« Randonnée...» Ou parcours du combattant ? [ Nicolaï & Aureane ] { Terminé }

Suite de Une randonnée dans les montagnes

Jour 6

Le désert. C'était la partie que Je'skar redoutait le plus. Après il ne s'agirait que de les mettre sur un bateau direction la péninsule humaine et son travail serait terminé. Si dans les montagnes il pouvait se repérer, il en était autrement dans le désert... Une malheureuse tempête de sable et tous vos repères volent au vent. Puis, on racontait beaucoup de choses sur le déserts... Les créatures maléfiques qui y vivraient. Comment se défendre dans un espace tel que celui ci ? Comment choisir ou monter le camp ? Leurs rythmes allaient changé. Ils dormiraient aux heures les plus chaudes et voyagerait toute la nuit. S'en était décidé, le drow voulait arrivé au village côtier qu'on lui avait indiqué au plus vite.

Je'skar avait réveillé les deux humains au milieu de la nuit, bien avant le levé du soleil. Ils devaient profité de la fraicheur pour avancer. Ils les fit se couvrir la tête de tissus - inutile qu'ils attrapent une insolation en plus. A peine quelques heures être partis, ils ne distinguèrent plus du tout les montagnes. Dès que le soleil commença à frapper, ils descendirent de cheval pour ne pas les fatiguer outre mesure et finirent par s'arrêter en début d'après-midi. Ils reprirent leur route quelques heures plus tard... Peut-être Je'skar oublait-il que les humains avaient besoin de plus de repos que lui.

Jour 7

Ils avaient marché toute la nuit et les humains commençaient à traîner la patte. Rien à faire, le drow ne voulaient pas s'arrêter... Lequel des deux tomberait le premier ? Le petit humain ou la jeune femme ?

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Ombre fugace
Maître de ton destin

-Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D.
Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/

Le sable.

Un océan de sable qui s'étendait sans discontinuer à perte de vue. Pas de doute. Ils avaient bel et bien quitté les montagnes pour entrer dans se qu'on appelait les Terres Stériles. Nicolaï s'essuya machinalement le front pour chasser la sueur qui lui coulait sur la visage. Cette chaleur était tout à fait insupportable. Le pire étant qu'ils n'étaient même pas aux heures les plus chaudes.

Avancer à pied dans tout ce sable était difficile. Il avait tendance à se dérober sous vos pied et une fois que vous aviez réussi à y prendre appui, vous vous êtes enfoncé jusqu'à mi mollet dedans. Il fallait alors tirer pour s'en dégager. Une telle avancée nécessitait un effort constant. Pour sa part, Nicolaï parvenait encore à tenir le choc. Il était relativement en forme et les tâches physiques ne lui faisaient pas peur. Pourtant, le fait qu'il ne parviendrait pas au bout de ce voyage commençait à s'immiscer dans sa tête.

Le manque d'eau était terrible. Le manque de sommeil aussi. Je'skar ne les laissaient se reposer que quelques heures. Avait-il seulement conscience de la fragilité des humains? À ce rythme, ni Aureane, ni Nicolaï ne serait capable de tenir la distance.

Ils avançaient aux heures les plus fraiches et dormait aux heures les plus chaudes. Mais de toute façon, les astres semblaient se moquer d'eux et prendre plaisir à les torturer.

Le jour, le soleil était hardant et brulant, la chaleur leur faisant tourner la tête. La nuit, la lune était froide et glaciale. Ils claquaient alors de dents, grelottant et transit de froid.

Il y avait ce vent aussi. Un vent qui aurait put les rafraichir un peut. Mais non. Celui-ci charriait du sable qui leur fouettait le visage. Afin de palier à cela, ils avaient tout les trois revêtu d'épaisses tuniques qui les recouvrait intégralement y comprit la tête et le visage. De leur peau, on ne voyait absolument rien. Pour qu'ils puissent quant même voir se qui se passait, le maillage de la toile qu'ils avaient au niveau du visage était relativement peu serré. Cette tenue arrêtait le sable la plupart du temps. Mais il y avait toujours des grains plus petit que les autres qui passaient quant même au travers du tissus et venait leur fouetter la peau.

L'enfer. Ils avaient trouvé l'enfer.

Quel jour étaient-ils? Est-ce que c'était le jour ou la nuit?

Nicolaï ne le savait même plus. Était-ce la soif, la chaleur ou la manque d'eau qui l'affaiblissait à ce point? Il n'en savait rien pour tout dire et se contentait d'avancer droit devant lui. Combien de temps s'écoulerait encore avant qu'il ne s'effondre, succombant au manque se sommeil et à la chaleur?

Le chevalier regarda à côté de lui et aperçut Aureane. La jeune femme paraissait plus exténuée encore que lui. Il fallait avancer. Ils le savaient tout les deux et seul sa volonté de ne pas rester à la traine lui permettait de tenir sur ses jambes qui à chaque pas semblaient devenir plus fragiles.

Il fallait qu'il tienne. Pour elle. S'il n'était plus là, qui la soutiendrait? Je'skar? Nicolaï n'y croyait pas un seul instant. Leur guide semblait peut-être s'être un peu attaché à eux. Mais il ne les aimaient pas pour autant.

Il fallait tenir. Tenir et avancer.

Nicolaï planta à nouveau son pied dans le sable pour faire un pas de plus en avant.

Maudit sable.

On peut toujours faire un pas de plus. Un pas de plus, ce n'est rien du tout. Et puis un autre, encore un autre. Mais l'essentiel, se répétait Aureane c'était de faire juste un pas de plus, à chaque fois. Pour le moment, elle y arrivait. Malgré la chaleur, malgré le froid glacé, malgré le vent, malgré, surtout, son épuisement qui l'empêchait de réfléchir correctement. Tout son corps lui faisait mal, elle avait constamment soif, la faim était moins pénible, elle n'avait jamais eu besoin de grosses rations et elle avait passé une enfance où elle avait appris à se priver. Mais l'eau... ça lui manquait beaucoup et lui rappelait de douloureux souvenirs dans un bateau. Souvenirs flous, mais qui persistaient malgré tout.

En fait, cela faisait des heures qu'elle ne tenait que parce qu'elle voyait que Nicolaï continuait à avancer. L'image de sa sœur avait disparu, elle n'avait de toute façon pas la tête à se préoccuper d'une hallucination. Et puis... elle trébucha, ses jambes n'arrivant plus à la porter et se retrouva au sol, étourdie. Je'skar s'en moquait, visiblement, il avait décidé qu'il fallait avancer, mais il fut bien forcé de s'arrêter, car Aureane restait prostrée par terre. Elle n'en pouvait plus.

Des petites étoiles dansaient devant ses yeux, et ce n'était pas dû au sable qui voletait. Elle respirait difficilement et n'avait qu'une envie, ne plus bouger du tout. Ça faisait deux jours qu'ils se trainaient à travers le désert sans rien voir de nouveau qui puisse leur donner l'espoir d'arriver un jour à bon port. Et puis, avoir conscience qu'elle était sans contexte celle qui craquerait la première, ne l'aidait pas vraiment à s'accrocher mentalement.

Nicolaï vint à ses côtés, tenta de la relever. Elle avait besoin d'une pause, elle ne pouvait plus continuer à ce rythme, mais pas un son ne franchit ses lèvres sèches. Il la remit sur pied et l'aida à avancer de nouveau. Ce devait être un cauchemar. Un cauchemar dans lequel ils finiraient engloutis par le sable brûlant. Aureane avait bien conscience de ralentir considérablement le rythme et sans le jeune homme, elle n'aurait jamais réussi à aller jusque là. Mais même avec de l'aide, elle ne pouvait pas faire de miracle et elle finit par s'effondrer une seconde fois.

Elle n'avait même plus la force de dire quoique ce soit, Nicolaï et Je'skar furent juste bien forcés d'admettre qu'elle était incapable de faire un pas de plus. La tête lui tournait, chaque bouffée d'air la brûlait atrocement et son épuisement la faisait trembler, l'empêchant de se remettre sur ses jambes. Le moral au plus bas, elle se dit que finalement, elle allait sûrement mourir là. A quoi bon s'acharner, de toute façon ? Hum... Non. Elle n'avait pas envie de mourir. Pas comme ça, c'était trop bête. Si elle pouvait dormir quelques heures et boire un peu, ça irait mieux après, non ?

" Une pause... " souffla-t-elle finalement à Nicolaï.

Qu'il le dise à Je'skar, par pitié, elle n'en avait plus la force. Continuer à ce rythme dément ne pouvait qu'être l'œuvre d'un drow. Avait-il décidé de les avoir à l'usure ? Si c'était le cas, c'était plutôt réussi.

Nicolaï continuait à avancer. Ils n'avaient pas le choix. Il fallait avancer quoi qu'il se passe. Un pas après l'autre. Il ne fallait plus penser à toute la distance qu'ils avaient à parcourir. Juste à mettre un pied devant l'autre. Et c'était déjà bien assez complexe comme cela. Abrutit par la fatigue, Nicolaï ne pouvait rien faire d'autre. C'est à peine s'il faisait attention à se qui se trouvait tout autour de lui. Il n'était qu'un simple automate. Rien de plus qu'un automate. Pourtant, quelque chose dans son champ de vision attira immédiatement son attention. Quelque chose qu'il savait être important et terrible. Même s'il était aussi abrutit par la fatigue, se qui se passa lui sauta aux yeux. Aureane trébucha, ses jambes n'arrivant plus à la porter, elle s'effondra sur le sol. Je'skar n'avait rien vu. Ou alors il s'en moquait complètement. Instinctivement, Nicolaï pencha vers la seconde solution. Un drow restait un drow. Pour lui, Aureane de devait rien être d'autre qu'une humaine au trois quart folle et faiblarde. Une perte acceptable en somme. Non mais vraiment. Envoyé une humaine aussi frèle dans les Terres Stériles. Haldren ne s'attendait tout de même pas à se qu'elle survive si? L'important, c'était le chevalier. La fille n'en avait pas vraiment.

Complètement paniqué, Nicolaï se précipita à ses côtés. Non. Elle ne pouvait pas. Se n'était pas possible. Elle devait encore tenir. Elle ne pouvait pas mourir. Pas maintenant alors qu'ils étaient libre et en bonne voie pour rentrer chez eux. Elle ne pouvait pas mourir maintenant. Si elle devait le faire, c'était dans le Puy. Pas maintenant. Surtout pas maintenant. Tout épuisé qu'il était, il continuerait à lutter pour rester conscient et aller jusqu'au bout si elle était là. Mais sans elle, cela n'en valait pas la peine. Aureane avait besoin de se reposer. Ils avaient tout les deux besoin de se reposer. Sans ça, ils s'écrouleraient bientôt tout les deux. Le rythme que Je'skar leur imposait était intenable. En tout cas, pour des humains. Aucun son ne franchit les lèvres de la jeune femme.

Nicolaï réussi à la remettre sur ses pieds. Elle avança à nouveau, mettant difficilement ses pieds l'un devant l'autre. Même soutenue par le chevalier, Aureane ne tarda pas à s'effondrer une deuxième fois. Il était évident qu'elle ne ferait plus un seul pas de plus. Elle ne bougerait pas. Avec le l'aide ou sans aide, elle ne bougerait plus d'un pouce. Elle n'en avait plus la force.

Aureane tremblotait. Impossible de la remettre sur ses jambes. Elle n'y tiendrait jamais. Se n'était même pas la peine d'espérer qu'elle puisse seulement tenir assise.

" Une pause... "

Se n'était qu'un souffle. Une minuscule supplique qu'elle lui adressait. Nicolaï la sentait prête à craquer. Et si elle finissait par craquer, il n'en faudrait pas beaucoup pour qu'elle cesse de vouloir vivre et abandonne complètement. Il fallait qu'elle se repose. Qu'elle parvienne à dormir un peu. Mais Je'skar ne les laisseraient certainement pas le faire. Il y avait plus de chance qu'il abandonne Aureane à son sort au milieu de ce désert plutôt que de lever le petit doigt pour aider l'humaine ou lui accorder ne serais-ce qu'une seule heure de repos.

Il n'y avait plus beaucoup de solutions. Le chevalier déchargea le peu de choses qu'il portait pour les poser sur le dos de sa monture. Puis, il chargea Aureane sur son dos. Il n'avait pas le choix.

« Repose toi, murmura-t-il à l'adresse d'Aureane. »

Combien de temps pourra-t-il tenir ainsi? Certainement pas longtemps. Mais il n'avait pas le choix. Je'skar ne laisserait pas Aureane dormir. C'était la seule solution qu'il voyait. Même s'il n'allait pas tarder à s'effondrer lui aussi.

* * *

Lorsque Je'skar vit l'humain relever son ami et celle-ci s'effondrer une nouvelle fois, il poussa un léger soupire. Descidement, les humains étaient vraiment fragiles. Il avait sans douté présumé un peu de leurs force. L'humaine était amusante avec ses petites crises de folie. Mais elle était tout de même bien frêle et le rythme qu'il leur avait imposé n'avait pas du arranger la fatigue d'un tel voyage.

Comble de l'étonnement, Je'skar vit l'humain hisser son amie sur son dos. Mais qu'est-ce qu'il faisait ce crétin? Il n'aurait pas put la mettre sur son cheval plutôt? Les réaction de ce petit humain étaient une véritable énigme. Il aurait put faire plein de choses, mais là vraiment... il allait complètement s'épuiser en deux temps trois mouvements.

Le mercenaire s'approcha de l'humain.

Toi idiot. Dormir.

Le drow attrapa Aureane et, la soulevant comme si elle ne pesait rien, il l'allongea sur le sable avant de commencer à monter le camp.

* * *

La nuit était tranquille et calme. Le campement restait tranquille. Les deux humains dormaient à poing fermé.

Je'skar les regardait tout les deux. Ah, il devait bien avouer qu'il s'était attaché aux deux humains. Non, vraiment. En fin de compte, il les aimaient bien. La fille était toute frêle et le garçon complètement dingue d'elle. Quant le seigneur Haldren lui avait confié cette mission, il avait crut que se serait une véritable plaie. Finalement, c'était plutôt amusant.

Un bruit, infime attira son attention. Le drow avait trop l'habitude des Terres Stériles pour négliger ce genre de choses. Doucement, il s'empara de son grand cimeterre. Puis, il s'approcha du jeune humain et le secoua doucement par l'épaule. S'ils étaient attaqué par une quelconque bestiole, le chevalier pourrait être utile. C'était un combattant après tout.

Nicolaï se leva doucement et, apercevant l'attitude du drow, posa la main sur son épée. Alors qu'il se redressait, Aureane ouvrit elle aussi les yeux. Il y eu une petite secondes de battement, et trois créatures surgirent de l'ombre.

Oh non! Les ennuis commençaient. Elles poussèrent tout une série de cris avant de passer à l'attaque. Nicolaï évita le premier coup de patte venu, puis s'approcha juste assez pour porter un premier coup dans la patte d'une de ces créatures.

Il aurait put continuer le combat, mais un cris se fit entendre.

Aureane.

Déconcentré un instant, Nicolaï fut éjecté à terre. Se tenant le bras pour empêcher que le sang ne coule trop de la blessure qui venait d'être ouverte par les griffes du Gorlock.

Mais pour le moment, Nicolaï n'en avait pas grand chose à faire.

Aureane.

D'un seul coup, il fut obligé de rouler sur le côté pour éviter l'une des créatures.

Aureane était abrutie par la fatigue mais ce que fit le jeune homme ne pouvait pas passer inaperçu. Non, elle ne voulait pas qu'il la porte, lui aussi devait être épuisée. C'était du délire. Du délire... Il n'était pas en état de la porter ! Peut-être était-il plus en forme qu'elle, mais pas à ce point là !

" Arrête, par pitié... " supplia-t-elle dans un murmure sans vraiment réussir à bouger pour se dégager.

Un instant plus tard, elle se sentait soulevée, puis allongée : Je'skar. Au point où elle en était, elle ne cherchait même plus à comprendre ce qui se passait. Il aurait aussi bien pu la laisser là pour l'abandonner, elle n'aurait pas davantage réagi. Tout ce que son cerveau arrivait encore à analyser, c'était "couché dormir". Quelques secondes plus tard elle fermait les yeux et sombrait dans un sommeil lourd dénué de rêve.

***

Elle n'entendit pas que Je'skar s'agitait, en revanche, elle sentit Nicolaï se lever et ouvrit les yeux, un peu perdue. Elle se sentit mieux une seconde, le temps de se rendre compte que dormir lui avait fait du bien... et que les créatures surgissent, lui glaçant le sang.

Aureane se leva aussitôt, se rapprochant instinctivement de Nicolaï, mais elle était visiblement terrifiée par les cris des bêtes et de ce qui allait suivre. Elle fut pourtant obligée de s'écarter un peu lorsque les créatures s'approchèrent, afin de laisser le chevalier manœuvrer. Sauf qu'un instant plus tard, l'un des monstres s'approchait d'elle, la faisant hurler de terreur. Qu'est ce qu'elle pouvait faire d'autre ? Elle n'était pas armée et l'animal s'apprêtait à la charger : une grosse bête plus grande qu'elle qui devait peser plusieurs fois son poids. Elle allait finir écrabouillée, dans un premier temps, déchiquetée par ses affreuses dents dans un second !

Le Gorlock chargea et son instinct de survie la fit se jeter sur le côté et échapper par miracle au piétinement. Peut-être les dieux avaient-ils enfin cessé de s'acharner sur elle et de lui donner un semblant de chance ? Un coup d'œil à son bras, devenu subitement douloureux lui appris qu'elle n'avait pas eu tant de chance que ça, les dents de l'animal ne l'avaient pas tout à fait ratée. La manche déchirée de sa robe s'imbibait d'un peu de sang. Dans l'état actuel des choses, elle n'avait aucune idée de l'ampleur des dégâts, tout ce qui parvenait encore à son esprit terrifié était "je veux pas mourir" et, alors qu'elle jetait un coup d'œil désespéré à Nicolaï, "je ne veux pas qu'il meure non plus".

Elle recula en tremblant vers le jeune homme en se tenant le bras, ne quittant pas des yeux l'un des gorlock qui semblait s'intéresser de près à elle. Un instant plus tard, Nicolaï se chargeait de régler son compte à la dernière créature, mettant un terme au cauchemar.

Sous le choc, Aureane resta un instant à fixer le cadavre du dernier gorlock avec de grands yeux, avant de se reprendre soudainement et de se précipiter auprès du chevalier en demandant d'une petite voix effrayée :

" Tu es blessé ? "

Ce n'était pas vraiment une question, elle le voyait très bien, ce qui l'inquiétait d'autant plus. Il saignait au niveau du bras… Elle aussi, mais en cet instant elle s’en moquait pas mal, trop angoissée à l’idée qu’il puisse être gravement touché. Elle ne s'était pas du tout préoccupée de Je'skar, n'ayant pas encore décidé de la façon dont elle voyait le drow. Et puis, savoir comment allait Nicolaï était de loin le principal à ses yeux.

Nicolaï sentait le sang couler de son bras. Il se rapprocha rapidement d'Aureane, l'épée à la main et se planta entre elle et le Gorlock qui semblait avoir décidé de faire de la jeune femme son prochain repas.

Le bras du chevalier le faisait souffrir, mais il n'en avait pas fini. Pas tant qu'Aureane ne serait pas en sécurité en tout cas. La créature attaqua à nouveau, délaissant cette fois une simple charge pour s'attaquer à ses proies à coups de griffes. La bouillie, c'est bien, mais c'est mieux quant les os craquent encore sous les crocs. Se fut une erreur de sa part. Il aurait dut les brouiller tout les deux. Les Gorlock sont peut-être d'une force hors du commun et particulièrement robuste, mais toute cette carapace de muscles pose un problème essentiel: la mobilité. Hors, c'était justement là le point fort de Nicolaï lorsqu'il se battait. Ne pas se reposer sur la force brute qu'il savait ne pas posséder, mais sur l'agilité et la rapidité. Deux choses qui allaient cruellement manquer aux Gorlock.

Lorsque la patte fendit l'air, Nicolaï bondit en arrière, puis se jeta sur la créature. Il lui tourna un instant autour, assénant un coup d'estoc dans le flanc qui se mit à saigner abondamment, la créature poussa un hurlement et frappa à tord et à travers. Des attaques maladroites que le chevalier n'eu pas la moindre difficulté à esquiver. Cherchant une ouverture, le jeune homme fini par trouver l'occasion qu'il cherchait. Plongeant en avant, il s'aida de son bras blessé et asséna un coup puissant à la tête du monstre qui se fendit en deux. La créature s'effondra alors qui Nicolaï poussait un hurlement de douleur. Il avait l'impression que son bras allait se déchirer. Des étoiles se mirent à papillonner devant ses yeux. Il réussi à se maintenir conscient. Le combat n'était pas encore fini.

Lorsqu'il regarda autour de lui pourtant, c'était le cas.

Il ne restait plus qu'un Gorlock qui agonisait un peu plus loin. Nicolaï alla l'achever, enfonçant son épée dans la gorge du monstre.

Visiblement sous le choc, Aureane resta un instant à fixer le cadavre du dernier gorlock. Elle ne resta pourtant pas longtemps inactive elle se précipita sur lui, l'air tout à fait paniqué.

" Tu es blessé ? "

Oui. Blessé il l'était. Mais pour le moment, se n'était pas se qui l'inquiétait le plus. Pour l'instant, il fallait qu'ils repartent tout de suite. Nicolaï ne connaissait pas grand chose au désert. Mais cela ne devait pas être bien différent de chez eux à Ysari. Les cadavres attiraient les charognards. Et en général, mieux valait ne pas se trouver là au moment ou ces charmantes bestioles arriveraient.

Le chevalier regarda autour de lui, s'agitant un peu pendant qu'Aureane tentait tant bien que mal avec se bras blessé d'examiner la blessure du jeune homme. Elle aurait du d'abord s'occuper d'elle. Aureane était plus faible que lui.

Finalement, il aperçut la forme sombre de leur guide étendu sur le sol à proximité de l'un des cadavres. Une tache sombre sous lui. Se dégageant de l'étreinte d'Aureane, Nicolaï se précipita sur Je'skar. Le drow était étendu inconscient sur le sol. Une salle blessure lui balafrant le torse.

Nicolaï chercha son pouls et le trouve. Il était assez lent, mais régulier. Il fallait transporter le drow et quitter cette endroit au plus vite. Ils s'occuperaient de tous leurs petits bobo plus tard.

Ils avaient perdu l'un de leurs chevaux dans l'attaque. Hissant Je'skar sur l'un des survivant, Nicolaï prit Aureane avec lui et ils s'éloignèrent du lieu du carnage pour se mettre hors de porter des charognards.

* * *

Le campement rapidement remonté un peu plus loin et les blessure sommairement pansée, Nicolaï s'assit prêt d'Aureane. Elle était un peu fievreuse et, maintenant que l'excitation de la bataille était retombée, ses paupières suppliaient à nouveau de se fermer

Son épée posée contre son épaule, il se pencha sur la jeune femme.

« Dors. Tu vas en avoir besoin. »

Il déposa un léger baiser sur son front et elle ferma les yeux.

Il ne restait qu'à espérer que Jeskar se réveille. Lui, il allait veiller cette nuit. Il fallait bien que quelqu'un fasse le guet.

Aureane avait une idée fixe, à présent, qui lui évitait de paniquer ou s'effondrer : faire en sorte que Nicolaï ne se vide pas de son sang. Mais le jeune homme ne semblait pas vouloir perdre de temps et son attention se reporta bientôt sur Je'skar. Aureane ouvrit de grands yeux en voyant ce dernier étendu sans connaissance. Qu'allaient-ils faire sans guide ? Et puis, même si c'était un drow, elle ne souhaitait à personne de mourir en plein désert des griffes de bêtes sauvages. Elle se remit à marcher sans savoir vraiment où elle en était. Sans doute la légère fièvre qui ne la quittait plus. Oh, pas grand chose. D'ailleurs, elle garda ça pour elle.

Dès qu'ils s'arrêtèrent, elle rassembla les forces qui lui restaient pour imposer une séance de soins à Nicolaï avant qu'il ne fasse quoi que ce soit d'autre.

" Ne dis pas non. Si toi tu te vides de ton sang, alors qui est-ce qui va... "

Sa voix se brisa. Qui va... qui allait quoi ? Les sortir de ce désert cauchemardesque ? Elle respira à fond pour se calmer. Chaque chose en son temps. Elle allait le soigner, déjà, quoi qu'il en dise. Elle ne fit pas grand chose d'autre, à vrai dire. Même si elle aurait volontiers aidé Nicolaï à monter le campement, la tête lui tournait à chaque fois qu'elle bougeait trop et elle finit par rester assise à essayer de garder les yeux ouverts. Elle ne voulait pas se rendormir, elle avait trop peur qu'il leur arrive quelque chose.

La jeune fille finit pourtant par s'allonger et réussi à offrir un petit sourire à Nicolaï lorsqu'il se pencha sur elle pour lui dire de dormir.

" Je sais mais... le pire est derrière nous. "

Elle lui prit la main et ferma les yeux. Il fallait y croire. D'ailleurs, elle y croyait, alors qu'elle sombrait dans un sommeil fiévreux.

***

Lorsqu'elle se réveilla à nouveau, ce fut en sursaut, après un cauchemar où se mêlaient drows, bêtes sauvages et lac sans fond. Elle mit un moment à se calmer, son cœur battait à cent à l'heure. Elle grelottait, ne savait plus vraiment si elle avait chaud ou froid et son bras la lançait horriblement. Il fallait qu'elle se calme... Ouvrant la bouche pour appeler Nicolaï, elle s'aperçut qu'elle avait la gorge trop sèche. Où était-il ? Elle le distinguait qui veillait, dans l'obscurité. Il faisait quelques pas, devait lutter contre le sommeil. Je'skar n'était toujours pas réveillé...

Elle finit par se lever, mettant un pied devant l'autre comme elle pouvait et alla le voir pour se serrer dans ses bras. Ce fut à ce moment qu'elle s'aperçut à quel point elle était brulante de fièvre comparé à lui. D'ailleurs... se lever n'avait peut-être pas été une très bonne idée.

" Je... "

Les petites étoiles qui dansaient déjà devant ses yeux auraient dû la prévenir, mais elle n'eut pas le temps de réagir qu'elle glissait déjà dans l'inconscience.

Nicolaï vit Aureane se réveiller en sursaut. Le jeune homme ne se sentait pas très bien. Et cela n'avait rien à voir avec la fatigue ou les privations. Non. Absolument rien. Aureane grelottait un peu. Son bras devait être affreusement douloureux. En tout cas, se devait être cela car Nicolaï lui aussi avait mal. Terriblement mal. Elle ouvrit la bouche pour l'appeler. Mais le jeune homme ne le vit pas. Il était en train de regarder fixement devant lui, essayant de se concentrer pour ignorer la douleur qui iradiait tout le long de son bras. Il adressa un pauvre sourire à Aureane.

La jeune femme se leva, mettant un pied devant l'autre. Elle paraissait doucement avancer vers lui. Un peu hésitante. Elle lui tendait les bras pour le prendre contre elle. Au moment ou elle le prit dans ses bras, Nicolaï sentit un choc dans son cerveau. Elle était brûlante de fièvre.

" Je... "

Un mot tout simple et tout bête. Mais se fut la seule chose qu'elle eu la possibilité de dire avant de sombrer dans l'inconscience. Elle n'avait plus alors plus de volonté qu'une simple poupée de chiffon dans les bras de Nicolaï. Le jeune homme se mit à paniquer. Qu'est-ce qui lui arrivait?

Les minutes s'écoulèrent pendant lesquels le chevalier s'agita.

Le résultat final tomba sur lui comme un couperet. Aureane était inconsciente et brûlante de fièvre. Je'skar était mort.

Il était seul.

* * *

Soleil.

Chaleur.

Sable.

Ce sable.

Maudit soit tout ce sable.

À perte de vue on ne voyait rien d'autre.

Nicolaï n'en pouvait plus. Sa blessure au bras s'était infectée. Mais il continuait à avancer. Il fallait qu'il continu à avancer. Il n'avait pas la moindre idée de l'endroit où il se trouvait ni même de la distance qu'il lui restait à parcourir.

Tirant sur les longes de ses chevaux, Nicolaï les força à avancer encore. Ils ne devaient pas s'arrêter. Surtout ne pas s'arrêter.

Le visage figé de Je'skar revenait hanter Nicolaï. Il s'en voulait. Il ne l'avait pas enterré. Comment avait-il put. Il ne l'avait pas enterré. Malgré tout se que le drow avait fait pour eux. Mais creuser une tombe dans le sable était aussi vain qu'inutile. Il avait donc laissé le drow allongé, les bras croisé sur son arme avant de reprendre la route.

Il jeta un regard à Aureane qu'il avait posée en travers d'une des montures. Est-ce qu'elle se réveillerait un jour? Il n'en savait rien.

À force de ne pas regarder où on marche, forcément, cela fini par arriver. Nicolaï chuta.

La tête dans le sable, il resta sans faire le moindre geste. Il voulait simplement rester là. C'était confortable le sable.

Oui, rester là.

Ne pas bouger.

Abandonner.

Mais là, il y eu quelque chose. Un éclat métallique juste à côté de sa tête. Nicolaï ouvrit les yeux. Une jambière. C'était une jambière d'armure. Le plus étrange, c'était se qu'il y avait au dessus de la jambière. Un homme tout en armure qui tenait contre lui une jeune femme portant une robe d'un vert émeraude.

La femme était jeune. Une petite vingtaine d'année. Les yeux d'un gris métallique.

Elle s'accroupit à côté de Nicolaï et doucement, elle lui tendit la main.

« Tu ne peux pas abandonner. »

Elle jeta un coup d'œil vers le cheval sur lequel était étendu Aureane.

« Elle compte sur toi. »

Nicolaï eu un instant d'hésitation. C'était si facile d'abandonner. De tout lâcher et d'attendre que Tyra vienne le prendre. Mais... il y avait quelque chose. Quelque chose qui l'empêchait d'abandonner. L'image d'une jeune femme aux yeux bleu dansait dans son esprit. Il l'aimait. Oui, c'était cela. Il l'aimait.

Prenant la main que la jeune femme lui tendait toujours, Nicolaï se remit debout.

* * *

Délirant de fatigue, Nicolaï fini par craquer. C'était trop difficile. Il n'en pouvait plus.

Doucement, il alla chercher Aureane sur sa monture.

Il la sera dans ses bras en tombant à terre. Il n'en pouvait plus. Quelques larmes se mirent à couler sur son visage alors qu'il regardait tout autour de lui. Il n'y avait que du sable. Partout. À perte de vue.

Allongeant la jeune dans le sable, s'allongea à côté d'elle, la prenant dans ses bras.

« Pardon Aureane. »

C'était fini. Fini. Il n'y avait plus rien à faire.

Le jeune homme épuisé, assoiffé et tremblant de fièvre ferma les yeux, sombrant dans l'inconscience.

Il n’était pas midi mais, déjà, le vieux Viralath regrettait son élan de foi pour la énième fois. Voilà déjà quatre jours qu’il était entré dans le Désert, ces maudites Terres Stériles qu’il n’avait jamais pensé revoir. Quatre jour qu’il suait plus d’eau qu’il ne pouvant en ingurgiter. Sa bure était pleine de poussières, et ses cheveux emmêlés étaient plus bruns que blancs, désormais. Son regard vert était la moitié du temps clos, comme si ne plus regarder sa destination pouvait la faire arriver plus vite, et son visage buriné avait perdu de sa splendeur. Né Zurthan, il avait été banni de son clan quand il avait eu vingt ans. Quoi que banni n’était pas le terme exact, en réalité il avait été condamné à sa mort, et son bannissement n’était que la peine qu’il avait décidé d’assumer. Fuir avait été son seul moyen de survivre, et rester éloigné des siens sa façon de vivre. Trouvant refuge dans l’Ithri’Vaan, il devint mendiant, puis mercenaire quand il comprit qu’il était plus efficace de soutirer les écus plutôt que de les attendre. Sa carrière le conduisit à la Dross, et la Dross l’envoya en Oësgard, où il put rançonner à loisir les cerfs de là-bas.

Tant de souvenirs. Sur la ligne de l’horizon, il pouvait presque voir se jouer le spectacle de sa vie. Une vie sans grand intérêt, celle d’un barbare primitif, d’abord, puis d’un barbare civilisé. Jusqu’à ce que, pressé par le succès et ses croyances infâmes d’alors, il tente de s’en prendre à un Temple de Tyra. La déconvenue avait été à la hauteur de l’audace, mais la surprise avait été de taille quand, plutôt que de le livrer, les religieux lui avaient proposé l’amnistie de la Déesse en échange de ses services. Loin de couper des têtes, il dut planter des fleurs, s’improvisant jardinier. Un métier bien éloigné de ce qu’il connaissait, et il s’en fallut de peu pour qu’il ne parte sans demander son reste. Il suffit d’une conversation, une seule, avec le Prêtre en charge du Temple. Quand il partit se coucher, ce soir là, des paroles et des légendes plein la tête, Viralath en était déjà persuadé : il était tombé amoureux de Tyra. Âge de vingt six ans, soit vingt de plus que le plus jeune des novices, il put revêtir le blanc de leur bure, devenant l’élève particulier de ce qui deviendrait son mentor, son maître à pensée. Dix ans plus tard, il devenait prêtre.

Fronçant soudainement les sourcils, il se frotta les yeux, croyant que le désert se jouait de lui et ne s’amusait à distorde sa si paisible ligne d’horizon. Pris d’un mauvais pressentiment, fort compréhensible, il talonna sa fière mule qui ne rua pas, mais s’ébroua paisiblement sans daigner changer de rythme. A sa décharge, la carriole qu’il transportait ne devait pas aider à adopter un bel et digne galop, surtout quand on avait que pour moitié du sang d’étalon. Sautant à bas de son fier destrier, il l’abandonna dès qu’il s’estima assez proche pour piquer un sprint. Dans le désert, mieux valait économiser ses forces, mais les deux jeunes gens qui pionçaient paisiblement à même le sol n’en avaient plus pour longtemps, foi de Tyra.

« Tyra doit être bien capricieuse, marmonna-t-il en prenant le poux de la plus jeune. M’envoyer dans le désert pour ramasser des gosses. »

Ils ne firent pas mine de se réveiller quand il les hissa dans sa carriole, pas plus quand il ne versa un peu d’eau dans leur bouche. Avec un soupir contrit, il prit sur lui de reporter sa grande conversion. Les Zurthan avaient toutes les chances d’échapper à l’annihilation un an de plus.

Il était déjà l’heure de rentrer au village. Bah, s’il se dépêchait, il arriverait avant qu’une semaine ne fut totalement passée depuis son départ. De quoi faire rire ses quelques connaissances.

La suite prochainement dans un petit village d'Ithri'Vaan

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Ombre fugace
Maître de ton destin

-Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D.
Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/

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