Souviens-toi... [Vioron]

Le Puy était loin derrière elle, de même que Naelis. Des années, des décennies même de servitude, d'humiliation... Mais cela n'avait pas suffi à la briser. D'autres seraient devenus fous, aurait renoncé à retrouver la liberté un jour, mais Linaewen était d'une toute autre trempe. Pourtant, pouvait-elle affirmé qu'elle était la même qu'avant? Oh non, ça, elle le savait. Les traumatismes de l'esclavage l'avaient marqué, dans sa chair et dans son âme, modelant l'adolescente heureuse et naïve en une femme déterminée et calculatrice. Il lui avait fallu du temps pour concocter son plan, pour lancer un charme à Kahe, pour qu'il finisse par la vendre à Naelis où s'enfuir était devenu bien plus facile que dans les galeries sombres du Puy.

Il avait fallu alors plusieurs semaines à l'elfe pour se reconstruire. Elle avait profité de la charité des gens pour retrouver une allure et une silhouette décente. D'épouvantail, elle était devenue poupée. Elle s'était remplumée en mangeant à sa faim, ses cicatrices s'étaient estompées et l'argent gagné grâce à sa voix d'or et son talent lui avait permis de se vêtir de nouveau convenablement. Seul son regard restait hanté par l'horreur de temps à autres.

Mais Linaewen ne se satisfaisait pas de ce nouveau mode de vie.

De rien, elle voulait devenir tout, être à jamais à l'abri du mal et du besoin. Et pour cela, elle savait quoi faire... Les années avaient passé, mais la promesse demeurait, n'est-ce pas? A moins qu'il ne se soit marié entre temps, mais elle devait le voir pour le savoir.

Vioron.

Elle avait apprit qu'il était devenu Duc d'Eteniril par un étrange concours de circonstances. C'était parfait. Ils se connaissaient depuis leur plus tendre enfance et même s'ils s'étaient détestés car liés contre leur volonté par leurs parents, elle n'oubliait pas qu'ils avaient été amis auparavant... L'avait-il oublié? Il devait la penser morte et avoir retrouvé sa liberté. Que nenni! Sa fiancée était vivante et avait bien l'intention de faire valoir son droit.

Alors ses pas la menèrent jusqu'au palais d'Eteniril où elle fit jouer les lois de l'hospitalité pour se faire accueillir, moyennant une petite démonstration de son talent. L'intendant des lieux accepta et elle lui annonça qu'elle jouerait pour son seigneur si cela lui agréait. Il ne restait plus qu'à attendre le bon vouloir de Vioron. Elle s'était présentée comme Linaewen, barde de son état. Vioron ne pouvait pas deviner qui elle était, elle n'était pas la seule à s'appeler ainsi et elle était censée être morte.

Quelque part, Lin était impatiente de voir la tête que ferait son promis en la voyant réapparaitre et jouer pour lui.

Le fusain glissait avec une habilité née de l'expérience sur le papier velin. De sa pointe apparaissait des courbes et des lignes aux rondeurs suaves. Vioron ne savait vraiment pourquoi il faisait ce dessin, il savait juste qu'il avait envie de le faire. Un moyen comme un autre de cristalliser ce qui ne peut l'être. Comme une expiation...Un regret peut être.

Il ne sursauta pas lorsque Lùth vint frapper a sa porte, murmurant juste un "entrez" un peu absent. L'intendant se présenta devant lui, guindé et sage dans sa mise impeccable et lui annonça la venue d'une barde quémandant le gite et le couvert en échange d'un divertissement. Vioron soupira. En vérité, il n'avait pas vraiment la tête a ça mais peut être que cela ferait plaisir a sa soeur. Elle se plaignait assez de l'ennui qui la taraudait parfois devant le peu de vie sociale qu'avait son frère. Enfin, c'était exagéré de dire qu'il était ascocial, mais il n'aimait pas forcément se mêler a la noblesse du beau peuple. Surtout si c'était pour se retrouver en face de Dyarque de Daranovar et sa froideur polaire. Ils avaient raison tous, le peuple éternel se perdait. Sa tête n'était plus ce qu'elle était et le royaume s'éteignait. Vioron ne pouvait pas se plaindre de toute manière, il avait voté, contre son coeur, certes, mais pour une fois, il avait écouté sa tête.

Finalement, il posa son fusain et leva ses prunelles d'eau sur Lùth.

-Faites venir ma soeur dans ce cas, elle sera heureuse de ce divertissement.

dit il en se levant. Malgré son peu d'enthousiasme, il était de son devoir d'accueillir leur visiteuse, quelqu'elle soit. Pour une fois, il n'était pas a moitié déshabillé et seuls ses cheveux laissés libre trahissaient une journée de travail.

Il quitta son bureau pour suivre plusieurs couloirs baignaient dans le soleil couchant et rejoignit sa soeur dans un tournant. Celle ci lui sourit et exprima sa joie a l'idée d'entendre des comptines et des chants de leur race, chose qui n'arrivait pas très souvent, il fallait bien l'avouer. Vioron lui sourit a son tour, légèrement absent et pourtant charmé de son enthousiasme. Finalement, ils pénétrèrent ensemble dans une petite pièce reservée aux visites et aux soirées familliales. Le Seigneur laissa sa soeur le précéder et posa enfin les yeux sur la personne se trouvant là.

Elle était belle.

Comme tout ceux de leur race, mais elle avait quelque chose qui eveillait sa nostalgie sans qu'il ne puisse déterminer quoi...Comme un souvenir qui reste profondément enfoui. Finalement, il sourit légèrement en avançant vers leur invité, sa soeur a son bras.

-Bienvenue en Eterinil, Dame.

Il inclina légèrement le buste avant de continuer presque mécaniquement :

-Je suis le Seigneur Protecteur de ses terres, Vioron Aloderentariel et voici, Dame Faëlya Alodentariel.

Sa soeur laissa un large sourire naitre sur son visage mais garda la silence. Chose habituelle.

Fort heureusement, Vioron et sa sœur acceptaient de la voir et l'entendre jouer et elle n'eut pas à attendre trop longtemps avant d'être présentée à eux. Pour l'occasion, elle avait revêtu une robe de facture elfique bleue nuit, aux manches longues, si bien que seul son visage et son cou étaient visibles, ainsi que ses mains. Ses bras et son dos étaient constellés de cicatrices disgracieuses qui n'auraient pas manqué de faire s'interroger les badauds. Belle, Linaewen l'était, mais elle restait encore un peu trop mince, même pour ceux de sa race. Elle reprendrait sûrement du poids, mais il fallait laisser le temps effacer les traumatismes du corps pour qu'il puisse profiter de la nourriture. Ses longs cheveux noirs pendaient librement dans son dos, libres de toute entrave.

On avait conduit Linaewen dans une petite pièce où l'on devait recevoir les invités, sans aucun doute. Elle avait prit place dans une des sièges, son luth dans les mains, jouant distraitement avec les cordes en attendant. Inexplicablement, elle était nerveuse.

Enfin, la porte s'ouvrit et un couple entra. Elle se leva par politesse, les observant. Ou plutôt observant l'homme. Elle chercha à y distinguer les traits de l'enfant d'autrefois et ne reconnut que son regard, bien qu'il se soit endurci. Comme le sien. Mais ils n'avaient surement pas vécu les mêmes épreuves. L'adolescent qu'elle avait quitté avait laissé place à un homme séduisant et grand. Elle devait lever la tête pour le regarder dans les yeux. Il lui souhaita la bienvenue, avant de se présenter et de présenter sa sœur. Linaewen se fendit d'une jolie révérence.

- "Mon Seigneur, ma Dame, c'est un honneur que d'être ici et je vous remercie de votre hospitalité. Je ne suis riche que de ma voix et de mes doigts, ainsi que de ma mémoire, celle des bardes et je désire vous prouver ma gratitude par le seul talent que je possède."

Elle sourit doucement, fixant son regard dans celui du nouveau Seigneur Protecteur. N'éveillait-elle donc rien en lui? Elle avait tant changé... Un voile passa dans son regard, mais son sourire ne vacilla pas alors qu'elle s'asseyait de nouveau et reprenait son instrument, pinçant les cordes pour laisser s'échapper une douce mélodie, un air elfique connu... Une balade amoureuse.

Sans s'interrompre, elle lança :

- "Pardonnez-moi, toute à ma concentration de vous offrir un spectacle éblouissant, j'en ai oublié mes bonnes manières. Je suis Dame Chantdoiseau. Linaewen Chantdoiseau."

Linaewen... Si le nom était différent, le prénom était le même. Elle laissa Vioron assimiler l'information, la regarder d'un œil nouveau, chercher sa compagne de jeu d'autrefois et fiancée dans les traits de cette barde qui sortait de nulle part. Elle, elle joua, avant de laisser sa voix pure et aux accents chauds et passionnés prendre son envol et les emmener des millénaires en arrière.

Le Seigneur Protecteur sourit avec quelque chose de distrait. En effet son esprit dansait ailleurs. Le peuple éternel vivait l'un de ses tournants qui vous paraît insignifiant et qui pourtant porte en lui un boulversement sans précédent. Il s'ingéniait a sortir Joy de son esprit et, avec son image, sa culpabilité cuisante, laissant sa soeur répondre pour lui.

« Nous n'avons que peu l'occasion délicieuse de recevoir, mon frère est malheureusement très prit, aussi votre visite m' apporte-t-elle un peu d'excitation et de joie ! »

Baissant les yeux sur sa soeur, Vioron ne put retenir un sourire amusé. Ben voyons ! A l'entendre, il n'était qu'un vieux grabataire ayant perdu le goût de l'amusement et s'enfermant dans l'ennui et la bibliothèque. Merci pour ce vote de confiance !

Amusé, il accompagna sa soeur jusqu'à son fauteuil favori et prit place a son tour a ses côtés. La tête légèrement penchée sur le côté, la joue dans la main, le coude negligement posé sur l'accoudoir, il posa son regard clair sur la jeune barde. Enfin...jeune...C'était quelque chose de fortement relatif parmi eux n'est ce pas ? Il n'arrivait pas vraiment a se débarraser de l'impression étrange de la connaître sans arriver véritablement a mettre un nom sur ses souvenirs.

Linaewen...

Un prénom courant parmi les siens mais qui ramena un léger sourire nostalgique sur ses lèvres. C'était si loin...et pas forcément empllit de joie et d'insoucience. Machinalement, il porta son regard sur la fenêtre par laquelle s'étendait les rayons orangés du couchant. Peut être qu'a cet instant, si le destin en avait décidé autrement, il sera marié...Ou pas. Vioron n'avait jamais envisagé le mariage et n'était pas prêt de le faire, mais allez savoir, si le passé avait été différent...Ah voilà d'où venait cette impression ! De nouveau, l'iris pâle de ses prunelles accrocha le visage de la barde...Elle avait un je-ne-sais-quoi de son amie défunte. Peut être un pli au coin des lèvres ou alors cette façon adorable de plisser le nez...En réalité, il ne savait pas vraiment, une seule certitude demeurait, celle de sa mort. Car nul ne survivait aux sombres. Surtout pas leur cousin de la lumière...

Un léger soupir s'échappa de ses lèvres. Cette époque, maintenant révolue, avait été celle de la legerté et de l'enfance. Quelque chose de perdu.

Perdu dans ses souvenirs, il n'apprécia pas vraiment la balade qu'on leur offrait mais applaudit tout de même avec entrain lorsque la dernière note mourrue.

-Dame Chantdoiseau, je dois avouer qu'il m'a rarement été donné d'écouter une telle legerté.

Menteur ! Il n'avait pratiquement rien entendu oui ! Sa soeur, quand a elle, avait un large sourire sur le visage, preuve de l'enchantement des notes.

« Mon frère est trop pudique, c'était une véritable merveille ! N'est ce pas ? »
-Tout a fait.

Répondit en éclatant de rire, ce qui eut pour effet d'alléger grandement son humeur. Sa soeur avait ce pouvoir sur lui.

-Le château se fera un honneur de vous acceuillir pour le temps qu'il vous plaira, Dame.

Linaewen offrit un sourire radieux à la sœur de Vioron alors que celle-ci l’encensait et s’avouait heureuse de cette visite et de cette distraction. Cela faisait plaisir de pouvoir jouer pour des personnes qui appréciaient la musique et savaient la savourer. Et l’enthousiasme de la dame était presque communicatif. Un instant, la barde se surprit à tout oublier : son calvaire, ses objectifs… A renoncer à piéger Vioron et à l’épouser pour enfin être en sécurité et respectée… un instant seulement… Bien vite, la réalité la rattrapa et le spectre des Sombres plana dans son esprit.

- "Je suis ravie de vous apporter un peu de rêve ma Dame. Le rôle de Seigneur Protecteur est très prenant, je comprends que votre frère n’ai pas le temps pour ce genre de trivialité."

Pourtant, quel temps cela prenait-il d’inviter les artistes errants du beau peuple, tous plus doués les uns que les autres, et de se laisser charmer le soir au gré de leurs fantaisies ? Aucun, mais la jeune barde ne voulait pas offusquer Vioron. Vioron qui lui semblait plus sombre et introverti que dans son souvenir. Il avait grandi, vieilli, mûrit. Il était un homme et elle devait oublier l’enfant et l’adolescent, bien qu’ils lui fussent utiles pour débuter le rapprochement.

Alors, l’air de rien, Linaewen se présenta, laissant à son ancien ami et promis, le soin de se rappeler d’une enfant avec laquelle il avait joué. Elle lui laissa le soin de se rappeler le visage de cette enfant, de le laisser la regarder, superposer les traits de l’enfant disparue et de la barde et son esprit empêcher tout rapprochement entre les deux car elle avait été enlevée par les drows et tout le monde savait que personne n’en revenait.

Elle se mit à jouer, sous le regard émerveillé de la dame des lieux et celui, totalement absent de Vioron. Elle fut applaudie à la fin de sa prestation et complimentée par Vioron, puis par sa sœur. Linaewen se leva avec grâce et se fendit d’une gracieuse révérence.

- "Vous me faites trop d’honneur, mais les compliments sont toujours un ravissement à entendre et je vous remercie."

Vioron proposa alors à la jeune barde de rester au palais tant qu’il lui plaira et elle se fendit d’un sourire délicieux.

- "Merci Mon Seigneur, j’accepte avec plaisir."

Elle planta son regard clair dans celui du Seigneur protecteur avant de reprendre :

- "Alors, tu ne m’as toujours pas reconnue, n’est-ce pas ? Ni mon visage, ni mon nom ne t’aident à te souvenir de moi ? Six décennies m’auraient-elle effacé de ta mémoire ? Est-ce si long ?"

Elle s’interrompit un instant, s’approchant de lui, avant de dire de sa voix chantante, aux accents suppliants :

- "Souviens-toi Vioron…"

Il ouvrit de grands yeux. Ce ne fut pas vraiment les mots qui le choquèrent en premier lieu, non, c'est le soudain tutoiement. Une exclamation retentit et il baissa machinalement les yeux sur sa soeur en fronçant les sourcils. Que lui prenait elle ? Puis, les mots se frayèrent un chemin jusque sa conscience et l'azur de ses prunelles prit un chemin différent, plongeant sans vergogne dans celui de la barde. L'orage s'amoncelait, diluant le bleu pur pour en faire naitre un gris granit. Son front s'assombrit et sa stature sembla se figer. Il dévisagea longuement la jeune barde. Prenant un temp infini a disséquer ses traits un par un. De la lèvre inférieure au sommet du crâne. Oui, il existait une ressemblance. Une ressemblance troublante, il devait se l'avouer, mais la raison lui soufflait que ce n'était helàs pas possible. Leny, comme il se plaisait a l'appeller étant plus jeune, était morte. Et cela était préférable pour elle.

Lorsqu'il ouvrit a nouveau la bouche, sa voix chariait un froid glacial.

« Je ne sais pas a quoi vous jouez, Ma Dame – Il insista ironiquement sur ces deux derniers mots avant de reprendre- Mais la personne auquel vous faites référence est morte voilà plus de cinquante années maintenant. »

Il sentit les doigts de sa soeur se serrer convulsivement sur son avant bras, mais il n'en tient pas compte, continuant d'épingler d'un regard dur l'elfe osant proférer de tels mensonges.

« Elle fut enlevée dans la fleur de l'age et jamais on ne la revit. Ainsi vont les choses lorsque l'ombre des Sombres s'abat sur Anaëth. J'ai apprécié votre musique, vous ai offert l'hospitalité et vous me remercier par un mesonge grossier et honteux. »

Sa soeur tira un peu plus fort sur la manche de son frère. La pauvre ne devait rien comprendre a ce qu'il se passait. Elle n'était encore qu'un nourisson lorsque cette sombre histoire vint tacher de sang une vie paisible et tranquille.

« C'est une offense que je peux pardonner, mon intendant vous raccompagnera. »

Le visage taillé dans le marbre, il amorça un départ, vibrant de colère contenue, entrainant sa soeur éberluée dans son sillage.

Elle resta stoïque alors qu'il se figeait, que son regard se chargeait d'ombre et qu'il répondait d'une voix polaire qui manqua la faire frémir. Il ne la croyait pas. Elle ne s'était pas attendue à ce que cela soit facile, mais être rejetée de façon si violente lui faisait mal après tout ce qu'elle avait déjà enduré. Il voyait en elle une menteuse, la congédiait cavalièrement et allait la planter là, sans la laisser prouver quoique ce soit. Impulsive, retrouvant ses vieilles manières avec lui, elle le rattrapa et agrippa son poignet pour le forcer à rester. Elle aurait pu se taire et fondre en larmes, elle aurait pu rester de marbre et s'en aller, mais il n'en était pas question! Les drows lui avaient volé sa vie, elle voulait recouvrer son identité!

Elle le força à la regarder, plantant son regard dur dans celui de son compagnon.

- "Oui, elle a disparu il y a soixante ans, elle a été réduite en esclavage, violée, battue, humiliée! Mais elle n'est pas morte! Ils n'ont pas réussi à la briser et elle s'est enfuie finalement!"

D'un geste rageur, elle dévoila une épaule, livrant au regard du jeune seigneur des cicatrices rosâtres et une épaule frêle, qui avait été squelettique pendant sa captivité.

- "C'est moi Vioron! Je suis Linaewen! Je suis cette enfant qui jouait avec toi il y a si longtemps... Je n'ai jamais renoncé à ma liberté!"

Elle avait dit cela d'un ton rageur, des larmes perlant à ses paupières, qu'elle essuya rapidement avant de reprendre plus calmement, en le lâchant.

- "Je suis la petite Leny que tu faisais rager par ce surnom ridicule."

Elle esquissa un pâle sourire, cachant sa chair meurtrie et attendant, pleine d'angoisse et d'espoir, qu'il finisse par admettre la réalité.

- "J'ai tout perdu ce jour là : ma famille, ma liberté, ma vie... Tu es le seul à pouvoir me rendre mon identité, le seul à te souvenir de cette petite fille..."

Leny

Elle aurait pu se jeter a ses pieds, supplier, tremper ses chausses de larmes, il ne l'aurait pas cru. Elle avait attrapé son bras, l'avait forcé a la regarder. Elle avait affronter son regard bleu, dur et indébranlable comme la glace. Elle avait rejeté l'étoffe de sa robe sur une épaule meurtrie, il ne l'avait pas cru.

Leny

Il se figea, faisant lentement demi tour. Personne ne savait. Personne ne se doutait. Il était le seul a l'appeler ainsi. Moquerie d'enfance qui avait le don de la faire rougir de colère a son grand amusement. Personne ne savait. Personne ne se doutait. Leny, un surnom qu'il lui avait donné, c'était....eux.

«C'est impossible... »

Souffle tenu, suspendu a ses lèvres incrédules. Sa soeur, perdue, s'éclipsa doucement, lentement, laissant derrière elle une trainée de parfum fleurit. Indécis, ses prunelles scrutait le visage de la barde alors que ses lèvres répétaient :

« C'est impossible...Je prefère la savoir morte que.... »

Il n'acheva pas, il n'osait imaginer ce qu'elle avait vécu, ce qu'elle...Non, elle était morte....Non, elle vivait....Il secoua la tête, tentant de reprendre pied dans la réalité. Son teint avait palit, l'éclat azuré de ses prunelles semblait s'être éteint, perdu...Il leva une main, tendit un doigt délicat. Il toucha la peau douce d'une joue qui conservait quelque rondeur...Glissa une main sur son oreille laissant sa chevelure entrelacer ses doigts. Le bleu de ses yeux hésite, s'effrite et laisse échapper le doute transformer en certitude amère.

« Leny... »

Il l'attire contre lui, entoure la silhouette frêle et gracile de ces bras. Il ne veut pas savoir ce qu'elle a vécu parce qu'il sait que se serait insoutenable. Juste...peut etre sentir le parfum d'une amie que l'on croyait perdu.

Tétanisé, il était totalement figé suite à sa révélation. elle avait bien vu qu'il ne la croyait pas, pas même après avoir vu ses stigmates... Rien n'y faisait, alors elle s'était souvenue de ce surnom idiot, mais la seule chose qu'ils aient partagé, rien que tous les deux. personne ne savait, personne ne pouvait savoir, jamais la jeune fille ne se serait vantée de ça et Vioron n'avait aucun intérêt à le répéter en public. Leny, c'était la clé pour ouvrir la serrure de sa mémoire.

Il continuait à nier pourtant, son cerveau se rebellant contre l'impossible.

- "Improbable, pas impossible, rien n'est impossible, avec de la chance et de la volonté."

Le regard de la jeune barde avait prit une dureté minérale alors qu'elle arborait cette détermination farouche qui laissait voir à Vioron quelle force sont corps mince et fragile abritait. Elle avait survécu aux tortures, aux mauvais traitements, à la tentative d'annihilation de son être et en était ressortie plus forte... Et pourtant, à l'intérieur, bien caché, il y avait encore cette petite fille terrifiée qui hurlait et pleurait de peur... Elle voulait sauver cette petite fille, la faire grandir, la laisser s'épanouir et oublier... Mais ce n'était pas encore possible.

Sa gorge se noua quand il nia encore, n'achevant pas sa phrase. S'il refusait la vérité, c'était parce qu'il se rendait compte que sa camarade de jeu, sa fiancée, avait été violée, torturée et pire encore et que son esprit ne pouvait accepter l'horreur à l'état pur. Et cela la toucha. Il tenta un timide contact, avant de passer sa main dans ses cheveux et de la regarder avec un air de certitude douloureuse. Il avait accepté qu'elle était vivante, mais pas ce qu'elle avait pu subir. Il ne serait jamais à la hauteur de la réalité de toutes façons. Elle esquissa un sourire tremblant quand il l'appela Leny.

- "Je n'ai pas changé, je trouve toujours ce surnom ridicule et ne l'aime pas."

Mais le tremblement de ses lèvres se fit plus fort quand il la prit dans ses bras. Elle se raidit, par habitude d'avoir peur des hommes. Mais Vioron n'était pas un drow, Vioron ne lui ferait pas de mal, n'abuserait pas d'elle... Alors, elle se laissa aller dans les bras amis, enfouit sa tête dans son épaule et ne put retenir un énorme sanglot, bientôt suivi de larmes amères. Elle retenait tant de choses depuis si longtemps. Elle avait été forte, mais face à sa douceur, sa muraille s'effritait et les digues cédaient.

- "Vioron, je ne veux plus jamais être abandonnée, ne plus jamais vivre ça... S'il te plait..."

Protège-moi...

« Dommage, je l'aime particulièrement moi.. »

répondit il avec un léger sourire empreint de douleur et d'incrédulité. La réalité se disputait a l'incroyable dans son esprit et il avait beaucoup de mal a faire le tri. Alors il la toucha, pour se convaincre que se n'était pas un mirage. Elle fondit en larme contre son épaule. Fermant les yeux, il lui caressa doucement le dos.

« Ca va aller Leny. Arrête de pleurer, tu es rentrée a la maison... »

Phrase ambiguë mais parfaitement comprehensible. Elle avait été sa compagne de jeu, sa fiancée aussi même si ils avaient été trop jeune pour décidé si oui ou non, ils voulaient honoré ce lien. Vioron avait soutenu ses parents, dévastés par sa...disparition. Il l'avait toujours considéré comme sa famille, comme une autre petite soeur. Un peu têtue et envahissante d'ailleurs. Ce souvenir le fit sourire alors qu'il passait une main apaisante dans ses cheveux.. Il se fit la reflexion qu'elle était vraiment très mince et il eut presque peur de la casser en la serrant contre lui ainsi. Frêle et fragile oui, mais elle lui avait aussi démontré sa volonté et elle était de fer. Il ne voulait pas savoir comment elle avait survécu, ni ce qu'elle avait du faire, l'important était qu'elle soit revenue.

« Tu es ici chez toi tant que tu le voudras. »

- "Tu as toujours eu des goûts étranges."

Elle essayait de minimiser le drame qu'elle avait vécu, mais c'était impossible et la sollicitude de Vioron la fit craquer, se réfugier dans ses bras et pleurer tout son saoul.

Ça va aller...

Oui, ça devrait maintenant, elle était parmi les siens, avec un homme qu'elle avait toujours côtoyé, elle était loin des drows, de leur vilenie, de leurs tortures... Tout allait bien se passer, elle serait protéger et ne souffrirait plus jamais.

Alors pourquoi toutes ces images défilaient-elles dans sa tête à la rendre complètement folle? Ce n'était pas bon de s'écrouler ainsi. Cela la rendait plus faible et laissait les souvenirs affluer et tenter de la briser. Elle le supplia de ne jamais l'abandonner, faisant preuve de fragilité... Et d'une pointe de machiavélisme en se l'attachant grâce à sa détresse? Peut-être... Comment savoir?

- "Merci..."

Elle s'écarta, à regrets, et s'essuya les yeux, effaçant les larmes, l'horrible faiblesse.

- "Je ne suis pas venue ici pour pleurniche,r je suis désolée, je pensais avoir laissé cela derrière moi."

Elle lui offrit un petit sourire contrit.

- "J'ai manqué beaucoup de choses pendant ces soixante dernières années... J'aurais besoin que quelqu'un me mette au parfum."

Et ce quelqu'un, c'était Vioron, évidemment.

-J'ai un goût très sur au contraire.

Un sourire presque timide ombrait ses lèvres, chose étrange car il était rare qu'il hésita. Finalement, elle s'échappa de ses bras, revélant la force qui dormait en elle et ses mots lui arrachèrent un légère rire.

-Leny, je te connais assez pour avoir déjà vu tes larmes. Et je crois me souvenir que pleurnicher était l'un de tes jeux préféré.

Sauf qu'elle le faisait dans les jupes de sa mère et que la dite mère n'hésitait pas une seconde a remettre son fils malpoli dans le droit chemin. Vioron ne parla pas de ce qu'elle avait vécu. Le lui rappeler constament ne l'aiderait certainement pas a oublier. A la place, il prit le partit des souvenirs heureux...quelque part c'était une fuite. Quand il s'en sentirait la force, il se pencherait sur ce qu'elle avait pu vivre.

-Assieds toi va. Tu as faim ou soif ?

S'enquit il avant toute chose. Vioron s'assit après qu'elle ai accepté son invitation et soupira quelque peu, cherchant dans le plafond les mots qui manquaient.

-Soixante ans...Une vie d'homme.

Puis, il baissa le faisseaux bleu polaire de ses yeux sur Leny et sourit doucement. Son bras vola dans l'air, englobant leur environnement.

-Regarde autour de toi...Je n'étais pas destiné a ça tu vois. J'étais en terre humaine lorsqu'on vint me chercher, mon cousin avait disparu. Je n'avais pas d'autre choix que de reprendre le Protectorat. En vérité, je ne sais pas si je suis fait pour ça.

Il secoua légèrement la tête, amusé malgré lui. Non, il n'était pas fait pour ça. Ses convictions étaient en opposition a celles de leur roi et malgré cela, il avait du faire une entorse. Pour le bien du peuple. C'était nouveau pour lui ce concept.

-Me voici Seigneur Protecteur moi qui n'aimait rien d'autre que m'enfermer dans une forge...Un drole de destin.

Puis son regard s'aiguisa.

-Mais cessons de parler de moi. Dis moi Leny que comptes tu faire ?

Linaewen fit la moue, dubitative, alors qu'il assurait avoir bon goût, au contraire.

- "Ah oui? Et cela a toujours été le cas? Tu veux que je te rappelle quelques exemples de ton bon gout?"

Elle lui fit un sourire mi angélique, mi machiavélique.. Elle en savait des choses sur lui et pouvait fort bien le mettre mal à l'aise par une petite anecdote savoureuse... cela dit, la réciproque était également vraie, malheureusement. Mais cela ne l'empêchait pas de le chambrer. Et il ne manqua pas de lui rendre la pareille :

- "N'importe quoi! Tu étais un petit tyran, il fallait bien que je me défende avec les moyens du bord!"

Bon d'accord, pleurnicher pour un rien et faire de grands yeux larmoyants pour obtenir que Vioron se fasse punir n'était pas très réglo, mais terriblement efficace. Il lui proposa alors de s'asseoir et de se sustenter. Un mince sourire ourla ses lèvres, alors qu'elle répliquait, malicieuse :

- "J'ai l'air si chétive que ça?"

Oui, bon surement. Elle était mince, même pour une elfe. Donc maigre pour un humain. Quoiqu'il en soit, les larmes s'étaient taries et s'il restait des traces de pleurs sur son visage, il n'y en avait plus dans sa tête. Pour le moment. Elle réussirait à séduire Vioron.

- "Mais une peccadille pour nous autres, êtres immortels."

Et pourtant... Ces soixante années seraient les plus longues de sa vie. Plus longues que les mille ans à venir. Mais il ne fallait pas ressasser le passé. Elle demanda à Vioron ce qu'il s'était passé pour qu'il se retrouve Seigneur Protecteur.

- "Mon pauvre, quel terrible destin que voilà."

Sarcastique Linaewen? Non, quelle idée? mais gentiment, même si elle aurait préféré sa cage dorée que son trou dans le Puy. Mais elle ne s'y attarda pas. Il lui demanda alors ce qu'elle comptait faire. Elle n'allait surement pas lui avouer qu'elle voulait l'épouser et honorer le contrat de ses parents.

- "Je compte reprendre mes repères... Redevenir elfe e me faire connaître comme barde... j'aimerais entendre les foules m'acclamer, les voir, pleurer ou rire au son de ma voix et de ma musique... Je veux vivre, tout simplement."

Elle le regarda alors intensément :

- "M'aideras-tu?"

-Non merci !

Ria-t-il en levant les mains. Il se souvenait de quelques évènements qu'il n'aurait pas aimé voir révélés au grand jour. Il avait sa fierté que diable !

-Un petit tyran ? C'était toi la peste !

Ah oui et la reine des pestes même ! Il n'avait jamais comprit le désir de leur parents respectifs de les voir s'unir. Peut être parce qu'ils étaient amis depuis des siècles. Oui, c'était possible après tout. Mais enfant, ils s'entendaient comme chien et chat et pourtant...Il se souvenait avoir souvent cherché sa compagnie. Etrange sont les souvenirs de l'enfance, dure est le réalisme de l'age adulte.

Finalement, il lui proposa de s'assoir et de se sustenter. Après tout, il ne savait pas si elle avait pu manger correctement. Vioron aurait presque pu rougir devant l'exclamation de la jeune elfe, mais il se contenta d'opposer un sourire amusé.

-Excuses moi, mais tu es loin de l'embonpoint, Leny. Et ne me dis pas que tu cracherais sur un bon vin né de nos vignes.

susurra-t-il avec du rire dans l'iris bleutée de ses prunelles.

Quand elle l'interrogea sur ces dernières années, il se sentit presque...Perturbé. Oui, c'était le mot. Il ne mentait pas lorsqu'il affirmait ne pas être fait pour occupé la place de Seigneur. Dragan le faisait presque naturellement mais il avait été elevé pour, pas lui. C'était déstabilisant et...déroutant.

-Dans un sens oui. Tu crois quoi ? La richesse, un titre et un certain respect sont peu de choses comparés la frustration de...Laissons tomber. Je n'ai pas a me plaindre au final.

Juste qu'il se sentait prisonnier de sa charge. Il avait les épaules pour la tenir, mais le désir manquait. Finalement, il détourna la conversation et hocha la tête a la réponse de son amie.

-Oui, tu peux compter sur moi. Ta famille a toujours été tenue en haute estime du Conseil, et nuls n'a oublié les services rendu par ton père, Dyarque de Daranovar ne peut avoir oublié. Tu auras mon soutiens si tu désire retrouver ta place. Et je gage que l'on y perdra pas au change. Où as-tu appris a chanter ainsi ? Je me souviens que tu aimais additionner les fausses notes mais là, je dois dire que tu m'impressionnes.

Répondit il avec sérieux avant de laisser encore une fois le rire embrumer ses mots.

Son regard pétilla quand elle entendit le rire de Vioron. Elle retrouvait une complicité d'enfant... Non, pour être plus exacte, ils étaient plus complices qu'ils l'avaient été enfants. Ils s'étaient souvent chamaillés, pris le bec et avaient pinaillé sur le moindre détail. Qu'on les force à se marier plus tard avait altéré leurs rapports. Mais cela semblait loin maintenant et les adultes qu'ils étaient s'amusaient des enfants qu'ils avaient été. Quand ils étaient encore innocents. Quand elle l'était encore. Son innocence avait disparu violemment et brutalement.

- "Une peste, moi? Malotru, j'étais une adorable petite fille!"

Je ris de concert avec lui, sachant pertinemment que c'était faux. oui, j'avais été une peste, pourrie, gâtée, par ses parents. Fille unique et donc choyée.

Ils passèrent à autre chose, au présent... Il lui proposa de s'asseoir et de se sustenter et elle le charria à ce sujet, sans malaise. Pas la peine de toujours marcher sur des œufs.

- "Parce que tu penses que tu es monsieur muscle toi? Tu devrais manger un peu plus, tu es tout frêle."

Cela dit, à la mention du vin elfique, elle capitula :

- "D'accord, d'accord, tu marques un point là."

Du vin elfique... Cela faisait tellement longtemps qu'elle ne s'était pas régalée de ce nectar! Il n'y avait pas ça au Puy, il n'y avait pas ça à Naelis. Elle demanda alors ce qui l'avait mené à cette nouvelle vie et vit que cela ne le réjouissait pas. Ce qui n'étonnait pas la jeune elfe.

- "Te voilà enchainé à des responsabilités, alors que tout ce que tu voulais, c'est être libre de tes choix et de ta vie, non?"

Elle le comprenait, peut-être même mieux que personne. Elle comprenait sa frustration, lui qui adorait forger.

- "Tu as encore le temps de forger des armes ou des objets avec tout ça?"

Son regard pétilla, avant de se faire plus lointain à ses paroles concernant le chant.

- "Je ne chantais pas si mal!"

Il exagérait, elle avait toujours été douée, mais s'était perfectionnée ensuite, c'était vrai.

- "Tu sais, là bas... je n'avais rien d'autre à quoi me raccrocher. je n'avais aucun autre talent. J'étais assez frêle, pas très forte pour les tâches qu'on m'assignait. Alors j'ai perfectionné mon don. Encore et encore. J'avais vu ma mère faire des miracles avec... Je me suis toujours dit que je m'échapperais grâce à ce don. Et cela a fonctionné. J'ai changé de maître grâce à lui, échangeant une brute sans cervelle qui abusait de moi avec un homme vicieusement intelligent et puissant. Il ne me traitait pas si mal... j'ai fini par réussir à le charmer avec ma musique et ma voix, à le pousser à se débarrasser de moi. C'est comme ça que j'ai atterri à Naelis où il était plus facile de s'enfuir."

Elle haussa les épaules, ayant narré en quelques mots 60 ans de calvaire.

- "Alors maintenant, j'ai envie que mon don serve à faire de belles choses, à éblouir les foules, à rendre les gens heureux..."

Elle eut un petit sourire en coin.

- "Tu vois, il semblerait qu'il ai fallu que ma vie en dépende pour que j'apprenne à chanter correctement."

-Je mange c'est juste que...

Je suis un peu dérangé, eut il envie de dire, mais se serait avouer que son éphémère liaison avec Joy l'avait assez marqué pour lui faire perdre son bon sens. Que l'on ne s'y trompe pas, Vioron n'était pas amoureux de l'elfe, juste qu'il ne cessait de culpabiliser pour ne pas avoir su faire taire ses envies bien trop...Humaines pour eux.

-Lorsque je dessine ou forge, je perds toute notion du temps.

Mensonge en demi teinte. C'était vrai dans un sens, mais se n'était pas la raison de son trouble. Cela dit, ses problèmes lui semblèrent si...futiles, si..iréels par rapport a ce qu'elle lui raconta après qu'il se sentit presque honteux d'y avoir pensé.

-Oui, j'ai encore le temps. Eterinil est devenue l'antre des joyaux les plus prisés de la noblesse, tout comme ses forges approvisionnent les armées d'Aleändir. Non je n'ai vraiment pas a me plaindre de ce coté. Donc quelque part...Je devrais me satisfaire de ça, après tout, je fais ce que j'aime.

Et pourtant non, cela ne suffisait pas. Il voulait encore visiter le monde. Mais, il devait abandonner ce projet, du moins, tant qu'il était en charge d'Eterinil.

Il la taquina sur sa voix qui, il est vrai, avait toujours été superbe. Mais enfant, il se refusait a l'admettre, l'adulte ne dérogeait pas a la règle, sauf qu'il y mettait un bémol en louant sa maitrise au jour d'aujourd'hui.

L'azur de ses prunelles s'assombrient a mesure qu'elle parlait et il eut envie de la faire taire. Quitte a la baillonner. Il eut envie oui, mais se retint. Peut être avait elle bseoin d'en parler...Il soupira, la colère grondante au coeur de ses prunelles glaces.

-Ta mère était capable des plus belles prouesses en chantant...

murmura-t-il presque songeur, bien qu'il n'avait pas l'esprit perdu dans le passé.

-Je comprends.

Finit il par dire, oui, il comprenait ce besoin de plaire, de voir son oeuvre ravir les foules, de regarder ces « enfants » devenir convoitise et amour. Le désir de tout artiste en vérité. Il regarda son sourire et y répondit presque par automatisme.

-Tu ravira la cour d'Alëandir dans ce cas.

Il se mordilla la lèvre.

-Je n'arrive toujours pas a croire que...

Il ne fini pas sa phrase, c'était inutile et elle le savait autant que lui...

-Par Kyria Leny !

S'exclama-t-il soudainement, les poings serrés.

- "C'est juste que...? Tes soucis te coupent l'appétit?"

Quels soucis? Privés ou concernant son statut? Elle n'en savait rien et ne l'avait pas vu depuis trop longtemps pour se permettre de deviner. Elle pouvait le pousser à la confidence, mais doutait qu'il lui parle. Elle était une étrangère après tout. 60 ans, c'était long et ça pouvait changer les gens... Elle-même avait changé et pas forcément en bien, malheureusement.

- "Je suis contente sue tu puisses continuer tes passions... tu me feras l'honneur de me montrer?"

Il avait toujours été doué en dessin... Moi en chant et en musique, lui en dessin et en forge. Les années avaient du voir son don se développer et devenir encore plus aiguisé. J'étais curieuse de découvrir ce qui pouvait naître de son esprit et ses mains.

- "Tu n'as pas l'air épanoui Vioron."

Non, il ne l'était pas, ni satisfait de sa vie et elle le plaignait quelque part. Il la taquina alors que son chant et elle lui répondit, le plus sérieusement du monde, en lui narrant son calvaire, en version édulcorée... très édulcorée, mais l'imagination faisait le reste. trop sans doute, elle vit Vioron se fermer, comme se contenant à l'évocation de son calvaire. Il parla de sa mère, louant son don, avant de la complimenter et de l'encourager.

- "J'y compte bien."

Il se tendit alors, incapable de terminer sa phrase, avant de s'exclamer. Elle leva le regard vers lui, avant de murmurer d'une voix douce, chantante et apaisante :

- "C'est le passé Vioron. Ni toi, ni moi ne pouvons l'effacer. Mais nous pouvons faire de notre avenir quelque chose de bien plus beau. Les cicatrices me rappelleront à jamais ce que j'ai vécu, mais je refuse de me soumettre aux souvenirs, de pleurer toutes les nuits de peur. Ils ne gagneront pas. Je suis libre et je vivrai ma vie comme je l'entends et pas comme une ombre tremblotante."

Non, elle ne perdrait pas cette bataille et cela se voyait dans le pli déterminé de sa bouche. Elle s'approcha de Vioron, lui caressant la joue d'une main légère.

- "N'y pense plus."

Puis, elle se hissa sur la pointe des pieds et lui embrassa délicatement la joue.

- "Et si tu me montrais ce que tu sais créer? Je suis curieuse de voir si tes créations sont plus solides désormais."

Des soucis ? Bah, il ne pouvait pas vraiment appeler ça comme ça. C'était autre chose mais il avait promis de ne rien en dire et il tiendrait sa promesse.

-Rien de bien grave va, tant que cela ne m'empêche pas de dormir de temps en temps.

Fit il avec un léger sourire amusé. Comparé a beaucoup d'elfe, Vioron dormait pour le plaisir de dormir, non pour se reposer ou autre, juste pour le plaisir de s'évader dans les songes. Concept un peu étrange mais qui était le sien.

-Si tu veux oui, bien qu'en général, je ne laisse personne entrer dans ma forge personnelle.

Son sourire s'était élargi. Il était fier de son travail mais le gardait jalousement caché tant qu'il n'était pas satisfait et ça...malheureusement, ça n'arrivait pas souvent il fallait l'avouer. Il haussa un sourcil lorsqu'elle lui trouva un air...comment dire, et bien malheureux. Un coin de ses lèvres de releva.

-J'ai du mal a me faire à l'idée de ne plus pouvoir parcourir Miradelphia comme j'ai pu le faire auparavant mais se n'est pas comme si le temps m'était compté n'est ce pas ?

Il avait essayé de faire abstraction de ce qu'elle avait pu vivre, mais n'en était pas réellement capable. Les pires rumeurs couraient sur les Sombres et il savait que les trois quart étaient vraies. La lie de leur race, leur excréments pouvait on dire. Ils avait soif de vengeance, soif de pouvoir, étaient dévoré par l'ambition et consummé de haine. Alors lorsqu'une elfe tombait entre leur main...

Lin le rassura quelque peu, lui assurant qu'elle voulait laisser tout cela au passé et Vioron admira la force de caractère qu'elle possédait. Peu aurait réagit ainsi, certain se serait allé a la folie et aurait couru dans les bras de Tyra.

-Depuis quand es tu devenue si forte ?

Fit il avec un sourire insondable aux lèvres. Bien qu'en vérité, elle l'avait toujours été mais cette fois, elle était révélée au grand jour. Il ferma a demi les yeux a son baiser et se souvint du même baiser donné il y a un siècle. Quand il lui avait offert une fleur pour qu'elle arrête de pleurer. Elle réclama a voir ses forges et il se leva. Dépliant sa haute silhouette d'un mouvement énergique et souple.

-Mes créations ont toujours été solides ! Tu es de mauvaise foi !

Ah oui ? Vraiment ? N'était ce pas plutôt lui qui était de mauvaise foi là ? Il sourit avant de l'emmener avec lui a travers les couloirs du palais jusqu'à son atelier. Il regnait toujours une chaleur d'enfer dedans et la bouffé d'air brulant qui lui sauta au visage assécha instantanement sa bouche.

-Je suppose que seuls les bijoux t'interressent ?

Demanda-t-il mutin et malicieux, il ne la voyait pas réclamer a voir des épées et des dagues d'apparats.

- "Chacun a ses démons..."

Elle avait lâché cela comme ça, sans vraiment faire attention. Elle devait se douter inconsciemment que c'était plus que des petits soucis de Protecteur. Vioron avait ses secrets, Linaewen les siens.

- "Alors je suis une privilégiée?"

Elle lui offrit un joli sourire, un brin charmeur. Privilégiée, elle l'était, de par son statut d'ancienne compagne de jeu et fiancée. Ils avaient partagé tant de choses... Elle le connaissait bien, mieux que beaucoup de personnes de son entourage, même si 60 ans les avaient séparé.

- "En effet, tu as le temps de voyager. Tu n'es pas enchainé à ces terres Vioron, trouve quelqu'un en qui tu as confiance, délègue lui tes fonctions et évade-toi. Peut-être pas maintenant, mais plus tard. Tu as besoin qu'on te lâche la bride."

Si elle évoqua sa vie chez les drows, elle décida de passer à autre chose et assura à son ami qu'elle allait bien et voulait aller de l'avant, ne pas laisser les drows gagner en lui pourrissant sa vie. Elle sourit quand il lui demanda quand elle était devenue si forte.

- "Depuis que j'ai décidé que personne ne me volerait ma vie et qu'il ne tenait qu'à moi de la reprendre en main."

Non, plus jamais elle ne se laisserait marcher dessus, humiliée. Elle ne ferait que ce dont elle avait envie. Elle s'enthousiasma alors pour les créations de Vioron, non sans lui balancer une petite pique bien sentie, en juste retour de ses moqueries sur sa voix d'enfant.

- "Et toi, tu as la mémoire courte."

Elle rit doucement, avant de suivre l'elfe jusqu'à sa forge. Il faisait une chaleur infernale là dedans.

- "J'avoue, je préfère les bijoux, mais je serais curieuse de voir également les armes que tu forges."

Sujet: Re: Souviens-toi... [Vioron] Dim 17 Oct 2010 - 8:23

-On peut dire ça oui.

Murmura l’elfe l’’esprit un peu ailleurs. Il n’était pas du genre a s’étendre sur ses problèmes de toute manière, quoique là, il risquait de choquer plutôt qu’autre chose. La tromperie n’était pas monnaie courante chez les elfes. Vu le temps qu’ils mettaient a se décider a se marier, d’ailleurs, il ne comprenait toujours pas les raisons qui avaient poussé Joy a se jeter a son cou, ce n’était pourtant pas dans sa réputation. Enfin, il n’aurait sans doute jamais de réponses a cette question de toute manière, la Protectrice lui avait bien fait comprendre qu’il n’avait rien a attendre d’elle, et surtout pas des explications quelqu’elles soient.

Leny demanda a voir son atelier personnel et ce fut une demande qu’il ne pouvait pas refuser, avec un demi sourire, il la renseigna sur la rareté d’une telle acceptation et son sourire s’élargit lorsqsu’elle argua son privilège.

-Oui, tu as raisons.

Bien que la dernière qui avait eut cet honneur avait bafouée le sien de manière sulfureuse.

-Lùth se débrouille sans moi, mais je ne peux pas partir pour l’instant, la défection du précédent Seigneur Protecteur est encore trop présent dans l’esprit du Conseil.

Répondit il sans pour autant exprimer une quelconque amertume. Il devait faire avec et n’avait pas spécialement le choix, Vioron doutait que Dyarque le voit parcourir les routes humaines d’un œil serein.

Il y avait une sorte d’admiration fraternelle dans les yeux du Seigneur lorsque son amie affirma avec une volonté d’acier avoir voulu reprendre sa vie en main. Oui, elle était devenue forte, bien plus que lui, il ne pouvait en douter. Elle avait vécu des choses qui ne méritaient pas d’être nommées, de la douleur et pire encore, il l’admirait d’avoir su en faire une force, d’autre serait devenu fou !
Puis, ils se levèrent sur un échange amical, retrouvant un peu de ce qui les avaient lié en étant enfant, et Vioron guida son amie retrouvée vers sa forge. Comme toujours la chaleur les prit a la gorge, mais habitué comme il l’était, il se contenta de défaire quelques boutons de sa chemise tout en souriant amusé.

-Et bien nous allons commencer par les armes dans ce cas, gardons le meilleur pour la fin !

Lui saisissant le coude, il la guida dans le coin gauche de la pièce, là, étalés sur une table de bois finement sculptée, de magnifiques dagues, toutes des pièces uniques bien sur, certaines d’or, d’autre d’argent, mais toutes possédaient ces déliés presque aériens propre a ses œuvres. Chacunes étaient une commande spéciale et Vioron avait déversé dans chaque d’elle un peu de lui. Elles n’étaient pas d’une richesse vulgaire non, ni ostentatoire, mais elles en imposaient de par leur délicatesse et leur beauté suave.

-Chacune est unique, elles reflètent le désir de leur futurs propriétaires. Du moins, je l’espère. Il n’est jamais évident d’en comprendre les rouages parfois. Et ici…

De nouveau, il s’empara de son coude et, cette fois, l’entraina dans le coin opposé. Sur des étagères recouvertes d’un fin velours sombres dormaient une tiare aux reflets lunaires, agrémentée de discret saphir et de fins fils de Mitrhil.

-Je crois que je dois être le seul a pouvoir me vanter de travailler le Mitrhil, les nains en garde les secrets farouchement.

Sujet: Re: Souviens-toi... [Vioron] Lun 22 Nov 2010 - 18:25

- "Il s'est passé tellement de choses pendant mon... absence. Tellement de changements..."

Ce n'était pas une plainte, juste une constatation. Elle n'était pas du genre à se plaindre et ne cherchait pas non plus à mettre Vioron mal à l'aise en lui rappelant sans cesse ce qu'elle avait vécu. Elle avait bien perçu l'éclat de ses prunelles toute à l'heure et elle ne voulait pas inspirer la pitié. Seulement, tant de personnes qu'elle avait connu avaient aujourd'hui disparu... La royauté elfique avait changé de lignée et de visage. Ce qui avait été immuable pendant des siècles avait brutalement changé en quelques années. La faute aux drows et leur soif de revanche. Elle ne les connaissait que trop bien.

Elle affirma pourtant qu'elle ne se laisserait pas dévorer par la douleur, par les souvenirs. Ses nuits ne seraient pas hantées par le souvenir de ses sévices, par le visage de Kaherith. Elle avait retrouvé la liberté physique, ce n'était pas pour rester prisonnière mentalement de ses tortionnaires. La plus belle revanche était de reprendre le cours de sa vie, comme si de rien n'était. Oui, elle avait une volonté de fer, mais cela suffirait-il? Vioron l'aiderait-il à se reconstruire?

Elle accepta de se laisser guider dans les forges et fut surprise de la chaleur qui y régnait. Mais pour quelqu'un qui avait passé la majeure partie de sa vie au sein d'un volcan, ce n'était pas si dérangeant que cela. L'air frais des forêts elfiques lui paraissait presque froid désormais. Son corps était totalement déréglé. Il l'entraina d'abord vers les armes. Pour avoir été esclave d'un guerrier, elle savait reconnaître la beauté d'une arme et surtout son efficacité. Certains arboraient parfois des armes outrageusement luxueuses et faites dans des matériaux improbables qui les rendaient mal équilibrés, difficilement maniables et plus fragiles. Là, ce n'était pas le cas. Doucement, elle se saisit d'une dague effilée et la soupesa, caressant la lame de ses doigts fins et graciles.

- "Magnifique..."

De beauté, d'équilibre... Mais elle reposa la dague alors qu'il l'entrainait plus loin, lui montrant une tiare absolument sublime... Elle n'avait jamais rien vu de tel. De nouveau, elle approcha un doigt fin, mais s'arrêta à quelques millimètres de l'objet. Elle tourna un regard fasciné et fier vers Vioron.

- "Je ne te pensais pas si doué, tu as tellement progressé... Tu allies la force à la beauté, le talent à l'art... Je suis certaine que l'acier doit chanter quand tu le travailles..."

Elle soupira et sourit.

- "La dame à qui est destiné ce cadeau a beaucoup de chance."

Son sourire se fit espiègle.

- " Et ça doit coûter une petite fortune non?"

Sujet: Re: Souviens-toi... [Vioron] Mar 11 Jan 2011 - 1:30

« En vérité, elles sont rarement destinées a combattre, mais elles ne dénoteraient pas en cas d’affrontement. »

Souriais je en la regardant soupeser une dague, la faisant tourner dans ses mains. Celle-ci était simplement ouvragée, j’étais capable de faire beaucoup plus ostentatoire, mais il m’arrivait d’en faire certaine pour mon plaisir, qu’elles trouvent acquéreur ou non d’ailleurs.

Puis je l’emmenais devant les bijoux, arguant qu’elle y serait sans doute plus sensible étant une femme. Etrangement, elle s’arrêta devant la tiare. Il était vrai que j’avais passé beaucoup de temps a la dessiner a en imaginer chaque esquisse, chaque courbe. Elle n’était pas parée de milliers de pierre précieuse et c’était sans doute ce qui en faisait la beauté. Juste le mitrhill qui scintillait doucement au soleil et une pierre de lune artistiquement fichée au centre d’un entrelat vaporeux.

Je souris avec un rien de fierté, parce que s’entendre louer fait toujours plaisir, surtout par elle. Peut être ce qui nous liait. Je ne savais pas si l’on pouvait retrouver l’entente qui était la notre autrefois. Tant d’années, de changements, on avait grandit, murir sans doute. Je vis son regard briller devant la tiare, captait même son geste pour la toucher. Tendant une main, je la pris délicatement entre mes doigts avant de la poser sur ma paume et de la lui tendre.

« Il n’est destiné a personne en particulier. Tu veux l’essayer ? »

Taquin, affectueux, ma voix laissait entrevoir un peu de tout ça. De toute manière, ce n’était pas une commande juste mon bon plaisir. Je ris lorsqu’elle me parla du prix.

« Certainement, c’est une pièce qui restera unique.. »

Mais si cela se trouve, je ne la vendrais jamais. J’étais parfois possessif avec mes œuvres, possessif et égoïste, je devais bien l’avouer.

Sujet: Re: Souviens-toi... [Vioron] Mar 11 Jan 2011 - 22:07

- "Je doute que tu ne fasses que de l'apparat..."

Non, cela alliait la beauté à l'utilité. A quoi bon forger des armes qui jamais ne servent? Beaucoup ne sortaient que rarement du fourreau, mais se promener avec des armes qui n'étaient pas assez solides ou pas assez précises ne servait à rien d'autre qu'à se faire tuer... Peut-être avait-elle trop longtemps vécu au Puy, oubliant qu'ici, les elfes ne se battaient que rarement en dehors d'un campagne... Il n'y avait pas besoin d'être armé pour vivre en paix, les dangers étaient plus rares en Anaëh. Jusqu'à quel point son expérience avait-elle changé sa façon de voir les choses? Était-elle encore une fille du peuple éternel après tout cela? Cette interrogation restait sans réponse et avait le don de la plonger dans une certaine mélancolie qu'elle cherchait à chasser par tous les moyens.

Il l'attira vers les bijoux. Elle restait une femme, sensible à la beauté de ces œuvres faites pour rehausser la beauté de leur porteuse. Son regard s'attarda sur la tiare, magnifique de simplicité et de beauté épurée. Elle en fit d'ailleurs compliment, avant d'envier la dame qui recevrait ce cadeau. Vioron avait-il une fiancée? Elle le savait non marié, mais son coeur avait-il quelques inclinations? Elle espérait que non...

Hésitante, elle tendit la main vers la tiare et Vioron s'en empara, avant de la lui tendre, lui proposant de l'essayer. Elle parla du prix de l'objet et il approuva en parlant de pièce unique. Elle leva ses yeux bleus vers lui, avant de tendre une main aux doigts extrêmement fins vers la tiare. Sa main lui semblait ridiculement fine comparée à celle de Vioron. Elle était une elfe, donc fluette de nature, mais les mauvais traitements et les privations l'avaient rendus encore plus maigre que la plupart de ses congénères. Fragile, délicate... Et pourtant si forte dans sa façon de survivre et de vouloir vivre. Doucement, elle prit la tiare, avant de la poser sur sa tête, délicatement.

- "Alors?"

Elle sourit, tournant sur elle-même pour qu'il admire le résultat.

- "Un miroir serait le bienvenu, que je me rende compte de moi-même de l'effet que cela donne."

Sujet: Re: Souviens-toi... [Vioron] Jeu 13 Jan 2011 - 10:23

« Et pourtant cela m’arrive assez souvent. »

Répondit il en haussant une épaule désinvolte. Parce que parfois, le commanditaire ne voulait que du beau, de la richesse et l’installation de pierre rendait l’arme lourde, équilibrée certes, mais difficilement maniable. IL n’était pas faux de dire qu’il était quelque part fier de montrer ces œuvres a Lyne. Son avis revêtait une importance assez étrange au vu de ce qu’ils avaient vécu. Même si au final, ce que lui avait vécu n’était rien comparé a elle. Mais il préféra ne pas y penser, l’entrainant vers les bijoux. Il ne fut pas tellement étonné de la voir tomber en extase devant une tiare. Lui-même disait avec fierté qu’elle était l’une de ses œuvres les plus réussit.

A quoi pensait il en la dessinant ? Maintenant, il ne savait plus vraiment, mais l’important n’était pas là, non l’important était dans ce qu’il voyait lorsqu’il regardait ces lignes et sa pureté. Finalement, il la tendit a son amie qui, bien qu’hésitante, ne résista pas a l’envie de l’essayer. Il la regarda faire, agencer la tiare de manière presque absente sur sa chevelure et finalement, fit une pirouette en lui demandant de juger. Il laissa s’écouler quelques secondes sans rien dire, se contentant de l’observer ainsi parée. Elle demanda un miroir et Vioron tourna légèrement la tête sur la droite avant que son regard ne tombe sur ce qu’il voulait. Un petit miroir a main d’argent, il le lui tendit avec un demi sourire pour qu’elle puisse s’admirer tout son saoule.

Elle était belle ainsi parée, il ne pouvait le nier et cela lui apparut comme une évidence soudaine.

« Garde là. Il semblerait qu’elle soit faite pour toi. »

Pas de doute, la tiare semblait se fondre dans la chevelure tout en en rehaussant l’éclat ténébreux. La pierre tombait parfaitement, alliant sa couleur a celle de ses yeux. Oui, qu’elle la garde, elle ne trouverait meilleur possesseur.

Sujet: Re: Souviens-toi... [Vioron] Jeu 13 Jan 2011 - 18:22

- "Tes clients n'ont pas assez l'occasion de croiser le danger..."

Ou bien c'était elle qui voyait le mal partout et pensait qu'il fallait se promener avec une arme fonctionnelle, même au cœur d'Anaëh? Cela restait possible et elle lança un regard d'excuses à Vioron, comme si elle avait dit une ânerie. Ce qui était sûrement le cas. Pour autant, la royauté s'était effondrée, tous les membres de la famille royale ayant été tués, torturés, kidnappés et achevés par les drows... C'était bien qu'on ne pouvait se sentir en sécurité nulle part.

- "Désolée, j'ai tendance à voir le mal partout."

Même quand il n'y avait pas lieu. Mais l'apparait, cela lui semblait si... superficiel. Son peuple ne pouvait pas l'être à ce point n'est-ce pas? ils étaient censés être sages, pragmatiques... En oubliait-elle elle-même comment étaient les siens? Faisait-elle encore seulement partie du Peuple Éternel après en avoir été arrachée et avoir vécu plus de la moitié de sa vie au fin fond d'un volcan? Sans verdure, sans soleil...

Mais qu'importent les armes quand on pouvait admirer des bijoux de toute beauté? Vioron avait des doigts de fée pour réaliser de tels chefs d'œuvre de minutie et de précision... Les entrelacs arachnéens étaient d'une exquise beauté. Captivée, elle observait la tiare, alors qu'il lui proposait de la porter, ce qu'elle fit sans se faire prier, mais avec une hésitation née d'une timidité nouvelle à porter telle merveille.

Quand elle réclama un miroir, il lui en fournit un et elle put observer son visage d'albâtre, légèrement émacié, ses grands yeux bleus, sa chevelure noire et la tiare, si assortie à son regard. Regard qui s'embua de larmes, alors qu'elle reposait le miroir et ôtait le bijoux.

- "Je ne peux pas accepter. C'est un cadeau trop précieux... Je n'ai jamais rien eu d'aussi beau, je ne peux pas..."

Elle lui tendit la tiare, suppliante. Enfant, elle avait porté de jolies tenues. Avant de se contenter de robes grossières quand elles n'étaient pas chiffon au Puy. Finalement, elle n'avait jamais rien eu à elle, si ce n'est son instrument de musique. Alors acquérir cette tiare somptueuse, digne d'une princesse, gratuitement... Non, c'était trop pour l'elfe au passé volé.

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