Une randonnée dans les montagnes [Rp avec Aureane]

[suite directe de ce RP: Affaire de famille [Terminé]]

Haldren tapota gentiment l’épaule de Nicolaï. Pour être tout à fait honnête, Nicolaï commençait vraiment à trouver vraiment suspecte l'attitude de son grand-père. Sans doute voulait-il se montrer proche de lui en prouvant qu'il pouvait avoir des sentiments. Mais là, il en faisait trop. Il faisait trop pour jouer le rôle du gentil papi. S'en devenait faux. Dans tout les cas, il fallait qu'il quitte le Puy et Haldren lui offrait la possibilité de le faire.

Va te reposer mon garçon, la chambre d’Halystra est assez grande pour que vous puissiez y dormir tous les deux. Vous partirez à l’aube, je vais m’occuper des arrangements nécessaires.

Nicolaï hocha la tête et suivit Halystra qui les raccompagnaient à sa chambre. Nicolaï n'avait pas lâcher la main d'Aureane. Elle le suivait, la tête un peut en l'air, regardant tranquillement autour d'elle comme si elle trouvait ce lieu tout à fait charmant.

Une fois de plus, il perçut le bruit du cadenas qui fermait la porte, les empêchant tout les deux de sortir. Précaution bien inutile en fait puisqu'ils seraient tout les deux libre et hors du Puy demain à l'aube.

* * *

[extrait du journal de Nicolaï KalonErc'h]

Je crois que de tout les moments dont je me rappellerais à vie, cette nuit se place en bonne position.
J'ai voulut laisser le lit à Aureane, mais elle a refusé. Peut-être quelque chose qui remonte dans sa mémoire? Elle avait aussi refusé que je lui laisse ma couverture lors du tournois royal. Je n'en suis pas certain, mais je l'espère en tout cas.
Nous avons fini par tout les deux nous allonger dans le lit. Il est assez étroit et nous manquons tout les deux un peu de place. Cela ne l'a pas empêcher de venir se blottir tranquillement contre moi. Je n'ose presque plus respirer.
Est-ce qu'elle dors? Est-ce qu'elle est toujours éveillée? Je ne sais pas. Il faudrait que je bouge pour en être certain. Mais si je bouge, je risque de la réveiller.
Donc je bouge pas.
Aureane remue un peut et serre doucement ma main. Elle ne l'a pas lâché depuis qu'elle l'a prise dans le bureau d'Haldren.
Maintenant que j'y repense, c'est vraiment louche toute cette histoire. Je veux bien qu'il joue les gentils papi, mais il y a quelque chose qui ne colle pas. Il a casquer trois cents écus rien que pour me récupérer. Je sais pas combien il a donner pour Aureane, mais ça n'a pas dut être gratuit. Maintenant, il allait les équiper pour un voyage qui s'annonçait long et difficile. Cela non plus se n'était pas gratuit. Les frais commençaient à s'accumuler et aucun bénéfice.
Qu'il dise que pour les drows la famille au sens large était très important, je suis prêt à le croire. Mais cela commence à me paraître tout à fait suspect. Et c'est sans compter toutes ces démonstrations d'affections.
Ça colle pas avec le personnage de notre première rencontre. À ce moment là, je me suis demandé si la seule raison pour laquelle il ne m'avait pas égorgé, c'était parce qu'il ne voulait pas tâcher son tapis.
Oh et puis zut. Je m'en fiche. J'ai retrouvé Aureane et demain, nous seront libre.

* * *

La Faille était derrière eux. Les trois cavaliers avançaient lentement au rythme d'Aureane en fait.
Nicolaï ne voulait pas la voir chuter de cheval. Il gardait un œil sur leur guide. Ce drow connaissait la région et leur héviterait de se perdre et de tourner en rond. Mais Nicolaï n'avait pas la moindre confiance en lui.

Ce drow avait aidé des esclavagistes. Bien sur, la somme que lui avait versé Haldren était suffisamment motivante pour qu'il s'abstienne de vendre les deux humains. Mais ils ne lui faisaient pas confiance pour autant.

S'assurant qu'Aureane ne s'en tirait pas trop mal avec sa monture, Nicolaï surveillait également leur guide, prêt à tirer son épée (fournie également par son grand-père) à tout moment. Même s'il avait quelques doute sur sa capacité à vaincre un drow.

La lettre donnée par Haldren l'intriguait grandement et il avait peur de se qu'elle pouvait contenir. Certes, le drow lui avait assuré que c'était une proposition de paix. Mais il commençait à en douter un peut. Mais il gardait la missive avec lui. Au cas ou. Il aurait le temps d'aviser de se qu'il ferait plus tard.

Aureane attendit... longtemps. Une éternité. Mais cela n'avait pas d'importance. Si rien ne venait la forcer à partir elle resterait là jusqu'à ce qu'il réagisse. Elle continuait à le dévisager, à observer chaque parcelle de son visage. Elle ne voulait pas qu'il s'en aille. Puis il lui prit la main et la regarda un long moment sans que la jeune fille ne bouge davantage. Elle faisait un effort pour empêcher son esprit de glisser vers autre chose. Des idées se bousculaient dans sa tête, des personnages, aussi, des choses à faire et à ne pas faire, à dire et à taire, mais elle s'accrochait à une pensée qui surnageait parmi les autres : elle voulait garder le contact avec lui. Avec Nicolaï.

" Nicolaï. " répéta-t-elle comme pour essayer de se raccrocher à ce prénom.

C'était difficile de rester fixée dessus mais elle avait le sentiment qu'il le fallait, sans savoir pourquoi. Il regardait toujours sa main et à mesure qu'il gardait le silence elle sentait son angoisse augmenter, lui tordre le ventre. Sauf qu'elle ne comprenait pas ses propres réactions. C'aurait été plus simple de s'éloigner. Mais elle ne pouvait se résoudre à faire cela. Au contraire...

Il serra sa main contre lui et elle se mordit à nouveau la lèvre en se demandant ce qui allait suivre. Il fallait qu'elle se concentre, qu'elle empêche son esprit de glisser ailleurs. Elle avait déjà du mal à y parvenir, le voir hésiter la mettait au supplice. Mais elle attendrait le temps qu'il faudrait.

Puis leurs regards se croisèrent et Aureane se remit à respirer.

" Je suis avec toi. "

La jeune fille le dévisagea, faisant un effort pour mettre un sens sur ses mots. Avec toi... Avec elle... il était avec elle... Une lueur de compréhension s'alluma dans ses yeux. Elle jeta un bref coup d'œil autour d'eux comme si elle prenait vraiment conscience de l'endroit où ils se trouvaient. Son regard se plongea à nouveau dans celui du jeune homme. Il pouvait y lire une certaine crainte mêlée d'attente... elle attendait qu'il parle, qu'il dise quelque chose, n'importe quoi qui lui permette de rester un tant soit peu consciente. C'était compliqué de parvenir à garder l'esprit clair. Trop compliqué...

Il put sentir que sa main se crispait légèrement dans la sienne lorsqu'il lui caressa la joue. Il était là... avec elle... elle se répétait ses mots, s'y accrochant désespérément.

" Et toi Aureane, est-ce que tu es toujours avec moi ? "

Elle se concentra... lâcha prise. L'expression de la jeune fille se modifia : elle était perdue. Complètement perdue. Est-ce que... Mille et une réponses lui venaient en tête, mais elle n'arrivait pas à faire le point. Oui, non, peut-être... Est-ce qu'elle était avec lui ? Avec qui ? Qui était-il ? Nicolaï... C'était Nicolaï. Elle semblait au bord de la panique. Panique parce qu'elle ne savait plus où elle en était, mais parce qu'elle sentait aussi que si elle se trompait de réponse, il allait s'éloigner d'elle et que cette idée la terrifiait.

" Attends... "

Sa voix tremblait alors qu'elle essayait désespérément de s'éclaircir les idées. Mais tout était si confus... Avant, c'était pourtant simple. Elle se se souvenait pas s'être autant posé de questions quand elle discutait avec Isaac. Mais là, c'était beaucoup plus compliqué. Elle avait l'impression que son petit monde devenait fou, que quelque chose clochait. Nicolaï posait des questions étranges qui remettaient trop de choses en question. Elle n'arrivait plus à les balayer, mais pas davantage à y répondre.

" Je ne sais pas. "

Elle le regarda avec de grands yeux, ayant l'air consciente de ce qu'elle disait. De fait, elle ne savait pas. Elle se rendait compte qu'elle n'était pas en phase avec lui, mais elle ne comprenait pas pourquoi. Elle se repassa la question dans sa tête, comme lorsqu'on essaie de se remémorer un rêve à moitié oublié.

" Est-ce que... "

Elle hésita, fit une pause et répéta doucement :

" Je ne sais pas... Mais... mais j'espère. "

Il y eut un instant de silence pendant lequel Nicolaï choisit ses mots. La jeune fille, elle, luttait pour essayer de garder une certaine lucidité.

" Aureane, pourquoi tu espères ? "

Elle fronça les sourcils, ne comprenant pas le sens de la question. Parce que... c'était évident non ? Pourquoi il ne comprenait pas ? Parce que... elle n'arrivait pas à mettre des mots sur ce qu'elle avait voulu dire. D'ailleurs, qu'avait-elle voulu dire ? Elle hésita, ne sachant trop ce qu'il attendait. Son regard s'égara un instant mais il reprit la parole, la ramenant légèrement à la réalité :

" Pourquoi est-ce que tu dis ça. Tu ne veux pas être avec moi ? "

Aureane fronça les sourcils, réfléchissant, mais pas longtemps, avant de s'écrier avec conviction :

" Si ! "

Bien-sûr que si ! Cela, au moins, c'était clair, ça chassait même toutes les autres pensées qu'elle pouvait avoir et qui lui obscurcissait l'esprit. Si. Si, elle voulait être avec lui. C'était tout le reste qui était compliqué. Tellement compliqué... Pour le reste, elle ne savait plus trop...

Voyant son regard malheureux elle craignit avoir dit une bêtise et baissa aussi les yeux, désolée de le rendre triste. Car à présent elle avait au moins compris ça : elle le rendait triste.

" Qu'est-ce qui t'empêche d'être avec moi ? "

Elle ouvrit la bouche, la referma, ne sachant que répondre. Pourquoi disait-il cela ? Elle était avec lui... Non ? Elle était là... ? Elle n'était pas là ?

" Je ne comprends pas... " avoua-t-elle finalement dans un souffle.

Est-ce qu'il niait son existence ? Cette pensée lui amena les larmes aux yeux. Peut-être que c'était cela, oui, qu'il ne voulait pas la voir, puisqu'elle le rendait triste. Elle baissa la tête, penaude, et eut un mouvement pour s'éloigner, pour le laisser en paix. Sauf que... non, elle ne pouvait pas faire ça. C'était peut-être égoïste, mais elle avait besoin de lui. Elle ne pouvait pas envisager de le laisser, parce que... Elle ne savait pas pourquoi. C'était comme ça.

" Je veux rester avec toi. "

Ce n'était qu'un murmure mais c'était une certitude. Beaucoup de pensées confuses se bousculaient dans son esprit, mais cette idée éclairait tout. Sauf que... elle avait peur qu'il ne l'accepte pas. Elle le rendait malheureux. Maintenant, elle s'en rendait compte et cela lui brisait le cœur : à chaque fois qu'il la regardait, il était triste.

" Je ne veux pas que tu sois triste. "

Elle le lui avait déjà dit, mais elle ne savait pas comment faire pour que ça change, d'autant qu'elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Pourquoi est-ce qu'il la regardait comme ça ? Était-ce ce qu'elle disait ? Elle ne savait plus ce qu'elle lui avait raconté... Peut-être qu'elle avait dit une bêtise ? Elle voulait bien se taire si ça le rendait heureux...

" Mais... "

Elle fit un effort de concentration pour mettre bout à bout ses deux principales idées et finit par ajouter, la gorge nouée :

" Je veux rester avec toi, mais je ne veux pas que ça te rende triste. "

Même si elle ne savait pas pourquoi, même si tout se mélangeait dans sa tête et qu'elle avait l'impression de ne rien comprendre. Elle se sentait responsable mais ne savait pas de quoi. Tout allait pourtant bien, avant et là... elle se sentait triste elle aussi, de plus en plus triste. L'horrible paysage de roches s'accordait bien à ce qu'elle ressentait. Elle avait l'impression que tout était lugubre... et cela commençait à l'effrayer. Elle avait aussi peur que Nicolaï disparaisse, purement et simplement, et qu'il la laisse là tout-à-coup. Mais elle, elle ne savait pas où elle était...

Elle n'osa plus rien dire de plus : elle ne voulait pas qu'il s'en aille et elle avait peur de se tromper encore, de ne pas donner la bonne réponse et de lui faire de la peine sans comprendre pourquoi.

Aureane se serra dans les bras de Nicolaï sans se faire prier. Il y eut un instant de silence pendant lequel elle ferma les yeux, se contentant de le sentir contre elle. Elle sécha ses larmes, s'apaisa peu à peu. Elle serait bien restée là éternellement, blottie contre lui, à ne penser à rien. C'était cela : surtout, ne penser à rien. Plus rien d'autre n'avait d'importance. Il était là. Mais il ne tarda pas à reprendre la parole, la ramenant douloureusement sur terre.

La jeune fille s'écarta un peu, le regardant sans comprendre. Enfin, si, elle comprenait qu'il était triste par sa faute, mais elle ne savait pas ce qu'elle lui avait dit ni ce qu'elle avait fait. Prendre conscience de cela la fit blêmir. Pourquoi ne se souvenait-elle de rien ? Même ce qu'il venait de lui dire, il fallait qu'elle fasse un effort pour s'en rappeler, pour faire des liens logiques avec ce qu'elle pensait. Pour réussir à penser, tout simplement... Tout lui paraissait tellement obscur ! Hier soir... Elle ne savait plus quand c'était. Elle ne savait tout simplement pas de quoi il lui parlait.

Il continuait à la serrer dans ses bras mais elle sentait que quelque chose n'allait pas, sans savoir quoi. Puis il se décida à parler affirmant qu'elle lui avait dit qu'il n'existait pas pour elle. Aureane resta interdite un instant, ne sachant que répondre. Elle ne s'en souvenait pas. Comment cela pouvait-il avoir la moindre importance si elle ne se rappelait même pas avoir dit ces mots ? Cela l'avait touché pourtant, il paraissait sur le point de s'effondrer et elle le regarda sans savoir quoi répondre. Que devait-elle dire ? Elle ne savait pas. Elle avait beau chercher, elle n'en avait pas la moindre idée, elle arrivait à peine à comprendre ce qu'il lui disait... Elle était désolée, mais...

Elle aurait pu rester longtemps, comme ça, à essayer de démêler ses pensées, mais Nicolaï choisit d'aller jusqu'au bout.

" Je t'aime. "

Aureane se figea, essayant de faire un lien. Elle se rappelait...

Le Puy, Nicolaï qui se précipitait vers elle... leur séparation... son baiser... le bateau... leur promenade... avant...

Elle fronça les sourcils et fit un bond en arrière avant de se remettre à le dévisager. Puis les pièces faussées du puzzle se remirent en place et elle se mit à bredouiller, de plus en plus paniquée :

" Non, non, non, non, tu vas partir ! Pourquoi veux-tu partir ? Pourquoi ? Je n'ai pas dit tout ça ! Je n'ai jamais dit tout ça ! Ce n'est pas vrai ! Pourquoi dis-tu ça ? je ne veux pas que tu t'en ailles ! Je t'en prie NicolaI, ne fais pas ça ! "

Aureane, dans son état normal n'aurait pas été plus paniquée s'il lui avait dit qu'il allait la vendre à des drows ou qu'il allait lui même se vendre. Là, elle était sans doute incohérente, mais très claire avec elle-même et complètement terrorisée à l'idée de ce qu'elle était persuadée qu'il allait faire ou était en train de faire. Elle jeta des coups d'œil alentours de l'air de se demander par où elle allait fuir s'il continuait...

" Ce n'est pas vrai, je n'ai pas dit ça ! " cria-t-elle finalement avant de faire volte face et de partir en courant sans regarder où elle allait.

Les abandonner ? Ne pas les abandonner ? Les abandonner ? Ne pas les abandonner ?

Pourquoi Ditronw Da're se donnait-il tant de mal pour deux misérables créatures humaines ? Je’skar avait bien d'autrezs choses à faire et des plus importantes que de servir de guides à deux fous. Car, c'est ce qu'ils étaient n'est-ce pas ? La femmelle ne semblait pas vivre dans le même monde et son compagnon était éperdument amoureux d'elle. C'était mièvre et stupide. S'il la voulait, qu'il la prenne. Dans l'état où elle était, elle ne le remarquerait même peut être pas. Mais non ! L'humain s'acharnait à multiplier les attentions et se contentait de la couver des yeux en espérant qu'enfin elle se décide à lui faire un signe. Son cimeterre était fermement attaché et plusieurs fois, son regard se posa dessus. Les tuer ? Il serait libre et ne ferait pas se voyage pour rien... Il pourrait retrouver ses jolies compagnes et prendre du bon temps... Il pourrait... Mais le Ditronw Da're lui avait promis une coquette somme pour ce travail et lui avait déjà donné plus que son métier de chasseur lui offrait en un mois. Et il lui promettait plus encore... Quand sa mission serait terminée. Je'skar était apaté par tout cet argent et se résolu donc à mener sa mission à bien, quitte à supporter les deux humains. C'était insupportable, ils avançaient à cheval plus lentement qu'ils ne l'auraient fait à pied... et tout ça parce que cette imbécile tressait son cheval et que l'autre ne voulait pas la brusqué. Une bonne gifle la plongerait sans doute dans un long sommeil et au moins ils pourraient avancer ! Le guide passa toute la première journée de voyage à répéter toutes sortes de jurons drows à demi-voix. De toute façon, même s'ils avaient entendu, ils n'auraient pas compris. Et tant mieux, cela aurait pu choquer un peu plus ces pauvres et misérables créatures !

La nuit tombait lorsque Je'skar choisit de s'arrêter. Evidemment, en plus de voyager lentement, ils devaient voyager de jour pour ne pas dérétgler les pauvres petites créatures. Le guide monta rapidement le camp et nourrit les chevaux. Il écoutait d'une oreille inatentive la discussion mièvre des deux humains, d'abord tranquille puis plus animée... La jeune femme se mit à hurler avant de partir en courant. Son hurlement se répercuta sur les montagnes et revint... mais contrairement aux humains il entendit un autre bruit. Le genre de bruit que... Plus vif que l'éclair, il franchit les quelques mètres qui le séparait de l'humaine, l'attrapa par le bras et l'attira contre lui... Il la lâcha d'ailleurs très vite, comme si elle l'avait brulé, alors que si elle ne lui avait pas fait le moindre mal, sa poigne laissait sur le bras de l'humaine une marque plus claire, là où le sang n'avait pu circuler pendant quelques secondes.

- Usstan ssinssrigg nindol... { Je n'aime pas cela... }

Mais évidemment, ils n'allaient pas comprendre. Il réunit alors ses maigres connaissances du royaume et de la langue humaine pour prononcer quelques mots à leur attention. Il comprenait bien la langue, mais la parlait assez mal.

- Nous... hum... Partir ici.

Les ennuis viennent rarement seul. La pierre qui était tombée à l'emplacement d'Aureane avait peut-être déclenché une faiblesse dans les montagnes et peut-être y aurait-il d'autres éboulements cette nuit. Un autre chasseur lui avait dit qu'un peu plus loin il y avait un trou dans la roche pouvant offrir un abris... S'ils le trouvaient, ils seraient en sécurité pour la nuit. Je'skar détacha les bêtes mais n'en passa qu'une à Nicolaï.

- Toi... monter... elle avec. Pour plus vite.

Et malheureusement, cette fois ne dérogeait pas à la règle... Il n'y aurait pas qu'une seule embuche sur le trajet.

Aureane ne sembla pas vraiment réagir au fait que le drow la tire par le bras, si ce n'est qu'elle s'immobilisa sans chercher à aller plus loin. Avoir manqué se faire écraser par un rocher lui était apparemment passé au-dessus de la tête. A présent, elle s'essuyait les yeux d'où coulaient des larmes de détresse. Elle ne réagit pas tellement plus quand Nicolaï la jucha sur le cheval et monta derrière elle. Elle hocha cependant légèrement la tête quand il lui promit qu'il resterait avec elle et sécha ses larmes.

Ils se remirent à avancer, les paupières de la jeune fille se fermaient toutes seules et plus d'une fois, elle sursauta en manquant s'assoupir dans les bras de Nicolaï. Elle ne voulait pas dormir... Elle voulait garder les yeux ouverts parce qu'alors elle était sûre que le chevalier était toujours là. C'était bien la seule chose qui l'intéressait un tant soit peu, étant donné qu'elle ignorait le paysage propice aux chutes de pierres et le drow... Elle avait aussi oublié le cheval tressé et ne disait plus rien.

Puis elle se mit à chantonner, tout doucement, si bas que l'oreille exercée de leur guide devait à peine entendre...

" Doucement, doucement s'en va le jour,
Doucement, à pas de velours... "

C'était une berceuse qu'elle connaissait bien, qu'elle avait chanté et écouté maintes et maintes fois. Elle continua quelques minutes avant de souffler, à moitié endormie :

" Tu peux arrêter, Grand-Mère, Isaac s'est endormi... "

Elle même n'en pouvait plus, se laissant aller de plus en plus contre Nicolaï, malgré ses efforts pour rester éveillée. La nuit qui était tombée ne l'aidait pas non plus à garder les yeux ouverts.

On aurait pu la croire endormie, finalement, mais quelques minutes plus tard, elle sursautait légèrement, regardant autour d'elle d'un air inquiet.

" Nicolaï ? "

Elle tourna la tête, fut soulagée de le voir derrière elle et reprit, essayant
de ne pas avoir l'air trop effrayée :

" Où sommes-nous ? "

Elle semblait avoir pleinement conscience de se promener à cheval au milieu d'un paysage dévasté. Elle réagissait comme si elle voyait la Faille pour la première fois, mais elle regardait le jeune homme avec une inquiétude assez naturelle, vu les circonstances.

" Qu'est-ce qui se passe ? "

Sauver une humaine. Non ! Comment avait-il seulement pu faire cela ? Alors qu'elle les avaient ennuyés toute la journée ? Cela aurait été tellement tellement tellement plus simple si elle était morte. Ils auraient pu avancer rapidement et il serait rentrer au Puy en moins de deux. Pourquoi ? Pourquoi s'était-il précipité sur elle pour la sauver ? Cela n'avait ni queue ni tête. Lui qui méprisait tant les humains, voilà qu'il en sauvait une. Et il le regrettait, oh ça oui ! Encore avait-il la chance que aucun drow ne l'ait vu faire sinon, nul doute qu'il aurait été la risée de ses camarades. Peut-être même aurait-on boycotter son commerce pour cela ? Il ne fallait pas beaucoup aux Drows pour s'enflammer et tout était bon pour descendre et dénigrer quelqu'un. Mais à bien y réfléchir, il aurait fallut l'enterrer - ou l'emmener ce qui aurait été pire vu l'odeur que le corps aurait dégagé pour le reste du voyage - et l'amoureux transit aurait probablement beaucoup pleuré. En tout cas, il n'aurait pas été dans un état convenable pour continuer RAPIDEMENT le voyage. S'ils pouvaient avancer aussi vite, autant que la jeune femme monte avec lui pour le reste du travail. Ils n'auraient qu'à changer de cheval régulièrement et le tour serait jouait. Je'skar leur lançait de fréquents coups d'oeils et il remarqua que l'humaine s'était endormie. Tant mieux, elle les ennuirait moins ainsi. Malheureusement... Cela ne dura pas et elle se réveilla, posant immédiatement beaucoup - trop - de questions à son compagnon.

Le camarade chasseur du guide avait dit vrai et ils trouvèrent, non loin de la scène du "sauvetage", un renfoncement dans la caverne. C'était assez grand, et certaines zones étaient entièrement dans l'ombre alors quefiltrait encore quelques lueurs du jour. Il descendit de cheval et fit signe à Nicolaï de faire de même. Ici, ils seraient en sécurité. Après avoir avaler quelques provisions - Je'skar les rationnait tout de même un peu au cas où le voyage ne soit long - ils s'instalèrent autour du feu sensé éloigner les bêtes et s'endormirent. Je'skar gardait toujours un oeil ouvert mais ne se réveilla qu'au matin à cause d'un petit bruit. Celui de petits cailloux qui roulent. Si les humains ne devaient pas voir grand chose, avec seulement les braises du feu, Je'skar quant à lui compris très bien la situation. Ils étaient emmurés. Vivants. Il y avait eu un éboulement qu'aucun des trois n'avait visiblement calculé et les voilà enfermer. Les pierres étaient grosses et il leur faudrait des heures voir des jours de travail errintant pour se créer une sortie... Il leur faudrait trouver autre chose. Peut-être y avait-il une issue quelque part ? Je'skar posa ses mains à plat sur la pierre et commença à longer le mur, c'était de la roche... pure. Pourtant, sa main ripa et se retrouva dans le vide. Il se pencha pour regarder... Oui, il y avait bien un passage. Par quoi - ou pas qui - avait-il été créer ? Peut-être l'eau ? Où menait-il ? Etait-ce une impasse ? Le guide lança un caillou plusieurs mètres plus loin. Il ne rebondit sur rien, le passage continuait donc sur au moins trente mètres. Ils seraient obligés de se pencher pour marcher à l'intérieur mais s'il calculait bien, les chevaux aussi pourraient passer, même s'ils seraient très à l'étroit. Il fallait maintenant l'expliquer à Nicolaï et Aureane...

- Passage. Hum... Ici. Petit. Suivez moi.

Chacun marcherait en tenant son cheval - et s'en assurant qu'il baisserait bien la tête pour rentrer. Une fois qu'ils seraient rentré, le plus dur serait fait. En espérant ne pas avoir à faire demi-tour. Et ils s'élancèrent donc dans le petit chemin, Je'kar du haut de ses deux mètres et à demi-courbé dans le passage qui devait faire moins d'un mètre soixante dix de haut dans les pires passages. Et ils marchèrent... marchèrent... marchèrent... La progression était errintante et difficile. Flop. Le guide, qui ouvrait la marche, avait marché dans une flaque d'eau... C'était bon signe ! S'il y avait de l'eau ici, c'est que ce tunnel débouchait forcément quelque part ! Ils continuèrent encore et encore, mais ce simple bruit devenu répétitif - flop flop flop - leur redonnait un peu d'espoir.

SPLACH.

Je'skar ne comprit pas ce qui venait de lui arriver, le cheval hennit et se cabra. Le guide sentit la morsure froide de l'eau, il tenait toujours le cheval qui se débattait dans l'eau. Il poussa d'un coup de pied et rencontra la roche... Il remonta et prit une grande bouffée d'air. Il était au milieu d'un petit lac, une source d'eau froide mais visiblement buvable. Un bassin ? Le lieu était très haut de plafond et était plongé dans une semi-obscurité - il faisait déjà plus clair que dans le tunnel, ce qui serait pour les humains une bénédiction - et ce qui voulait aussi dire que quelque part il y avait une source de lumière et donc... une ouverture. Visiblement les humains s'étaient arrêtés en entendant le bruit du guide.

- Bassin d'eau ! Venir !

Devait-il préciser qu'il y avait à l'endroit où il était tombé au moins deux mètres de fond mais que plus en avançait moins c'était profond ? Il ne savait pas comment dire, ils se débrouilleraient. Il rejoint le bord avec son cheval. Faudrait-il les aider ? Il était prêt à tout tant il était heureux que le passage ne soit pas une impasse. Il n'était pas emmuré vivant ! Du moins, pour l'instant ils ne l'étaient pas.


{ Vous avez marcher entre trois et cinq heures dans le noir le plus total en suivant simplement votre guide, Aureane passait largement mais Nicolaï a du lui aussi se courber un peu car le passage ne faisait qu'un mètre soixante-dix de hauts aux bons endroits. Dans l'ordre de passage dans le tunnel : Je'skar - Aureane - Nicolaï. Vous pouvez prendre votre temps pour rp chaque étape, pas forcément faire tout cela en un seul poste }

Ainsi, ils n'avaient donc pas marché pour rien. L'atterrissage fut un peu brutal et la morsure du froid légèrement douloureuse après tant d'heures passées à marcher, mais la douce lumière qui filtrait offrait à nos voyageurs une lueur d'espoir : celle de ne pas être enfermé vivant. La lumière devait bien venir de quelque part n'est-ce pas ? Il y en avait trop pour que ce soit simplement un petit trou, ils passeraient, Je'skar en était sûr. La jeune femme disparut de son champ de vision en murmurant quelques paroles qu'il ne comprit pas. Les bases rudimentaires qu'il avait de la langue humaine avaient leurs limites de toute évidence. Finalement, au bout de quelques - longues - minutes les deux humains rejoignirent le drow. S'il ne faisait pas froid, les vêtements trempés les faisaient grelotter et il n'y avait pas grand chose de sec à cause du passage dans l'eau. Je'skar avait étendu ses affaires, encore heureux la nourriture n'avait pas trop était touchée. C'est tout naturellement qu'il se déshabilla et essora ses vêtements avant de les étendre sur le sol. Le drow n'était pas du tout pudique, après tout il n'avait aucune raison d'avoir honte de son corps, alors pourquoi le cacher ? D'autres l'avaient déjà vu et cela ne perturberait probablement pas les deux humains... ou peut-être que si, mais c'était le cadet de ses soucis.

- Enlever vêtements. Sinon tomber malade.

Bien entendu, le drow était immunisé aux maladies, il n'aimait juste pas avoir des vêtements mouillés lui collant à la peau. Ici, ils étaient en sécurité, ils pourraient s'octroyer une pause bien méritée avant de reprendre leur route. Après tout, ils avaient marché activement une bonne partie de la journée sans pause aucune. Aussi, après s'être assuré que son cimeterre ne rouillerait pas, il s'allongea sur le sol et se prépara à dormir, non sans avoir auparavant expliquer aux deux humains.

- Pause. Une, deux heures. Dormir.

Le plus important c'était qu'on le comprenne non ? Il se roula en boule, sa respiration s'apaisa et il s'endormit... presque. Bien évidemment, il ne pouvait pas leurs faire confiance et qui sait, peut-être cette grotte n'avait-elle pas révélée tous ses secrets ? Puis... Les deux humains l'amusaient. Si Haldren n'avait pas acheté si cher leur liberté et leur voyage, il aurait pu les vendre comme esclave ou les garder pour lui. Ils étaient si mièvre et stupides qu'ils en étaient drôles. Décidément, la petite et ses crises de folies, le "valeureux" guerrier éprit de la belle... Peut-être finiraient-ils même par lui manquer tant ils étaient risible. Ce furent là ses dernières pensées avant quelques heures. Plusieurs heures plus tard, ils reprendraient leur route vers une hypothétique sortie.

Aureane avait du mal à prendre conscience que le jeune homme lui parlait. Ce qu'il disait n'avait pas vraiment de sens, mais elle se calma un peu en entendant le son de sa voix. Elle ne saisit pas non plus qu'il essayait de lui rappeler que tout était terminé avec Veshork mais finalement ses derniers mots pénétrèrent dans son esprit tourmenté : " pas les égouts. Nous rentrons à Dyriet. "

Elle cessa de s'agiter, parut avoir un moment de flottement. Il y avait quand même de l'eau, beaucoup d'eau. Agrippée à Nicolaï, il fallut qu'il la fasse avancer lui même pour qu'elle accepte d'entrer dans le lac. Les yeux écarquillés, elle regarda les reflets qui dansaient sur l'eau noire comme si elle était persuadée qu'elle ne s'en sortirait jamais. Un coup d'œil implorant au chevalier lui fit comprendre qu'elle n'avait pas le choix et petit à petit, l'eau lui monta jusqu'au cou. Le reste fut le pire, lorsqu'elle perdit pied et s'agrippa encore plus à Nicolaï tellement effrayée qu'elle n'arrivait même plus à dire un mot. Et puis, finalement... ils se retrouvèrent de l'autre côté.

Aureane claquait des dents, ses bras serrés contre elle, elle regardait dans le vide, en état de choc. Elle parut ne pas se rendre compte de suite que Nicolaï s'occupait d'elle, mais finit par le regarder d'un drôle d'air, comme si elle hésitait. Son regard se posa sur le drow sans qu'elle ne le voit ou l'entende vraiment, puis elle observa à nouveau le jeune homme d'un air grave. Elle cherchait à refaire une mise au point sur ce qui l'entourait.

Bon. Il faisait noir, mais pas trop. Il y avait beaucoup d'eau et cela l'effrayait. Il y avait Nicolaï qui l'avait emmenée dans l'eau. Pourquoi, elle n'en savait rien. Il y avait aussi un autre élément qu'elle n'arrivait pas à cerner... quelqu'un d'autre. Mais c'était trop inquiétant pour qu'elle le prenne en compte. Qu'est-ce qu'elle faisait là, emmitouflée dans une couverture ?

" Nous rentrons à Dyriet. " répéta-t-elle, les mêmes mots qu'avait prononcé Nicolaï un bon moment plus tôt et même la veille.

Elle fronça les sourcils, finit par ajouter plus durement en fixant le jeune homme :

" Je ne connais pas cet endroit. Ce n'est pas normal. Pourquoi tu me dis que tout va bien ? C'est un mensonge ! "

Elle recula d'un pas, comme s'il l'avait frappé. Elle lui avait fait confiance et il lui avait menti ! Quelque chose n'allait pas et même si elle ne savait pas quoi, elle le sentait !

" Où sommes-nous ? "

Il y avait un accent de panique dans sa voix, mais elle ne cherchait pas du réconfort auprès de Nicolaï... elle se sentait trahie. Elle recula précipitamment sans regarder où elle allait et butta contre le drow, pour finalement tomber en arrière. Cela eut pour effet de lui faire prendre conscience que ce dernier était bel et bien là. Soudain nez à nez avec, elle ouvrit de grands yeux affolés et se mit à hurler, son cri de terreur se répercutant à travers le souterrain.

Aureane était en pleine crise de panique : plaquée contre la paroi à regarder le guide comme s'il allait la découper en petites rondelles, elle avait oublié deux minutes la présence de Nicolaï. Pas pour longtemps, car elle regarda le jeune homme en criant, désespérée :

" Tu m'as amenée aux drows ! "

Elle était seule. Complètement seule. Cernée par les drows - s'il y en avait un, il y en avait d'autres - et surtout, surtout, ce qui était pire que tout : Nicolaï l'avait trahie. Il lui avait répété qu'il ne la quitterait pas et tout cela pour... Elle ne pouvait pas y croire, elle ne voulait pas y croire, mais le drow qui était là en était la preuve : si le chevalier avait été honnête, il n'aurait pas été de mèche avec. Elle ne pouvait que constater l'évidence. Toujours plaquée contre le mur, elle était à deux doigts de s'évanouir de terreur : les jambes coupées, elle se laissa glisser jusqu'au sol, anéantie :

" Je te faisais confiance, moi... Tu m'as trahie... "

Mais qu'est-ce qui se passait ? Je'skar ne comprenait pas grand chose, même s'il n'écoutait que d'une oreille distrète la discussion des deux humains. L'humaine devait encore délirer et il essayait de la calmer... Pourtant, il reçut un coup et une seconde plus tard, la jeune femme s'affalait, ayant trébuché sur ses jambes. Il sortit de son "demi-sommeil" pour tomber nez à nez avec une Aureane terrifiée. Il regarda Nicolaï... Ce dernier semblait avoir du mal tout d'un coup. Il fit un long monologue avant de lui envoyer un tissu à la figure, ce devait être un mouchoir ou quelque chose du style. Il prit son arme, et comme le drow quelques minutes plus tôt s'assura qu'elle ne rouillerait pas. Il la balança à terre et elle rebondit... Mais... Je'skar était surpris par cette conduite. Les armes peuvent nous sauver la vie, il faut bien les traîter. Il aurait pu la casser et se retrouver désarmé ? Haldren ne leur avait-il donc pas dit que leur voyage serait périlleux ? Le drow remarqua une tache carmin sur le pierre... Après avoir roulé des yeux et lancé un regard las à Aureane, il se dirigea vers Nicolaï. Manquerait plus qu'il se coupe les veines ce couillon. Mais ce n'était pas les veines et si la blessure coulait abondemment, elle n'était à première vue pas mortelle. Encore ne fallait-il pas qu'il attrape la gangrenne.

- Humain stupides...

Ces quelques mots furent prononcé dans un soupire las mais facilement compréhensible. Le drow se dirigea vers le cheval et alla chercher une petite gourde et une bande en lin. Elle était mouillée mais ce serait mieux que rien. Il revint vers Nicolaï, pris son bras et fit couler quelques gouttes sur la blessures. C'était de l'alcool pour désinfecté la plaie... ça devait faire mal mais au moins il serait guéri, et c'était toujours mieux qu'une épée chauffée à blanc. Il enroula le bandage assez serré et se releva pour prendre l'arme de Nicolaï, la ranger dans son fourreau et la mettre sur le cheval de ce dernier. Il ne faisait pas tout cela par gentillesse, mais s'il se vidait de son sang et mourrait, il n'aurait pas son argent. Haldren et sa foutue magie le saurait... Il lui vint alors... MINCE ! On ne l'avait pas payé pour jouer la nounou de deux enfants stupides ? Si ? Un peu ? Oui un peu quand même. Haldren aurait pu leur donner un plan et basta. Il alla chercher le mouchoir toujours au sol et retourna voir Nicolaï, il passa le petit bout de tissu sur la blessure et fit un noeux. Aureane ne serait probablement pas assez intelligente pour réussir se faire pardonner mais bon...

- Dormir.

Cette fois, ce n'était pas un conseil mais un ordre qui ne souffrait d'aucune contradiction et s'adressait aux deux personnes. Il retourna s'allonger sur le sol... Et toujours aussi nu.

Le regard paniqué d'Aureane allait du drow à Nicolaï, les premiers mots de ce dernier lui échappant totalement. Elle reçut la chemise mouillée par surprise et aurait sans doute reculé encore si elle n'avait pas déjà été assise, collée à la paroi. A présent, elle le dévisageait en essayant de comprendre ce qu'il lui disait. Il parlait vite, trop vite pour qu'elle puisse saisir le sens de ses paroles, mais elle essayait de se concentrer, consciente que c'était important.

Lorsque Nicolaï fit une pause, puis parut s'affaisser, sa peur diminua au profit d'un début d'inquiétude mêlée de malaise. Elle n'arrivait pas bien à saisir ce qui se passait, mais ce qui était certain, c'était qu'il lui en voulait et cela la touchait. Elle le dévisageait, toujours aussi figée, ne sachant plus comment réagir. Il récupéra sa chemise et elle resta là à le regarder. Il alla s'asseoir, prit son épée puis sortit un mouchoir... cela parlait beaucoup plus à Aureane qui n'eut pas besoin d'entendre son prénom pour se sentir pleinement concernée.

" Garde ça. En souvenir d'un chevalier qui t'a demandé d'être sa dame à Diantra et qui a ensuite eu le malheur de t'aimer. "

Les mots se gravèrent au fer rouge dans son esprit et elle fixa le mouchoir qu'il lui avait lancé. C'était son mouchoir... à elle... elle l'avait donné... à Diantra... elle l'avait donné au chevalier... Elle le lui avait donné à lui, Nicolaï... le chevalier Nicolaï... il le lui rendait... en souvenir... Pourquoi en souvenir ? Elle sursauta lorsqu'elle entendit le bruit de l'épée et le regarda à nouveau, perdue une fois de plus. Il lui tournait le dos, mais elle vit qu'il s'était blessé et s'en sentit terriblement responsable. Même si elle ne savait pas pourquoi, cela lui faisait mal.

Le drow récupéra le mouchoir et soigna Nicolaï sans qu'elle réagisse. Elle se passait ce qu'il avait dit, essayant de donner un sens à tout cela. Elle avait toujours peur, mais elle n'était plus certaine que ce soit justifié, du moins pas de... voyons... Veshork... cela lui évoquait les égouts et ce n'était pas ce qui se trouvait ici... Nicolaï, lui, il avait été là... elle s'en souvenait confusément. Il était là. Ce que ça lui avait couté... les cicatrices... Quelque chose commençait à prendre forme dans son esprit. Le bateau... le bateau... elle bloquait sur ce passage... sur ce qui s'était passé juste après... Il ne l'aurait pas livrée aux drows. C'était incohérent.

Elle réalisa avec horreur qu'elle réagissait de façon absurde. Quelque chose n'allait pas et... et Nicolaï, lui, souffrait de cela. Ça expliquait tout, absolument tout : le fait qu'elle ne comprenne pas où elle se trouvait, qu'il y ait un drow avec eux, que le jeune homme ait l'air si triste en la voyant... Il lui avait dit qu'elle avait dit des mots qui l'avaient blessé, elle n'avait pu se résoudre à le croire mais s'il avait raison... Le cœur d'Aureane s'emballait à mesure qu'elle réalisait à quel point elle était en décalage avec lui. Elle lui avait dit qu'elle lui faisait confiance, elle en avait été persuadée... Pourquoi prétendre le contraire un instant plus tôt alors qu'elle en était intimement convaincue ?

Toujours assise contre la paroi, la jeune fille continua à se torturer l'esprit jusqu'à remettre le plus d'idées en place. Il n'était pas question de dormir. C'était trop important : beaucoup trop important. Elle voulait savoir ce qui se passait et surtout, elle voulait savoir si Nicolaï réagissait ainsi à cause d'elle. La constatation lui noua le ventre : oui. Tout était sa faute. Elle ne se souvenait plus de tout ce qu'elle avait dit et fait, mais le peu dont elle se rappelait lui suffisait à faire le lien. Et maintenant... Elle ne put retenir un sanglot, qu'elle étouffa précipitamment, en comprenant qu'il avait atteint ses limites. A cause d'elle. Elle avait dû le pousser à bout. Il le lui avait dit : "je n'en peux plus".

Aureane s'effondra à son tour, du moins mentalement, car physiquement, elle n'avait pas bougé, ne pouvant tomber plus bas. Elle avait mal agit, son comportement lui donnait envie de vomir. Nicolaï avait essayé de lui expliquer, elle n'avait pas compris. Il se détournait d'elle, à juste titre. Elle était toujours confuse mais elle prit malgré tout conscience que cela lui brisait le cœur. Il n'y avait plus rien à faire... Elle ne faisait de toute façon pas ce qu'il fallait, alors à quoi bon ? Son esprit se remit à divaguer, cherchant à fuir ce cauchemar...

Un long moment s'écoula avant que la jeune fille, anéantie par ce qu'elle avait fait malgré elle, ne parvienne à penser à nouveau de façon à peu près cohérente. Elle se sentait coupable, se disant qu'elle restera là et que ce serait mieux pour tout le monde. C'était cela... elle ne bougerait plus de là où elle était. Une autre pensée s'immisça dans sa tête : lâche. C'était lâche de rester repliée sur elle-même sans au moins... s'excuser ? Cela lui paraissait tellement dérisoire... Pourtant... Et si elle ne faisait qu'aggraver la situation ? Elle n'était même pas certaine de ce qu'elle avait fait... Elle ne savait plus où elle en était, les mots de Nicolaï se dissolvaient déjà dans son esprit...

Aureane se leva brusquement : il fallait qu'elle parle avant de ne même plus se rappeler ce qu'elle pensait. Et après... après elle resterait là : elle le libérerait de sa présence. Ce n'était pas grave si ils partaient sans elle, elle était presque certaine qu'elle oublierait même le temps qu'elle passerait toute seule dans le noir... elle trouverait sans doute cela normal.

Elle alla s'agenouiller à côté de Nicolaï, cherchant ses mots. Autant aller au plus simple... Si seulement il y avait une chance pour qu'il accepte de l'écouter... Il était réveillé, il savait qu'elle était là, elle n'avait plus qu'à essayer.

" J'imagine que... tu ne veux plus m'entendre... mais... "

Elle parlait à voix basse, mais surtout lentement, ayant de la difficulté à coordonner ses idées. Elle baissa les yeux, poursuivit :

" Je voulais juste te dire que... je suis désolée... j'ai compris... que j'avais dit des choses... je ne me souviens plus... mais je ne voulais pas... te faire du mal... Je ne sais pas ce qui m'arrive... "

Elle essuya ses yeux, ne voulant pas pleurer. Pas maintenant. Elle aurait bien le temps quand elle serait toute seule. Elle reprit avec conviction, quoique toujours lentement, décidée à aller au bout de son idée :

" Je ne comprends pas... pourquoi je ne fais pas ce qu'il faut mais... j'oublie... je n'arrive pas à me souvenir... mais ce n'est pas... une excuse... je ne veux pas que tu sois triste... c'est ma faute... et toi tu es toujours là pour moi... et je... j'ai dit... je ne pouvais pas penser ça... c'était injuste... Tu mérites d'être heureux... "

Nouvelle pause. Elle finit par le regarder à nouveau, hésita... hésita encore et finit tout-à-coup par le serrer dans ses bras. Elle le relâcha quelques secondes plus tard et se recula en tremblant légèrement d'émotion.

" Je suis désolée. "

Puis elle s'éloigna à nouveau en faisant tout son possible pour qu'il ne l'entende pas pleurer. Dans sa tête, il n'y avait pas vraiment de solution. Elle en avait sans doute déjà trop fait... Elle fixa le lac, l'eau glacée... elle s'aperçut qu'elle avait encore ses vêtements humides sur elle et qu'elle s'en moquait. Qu'est-ce qu'elle venait de dire ? Elle était sûre d'avoir été sincère, mais elle s'embrouillait déjà l'esprit. Oh si... elle lui avait dit qu'elle était désolée. Mais elle ne lui avait pas dit autre chose d'essentiel. Elle aurait dû... ou pas, elle ne savait plus.

Dans son brouillard de tristesse, Nicolaï entendit quelqu'un s'approcher bien avant qu'il ne le voit vraiment, il sut que c'était Je'skar. La démarche d'Aureane n'avait rien à voir avec celle du drow. Le Sombre lui prit le bras pour examiner rapidement la blessure qu'il avait réussi à s'infliger tout seul comme un grand. Il y avait de quoi être fier non? Il avait réussi à faire en sorte que le sang coule abondamment.

Honnêtement, le chevalier s'en fichait pas mal. Se n'était rien comparé à se qu'il ressentait à l'intérieur de lui même. Aureane avait eu une pensée cohérente. Elle s'était rendue compte de l'état dans lequel elle se trouvait et de qui était là.

Un éclair de lucidité comme elle n'en avait pas eu depuis qu'ils s'étaient retrouvé. Un instant, elle était redevenue l'Aureane qu'il connaissait à Dyriet. Mais cela avait très mal tourné. Se n'était pas tant les mots qui faisaient du mal au jeune homme. C'était la façon dont ils étaient sortit. Durant la première période ou Aureane avait été vraiment consciente de se qui était en train de se passer, elle avait pensé qu'il l'avait trahit. C'était la première chose qui lui était venue à l'esprit. Le chevalier l'avait trahit et s'apprêtait à la livrer aux drows. Toute stupide qu'est été cette idée, elle n'en avait pas eu d'autre et avait fermement maintenu son idée en place.

La première chose à laquelle Aureane avait pensé lorsqu'elle était redevenue consciente de se qui l'entourait était qu'il l'avait trahit. Qu'il ne valait pas mieux de Veshork.

Comment était-il sensé prendre cela?

Honnêtement, il n'en savait rien. C'était une autre Aureane qui avait offert son mouchoir à un autre Nicolaï.

Y avait-il seulement autre chose que de la colère et de la tristesse qui étaient en train de ronger Nicolaï dans son cerveau? Il n'était même pas certain de pouvoir ressentir autre chose.

- Humain stupides, grogna Je'skar.

Quelque soit la tête qu'afficha le Sombre, Nicolaï n'en avait pas grand chose à faire. Combien leur guide pouvait avoir raison? Les humains étaient tous plus stupide les uns que les autres. Et Nicolaï n'avait pas de mauvais classement dans cette liste. Il n'y avait que dans les contes que les nobles chevaliers sauvaient des belles demoiselles dont ils étaient épris. Nul part ailleurs cela n'existait. Il venait d'en avoir la preuve sous les yeux. Personne ne s'intéressait aux preux chevaliers. Et avant tout pas les jolies demoiselles aux yeux bleu à qui la folie fait perdre la tête. Elles s'en fichaient complètement et balançaient leurs chevaliers dans la gueule du méchant dragon à la première occasion.

Je'skar revint et entama de lui faire un bandage. Nicolaï se laissa faire, mais il ne put s'empêcher de pousser un grognement de douleur en serrant les dents au moment ou le drow désinfectait la plaie. Une fois le bandage terminé, le drow s'occupa de diverse petite chose, revenant finalement pour nouer le mouchoir d'Aureane autour de son bras. Nicolaï observa un moment le petit morceau de tissu. Il n'avait qu'une seule envie: l'arracher de son bras et le jeter au loin. Il ne voulait plus se souvenir de cette journée et voulait effacer tout se qui faisait autrefois qu'il avait put si stupidement tomber amoureux d'Aureane. Il ne voulait plus vivre quelque chose comme cela. C'était bien trop douloureux.

Sauf qu'apparemment, ils manquaient de matériel médical. Il fallait donc se contenter de se qu'ils avaient. Le chevalier fit donc un effort pour ne pas se débarrasser de ce pansement improvisé.

- Dormir.

Se n'était plus un conseil, mais un ordre. Ils avaient tous besoin de repos. Lui y comprit. Oui. Surtout lui. Il fallait qu'il dorme. Qu'il sombre dans l'inconscience quelques heures pour au moins ne plus retourner les mots d'Aureane sans arrêt dans sa tête. Se serait déjà ça de gagné.

Tranquillement, Nicolaï imita le drow qui, quelques minutes plus tôt s'était délesté de ses vêtements. L'humain conserva pourtant un sous vêtement, n'ayant pas la moindre envie de se retrouver entièrement nu. Cela ne dérangeait en rien Je'skar. Mais drows et humains n'ont pas tout à fait la même notion de pudeur. Une fois que ses affaires furent en place, Nicolaï s'empara de sa cape encore sèche et alla s'installer contre une grosse pierre où il se blotti pour chercher un sommeil qui ne venait pas. Il commença donc par réflexe à jouer avec sa crosse chevalière qui pendait à son cou pas une chaine de fer.

Que faisait Aureane? Il n'en savait rien. Il ne lui avait pas jeté un seul regard depuis qu'il lui avait lancé le mouchoir et pour être tout à fait honnête, il n'en avait pas la moindre envie.

Il était en train de s'endormir lorsqu'il perçut un floc floc floc qui s'approchait. Aureane. Elle avait conservé ses vêtements trempé.

*Elle n'en a pas encore eu assez? Qu'est-ce qu'elle viens faire?*

Nicolaï n'avait pas la moindre envie de voir Aureane. Il voulait qu'elle le laisse tranquille et surtout, qu'elle ne s'approche pas de lui. C'était suffisamment douloureux comme cela. Pas le peine d'en rajouter non plus. À croire qu'elle y prenait de plaisir.

Elle s'agenouilla juste à côté de lui. Nicolaï ne la regardait pas. Il n'en avait pas l'intention. Ses yeux pourant parfaitement ouvert, il regardait ostensiblement dans une autre direction. Pour être honnête, s'il ne s'était pas retrouvé coincé entre Aureane et la pierre, sans doute aurait-il été chercher un autre endroit pour dormir en la plantant là. L'idée de la bousculer pour partir lui effleura l'esprit, mais il la rejeta. Tant pis. Il allait supporter se qu'elle avait à dire. De toute façon, elle ne pouvait pas lui faire plus mal que se qu'elle avait déjà fait. Ou en tout cas, il ne voyait pas comment elle pourrait le faire.

" J'imagine que... tu ne veux plus m'entendre... mais... "

*Dans le mille. Je n'ai envi ni de te voir, ni de t'entendre. Alors qu'est-ce que tu attend pour déguerpir. Ça t'amuse toute cette petite histoire? Tu es venue contempler ton œuvre ou me mettre un nouveau poignard dans le cœur? Tu vas être déçue alors. Je te l'ai offert et tu l'as broyé. Il n'y a plus rien où tu pourrait planter ton poignard. Maintenant va-t-en. Tu as comprit toute seule que je ne voulais pas t'entendre alors qu'est-ce que tu attend pour partir?*

Elle parlait à voix basse. Mais assez fort pour que Nicolaï puisse parfaitement saisir ses paroles. Il ne vit pas qu'elle baissait les yeux. Le regard ostensiblement tourné vers ailleurs, il ne la voyait absolument pas.

" Je voulais juste te dire que... je suis désolée... j'ai compris... que j'avais dit des choses... je ne me souviens plus... mais je ne voulais pas... te faire du mal... Je ne sais pas ce qui m'arrive... "

Elle ne se souvenait plus? Oh, c'était très simple pourtant. Il lui suffisait de remonter quelques petites minutes en arrière dans sa mémoire et elle verrait très bien se qu'elle aurait put lui dire. Et si elle arrivait à remonter un peut plus loin encore dans le passé, elle verrait l'accumulation qui l'avait fait craqué.

En tout cas, si elle avait ses oreilles, elle n'avait pas ses yeux. Quant les auraient-elle à nouveau? Bonne question. Les auraient-elle un jour? Meilleure question.

Elle ne tarda pas à reprendre conviction, quoique toujours lentement:

" Je ne comprends pas... pourquoi je ne fais pas ce qu'il faut mais... j'oublie... je n'arrive pas à me souvenir... mais ce n'est pas... une excuse... je ne veux pas que tu sois triste... c'est ma faute... et toi tu es toujours là pour moi... et je... j'ai dit... je ne pouvais pas penser ça... c'était injuste... Tu mérites d'être heureux... "

*Et j'aurais été plus qu'heureux avec toi. Si seulement au fur et à mesure que je faisait un pas en avant, tu ne faisait pas un pas en arrière.*

Elle ne savait même plus se qu'elle avait dit. Elle l'avait oublier comme si se n'avait rien été. Juste oublié. Mais bon sang. C'était lui qu'elle oubliait complètement. Elle oubliait peut-être se qu'elle lui disait. Mais lui ne l'oubliait pas et ne risquait pas de l'oublier un jour. Et puis à ce compte là, que valait ses excuses? Dans quelques minutes, elle les auraient oublié. Tout comme elle avait oublier le bateau, Veshork, le bal, se qu'elle lui avait dit. Tout en fait. Dans une poignée de minutes, elle ne se rappellerai plus de rien.

Elle marqua une nouvelle pause.

*C'est bon? Tu as fini? Tu m'as bien fait tout gobé. Allé. Je suis bon prince. Vas dormir. Je verrais si je suis capable de te pardonner. Mais je ne te garantit rien. En tout cas, j'espère que tu n'attend pas un mot de ma part. Tu serais déçue.*

Tout-à-coup, sans qu'il s'y attende, elle vint le serrer dans ses bras. Nicolaï resta interdit les quelques secondes que ce contact dura. Depuis qu'il se connaissait, c'était lui qui faisait des pat en avant vers elle. Aureane se contentait de reculer. Plus ou moins loin. C'était lui qui prenait les initiatives des contact entre eux. Là, elle venait d'avancer. Elle le relâcha quelques secondes plus tard et se recula en tremblant légèrement.

Si le but de la manœuvre était de le déstabiliser, on pouvait dire qu'elle avait réussi son coup.

" Je suis désolée. "

Puis elle s'éloigna à nouveau de lui, le laissant contre son rocher alors qu'elle allait observer le lac. Nicolaï ne savait plus du tout où il en était ni se qu'il devait faire. Il fini par jeter un regard à Aureane et soupira lorsqu'il s'aperçut qu'elle portait toujours ses vêtements humides. Il se leva et se dirigea vers la jeune femme. Si elle était en train de pleurer, en tout cas, Nicolaï ne vit pas ses larmes. Il évitait en effet de croiser son regard.

« Si tu garde tes vêtements mouillé, tu vas tomber malade, finit-il par dire. »

tranquillement, il aida la jeune femme à défaire le laçage de sa robe qui fini par tomber au sol dans un bruit feutré. Bien sur, elle portait d'autres vêtements en dessous. Mais en tout cas, la tâche de Nicolaï s'arrêtait là. Prenant la robe, il alla l'étendre pour la faire sécher.

Il revint ensuite vers elle, toujours sans regarder son visage et lui tendit sa cape.

« Tu ne peux pas garder se que tu porte sur toi ou tu vas tomber malade. Il faut que tu l'enlève. Je te promet, je ne regarderais pas. Après, tu n'aura qu'à t'enrouler dans ma cape. »

La voix du chevalier était totalement neutre voir même un peut froide et cassante. Il ne laissait pas passer la moindre émotion. À chaque fois qu'il l'avait fait dernièrement, cela avait aboutit en catastrophe.

Nicolaï allait repartir. Quant quelque chose le retint. Il avait une toute dernière chose à dire à Aureane. Cela n'aurait certainement aucun impact de toute façon. Elle ne se rendait pas compte de se qu'elle faisait ou disait. Et puis, elle oubliait tout après quelques minutes. Alors ça n'aurait pas la moindre conséquence autre que d'être déçu si ça aussi elle l'oubliait. Mais au niveau de la déception, il était difficile pour Nicolaï de tomber plus bas.

« Tu veux que je sois heureux. Mais apparemment, tu n'as pas encore comprit que la seule chose dont j'ai besoin pour l'être, c'est toi. Sauf qu'à chaque fois que je tente de me rapprocher de toi, tu recule ou tu reste sur place à attendre. Je commence à être fatigué de toujours devoir avancer dans le vide. »

Le jeune homme alla s'installer un peu plus loin. S'allongeant sur le sol, il tourna le dos à Aureane.

« N'oublile pas d'étendre tes vêtements mouillé, lui lança-t-il. »

Le jeune homme se mit à grelotter un peut. La pierre sous lui était froide et l'air de la caverne n'était pas spécialement chaud non plus. Il ne regrettait pas d'avoir laisser sa cape à Aureane car sans ça, la jeune femme n'aurait jamais abandonné ses vêtements trempé. Mais elle lui aurait été bien utile pour ne pas avoir trop froid.

Le dos tourné à la jeune femme qui devait certainement être en train de se débarrasser de ses affaires trop humide pour être gardées, Nicolaï tremblotait de froid dans son coin. Je'skar ne pouvait pas le voir du fait de la pierre contre laquelle le chevalier était allé s'installer. Cela éviterait certainement au drow une crise de gentillite aiguë en proposant à l'humain sa propre couverture.

Une pensée stupide germa dans son esprit.

*Aureane a les joues et les mains chaudes quant elle dors.*




HRP: *tend une perche à Aureane*

Je'skar n'avait jamais véritablement compris pourquoi on disait de son peuple qu'il était vil, cruel et qu'une coquille vide de sentiments. Désormais, en observant les deux humains agir ensemble, il comprenait. Un Nicolaï drow ne se serait pas embêter à soutenir une femme aussi mentalement fragile, il l'aurait prise sans concessions. Et une Aureane drow... Non, elle n'aurait pas toucher à la folie ainsi. Ce n'était pas possible. Ils s'aimaient et se faisaient souffrir l'un l'autre. Aureane peut-être plus involontairement. Et Je'skar était au milieu de tout ce desespoir et ces coeurs sincères et pures. S'en était affligeant de voir à quoi la compagnie des humains l'avait réduit. Il entendit un bref échange avant de sombrer totalement dans le sommeil, loin de cette caverne où ils étaient peut-être enfermés. Loin de ce lac et loin de ces amourettes compliquées pleines de rebondissement.

Il se réveilla au bout d'une ou deux heures probablement. Il était largement tant de partir désormais, de se diriger vers la lumière et cette hypothétique sortie à laquelle il croyait malgré tout. Il profita du lac - ils n'auraient probablement plus d'occasions pareils pendant le reste de leur voyage - pour se laver puis, s'habilla et s'arma. Il se dirigea alors vers les humains, posa sa main sur l'épaule de l'humaine avec un simple "Partir. Réveiller." pour consigne. Il fit un transfert, déchargea un cheval et en chargea un peu plus un autre. Celui déchargé porterait Aureane et Nicolaï. Ils avaient déjà perdu beaucoup de temps le premier jour avec les caprices de l'humaine, inutile de recommencer.

Ils se mirent en selle et partirent.

L'avancée était bien moins périlleuse et fatiguante à cheval. Ils avancèrent toujours dans la même et unique direction : la lumière. Au bout de quelques heures de marches, cette derrière s'éteint. Non, ils ne l'avaient pas loupés... Il faisait tout simplement nuit. Ils chevauchèrent une heure encore, puis s'arrêtèrent jusqu'au matin.

JOUR 3

La marche avait reprit à l'aube et il leur semblait à chaque pas qu'ils se rapprochaient de la lumière. Je'skar ne craignait un mirage. La journée fut rythmée par le seul bruit des sabots et du repas. Je'skar, perdu dans ses pensées, ne s'occupait pas le moins du monde des deux humains. Enfin, c'est en fin d'après-midi qu'ils trouvèrent le puy de lumière. Une ouverture dans la montagne. Les dieux soient loués ! Ils étaient libres ! Ils devaient tout de même descendre de cheval pour passer par le petit trou. En sortant, ils se retrouveraient sur une petite bute de gravillons avant de retrouver la terre ferme. C'était mieux que tout pour Je'skar car il reconnaissait le lieu : En passant par la montagne, ils avaient gagné le temps qu'Aureane leur avait fait perdre le premier jour.