et les remerciements le ravissaient, car son jeu finissait de se mettre en place… plus qu’une pièce et il pourrait laisser le destin décider de la suite des événements pour la plus grande gloire d’Uriz.

Va te reposer mon garçon, la chambre d’Halystra est assez grande pour que vous puissiez y dormir tous les deux. Vous partirez à l’aube, je vais m’occuper des arrangements nécessaires.

Tandis qu’Halystra raccompagnait les deux humains, le Ditronw Da’re se rendit dans son laboratoire, un sourire cruel aux lèvres. Il n’allait guère pouvoir dormir cette nuit là s’il voulait avoir terminé son œuvre avant que l’aube ne se lève sur le Puy d’Elda.

[Tard dans la nuit]

Ouf, enfin ca y était. Epuisé mais ravi, le Ditronw Da’re regarda avec une intense satisfaction le pli scellé qui reposait sur son établi. En apparence une missive tout ce qu’il y avait de plus anodin, comme il en sortait tant du C’nros… oui, mais celle là était bien particulière. Connaissez-vous, cher lecteur, adorable lectrice, les principes des pièges magiques à instabilité contrôlée ? Non ? Un rapide rappel s’impose alors pour que vous puissiez bien comprendre le stratagème du maître du C’nros.

Tout mage peut rater volontairement un sort, ce qui a pour effet de dégager brutalement l’énergie qu’il contenait. Bien évidemment, en temps ordinaire, aucun mage sérieux n’envisagerait cela car il n’en ressortirait tout simplement pas indemne, ni peut être même vivant. D’ordinaire oui, mais supposez que vous placiez un sort mal construit sur un objet. Un sort quasiment achevé que la moindre manipulation activera, que se passera-t-il alors ? Eh bien…activer un sort mal construit revient de fait à en rater le lancement… et donc à relâcher l’énergie qui y était emmagasinée.

Prenons la classique métaphore du château de carte… vous pouvez visualiser un piège comme un château de ce type auquel un joueur malicieux aurait enlevé une carte maîtresse de soutènement, et l’activation comme une légère brise. Si vous n’avez pas pris le soin de replacer la carte manquante, le château s’écroule. Habituellement, lorsqu’un mage utilise cette technique pour sécuriser par exemple ses appartements, il veille à ne pas rendre le sort trop instable afin qu’il puisse désamorcer le piège et accéder à ses possessions sans être réduit à l’état de tas de cendres.

Mais dans ce cas précis, Haldren avait choisi d’augmenter le potentiel d’instabilité à un niveau critique, au point que lui-même n’aurait pu le désamorcer s’il l’avait désiré. Toujours dans notre métaphore, cela reviendrait à dire qu’il avait enlevé plusieurs cartes et qu’il était désormais impossible d’en replacer une sans que l’effort induit sur le reste de la structure ne fasse tout tomber du fait de l’absence des autres. Un piège vicieux spécialement pensé pour contrer les talents magiques d’un mage qui aurait tenté d’étouffer le piège dans l’œuf.

Cette modification de la méthode habituelle expliquait la lenteur avec laquelle il avait du procéder, afin de ne pas voir son travail lui exploser à la figure. Le sort choisi, une bulle de l’ombre prime, nécessitait une puissante dépense d’énergie, et il sentait un peu les genoux en coton. Mais à la simple et douce pensée de la violence de l’explosion, sa fatigue disparaissait pour être remplacée par une exultation sauvage.

Ne croyez pas pour autant que les difficultés rencontrées par le mage se soient arrêtées là. Un sceau de cire n’était pas, loin s’en fallait, un bon support pour y placer un sortilège, et le risque existait de le voir se dissiper avant d’arriver à sa destination, ce d’autant plus que le trajet allait vraisemblablement être long. Le Ditronw Da’re avait donc mêlé une améthyste réduite en fins cristaux à la cire afin de faciliter sa tâche. En effet, cette pierre semi-précieuse avait comme gros avantage, outre son prix réduit, d’être capable de stocker un sort des ombres avec une qualité proche de celle du diamant, et ce dans une durée largement suffisante pour ses desseins.

Le piège était prêt : briser le sceau ou même y lancer une sonde magique activerait le piège, et réduirait en cendres l’imprudent. Il ne restait plus qu’à s’occuper de l’envoi de ce cadeau. Souriant, Haldren rangea soigneusement la missive dans un étui de voyage et retourna dans sa chambre ou une Halystra endormie l’attendait dans son lit. Se glissant discrètement à ses côtés, il ne tarda pas lui non plus à dormir à poings fermés.

[Le lendemain matin]

Quatre chevaux étaient réunis dans une cour secondaire de l’immense bâtiment qu’occupait le C’nros. En plus d’Halystra, de Nicolaï et d’Aureane, un mercenaire drow du nom de Je’skar se tenait là, convoqué par le Ditronw Da’re. Le gaillard connaissait admirablement bien les terres stériles, car il servait fréquemment de guide aux caravanes d’esclavagistes en route vers le Puy.

Je’skar, tu veilleras à emmener ces deux humains jusqu’à Ithri’Vann, et tu veilleras à ce qu’ils y trouvent un navire qui les ramènera chez eux.

Se tournant ensuite vers Halystra, le mage lui tendit un ordre de mission :

Tu les accompagneras jusqu’à la Faille, voici un sauf-conduit pour les gardes en patrouille afin qu’ils vous laissent passer.

Pourquoi ne pas avoir remis cet ordre à Je’skar me demanderez vous ? Simplement parce que le seigneur du C’nros ne tenait pas à ce que le porteur du sauf conduit se montre trop bavard ni ne tentes d’en abuser. Or la seule personne en qui il avait suffisamment confiance pour accomplir cette tâche était son esclave personnelle.

Prenant Nicolaï à part, Haldren lui remit discrètement l’étui contenant la missive préparée durant la nuit et murmura :

Mon garçon, ta venue a été une bénédiction pour nous, qui cherchions à faire passer un message à ton roi de manière à ce qu’il puisse être assuré qu’il ne s’agisse pas d’un faux. J’ai discuté cette nuit avec le Karliik Glenn, notre chef à tous, et il m’a remis cette missive. Nous y proposons à Trystan une trêve d’un siècle en échange de l’expulsion de son royaume de tous les elfes et des nains qui y demeurent. Penses-y… dans un siècle toi et tous ceux auxquels tu tiens ne seront plus là… nous si… nous pouvons nous permettre d’attendre.

Toute cette histoire était bien sure une pure invention de la part d’Haldren, mais une missive de ce type avec de faux airs d’ultimatum présentait l’énorme avantage d’être crédible pour un humain… s’il lui avait remis une offre de paix, Nicolaï aurait aisément deviné qu’il y avait anguille sous roche. Mais là, il s’agissait presque plus d’une menace envers le roi des humains que d’autre choses, somme toute rien d’illogique de la part d’un drow.

Si Uriz veillait, le jeune homme porterait le piège jusqu’à Diantra. Pas un seul instant Haldren ne ressentit de regret à l’idée que son petit fils allait surement être accusé de collusion avec les sombres seigneurs du Puy, voire si tout se passait bien de crime de lèse-majesté. Au moins il aurait servi à quelque chose et fais honneur à son sang drow. Un sourire aux lèvres, il regarda les cavaliers s’éloigner, puis retourna à son bureau… avec l’offensive en préparation contre Fort Ellyrion, le travail ne manquait pas.

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