Une chasse au trésor ou simple passage? [Nyrlae]

Il avait bien vus que la demoiselle était épuisée de sa nuit blanche à devoir régler ses affaires autant à l’interne qu’a l’externe, mais sa découverte valait réellement le regard. Certes, il savait que différents châteaux avaient étés construit avec des passages secrets, qui permettait à la famille qui y habitaient, de pouvoir se déplacer à son bon vouloir sans être vu, puisque lui-même possédait ce genre de couleur, jadis. Il avait même dû emprunter l’un de celui-ci pour sauvé sa peau, laissant derrière lui l’homme qui s’était jurer de le protéger. Seulement, celui-ci semblait différent et il ne savait en quoi. Il avait préféré la prévenir avant de pousser d’avantage son exploration dans ce sens. De plus, les symboles elfiques qu’il avait pu apercevoir quelques instants plutôt, ne révélait de vraiment utile pour qu’ils sachent de quoi il en retournant. À la réponse brève de la demoiselle, il sût qu’il avait tout de même fait le bon choix. Après cette petite escapade dans la bibliothèque, il lui indiquerait son désir de la voir aller se reposer, mais savait déjà qu’elle serait sa réponse. Après tout, il était uniquement chargé de sa sécurité et non de sa santé.

Accordant leurs pas, les deux elfes se dirigèrent rapidement vers la bibliothèque, ne laissant transparaître aucun sentiment. Parfois, lorsque les gens croisaient Galyn, ainsi indifférent en présence de la Dame, les murmures montaient afin de montrer leur désapprobation. Nul autre que lui agissait ainsi envers elle et tous se demandait bien comment elle pouvait tolérer un tel comportement, venant de son garde du corps. De ses rumeurs, le jeune homme n’y prêtait aucunement attention. Il avait autre chose à faire et si Nyrlae le gardait ainsi à son service, sans l’avoir encore flagellé sur la place publique, c’était forcément parce qu’il était compétent dans son travail. Donc, rendu dans le lieu de l’incident, le garde du corps dirigea immédiatement la jeune femme jusqu'au rayon qui était tombé sur le sol, éparpillant son contenu sur le sol. Une part de lui était mécontente de devoir recommencer son travail de classement dû à la bêtise de Lören, mais l’autre part de lui, était fasciner par ce passage. Il semblait loin d’être anodin. De plus, il se demandait bien pourquoi personne n’avait eu connaissance de se passage avant ce jour. Après tout, à voir l’expression de la demoiselle, elle ne semblait pas plus au courant que qui que ce soit.

Le regard de Galyn suivit les doigts de la Dame, lorsqu’elle parcourait le mûr irrégulier. Fronçant doucement les sourcils, il savait bien ce qu’elle cherchait, seulement, il ne semblait y avoir nul autre mécanisme d’enclenchement.

" Fermez la porte... "

Hochant la tête pour montrer qu’il avait comprit, il se dirigea vers la porte en passa rapidement la tête vers celle-ci afin de s’assurer que personne ne venait. Peut-être que la dame de compagnie tenterais de refaire une approche, cette fois, un peu moins dévastatrice! Personne ne venait. Bien.

" Cela doit fonctionner en deux parties, vous avez dû faire jouer le premier mécanisme qui dévoile le passage... reste à l'ouvrir complètement. "

Tournant la tête vers elle, il referma rapidement la porte, mettant le battant de bois qui servait à la fermer, puis revint vers la demoiselle, se demandant ce qu’il pouvait bien faire pour aider. Jamais il n’avait eu l’occasion de jouer dans se genre de passage étant petit. Ils étaient uniquement utilisés pour la sécurité et non pour s’amuser. Alors, lorsque la porte s’ouvrit finalement, pour laisser place à un long couleur semi éclairer, le jeune homme fronça les sourcils, cherchant à comprendre. Le sol semblait poussiéreux et le tunnel ne semblait pas avoir été utilisé depuis longtemps, ce qui signifiait qu’il n’avait pas été utilisé depuis de nombreuses années, voir des siècles. Avant même qu’il n’ait pu acquiescer un geste en direction du passage afin d’aller lui-même l’explorer plus en détails, voilà que la demoiselle le devançait, désirant pousser plus loin son exploration. Suivant ses pas avec précaution, il n’eut pas le loisir de faire deux pas dans l’interstice, que voilà la porte qui se refermait derrière, les plongeant ainsi dans l’ombre. Serrant la mâchoire pour retenir une certaine colère de s’être fait piéger aussi facilement, les yeux du garde du corps glissèrent jusqu'à ceux de la demoiselle, au moment où celle-ci blêmit. Étrangement, cela le rassurait de pouvoir la voir blêmir. La plupart du temps, elle semblait sans faiblesse et maintenant, c’était elle qui laissait paraître le premier sentiment d’insécurité. Alors que les doigts de la Dame, glissait contre la paroi à la recherche d’un quelconque mécanisme pour réussir à ouvrir de nouveau la porte, un léger déclic se fit entendre, mais un déclic répétitif qui ne manqua pas d’alerter le jeune homme.

Alors que ses oreilles cherchaient l’endroit d’où pouvait provenir le bruit, il entendit une voler de flèche sifflé dans leur direction, cherchant de toute évidence à les blesser. Se trouvant tout près de Nyrlae, le jeune homme ne se fit pas prier pour faire son travail, agrippant rapidement la taille de la jeune femme pour la pousser à s’accroupir. Faisant un rempart de son corps, les flèches vinrent s’échouer contre le mur au dessus de la jeune femme, mais l’une d’entres elles vinrent entailler le bras du jeune homme. Demeurant calme lors de l’attaque, le jeune homme attendit quelques minutes avant de se redresser lentement, guettant chacun des bruits que pouvaient laisser échapper l’endroit. Avec adresse, il se redressa rapidement, empoignant une flèche dans sa main pour mieux l’observer. Seulement, avant de continuer son examinassions, il tendit sa main libre sur la demoiselle afin de lui donner un appui pour se relever. Il cacha rapidement son bras blessé grâce à sa cape, puis porta doucement la flèche à son nez, désireux de connaître le liquide qui se trouvait sur la pointe acérer. Juste à l’odeur nauséabonde il sût de quoi il s’agissait. Rejetant la flèche au sol, il se tourna vers la demoiselle, soucieux.

- Il semblerait que se passage ne soit pas du même genre que les autres que vous avez pu explorer jadis. Celui-ci vous est inconnu n’est-ce pas? De plus, aucun ouvrage de la bibliothèque n’en fait mention.

Personne n’irait jusqu'à piéger un passage qui servirait à la fuite. Sa serais simplement insensé! Le but des passages étaient de protéger et non de tuer ses occupants. Le tout était d’être prudent. Dégainant l’une de ses dagues, il la serra fermement dans sa main, lançant un regard à la jeune femme. Il n’était pas tout à fait satisfait de la situation dans laquelle ils se trouvaient, mais il devait à tout prit faire son travail. Si elle avait voulu entrer la première, il ne la laisserait pas continuer sur sa lancée, pas après ce qu’ils venaient de voir.

- Suivez-moi et marchez là où je marche, je vous pris.

Ils se retrouvaient dans une situation plutôt précaire, sans même savoir s’il existait une quelconque issus à ce passage. Le gars du corps commença par faire quelques pas en direction du couleur, s’enfonçant de plus en plus dans la pénombre. Il avait prit comme précaution de poser uniquement le bout de ses doigts contre la paroi, se disant qu’ainsi, ils seraient préparer à d’éventuel changement dans le sous-terrain. Ses yeux s’étaient lentement habituer à la noirceur, mais rapidement le besoin de lumière se ferait sentir. Après plusieurs dizaines de mètre à avancer dans se silence de mort, à peine perturber par pas l’écho de leur pas dur le dallage, les doigts du garde du corps rencontrèrent un vide profond qu’il ne réussi pas à combler en faisant quelques pas sur la gauche. Fronçant les sourcils, il se retourna vers la demoiselle, puis une sorte de détonation se fit entendre. Son pied avait enfoncé une pierre rectangulaire se trouvant au sol. Cette nouvelle détonation avait fait enflammer une énorme salle de forme ovale. Le spectacle qu’ils avaient sous les yeux étaient stupéfiant et énigmatique à la fois.

Nyrlae avait beau chercher, elle ne sentait rien sous ses doigts et cela acheva de la convaincre qu'ils étaient bel et bien piégés. Surtout, ne pas paniquer. Ils étaient dans un endroit que personne ne connaissait, sans équipement d'aucune sorte, elle se rappelait avoir vu Galyn bloquer la porte de la bibliot... elle fut coupée dans son petit bilan intérieur par une volée de flèches, ni plus ni moins, et son garde-du-corps qui avait eu la bonne idée de lui éviter de se faire transpercer. Le bruit cessa aussi vite.

Agenouillée au sol, la jeune femme resta immobile, le cœur battant, sans oser bouger. Ils venaient de manquer de se faire tuer et il lui fallut toute sa volonté pour ne pas se décomposer. Se relevant lentement lorsque Galyn se décida à bouger, elle accepta sa main, mais s'aperçut qu'elle tremblait légèrement et croisa les bras pour qu'il ne s'en aperçoive pas. Aucune envie qu'il commence à s'inquiéter ou elle ne savait quoi.

" Vous... elle raffermit sa voix, un peu trop blanche à son goût, et reprit, vous allez bien ? "

Elle n'avait pas vu qu'il était blessé, mais la façon dont il s'était placé lui avait fait craindre le pire quand elle avait réalisé ce qui se passait. Le voyant observer la flèche, elle finit par demander en dissimulant autant qu'elle le pouvait son inquiétude :

" Du poison ? "

Qu'est-ce que c'était que ce cauchemar ? Aucun souterrain, à sa connaissance, ne recelait de tel piège. quel intérêt, au juste, lorsqu'ils devaient permettre de s'échapper ?

" Il semblerait que ce passage ne soit pas du même genre que les autres que vous avez pu explorer jadis. Celui-ci vous est inconnu n’est-ce pas ? De plus, aucun ouvrage de la bibliothèque n’en fait mention. "

Elle hocha la tête, mais s'abstint de faire remarquer que lorsqu'on créait un passage secret, ce n'était pas pour en faire mention dans le premier livre venu. Quoi qu'il en soit, il avait raison, elle n'avait aucune idée de ce qu'ils venaient de découvrir. Pour être honnête, elle n'avait pas vraiment envie de le savoir. Pas après ce qu'ils venaient de vivre. D'ailleurs, elle se retourna vers l'entrée, cherchant encore une solution, à défaut d'une ouverture miracle. En même temps, elle n'osa pas trop s'approcher de l'ouverture, craignant que ce soit cela qui ait pu déclencher le système de flèches.

" Suivez-moi et marchez là où je marche, je vous prie. "

Nyrlae se retourna, une lueur d'effroi dans le regard. Elle avait sans doute mal compris...

" Attendez... "

Il n'était pas sérieux ? il comptait vraiment leur faire traverser le passage ? C'était de la folie ! Qui savait ce qu'il y avait ensuite, si dès l'entrée on menaçait de se retrouver criblé de flèches ! En même temps... avaient-ils bien le choix ? S'ils devaient attendre qu'on les cherche... en admettant qu'on pense à aller les trouver dans la bibliothèque... à sa connaissance personne n'était au courant. En plus, il avait bloqué la porte, donc pendant un temps on se dirait qu'ils ne souhaitaient pas être dérangés. Avant qu'on en vienne à fracturer la porte, qu'on trouve le passage... si on le trouvait. Ils pouvaient appeler, bien-sûr, mais étant donné l'épaisseur des murs, personne ne les entendrait.

Il pouvait s'écouler des jours avant qu'on ne se préoccupe de les sortir de là. Mais poursuivre la progression paraissait encore plus insensé. Elle hésita encore un peu, puis se résigna à lui emboiter le pas, acquiesçant simplement :

" Je vous suis. "

Elle paraissait s'être fait à l'idée et avait retrouvé un calme apparent. Elle se mit à marcher, tous ses sens aux aguets, une main suivant comme lui la paroi humide. La jeune femme avait la désagréable impression d'entendre sans cesse siffler des flèches et elle s'apprêtait à en voir surgir à tout instant. La tension la rendait en réalité extrêmement nerveuse et elle sursauta violemment lorsque la détonation retentit.

De la lumière, ils en avaient, à présent. Une salle immense venait de s'éclairer grâce à de multiples torches accrochées aux murs décorés de tentures. Un spectacle que Nyrlae aurait trouvé magnifique en temps normal. Elle aurait sans doute eu envie d'aller flâner entre les piliers décorés de dorures qui soutenaient un plafond aux pierres formant d'étranges dessins. A l'autre bout de la salle, une lourde porte qui semblait en bois massif, décorée par des peintures délicates. L'ensemble avait vieilli, certes, mais gardait une imposante grandeur. Mais quelque soit la beauté du lieu, la jeune femme ne bougea pas, espérant qu'ils n'avaient pas déclenché de nouveau piège.

Quelques secondes de silence passèrent, pendant laquelle elle embrassa la scène du regard en essayant de ne rater aucun détail précurseurs d'un nouveau danger. Galyn allait vouloir avancer, forcément. Maintenant qu'ils étaient arrivés là...

grlgrlgrlgrl

Un roulement de pierre qui commença de façon presque inaudible et alla en s'amplifiant. Nyrlae s'apprêtait à se jeter au sol, à s'écarter ou à faire elle ne savait quoi de désespéré pour sauver sa vie, lorsqu'elle comprit qu'il n'y avait pas de volée de flèches prête à s'abbatre sur eux. Cette fois, l'épreuve était plus subtile.

Le dallage, au centre de la pièce, se déplaça, formant des lignes sinueuses, puis des lettres.

Je suis le feu, je suis la flamme éternelle
Du haut de ma splendeur, elfe, je t'observe
Au fond, qu'importe si les ombres t'effraient ?
Tu te trompes de péril, or le mien est réel,
Et si pour toujours la vie je te conserve
La mort je peux donner, à qui m'embrasserait.

Qui suis-je, elfe ?

Toute la salle s'embrasa soudain, faisant sursauter la jeune femme une nouvelle fois. Les tentures des murs prenaient feu par quelque sortilège magique, seules les deux issues et le centre de la salle étaient encore épargnées. Le passage était toujours libre, pour le moment, mais les fumées toxiques ne prendraient que peu de temps pour asphyxier les deux elfes. A l'autre bout de la salle, en face d'eux, se trouvait l'énorme porte décorée d'or et encore préservée des flammes qui ne rongeaient pour le moment que les murs. Le battant, fermé, était décoré de multiples dessins rehaussant les gravures. Nul doute que l'un d'entre eux déclenchait l'ouverture... Mais lequel ?

Pas si subtile que ça, finalement, comme épreuve ! Ils allaient devoir faire vite et ne pas paniquer. Plus facile à dire qu'à faire et si Nyrlae semblait rester calme, elle avait bien du mal à réfléchir à cette énigme alors que la température montait dangereusement.

Malgré la tentative de dissimulation de la demoiselle, le jeune homme avait sentit l’imperceptible tremblement de ses doigts entre les siens. Seulement, le compte fut rapidement rompu et il ne vit en rien l’intérêt de retourner sur le sujet. Il la savait forte, donc ce ne serait pas ce genre d’événement qui allait laisser immerger la panique. Il répondit d’un hochement de tête à sa première question, ne voyant pas ce qu’il répondre d’avantage. Lui non plus de son côté, il n’avait pas envi de l’inquiétée et il se doutait bien qu’elle ne le ferait pas. Il était payé pour ce genre de chose après tout. Un garde ce trouvait où l’on savait regarder, lui n’avait eu que cette chance en arrivant à Daranovar. Cependant, il n’avait aucune envi d’écourter ses jours et encore moins de périr dans un passage secret. Il se devait de la protéger jusqu’au bout.

" Du poison ? "

Encore une fois, il répondit d’un hochement de tête affirmatif. Instinctivement, il avait replacé rapidement le trou qui s’était créé dans sa chemise afin de dissimuler la plaie. Il prendrait le temps de s’en inquiété plus tard, maintenant, il suffisait de trouver un moyen de s’échapper de cet endroit. Quand il vit l’obstination de la demoiselle à essayer de trouver une ouverture, lui s’occupait déjà à continuer vers le chemin qui s’ouvrait à eux. Après tout, ils n’avaient pas d’autre choix. Quand il vit la lueur d’effroi dans le regard de la demoiselle, il durcit légèrement son regard afin de lui montrer qu’il était des plus sérieux. Après tout, c’était rare de le voir rire dans une telle situation. Certes, il était peut-être d’avantage plus risquer de continuer, mais à quoi bon rester près de l’ouverture. Il rageait contre sa propre imprudence à avoir laissé aller la demoiselle d’abord et d’avoir même prit la précaution de fermer solidement la porte. S’ils s’en sortaient vivant, peut-être devrait-il revoir sa façon de faire ou simplement revoir son embauche à ce poste. Dans ce genre de situation, personne ne l’aurait laissé aller d’abord. Délaissant ses pensées négatives côté, il reprit rapidement contenance, se disant que cela ne servirait à rien de s’énerver.

" Je vous suis. "

Finalement, elle choisissait l’option la plus logique qui s’offrait à eux. Lorsqu’ils s’étaient mis en route, il était loin de se douter de tomber sur ce genre de salle. Au moins, c’était loin de ressembler à un tombeau, mais il avait la net impression que s’ils ne se dépêchaient pas de sortir de cette endroit, sa pourrait l’être. L’endroit semblait magnifiquement décorer mais ce ne fût pas le décor qui attira l’œil du jeune homme. Ses yeux se posèrent sur l’endroit d’où les pierres commençaient à former des lettres. Conservant un calme apparent et faisant très attention où il posait les pieds, il vint se poster de sorte à avoir une vue d’ensemble sur le poème qui était maintenant parfaitement visible. Il eut à peine le temps de terminer sa lecture, lorsque la salle se mit à ce consumer de façon très rapide, leurs laissant peu de temps. Rapidement, le jeune homme vint se placer près de la demoiselle, en cas de danger, il aurait plus de jeu pour la protéger.

Alors que les traits du garde du corps semblaient afficher une totale indifférence, on pouvait voir qu’il serrait la mâchoire de sorte à pouvoir contrôler la rage qui montait. Son cœur battait de plus en plus vite, alors que le feu commençait à ce propagé sur le sol, venant lentement lécher la seule ouverture possible. Son cerveau fonctionnait à tout à allure, alors que le feu risquait de les consumer. Quand la réponse commença lentement à ce faire évident dans son esprit, il tourna rapidement le regard vers la porte et identifia le signe qui servirait à déclencher le mécanisme. Sans ce formalisé d’avantage, il prit prestement la main de la demoiselle dans la sienne, la forçant à le suivre et entoura sa main grâce à un pan de cape, ne voulant pas provoquer une brûlure inutile, puis appuyant sur le signe représentant le soleil. Avec un grincement métallique, la porte tourna finalement sur ses gonds, créant ainsi un nouveau passage leur permettant de fuir devant le feu qui commençait à devenir de plus en plus menaçant. Entraînant la Dame à sa suite, le jeune homme prit au passage une torche pour éclaire leur route et referma solidement la porte derrière eux. Aussitôt fermer, ils purent entendre un craquement sourd, preuve qu’ils l’avaient échappés belle.

Ce ne fût lorsqu’il fût sur qu’ils étaient en sécurité qu’il se permit de relâcher sa prise sur la main de la demoiselle. Le regard de Galyn chercha un moment celui de Nyrlae, puis lorsqu’il le rencontra finalement, il resta un moment immobile. Ainsi immobile, on aurait pu croire que la situation présente ne l’ennuyait aucunement, seulement, c’était à fait le contraire. Lorsque les battements de son cœur reprirent finalement un rythme normal, il se remit en route, désireux de voir la fin de cet enfer prendre fin. Il avait pu constater par un examen rapide que la demoiselle ne c’était pas blesser et encore moins brûlée. Chose rassurante au vu des circonstances. Il en avait presque oublié sa propre blessure, mais elle ferait forcément effet dans quelques heures, sinon moins, tout dépendait du poison employer. Reprenant leur marche, torche en main, le jeune homme avançait avec d’autant plus de précaution. Il n’avait pas envi de déclencher une nouvelle épreuve sans savoir de quoi il en retournait. De plus en plus qu’ils s’engouffraient dans ce passage étroit, plus la température de l’endroit de refroidissait, comme s’ils se rapprochaient d’une source froide ou mystique. Il ne saurait dire, surtout au vus des événements présent. Peut-être que tout cela avait un lien?

Leur progression les conduisit donc, jusqu'à un gouffre que Galyn aperçu un peu avant d’y mettre le pied et d’y plonger tête première. Il stoppa net leur progression, attentif à tout les bruits qui pourrait surgir des alentours. Tout ses sens en alerte, il repéra finalement un socle de pierre se trouvant à l’extrémité gauche de la paroi. Fronçant les sourcils, il se rapprocha lentement, maintenant la torche à bonne hauteur, afin que tout les deux puissent voir de quoi il en retournait. Sur le socle, se trouvait un arc et un carquois, contenant en tous une dizaine de flèche. Se rapprochant d’avantage, le regard du jeune homme se posa finalement sur une lettre, qui se retrouvait à être refermer par un sceau étrange. Glissant ses doigts sur le sceau, le garde du corps se retourna un moment vers la jeune femme, puis rompit le sceau d’un mouvement rapide de la main. Aussi bien savoir de quoi il en retournait. Ses yeux capturèrent immédiatement les mots elfiques poser sur la feuille de parchemin.

Issus du peuple protecteur de la forêt
Dans cette épreuve, vous ferez preuve d’adresse
Tombeau, ce lieu sera, si vous êtes peu adroit
Retournant à la forêt, ce qui appartient à la forêt
Ciblez bien et montrez fièrement vos prouesses
Sinon vous trépasserez dans un profond effroi.

Haussant les sourcils, le jeune homme tendit doucement la lettre à la demoiselle, afin que celle-ci parcours les quelques lignes qui leurs étaient adresser. Il était évident qu’il devait se servir de l’arc qui était poser sur le socle, mais il ne savait pas exactement où? Alors que la question venait de s’imposer à son esprit, une torche s’alluma à l’autre extrémité de la pièce, permettant ainsi de voir une cible. Le gouffre qui les séparait de celle-ci semblait avoir plusieurs dizaines de mètre de distance. Il était désormais évident que l’épreuve qui les concernait, avait un rapport avec la cible et l’arc. Se faisant, il attrapa rapidement l’arc pour la tendre à la demoiselle. Elle était meilleure archère que lui, du moins, c’était ce qu’il pensait. Elle devrait faire l’épreuve pour eux deux, puisqu’il n’y avait qu’un seul arc. Au moment où il avait retiré l’arc, un mécanisme c’était alors enclencher, provocant un énorme bruit sonore, tandis que la paroi dos à eux commençait à s’approcher lentement, mais dangereusement vers eux, limitant ainsi l’espace qui leur permettait de se déplacer. Ils devaient faire vite. Sois la demoiselle visait la cible, soient ils périssaient tout les deux. Par chance, celle-ci n’avançait pas à un rythme exagérément rapide, donc elle avait le temps de bien cibler. Le jeune homme lança un regard vers la jeune femme. Était-elle prête?

Nyrlae s'était également approchée pour lire l'énigme, mais s'apercevoir qu'ils étaient soudain cernés par les flammes n'aidait pas à la concentration. La chaleur augmenta aussitôt, mais ce qui gêna le plus rapidement la jeune femme fut la fumée qui commença à lui piquer les yeux, l'empêchant de relire l'énigme une nouvelle fois. Toussant, elle essaya de s'éclaircir les idées et de ne pas céder à la panique. Ce n'était pas le moment de s'affoler et pourtant il y aurait eu de quoi car elle avait déjà l'impression de manquer d'air. Un coup d'œil vers la porte lui appris qu'ils n'avaient qu'à enfoncer l'un des symboles... le soleil qui éclairait la scène sculptée n'attendait que ça. Si elle ne s'évanouissait pas, asphyxiée, avant d'avoir atteint la sortie, ce serait parfait !

Galyn avait déjà réagi, la prenant par la main pour l'entrainer vers la porte. Le souffle d'air frais leur arriva en pleine figure et, le battant refermé, Nyrlae reprit sa respiration avec soulagement. Les yeux humides de larmes dues à la fumée, la jeune femme se décida à relâcher la main du garde du corps à laquelle elle s'était agrippée. Son cœur battait à cent à l'heure alors qu'elle se demandait ce qui les attendait ensuite. Ils n'auraient pas dû s'éloigner de l'entrée. Ils n'auraient eu qu'à attendre qu'on vienne les chercher en rouvrant le passage, quitte à le démolir. A présent, la retraite était coupée et ils n'avaient d'autre choix que d'aller de l'avant. Le seul point positif, dans tout cela, était que Galyn avait pensé à prendre une torche.

" Allons-y. " reprit-elle après un petit moment d'une voix plutôt calme en comparaison de son état intérieur.

Qu'ils en finissent au plus vite. Ils n'avaient pas le choix, alors autant continuer tant qu'ils étaient encore en forme. Nyrlae s'efforçait de voir les choses du bon côté, mais elle commençait à être quelque peu ébranlée par ces épreuves où ils frôlaient la mort. Les ombres projetées par la torche se mouvaient sur le souterrain, le rendant d'autant plus sinistre. Et s'ils s'arrêtaient là, tout simplement ? Après tout, leurs chances de survie étaient peut-être un peu plus élevées à attendre des secours qu'à affronter mille et une épreuves conçues par un psychopathe des centaines d'années plus tôt.

Galyn n'avait pas l'air de se poser toutes ces questions, lui... A croire qu'il était un habitué de ce genre de situation ! Nyrlae lui aurait volontiers rappelé qu'elle n'était pas une adepte d'Indiana Jones, mais d'une part elle n'avait jamais eu l'occasion de voir les films et d'autre part le moment aurait été mal choisi pour se plaindre. Protester n'aurait servi à rien et elle se résigna, faisant contre mauvaise fortune bon cœur. Ils auraient pu être brulés, mais ils s'en étaient sortis indemnes... tout allait donc plutôt bien.

Ils continuèrent à avancer en silence. La jeune femme s'était refermée sur elle-même pour ne pas craquer. Marcher sans bruit, guetter le moindre danger et surtout ne rien dire pour ne pas se décourager. Par contre, laisser échapper le moindre mot positif était au dessus de ses forces.

La tension monta à nouveau lorsqu'ils arrivèrent face à un gouffre. Qu'allaient-ils devoir faire ? Étant donné la largeur, inutile de songer à bondir par-dessus. Il aurait sans doute fallu s'approcher pour mieux y voir, mais elle n'avait aucune envie de déclencher une nouvelle épreuve par mégarde. Et pourtant... Il faudrait bien en passer par là, non ? Un coup d'œil à Galyn lui appris qu'il paraissait toujours aussi calme. Elle ne savait pas si cela devait ou non la rassurer. Elle resta en arrière lorsqu'il se rapprocha du socle, essayant de deviner ce qui allait leur tomber sur la tête tôt ou tard. Il y avait quelque chose, plus loin, à l'autre extrémité, que l'obscurité empêchait de bien discerner. Nyrlae s'apprêtait à le faire remarquer au jeune homme lorsqu'il lui tendit une lettre qu'elle lut rapidement, s'attendant à trouver une nouvelle énigme. Mais cette fois, il s'agissait d'instructions. Elle s'empêcha de lui faire remarquer qu'il aurait peut-être mieux fait de ne pas toucher et relut...

Puis tout s'enchaina, la cible apparaissant soudain éclairée, la paroi se montrant menaçante. Nyrlae jeta un coup d'œil interloqué à Galyn lorsqu'il lui donna l'arc. En temps normal, elle aurait peut-être été flattée qu'il la considère meilleure archère que lui, mais là, elle se sentait trop dépassée par les événements pour penser à ce genre de détail. Tout ce qu'elle savait, en cet instant, c'était qu'elle était certes douée à l'arc et face à une distance à parcourir raisonnable pour ses compétences mais... elle était aussi tellement tendue qu'elle avait les mains qui tremblaient et que la nervosité risquait bien de lui faire rater sa cible. Et pourtant, elle n'avait guère le loisir de tergiverser.

Nyrlae commença donc par observer rapidement l'arc pour juger de son état, puis elle le banda et se plaça, après quoi elle ferma les yeux et respira à fond, faisant abstraction du bruit de la roche qui s'approchait dangereusement. Il fallait qu'elle se calme avant toute chose et, si elle retrouvait son contrôle, alors elle ne pourrait que réussir. Plus facile à dire qu'à faire. Elle inspira et expira à nouveau. Lorsqu'elle regarda à nouveau la cible, une bonne minute plus tard qui avait semblé s'étirer indéfiniment, ses mains ne tremblaient plus et elle arma l'arc avec souplesse. Viser était un jeu d'enfant et la flèche partit aussitôt, franchissant le gouffre...

Nyrlae retint sa respiration...

La flèche se planta au centre de la cible. La paroi s'immobilisa. Se détendant à nouveau, la jeune femme laissa échapper un petit rire nerveux. Elle passait le carquois autour de sa taille histoire de garder cette arme inattendue, lorsque le sol se remit à trembler... puis cessa de bouger. Ils attendirent, mais rien d'autre ne se passa.

Devant eux, le gouffre semblait toujours aussi profond. Derrière eux se trouvait la paroi et, de l'autre côté, ce qui ressemblait à une porte. Seulement, même un elfe ne pouvait sauter par-dessus un tel vide. Tous les sens en alerte, Nyrlae attendait toujours la suite. Force lui fut de constater après de longues minutes à guetter un danger quelconque qu'il n'y avait rien. Ils avaient gagné un arc et des flèches, dans l'affaire, mais ils se retrouvaient bloqués.

Un bon moment de silence plus tard pendant lequel les deux elfes cherchèrent un indice pour s'en sortir, la jeune femme finit par s'asseoir, dos à la paroi, les yeux dans le vide.

" Cet endroit doit avoir des centaines d'années au moins... comment pouvait-on espérer que tout cela soit encore fonctionnel ? "

Elle ne le disait pas, mais, à son ton, on comprenait clairement ce qu'elle sous-entendait : "on est bloqués et on va mourir ici". Si au départ elle avait eu l'espoir d'en voir le bout ou qu'on parte à leur recherche, ils se trouvaient à présent au cœur d'un vrai cauchemar dont personne ne les tirerait. Elle était épuisée par tout cela et pour être honnête n'espérait même pas le déclenchement d'une nouvelle épreuve. A quoi bon ? Étant donné le parcours du combattant auquel ils avaient affaire, elle n'avait aucune chance d'en venir à bout. Galyn y parviendrait peut-être, mais elle n'était pas habituée à combattre pour sa survie comme lui. Elle finirait par succomber à l'une des épreuves, alors autant rester assise ici à attendre...

Nyrlae n'attendait pas réellement une réponse. Elle était fatiguée et découragée par tout cela. Si encore, ils avaient su où ces souterrains les menaient, elle aurait pu se convaincre de poursuivre. Mais ces épreuves ne lui semblaient avoir aucun sens. Elle semblaient ne pas avoir de but, simplement se succéder jusqu'à obtenir leur vie.

" L’endroit est parfaitement fonctionnel, sinon les pièges ne fonctionneraient pas et la magie aurait forcément perdu en intensité, ce qui n’est pas le cas, d’après ce que l’on peut voir. "

La jeune femme haussa les épaules : ce n'était pas parce qu'une partie du système fonctionnait que tout devait être encore opérationnel. Cependant elle ne dit rien, ne voulant pas le décourager à son tour. Elle n'aimait pas baisser les bras, mais, en l'occurrence, s'agiter ne les mènerait pas à grand chose. A moins que... Se relevant, elle tenta de tirer une seconde flèche dans la cible en espérant un quelconque changement. Galyn, lui, furetait à nouveau du côté du socle. Nyrlae soupira en voyant que rien de plus ne se passait. Elle ne voulait pas mourir ici. Elle voulait revoir son père et sa sœur, ils n'avaient pas besoin d'une seconde disparition inexpliquée dans la famille et leur peuple n'avait pas besoin d'un nouveau protectorat à la dérive.

" Ne prenez pas mal ce que je vais dire Milady, mais Lören est loin d’être haute dans mon échelle d’estime. "

La jeune femme lui lança un regard incrédule : que venait faire Lören dans cette affaire ? Quand on la voyait aussi désabusée vis-à-vis du comportement de sa dame de compagnie, on pouvait se dire qu'elle ne la portait pas vraiment dans son cœur, mais contre toute attente, ses paroles furent bienveillantes, remettant même légèrement Galyn à sa place :

" Damoiselle Lörenlienda est une gentille personne qui ne demande qu'à être appréciée de tous. Elle n'a pas eu une vie facile et n'est pas à blâmer pour ses maladresses. "

Elle était un peu cassante, car sincère. Si en apparence elle ne cessait des subir la présence de Lören, cette dernière n'était pas bien méchante et, par dessus-tout, Nyrlae ne comprenait pas pourquoi tout-à-coup Galyn la prenait en aversion alors qu'il n'en était pas question un instant plus tôt. Si elle paraissait presque indifférente par rapport à sa dame de compagnie, au fond, elle l'appréciait sous certains aspects, même si elle ne le montrait pas la plupart du temps.

" Je lui sais gré des efforts qu'elle fait pour me divertir... Dites-vous bien que ce sera sans doute l'une des seule personne qui pleurera sincèrement notre disparition. "

Elle avait beaucoup parlé, donnant pour une fois le fond de sa pensée, aussi replongea-t-elle dans son mutisme habituel en se disant que Galyn devait probablement chercher une façon de déverser son énervement face à cette situation désespérée.

Ce fut à ce moment que le mécanisme joua, leur apportant un nouvel espoir. A nouveau sur le qui-vive, Nyrlae apprécia que le jeune homme se rapproche d'elle, même si cela pouvait aussi bien ne rien changer face à certaines épreuves. Une ouverture se dessina dans la roche et on y distingua des escaliers. Le garde-du-corps allant jeter un œil, Nyrlae accepta la nouvelle aventure d'un petit signe de tête. Elle préférait de loin agir, finalement, que rester à pleurer sur leur sort en attendant des secours qui ne viendraient peut-être jamais.

Ils descendirent petit à petit, mais Nyrlae ne tarda pas à tousser en sentant l'odeur qui montait. Elle n'avait pas de cape, mais se servir de sa manche évasée pour essayer de mieux respirer. Cela l'inquiétait : ne risquaient-ils pas de finir par manquer d'air et de se trouver incapables de remonter ? Gardant ses craintes pour elle, elle continua à avancer et ils grimpèrent bientôt un escalier en colimaçon qui les mena de l'autre côté du gouffre. La jeune femme avait craint de le voir s'effondrer, vermoulu, mais finalement ils arrivèrent à bon port, prêts à passer par l'ouverture qu'elle avait vu avant de tirer à l'arc. D'ailleurs, elle avait gardé l'arme avec elle, on ne savait jamais...

" Désirez-vous que l’on prenne une pause avant une prochaine épreuve ? "

Nyrlae hésita puis secoua la tête. Non, il faisait froid, par ici, et elle ne se voyait pas dormir sur place. Et puis, une certaine fierté la gardait de montrer sa faiblesse. Elle pouvait encore tenir le coup. Plus ils attendraient, plus ils commenceraient à avoir faim et soif, plus la torche s'épuiserait et peut-être aussi l'air. Ils jouaient contre le temps, pas seulement contre les épreuves.

" On continue, " annonça-t-elle d'une voix assurée, supposant qu'il ne proposait cela que pour elle et que lui même n'avait pas besoin de s'arrêter.

Reprenant leur route, ils se retrouvèrent dans un nouveau souterrain qui cette fois avait des parois humides. Plus ils avançaient, plus ces dernières gouttaient, leur faisant dégouliner de désagréables gouttes glacées sur la tête et les épaules. La température s'était considérablement refroidie, même pour des elfes, et Nyrlae ne tarda pas à croiser les bras pour essayer de garder un peu de chaleur. Dans quel enfer glacé allaient-ils atterrir ?

Des petites stalactites pendaient par endroit du plafond et ils commencèrent à patauger sur le sol où perlait une fine couche d'eau. Plus loin, les parois du souterrain semblaient danser sous les reflets de l'eau... Ils arrivaient face à une immense salle emplie d'une eau claire. Au fond se mouvaient des formes indistinctes. Sur chaque mur se trouvait un énorme trou qui déversait une petite cascade en continu. En face, une porte sculptée de dessin comme dans la salle enflammée.

Le souterrain par lequel ils arrivaient descendait en pente douce jusqu'à la salle qui ne cessait de se remplir... et qui le fit d'autant plus vite lorsqu'un pan de mur pivota pour pousser fermement nos deux aventuriers dans l'eau où ils n'avaient nullement pied, avant de leur couper la retraite.

PLOUF

Surprise par ce bain forcé, Nyrlae but la tasse et fut rapidement saisie par l'eau glaciale. S'ils ne mourraient pas noyés, ils finiraient par succomber à l'hypothermie. Empêtrée dans ses vêtements qui n'étaient pas du tout faits pour nager, ouvrant les yeux sous l'eau pour essayer de visualiser les formes étranges qui se déplaçaient, elle vit que la mosaïque du fond formait des lettres :


Allant ainsi parées de reflets chatoyants
Tantôt vertes ou bleutées, parfois claires ou sombres,
Aux assauts des rochers, nous sommes du nombre
Et jamais immobiles,toujours en mouvement.
Pirates sans merci,accostant chaque côte
Chacune de nos sœurs écume le rivage
Tantôt calmes ou brutales aux multiples visages
Si tu sombres, à jamais tu deviendras notre hôte
Ou te rejetterons, sur le sable, inconscient
Pour toujours prisonnier de nos balancements.

Qui sommes-nous, elfe ?

Nyrlae prit le temps de lire avant de crever la surface pour reprendre son souffle. Par bonheur, elle nageait bien, malgré sa robe qui l'engonçait, aussi, elle eut tôt fait de se rapprocher de la porte pour enfoncer le dessin adéquat... sauf qu'elle ne put l'atteindre, se sentant soudainement attirée sous l'eau. Un long tentacule venait de s'enrouler autour de sa jambe, la tirant irrésistiblement sous la surface. La salle semblait être habitée par un monstre taquin qui avait dû attendre son repas avec impatience. La jeune femme se débattit tant bien que mal, bloquant sa respiration à mesure qu'elle était entrainée vers le fond glacé. Surtout, ne pas paniquer et essayer de se dégager...

Ses doigts engourdis par la froid glissaient sur le tentacule qui, plus elle se débattait, resserrait sa prise à telle point qu'elle ne sentit bientôt plus sa jambe et que la tête lui tourna.

Les paroles qu’avaient prononcé le garde du corps envers la demoiselle de compagnie, n’avait pas pour but de provoquer une quelconque colère de la part de la jeune femme, mais il sentit tout de même qu’à l’ avenir, il devrait s’abstenir de tenir de tel propos. Il n’était pas vraiment question d’aversion, simplement qu’il se disait que si elle n’avait pas trouvé le passage, ils ne seraient pas pris dans une tel situation. Ne soulevant guère la remarque, il se concentra à trouver un moyen de les laisser poursuivre la course aux épreuves. Finalement, une porte de sortie s’offrit à eux. Il était temps! Être coincer ainsi à attendre de mourir, c’était loin d’être son genre et il n’avait pas envi que la demoiselle perdre toute espoir à leur quête imposer. Le passage finalement traversé, il ne restait plus qu’à déterminer s’ils continuaient ou pas. Les épreuves qu’ils avaient fait jusqu'alors n’était sûrement pas les plus difficiles qu’ils auraient à affrontés dans ses sous terrains. Malgré le vouloir de la demoiselle à cacher sa faiblesse, il voyait bien que la situation était loin de l’enchanté et qu’elle aurait préférer rester là-haut, dans ce bureau, à régler des questions politique plutôt que de jouer sa vie comme un aventurier.

" On continue, "

La réponse donner, il hocha la tête et se remit rapidement en route en poussant la porte qui obstruait leur avancer. Les parois qui commençait à devenir de plus en plus humide au fil du temps, n’était en rien pour le rassurer. Il avait la vague impression que l’épreuve suivante porterait sur le thème de l’eau, mais on ne pouvait jamais réellement prévoir dans cette situation et ça, il était bien placer pour le savoir. Ne désirant pas recevoir d’avantage de gouttes sur le crâne, le garde du corps rabattit son capuchon sur ses oreilles. Quand leur progression les fit finalement déboucher dans une salle où l’eau semblait goutter de partout, les pensées du jeune homme se confirmèrent, seulement, il ne savait pas du tout à quoi s’attendre. Restant près de la demoiselle en cas d’un éventuel danger, il cherchait du regard l’indication qui leur permettait de se sortir de là indemne, s’il y avait encore possibilité.

Le début de l’épreuve débuta d’une façon assez brusque, qui vint couper le souffle du jeune homme tellement l’eau était froide. Cela lui prit quelques secondes avant de prendre une grande inspiration qui lui fit le plus grand bien. Finalement, il chercha Nyrlae du regard, ne la voyant nulle part, il plongea aussitôt, cherchant la silhouette du regard. Quand il l’eût finalement trouver, il posa son regard les lettres qui se formaient dans le font, attendant avec impatience que la dernière lettre se forme afin qu’ils puissent se sortir de cette eau glacial au plus vite. Même si la réponse paraissait évidente pour les deux elfes, un obstacle imprévu vint faire son entrer dans l’épreuve. Son regard avait suivit la silhouette de la jeune femme jusqu’au moment où il l’avait complètement perdu de vue. Il l’avait vu nager et savait qu’elle était loin d’être une mauvaise nageuse, donc pourquoi disparaître de la sorte. Plongeant de nouveau pour se diriger plus rapidement vers la demoiselle, il vit avec un certain effroi, ce qui se trouvait dans le fond de cette salle. La créature aurait été loin de gagner un prix de beauté, mais côté force, il n’avait pas à dire, elle semblait très puissante. Accélérant le mouvement de ses bras et de ses jambes, il parvint finalement à sa hauteur. Tirant l’une de ses dagues, il vint l’enfoncer sans ménagement dans la tentacule de la bête, mais celle-ci était loin de broncher sous les assauts répéter du garde du corps. Commençant à sentir ses poumons s’enflammer dû au manque d’air, il remonta rapidement à la surface afin de prendre une grande gouler d’air.

Se disant, il réalisa que la jeune femme devait elle aussi être sur le point de manquer d’air. Prenant une énorme inspiration, il plongea de nouveau et vint rapidement se mettre devant la demoiselle qui se débattait. Ainsi paniquer et dépensant autant d’énergie, s’était assurer qu’elle aurait dû remonter à la surface depuis un moment. Sans perdre une seconde, il attira le visage de la demoiselle vers le sien et vint lui donner le maximum d’air qu’il avait stocké dans ses poumons. Il était primordial qu’elle survivre. Un peuple entier comptait sur elle. Cela fait, il vint s’attaquer de nouveau à la tentacule en plantant sauvagement la dague dans une membrane qui semblait plus fragile. Ainsi transpercer, la prise autour de la jeune femme se desserra, lui laissant ainsi le loisir de remonter à la surface. Délaissant le monstre, il nagea les quelques mètres qui le séparait de la porte et enfonça le signe des vagues. La réponse était évidente depuis le début, mais le monstre avait posé quelques problèmes. Au moment où le signe s’enfonça, celui-ci se mis à briller d’une étrange lueur, puis une partie du sol, se transforma en gouffre, apportant tout ce qu’il pouvait. Se sentant attirer vers le fond, Galyn serra la mâchoire en venant agripper fermement l’avant bras de la demoiselle afin qu’elle ne périsse pas de la sorte. Agripper ainsi à un poteau, ils ne risquaient rien, du moins pas de se faire engouffrer. C’est ainsi que la créature retourna dans les bas fond de la terre, laissant les deux aventuriers sous le choc. Quand toute l’eau se fût échapper et qu’il s’était assurer qu’ils ne risquaient plus d’être attirer vers le fond, il relâcha sa prise de la jeune femme et toussota, afin d’évacuer l’eau qui se trouvait dans ses poumons.

Quand il s’assura que tout allait bien, du moins, en partie pour lui, il se retourna devant la demoiselle et s’accroupit devant elle, comme il l’avait fait dans la forêt quand elle s’était blesser avec le sanglier. L’air du garde du corps était soucieux, une ride barrait son front alors que ses doigts poussaient les mèches qui obstruait son inspection. Si tout deux étaient tremper et à bout de force, il n’en restait pas moins qu’ils étaient sain et sauf, mais à quel prix. Tout semblait bien aller, côté visage et il s’assura que la cheville n’avait pas été endommagée. Ils seraient grandement retarder si c’était le cas, touchant doucement de ses doigts, il remarqua l’enflure et ne pût que constater le pire. Elle était belle et bien endommagée.

- Vous devrez faire attention, l’état de votre cheville pourrait s’aggraver avec les épreuves. Aussitôt que j’aurai de quoi faire un garrot, nous nous arrêterons.

À ses paroles, il semblait tout de même évident qu’il ne désirait pas s’arrêter. S’il commençait à suivre la logique de l’elfe qui avait mis au point ses épreuves, il y avait une épreuve sur un élément, ensuite une épreuve d’habilité, pour ensuite revenir à une épreuve sur un élément. Seulement, son jugement pouvait être faussé, on ne pouvait jamais rien prévoir. Se redressant, il offrit son bras à la jeune femme, afin qu’elle ne force pas trop sur sa cheville. Chose faite, ils se dirigèrent vers la porte qui s’était préalablement ouverte au moment où le gouffre s’était ouvert. Leurs pieds pataugeaient encore dans l’eau, mais lentement, leur progression les mena sur un sol sec. Malheureusement pour eux, l’épreuve de l’eau avait éteint leur seul source de lumière et Galyn dû prendre un moment avant de s’habituer à la semi obscurité. Ne sachant pourquoi, le tambourinement qui se trouvant dans son crâne, commença à s’accentuer de façon à lui donner un peu le tournis. Fronçant les sourcils, on pouvait voir quelques gouttes de sueur perler sur son front. Se disant que le tout allait passer rapidement, il raffermit son appui sur le mur, mais rapidement, il perdit pied dans un gémissement. D’abord, sa vue commença à devenir trouble, puis grâce à un effort surhumain, il réussi à se tourner sur le dos, puis se fut le néant total. L’eau qui s’était infiltré dans sa plaie, avait dû accélérer la progression dans son corps.

Se dégager, se dégager, se dégager... Les doigts glissant sur la peau visqueuse de la bête, Nyrlae ne pouvait que penser à cela. D'ici quelques secondes, elle manquerait d'air et sombrerait dans l'inconscience, quelques secondes de plus et il serait trop tard pour la réveiller, en admettant qu'elle n'ait pas été "gloupée" par cette chose cauchemardesque. Elle ne sentait plus sa cheville, ni ses doigts glacés d'ailleurs, mais ça n'avait pas d'importance, elle continuait désespérément d'essayer de desserrer l'emprise, refusant de céder. Lorsque des points noirs commencèrent à danser devant ses yeux, elle sut pourtant qu'elle était arrivée à bout de force. Les poumons en feu, la vision brouillée, elle n'eut plus de force pour tenter de reculer lorsqu'une seconde créature s'approcha d'elle.

...

Pas un de ces monstres, comprit-elle confusément en voyant qu'il s'agissait en réalité de Galyn. Lorsqu'elle le vit renoncer et remonter à la surface, elle comprit avec horreur que l'aventure était terminée pour elle...

... elle ne reverrait jamais sa famille...

Elle avait besoin d'une goulée d'air, elle avait besoin de relâcher cette pression suffocante, même si tout ce qu'elle gagnerait, ce serait d'avaler de l'eau et d'achever de se noyer. En même temps, elle se sentait si engourdie par le froid et tellement étourdie qu'elle ne souffrirait peut-être pas...

...

Elle cessa de lutter au moment où le jeune homme réapparaissait dans son champ de vision brouillé. Puis, de façon tout à fait inattendue, elle reçut soudain de l'air, ce qui lui donna un coup de fouet soudain et lui remit légèrement les idées au clair. Il fallait encore qu'elle fasse un effort. Juste un dernier effort... Elle puisa dans ses dernières ressources pour arracher sa cheville à la bête. Il fallut encore donner l'impulsion pour remonter à la surface. Les poumons sur le point d'exploser, la jeune femme parvint pourtant à aller prendre sa respiration.

Si Galyn ne l'avait pas attrapée par le bras pour lui éviter d'être aspirée par le gouffre, elle aurait sans doute été emportée, car elle n'arrivait déjà plus à surnager. Il dut donc supporter tout son poids jusqu'à ce que l'eau ait disparu. Après quoi, elle s'écroula au sol, tentant de reprendre sa respiration, haletante. Elle avait la gorge en feu, mais réussi à reprendre un rythme un peu plus normal petit à petit. Grelottante, elle réagit à peine lorsqu'il repoussa les mèches de cheveux qui venaient boucler en gouttant devant son visage. Elle était trop occupée à inspirer tout l'air possible pour penser à autre chose. Elle n'arrivait même pas à réaliser qu'elle était vivante.

" ...faire attention, l’état de votre cheville pourrait s’aggraver avec les épreuves. Aussitôt que j’aurai de quoi faire un garrot, nous nous arrêterons. "

Levant lentement les yeux vers lui, elle s'aperçut qu'il venait de regarder sa cheville. Elle le dévisagea un instant, comme si elle cherchait à se reconnecter à la réalité et jeta un œil hagard vers son pied... gonflé, oui... Hochant la tête, elle resta là à attendre jusqu'à ce qu'il se lève. Le suivant à nouveau du regard comme s'il fallait le temps pour que l'information lui parvienne, elle finit par faire l'effort de se relever à son tour et s'appuya sur son bras sans faire de commentaire, l'esprit complètement vide, sous le choc.

La traversée de la salle lui remit un peu les idées en place et, si elle s'appuyait toujours dessus, elle se calma un peu et arrêta de serrer le bras de Galyn comme si un nouveau monstre allait surgir. Sa respiration reprenait un rythme normal et sortir de l'eau glacée était déjà un soulagement en soi, même si à présent, elle commençait à davantage sentir sa cheville. Cette dernière l'élançait et elle se demanda par quel miracle elle allait poursuivre les épreuves.

" Je... elle mit son orgueil de côté, pour demander dans un souffle, j'ai besoin de m'arrêter un moment. "

Au même instant, elle remarquait la démarche hésitante de l'elfe qui sembla soudain moins la soutenir pour presque inverser les rôles. Que se passait-il ?

" Que... "

Elle n'eut pas le temps de finir sa question inquiète, qu'elle le voyait avec horreur s'écrouler. Elle ne put retenir un cri d'effroi :

" Galyn ! "

Ce devait bien être la première fois qu'elle se servait de son prénom. Affolée, s'agenouillant près de lui, elle s'aperçut qu'elle ne savait tout simplement pas quoi faire. Elle le secoua spontanément par une épaule mais n'osa pas aller trop fort ne sachant s'il était blessé ou non. Elle n'en avait pas eu l'impression, mais elle avait été tellement choquée... Elle s'arrêta bientôt, ne sachant comment réagir, n'arrivant pas à détacher les yeux du visage livide du jeune homme. Qu'est-ce qu'elle pouvait faire ? Qu'est-ce qu'elle devait faire ? Qu'est-ce qu'un médecin aurait fait dans de telles circonstances ?

Essayant de ne pas céder à la panique, elle essaya de se remémorer ce qu'elle avait pu voir faire. Déjà... vérifier que le blessé était encore vivant. Elle ne voulait même pas envisager que le contraire puisse être vrai. Dégageant la cape détrempée, elle essaya de poser sa main sur son torse pour sentir d'éventuels battements de cœur. L'ennui, c'était que le sien battait tellement fort qu'elle ne risquait pas de sentir celui d'un autre. En revanche, elle remarqua autre chose qui lui fit ouvrir de grands yeux horrifiés : il était blessé au bras. Retrousant la manche pour mieux voir la plaie, elle dut se rendre à l'évidence : cette dernière avait commencé à cicatriser légèrement. Elle ne datait donc pas de cette épreuve, mais...

La logique que Nyrlae suivait la fit se figer. Non. Il ne pouvait pas avoir été blessé par une flèche et ne rien lui avoir dit ! Et pourtant... elle ferma les yeux et tenta de respirer à fond pour se calmer. Mais là, c'était trop...

" Imbécile ! Pourquoi n'avoir rien dit ? "

Elle avait hurlé en serrant les poings, la colère prenant le pas sur le désespoir. A quoi bon rester calme ? Elle venait de perdre la seule personne qui avait une chance de les mener à bon port. Qu'elle reste imperturbable ou qu'elle se laisse enfin aller, quelle importance ?

La colère retomba pourtant aussi vite, sans doute à cause de son épuisement, alors que seul l'écho de ses mots lui répondait, se répercutant sur les parois du tunnel. Galyn respirait, c'était certain, elle voyait sa poitrine se soulever régulièrement. Crier lui avait fait du bien, mais ne les aiderait pas. Si elle voulait qu'il vive, il lui fallait un médecin et elle n'en avait ni les compétences ni le matériel.

Elle jeta un nouveau coup d'oeil à la blessure, ne sachant ce qu'elle pouvait y faire et se résigna à se lever. Hésitant un instant devant le tunnel sombre, elle finit par faire demi-tour et s'agenouiller à nouveau auprès de lui. Il ne reprenait pas connaissance. Soupirant, elle récupéra l'une de ses dagues puis enveloppa le jeune homme dans sa cape pour le maintenir au chaud autant qu'il était possible en restant trempé.

" Ne vous inquiétez pas, je vais revenir avec des secours, " murmura-t-elle en doutant qu'il soit en mesure de l'entendre.

Puis elle se releva en prenant appui contre le mur et se décida à affronter la suite des épreuves toute seule. Elle allait réussir. Arriver au bout et quérir un médecin. Elle ne lui laisserait pas ce lieu sinistre pour tombeau, pas plus qu'elle n'avait envie de mourir à son tour. Si ces épreuves avaient été inventées, c'était qu'elles pouvaient être réussies, non ?

Au bout de quelques mètres, la jeune femme doutait déjà de ses belles résolutions. Elle tremblait de froid, sa robe n'étant déjà pas chaude ne lui servait plus à grand chose maintenant trempée. Elle était épuisée et, elle devait le reconnaitre, complètement terrorisée à l'idée de ce qui l'attendait. Sa cheville la forçait à prendre appui sur le mur et si elle persistait à l'ignorer, les conséquences de cette marche forcée étaient de plus en plus douloureuses. Même si une épreuve aussi simple que du tir à l'arc l'attendait encore, Nyrlae savait que dans un tel état elle n'arriverait à rien. Et puis, elle pensait à Galyn qui devait mourir de froid, si ce n'était du poison, dans le souterrain, quelques mètres plus loin.

Elle s'accorda une pause, appuyée contre le mur, le temps de réfléchir. Si elle voulait continuer, il fallait qu'elle mette toutes ses chances de son côté. Elle pensait à la cape du jeune homme qui, une fois sèche, lui serait sans doute utile. Elle chassa aussitôt l'idée : il était hors de question de le condamner pour s'en sortir, même s'il était mourant. L'était-il ? Peut-être ne s'était-il écroulé que par faiblesse suite à leur cours de natation improvisé. Et s'il suffisait d'attendre un peu ? Après tout, elle aussi avait besoin de s'arrêter : elle avait même fini par le reconnaitre. Et s'il reprenait conscience et s'imaginait qu'elle l'avait abandonné et qu'il allait mourir là ? Elle trouvait l'idée sinistre.

Ayant prit sa décision, elle refit le chemin inverse lentement - ce qui au final ne faisait pas une bien grande distance - et retourna près du garde-du-corps... qui sembla vouloir lui donner raison, car il ouvrit les yeux. Sursautant, Nyrlae eut tôt fait de... de rien en fait, elle ne savait toujours pas quoi faire. Mais elle le dévisageait avec de grands yeux plein d'espoir : il était vivant, n'est-ce pas ? Il était vivant ! Elle laissa échapper un mélange de rire et de sanglot, tentant de se reprendre comme elle pouvait, essayant de justifier elle ne savait trop quoi :

" J'ai cru que... j'ai cru que... "

Si elle continuait ainsi, elle allait craquer. Elle fit à nouveau l'effort d'essayer de se calmer, puis, dès qu'elle le vit un peu plus lucide, elle reprit avec inquiétude :

" Vous... c'est le poison, n'est-ce pas ? "

Le soulagement de le voir vivant laissait place à nouveau à l'angoisse de la situation. Qu'il soit encore en vie, fort bien, mais s'il devait mourir aussitôt dans une de ces épreuves cauchemardesques ou si le poison l'achevait quelques heures plus tard, à quoi bon garder espoir ?

Elle cacha pourtant ses appréhensions et se calma, ajoutant en s'asseyant près de lui :

" Nous allons nous reposer un peu... le temps de récupérer... puis nous repartirons. "

Elle ne proposait rien d'autre, car elle ne voyait pas ce qu'il y avait à proposer. Pas de quoi le soigner, rien pour se restaurer. Elle aurait donné cher pour un édredon douillet qui lui tiendrait un peu chaud mais cela ne risquait pas d'apparaitre par miracle. La seule chose qui leur était offerte gratuitement était le sommeil, mais elle était trop effrayée par ces lieux pour oser fermer l'œil. Quant à la méditation, dans son état d'agitation, il ne fallait pas même y songer.

Le combat entre la bête et les deux protagonistes, aurait pu se finir en bain de sang, mais grâce à la volonté de survivre des deux elfes, ce fût la bête qui en mordit d’avantage. La force qu’il avait déployée pour soutenir la jeune femme en plus de son propre poids l’avait d’avantage vidé de ses forces, mais il restait le seul sur qui elle pouvait compter, donc il était hors de question qu’il montre sa faiblesse maintenant. Il voyait bien que la demoiselle était sous le choc après cette épreuve, mais il fallait tout de même surmonter le tout afin de pouvoir sortir vivant de ce fichu sous terrain. Ce fût uniquement lorsqu’il la mit en garde, qu’elle semblait ce soucier du reste du monde, elle ne semblait pas réaliser qu’elle était encore en vie. L’état de sa cheville n’était en rien pour le ravir, surtout avec les épreuves qu’ils auraient à affronter. Celles-ci seraient forcément beaucoup plus complexes que celles qu’ils venaient de faire. Quand il s’était relever et qu’elle avait glissé ses doigts autour de son bras afin de se soutenir, il comprit qu’elle était toujours effrayer. La poigner était comme un étau, tremblant légèrement, mais cachait tout de même une peur encore plus grande. Si elle aurait envi d’en parler, elle le ferait d’elle-même, alors inutile de l’assener de questions auxquelles il n’aurait jamais de réponse.

Alors qu’il traversait la salle, ce fût à ce moment que les premières traces de faiblesses du jeune homme purent se faire sentir. Plus leur progression se rapprochait de la porte, plus il commençait à sentir le sol danser sous ses pas. La dernière chose qu’il entendit, ce fût les paroles de la demoiselle, les sommant de s’arrêter pour prendre un peu de repos. Eh bien! Il semblait bien avoir choisit son moment pour sombrer dans l’inconscience. Il ne sentit aucun des gestes qu’avait posé la Dame sur sa personne. Rien. Simplement le néant qui l’entourait. Il n’eût aucune idée du combat intérieur que dû faire Nyrlae afin de déterminer si elle le laissait là, pendant qu’elle allait chercher des secours ou si elle restait auprès de lui, dans l’espoir qu’il sorte de l’inconscience dans laquelle il était plongée. Finalement, quand les premières brumes de sont esprit de dissiperai pour laisser entendre l’égouttement léger de l’eau contre les parois, il sentit la présence de la jeune femme, mais n’entendit pas clairement ce qu’elle était entrain de lui dire. Quelques seconde encore et il pu distinguer la froideur des lieux et les traits désormais familier de la demoiselle qui s’afférait à l’examiner ou plutôt, a recouvrer son calme.

" Vous... c'est le poison, n'est-ce pas ? "

Il fronça légèrement les sourcils à ses paroles, comment pouvait-elle savoir qu’il avait été touché par l’une des flèches. C’est alors qu’il se le demandait, qu’il remarqua la manche de sa chemise qui était retroussé de sorte à ce que l’on puisse voir la plaie qui commençait déjà à cicatriser. Alors, c’est ainsi qu’elle l’avait découvert. Il avait omis de lui dire simplement parce qu’il ne voulait pas l’inquiété et voila que le résultat contraire arrivait.

- Oui…je ne croyais pas que celui-ci allait se répandre aussi rapidement…

Qu’aurait-il pu dire de plus? C’était ce qu’il pensait après tout et ne pas vouloir l’inquiété, il était déjà trop tard pour cela. Il se redressa néanmoins, serrant la mâchoire sous l’effort que cela lui demandait, puis ferma les yeux au moment où son dos s’appuya contre la paroi. Inutile de tenter le diable trop longtemps.

" Nous allons nous reposer un peu... le temps de récupérer... puis nous repartirons. "

Il hocha vaguement la tête à ses dires, n’ayant plus de force réelle pour commencer un débat. De grandes gouttes de sueur perlaient encore sur son front, mais on pouvait quand même voir que le corps du jeune homme récupérait rapidement. La détermination qu’il avait de survivre était beaucoup plus grande que sa volonté de rester ici à croupir dans un sous terrain qui les préféreraient mieux mort que vivant. Après plusieurs minutes ainsi appuyer contre la paroi, il ouvrit les yeux, puis jeta un regard rapide vers sa plaie. S’ils ne sortaient pas rapidement, s’en aurait bientôt fini de lui. Il déposa sa main sur l’endroit où se trouvait sa dague, mais rencontra bien rapidement un vide qu’il n’apprécia pas immédiatement, tournant son regard vers la demoiselle, il vit finalement ce qu’il cherchait, puis lui lança un regard interrogateur. Pourquoi diable s’était-elle permis de prendre sa dague…? Bref, le temps n’était pas aux interrogations, mais à l’action. Sans attendre, il déchira la manche de sa chemise qui était endommagé par la coupure, puis viens couper l’ample manche de la demoiselle. Cette robe comportait beaucoup trop de tissu et il avait bien vu avec quelles difficultés elle avait eu pour se maintenir à la surface lors de l’épreuve de l’eau.

Avec rapidité, il déchira de fine bande de tissu avant de venir les enrouler autour de la cheville blessée de la demoiselle. Même si c’était loin d’un garot, cela lui permettait de parcourir une plus grande distance sans pour autant devoir s’arrêter. Ils parcourraient ainsi d’avantage de terraine t sortirais plus rapidement. Avec le reste des bande, il vint l’enrouler autour de sa plaie, pour être sur que rien d’autre ne vienne s’incruster à l’intérieur de celle-ci, puis serra le tout en glissant le morceau dans sa bouche. Ils étaient soigner à la légère, mais sa conviendrais, du moins, pour l’instant. Se redressant sur ses pieds, il posa finalement son regard dans celui de la jeune femme. Elle pouvait voir qu’il était loin du genre à abandonner en si bon chemin. Jusqu'à présent, c’était le nombre de temps le plus long qu’ils avaient passé ensemble. Glissant sa dague à son flanc, il glissa ses doigts dans ceux de la Dame pour l’inciter à se relever.

- Nous devons sortir d’ici le plus rapidement possible. Si vous le voulez bien, nous ferons la seconde épreuve et prendrons une pause. Comme ça, nous aurons tout les deux le loisir de se reposer quelques minutes, au lieu de pousser notre corps à bout de force.

C’était ce qu’il y avait de plus logique à faire, ils devaient survivre et pour ça, il fallait progresser. Entourant la taille de la jeune femme pour l’aider à marcher plus rapidement, ils progressèrent à un rythme relativement rapide pour deux blessés. Alors que le trajet se faisait dans un parfait silence, le jeune homme tourna un instant son visage vers celui de Nyrlae, afin de scruter son visage. Ils n’avaient pas été aussi proches depuis la danse qu’ils avaient partagée à la soirée qu’avait organisée Lören pour la jeune femme. Détournant son regard pour ne pas passer à ce genre de chose, il fronça soucieusement les sourcils en voyant une autre porte se dresser devant eux. Il n’aimait pas voir ce genre de chose, surtout que cela signifiait qu’une nouvelle épreuve était annoncée. Tirant sa dague, il délaissa un moment la taille de la demoiselle, afin de s’approcher avec lenteur de la porte. N’ayant aucun moyen de voir ce qui pouvait bien se trouver dans la salle, il dû ouvrir la porte en grand, espérant que des flambeaux allaient s’enflammer d’eux même pour leur permettre une meilleur vision.

Les flambeaux s’enflammèrent d’eux-mêmes, comme s’ils avaient lus dans les pensées du garde du corps. Invitant la jeune femme à franchir le seuil par un regard en biais, il jeta un regard aux installations qui se trouvaient devant eux. Là, se tenait diverse structure qui semblait mener à une porte se trouvant beaucoup plus haute, mais ne semblait être accessible uniquement par les structures. Ne saisisant d’abord pas le sens de l’épreuve qui se présentait à eux, il prit une grande inspiration en se demandant si c’était bien ce à quoi il pensait. Dans l’état dans lequel ils se trouvaient, ils ne pourraient jamais atteindre la porte. Il prit une grande inspiration avant de chercher la lettre d’instruction qu’il y avait en général avant chaque épreuve. Celle-ci se trouvait dans une encoche préalablement fait dans l’une des parois. Se saisissant de la lettre rapidement, il la décacheta, puis parcourut les quelques lignes, qu’il prit soin de lire à haute voix pour en faire par à la demoiselle.

- Vous, elfes, êtes beaucoup plus endurant que la plupart des races qui peuple se continent, il vous sera donc aisé de parcourir les différentes structures afin d’atteindre cette porte qui pourra vous conduire vers un antidote possible au poison qui atteint votre ami.

Serra la mâchoire, il n’eût cependant pas le temps de se plaindre sur l’épreuve à effectuer, que voila diverses trappes qui s’ouvraient afin de laisser filtrer un jet de sable. S’ils ne faisaient pas ce qui étaient indiqués sur le bout de papier…Ils périraient tout les deux dans les sables qui commençait lentement à recouvrir leurs pieds. Sans attendre, il attrape rapidement la taille de la demoiselle afin de la hisser sur la première structure. Il n’aurait pas d’autre choix que de faire l’épreuve pour deux s’il ne voulait pas qu’elle se casse la cheville pendant le parcoure.

Galyn parut surpris lorsqu'elle lui parla du poison. La pensait-il stupide ? Le calcul était simple : si elle se sentait à bout de force, elle n'en était pas encore à perdre connaissance, mais lui si. Or, il était censé être plus résistant qu'elle. C'était donc qu'il y avait autre chose qui entrait en jeu. Avoir vu la blessure avait achevé de la convaincre.

" Oui… je ne croyais pas que celui-ci allait se répandre aussi rapidement… "

La jeune femme soupira puis sursauta quand il voulut se relever. Ouvrant la bouche pour l'en dissuader, elle se résigna et le laissa faire : après tout, il était capable de prendre soin de lui. S'il se sentait capable de se redresser, qu'il le fasse donc, il était plus à même de juger de cela qu'elle. Les yeux dans le vide, elle laissa son esprit flotter un instant.

Ils auraient pu ne jamais entrer. Elle aurait dû ne jamais entrer. La vérité, c'était que si elle avait eu deux sous de jugeote elle ne se serait pas précipitée et elle ne les aurait pas jetés dans cet enfer. Pouvaient-ils à présent espérer s'en sortir tout en restant réalistes ? L'un empoisonné, l'autre blessée... il était sans doute plus touché qu'elle mais il avait eu davantage de chances de s'en sortir au départ. Elle n'avait aucune envie de baisser les bras, mais sa cheville l'élançait assez pour la faire douter de la réussite d'une nouvelle épreuve. D'ailleurs, combien pouvait-il y en avoir encore ?

Elle s'aperçut que Galyn la regardait et suivit son regard jusqu'à la dague. Oh... il devait se demander ce qu'elle fabriquait avec ça. Justice, bravoure, honneur, fierté. Les mots gravés sur l'arme l'interpelèrent un instant. Ce qui semblait être une devise lui disait quelque chose, mais elle n'aurait su dire quoi. Sans s'attarder davantage sur le sujet, elle lui tendit la dague, expliquant simplement :

" J'ai failli partir seule chercher du secours, je me suis dit qu'elle me serait plus utile qu'à vous, si vous restiez incons... eh ! "

Il venait de lui couper sa manche sans même lui demander quoi que ce soit. Et maintenant, il venait s'occuper de sa cheville sans un mot. Il aurait au moins pu la prévenir ou lui demander son avis ! Ravalant ses protestations, elle le laissa pourtant faire en silence. En effet, c'était une bonne idée à laquelle elle aurait dû penser plus tôt. L'état de sa robe trempée importait assez peu à côté de leurs vies. Entre les épreuves déjà passées et celles à venir, le vêtement ne ressemblerait bientôt plus à rien et c'était bien le cadet de leurs soucis.

Elle eut un geste pour l'aider à son tour, mais il la prit de vitesse et sembla décidé à se débrouiller tout seul. Elle remit donc sa bottine sans commentaire, serrant les dents lorsqu'il fallut faire rentrer sa cheville gonflée à l'intérieur. Galyn se redressait déjà et lui tendit une main qu'elle accepta. Il était grand temps de se remettre en route.

" Nous devons sortir d’ici le plus rapidement possible. Si vous le voulez bien, nous ferons la seconde épreuve et prendrons une pause. Comme ça, nous aurons tous les deux le loisir de nous reposer quelques minutes, au lieu de pousser notre corps à bout de forces. "

La jeune femme acquiesça et ravala sa lassitude, se forçant à reprendre espoir. Après tout, ils étaient encore en vie et capables d'avancer. Acceptant l'aide de Galyn, elle se mit à marcher à ses côtés en essayant de ne pas malmener sa cheville blessée. En même temps, elle tentait aussi de ne pas trop s'appuyer sur le jeune homme, n'oubliant pas qu'il souffrait toujours du poison, même s'il avait apparemment pu récupérer quelques forces.

Le souterrain semblait ne plus en finir. Sentant le regard de Galyn peser sur elle, Nyrlae leva un instant les yeux vers lui, esquissant un sourire nerveux. Certes, elle voulait garder l'espoir qu'ils pourraient s'en sortir, mais savoir qu'ils approchaient de la prochaine épreuve commençait à lui faire sérieusement peur. Chercher un peu de réconfort dans cet échange silencieux ne la rassura pas sur la suite des événements mais la convainquit qu'au moins elle n'était pas seule. En temps normal elle aurait sans doute été gênée par leur proximité, mais pour le moment, le sentir si proche la tranquillisait. Il avait prouvé plus d'une fois qu'elle pouvait compter sur lui et sans lui l'aventure se serait terminée beaucoup plus vite et bien plus tragiquement.

L'apparition d'une nouvelle porte la fit se tendre soudain et ralentir son pas. Elle n'avait pas la moindre envie d'entrer là-dedans et ne cachait son appréhension qu'à grand peine. Elle laissa Galyn se porter seul en avant à regret et s'appuya contre le mur en se demandant avec anxiété ce qui les attendait encore.

La porte s'ouvrit, les flambeaux s'enflammèrent... Nyrlae se força à s'approcher pour jauger la situation : une porte en hauteur accessible par une sorte de structure. Une épreuve d'escalade ? Si ce n'était que ça... Le jeune homme lut la lettre qui leur était destinée. L'antidote ! Voilà enfin une bonne nouvelle ! Le soulagement ressentit disparut aussi vite lorsque les trappes s'ouvrirent, déversant du sable dans la salle.

Galyn réagissait déjà, la hissant sur la structure. Prenant aussitôt appui aussi bien que possible, Nyrlae lui fit signe qu'elle allait se débrouiller. Certes, elle était handicapée par sa cheville, mais, comme beaucoup d'elfes, l'escalade dans les arbres était un vrai passe-temps. Bien-sûr, elle avait un peu négligé ce genre d'activité ces derniers mois, mais elle savait qu'elle était capable de progresser vers le haut sans se rompre le cou. Et puis, même si le sable s'écoulait, elle trouvait cette épreuve moins dure que la précédente où elle avait cru voir sa dernière heure arriver.

Son enthousiasme fut pourtant de courte durée. Sa cheville la ralentissait vraiment. Et le sable coulait, coulait sans discontinuer. Galyn dut s'arrêter plusieurs fois pour lui tendre la main et lui permettre d'avancer malgré une prise trop haute pour elle. Et tout ce sable... se pouvaient-ils qu'ils finissent enterrés vivants ?

Nyrlae s'était d'abord fait la remarque qu'il s'agissait de sable et non de sables mouvants. Ce qui signifiait qu'ils pouvaient simplement attendre que le temps passe et grimper peu à peu sur ce qui ressemblerait à une dune. On ne s'enfonçait pas dans du sable, même très fin. Seulement, la façon dont était placée la porte n'était pas anodine. S'ils utilisaient cette méthode, la sortie serait recouverte avant même qu'ils n'aient pu l'atteindre. La seule solution restait réellement de grimper à la structure, et plus vite que la masse de sable ne montait.

La jeune femme s'aperçut pourtant assez vite que si sa cheville foulée la ralentissait, Galyn commençait à avoir réellement du mal à se servir de son bras blessé. D'ailleurs, lorsqu'il lui tendait cette main, ne pouvant faire le contraire, elle s'apercevait que cette dernière était glaciale. Combien de temps encore avant que le poison ne le tue ? La structure paraissait interminable et la porte de sortie minuscule tant elle était haute. Le sable s'amoncelait... les torches s'éteignirent une à une, étouffées par le sable, les plongeant peu à peu dans le noir. Il leur fallu faire une pause pour s'habituer à l'obscurité et ils virent bientôt que la sortie luisait faiblement.

" On y est presque. " souffla Nyrlae en reprenant sa progression.

Une façon de souligner qu'elle ne baissait pas les bras et d'encourager le jeune homme qui devait sérieusement avoir besoin de cet antidote.

Ils continuèrent à grimper. La jeune femme avait décidé qu'elle ne sentait plus sa cheville et que tout allait bien. La montagne de sable les rattrapait petit à petit, mais Nyrlae refusait de lâcher prise. Ils étaient presque au bout... Dans un dernier effort, Galyn lui permit de se hisser une dernière fois, ce qui lui permis de pousser la porte. Elle se retourna aussitôt pour l'aider à son tour et, sitôt sortis de la salle, elle repoussa la porte, condamnant l'ouverture. Encore une épreuve qui empêchait tout retour en arrière.

Nyrlae reprit son souffle en regardant autour d'elle. Quelques pas plus loin se trouvait un socle sur lequel reposait une petite fiole au bouchon de cire. L'antidote ? Ils s'approchèrent. Fallait-il le boire ou l'appliquer sur la blessure ? Écartant doucement la manche de la chemise et défaisant le bandage sans lui demander son avis, Nyrlae constata que la peau de Galyn était glaciale et que la plaie était violacée, formant des dessins qui suivaient les veines tout le long du bras. La jeune femme se mordit la lèvre pour ne pas faire de remarque et détourna les yeux, inquiète. Elle avait la réponse à sa question : le poison s'était répandu. L'antidote semblant parfaitement liquide, mieux valait sans doute le boire, ce qui corroborait son hypothèse.

Elle pensait surtout au message qu'ils avaient lu : un antidote "possible". Ce mot l'inquiétait sérieusement. D'autant que le résultat ne parut pas spécialement immédiat. Elle hasarda pourtant en murmurant, toujours dans un souci de garder espoir :

" Il faut le temps... que cela fasse effet, j'imagine. "

Ils attendirent quelques minutes durant lesquelles Nyrlae reposa sa cheville et eut au moins la petite satisfaction de voir que sa robe commençait à sécher, ce qui était plutôt une bonne nouvelle étant donné les courants d'air qui traversaient parfois les couloirs, la faisant frissonner.

Puis il fut temps de repartir. Que l'antidote fasse effet ou non il fallait bien continuer. Remise de ses émotions de noyade, Nyrlae paraissait avoir retrouvé son calme et une certaine confiance en l'avenir. Elle était bien déterminée à mener ces épreuves à bien.

La porte suivante leur fit marquer un nouveau temps d'arrêt. Ils finirent par entrer dans une grande pièce ronde totalement vide. La porte se referma soudainement derrière eux, les bloquant une nouvelle fois. Une seule torche s'alluma, cette fois, révélant au centre de la pièce un socle sur lequel était posé un nouveau message. Seul décor à la pièce : une longue et fine gouttière qui en faisait le tour, s'enroulant en colimaçon. Du plafond tomba ce qui ressemblait à une bille qui se mit à rouler le long de la gouttière dans un bruit sinistre. Étant donné la longueur de celle-ci et la taille de la pièce, la bille n'arriverait pas en bas avant bien longtemps. Les murs étaient entièrement occupés par ce système et on ne voyait aucune autre porte. Le sol était constitué d'un damier coloré, chaque dalle étant ornée d'un dessin étrange. Les dessins se mirent à lui luire doucement d'une couleur orangée et semblèrent dégager soudain une certaine chaleur.

Lorsque les elfes se décidèrent à lire le parchemin qui se trouvait sur le socle, au centre de la pièce, ils purent déchiffrer ses mots :

Pierre… et un
Deux qui cherchent la sortie
Trois aiguilles roule autour de l’horloge
Quatre minutes mais n’amasse pas le temps perdu, car…
Cinq minutes mourras… ou pas, juste un de moins englouti par la lave
Six minutes c’est trop tard mousse sanglante tu es devenu, car comprendre tu n’as pu.
Huhuhu

Comprends-tu, elfe ?

Nyrlae fronça les sourcils, surprise devant cette énigme alambiquée :

" Qu'est-ce que ça signifie ? "

Le texte lui paraissait n'avoir que peu de sens et être particulièrement mal écrit et encore, elle ne comptait pas la faute d'orthographe grossière qui s'y glissait. Et puis ce "huhuhu"... cela ressemblait à un rire, à une plaisanterie de mauvais goût.

L'une des dalles s'illumina soudain violemment et disparut pour révéler le sous-sol : de la lave en fusion. Si Nyrlae s'inquiétait encore de pouvoir sécher ses habits, elle allait être servie ! La température venait de monter brusquement et ce fut encore pire lorsqu'une seconde dalle suivit le même chemin quelques instants plus tard.

Se forçant à ne pas perdre son sang-froid, la jeune femme relut l'énigme :

" Est-ce qu'elle indique sur quel symbole appuyer ? ... Mais alors pourquoi demander si l'on comprend et ne pas reprendre la même formulation que précédemment ? "

Nyrlae s'efforçait aussi de garder son calme, se concentrant autant que possible sur l'énigme pour oublier tout le reste. Elle hocha pourtant la tête en entendant le début d'explication du jeune homme.

" Ce que je ne comprends pas, c'est la formulation. Jusque là, nous avons eu des questions précises qui appelaient un mot. Là... on nous demande de comprendre. Est-ce que ce ne serait pas une réaction à avoir ? Quelque chose à faire ? Il n'y a pas de porte sculptée, cette fois. "

Elle scrutait les pavés, essayant de trouver un sens aux dessins. Au-dessus de leurs têtes roulait la petite bille dans un ronron abrutissant.

" Un, deux, trois... pourquoi ces chiffres ? Pourquoi pas "un, une pierre" plutôt que "pierre... et un" ? " Elle s'anima soudain en s'exclamant : les mots... la réponse est dans les mots, j'en suis convaincue ! "

Elle le lâcha, alla désigner l'une des phrases en essayant de ne pas trop malmener sa cheville blessée, indifférente aux nouvelles dalles qui disparaissaient, les plongeant peu à peu dans une chaleur suffocante.

" "Roule" et pas "roulent". C'est forcément que c'est... comment dire ? les mots ne sont pas ceux qu'ils devraient être ! Ou alors... "

Elle répéta l'énigme à voix haute essayant de repérer une quelconque logique. Une dalle disparaissant tout à coup presque sous ses pieds la fit bondir en arrière et calma un peu ce qui commençait à ressembler à de l'enthousiasme. Elle aurait bien aimé ce petit jeu, installée tranquillement dans un salon. Mais là, sur le point d'être grillée vive, elle n'avait plus vraiment envie de profiter. Le petit côté moqueur de l'énigme l'agaçait et elle réprima une grimace en sentant sa cheville qui l'élançait à nouveau suite au mouvement de recul qu'elle avait eu. Elle revint prudemment prendre un léger appui sur le bras de Galyn.

Le temps tournait. L'énigme parlait de minutes. Les dalles disparaissaient plus rapidement et l'air devenait brûlant. D'ici peu, s'ils ne trouvaient pas la solution, ils périraient dans la lave si ce n'était pas de dessèchement prématuré. Essayant de reprendre son souffle, Nyrlae ne put que murmurer :

" Nous ne sommes même pas en terrain volcanique... cette épreuve ne devrait pas pouvoir exister... c'est absurde ! "

Passé un instant de recherche intensive elle se sentait faiblir sous ces conditions radicales. La chaleur était étouffante et elle craignit soudain qu'ils ne perdent connaissance avant même de savoir ce qui viendrait à bout d'eux, de la chaleur ou de la lave. En tous cas, elle commençait à avoir la tête qui tournait légèrement.

Pour le jeune homme, la suite de mots qui se présentaient à eux, n’avait littéralement aucun sens. Il avait beau retourner la question dans tout les sens, il devait avouer qu’aucun lien ne résidait entre les différentes épreuves? Fronçant les sourcils en ne voulant pas s’avouer aussi vite vaincu par un magicien psychopathe, il essaya de se concentrer sur les phrases et non sur la chaleur qui ne cessait de croître autour d’eux. Le point qu’émettait désormais la demoiselle, frappa le jeune homme en un sens. C’était vrai, que jusqu'à présent, les épreuves qui avaient un lien avec les éléments, cherchait uniquement à désigner l’une des formes que pouvait prendre celui-ci, mais désormais, ils se trouvaient en terrains inconnu. Pourquoi changer maintenant le rythme des épreuves? Peu importe. Il n’avait guère le temps de s’attarder à cherche la réponse à cette question.

" Un, deux, trois... pourquoi ces chiffres ? Pourquoi pas "un, une pierre" plutôt que "pierre... et un" ? " Elle s'anima soudain en s'exclamant : les mots... la réponse est dans les mots, j'en suis convaincue ! "

Encore une fois, elle marquait un point. Le jeune homme essayait peut-être de trop se concentrer sur le fond caché que pourrait avoir cette épreuve. Et si, en fait, la réponse était d’autant plus simple, uniquement sous leurs yeux et qu’ils ne voyaient rien? Il écouta chaque paroles que prononçaient la demoiselle en réitérant l’énigme à voit haute. De plus, il trouvait que la prudence de la jeune femme c’était alléger avec son brin d’enthousiasme. Celle-ci ne semblait plus remarquer la lave qui les dévorerait tôt ou tard, s’ils ne s’efforçaient pas à trouver la réponse. Il fût légèrement rassurer lorsqu’elle revint prendre appui sur son bras. Il ne pouvait pas penser et en même temps assurer sa sécurité si elle s’agitait dans tout les sens! Prenant une inspiration légère pour ne pas risquer de brûlés ses poumons avec la fumer, il fronça de nouveau les sourcils, concentrer et fit le vide autour de lui. Rien ne servait de s’énerver, sinon ils finiraient grillés de toute manière.

Les chiffres. Il devait avoir une suite logique entre les chiffres et les phrases présenté, sinon la formulation serait la même que pour les épreuves précédentes. Il se souvenait avoir déjà pu observer se phénomène de formulation dans les charades, mais là, le but n’était pas de constituer un mot, mais plutôt une phrase? Se remémorant chacune des phrases qui leur avait été présentées, il fronça d’avantage les sourcils, sous l’effort de concentration que cela lui demandait. Ils leurs restaient peur de temps et les dalles continuaient à filer sous l’impact de la lave. S’il se référait aux chiffres, la phrase contenait un nombre total de six mots, se retrouvant en toute logique, dans chacune des phrases.

- Pierre…, murmura t-il plus pour lui-même qu’a l’intention de la jeune femme.

Un chemin emprunt de logique commençait à faire son cheminement dans l’esprit du jeune homme. Il y avait quelques choses à comprendre dans cette énigme et il comptait bien trouver ce que c’était. Comme l’avait fait remarquer la demoiselle, pourquoi avoir mis roule au lieu de roulent. Cette faute ne ce retrouvait pas là, sans logique.

- Pierre qui roule…

Jusqu'à présent, ils avaient au moins le début. Les trois premiers mots. Il ne s’agissait que de trouver la suite, qui pourrait finalement les sortir de là. Alors qu’il se répétait les phrases suivantes rapidement et les trois premiers mots qu’il avait trouvés, certains d’entre eux résonnèrent plus que les autres à son esprit. N’amasse. Pas. Mousse. C’est alors qu’il reconstitua la phrase entière, comme s’il venait soudain d’être frapper par un éclair de génie!

- Pierre qui roule n’amasse pas mousse! Voilà la réponse…

Alors que les derniers sons sortaient de sa bouche, rien ne se produisit. Le garde du corps, regarda tout autour de lui, pendant plusieurs secondes, cherchant à comprendre ce qui pouvait bien lui manquer à la réponse. Il savait pertinemment ce que cette expression signifiait, mais pourquoi l’avoir mis dans l’épreuve? Dans leurs précédentes aventures, ils n’avaient amassé aucuns biens. A moins que tout cela signifiait bien plus que ce qui semblait. Peut-être avait-il tord de croire que cela se rapportait à leur rang. Tout deux appartenaient à la noblesse elfique, même si le garde du corps ne l’avait jamais avoué à personne et qu’il préférait nier ses origines, du moins, jusqu’au moment où il aurait eu sa vengeance. Il jeta un bref regard vers la demoiselle, afin de savoir ce qu’elle pouvait bien en pensée, mais il éloigna rapidement l’idée de pouvoir lui dire un tel secret. Elle le questionnerait forcément dû au fait qu’il avait mentit depuis tout ce temps. Alors qu’une foule de questions s’imposaient d’elles-mêmes dans ce lieu sinistre qui pourrait bien finir par être leur tombeau, une lumière vacillante commença à poindre au loin jusqu'à devenir complètement aveuglante pour les deux elfes qui se trouvaient encore sur la même dalle. Alors que la lumière s’éteignait progressivement, ils durent prendre plusieurs minutes avant de nouveau pouvoir voir normalement et ils purent distinguer un net changement de température. Plusieurs minutes plus tard et voilà que les contours d’une porte se dessinait au loin grâce à un trait lumineux entourer de signe sylvestres.

D’abord, le garde du corps voulait s’assurer que la lave avait bel et bien figé, afin d’empêcher que l’un deux se brûle inutilement avec une simple impression. Avec une force ravivée, il déchira la manche de sa chemise et s’accroupit près du coin de la dalle. Il aurait été complètement stupide d’y mettre directement sa main et pour sa chemise, vu l’état dans laquelle elle se trouvait, cela ne servait à rien de la ménager. S’accroupissant donc, il descendit lentement le morceau de vêtement vers la surface de lave, mais celle-ci n’enflamma par le morceau de vêtement, même qu’elle était rendu complètement dure. Fronçant les sourcils, Galyn se risqua finalement à toucher la texture qui se trouvait désormais sous leurs pieds. Avec prudence et délicatesse, il vient effleurer la surface désormais dure et lisse qui se trouva là. La surface noire lui rappela rapidement l’origine d’une pierre.

- Lorsque de la lave en fusion refroidie, elle peu former différente sorte de pierre, tel que de l’obsidienne.

Tout cela, cependant, n’était guère important, ils n’entendaient plus le roulement presque familier de la pierre qui roulait jusqu'à présent au dessus d’eux. Rassurer qu’ils puissent enfin s’en sortir, le jeune homme se redressa et lança un regard vers la demoiselle. Avec un léger hochement de tête, il se voulait encourageant et sentait en plus un certain bien être. L’antidote avait sans doute eu le temps de faire effet. S’aventurant d’abord sur la pierre, ses yeux purent observer les différentes lurent qui se reflétait désormais sur les pierres. Le jeu de lumières et de couleurs semblait impressionnant, mais hors de question de s’attarder d’avantage. Franchissant rapidement la distance et prenant soin le plus possible de poser les pieds sur des dalles toujours présente, ils arrivèrent finalement devant la porte. Un moment, le jeune homme posa son regard sur les symboles écrits. Ceux-ci signifiaient dans la langue des anciens : « Ses symboles vous apparaissent, puisque sage vous avez sût être. Franchissez cette porte et là, commenceras votre véritable quête ».

Serrant la mâchoire pour s’empêcher tout jurons, le jeune homme prit une grande inspiration en poussant finalement le battant. Ils devaient continuer d’avancer, nul doute la dessus, puisque les autres portes étaient désormais condamnées. Soutenant toujours la demoiselle par le bras, ils arrivèrent à proximité d’un léger canal d’où coulait une petite source s’eau fraîche. Les créateurs de ce jeu avaient-ils prévu que les joueurs auraient besoin d’eau. C’était vrai qu’après autant d’effort, ils en avaient grandement besoin, seulement, le jeune homme ne pouvait faire confiance à cette eau.

- Je vous propose de prendre une petite pause, étant donner que les prochaines épreuves risquent d’être d’autant plus dures.

Tout en faisant sa proposition, le garde du corps prenait déjà place contre un mur, sans lâcher le canal du regard. Il n’y avait n’y socle, n’y quelconque lettres tracées au sol et une porte était facilement accessible grâce à un pont léger. Tout laissait croire à un lieu de repos. Il releva la manche de sa chemise encore présente et observa la plaie qu'il portait au bras. Le poison avait sembler cesser sa progression, même qu'il se stabilisait. Les veines avaient désormais une couleur moins violacées. C'était bon signe. Tout en ce satisfaisant de l'état de sa blessure, il se redressa, s'approchant rapidement de la demoiselle. Il voulait voir comment se portait sa cheville avec tout ses déplacements forcés dont ils devaient faire preuve. S'accroupissant, il retira lentement la botte de la jeune femme et défit avec douceur le bandage. Il ne voulait pas risquer de la blesser d'avantage ou même, la faire souffrir inutilement. Le cheville semblait gonflée et mal en point, mais avec une bonne aide médicale, tout cela ne serait qu'un mauvais souvenir. Glissant le bout de ses doigts pour vérifier que rien n'était casser, il les retira aussitôt, satisfait. Ce fût à ce moment qu'il croisa le regard de Nyrlae.

C’était évident de voir quels effets avaient les vapeurs sur la jeune femme. Celle-ci se cramponnait toujours d’avantage à son bras, comme si elle était sur le point de s’évanouir. La bonne nouvelle, c’était qu’il avait trouvé la réponse avant que la situation devienne réellement critique pour la demoiselle. Il n’aurait pas voulu supporter son poids, en plus de devoir réfléchir à la suite de l’énigme. Il avait devoir de la protéger et c’était bien ce qu’il s’évertuait à faire. Le garde du corps pouvait sentir la présence de Nyrlae près de lui, toujours appuyer sur son bras. Ils ne savaient plus du tout à quoi s’attendre avec se déroulement insensé d’épreuves et c’était aussi bien comme ça, il fallait que la jeune femme reste près de lui s’il voulait accomplir la tâche qui lui avait été désigné. La protéger, quoi qu’il en coûte, même au péril de sa vie. Le fait qu’ils aient finalement une porte de sortir, sembla soulager autant la Dame protectrice que son garde du corps. Le jeune homme n’avait aucune confiance en cette magie et la lave pourrait redevenir liquide d’un moment à l’autre, donc inutile de s’attarder d’avantage en ses lieux. Avancer, restait leur seul option.

Le message qui avait été inscrit sur la porte, sembla les avertirent que des épreuves beaucoup plus éprouvantes allaient suivre et ce n’était en rien pour rassurer les sylvestres. Chacun d’eux essayait tant bien que mal de cacher leurs désarrois, mais Galyn commençait assez bien à connaître la demoiselle pour voir qu’elle essayait de se montrer forte. Mine de rien, les épreuves qu’ils affrontaient ensemble pouvaient leur montrer comment se connaître sous un nouveau jour et le jeune homme ne manquait pas de remarquer tout les points qu’il avait peut-être omis d’observer chez la jeune femme. Ils étaient tout les deux déjà assez mal en point, donc pourquoi leur infliger une blessure morale maintenant? Les créateurs de ce petit labyrinthe d’épreuves semblaient se jouer d’eux avec une joie désarmante. Quand, finalement, ils eurent franchit la porte, il observa Nyrlae se diriger vers la source, mais ne la laissa pas poursuivre aussi facilement son chemin. Une autre chose que lui avait apprit ses sous terrains, c’était qu’il ne fallait se fier à sa première impression ou aux apparences. Celles-ci pouvaient souvent être trompeuses.

" Je vais juste me rafraichir le visage. "

Le ton cassant qu’avait employé la jeune femme ne fit aucun effet au jeune homme. Il avait apprit depuis un moment, que même si elle se montait parfois cassante, ce n’était pas nécessairement qu’elle lui en voulait. La situation devait simplement la mettre sur les nerfs et elle ne savait plus comment retrouver un calme apparent. Hochant doucement la tête, il la relâcha finalement pour qu’elle puisse faire ce qu’elle demandait, mais dû sentir le regard fantomatique de son garde du corps sur sa personne. Il ne voulait faire preuve d’aucune négligence. Déjà qu’il n’ait pas retenu la sylvestre d’entrer en ses lieux, s’en avait été une de trop. Elle pourrait bien le renvoyer aussitôt que tout cela serait terminer, mais au moins il aurait le mérite d’avoir fait en sorte qu’elle sorte saine et sauve du pétrin dans lequel ils s’étaient fourrés. Alors qu’il observait sa blessure, il sentit à son tour le regard de la demoiselle sur lui, mais savait que c’était uniquement pour observer l’état de son bras. Finalement, vint le temps d’observer celle de Nyrlae. Jusqu'à présent, elle n’avait pas réellement montré que sa cheville la tenaillait ou la faisait souffrir, mais il voulait au moins s’assurer que le tout ne se casse pas en bout de ligne. Il serait fort dommage de la voir trimballer un garrot afin de replace l’os casser.

" Vous savez... en général on prévient les gens avant de leur retirer une bottine... "

Avait-il surprit un sourire sur les lèvres de la demoiselle quelques instants plus tôt? Il n’en était pas certain, mais il lui avait semblé l’apercevoir. Il eût à son tour un sourire léger sur les lèvres. C’était vrai qu’il n’avait jamais demandé la permission avait d’observer la blessure et il aurait dû prévenir.

- Vous savez…sa m’arrive rarement de retirer les bottines aux gens…voir…c’est une première

La remarque avait été murmuré, comme s’il avait peur que qui que ce soit puisse les entendre. Se raclant la gorge au même moment où la demoiselle descendait son regard, cela fit en sorte qu’un nouveau silence s’installa. Ses doigts étaient toujours poser sur sa cheville et malgré l’enflure, il se surpris lui-même a trouver la peau de la jeune femme, délicate au toucher. Retirant prestement ses doigts en chassant l’idée qui venait de l’effleurer, il se redressa pour instaurer une distance qui leur était familière. Son regard arpentait la pièce, a la recherche quelconque de quelques choses qui pourraient leur indiquer la prochaine épreuve sans qu’ils aient à franchir la porte, mais avec le temps, il aurait dû s’y faire. Le seul moyen de savoir la prochaine épreuve, était de franchir cette porte.

" Tout à l'heure, j'ai lu les inscriptions sur votre dague. J'ai l'impression que cela me dit quelque chose. C'est une devise, n'est-ce pas ? "

Le jeune homme s’arrêta net dans ses pensées. Si le geste avait été inaperçu pour la jeune femme, il avait un tout autre sens pour lui. Il avait souhaité que ce jour ne vienne jamais et s’était toujours demander comment il ferait pour expliquer la situation, sans que tout cela ne tourne autour d’un titre perdu depuis fort longtemps. Prenant une inspiration qui se voulant légère, il se tourna vers la principale concerner.

- Plusieurs familles sylveste ont leur devise, vous savez. Rien de tellement particulier.

Le ton se voulait désinvolte et tout à fait neutre, comme il avait l’habitude d’être en sa présence. Seulement, il devait avouer qu’a quelques exceptions près, il agissait différent d’avec les autres personnes qu’il avait eut à protéger. Tout les deux se ressemblaient, sans vraiment se ressembler en fait. Il espérait simplement qu’avec le nombre d’épreuves qu’ils auraient affrontés, les inscriptions de sa dague resteraient dans les choses qu’elle oublierait rapidement. Il n’avait pas envi de mentir, mais il n’avait pas non plus envi de se faire traité différemment. Ils restèrent un moment dans le silence figer, puis après une dizaine de minute à laisser la jeune femme profiter de l’eau, il se dit qu’il était temps de repartir vers la prochaine épreuve. Plus vite ils en finiraient avec ça, plus vite ils retrouveraient une vie un temps soit peu normal. Néanmoins, avant de partir, il s’attela à faire un nouveau bandage à la demoiselle. L’ancien était user par la chaleur de la lave et mieux fallait ne pas risquer d’abîmé d’avantage la cheville en négligeant son confort. Une fois cette tâche accompli, il se remit sur pied et franchit le pont léger qui les séparait de la prochaine épreuve. Il posa la main sur la lourde poigner en fer, puis se tourna un moment pour plonger son regard dans celui de sa protéger, comme pour mesurer la gravité de la situation

Tirant de toutes ses forces, la porte grinça sur ses gonds et un froid saisissant envahi aussitôt la pièce où ils se trouvaient. Frissonnant, Galyn franchit d’abord la porte, pour évaluer l’épreuve. Seulement, ce fut une longue étendu de glace qui l’accueillit avec un froid mordant. Ses pieds étaient posé sur une sorte de quai en hauteur, puis sous ses pieds, se trouvait une masse de glace qui ressemblait étrangement à un lac gelé. A travers la glace, l’on pouvait apercevoir des choses flottées, mais ils n’auraient su dire quoi. Sur sa gauche, se trouvait un socle de glace, contenant ce qui semblait être la description de l’épreuve, puis au loin, à peine visible, l’on pouvait voir une porte. Une distance peu raisonnable les séparaient de celle-ci, puis ils devaient absolument franchit le lac geler afin d’accéder à cette porte. Sur le mur, se trouvait de grosse cape épaisse, ce qui leur permettait au moins de ne pas mourir geler dans se désert glacial. Enfilant une première couche de vêtement en laine, il aida ensuite la demoiselle à enfiler la sienne.

- Si nous devons traverser se lac, il est préférable que nous voyagions le plus léger possible, afin de ne pas briser la glace sous nos pas.

C’était logique, après tout. Un coup qu’ils étaient fin près à ne pas mourir de froid, il se dirigea vers le socle en prenant le parchemin, qui était étrangement chaud vu les conditions dans lesquelles il se trouvait. Déroulant le parchemin, il entama la lecture;

Ici, elfes,
Vous devrez faire confiance à votre instinct
Ainsi qu’a la loyauté que vous miser l’un envers l’autre
Parfois épaisses, parfois délicate, la glace vous engloutiras si trahison vous faites
Et glaçons vous serez.

Ses mots ne présageaient absolument rien de bon, ni pour l’un, ni pour l’autre. Ils devaient maintenant faire confiance en leur instinct et nul doute que l’eau serait très froide s’ils faisaient un seul faux pas.

Nyrlae ignora le regard désapprobateur de Galyn. Oui oui, bon, elle avait compris qu'il prenait son rôle de garde du corps au sérieux ! Mais au point où ils en étaient elle préférait faire passer la logique avant tout. Pour traverser un lac gelé, elle n'avait pas besoin d'un garde du corps, mais de patins à glace. Qu'il soit là pour tomber dans l'eau en même temps qu'elle ou pas ne changerait rien du tout. Mieux, elle préférait tomber seule et qu'il soit capable de venir la chercher ! Alors qu'il cesse de faire ses gros yeux, ce n'était pas cela qui la ferait changer d'avis !

Bref, elle l'ignora, espérant simplement qu'elle ne se trompait pas sur l'interprétation du texte. En attendant, elle faisait ce qui lui paraissait le plus sensé.

Et zlip !

Bon, ce n'était pas comme si elle ne s'était pas attendu à ce que les choses se compliquent à un moment ou un autre, mais elle se serait bien passé d'une telle épreuve ! Perdant l'équilibre sous le coup de la surprise et surtout parce que la surface jouait soudain les toboggans, elle n'eut d'autre choix que de se plaquer contre la glace sans avoir la temps de se protéger avec la cape. Mais si rester collée au glaçon géant lui permettait de ne pas glisser dans l'eau glacée, elle était prête à faire ce sacrifice !

Complètement terrifiée à l'idée de ce qui allait lui arriver, elle réussit pourtant à garder suffisamment de sang froid - ahah qu'est ce qu'on s'amuse ! Voilà de l'humour qui fait froid dans le dos - pour penser à utiliser la dague de Galyn. Elle s'y accrocha dès qu'elle le put, mais se rendit compte assez vite que ne plus sentir ses mains n'aidait pas à la manœuvre. Elle fit pourtant ce qu'elle put pour tenir le temps qu'il fallut avant d'attraper la main du jeune homme qui la releva. Elle avait les yeux écarquillés par la peur qu'elle avait eu et son cœur battait à cent à l'heure, mais apparemment, elle était vivante.

Quelque peu sonnée, elle le laissa ensuite passer devant, commençant à trembler beaucoup trop à son goût. La tension retombée ne l'aidait pas à oublier le froid mordant. Sa robe était à présent imbibée de glace et ses mains brûlées avaient rougi. Elle essaya de ne pas claquer des dents, mais c'était peine perdue et elle se concentra surtout pour continuer à avancer aussi vite que possible, ce qui devenait de plus en plus difficile à mesure que les secondes passaient et que le froid la saisissait.

Lorsqu'elle passa la porte, elle s'effondra littéralement en claquant des dents et, assise, se recroquevilla sur elle-même pour essayer de retrouver un peu de chaleur. Sauf que la cape n'ayant pas servi à grand chose, elle ne trouvait aucun moyen de se réchauffer. Même en soufflant sur ses mains, elle ne sentait rien et elle commença à s'inquiéter réellement : comme tout le monde, elle avait entendu des histoires de gelure si profonde que les gens avaient perdu les membre gelés. Elle essaya de se raisonner, mais elle ne sentait vraiment plus ses mains et ne parvenait pas à cesser de trembler. Dire qu'en sortant de l'eau elle avait cru avoir froid ! Là, il ne s'agissait plus de cela : elle avait mal à force de sentir ses muscles se contracter de façon désordonnée et elle continuait à frotter ses mains maladroitement, sans percevoir d'amélioration.

La jeune femme parut reprendre conscience de la présence de Galyn lorsqu'il s'accroupit devant elle. Elle le laissa prendre ses mains en essayant de bredouiller :

" Cççça vvva... "

Oui, pas évident d'affirmer que tout allait bien avec les dents qui claquaient tant qu'elle n'arrivait plus à prononcer correctement un mot. S'en rendant compte, elle se tut et continua à essayer de se détendre un minimum pour ne pas rester douloureusement contractée par le froid.

" Pardonnez-moi d’avoir posé un quelconque geste sur votre personne sans votre autorisation, mais je vais devoir soigner vos engelures, sinon il risque d’arriver bien pire. "

Malgré la situation, ou peut-être parce qu'elle était à deux doigts de craquer, la jeune femme parvint bizarrement à esquisser un semblant de sourire : voilà qu'il se décidait à parler ! Pour être tout à fait honnête, il pouvait bien faire ce qu'il voulait, elle n'était pas en état de protester et surtout pas pour l'empêcher de la soigner, même si elle ne voyait pas par quel miracle il comptait s'y prendre. Tout ce qu'elle voyait comme solution, c'était d'attendre et de prier pour qu'elle se réchauffe suffisamment vite pour ne pas tomber en hypothermie. Elle sentait suffisamment que son cœur continuait à battre plus vite que la normale et se doutait que ce n'était pas très bon signe.

Elle faillit protester - ou du moins essayer - lorsqu'il lui enleva la cape mais apparemment la température de la pièce était supérieure à celle du vêtement qui avait passé tant de temps dans ce lieu glacial. Elle eut l'impression d'une légère amélioration qui ne lui suffit pourtant pas. Puis il reprit ses mains et les frictionna comme elle avait tenté de le faire un peu plus tôt. Ce fut un réel soulagement lorsqu'elle commença à avoir mal dans les doigts. Si elle les sentait, c'était bon signe. Cette idée la remit un peu d'aplomb même si elle continuait à grelotter sans parvenir à se maîtriser.

Puis elle le vit hésiter avant de se décider à parler. Si elle avait besoin de chaleur ? Quelle perspicacité ! Enfin, elle n'était pas en état de faire de l'ironie et elle se contenta de hocher vaguement la tête, ce qui dut passer relativement inaperçu au milieu des violents frissons qui la parcouraient. Elle aurait donné n'importe quoi pour un bon lit bien chaud. Un édredon moelleux et... bien chaud. Un oreiller de plumes... bien chaud. Tout bien chaud. Mais ce n'était pas d'actualité, il lui fallait se contenter de ce sol "vaguement pas trop froid". Elle avait juste envie de fermer les yeux et se rouler en boule pour tâcher de se réchauffer, mais Galyn hésitant toujours, elle lui jeta pourtant un coup l'œil légèrement interrogatif lorsqu'il se rapprocha d'elle.

" Vous allez devoir réchauffer vos mains…

Ce fut son regard fuyant qui la fit comprendre et la secoua un peu. Ah. Euh... oh. Il avait entièrement raison. Et il n'y avait pas que ses mains qu'elle devait réchauffer. Elle devait reconnaitre que s'imaginer entourée de chaleur était extrêmement tentant. Et puis... elle n'avait pas vraiment le choix. Il aurait été stupide de refuser, n'est-ce pas ? Et ça n'avait rien de gênant du tout, c'était juste tout à faire logique. Qu'est-ce qui pouvait bien la faire hésiter comme ça ? Elle posa les yeux sur ses mains rougies par le froid et essaya d'arrêter de trembler, en pure perte. Bon, autant y aller franchement et se réchauffer une bonne fois pour toute. Après une ultime hésitation, elle finit par aller se réfugier dans ses bras, gardant ses mains repliée contre elle, entre eux deux, là ou il y aurait le plus de chaleur.

Il avait dû avoir froid, lui aussi, et pourtant elle sentit de suite la différence de température avec un soulagement immense. Elle tremblait toujours, pour le moment, et évitait soigneusement son regard, mais elle se sentait déjà un peu mieux, même si elle était plutôt tendue. Ses mains lui faisaient mal, mais c'était sans doute bon signe de les sentir à nouveau. Se réchauffant peu à peu, elle finit par se calmer et moins grelotter. Elle se sentait épuisée, cette dernière épreuve l'avait fait puiser dans ses ressources. Blottie dans les bras de Galyn, elle retrouvait peu à peu une température normale et voyait s'envoler ses craintes d'engelures. Puis elle commença à se détendre suffisamment pour sombrer dans une légère torpeur. Elle avait chaud et elle se sentait en sécurité, elle ferma les yeux un instant, appréciant l'obscurité après l'éblouissement agressif de la lumière sur la glace.

...

Nyrlae sursauta soudain en rouvrant les yeux. S'était-elle endormie ? Se redressant rapidement, elle reprit immédiatement ses distances avec Galyn et constata qu'elle n'avait plus vraiment froid. Tout allait donc très bien si elle oubliait qu'elle... non, elle ne s'était pas vraiment endormie, elle avait juste perdu un instant la notion du temps. Normal, après tout ce qu'elle venait de vivre. Se concentrant sur les magnifiques parois de la salle, le sol, les portes, bref, tout ce qui lui évitait de croiser le regard du jeune homme, elle murmura tout de même :

" Merci, c'était une bonne idée. "

Le ton était formel et elle était déjà tournée vers la sortie, prête à aller voir ce qui se trouvait de l'autre côté de la porte. Par les Cinq ! Qu'ils en finissent ! Non pas qu'elle soit impatiente de se précipiter dans une autre épreuve, mais... il n'allaient pas s'attarder éternellement, hein ? En tous cas, cette fois, elle laissa le garde du corps passer devant.

Lorsque Galyn ouvrit la porte, ils eurent de plaisir de ne pas se trouver face à une atmosphère glacée ou brûlante. Juste un calme serein... puis un immense gouffre qui paraissait sans fond. Sept ponts donnaient la possibilité de passer et amenait de l'autre côté où se trouvait une autre porte. Chacun était constitué d'une passerelle extrêmement étroite, sans rambarde, faite parfois de pierre, parfois de bois, parfois d'un matériau indéfinissable. Devant chaque pont se trouvait un petit socle avec un dessin gravé.

Près de l'entrée, Nyrlae put prendre l'habituel parchemin et elle le lut à haute voix, se demandant avec une certaine inquiétude ce qui les attendait encore :

Elfe, si tu veux sur ce bien faire main-mise,
Devine qui je suis, tu es sous mon emprise :
Insaisissable, libre, je caresse ou bien brise
M’amusant des nuées, ou bien des fumées grises
Parfois te donnerais la direction prise
Mais si tu me défies, si nous sommes aux prises
Alors je te perdrai : au fond je te méprise
Toi, pauvre créature, aux éléments soumise.

Qui suis-je, elfe ?

La jeune femme observa chacun des symboles : la bonne réponse indiquait sans doute la passerelle à emprunter. Il fallait juste espérer que, comme elle, Galyn n'avait pas le vertige, car la profondeur du gouffre était déjà suffisamment impressionnante comme cela.

Nyrlae n’était pas vraiment à l’aise de devoir se réchauffer de la sorte, mais maintenant que c’était décidé et étant donné qu’elle n’avait guère le choix, elle estima que tant qu’à se réchauffer contre le jeune homme, autant faire les choses bien. Qu’il reste planté là les bras ballants n’était pas très efficace ni très confortable. Par les Cinq ! Qu’il assume donc ses idées ! Enfin, peut-être qu’il n’avait pas vraiment pensé à la prendre dans ses bras, mais elle n’avait pas que ses mains qui devaient être réchauffées, alors autant y aller franchement. Évitant de trop réfléchir, elle lui fit passer ses bras autour d’elle et profita enfin d’un peu de chaleur. Elle tremblait trop pour se poser des questions inutiles et si ça ne lui plaisait pas eh bien… tant pis ! Comme il ne protestait pas, elle finit par s’apaiser et essaya de se remettre un peu de ses émotions.

Repartir ne la tentait pas plus que ça, mais, une fois réveillée, elle n’eut pas vraiment envie d’attendre éternellement qu’ils se remettent. Elle se sentait de plus en plus fatiguée et elle se doutait que, le temps passant, elle serait de plus en plus faible. Elle leur avait fait perdre suffisamment de temps comme cela. Pourtant, Galyn avait beau éviter de la regarder en face – ce qui l’arrangeait bien, soit dit en passant – il pensa à s’occuper de ses mains. Certes, celles-ci la faisaient souffrir, mais c’était bien mieux que de ne plus les sentir du tout et la jeune femme prenait les choses du bon côté. Elle le laissa faire, pourtant, et fut finalement prête pour affronter une autre épreuve.

Nyrlae fut plutôt soulagée en voyant l’épreuve. Traverser le gouffre ne lui plaisait pas réellement, loin de là, mais au moins s’ils arrivaient au bout, ce serait en un seul morceau. Sauf si les choses se compliquaient, évidemment. Le parchemin lu, ils tombèrent d’accord sur la réponse mais se retrouvèrent confrontés à la même difficulté. Quelle passerelle choisir ? Pour ça, non, on n’avait pas cherché à leur simplifier la tâche.

N’ayant pas de préférence sur le passage à emprunter parce qu’elle ne se fiait pas vraiment aux apparences, la jeune femme laissa Galyn choisir la passerelle. Après tout, pourquoi pas celle-là ? A sa grande surprise, il lui demanda de passer devant. L’idée lui paraissait tout fait logique, mais après ce qui s’était passé sur la glace, elle ne s’était pas attendu à ce qu’il suive la même logique qu’elle. Prenant sa respiration, elle espéra que sa cheville blessée ne la trahirait pas et commença à avancer, posant prudemment un pied devant l’autre.

La chute serait vertigineuse. Même sans avoir le vertige, on ne pouvait qu’être saisi par la profondeur. Essayant de ne pas regarder en bas, tout en prenant garde à bien placer ses pieds, Nyrlae avança pas à pas. Difficile de regarder ses pieds sans voir ce qui se trouvait plus bas. Se forçant à respirer régulièrement pour ne pas risquer de paniquer, elle se concentra sur l’idée qu’elle se rapprochait peu à peu de l’autre bord.

Un craquement se fit entendre et elle jeta un bref coup d'œil pour constater que l'un des ponts menaçait de céder... et cédait. D'accord. Il fallait rester calme et accélérer le rythme. Elle s'abstint de tout commentaire lorsque Galyn lui demanda d'accélérer. Elle y aurait pensé, merci, mais se mettre à courir et trébucher sur sa cheville n'était pas la meilleure idée.

Elle finit pourtant par arriver au bout, mais elle n'eut pas le temps de se sentir soulagée qu'un terrible craquement se faisait entendre. Elle se retourna juste à temps pour voir le garde du corps disparaitre purement et simplement.

Ne resta qu'une main qu'elle piétina pour qu'il lâche prise. :D

Oups, non pardon, reprenons.

Elle se jeta donc à plat ventre afin de lui saisir le poignet, puis l'aida à remonter tant bien que mal. Lorsqu'il réussit enfin à se hisser sur le rebord, l'ensemble des ponts était en train de effondrer. Nyrlae le lâcha, soulagée, et reprit son souffle. Il avait raison, c'était moins une. Reprenant aussi contenance, elle se releva et lui jeta un coup d'œil pour savoir s'il était prêt à découvrir l'épreuve suivante.

Il n'y avait qu'un couloir de plus après la porte. Ils l'empruntèrent en se demandant ce qui les attendait. Rien, pour le moment. Nyrlae s'appuyait légèrement sur le bras de Galyn, ignorant tant bien que mal sa cheville. Jusqu'à présent, ils s'en étaient sorti, il n'y avait pas de raison que cela change. Ces épreuves finiraient tôt ou tard et elle parvenait à garder espoir d'en terminer bientôt.

Finalement, le couloir déboucha sur une nouvelle porte. Une fois ouverte celle-ci révéla un chemin lumineux qui se perdait dans l'obscurité. De chaque côté, il faisait si noir qu'on ne voyait rien, pas même les contours d'une éventuelle salle. Il y avait juste ce chemin qui luisait doucement, jusqu'à disparaitre là où les ténèbres e refermaient. Impossible de savoir où il menait. Ils firent quelques pas et la porte se referma derrière eux, laissant entendre son écho un long moment. Nyrlae s'attendait à voir un parchemin, une énigme, ou quelque chose dans ce genre apparaitre, mais rien de tel ne se produisit. Il ne restait que le chemin qui s'enfonçait dans le noir en serpentant légèrement.

Elle garderait cela pour elle, mais elle était soulagée de pouvoir se reposer sur le bras du garde du corps, non plus tant pour sa cheville, mais parce que cette épreuve faisait froid dans le dos. Elle n'était pourtant pas du genre à avoir peur du noir ou à croire aux fantômes, mais cette ambiance obscure était des plus sinistres. Elle donnait envie de s'enfuir en courant sans tarder pour échapper à quelque chose d'indéfinissable mais particulièrement horrible. La lumière du chemin vacillait, blafarde, et découvrait la suite du trajet à mesure qu'ils avançaient. Le silence lourd était oppressant et la jeune femme se rendit compte qu'elle avait la chair de poule.

Il ne se passait rien, mais l'épreuve jouait déjà sur leur nerfs, les plongeant dans une ambiance funèbre. Comme si quelque chose en eux leur criait de s'arrêter là et de faire demi tour pendant qu'il en était encore temps. Nyrlae voulut parler pour détendre un peu l'atmosphère mais, la bouche sèche, elle ne trouva rien à dire et s'aperçut qu'elle avait peur de briser le silence lugubre qui les cernait. Ils avancèrent encore ainsi de longues minutes qui leur parurent interminable. Le chemin semblait ne pas en finir et à chaque pas, la jeune femme sentait la tension monter.

Puis la lumière devint un peu plus diffuse, les environs s'éclairèrent légèrement, comme nappés de brouillard. Il était toujours possible de suivre le chemin, mais nul doute que s'ils s'en éloignaient, ils se perdraient dans la brume comme ils se seraient perdus dans l'obscurité. L'atmosphère se fit légèrement plus légère, pourtant et ils crurent bientôt entendre comme des murmures. Nyrlae raffermit sa prise sur le bras de Galyn, plus anxieuse à l'idée de ce qui pouvait suivre qu'elle voulait bien l'admettre.

En tous cas, on leur permettait toujours d'avancer sans encombre. Seules les voix se firent peu à peu plus consistantes et ils purent bientôt déceler ce qui ressemblait à des salutations amicales. Puis ils virent les premières silhouettes et purent bientôt reconnaitre ceux qui venaient les observer.

Leurs morts. Proches ou moins proches, ceux qu'ils avaient vu mourir ou qu'ils savaient avoir disparu. Des âmes perdues qui venaient les saluer ou au contraire rodaient d'un air menaçant. Nyrlae était plus tendue mais elle ne cessa pas d'avancer pour autant, ignorant assez froidement tous ceux qui se présentaient à elle.


[hrp : Évidemment, ils ne le savent pas et pensent que c'est "réel", mais ce n'est qu'une illusion il n'y a pas vraiment de fantôme, mais l'épreuve joue sur ce qui se passe dans leur tête. Par exemple ils ne verront pas quelqu'un qu'il ne savent pas être mort. Par ailleurs, ils ne voient que leurs propres morts et pas ceux de l'autre. Ce sont les morts qui leur font le plus d'effet qui reviennent à la charge le plus souvent pour attirer leur attention. ]

Il fut légèrement surprit et prit de court lorsque la demoiselle se décida finalement à lui faire passer ses bras autour d’elle. D’abord, il dû prendre un moment pour s’habituer à la nouvelle situation et resserra légèrement son étreinte autour d’elle pour qu’elle se réchauffe plus rapidement, se disant qu’ainsi, ils pourraient poursuivre plus rapidement. Il n’y avait aucune autre raison. Il ignorait depuis combien de temps ils se trouvaient désormais enfermés dans ses sous terrain et ne pouvait le savoir, puisqu’aucun repère, même minime, ne se présentait pas à eux. Lui aussi était épuisé à vrai dire, mais il n’osait pas se laisser aller comme la demoiselle, simplement parce qu’il devait bien en rester un éveillé si un danger venait à survenir. De plus, il aurait tout le loisir de se reposer une fois sorti de cet enfer, s’ils réussissaient à s’en sortir.

Reprenant ses esprits et son optimiste au moment de quitter, il parut satisfait au moment d’arriver à l’épreuve suivante. Elle ne semblait pas des plus difficiles, ni des plus exigeante physiquement, ce qui pourrait leur permettre une petite pause avant l’épreuve suivante. S’il se fiait à ce qu’il savait, l’épreuve de l’air était le dernier élément à jouer, donc ils pourraient bientôt voir la lumière du jour. Ne souhaitant pas s’attarder d’avantage dans ce lieu, Galyn choisit finalement le pont qui semblait avoir le plus de résistance et ne manqua pas de remarquer l’air surpris de la jeune femme. Après tout, il lui avait bien fait comprendre que la logique qu’elle avait employé pour l’épreuve de la glace était loin de le satisfaire, mais s’il voulait la rattraper ou quoi que ce soit, sa serais beaucoup plus aisé s’il se trouvait derrière elle et non devant. De plus, il ne croyait pas devoir affronter un danger de face, ce qui facilitait sa décision d’envoyer l’archère d’abord. Il savait très bien que mettre la pression à la jeune femme, alors qu’elle était blessée, ne servirait strictement à rien, mais il n’avait pas envi de devoir effectuer une manœuvre risqué pour sauver la peau de l’un comme de l’autre.

Heureusement pour eux, la demoiselle avait atteint l’autre extrémité de la structure avant que celle-ci ne cède complètement, laissant un énorme vide sous les pas du garde du corps. Il fût rassurer en partie en sentant les mains de la jeune femme l’aider à se hisser sur la plate forme, seulement, il doutait que ses muscles sois assez développer pour faire une réel différence. Redoublant d’effort en sentant ses propres muscles trembler sous l’effort, il réussi finalement à poser un genou sur la plate forme. Sauver, il se tourna vers les ponts effondrer derrière eux, puis reprit son souffle avant d’acquiescer à la demander silencieuse de la jeune femme. Ils n’avaient guère besoin de s’attarder d’avantage en ses lieux, donc aussi bien poursuivre leur mésaventure. Le couloir qu’ils empruntèrent était aussi peu accueillant que les précédents, mais le jeune homme ne pressa pas le pas pour autant. Il ne voulait pas se précipité dans une épreuve trop vite, puisque sa pourrait leur coûter cher. Jusqu'à présent, ils s’en sortaient bien, malgré les blessures, mais il fallait que cela continu ainsi, sinon s’en seraient bientôt finis d’eux et de leur éternel questionnement sur le pourquoi du comment ils s’étaient retrouver là.

À la vu de la nouvelle porte qui se présentait désormais à eux, le jeune homme fronça légèrement les sourcils, puis se décida finalement à franchir le début de la prochaine épreuve. Le décor ne le rassura d’abord pas. Comment savoir ce que pouvait bien être l’épreuve sans parchemin, de plus, il pouvait y avoir une foule de choses cacher dans la noirceur ambiante de la pièce. Tout ses sens en alerte, il sorti doucement sa dague, qui fit entendre un léger sifflement lorsqu’elle sortit de son fourreau. Simple mesure de précaution, surtout qu’on ne pouvait pas savoir ce qui se cachait dans cette pièce. Il ne comprenait pas réellement la sensation qui l’habitait, mais c’était comme un instant de nostalgie intense, indéfinissable, puisque rien ne semblait s’animer dans cette pièce. Se forçant néanmoins à avancer, puisque la fuite était impossible, il jetait de léger regard de tout coté, histoire de s’assurer que rien n’allait surgir de la pénombre. Quand la lumière permis une meilleure perspective de vision sur les alentours, le jeune homme ne délaissa pas son air fermer et perplexe, peu rassurer sur l’endroit. Ce fût uniquement lorsque les premiers sons de voix se firent entendre qu’il ralentit sa progression. Il n’y avait rien de distinct dans ce qu’ils disaient, mais les voix se faisaient de plus en plus nombreuses et de plus en plus distincte alors qu’ils s’approchaient du centre de la pièce. Acquiesçant un nouveau pas vers la sorti, il s’arrêta net en percevant une voix qui semblait à la fois familière, trop familière. Celle-ci l’interpellait d’une voix douce et tendre et le garde du corps ne pu s’empêcher de se retourner lentement vers la silhouette qui se dressait derrière lui. Sa mère se trouvait là, aux côtés de son père qui lui souriait avec un sourire jovial d’enfin pouvoir revoir leur fils.

Restant figer devant cette vision, le jeune homme suivit la silhouette de sa mère qui s’approchait de lui, sans l’ombre d’une méfiance. Elle était comme dans son souvenir, gracieuse et pleine de vie. Elle s’arrêta finalement à sa hauteur, puis vint lentement poser une main chaleureuse sur la joue de Galyn, qui ne sembla pas révulser devant cette marque de tendresse. Si Nyrlae observait désormais le visage de son garde du corps, elle pouvait lui voir une expression qu’elle ne lui connaissait pas. Toute trace d’impartialité semblait l’avoir quitter et il semblait en parti désemparer par la situation. Sa gorge était nouer, mais il se refusait à donner libre court à ses émotions.

- Mon fils. Tu es devenu l’homme que ton père et moi avons toujours voulu que tu deviennes. Fier et droit tu nous fait honneur.

Combien de fois avait-il espérer entendre sa mère prononcer ses mots? Un bon nombre de fois et il ne semblait pas vouloir se détacher de la vision de ses parents. Pourtant, une partie de lui affirmait qu’ils avaient été tués cette soirée là, lorsque les assassins étaient venus pour eux, mais il se refusait à l’admettre. Son père tant qu’a lui, vint lentement poser une main sur son épaule, elle aussi chaleureuse et réconfortante. Tout cela semblait si réel.

L’épreuve ne jouait pas sur la force physique ou sur leur habilité à résoudre quelconque épreuve. Cette fois, ils devaient résister à une épreuve bien plus coriace que les précédentes. Résister aux personnes qui leurs étaient cher, était beaucoup moins aisé que d’escalader des poutres ou de luter contre une créature aquatique. C’était d’autant plus psychologique que physique. Les premiers revenants que le garde du corps avait pu apercevoir, étaient les domestiques qui travaillaient pour sa famille aux moments de l’assassinat. Il n’avait jamais prit la peine de connaître l’ensemble de leur nom, mais les avaient toujours respectés. Seulement, ceux-ci n’avaient jamais été assez proches de lui pour qu’il puisse s’arrêter et leur prêter une attention réelle. Ses pieds suivaient toujours le chemin lumineux tracer au sol, qui allait forcément les mener vers une autre porte et mettre fin à ses échos de voix incessant. La pression légère de la jeune femme sur son bras trahissait son mal l’aise et c’était tout à fait compréhensible. Elle devait voir les même choses que lui, mais d’un point de vu différent, puisqu’ils ne partageaient pas le même passé ni les même rencontre.

L’avancez qui se faisait en silence, permettait au garde du corps de mieux distinguer les voix qui l’interpellait et il y’en eu une de trop. Celle a laquelle il ne pouvait résister, même une seconde, de poser son regard sur la silhouette. Alors qu’il écoutait attentivement les paroles apaisantes, la pression que maintenant la demoiselle autour de son bras disparu des sensations qu’il était encore capable de percevoir. C’était comme si tout était entrain de s’évaporer autour de lui pour ne laisser que la simple silhouette de ses parents visible. Le contact était apaisant et chaleureux. Ce fût quand ses parents l’implorèrent de resté quelques minutes, qu’il ne sut que répondre. Une partie de lui savait qu’il avait autre chose à faire, mais jamais il n’avait eu l’occasion de le faire, donc que diable pourrait être quelques minutes de sa vie à leur dire adieu? Sans s’en rendre compte, il avait mis deux pieds en dehors du chemin lumineux et il était prêt à poursuivre son chemin, sans l’ombre d’un remords. Tandis que la demoiselle se démenait pour le sortir de sa torpeur, le jeune homme ne quittait pas ses parents du regard. Ce fût la question de son père qui le prit de cours et le ramena en partie vers la réalité.

- Qui est cette femme qui ce trouve à ton côté?

Ses mots prononcés et voilà que le jeune homme avait de nouveau la sensation qu’une étreinte suppliante de faisait autour de son bras. Il ne sentit même pas les claques qui avaient précédées les paroles de la jeune femme. Posant son regard sur les contours des doigts qui commençaient de nouveau à lui être visible, il releva les yeux vers son père, le regard encore un peu dans les vagues.

- Nyrlae…Je suis son protecteur…Je me dois de la protéger…et…de la garder en vie…peu importe les épreuves…

Tandis que ses mots sortaient de sa bouche, Galyn cligna plusieurs fois des yeux, comme si cela avait pu le ramener totalement à la réalité. C’est alors qu’il se rendit compte que ses pieds se trouvait désormais dans l’obscurité et non dans le chemin lumineux qu’ils se devaient de suivre pour trouver la sorti. Reculant de quelques pas, ses yeux ne lâchèrent pas les pupilles de ses parents qui se faisaient toujours aussi suppliante. L’invitation avait bien failli lui coûter la vie et il prenait désormais pleinement conscience de l’enjeu de l’épreuve. De plus, c’était la première fois qu’il prononçait le prénom de la jeune femme. Serrant le pommeau de sa dague dans ses mains, jeta un léger coup d’œil vers celle-ci, afin de s’assurer que rien ne lui était arrivé pendant sa divagation et lança un dernier regard vers le couple. Il n’avait pas eu le temps de faire ses adieux et il doutait qu’aujourd’hui, ce soit réellement ses parents qui se trouvaient là. Il était donc complètement inutile qu’il s’attarde en des adieux, uniquement pour apaiser se chagrin qui le tourmentait toujours.

Ce qui le ramena de nouveau à la réalité, ce fût le manque de contact autour de son bras. Fronçant les sourcils, le garde du corps tourna immédiatement son regard vers la Dame Protectrice et se maudit en voyant l’air figer de celle-ci. Elle était à son tour partiellement tomber dans le piège de l’épreuve et il avait une vague idée de qui cela pouvait bien être. Elle tentait de lutter du mieux qu’elle le pouvait et il se sentait complètement impuissant face à cela. Il cherchait tant bien que mal une solution qui pourrait la ramener à la raison, lui faire comprendre que tout cela n’était en rien réel, mais c’était tellement facile d’y croire.

" Ma... ma mère... elle veut... elle dit que si nous la suivons... elle nous aidera. "

Heureusement, elle était encore lucide pour se rendre compte de sa présence! Déjà un bon point! Il ne devait pas perdre de temps et se dépêcher à l’arracher de cette vision s’ils voulaient tout les deux s’en sortir vivant. S’ils ne s’en sortaient pas, ils allaient forcément errer ici jusqu’au moment où leurs corps ne pourraient plus supporter la soif et la faim. Rengainant sa dague rapidement, le garde du corps vint agripper le bras de la demoiselle en la faisant pivoter vers lui. Étant plus fort qu’elle, la tâche parut très aisé pour lui et il se força à la maintenir ainsi, face à lui. À l’aide de sa main, il vint la poser sur la joue de l’archère pour la forcer à garder tout contact avec la réalité.

- Concentrez-vous sur mon regard! Mon regard, Nyrlae!

Sa voix était puissante et insistante. Elle ne pouvait pas l’ignorer, puisqu’il forçait son regard à se plonger dans le sien. S’ils faisaient tout les deux abstractions de ce qui les entouraient, ils pourraient s’en sortir, mais jamais seuls ils n’y arriveraient. Il savait que ses visions avaient tout ce qu’il y avait de plus réel et qu’elles diraient toutes les paroles réconfortantes qu’ils aimeraient entendre, mais elles étaient mortes et il fallait s’y faire! Il voyait bien que la demoiselle essayait de lutter du mieux qu’elle le pouvait pour quitter l’emprise qu’avait la personne qui essayait d’entrer en contact avec elle et le garde du corps essayait de se faire plus présent que cette vision. Ayant toujours la main posé sur sa joue, il la forçait toujours a le regarder droit dans les yeux.

- Je veux que vous vous concentriez sur le son de ma voix, Milady! Je sais à quel point ils nous manquent, mais nous nous devons de les laisser partir…

Il s’y prenait exactement de la même manière qu’elle avec lui. Ils ne devaient pas échoués, pas maintenant! Il en était hors de question. À son tour, il la tira pour continuer leur chemin. Nul doute qu’il aurait pu la soulever dans ses bras et la mettre sur son épaule pour l’amener de force, mais elle devait elle-même affrontée cette épreuve, ainsi la victoire saurait d’autant plus révélatrice. Les voix de ses parents se faisaient maintenant plus criardes et moins tendre, lui faisant un nombre incalculable de reproches. Ils avaient échoués, mais il était déjà évident que le garde du corps s’en voulait en grande partie pour ce qui s’était produit cette nuit là. Lui seul était resté en vie et il se demandait encore pourquoi il avait eu cette chance, contrairement aux autres.