[C'nros] Affaires de famille | Haldren, Halystra, Aureane

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D'Aring était joyeux en ce jour. Cela ne lui arrivait pourtant pas si souvent.

Mais à situation exceptionnelle, humeur exceptionnelle. Aujourd'hui, il allait gagner rapidement beaucoup d'argent. Et quant il pensait à beaucoup, se serait vraiment beaucoup. Il fit signe aux trois molosse qui trainaient derrière eux un jeune homme qu'on pouvait aisément catégoriser de peux coopératif.

Normalement, l'esclavagiste préférait régler les affaires de ses esclaves dans son entrepôt, mais là, se n'était pas un cas habituel. L'acquisition qu'il avait faite allait lui permettre de rentabiliser son activités d'esclavagiste pour un bon moment encore. Voilà, peut, le drow s'était associé à une bande de pirates humains. Toute ces racailles et ces larves humaines.

D'Aring frissonnait rien qu'à penser qu'il avait dut s'associer avec ces larves humaines. Mais bon, il était également bien forcé d'avouer qu'elles pouvaient se montrer utile pour faire le sale travail. Elles étaient avide, mais lui coutaient bien moins cher que s'il avait eu à recruter un équipage de drows.

Enfin bref. Pour se qu'ils lui avaient amené voilà quelques jours, il aurait eu tendance à croire que les humains pouvaient être utile. Parce que le jeune homme que ses gardes entrainaient derrière eux, se n'était ni plus ni moins qu'un noble. Un tout jeune noble humain capturé sur la péninsule dans la baronnie d'Ysari.

En tant qu'un des fournisseurs privilégier du C'rnos, D'Aring avait gardé cette marchandise de choix pour un client qui aurait de quoi se l'offrir. Le seigneur Haldren serait très certainement intéressé et s'il ne l'était pas (se que l'esclavagiste trouvait peut probable), le petit noble trouverait à tout les coups preneur une fois sur l'étal.

Arrivant au seuil de la zone réservée aux mages du C'rnos, il s'arrêta devant l'un des gardes.

« Je suis attendut par le seigneur Baenfere. D'Aring, l'esclavagiste. »

Le garde s'empressa de faire prévenir le Ditronw Da're. Si celui-ci avait de nombreuses qualités qui l'avaient maintenues à son poste aussi longtemps, la patience n'en faisait pas vraiment partit. Si l'esclavagiste était véritablement attendu par Haldren, mieux valait pour tout le monde que celui-ci soit prévenu au plus vite.

D'Aring se tourna vers l'esclave qui avait arrêté de gesticulé dans tout les sens une fois la porte du C'rnos en vue.

« J'espère que tu te tiendra bien tranquille petit idiot. Celui à qui tu vas être présenté n'est pas un simple manant. C'est clair? »

L'esclavagiste s'était rapproché très prêt du jeune humain, fixant son regard écarlate dans ses yeux acier. Dans ces yeux, on pouvait lire de la détermination et une volonté farouche. Parfait. À se qu'on disait, Haldren aimait briser la volonté de ses esclaves. Cela devrait lui plaire. Et puis, même s'il aurait préféré un esclave qui se montrerait certainement plus docile, ce jeune homme n'en demeurait pas moins un noble de la péninsule, une marchandise rare et donc précieuse.

A l'intérieure de sa tête, Nicolaï réfléchissait à la situation essayant de prévoir les mouvements de chacun des drows présent. Il ferma les yeux pour se concentrer sur se qu'il avait à faire. Vider son esprit. Ne penser à rien. Vider son esprit. Comme Gregor le lui avait apprit. Se calmer et ne penser qu'à une chose: son objectif.

Le visage d'Aureane se superposa au reste dans sa tête. Qu'allait-il arriver à la jeune femme? Elle avait été enlevée en même temps que lui. Une fois de plus, il n'avait pas réussi à la protéger. Pourtant, il lui avait fait promettre de ne pas faire de folie. Au départ, elle souhaitait en finir avec la vie. Il avait réussi à la faire manger durant leur traversée de la mer Olienne, tout comme il l'avait protégé des autres prisonniers. Mais combien de temps les bonnes résolutions qu'elle avait prise face à lui allaient-elles tenir?

Rien que le fait d'imaginer la jeune femme au service d'un drow le rendait malade. Il fallait qu'il tente le tout pour le tout et qu'il le tente maintenant. Pas lorsqu'il serait dans une prison au fin fond du Puy. Là, se serait trop tard.

D'Aring s'était un peut attardé en face de son jeune esclave. Erreur fatale. Prenant appuis sur sa jambe droite, Nicolaï envoya sa jambe gauche directement dans les parties sensibles de l'esclavagiste.

Continuant son œuvre, son pied vint violemment percuter le genou du garde à sa gauche. Genou qui soudain se mit à former un angle non conventionnel. Le garde lâcha son prisonnier, se tenant le genou en hurlant de douleur. C'était l'ouverture que Nicolaï attendait. Il essaya de saisir de l'arme du garde de son bras gauche à présent libre, mais il agit trop tard. Ou l'autre garde fut plus rapide et lui asséna un coup très rude dans les côtes qui le fit suffoqué quelques secondes.

Une folée de coups ne tardèrent pas à tomber qui le sonnèrent un peut. Lorsqu'il reprit totalement ses esprit, D'Aring était en grande conversation avec un autre drow. Un drow qui avait la prestance et l'assurance de ceux qui ont l'habitude d'être obéit. Se devait être lui le fameux seigneur Haldren.

Derrière lui, une drow aux formes avantageuses regardait le jeune humain.

« … et je puis vous assuré que c'est un jeune noble de la péninsule. »

D'Aring se tourna vers Nicolaï.

« Explique au seigneur Baenfere se que tu es pour les humains. »

Alors que le drow affichait une mine triomphante, Nicolaï garda un silence obstiné. Pas question de lui laisser cette petite victoire.

« Tu vas parler? »

Nicolaï leva les yeux vers l'esclavagiste avec un air de défis et un petit sourire narquois coller au visage.

« Voyez monseigneur. Il aura besoin d'être dresser comme il se doit. Mais il vous servira très bien. Tenez, voici une petite breloque intéressante qui prouve son statut. »

Dés l'instant qu'il vit D'Aring s'approcher de lui, Nicolaï comprit se qui se passait et se remit à se débattre férocement. Inutile avec deux drow qui le maintenait fermement à genou. L'esclavagiste lui retira la chaine à laquelle pendait sa grosse chevalière d'argent orné du dragon de saphir en saphir.

Le jeune homme se débattit de plus belle. S'était son identité qu'on était en train de lui arracher. La seule chose qui le reliait à son passé.

« Un gueux ne peut se payer pareil bijou, dit-il en exhibant l'objet devant le maître du C'rnos. »

Seigneur ?

Relevant la tête de la gemme qu’il détaillait attentivement, le Ditronw Da’re regarda le garde qui venait d’entrer dans son bureau, le fixant un long moment de ses pupilles laiteuses sans mot dire. Un regard très désagréable à soutenir, le genre de regard qui a l’air d’être fixé sur l’intérieur même de votre crâne. Rangeant la gemme dans son tiroir, il croisa ses doigts sous son menton et demanda :

Oui ?
D’Aring l’esclavagiste est là. Il a un esclave rare pour vous dit-il.
Je viens. Oh, à propos…

Le garde, qui s’apprêtait à sortir, se retourna, une lueur d’inquiétude dans le regard.

Seigneur ?
Tu descendras dans les sous-sols, dis leur de te faire passer sur le chevalet jusqu’à ce soir. Cela t’apprendra à entrer sans frapper.

Sortant de son bureau sans un regard au malheureux garde qui allait payer cher sa distraction, le Ditronw Da’re mit le cap sur l’entrée du bâtiment, Halystra sur ses talons. Un petit groupe les attendait à l’entrée de la chambre arcanique, la grande grotte qui constituait le véritable cœur de la magie au Puy.

D’Aring se trouvait près d’un jeune humain que fermement tenaient trois molosses. Trois drows bien sur, pas trois chiens, bien qu’au vu de leurs physiques et des capacités intellectuelles que laissaient deviner leurs crânes épais, le terme n’était finalement pas mal choisi. A cet instant, l’humain fit preuve d’autant de courage que de sottises… il tenta de s’échapper.

Un coup dans le genou d’un garde, une tentative de s’emparer d’une arme… et en retour une volée de coups de fouets. Voilà bien les humains, se dit le mage. Incapables de comprendre lorsqu’ils se retrouvent face à des drows que leur destin ne leur appartient plus. Tandis que les molosses remettaient l’esclave debout, le Ditronw Da’re s’approcha de l’esclavagiste, non sans dissimuler le dégoût que lui inspirait le personnage.

Mielleux comme jamais, D’Aring expliqua que le jeune homme était un noble humain, enlevé par des pirates sur la côte d’Ysari. Pas encore dressé, oui cela se voyait aisément, mais il ne serait pas si difficile à briser, après quelques jours au C’nros il ramperait à ses pieds. Arrachant la chaîne que l’esclave portait au cou, D’Aring la présenta à Haldren comme preuve du fait qu’il s’agissait d’un noble.

L’espace d’un court instant, le seigneur mage faillit perdre contenance en voyant la chevalière d’argent ornée d’un dragon en saphir. Il fit un violent effort sur lui-même pour retenir un cri de surprise. Cette chevalière… non, c’était impossible… après tout ce temps ? Et... mais comment ? Un humain ? Le hasard peut être ? Oui, cela devait être cela, le hasard qui lui jouait un tour. Claquant des doigts pour que deux gardes du C’nros viennent prendre la relève des molosses, Haldren sortit une bourse et la tendit à l’esclavagiste.

Voici deux cents écus pour ce jeune humain. Maintenant filez !

D’Aring parut sur le point de protester, sans doute espérait-il une meilleure offre, mais il du sentir que le Ditronw Da’re n’était pas ce jour là d’humeur à supporter un discours commercial. Jetant un regard furibond à Nicolaï qui finalement ne se révélait pas pour lui être l’affaire du siècle, il fit demi-tour. D’un geste, Haldren fit signe aux gardes de traîner son nouvel esclave à l’intérieur.

Emmenez le dans mon bureau, je vais l’interroger.

Tôt ce matin là, Halystra s’était mise au travail. Portant l’une de ses nouvelles tenues, offertes par son maître, la jeune esclave s’attelait à rendre les appartements du Ditronw Da’re impeccable. Chaque grain de poussière était traqué et enlevé, le tapis fut nettoyé, les draps du lit changer, les appartements aérés. Bref tout brillait et sentait bon le propre. Un soldat entra alors sans frapper, sans même lui jeter un regard et pénétra dans le bureau où s’était enfermé son maître depuis plus d’une heure. La jeune femme eut un sourire amusé, celui là ne ressortirait pas du bureau du Seigneur Baenfere sans avoir été puni pour son entrée. Quelques minutes s’écoulèrent avant que son maître n’apparaisse, suivit par le garde au visage pâle. Un signe de tête d’Haldren lui fit comprendre qu’elle était conviée à le suivre.

Sans un mot, elle posa le chiffon qu’elle tenait dans ses mains, remit en ordre ses cheveux et ses vêtements puis suivit les deux hommes. Lorsqu’ils arrivèrent à l’entrée de la chambre arcanique, Halystra posa son regard sur un petit groupe de drow entourant un étrange personnage. La jeune esclave n’était pas au courant de ce qui avait tiré son maître hors de ses appartements, elle n’écoutait pas ses discussions, aussi fut-elle surprise lorsqu’elle croisa brièvement le regard de….de l’humain.
C’était bien la première fois qu’elle en voyait un d’aussi près, mais elle les connaissait bien, elle connaissait leur culture et leur langage. La dernière fois qu’elle en avait aperçu remonté à une cinquantaine d’année, lorsqu’elle n’était qu’une enfant et qu’elle et son père avait quitté le Puy quelques jours. Restant en retrait derrière son maître, elle n’avait d’yeux que pour cet homme luttant vainement pour tenter de s’enfuir. Elle eut envie de rire, mais se retint.

Que croyait-il donc ? Même armé il n’aurait pas pu aller bien loin, il aurait tuer un ou deux drow à la limite mais rien de plus.
Ce qui l’intriguait à cet instant, c’était leur présence devant l’esclavagiste. Son maître sortit une bourse qu’il lui jeta. Ainsi donc Haldren achetait un nouvel esclave ? Un instant elle pensa qu’il n’était sûrement pas satisfait de ses services, mais qu’aurait-elle bien pu faire de mal. Le drow eut la mauvaise idée de vouloir protester, et Halystra savait très bien ce qui arrivait dans ce genre de situation. Bien heureusement il eut assez d’esprit pour se taire et baisser les yeux.

Sur un signe du Seigneur Baenfere, les deux gardes prirent fermement l’humain et le traînèrent derrière Haldren qui retournait à grand pas vers son bureau. Halystra suivit le groupe quelques pas derrière. Son maître n’avait pas à craindre qu’elle s’échappe, il savait l’affection et l’attachement qu’elle lui portait.
Malgré le fait que ce soit un humain, Halystra éprouva une légère peine et de la compassion pour ce pauvre homme qui, s’il luttait, allait devoir passer plus d’une nuit suspendue à des chaînes. Lorsqu’ils furent en haut des escaliers devant la porte, Halystra eut juste le temps de glisser à l’oreille de l’esclave :

- Ne parle que lorsqu’il t’interroge et ne fait surtout rien d’insensé.

Seul l’humain avait pu entendre sa phrase alors qu’elle se penchait derrière lui, elle ne lui avait pas parlé avec agressivité ni même avec dégoût ou arrogance, juste un léger murmure. Pourquoi essayait-elle de lui épargner douleur et souffrance ? C’était un humain après tout. Mais il était esclave, comme elle, et elle savait que son maître pouvait se montrer bon et juste si on savait se montrer obéissant.

Nicolaï n'avait pas été capable de retenir un sourire ravis en entendant le prix qu'on avait donné de lui. D'un certain côté, c'était un peut humiliant, mais d'un autre, il était tout à fait ravis de pourrir comme il se devait la journée de D'Aring. C'était une fin en soit, un petit plaisir il ne laissa pas passé. Son sourire ne put d'ailleurs échapper ni à l'esclavagiste, ni au Ditronw Da’re, ni à aucun des autres drows présent.

Le maître du C'rnos donna quelques consignes que le chevalier ne comprit pas. Des gardes prirent le relais des molosses qui le maintenaient. Le jeune homme se rendit rapidement compte qu'il aurait plus de chance de s'évader avec ces gardes qu'avec les hommes de main de D'Aring. Mais si ces hommes n'étaient que de piètres combattants, c'était sans doute qu'il y avait une raison. Raison qu'il ne tarda pas à comprendre.

Les drows qui se trouvaient dans cette caverne étaient tous vêtu de manière similaire. Au vu de leur façon de se déplacer, se n'était pas des guerrier ou alors pas des bons. Soit il venait d'entrer dans un palais et alors ces drows étaient des courtisans, soit c'étaient des mages. La première hypothèse lui parut la moins probable. Se sont des guerriers d'élite qui protège les palais. Pas comme les deux soldats qui étaient en train de le trainer avec eux.

Donc, si c'était des mages, autant éviter de nouvelles tentatives d'évasion tout de suite. Se serait plus sur. Une boule de feu est si vite partie et il ne serait d'aucune utilité à Aureane s'il était mort.

On le fit entrer non pas dans une salle de torture comme il s'y était attendu, mais dans se qui semblait être un vaste bureau de travail. Meublé d'un vaste bureau qui semblait même plus être une tabla qu'autre chose et d'une multitude d'étagères sur lesquels s'alignait tout un bric-à-brac de parchemins et autre, la salle avait une allure bien étrange.

Le drow qui venait de l'acheter était là. La seule chose que Nicolaï remarqua chez lui, se fut l'éclat dans sa main. Un simple coup d'œil lui retira tout doute. C'était sa chevalière.

Pour quoi que se soit d'autre, il aurait certainement réussi à tenir sa langue. Mais pas pour le bijoux. C'était se qui lui avait donné son nom et se qu'il faisait qu'il était lui. Sans cette chevalière, il n'était plus rien.

Les mots franchirent ses lèvres avant qu'il ait put repenser à la gentille mise en garde de la jeune drow qu'elle lui avait adressé quelques secondes plus tôt.

« Puis-je récupérer ceci? »

Une fois de retour à son bureau, Haldren s’assit dans son fauteuil tandis que les deux esclaves entraient dans la pièce. Halystra alla se mettre contre un mur, prête à répondre à la moindre demande de son maître, tandis que le jeune humain regardait autour de lui, apparemment surpris de se retrouver dans un endroit aussi confortable. Certes… mais il n’allait pas y rester bien longtemps et les salles de tortures l’attendraient si ses réponses ne plaisaient pas au maître du C’nros.

Le mage ne réagit pas lorsque l’humain lui demanda s’il pouvait récupérer sa bague. Pareille insolence venant de quiconque d’autre aurait été sévèrement punie, mais le cas était quelque peu particulier. Il ne répondit pas non plus, se contentant de faire tourner le bijou entre ses doigts encore et encore. Il tentait de se convaincre qu’il ne s’agissait pas du même, mais si… tous les détails étaient là, y compris la petite éraflure sur le côté, à peine visible à l’œil nu mais qui ne pouvait pas prêter à confusion.

Ysari donc ? Oui, c’est ce qu’avait dit D’Aring. Un jeune noble d’Ysari, capturé par des pirates de l’Olienne et revendu ensuite aux esclavagistes drows. Tournant enfin son regard vers l’humain, le Ditronw Da’re le détailla attentivement, cherchant un détail qui l’aurait différencié de ses congénères, qui aurait pu confirmer sa supposition. Cette lueur dans les yeux peut être ? Ou ses oreilles, pas tout à fait rondes ? Ses mains, fines et élancées ? En le regardant de près, il y avait en effet une ressemblance, mais de là à en tirer des conclusions...

D’une voix froide, le mage demanda à Nicolaï :

Comment cette chevalière est-elle entrée en ta possession ?

Nicolaï soutenait sans la moindre difficulté le regard scrutateur d'Haldren. Si celui-ci avait en effet un curieux regard, se n'était rien d'autre qu'une simple paire d'yeux. Pas de quoi en avoir peur. Le jeune homme avait d'ailleurs lui aussi des pupilles bien étranges. On disait qu'elles perçaient les âmes de leur couleur métallique. Racontars sans le moindre intérêt. C'était tout comme les pupilles d'Harnyll. Rien dans les yeux du baron ne l'avait jamais impressionné. Rien dans les yeux du Ditronw Da’re n'en était capable.

Que cherchait donc ce drow? Il l'avait acheté depuis peut une véritable petite fortune. Même si pour se procurer un noble de la péninsule, deux cents écus étaient une bien petite somme, elle représentait déjà un joli pactole. Mais au lieu de s'intéresser à lui, de tenter de briser sa résistance afin d'en faire un brave toutou servile, Haldren détaillait la chevalière. Une question commença à germer dans l'esprit du chevalier.

Est-ce qu'il m'a acheter moi ou ma chevalière?

Une question saugrenue et tout à fait idiote, mais qui expliquerait l'attitude du Ditronw Da’re. Ne pas se préoccuper d'un esclave dont on viens de faire l'acquisition et se concentrer sur un bijoux qu'il portait était une attitude bien étrange.

En plus de cela, pourquoi l'acheter?

Nicolaï détailla une seconde la drow qui s'était docilement mise contre le mur, attendant visiblement qu'on lui donne un ordre pour l'exécuter. Des formes à faire frémir de jalousie toutes les femmes elfes, humaines ou drow, une attitude tout à fait servile et obéissante. Elle était son esclave. Pourquoi l'acheter lui alors que cette esclave devait combler toute ses envies. Au vu de l'attitude de la drow depuis qu'il l'avait rencontré, il la voyait mal désobéir. Se devait plutôt être le genre à lui obéir au doigt et à l'œil.

Le mage parla alors d'une voie tout à fait glaciale qui aurait sans doute put faire frisonner Nicolaï. Mais le chevalier ne bougea pas d'un pouce.

« Comment cette chevalière est-elle entrée en ta possession ? »

Ah, il en était sur à présent. Le Ditronw Da’re était plus intéressé par la chevalière que par le jeune homme qui allait avec. L'esclave noble, c'était un cadeau bonus.

Il hésita un instant à mentir. Après tout, il ne savait lui même pas d'où lui venait sa chevalière. Mais cela ne lui servirait à rien du tout alors autant dire la vérité.

« La réponse ne vas pas vous plaire, annonça le jeune homme. Je ne sais pas. »

Bon, il fallait enchainer rapidement avant de se retrouver entre les mains d'un bourreau drow qui le ferait souffrir jusqu'à ne rien obtenir de plus de toute façon. Nicolaï n'était pas idiot. Il n'était ni cobaye pour des expériences magiques, ni dans un cachot pour le moment, mais le Ditronw Da’re serait très certainement en mesure de lui arranger ça très rapidement.

« Je me suis réveillé sans souvenir sur une plage de la mer Olienne, expliqua-t-il les yeux dans ceux du drow. J'avais sur moi un tabard avec un dragon azur sur fond blanc et cette chevalière pendant autour d'une chaîne à mon cou. Aucun souvenir de se qui a précédé mon réveil. Je ne peux pas vous dire comment je me suis procuré cette bague. »

Nicolaï attendit une seconde alors qu'Haldren reportait son attention sur la bague. Il voulait voir dans quel état allait se mettre son interlocuteur s'il prononçait le mot. Si celui-ci connaissait bel et bien la chevalière avant le réveil du jeune homme, il y avait fort à parier qu'il ne resterais pas sans réaction.

« KalonErc'h. »

Apparemment pas plus impressionné que cela, l’humain expliqua qu’il ignorait la façon dont cette chevalière lui était arrivée entre les mains. Avant que le mage n’ait eu le temps d’exploser de colère et de l'envoyer dans les salles de torture du Puy pour stimuler sa mémoire, il expliqua plus précisément son histoire. Trouvé sur une plage de l’Olienne, il l’avait déjà avec lui à cette époque mais ses souvenirs plus anciens lui étaient fermés.

Étonnant mais possible, un traumatisme pouvait expliquer cette brusque amnésie. Le Ditronw Da’re avait déjà rencontré des cas similaires, bien qu’en général cela se passait suite à des expériences magiques particulièrement désagréables. Le cerveau humain est une chose merveilleuse… capable de verrouiller certains souvenirs pour sauvegarder sa raison. Peut être se trouvait-il devant un cas de genre.

A cet instant, le jeune noble devenu esclave prononça un nom… un nom que le seigneur du C’nros n’avait pas entendu depuis bien longtemps. KalonErc’h… oui… il connaissait ce nom, bien qu’il n’aurait pas cru l’entendre de nouveau. Regardant attentivement l’intérieur de la chevalière, le mage y vit de fines runes inscrites… KalonErc’h… plus aucun doute n’était permis. A quand remontait la première fois quil avait vu cette bague ? Plus d'un siècle, pas de doute, le mage n’en gardait qu’un vague souvenir.

Belle chevalière n’est-ce pas ? Elle fut trouvée sur un marin capturé dans la mer nordique et qui se retrouva esclave au C’nros avec sa fille. Blessé lors de son dernier combat, il n’a pas survécu bien longtemps, mais elle si. C’est moi qui ai gravé ces runes sur la bague, il s’agissait du nom de ce marin et j’ai autorisé sa fille à le porter.

Une jeune femme avec un corps remarquable. Certes elle ne pouvait être comparée à la beauté d’une drow comme Halystra, mais pour une humaine… elle n’était pas mal, et avait fort logiquement fini dans la couche du mage. Somme toute un destin pas si terrible que cela, elle avait bénéficié d’un traitement de faveur parmi les esclaves, même si finalement l’abattement et la résignation étaient venus à bout d’elle.

A sa mort, son fils, Arthan, l’a récupéré. Par piété filiale peut être, ou tout simplement parce que c’était un bel objet. Je ne lui ai jamais demandé.

Un visage, un nom… Arthan. Un enfant qui portait en partie en lui le sang le plus noble de la race drow, celui des Prima Sanguis, celui des Baenfere. Mais l’enfant n’avait pas le don, le pouvoir de son père ne coulait pas dans ses veines, aussi Haldren ne l’avait-il jamais reconnu comme sien. Posant la chevalière sur son bureau, le seigneur mage fixa longuement l’humain avant de prononcer ces paroles qui allaient changer à tout jamais la vie de Nicolaï :

Je suppose que tu as déjà compris qu’Arthan était mon fils.

Docilement adossée contre le mur du bureau, Halystra resta silencieuse sans quitter la scène des yeux pour autant. Elle était fascinée par l’humain qui se tenait fièrement, droit comme un i, sans qu’aucune crainte ne se lise sur son visage. Pourtant il était devant l’un des plus puissants drow du Puy et il suffisait d’un mot de son maître pour qu’il finisse dans une salle de torture.
Il s’adressait à Haldren sans la moindre insolence mais avec fierté et sans une once d’envie de lui faire plaisir. Il se contentait juste de répondre, et cela la fit sourire intérieurement. S’il continuait comme ça il finirait par échapper aux chaînes et à la geôle.

Son maître finit par prendre la parole, racontant une histoire qui s’était passée de longues années plus tôt. Visiblement la chevalière qu’il tenait entre ses doigts le troublait. Plus il parlait, plus Halystra sentit que quelque chose allait échapper des lèvres du Seigneur Baenfere, quelque chose d’inattendue et de surprenant. Et elle ne fut pas deçue. Bien sur elle ne comprit pas réellement l’allusion à un certain Arthan. Mais déjà, apprendre que son maître avait eut un enfant avec une esclave humaine…cela avait de quoi l’étonner. Et apparemment cette annonce ne surprenait pas qu’elle. Le Arthan en question devait être proche de l’esclave qui se tenait devant son maître, son oncle, son père peut-être. Impossible à dire. Mais cela voudrait dire que le Ditronw Da’re avait devant lui son petit fils.

Malgré son étonnement, Halystra ne montra rien et resta sagement dans son coin, attendant un signe ou un ordre de son maître pour bouger. Elle ne comprenait pas pourquoi Haldren la faisait assister à cette conversation, elle aurait très bien pu retourner à son ménage.
Peut-être tenait-il à ce qu’elle sache, il n’avait aucune raison de ne pas faire confiance à son esclave. Jamais elle n’irait répéter à droite et à gauche ce qu’elle entendait dans les appartements de son maître. Elle était plus du genre à épier les ragots et les commérages dans les cuisines pour s’assurer qu’il ne craignait pas une nouvelle tentative d’empoisonnement.

Le Ditronw Da’re semblait pensif à l'évocation du nom. Celui-ci l'avait reconnu. Nicolaï n'avait aucun doute là dessus. S'il s'était trouvé en face d'un humain, Nicolaï aurait dit que le drow était en train de se rappeler de lointains souvenirs. Mais il n'était pas face à un homme. Quoique le drow semblait bien en plaine crise de mélancolique aiguë.

Un drow pensif n'est un général pas une bonne chose. Leur esprit à trop souvent tendance à imagines de nouvelles méthodes de torture pendant qu'ils sont dans ce genre d'état pour qu'on se sente alors vraiment rassuré.

Avant que le chevalier n'ai put faire le moindre mouvement, le Ditronw Da’re avait commencé à parler.

Belle chevalière n’est-ce pas ? Elle fut trouvée sur un marin capturé dans la mer nordique et qui se retrouva esclave au C’nros avec sa fille. Blessé lors de son dernier combat, il n’a pas survécu bien longtemps, mais elle si. C’est moi qui ai gravé ces runes sur la bague, il s’agissait du nom de ce marin et j’ai autorisé sa fille à le porter.

Intéressant. Inutile, mais intéressant. Il ne voyait toujours pas vraiment de rapport avec lui si se n'était la grosse chevalière. Cela ne le concernait pas vraiment. Il ne voyait toujours pas le moindre éclaircissement. Bon, il était un peut triste pour cette jeune femme qui avait très certainement fini rapidement à réchauffer la couche du Ditronw Da’re. Mais encore une fois, il ne comprenait pas le rapport avec lui.

La chevalière mise à part bien entendu.

En fait, le drow posait plus de question qu'il n'offrait de réponse. Il n'y avait aucune raison pour qu'une chevalière appartenant à une esclave drow dévouée à satisfaire les plaisirs du maître du C'rnos se retrouve entre les mains d'un petit enfant habillé comme un noble sur les plages de la mer Olienne (ou alors il y avait un problème quelque part).

Heureusement pour le jeune homme, l'histoire n'était pas encore tout à fait terminée.

A sa mort, son fils, Arthan, l’a récupéré. Par piété filiale peut être, ou tout simplement parce que c’était un bel objet. Je ne lui ai jamais demandé.

Pause !

Stop !!

On se calme !!!

Arthan? Le Ditronw Da’re avait bien dit Arthan? Les idées commençaient à se bousculer dans la tête du chevalier. Les coïncidences étaient trop grosses pour n'être justement que des coïncidences. Son rêve qu'il avait fait après sa ''légère'' altercation avec Veshork durant le procès à Dyriet. Un homme qui se nommait Arthan, un demi-drow plutôt, avait laissé à un petit garçon la chevalière accrochée à une chaîne avant de partir droit vers la mort.

Si... si ce petit garçon, c'était lui...

Je suppose que tu as déjà compris qu’Arthan était mon fils.

Nicolaï se prit la tête entre les mains comme pour se clarifier les idées. Se n'était qu'un cauchemars. Un vrai et terrible cauchemars. Il n'allait pas tarder à se réveiller dans son lit à Dyriet. Et lorsqu'il descendrait les escaliers, soit il serait seul, soit Aureane aurait réussi à se lever plus tôt que lui et préparerait tranquillement les galettes pour le petit déjeuné et le déjeuné.

L'ennui avec cette vision des choses, s'était qu'il se répétait cela depuis un certain temps. Depuis que les pirates les avaient enlevé lui et Aureane des côtes d'Ysari.

« Je ne peux pas être votre petit fils, dit calmement le jeune homme. Se n'es pas possible. Je suis un humain. »

Ouai, enfin, apparemment, pas complètement.

Un souvenir lui revint en mémoire. Quelque chose qui d'ailleurs l'effraya assez. Veshork. Il y avait eu Veshork. Pendant des semaines et des semaines, Nicolaï n'avait désiré qu'une seule et unique chose au fond de lui: la tête du bandit. Pour se qu'il avait fait subir à Aureane, Nicolaï voulait le voir mort. Cette pulsion qui l'avait annimé pendant plusieurs semaine devenait tout à fait effrayante.

Était-ce un héritage de son sang drow? Possible. Rien n'était certain. Il n'était même plus certain de savoir qui il pouvait bien être. Avant ces quelques instants, il était Nicolaï KalonErc'h. Chevalier d'Ysari et seigneur de Dyriet. Il était le Chevalier à la Gueuse. Le Paladin, comme les ouvriers avaient commencé à l'appeler après la mort de Veshork. Certains prétendaient qu'il était le fils bâtard de Gregor de Hautetour, le seigneur d'Arcani.

Mais il savait qui il était.

Maintenant, il n'en était même plus certain. Le bâtard obscure et sans nom d'un demi-drow rejeté par son père à la naissance, fruit d'une coucherie que le maître du C'rnos devait certainement juger comme une abomination.

Le chevalier commença doucement, mais surement à manquer d'air.

L'émotion, les coups qu'il avait reçus avant d'entrer dans le C'rnos, le manque de nourriture, le manque de repos. Tout un tas de facteur qui faisait que petit à petit, le chevalier craquait.

« Puis-je récupérer ceci? »

Il fixait la chevalière. C'était la seule chose qui présentement lui permettait de se raccrocher à qui il était. Il fallait qu'il la récupère, mais tendre la main et le faire lui même n'aurait certainement pas été très apprécier d'Haldren.

Mais le chevalier n'eut pas le temps d'avoir une réponse.

Sa vue se troubla petit à petit. Il commença à tituber et se retient in-extremis, retrouvant un semblant d'équilibre.

La deuxième fois qu'il tituba fut la bonne. Le chevalier s'effondra sur la moquette devant le seigneur drow. Il peinait à retrouver un souffle calme. Après plusieurs minutes à se forcer de respirer normalement, il réussi à se redresser sur ses jambes, un peut moins droit qu'avant, mais toujours cette fierté dans son port de tête.

Il fixa le Ditronw Da’re dans les yeux avant de reprendre la parolle.

« Et maintenant? Qu'allez vous faire de moi? Je n'ai pas le moindre talent pour la magie. C'est l'épée à la main que je vaux vraiment quelques chose. »

Le Ditronw Da’re ne réagit pas lorsque son petit fils tomba au sol comme un paquet de linge sale, épuisé par la fatigue du voyage et achevé par le coup moral qu’il venait de se prendre en plein visage. Apprendre que l’on descend d’un seigneur mage drow n’est pas un événement classifiable comme banal. Ce n’est pas le gentil papi qui vous file discrètement un billet pour votre anniversaire en marmonnant « tu n’en parleras pas à ta mère ».

Non, certes, Nicolaï avait des raisons pour s’évanouir, quand bien même cela démontrait une nouvelle fois la faiblesse inhérente à la race humaine. Lorsque le nouvel esclave du C’nros se releva, Haldren lui indiqua un siège dans lequel il s’assit… enfin se laissa choir serait plus vrai de la vérité, mais peu importe, le résultat étant le même.

Le jeune homme venait toutefois de poser une question difficile… que faire de lui ? D’un geste distrait, le Ditronw Da’re lui jeta la chevalière, cela le calmerait le temps qu’il réfléchisse. Et par Uriz, il ne savait pas quoi faire ! La dernière chose dont il avait besoin était bien de l’arrivée d’un petit-fils aux trois-quarts humain. Comprenait-il seulement ce que voulait réellement dire son hérédité ? D’une voix sourde, il reprit :

Je doute que tu réalises quel sang coule dans tes veines mon garçon. Mon sang, le sang des Baenfere, est l’un des plus noble et des plus pur de notre race. Nous sommes les descendants des Prima Sanguis, les antiques seigneurs protecteurs de l’Aduram lorsque nous vivions dans ces forêts, avant que nous ne nous fassions massacrer par les humains et rejeter par nos anciens frères, les elfes.

Non, l’humain n’avait pas la moindre idée de ce que cela voulait dire. Peut être s’en fichait-il, ou alors il ne connaissait pas l’histoire des premiers drows. Au fond, cela n’avait rien à voir avec leur problème, car pour dilué et souillé qu’il soit, son sang était rare. Haldren répugnait à tuer son petit-fils… non pas qu’il soit du genre sentimental, mais depuis que son clan avait été détruit, le Ditronw Da’re portait un grand intérêt à la notion de famille, même au sens le plus large.

Ceux qui avaient un clan autour d’eux pouvaient éliminer l’un des leurs sur un coup de tête ou par caprice… mais pas lui. Dernier descendant de la noble lignée des Baenfere, il ne pouvait pas agir aussi stupidement que ses congénères. Peut être Nicolaï devrait-il mourir, ou peut être pas, mais Haldren ne déciderait cela qu’à tête reposée et au calme. Poussant un soupir d’agacement à l’idée des ennuis que lui causait ce jeune homme, le mage se tourna vers son esclave et claqua des doigts pour qu’elle s’approche.

Je ne sais pas quoi faire de toi mon garçon. Tu resteras donc ici jusqu’à ce que j’ai pris ma décision. Halystra, tu veilleras à lui trouver une petite chambre discrète pas trop loin de mes appartements. Oh, et mets un cadenas à la porte… pour sa propre sécurité, mieux vaut qu’il évite de sa balader seul dans les couloirs du C’nros.

La révélation du seigneur drow sembla profondément bouleverser l’humain, au point même qu’il s’effondra littéralement. Halystra fit un léger mouvement vers l’homme étendu à terre. Si son maître n’avait pas été là, peut-être qu’elle se serait approchée de l’humain pour l’aider à se relever… elle n’avait aucune affection pour lui, si ce n’est celle de partager le même statut d’esclave. Et puis le quart de sang drow qu’il possédait lui suffisait pour faire abstraction des trois quarts restant. Evidemment s’il avait s’agit d’un elfe, elle l’aurait laisser crever par terre mais là, c’était légèrement différent, et bien qu’elle n’apprécia pas plus que ça la compagnie des humains, ils étaient tout même bien différent des longues oreilles perdues au milieu de leur forêt !

Nicolaï se reprit et finit par s’affaler dans le fauteuil en face du bureau du Ditronw Da’re. Il avait encore son idée fixe de récupérer la bague sauf qu’il ne comprenait pas encore qu’elle était maintenant la propriété d’Haldren et qu’il la lui rendrait s’il le voulait. A son grand étonnement, celui-ci ne protesta même pas un seul instant et renvoya la bague dans les mains de l’humain.

Lorsque son maître claqua des doigts, la drow s’approcha du fauteuil et attendit les ordres du mage. Visiblement il n’avait aucune intention de faire torturer Nicolaï et il lui demandait même de lui trouver une petite chambre pour qu’il dorme tranquillement, loin des autres drows du Puy.

- Bien Maître, souffla-t-elle en faisant dériver son regard vers l’humain.

Elle ne voyait pas encore où elle pouvait bien le faire dormir, si ce n’est sa propre chambre située juste à côté des appartements du seigneur Baenfere. Elle pourrait très bien se contenter de dormir sur le tapis du salon jusqu’à ce qu’une autre solution soit trouvée.

- Je propose de le faire dormir dans ma chambre, maître, ainsi il sera près de vos appartements. Si vous me le permettez, maître je dormirais dans le salon en attendant.

Et puis comme ça elle pourrait avoir un œil sur ce Nicolaï. Elle n’avait pas peur de lui, loin de là, mais elle voulait être sûre qu’il ne ferait aucun mal à son maître. Et il fallait dire que cette race l’intriguait énormément. Bien que par nature elle n’aime pas les humains, il fallait dire que sa curiosité la poussait à s’intéresser à lui. Après tout ce serait sûrement la seule fois de sa vie qu’elle en verrait un d’aussi près !

Nicolaï s'était plus effondrer qu'assis dans le fauteuil que lui avait désigner le Ditronw Da're. Il fallait dire que la nouvelle qu'il venait d'apprendre avait de quoi surprendre. Il était le petit fils d'un drow. Et pas n'importe lequel en plus apparemment. L'un des plus puissants personnage du Puy. Il n'y avait d'ailleurs qu'à se remémorer la façon dont on l'avait appelé. Seigneur Baenfere. Rien que ça.

Le renvois de sa chevalière, bien qu'un peut sec fut un certain soulagement pour le chevalier. Malgré le choc qu'il venait de subir, le jeune homme rattrapa parfaitement au vol la bague... de la main droite. Un détail qui aurait put prêter à quelques questions de la part du Ditronw Da're si celui-ci n'était pas habimé dans ses pensées. Si on faisait un bref retour en arrière, c'était de la main gauche que Nicolaï avait tenté de s'emparer d'une arme il y a peut.

Le jeune homme s'amusa un instant à faire tourner sa chevalière entre ses doigts. Un geste qu'il avait très souvent fait et qui l'amusait en général assez et lui permettait de se concentrer plus facilement. Un geste réflexe même.

Haldren reprit rapidement la parole d'une foie grave.

Je doute que tu réalises quel sang coule dans tes veines mon garçon. Mon sang, le sang des Baenfere, est l’un des plus noble et des plus pur de notre race. Nous sommes les descendants des Prima Sanguis, les antiques seigneurs protecteurs de l’Aduram lorsque nous vivions dans ces forêts, avant que nous ne nous fassions massacrer par les humains et rejeter par nos anciens frères, les elfes.

Nicolaï fut à ce moment précis à deux doigts de rétorquer au drow que cela lui faisait une belle jambe, mais que de toute façon, il n'en avait pas grand chose à faire. Pour tout dire, cela lui encombrait plus la tête qu'autre chose et il se serait volontiers délesté de cet encombrant héritage.

Apparemment, cela ne suffisait pas au destin de faire de lui le petit fils d'un drow. Non, il fallait encore en plus que ledit drow soit très très noble pour les siens et que son sang soit tout à fait précieux.

Tien?

Nicolaï eu une idée. Était-ce pour cette raison qu'il était toujours en vie? Son sang était apparemment précieux. Et, à en croire se qu'il venait d'entendre, rare. Tout diluer qu'il soit, son sang avait de la valeur aux yeux d'Haldren. Cela allait peut-être bien lui sauver la vie et avait sans aucun doute empêché qu'il ne se retrouve dans une salle de torture.

S'il parvenait à la jouer très fine, peut-être pourrait-il s'en tirer.

Mais malheureusement, cela lui paraissait peut probable. Il y aurait de toute façon Aureane qu'il devrait retrouver. Il ne quitterait pas le Puy sans elle. Cela, c'était une absolue certitude.

D'un claquement de doigt, Haldren fit venir à lui la jeune drow qui se tenait alors docilement en retrait. Pour le chevalier plus de doute. Elle était esclave. Cela leur faisait en tout cas un point en commun. Leur vie à tout deux dépendait de la bonne volonté d'Haldren.

Je ne sais pas quoi faire de toi mon garçon. Tu resteras donc ici jusqu’à ce que j’ai pris ma décision. Halystra, tu veilleras à lui trouver une petite chambre discrète pas trop loin de mes appartements. Oh, et mets un cadenas à la porte… pour sa propre sécurité, mieux vaut qu’il évite de sa balader seul dans les couloirs du C’nros.

Ben voyons. Et puis quoi encore? Se n'était pas parce qu'il était humain qu'il était stupide. Se balader au Puy. Gregor disait très souvent qu'il avait des idées stupides. Mais bon, il fallait tout de même pas non plus trop exagérer. Avoir de temps à autre des idées stupide ne signifiait pas forcement être suicidaire. Il n'allait pas se balader dans les couloirs du C'rnos.

Ce cadenas, se n'était pas pour le protéger d'une éventuelle bêtise. S'était pour se prémunir soit même de tout problème. Éviter que trop de drows ne voient ce jeune humain et ne posent des questions auxquels le Ditrow'Dare n'avait aucune envie de répondre. Mais c'était aussi pour s'assurer que Nicolaï resterait à porté de main au moment ou il aurait prit sa décision le concernant. Autant être clair, cela risquait de prendre du temps.

Et plus le temps passait, plus un drow avait de chance d'acheter Aureane et d'en faire une gentille petite chose qui lui serais totalement dévoué comme cela semblait être le cas de cette beauté drow qui paraissait obéhir au doigt et à l'oeil à Haldren.

Rien qu'à cette pensé, Nicolaï en était tout à fait malade. À en vomir.

- Bien Maître, souffla-t-elle en faisant dériver son regard vers l’humain. Je propose de le faire dormir dans ma chambre, maître, ainsi il sera près de vos appartements. Si vous me le permettez, maître je dormirais dans le salon en attendant.

Le jeune humain ne manqua pas le regard qu'elle lui jetait depuis qu'ils s'étaient rencontré. Elle semblait intriguée par lui. Se ne devait pas être souvent qu'elle avait vu un membre de sa race. Peut-être avait-elle déjà vu des demis drows, mais un humain au sang aussi pur que celui du chevalier, elle ne devait pas en avoir vu beaucoup. Et puis d'ailleurs, tout quart drow qu'il portait, Nicolaï n'en laissait rien transparaitre sur son apparence physique.

Pour tout le monde (y comprit pour lui) il était un humain et rien de plus.

Alors qu'il faisait tourner la bague entre ses doigts, passant de temps en temps d'une main à l'autre, Nicolaï cherchait un moyen de retrouver Aureane. Sa timide compagne devait être morte de peur à l'heure qu'il était. D'autant plus qu'elle était à présent toute seule parmi les esclaves.

Sauf que connaissant Aureane comme il la connaissait, Nicolaï avait peur qu'elle ne commette une bêtise. C'était tout à fait le genre à tenter de s'échapper en sautant par la fenêtre du troisième étage. Tout comme, si elle était au bord du désespoir, il la voyait capable de mettre purement et simplement fin à ses jours d'une manière ou d'une autre.

Non, décidément, il allait falloir qu'il la tire rapidement de là. Mais dans l'état actuel des choses, il ne pouvait rien faire. Il voyait très mal Haldren se porter au secourt d'une humaine sans le moindre rapport avec lui alors qu'il ne savait encore même pas quoi faire d'un petit fils tout fraichement débarqué. Nicolaï attendit dont tout à fait silencieux que les deux drows aient fini de parler en continuant à faire tourner sa bague entre ses doigts, la passant de manière assez fréquent et sans s'en rendre vraiment compte d'une main à l'autre avant de poursuivre son petit jeu.

D’un geste, Haldren approuva la proposition d’Halystra d’héberger l’humain chez elle. Aucun drow ne tenterait de rentrer dans la chambre de l’esclave personnelle du Ditronw Da’re, le maître du C’nros n’étant pas connu pour son caractère conciliant et pardonnant…

Une fois que les deux esclaves furent sortis de la pièce, il resta un long moment à méditer sur la situation. En soi, qu’il ait un petit fils humain ne prêtait pas à conséquence, les puissants essaimaient des bâtards assez couramment, n’étant pas avares de leur semence. Toutefois, mieux valait garder secrète l’existence de Nicolaï dans l’immédiat, car une fois connue cela lui fermerait bien des voies.

Or une idée commençait à germer dans l’esprit du mage… une idée basée sur ce qu’il savait de son petit-fils… un chevalier au service de l’un des nobles de la péninsule de Soltariel. Idée encore vague et qui demanderait d’intenses réflexions, mais peut être finalement le jeune homme était-il un cadeau envoyé par Uriz.

Plusieurs heures passèrent sans qu’Haldren ne remue un doigt, plongé qu’il était dans ses pensées. Halystra passa dans son bureau, mais, voyant que son maître réfléchissait, elle se retira bien vite. Elle revint plus tard avec un plateau chargé de nourriture, mais Haldren ne fit que grignoter. Il n’avait pas faim…

A un moment, il se leva, alla chercher l’un des grimoires qu’il gardait dans son laboratoire… grimoire que bien des mages auraient rêvé pouvoir posséder s’ils en avaient connu l’existence… parcouru des pages usées à l’écriture antique, puis le rangea et retourna non pas dans son bureau mais dans le salon de ses appartements privés, un fin sourire aux lèvres. Après être resté à regarder le feu, un verre d’alcool à la main, il alla se coucher… la nuit portait conseil et lui permettrait sans doute d’apporter les touches finales à son plan.

Sa proposition sembla satisfaire son maître et sans attendre davantage, elle conduisit l’humain sans le quitter une seconde des yeux dans la petite pièce à côté des appartements du mage. Ce n’était pas le grand luxe, mais son maître l’avait bien gâtée et elle n’avait pas à se plaindre de son petit confort. Un lit, des couvertures, deux ou trois meubles pour égayer la pièce, et ranger le peu d’affaire qu’elle possédait, et un petit coin avec de quoi faire sa toilette chaque matin.
Laissant l’humain entrer avant elle, elle l’observa une seconde avant de lui parler dans sa langue.

- Je suis navrée pour toi, murmura-t-elle, sincère, ma chambre n’est pas bien grande mais elle est en tout cas bien plus confortable que les cachots du C’nros.

Halystra ferma la porte derrière elle et la cadenassa à contre cœur avant de se rendre aux cuisines. L’humain n’avait pas du manger quelque chose de correct depuis des jours, elle se souvenait de son séjour chez Radkorn et le peu de nourriture qu’elle avait eut. Lorsqu’elle fut en bas, elle demanda au nouveau cuisinier un plateau bien rempli. Celui-ci ne lui demanda même pas s’il s’agissait d’un repas pour le Seigneur Baenfere et s’était tant mieux, elle n’aimait pas mentir. Lorsqu’elle remonta dans sa chambre, l’humain n’avait pas bougé et il l’observa alors qu’elle posait le plateau sur une petite table près de l’entrée.

Restant à distance elle chercha à voir s’il avait une quelconque blessure visible, au cas où elle devrait le soigner mais il semblait être indemne, par miracle ! C’était tellement étonnant pour elle de voir cet homme à la peau si pâle, aux traits si différents de ceux de sa race…il devait avoir un certain charme dans ses contrées, ici, il fallait dire qu’il ne répondait pas du tout aux critères de beauté des drows mais elle pouvait néanmoins reconnaître qu’il était loin d’être affreux.

- Si tu as besoin de quelque chose…, commenca-t-elle.

Pourquoi lui disait-elle une chose pareille ? Elle n’allait tout de même pas faire des choses en douce derrière le dos de son maître pour cet humain ?
Pourtant, il semblait que sa curiosité la poussait à apprécier Nicolaï. Et puis il s’agissait de petit fils de son maître d’après ce qu’elle avait compris alors elle pouvait bien le traiter avec un minimum d’égard, bien qu’il resta quand même un esclave. Elle n’avait eut personne d’autre que son maître lorsqu’elle était devenue esclave et elle avait du apprendre seule à devenir docile. Mais l’humain n’était pas seul et elle avait envie de rendre sa nouvelle vie plus facile à vivre. Dans la mesure du possible.

- Es-tu blessé ? demanda-t-elle en cherchant toujours une trace de sang ou une entaille qu’il aurait discrètement masquée. Veux-tu quelque chose d’autre ? dit-elle cette fois en désignant le plateau sur la table.

Elle ne voulait pas que son maître se demande où elle était passée, elle avait échappé aux chaînes depuis un petit moment déjà et elle ne comptait pas se faire à nouveau pendre par les poignets avant longtemps. Alors elle ne s’attarderait pas trop...du moins elle essayerait.

Étant donné qu'Haldren sembla approuver l'idée de son esclave d'héberger Nicolaï dans ses apparemment, le chevalier suivit tranquillement la drow qui ne le lâchait pas du regard. Au bout d'un moment, avoir les yeux de l'esclave rivées sur lui en permanence commençait à devenir un peut gênant. Voir même carrément désagréable.

La chambre dans laquelle elle le fit entrer n'était pas très grande ni très meublée. Mais il s'en contenterait bien assez. Après tout, il avait moins que cela lorsqu'il était marmiton dans les cuisines d'Arcani. Il s'en contenterait.

A nouveau, l'esclave s'adressa à lui dans sa langue. Lui demandant de s'excuser pour la pauvreté du mobilier. Nicolaï se retint de justesse de lui faire remarquer qu'il aurait très bien put finir en réservoir de sang ambulant chez un hémologue. Alors que son petit confort présentement, il lui convenait tout à fait. Mais la jeune femme partit avant qu'il ait réussi à dire quoi que se soit.

Inutile de se ruer sur la porte et de tambouriner dessus comme un dingue. Le bruit métalique qu'il avait entendu montrait assez bien qu'Halystra n'avait pas oublié de placer un cadenas sur cette porte.

Bon, le cerveau du jeune homme se remit à tourner à toute allure. Il avait eu une ouverture pour s'en sortir. Si ce drow l'avait jugé totalement inutile, il ne l'aurait pas acheter et l'aurait sans doute tuer rapidement. Là, se n'était pas le cas. Bon. La seule façon qu'il avait de pouvoir s'en sortir et par la même de retrouver Aureane au plus vite était de satisfaire son grand père.

Mais lui ne pouvait pas le faire en restant comme ça enfermé dans sa chambre. Il allait avoir besoin d'un intermédiaire. Intermédiaire tout trouvé. L'esclave drow. Si elle était contente de son comportement et qu'il parvenait à la rendre plus désirable encore qu'elle ne l'était déjà pour son grand père, cela ne pouvait que jouer en sa faveur. Et puis, elle semblait intriguée par lui et ne pas lui être hostile. C'était peut-être la chance de se rendre utile et donc moins sujet à se qu'on se débarrasse de lui. En plus de cela, elle était esclave. Elle devait savoir se qui risquait d'attendre Aureane.

En parlant d'elle. Comment la secourir? Nicolaï n'avait pas la moindre intention de quitter le Puy (s'il y parvenait un jour) sans sa timide compagne. C'était tout à fait hors de question.

Heureusement qu'Halystra revint avec un repas. Quant il entendit jouer le cadenas à la porte, Nicolaï était à peut de chose prêt en train d'imaginer un plan dans lequel il enfilerait des collant bleu par dessus lequel il passerait une culotte rouge pétante. Il aurait des supers pouvoir et sauverait Aureane en deux temps trois mouvements, la ramènerait à Dyriet après avoir mit en piège les trois-quarts des drows du Puy et bien sur, eu le temps de dégusté un café.

Enfin non. Il n'en était pas encore vraiment à ce point. Mais bon, les plans qu'il commençaient à élaborer étaient de plus en plus stupides. Le manque de glucose dans son sang sans aucun doute.

- Si tu as besoin de quelque chose…, commenca-t-elle.

Nicolaï s'était approché du plateau repas qu'il regardait avec du dégout mêlé d'envie.
Dans la cale de bateau, il avait été contraint de se battre pour obtenir de la nourriture pour lui et Aureane. Puis, ça avait été un combat de chaque instant pour soutenir la jeune femme et ne pas sombrer soit même dans la dépression. On ne pouvait pas non plus dire qu'il avait eu l'occasion de manger grand chose lorsqu'il était avec D'Aring. Et puis, le simple fait d'imaginer Aureane qui souffrait de la fin suffisait amplement à lui couper l'appétit.

- Es-tu blessé ? demanda-t-elle en cherchant toujours une trace de sang ou une entaille qu’il aurait discrètement masquée. Veux-tu quelque chose d’autre ? dit-elle cette fois en désignant le plateau sur la table.

Nicolaï observa encore le plateau.

Il aurait bel et bien tuer pour avoir tout cela pendant qu'il était prisonnier. Le jeune homme soupira. Il fallait qu'il mange.

Attrapant un morceau de pain sur le plateau, il le fit tourner une seconde entre ses mains.

« J'aurais tuer pour avoir la moitié de se qui se trouve là, dit-il autant pour Halystra que pour lui même. Merci. De m'avoir apporter ce plateau. Et aussi pour le conseil que tu m'as donné tout à l'heure. Même si je ne l'ai pas suivit. C'était gentil. Non, je ne suis pas blesser. quelques égratignures qui ne se sont pas encore tout à fait refermées. Mais cette douleur est tout à fait supportable. »

Ben quoi? En plus c'était vrai. Elle s'était montré gentille avec lui. C'était bien la moindre des politesses de la remercier pour cela.

« Dans l'imédiat, il me faudrait une épée, huit cents écus et ma liberté, avoua Nicolaï. Mais dans la mesure ou je ne peux rien avoir de cela, je me contenterais donc d'un rasoir pour retirer cette vilaine barbe naissante et de ta compagnie si tu accepte de me l'accorder. »

Nicolaï s'approcha de la petite coiffeuse et s'empara d'une brosse.

« Je pourrais te proposer une petite coiffure pendant que tu me posera les questions qui semblent te tourner dans la tête à propos de moi. Depuis tout à l'heure, tu n'arrête pas de me fixer. Tu dois avoir des questions à me poser. »

Avec un léger sourire, il espérait qu'elle accepte. Sinon, il allait passer les prochaines heures à s'ennuyer comme un rat mort en attendant que son grand père prenne enfin une décision le concernant.

Halystra fut surprise par les dernières paroles de l’humain. Etait-il aussi facile de lire sur son visage la curiosité que lui inspirait cet homme ? Visiblement oui, et cette constatation lui fit froncer les sourcils. Elle était une drow et ceux de sa race n’était pas connu pour leur sympathie à l’égard d’aucune autre race que ce soit. Elle ne serait pas une exception. C’était un humain et il serait traité comme un humain.
Pourtant, malgré la nature vicieuse et perverse propre à tout drow qui se respecte, Halystra ne pouvait se résoudre à faire du mal à une espèce qu’elle jugeait pour le moins plus faible que la sienne. Elle aurait pu tuer cet humain aussi facilement qu’un poulet, mais son maître semblait porter une attention toute particulière au sang qui coulait dans les veines de Nicolaï. Sa grande chance en effet, qui lui avait valu un traitement aussi particulier.
Après un long moment de silence, Halystra s’approcha de son lit et s’y installa sans quitter des yeux l’humain. Non pas qu’il l’intriguait encore, mais parce qu’elle n’aimait pas tourner le dos à un ennemi potentiel.

Attrapant de ses doigts fins la fine baguette qui retenait ses cheveux en chignon, elle tira dessus et libéra la cascade blanche et soyeuse qui vint mourir en pointe fine sur le matelas. Un demi-sourire, et un regard de défi, elle se tourna à moitié et présenta ses cheveux à l’humain qui tenait la brosse.

- Je serais étonnée de voir que tu possèdes ce genre de talent et je doute que tu sois capable de faire quelque chose…hm…d’intéressant. Mais soit, montre moi donc !

Alors qu’il s’approchait avec la brosse, Halystra restait vigilante, ne se permettant pas la moindre seconde de relâchement, bien qu’elle sente qu’elle n’avait rien à craindre du nouvel esclave de son maître. D’ailleurs, celui-ci aurait sûrement réprouvé ce qu’elle faisait, mais ce que le mage ne voyait pas de pouvait pas lui nuire à elle. Surtout lorsqu’il s’agissait d’une chose aussi banale qu’une coupe de cheveux !

- J’ai l’impression, en te regardant, que tu es très inquiet…mais je suis persuadée que tu ne l’es pas pour ta propre vie Je me trompe ?

Elle sentit ses lèvres s’étirer en un sourire amusé lorsqu’elle tourna sa tête vers l’humain et qu’elle y déchiffra son expression. Visiblement elle avait tapé dans le mille.

- Lorsque j’ai été faite esclave j’étais seule chez moi et mon père gisait mort devant la porte du coup l’esclavagiste a du se contenter de moi, mais peut-être que pour toi c’était différent. Tu étais peut-être avec quelqu’un et cette personne s’est retrouvée chez ce marchand d’esclave avec toi…Et j’imagine aisément que vous avez été rapidement séparés et que tu es sans nouvelle de cette personne depuis.

Laissant le silence s’installer après cette déclaration, Halystra posa son regard sur les plis de sa robe qu’elle lissa d’une main distraite. Elle avait toujours été très douée pour deviner les choses que lui cachaient les gens. Son père n’avait jamais pu lui faire croire qu’il passait ses journées à travailler. Elle lisait dans ses yeux fuyant chaque soir, qu’il avait passé son temps dans les tavernes à dépenser l’argent qu’ils n’avaient pas. Depuis qu’elle était au service d’Haldren, cette petite aptitude lui avait été très utile, notamment lors du combat de son maître dans l’arène. Elle savait que derrière le cuisinier tremblant et faussement apeuré se cachait quelqu’un capable de tout pour tuer le Ditronw Da’re.

- Je dispose d’une liberté bien plus grande que la tienne et si tu le souhaitais….je pourrais t’aider, ajouta-t-elle en tournant ses yeux sombres vers l’humain.

Pour qu’il ait confiance en elle, elle ne pouvait faire mieux qu’à cet instant. Elle lui parlait franchement, et elle s’était laissée allée à ses mains de coiffeur expert. Comment pouvait-elle lui montrer davantage qu’il pouvait en faire autant ? Elle lui avait apporté un repas bien plus copieux que nécessaire, et elle l’avait installé dans une chambre pour le moins confortable en comparaison aux cellules du C’nros réservées aux esclaves. Elle ne pouvait pas faire mieux pour l’instant.

La drow avait fini par aller s'asseoir sur le lit sans pour autant l'avoir quitter des yeux. Mais se n'était plus de la curiosité que Nicolaï voyait briller dans son regard. C'était plutôt de la méfiance et du calcul. En même temps, s'il avait été à sa place, jamais il ne lui aurait tourné le dos. Se qu'il ne comptait d'ailleurs pas faire.

Elle défit son chignon et laissa ses longs cheveux blancs descendre jusqu'à la naissance de ses hanches. Nicolaï déglutit un instant. Elle était vraiment très belle. Les paroles de la drow et le regard de défi qu'elle lui lança ramenèrent bien vite le jeune homme sur terre.

- Je serais étonnée de voir que tu possèdes ce genre de talent et je doute que tu sois capable de faire quelque chose…hm…d’intéressant. Mais soit, montre moi donc !

Les lèvres du jeune homme s'étirèrent en un léger sourire. Il allait bien s'amuser. Elle avait tord de lui lancer ce genre de défi et elle allait vite le comprendre. Ah, les drow. Toujours à se croire supérieur à tout le reste du monde. Et bien elle allait être surprise de se que serait capable de faire un simple humain.

Bon. J'entend déjà les mauvaises langues dire: « Pas logique qu'un chevalier sache coiffer une femme. »

J'avoue, c'est pas logique. Mais remettez vous un peut dans le contexte s'il vous plait. Ont parle de Nicolaï là. Pas de n'importe quel chevalier. On parle du type qui a demandé la faveur d'une fille du peuple lors du tournoi royal. On parle aussi du gamin retrouvé sur une plage qui a servit un temps de marmiton à Arcani. C'est aussi celui qui, par vengeance a foncé tête baissé dans un piège. Enfin, on parle aussi du gamin qui s'en ait prit à un fils de noble qui frappait une de ses amies. Alors arrêtez de râler et rentrez vous dans le crâne que Nicolaï n'entre pas vraiment dans la norme des chevaliers.

Bon. Il faut avouer qu'en effet, se n'est pas tout à fait logique qu'il sache faire cela. Du moins, à première vue. La cause est toute simple: Cyrielle. La jeune fille qu'il avait sauvé des coups d'un écuyer. La seule également qui ne le regardait pas comme une bête curieuse. Elle le traitait plutôt comme son frère. Un frère un peut étrange qui ne parlait pas beaucoup. Elle le baladait un peut partout. Mais la fillette n'aimait rien plus que de s'asseoir devant son miroir et parler en essayant différentes coiffures.

Quant on a pas de mémoire, on prend facilement tout les savoirs qui vous tombent sous la main pour se reconstruire une identité. Nicolaï avait alors assez rapidement apprit à coiffer. Se n'était pas bien compliqué en plus.

Rassemblant donc les cheveux de la drow derrière sa nuque, il commença à passer doucement la brosse dans les cheveux pour les lisser. Se fut alors que la drow prononça les quelques mots qui firent basculer leur entretien.

- J’ai l’impression, en te regardant, que tu es très inquiet…mais je suis persuadée que tu ne l’es pas pour ta propre vie Je me trompe ?

Nicolaï se figea. Instantanément, son esprit venait de se verrouiller. Tout comme son visage d'ailleurs qui affichait à présent une expression froide. Elle ne put d'ailleurs pas manquer ce changement d'attitude dans sa façon de la regarder ou de lui brosser simplement les cheveux. Elle se tourna vers lui et ne put apparemment retenir un petit sourire lorsqu'elle vit expression du jeune homme. Sans que Nicolaï ait dit quoi que se soit, elle enchaina tout de suite.

- Lorsque j’ai été faite esclave j’étais seule chez moi et mon père gisait mort devant la porte du coup l’esclavagiste a du se contenter de moi, mais peut-être que pour toi c’était différent. Tu étais peut-être avec quelqu’un et cette personne s’est retrouvée chez ce marchand d’esclave avec toi…Et j’imagine aisément que vous avez été rapidement séparés et que tu es sans nouvelle de cette personne depuis.

Halystra laissa le silence s'installer. Et ce n'était pas Nicolaï dont la main tremblait légèrement sur la poignée de la brosse qui allait le briser. Si on pouvait tuer d'un regard, la drow serait étendue sans vie sur le lit. Il n'y avait plus rien de gentil ou d'aimable dans les yeux du chevalier. Il aurait été bien inutile de chercher quoi que se soit de ce genre. Le fait qu'Halystra balaye négligemment les plis de sa robe montrait bien qu'elle n'avait pas la moindre idée de se qu'elle venait de déclencher chez le chevalier. Dommage qu'elle n'ait pas un peut plus réfléchit avant de parler. Si elle l'avait fait, sans doute n'aurait-elle rien dit. Après tout. Si les humains sont plus fragile physiquement que les drows, quel raison y a-t-il à se qu'il ne le soient pas aussi émotionnellement?

Si se n'était pas le cas pour tout les humains, chacun à un point sensible. Dommage pour la drow, elle venait de taper sur celui de Nicolaï. Dommage également que les quelques parolles qu'elle prononça alors firent totalement sortir le chevalier de ses gonds.

- Je dispose d’une liberté bien plus grande que la tienne et si tu le souhaitais….je pourrais t’aider, ajouta-t-elle en tournant ses yeux sombres vers l’humain.

« Ça vous amuse? »

La main de Nicolaï tremblait sur la brosse qu'il serrait si fort que ses jointures prenait une couleur blanche.

« C'est comme ça que vous jouez avec les nouveaux esclaves? »

Les yeux d'acier de Nicolaï foudroyèrent Halystra. Il se remit à coiffer la drow. De manière plus saccadée et plus rapide, tirant même à un ou deux moment une légère grimace à la drow.

« Elle s'appelle Aureane. Et elle n'a aucune chance de se retrouver ici. Une vierge humaine, ça peut valoir beaucoup plus cher sur une estrade que se que les mages pourraient payer pour elle. »

Nicolaï passa un certain temps à ne rien dire et à se contenter de coiffer la jeune femme. Une fois que se fut terminer, il attrapa le miroir à main qui se trouvait sur la petite table pour le lui tendre.

Il n'y avait aucune comparaison possible entre l'ancienne coiffure de la drow et celle qu'il venait de réaliers. Il avait réussi à faire friser deux fines mèches de ses cheveux blancs qui encadrait doucement le visage sombre de la jeune drow. La nouveau chignon non plus n'avait rien de comparable. Plusieurs mèches retombait délicatement dans son dos, tenues comme par miracle par une unique baguette. Nicolaï aurait été fier de lui s'il n'y avait pas eu ces quelques mots prononcé.

« Je ne sais pas se qui vas lui arriver. Elle tentera peut-être de mettre fin à ses jours. Si elle le fait, j'appellerais Tyra de mes veux. Mais sans doute ne pouvez-vous pas comprendre cela. »

Il laissa passer un instant avant de reprendre.

Ça fait trois fois que je manque à une promesse que je lui ai faite. Et cette fois, je vais l'avoir perdue parce que je n'ai pas été fichu de la protéger. Ça vous conviens? Vous êtes contente de vous? Vous avez réussi. Je suis ici et je n'ai même pas été capable de la protéger. »

Nicolaï se passa une main dans les cheveux.

« Et je ne suis même pas certain que vous puissiez comprendre. »

Halystra sentit qu’elle venait de toucher la corde sensible de l’humain et elle se félicitait intérieurement d’être toujours aussi perspicace, alors que lui semblait en proie à une vive émotion qu’il avait du mal à contrôler. C’était bien la première fois qu’elle voyait ce genre de réaction, si lisible, si forte, si peu maîtrisée. Elle ne broncha pas lorsqu’il s’en prit à ses cheveux pour faire passer sa mauvaise humeur, ne laissant échapper qu’une ou deux grimaces lorsqu’il lui tira trop fort quelques mèches. Elle faillit se lever et envoyer une gifle magistrale à cet homme qui n’était pas son maître et qui donc, n’avait aucun droit de lui faire le moindre mal. Mais elle se ressaisit, après tout elle l’avait un peu cherchait. Et elle l’écouta s’épancher. Quoi qu’il en dise pour le moment, cela lui faisait du bien d’en parler enfin. Même s’il n’était pas près à l’admettre pour l’instant.

Cependant qu’il achevait enfin de lancer des piques à droite et à gauche tout en parlant d’une jeune humain, visiblement enlevée avec lui, Halystra contempla le résultat dans le miroir en souriant ravie. Aussi surprenant que cela puisse paraître, elle était en admiration devant le travail qu’il avait accomplit avec ses cheveux. Cette coupe lui donnait une toute autre allure, et mettait en avant son port de tête gracieux, digne d’une noble.

- Je dois reconnaître que….c’est magnifique. Mais je dois vous dire que vous vous méprenez, murmura-t-elle en se tourna totalement vers lui.

Peut-être que l’humain n’arrivait pas à percevoir sur son visage l’expression qu’il y avait dessus. Un mélange de compassion et de quelque chose qui aurait pu ressembler à de la sympathie, et nullement de la moquerie ou de la mesquinerie. Dans cette chambre elle n’avait pas à faire semblant d’être une esclave drow se croyant supérieure à un esclave humain.

- Cela ne m’amuse nullement, et je suis sérieuse quand je vous propose mon aide. Vous n’avez rien à faire au Puy, votre place n’est pas ici.

La drow se leva et s’approcha de la coiffeuse sur laquelle elle reposa le petit miroir de main avant de refaire face à l’humain. Pourquoi la prenait-il pour un être sans cœur, incapable de comprendre ou de ressentir le moindre sentiment. Elle n’avait pas toujours été esclave, elle avait été privée de sa liberté et elle avait connu une semaine terrible dans les mains de Radkorn avant d’être vendue, et sa seule chance en comparaison de cette Aureane, avait été d’être drow. Mais une humaine… elle avait encore moins de chance de s’en tirer sans dommage.

- Pour qui me prenez-vous ? Croyez-vous que parce que je suis une drow, je suis incapable de sentiment ? Je peux vous comprendre. Je pourrais donner ma vie pour sauver celle de l’être qui m’est le plus cher.

Halystra recula de quelques pas pour s’approcher de la porte, s’il ne voulait pas l’écouter et encore moins de son aide, elle partirait et il se débrouillerait tout seul. Après tout elle se fichait pas bien mal de la vie d’une humaine au cœur du Puy. Elle n’était pas la première et elle ne serait pas la dernière.

- Je peux vous aider, je peux essayer de savoir où elle est. Je peux même essayer d’en parler au Seigneur Baenfere…Mais si vous ne voulez pas de mon aide…je ne vous ennuierai pas davantage.

- Je dois reconnaître que….c’est magnifique. Mais je dois vous dire que vous vous méprenez, murmura-t-elle en se tourna totalement vers lui.

Nicolaï fronça les sourcils en entendant la belle drow prononcer ces quelques mots. Il se méprenait? Vraiment? Qu'est-ce que le sort d'une humaine pouvait bien lui faire à elle? C'était une drow. Pourtant, lorsqu'elle regarda dans sa direction, il n'y avait pas la moindre trace de moquerie sur son visage. Elle ne tentait pas non plus de le duper. Non. Rien de tout cela. C'était plutôt quelque chose comme... de la compassion. Jamais le jeune homme n'aurait crut une drow capable de ressentir une telle émotion. Il s'était sans doute bel et bien trompé. Si une drow pouvait avoir de la compassion. Sans doute pouvait-elle aussi ressentir se dont il avait parlé.

- Cela ne m’amuse nullement, et je suis sérieuse quand je vous propose mon aide. Vous n’avez rien à faire au Puy, votre place n’est pas ici.

Au moins sur ce point ils étaient d'accord. Nicolaï n'avait rien à faire ici.

Elle se leva et alla tranquillement reposer le miroir sur la coiffeuse avant de se retourner pour lui faire à nouveau face.

- Pour qui me prenez-vous ? Croyez-vous que parce que je suis une drow, je suis incapable de sentiment ? Je peux vous comprendre. Je pourrais donner ma vie pour sauver celle de l’être qui m’est le plus cher.

Pour être tout à fait franc et honnête, c'était tout à fait se que le chevalier avait pensé. Et apparemment, il avait fait fausse route. Même si la drow ne semblait pas avoir tout à fait comprit le sens de ses paroles. Halystra recula de quelques pas, s’approchant de la porte. Apparemment, Nicolaï l'avait vexé et elle ne comptait pas se laisser faire ou tout du moins, pas laisser passer cela.

- Je peux vous aider, je peux essayer de savoir où elle est. Je peux même essayer d’en parler au Seigneur Baenfere…Mais si vous ne voulez pas de mon aide…je ne vous ennuierai pas davantage.

Nicolaï fit face à la drow, braquant son regard acier dans les yeux rouges de sa ''collègue'' esclave.

« Il semble que je vous doive des excuses. De là d'où je viens, on dit que les drows n'ont pas de sentiments. Apparemment, c'est faux. Excusez moi je vous prie. »

Nicolaï s'inclina légèrement ne avant avant de se redresser, regardant à nouveau Halystra dans les yeux. Si elle ne se moquait pas de lui alors elle lui offrait vraiment son aide pour retrouver Aureane alors il devait saisir cette occasion. Plus le temps passait et moins il avait de chance de retrouver la jeune femme.

« Si vous voulez m'aider, c'est avec joie que j'accepterais. »

Qu'elle se moque de lui ou pas, il n'avait pas l'intention de laisser passer cette chance. Il doutait qu'Haldren ait quoi que se soit à faire d'une humaine comme Aureane. Mais toutes les aides et tout les renseignements étaient bon à prendre. Si elle était simplement en train de se moquer de lui, eh bien tant pis. Au moins aurait-il essayé.

« J'aurais juste deux questions, dit-il. Pourquoi voulez vous m'aider? »

Il laissa passer un court instant.

« Est-ce que je peux avoir un rasoir? Cela fait une éternité que je ne me suis pas rasé? »

Comme pour illustré cette vérité, Nicolaï passa une main sur sa joue en partie recouverte d'une barbe noire naissante qui le faisait certainement paraître plus vieux qu'il ne l'était en réalité.

Il est bien évident que derrière cette vraie envie de se débarrasser de ce désagréable duvet, il y avait également la volonté de détourner l'attention d'Halystra. Tentative maladroite et un peut tardive de dissimuler à quel point tout se qui touchait à Aureane était sensible pour le jeune humain.

Visiblement l’humain avait enfin compris qu’il pouvait lui faire confiance. Du moins qu’elle était sincère avec lui lorsqu’elle lui disait qu’elle voulait l’aider. Halystra ne fut pas surprise de l’entendre lui demander pourquoi elle se souciait de lui et de l’humaine, en effet, cela devait sembler presque irréel qu’une drow essaye ainsi d’aider deux membres d’une race inférieure. Et pourtant l’esclave était dès plus sincère avec Nicolaï. Elle essayerait de retrouver sa trace dans le Puy, lors de l’un de ses déplacements pour son maître. Et lorsqu’elle l’aurait retrouvé, elle en parlerait à Haldren. Peut-être qu’il pourrait faire quelque chose…Mais là encore il faudrait qu’elle sache bien amener la chose pour ne pas se retrouver suspendue à des chaînes toute une nuit.

- Je vous l’ai déjà dit. Vous n’avez rien à faire ici. Il est déjà difficile pour un drow de survivre au Puy alors un humain…Vous devez retourner chez vous.

Et puis en même temps, il fallait aussi dire que cette aide n’était pas non plus sans intérêt pour la drow. Elle ne voulait pas se retrouver avec tout un tas d’esclave au service du Seigneur Baenfere. Elle voulait être la seule et l’unique esclave de son maître. Cela pouvait paraître prétentieux et égoïste mais elle ne pouvait avoir confiance en personne lorsqu’il s’agissait d’assurer la sécurité et le bien-être du mage.
Bien que Nicolaï ait été acheté à cause du sang qu’il coulait dans ses veines, Halystra voulait s’assurer qu’il ne resterait pas non plus longtemps dans ses pattes. Bien qu’elle appréciait sa compagnie.

Les humains avaient une façon de parler et de ressentir les choses qui l’intriguait. Ils pouvaient être très agréable de par leurs présences et leurs conversations. Aussi appréciait-elle de se trouver dans cette pièce avec Nicolaï. D’autant plus qu’il lui avait fait une superbe coiffure !
D’un geste rapide, elle sortit du tiroir de sa coiffeuse une petite lame en acier dont elle se servait pour s’épiler (!) et elle la tendit au jeune homme en lui adressant un léger sourire.

- Dites moi à quoi elle ressemble, où vous l’avez vu la dernière fois et quel était le nom du drow qui vous tenez.

Halystra voulait que ce détail soit clair pour l’humain. Une fois qu’elle aurait mis la main sur l’humaine elle ne pourrait pas la ramener tranquillement avec elle. Il faudrait que son maître intervienne pour la récupérer, et encore fallait-il qu’il veuille la récupérer.

- Voilà ce que je vous propose, demain je pars à sa recherche et dès que je la trouve, je reviens vous dire où elle est. Vous n’aurez qu’à demander à voir le Seigneur Baenfere et en parler avec lui. Vous pourrez lui dire précisément où elle se trouve et peut-être qu’avec un peu de chance il ne sera pas insensible à votre demande… Je ne pourrais hélas pas faire grand chose de plus pour vous.

Quoi qu’elle ait un gros doute. Mais si son maître ne se trouvait pas disposé à aider l’humaine, elle pourrait toujours tenter de le persuader…à sa manière !

La drow ne parut pas surprise une seule seconde lorsqu'il lui demanda la raison qui la poussait à l'aider. Il fallait dire qu'elle devait s'y attendre. Les drows n'étaient pas spécialement connu pour leur clémence ni même leur sympathie à l'égard des autres races. Les humains compris. Cette question était donc tout à fait naturelle et attendue de la part de Nicolaï. Il n'y avait rien de surprenant dans cette demande.

- Je vous l’ai déjà dit. Vous n’avez rien à faire ici. Il est déjà difficile pour un drow de survivre au Puy alors un humain…Vous devez retourner chez vous.

Il n'y avait pas que cela. C'était trop simple. Elle lui avait déjà donner cette réponse. Et puis, elle ne répondait pas du tout à la question qu'il venait de poser. La question, c'était pourquoi est-ce qu'elle l'aidait? Pourquoi est-ce qu'elle voudrait lui faire quitter le Puy? Elle venait de lui répondre qu'elle se souciait de lui parce qu'elle se souciait de lui. C'était un peut étrange. Étrange et déroutant même. Si on lui avait dit un jour qu'une drow pourrait prendre un humain en pitié, il ne l'aurait pas crus. Il ne le croyais toujours pas d'ailleurs. Se qu'il avait portant comprit, c'était qu'Halystra ne voulait pas qu'il reste ici. Elle voullait qu'il parte et apparemment, le plus vite serait le mieux. Sauf qu'elle semblait aussi avoir comprit qu'il n'était pas question pour lui de quitter le Puy sans Aureane.

Rapidement, elle tira du tiroir de sa coiffeuse un une petite lame d'acier qu'elle lui tendit avec un léger sourire. Apparemment, elle appréciait sa compagnie. Nicolaï était bien forcé d'admettre que celle de la Sombre ne lui était pas non plus désagréable. Surtout qu'elle semblait vouloir faire tout se qu'elle pouvait pour l'aider.

Le fait qu'elle le laisse prendre le rasoir était sans conteste une marque de confiance. Il aurait put tenter de l'agresser avec cette lame. Il n'allait pas le faire car cela ne servait à rien et aurait été stupide de sa part de s'en prendre à la seule personne qui lui était un tant soit peut amicale dans le Puy.

Se servant du miroir à main et de la lame, Nicolaï commença à la passer avec soin sur son visage pour ne pas se couper.

- Dites moi à quoi elle ressemble, où vous l’avez vu la dernière fois et quel était le nom du drow qui vous tenez. Voilà ce que je vous propose, demain je pars à sa recherche et dès que je la trouve, je reviens vous dire où elle est. Vous n’aurez qu’à demander à voir le Seigneur Baenfere et en parler avec lui. Vous pourrez lui dire précisément où elle se trouve et peut-être qu’avec un peu de chance il ne sera pas insensible à votre demande… Je ne pourrais hélas pas faire grand chose de plus pour vous.

Mais c'était bien là qu'il y avait un problèmes. Il n'y avait aucune raison pour qu'Haldren récupère Aureane. Apparemment, il ne savait même pas quoi faire de lui alors qu'il était son petit fils. Que pouvait bien lui faire la vie d'une simple humaine qui n'avait aucun rapport avec lui. Quant bien même elle était aussi précieuse à ses yeux que l'était Aureane.

Mais bon. Qui ne tente rien n'a rien.

Nicolaï arrêta un instant de se raser pour regarder la drow.

« Elle s'appelle Aureane Eldon. Elle était avec moi jusqu'à se qu'on m'amène ici. Le marchant qui nous avait tout les deux s'appelle D'Aring. Vous l'avez vu. C'est lui qui m'a vendu. »

S'il tenait ce pourceau, le jeune homme ferait très certainement un véritable massacre. Rien que pour le plaisir, il le garderait en vie un moment les tripes à l'air. Lorsqu'il se rendit compte de ses pensées, Nicolaï eu un léger hoquet et sa main dérapa, ouvrant une minuscule plaie dans sa joue d'où perlait une petite goute de sang.

Ce genre de pensés, c'était les mêmes que celles qu'il avait eu avec Veshork. Cela l'inquiétait un peut. Était-ce l'héritage de son sang drow? Possible.

Le jeune homme passa négligemment le doigt sur la blessure, pour essuyer le sang.

« Elle ne paraît pas de forte constitution. On peut avoir l'ingression qu'un coup de vent trop fort vas la briser en deux. Naturellement, elle est discrète et réservée. Ses formes n'ont... rien de comparable avec celles des drows (Nicolaï se mit légèrement à rougir). Elle a les cheveux châtains assez long. Un visage angélique. Et ses yeux... »

Comment pouvait-il expliquer clairement se qu'étaient les yeux d'Aureane? Impossible. Il ne voyait pas comment. Ou alors son vocabulaire n'était pas suffisemment développé pour cela.

Nicolaï fini par choisir une image que, somme toute il trouvait très banale.

« Elle a de très beaux yeux bleu. Comme deux saphirs qui ornent son visage. »

Nicolaï se prit à regarder en l'air de façon un peut béate. Il devait avoir l'air d'un parfait idiot. Se reprenant, il fini rapidement de se raser. Se regardant dans son miroir, il sourit un peut. C'était beaucoup mieux comme ça. Ce simple rasage venait de lui faire perdre cinq ans en apparence.

« Voilà. Mais, vous devezez savoir autre chose. Avant de se séparer, nous nous sommes promis une chose. Il faut la retrouver au plus vite. Si dans une semaine nous n'avons pas réussi à nous retrouvé... elle se donnera la mort. On se retrouverait tout les deux chez Tyra. »

Il fallait à tout prix qu'il réussisse à retrouver Aureane. Il ne pouvait ni ne voulait vivre sans elle. Si Haldren voulait le concerver vivant, il allait faloir qu'il trouve un moyen de retrouver Aureane. Sinon... il l'attendrait chez Tyra.

« C'est stupide comme idée pas vrai? Mais le désespoir pousse souvent à faire des choses stupides. »

Halystra écouta attentivement les paroles de l’humain, essayant de mémoriser tous les détails qu’il lui donnait. En même temps elle n’avait pas trop de soucis à se faire. Dès qu’elle trouverait le dénommé D’Aring elle n’aurait plus qu’à lui faire dire où était l’humaine qui accompagnait le noble qu’il avait vendu au Seigneur Baenfere. S’il refusait de lui parler, elle pourrait utiliser la manière forte, après tout son maître lui avait seulement demandé d’être polie avec les autres mages du C’nros, rien au sujet des autres drows du Puy.

Plus Nicolaï parlait, plus la drow sentait à quel point la femme qu’il décrivait l’habitait tout entier. Il semblait éperdument amoureux de cette Aureane, il suffisait de voir son expression de béatitude totale pour s’en rendre compte. Et ce n’était pas parce qu’elle était une drow qu’elle ne pouvait pas comprendre ce genre de sentiment.
Il était extrêmement rare de voir cette forme d’amour chez les siens, ou la plupart du temps il était dissimulé car ce n’était pas bien vu. Cela renforçait le sentiment de l’esclave à croire que les humains avaient énormément de chance de connaître de telles émotions, et qu’ils n’en profitaient pas autant qu’il le devrait.

- Cela n’a rien de stupide, murmura-t-elle en s’approchant de l’humain.

Lorsqu’il eut terminé de se raser, elle lui prit la lame des mains, d’un geste rapide mais pas sec. Les dernières paroles de Nicolaï concernant le pacte qu’il avait fait avec l’humaine lui indiquaient clairement qu’il fallait éviter de le laisser avec tout objet tranchant.
Avant de devenir esclave, Halystra avait tout d’une drow, arrogante, un peu trop superficielle, dénuée de sentiments affectifs même envers son propre père. Elle n’aimait que sa propre personne et n’agissait que dans ses intérêts. Mais depuis qu’elle était à Haldren, elle ne pensait plus à elle. Et cela lui faisait voir les choses totalement autrement. Peut-être que dans une autre vie elle aurait aimé être humaine, pour vivre et ressentir les mêmes émotions qu’eux en si peu d’années…

- Vous autres, humains, vous ne semblez pas vous rendre compte de la chance que vous avez. Vos émotions et vos sentiments guident votre vie, vous ressentez des choses qu’il serrait presque contre nature pour un drow de ressentir. Et pourtant vous n’en profitez pas pleinement. Mourir par amour est sûrement un sentiment que je ne connaîtrais pas, du moins que je ne ressentirais jamais comme vous, parce que nous n’avons pas la même conception de l’amour…Mais pour vous, cela semble si fort, si intense par rapport au reste…vous semblez incapable de vivre sans cet amour.

S’interrompant, Halystra retourna s’asseoir sur le bord du lit. Elle ne devait pas trop s’attarder, mais elle était surprise de voir que l’humain la considérait, elle et ceux de sa race comme des êtres sans cœur et sans sentiment…bon d’accord, il n’avait pas tout à fait tord… les sentiments passaient bien après l’intérêt personnel, mais cela ne voulait pas dire qu’ils étaient tous pareils.

- Je retrouverais cette Aureane, pour te prouvait que les drows ne sont pas que des brutes sans coeur et que l’on peut s’intéresser au sort d’autres personnes, bien que ce soit rare je te l'accorde !

Une question lui vint alors à l’esprit, et comme elle n’était pas du genre à tourner autour du pot elle la posa sans gêne.

- Laisse moi te demander une chose. Cette humaine, tu l’aimes, cela se voit…mais le lui as-tu déjà dit ? Clairement, sans passer par des phrases toutes faites, en la regardant droit dans les yeux.

Car bien souvent, c’était en cela que résidait toute la stupidité des humains. Ils pouvaient éprouver librement des sentiments, les exprimer au grand jour et….pour une raison mystérieuse, il ne le faisait pas. Certains préféraient même se taire plutôt que de dire ce qu’ils avaient sur le cœur. Pourtant c’était des humains déterminés à protéger ce qu’ils aimaient qui avait repoussé les siens à Alonna.
Chez les drows, bien que ce ne soit pas le même genre de sentiment, on ne se privait pas pour dire à quelqu’un qu’on le détestait, ou à une drow qu’on avait envie de coucher avec elle. Mais peut-être que les humains avaient de toutes autres manières après tout…

- Cela n’a rien de stupide, murmura-t-elle en s’approchant de l’humain.

Le geste d'Halystra de lui retirer vivement son rasoir après qu'il eu fini de se raser était tout à fait logique. À vrai dire, Nicolaï était toujours étonné qu'elle lui ait donné un tel objet qui pouvait éventuellement servir d'arme. Mais si elle l'avait écouté de manière un peut plus attentive, elle aurait comprit qu'il y avait encore quelques jours avant qu'il ne se décide à mettre fin à ses jours. Surtout si grâce à elle il parvenait à retrouver Aureane.

D'un autre côté, ce geste était également un peut inutile. S'il voulait vraiment se tuer, il pourrait bien se débrouiller sans ce rasoir. Avec les draps du lit par exemple. Ou en refusant toute nourriture et toute boisson pour se laisser mourir. Le pire étant qu'on ne parviendrait pas à la sauver. Mais s'il ne parvenait pas à la retrouver à temps, il ne doutait pas une seule seconde qu'Aureane se donnerait la mort. Quoi qu'il se passe et où qu'elle soit, elle y parviendrait. À ce compte là, il préférait la rejoindre. Même si cela devait déplaire à son grand-père ou qu'on tentait de l'en empêcher, il trouverait un moyen.

Et puis de toute façon, il était possible qu'Haldren décide qu'il était bien plus encombrant qu'il pouvait se révéler utile et ne tue le jeune humain. À ce compte là, le problème serait résolut bien vite.

- Vous autres, humains, vous ne semblez pas vous rendre compte de la chance que vous avez. Vos émotions et vos sentiments guident votre vie, vous ressentez des choses qu’il serrait presque contre nature pour un drow de ressentir. Et pourtant vous n’en profitez pas pleinement. Mourir par amour est sûrement un sentiment que je ne connaîtrais pas, du moins que je ne ressentirais jamais comme vous, parce que nous n’avons pas la même conception de l’amour…Mais pour vous, cela semble si fort, si intense par rapport au reste…vous semblez incapable de vivre sans cet amour.

Elle y était à peut de choses prêt. Se n'était pas vraiment pour l'amour d'Aureane que Nicolaï se préparait à l'éventualité de mourir. C'était plutôt parce qu'il ne pouvait être avec elle qu'il n'avait plus la volonté de vivre et préférait la retrouver chez Tyra. Et puis, qui pourrait bien se soucier de deux esclaves mort dans le Puy? Cela serait juste dommage pour leur propriétaire, mais on les oublieraient bien vite. Eux ne voulaient pas d'une vie ou ils seraient séparé et traité comme des animaux pour le bon plaisir de leurs maîtres.

Nicolaï ignorait se que vivait Aureane en ce moment. Il ignorait dans quel état d'esprit elle se trouvait. La traversé avait brisé la jeune femme, la rendant plus faible encore qu'elle ne l'était par nature et l'amaigrissant dangereusement. Il espérait qu'elle tenait sa promesse et qu'elle n'allait pas commettre d'idiotie. Ils avaient une chance de se retrouver. Il ne fallait pas qu'elle gâche tout en hâtant plus encore l'heure de sa mort.

Halystra revint prendre place sur le bord du lit.

- Je retrouverais cette Aureane, pour te prouver que les drows ne sont pas que des brutes sans coeur et que l’on peut s’intéresser au sort d’autres personnes, bien que ce soit rare je te l'accorde !

L'objectif était déjà atteint. Elle semblait prête à retourner tout le Puy pour retrouver Aureane. Mais Nicolaï n'avait pas l'intention de lui dire qu'il changeait d'avis. Cela n'était pas une bonne idée d'après lui. Pas une bonne idée du tout même. Que se passerait-il s'il disait à Halystra qu'elle lui avait déjà fait changer d'avis en s'intéressant au sort d'une simple petite humaine perdue dans le Puy? Il n'en savait rien. Mais il ne voulait pas prendre le moindre risque. C'était la vie d'Aureane qu'ils étaient en train de jouer.

- Laisse moi te demander une chose. Cette humaine, tu l’aimes, cela se voit…mais le lui as-tu déjà dit ? Clairement, sans passer par des phrases toutes faites, en la regardant droit dans les yeux.

Est-ce qu'il avait déjà dit: « Je t'aime » à Aureane?

Cette question était simple. Elle demandait une réponse simple que Nicolaï pouvait aisément lui fournir. Mais c'était ces simples petits mots qui troublaient le jeune homme. Était-il seulement capable de les prononcer. On ne les lui avaient jamais dit. C'était une certitude. Ou si on lui avait dit, c'était avant qu'il ne se réveille sur une plage de la mer Olienne. Mais comme il ne se souvenait d'aucun événement qui était antérieur à cela, impossible de dire quant il avait entendu ces mots pour la dernière fois.

Mais cela n'avait aucun rapport avec se que lui demandait la drow.

« Non, répondit Nicolaï un peut piteux. »

Ils s'étaient embrassé. Ils avaient passé des moments pénibles ensemble. Mais il n'avait pas à un seul moment été capable de les lui dire.

« Je ne l'ai pas fait. Et n'en aurait peut-être plus l'occasion. »

Il se mit assis à côté de la drow. C'était étonnant, mais jamais il n'aurait put imaginer que la présence d'un Sombre pouvait être réconfortante.

« Elle l'a sans doute comprit. Mais je n'ai pas réussi à lui dire que je l'aimais. Je l'ai embrassé. Je l'ai soutenue alors qu'elle était prête à se laisser mourir. Mais je n'ai pas été capable de le lui dire. »

Nicolaï inspira, puis expira lentement. Parler lui faisait plus de bien qu'il n'aurait pensé.

Halystra écouta les paroles de l’humain. Visiblement la réponse qu’il donnait ne lui plaisait pas, comme si une vague de regret l’avait envahit, et comme tout bon humain, il chercha quand même à se justifier, trouver quelque chose pour moins culpabiliser. Pour le coup il n’avait rien trouvé de mieux que « elle l’aura sûrement compris »…Enfin, les humains pouvaient vraiment passer pour des êtres bizarres des fois. Avec tous les mots qui existaient dans leur langue….ils n’étaient même pas capable d’en utiliser la plupart pour communiquer entre eux ! Enfin.
Se levant, Halystra s’avança vers la porte.

- Et bien j’essaierai donc de la retrouver pour que tu le lui dises !

Sans rien rajouter d’autre qu’un sourire, Halystra quitta la chambre et retourna dans les appartements de son maître. Celui-ci était partit dans sa chambre, et elle n’osa pas aller le déranger. L’esclave se coucha sur le tapis du salon et se recroquevilla pour ne pas avoir trop froid pendant la nuit. Ses pensées ne cessaient de retourner la conversation qu’elle avait eut avec Nicolaï, elle cherchait un moyen de retrouver cette Aureane. Du moins un moyen pour que son maître accepte de l’acheter, si elle était toujours vivante, détail qu’elle devrait quand même vérifier.

L’aube arriva bien trop tôt pour l’esclave qui n’avait trouvé le sommeil que tard dans la nuit. Elle fut néanmoins ravie, en se levant, de voir que son maître dormait toujours. Retirant sa robe, elle se glissa dans le lit et le réveilla ‘a sa manière’ ! Ce qui se révéla être très efficace et qui occupa le seigneur Baenfere et son esclave quelques temps.

Lorsqu’elle se retrouva, haletante, la tête reposant sur le torse du mage, Halystra pensa que c’était sûrement le meilleur moment pour lui parler de cette Aureane. Au moins elle le savait d’assez bonne humeur en cet instant pour l’écouter jusqu’au bout.

- Maître…murmura-t-elle dans le creux de son épaule, l’humain a une compagne. Elle est ici au Puy, il me l’a dit hier. L’humaine a été faite esclave en même temps que lui et il semble totalement obnubiler par elle.

Halystra fit une pause en se redressant sur un coude pour fixer des yeux son maître et voir une quelconque réaction qui la ferait taire. N’y voyant rien qui ressemblerait à cela de près ou de loin, elle prit une légère inspiration en se collant contre lui de façon assez provocante.

- Si vous aviez cette esclave à portée de main, vous pourriez rendre l’humain plus obéissant, plus coopératif. Ainsi vous pourriez tirer de lui toutes les informations que vous souhaiteriez. Je pourrais m’occuper de la retrouver pour vous, maître.

La douce caresse des lèvres d’Halystra sur son corps réveilla Haldren de la plus agréable des manières… fidèles à leurs habitudes, le maître et l’esclave commencèrent donc leur journée par de tendres ébats. Lorsque, rassasiés (pour un temps), ils se retrouvèrent alanguis sur le grand lit, la tête d’Halystra reposant sur le torse du mage, la jeune drow parla de l’humain, du petit fils du Ditronw Da’re.

Une compagne ? Ainsi donc Nicolaï avait une compagne, capturée avec lui et esclave également au Puy ? Voilà qui changeait la donne quand aux plans du Ditronw Da’re, qui jusque là ne voyait le jeune homme que comme un pion unique… mais plus maintenant. Dans la partie d’échecs qui se jouait, une nouvelle pièce venait d’apparaître, pièce avec laquelle il lui faudrait compter.

L’amour… cet étrange sentiment que ressentaient les humains restait une énigme pour la mage. Le désir charnel, cela il comprenait, il suffisait de voir Halystra. L’affection même, car après tout son esclave comptait pour lui, et il n’aurait guère aimé devoir s’en séparer. L’amour était-il ce même sentiment, mais exacerbé, multiplié à l’infini ? Au fond peu importait au mage de comprendre ce qu’était l’amour, seul lui importait d’en comprendre ses conséquences.

Or si Nicolaï aimait réellement cette autre esclave, nul doute qu’il causerait des problèmes aux plans du mage par la suite. Surprenant comme les humains pouvaient perdre toute logique lorsque… l’amour… était en jeu, ils étaient alors prêts à tout mettre en jeu pour sauver l’être aimé. Une logique aberrante mais bien réelle, car au cours de sa longue vie, le seigneur du C’nros avait croisé un certain nombre de membres de cette race inférieure et avait constaté cette étonnante logique.

Réfléchissant, le drow se demanda ce qu’il aurait du faire dans le cas où il serait tombé amoureux d’Halystra. L’épouser sans doute, la sortir de son statut d’esclave… alors que cela aurait eu des conséquences désastreuses vis-à-vis de sa position. Un Prima Sanguis agissant ainsi… une idée grotesque non ?… mais à sa place un humain n’aurait sans doute pas hésité.

Et pourtant c’était ridicule. Il vivait avec Halystra, jouissait de son corps et de ses services, et en échange apportait confort et sécurité à la jeune femme. Ils s’appréciaient l’un l’autre et vivaient quasiment en couple, mais cela ne changeait rien à leur statut… il était le maître, elle l’esclave. Alors par Uriz, comment donc un sentiment comme l’amour pouvait-il faire changer un état de fait aussi satisfaisant ?

Renonçant à essayer de comprendre, le Ditronw Da’re repassa aux aspects pratiques de la chose. Halystra se proposait de chercher ce qu’il était advenu de l’amoureuse de son petit fils, et l’idée était bonne. Avec la préparation de la guerre en cours, Haldren n’avait pas le temps de s’en occuper et son esclave avait plus d’une fois montrer son autonomie et la fiabilité de son jugement. Oui, il pouvait lui faire confiance…

Déposant un baiser sur le front de sa belle, le seigneur mage répondit :

Une excellente idée Halystra… cette jeune femme rentrerait idéalement dans mes plans. Va voir D’Aring de ma part, et trouves ce qu’il en a fait.

Tandis qu’Halystra alla à la chasse aux informations, Haldren s’occupa des derniers préparatifs concernant l’offensive vers Fort Ellyrion. Quatre osts y participant, cela impliquait 1300 mages de guerres de mobilisés, et une charge de travail à l’avenant. Il venait de finir la rédaction de ses derniers ordres lorsqu’Halystra revint l’informer qu’Aureane avait été vendue à Felynda, la mère maquerelle de la lanterne Noire. Satisfait, le Ditronw Da’re sortit à son tour du bâtiment pour se rendre dans le bordel qui avait la réputation d’être l’un des meilleurs du Puy.

[Un autre RP traite de l’aventure d’Aureane à la Lanterne Noire… lien à venir]

Une jeune femme complètement apathique à la traîne, Haldren revint au C’nros. Il s’admettait surpris par la réaction… l’absence de réaction plutôt… d’Aureane. A aucun moment depuis qu’il l’avait récupérée la jeune femme n’avait eu la moindre parole, ni le moindre geste, si ce n’est pour le suivre lorsqu’il le lui avait ordonné. Un légume, voilà ce qu’il avait récupéré, un regard vide, des gestes mécaniques, mais plus rien d’humain.

Lorsqu’ils entrèrent dans le bureau du mage, Halystra se trouvait dans son bureau, aussi lui ordonna-t-il :

Fais venir Nicolaï, j’ai à lui parler.

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