La Dame Blanche et le Tigre d'Anaëh. [PV Hamanduil]

Qu'est-ce que cela voulait dire ?

Elle avait voyagé, faisant la traversée pour le continent, inquiète des nouvelles qui lui parvenaient, annonçant nombre de ravages, de maisons et constructions de pierre, à la manière des édifices humains, ou nains, loin des habitats végétal, effondrées, ébranlées par les racines, dévorées par les lierres plus vifs et actifs que naturellement... La Déesse, supposait-on, avait un tel pouvoir qu'au lieu de souffrir de l'absence de lumière, la forêt s'épanouissait plus encore, ce qui n'avait rien de surprenant, finalement.
Mais ces temps n'étaient pas que porteurs de mauvaises nouvelles, car outre ces catastrophes, l'on parlait de nouveaux Golems qui s'étaient élevés et marchaient dans les bois, l'on parlait de nombreux elfes percevant une mélodie alors que jusqu'à présent, ils étaient sourds à ces sons... L'on se dirigeait vers une nouvelle voie, une nouvelle ère, un nouvel âge et la Déesse montrait le chemin qu'elle voulait que ses créations empruntent.
Quand le Voile se dissipa, que les choses redevinrent normales, les messages divins n'en demeuraient pas moins là, bien présent dans les esprits, et la population se divisait entre deux tendances, certains voulaient la suivre, revenant à un style de vie plus naturel, des constructions sans comparaison possible avec celles de leurs voisins mortels, et ceux qui voulaient reconstruire, refaire ces habitations qui, depuis des siècles, les protégeaient. Il allait falloir choisir, et la Dame Protectrice d'Holimion avait mûrement réfléchit avant de se décider.

Sa décision prit la forme d'un appel... Un message se propageant par crieur public auprès des nombreuses communautés, en espérant que le bouche à oreille dépasse même les frontières de son domaine, affecte et touche l'ensemble de la Forêt, afin que tout ceux qui pouvaient y répondre entendent et puissent décider de la rejoindre, ou non. Elle avait appelé tout ceux doué d'une sensibilité à la Nature, à la Forêt, tout ceux dont les sens percevaient les sons et les mélodies des arbres, afin qu'ensemble, leurs voix se joignant à la sienne, portant même jusqu'au Conseil des Seigneurs Protecteurs, ils puissent conduire le Peuple Éternel dans un nouvel âge d'or.
En somme, elle se plaçait en faveur d'un changement, en faveur de la Forêt, mais elle avait besoin des druides, des sensibles à la Symphonie des Arbres, car elle était dépourvue de cette perception, aussi estimait-il avoir besoin de trouver parmi ceux-là des conseillers pour conduire sa politique du changement. Et elle devait les réunir avant le retour du Seigneur Protecteur d'Ardamir, toujours en Péninsule Humaine.

Elle recevait, non sur l'île, ne voulant contraindre les invités à une traversée qui aurait pu les dissuader du voyage, mais dans une demeure du continent dont elle avait demandé la jouissance pour quelques temps, du fait de sa construction naturelle qui devrait rassurer et mettre en de meilleure condition la plupart de ses visiteurs, quoiqu'elle douta que les druides fussent contenter par cela... La nature était leur demeure, un toit, quelque soit la matière qui le constitue, était peut-être une tension suffisante pour leur déplaire, elle n'en savait rien.
La demeure était en fait une série de petites cabanes et autres constructions de bois, ayant chacune un rôle bien spécifique, reliés les une aux autres par des ponts faits de cordes et de planches de bois. L'accès se faisait par un escalier en colimaçon de ce même matériaux, et possédait un monte charge. Elle appartenait à un important réseau de demeure semblable, posé sur les arbres, appartenant à une communauté qui, appréciant la décision de la Dame Protectrice, avait accepté de servir de point de chute pour les volontaires.
Bien sûr, le lieu disposait à présent d'une garde, oh, peu importante, deux hommes d'armes au niveau de l'escalier, servant aussi à guider les visiteurs ou bien à aller quérir la maîtresse provisoire des lieux, et un à l'extrémité de chaque pont qui conduisait aux restes de la « cité dans les arbres ».

Là, dans l'une des cabanes reposant sur les branches et le tronc d'un chêne millénaire, la Dame Blanche reconduisait le dernier volontaire venu jusqu'au pied de l'arbre, le saluant aimablement, le remerciant de sa charmante compagnie.

Fichu labyrinthe, fichue éclipse, fichu Voile et fichu changements. Grommelant à voix basse, le vieux druide se frayait un chemin à travers les terres d’Holmimion. A pied, car il avait besoin de réfléchir et se métamorphoser en son animal totem oblitérait en partie ses facultés de réflexion. Quand bien même il restait un esprit d’elfe dans un corps de tigre, les instincts de l’animal l’obligeaient à rester concentrer. Hors là, Hamanduil avait besoin de réfléchir calmement.

L’éclipse était finie. Les dieux s’en étaient repartis d’où ils venaient, voilà ce que clamaient les elfes rencontrés récemment. Pas religieux pour deux sous, le druide maugréait contre ces entités supérieures qui venaient mettre le bazar dans sa Nature adorée. Quel besoin avait-on besoin de mettre des noms sur les concepts ? La mort, la vie… pourquoi vouloir absolument les personnifier sous la forme de ces êtres divins et omniscients ?

Idem pour la nature. Hamanduil savait que Kyrïa, déesse de nombre d’elfe, était connue pour être considérée comme la mère de la nature, comme la déesse tutélaire des forêts. Voilà encore une chose qui lui déplaisait : la Nature était la Nature, ou bien « la Mère » comme il l’appelait parfois. Chercher à personnifier la Nature lui paraissait inconvenant, presque dégoutant. Qu’ont à faire les arbres, les animaux et les fleurs d’une divinité ? Pour le druide, les dieux n’étaient rien d’autres que des créations humaines permettant aux citadins de faciliter leur relation avec des forces qui les dépassaient.

Enfin, quelle qu’en ait été la cause, le chaos causé par le Voile avait enfin cessé. L’extension anormale des forêts et l’insouciance de ses habitants appartenait au passé. Une bonne chose… non pas que le druide prône d’une quelconque façon l’abandon du désir de voir ses chères forêts recouvrirent le monde, mais selon sa propre théologie, une telle chose devait se passer au même rythme que la Nature… lentement… patiemment… « Va vite et tu deviendras un citadin », lui répétait son maître autrefois. Le cercle éternel des saisons et la lente croissance des végétaux devaient lui donner son tempo.

Mais telle n’était toujours pas la raison de sa venue. Le druide avait appris que Rhîn Rhiwhiril, la Dame Protectrice de ces terres, avait invité tous ceux entendant le chant des arbres à la rejoindre. La raison exact de cet appel restait assez obscure pour le vieil elfe, mais la curiosité le poussait à y répondre. Sans être bien au fait de la hiérarchie du royaume elfe, il savait que Rhîn possédait un puissant poids politique, et cela seul suffisait à le décider.

Il fut agréablement surpris de voir que la Dame avait installé ses quartiers dans des habitations respectant au maximum la Nature. Certes le druide déplorait toute construction, mais les cabanes nichées intelligemment dans les arbres n’éveillaient pas en lui les pulsions de destruction des grandes cités. L’esprit ailleurs, il fut arrêté par les deux gardes en faction. Ah oui, se présenter et faire preuve de politesse… essayer d’adopter les façons de parler de la noblesse… pas facile, il manquait d’expérience dans le domaine.

Je suis Hamanduil Elandriel, druide et à ce titre protecteur des forêts. Prévenez votre maîtresse que je désirerais m’entretenir avec elle.

Les jours s'écoulant depuis que l'annonce avait commencé à se propager avaient vu défilé de nombreuses personnes, et la Dame Blanche consacrait beaucoup de temps, la majeure partie de ses journées, à recevoir et discuter, tant avec des elfes doués de la perception de la Symphonie des Arbres que des gens sous sa protection, lui faisant part de leurs doléances, de leurs soucis, et elle tentait tant bien que mal de satisfaire les uns et les autres avec une impartialité et une attention suffisante, prêtant oreilles à chacun, prodiguant conseil ou promesse quand la chose était possible.

Tandis qu'elle avait rejoint depuis peu ses appartements, tout du moins, la petite construction aménagée en ce sens, la garde située au pied de l'arbre stoppa un individu dont l'esprit semblait vagabondé sans considérer leur présence, qu'ils durent rappeler sans brusquerie, sans violence, mais suffisamment bien pour qu'il arrête sa démarche et présente tant sa personne que la raison de sa visite.
Il se présenta donc comme étant un druide, un « protecteur de la forêt », et, dès lors qu'il exprima sa requête, on lui demanda d'attendre un instant, tandis que l'un des deux elfes montaient au plus vite les marches conduisant aux réseaux de ponts, jusqu'à se rendre en les appartements de la Dame Blanche.

- Protectrice Rhiwhiril, un druide répondant au nom d'Hamanduil Elandriel souhaite s'entretenir avec vous.

Elle acquiesça et sortie à sa suite, car aux druides, à son sens, devaient être réservé un traitement différent des autres... On ne pouvait pas exiger d'eux qu'ils soient reçus sous un toit si leur désir était au contraire de ne jamais pénétrer en pareil lieu, aussi, pour les druides, venait-elle les accueillir elle-même, afin de leur donner ce choix tout à fait légitime et compréhensible.
Le garde la précéda et la Dame Blanche, dans une tenue des plus raffiné et coloré, dont la valeur et la qualité faisait l'écho de son rang, se présenta donc devant le druide, abaissant légèrement la tête en guise de salut avant d'ajouter d'une voix douce et mélodieuse.

- Je suis Rhîn Rhiwhiril, Dame Protectrice d'Holimion, et je suis enchanté de vous rencontrer, Hamanduil Elandriel.

La chose était formelle, mais elle était sincère dans ces mots, il n'y avait pas là politesse dénuée de substance.

- Vous souhaitez vous entretenir avec moi, mais préférez-vous rester dans les bois pour cela, ou acceptez-vous de me suivre dans la cabane aménagée pour recevoir ?

Choix donné dont elle espérait qu'il apporte un peu de sympathie, car les druides avaient une réputation qu'elle craignait, intolérant souvent, hautain à l'égard de ceux qui n'entretiennent pas leur relation à la Nature, ne vivent pas comme eux... Ils se pensaient meilleurs, sans que la chose soit légitime ou justifiée. Mais elle ne voulait pas le froisser, quoiqu'elle n'avait pas l'intention, si cela arrivait, de se laisser rabaisser et insulter, mais pour l'heure, elle se montrait ouverte à l'un comme à l'autre, consciente et respectueuse des différentes cultures.

Le gros avantage de défendre une cause plus vaste que soit même, comme l’est la Nature, est que l’on devient soi-même supérieur à ceux s’occupant des choses modestes comme diriger un royaume ou nourrir la population, tâches terre à terre que dédaignaient les druides. Sans doute pourrait-on appeler cela de l’arrogance, mais bizarrement ils n’allaient jamais jusqu’à cette partie du raisonnement… et Hamanduil faisait partie du lot.

Enfin il lui fallait admettre que la Dame Protectrice faisait preuve d’une grande élégance en venant l’accueillir et en lui proposant de rester dehors si les toits le gênaient. Peu d’elfes, et ne parlons même pas des humains, auraient eu une telle prévenance. Allons, peut être la classe dirigeante elfique pouvait-elle encore produire des seigneurs capables de se rappeler d’où venaient les elfes et quelle devrait être leur voie ?

Bon, faire preuve de politesse, une chose que le druide ne maitrisait pas si aisément, en particulier à cause du fait qu’il vivait fort reclus depuis des siècles et ne voyait somme tout qu’assez peu des siens. Les animaux se fichaient bien de politesse eux, ils restaient pragmatiques et se contentaient de sentiments plus basiques. Mais son hôtesse était l’une des puissances de ses terres, aussi le druide appela à sa rescousse les bonnes manières.

Je vous remercie de votre prévenance Dame Rhiwhiril, mais nous pouvons nous entretenir dans la cabane, cet habitât est suffisamment proche et lié à la Nature pour que je n’y sois pas mal à l’aise.

Et bien, voilà longtemps qu’il ne parlait plus aussi poliment, heureusement cela revenait sans trop de difficulté. Du temps de sa formation, son maître l’avait obligé à vivre parmi les humains pendant plus d’un an afin qu’il les découvre et s’immunise contre leurs malveillances. Mais cela lui avait aussi permis d’acquérir quelques manières, les elfes en terre humaine devant faire preuve de rouerie pour ne pas attiser la haine de certains imbéciles qui voyaient en eux des êtres inférieurs.

Brusquement, alors qu’il suivait Rhîn dans le village sylvestre, le druide comprit ce qui le troublait depuis quelque temps. La Symphonie qui berçait son âme ne ressemblait en rien à ce qu’il avait pu entendre près d’autres villes, ou même d’autres villages. Certes les demeures où s’était installée la Dame Protectrice n’étaient guère immenses, mais il s’agissait bien pourtant d’un campement permanent, et non pas d’une construction récente. Pourtant Hamanduil ne ressentait pas la colère des arbres face aux intrus… très étrange. Les yeux mi-clos, il murmura, à moitié pour lui-même et à moitié pour son hôtesse :

C’est étonnant… habituellement les arbres chantent avec tristesse près des habitations, mais tel n’est pas le cas ici.

Alors que le Voile envahissait le Ciel, couvrait la Terre, la Dame Blanche, quand elle réapparut et apprit la situation, concevant les bases même de ce projet qui aujourd'hui était à l'œuvre tout en allant au secours de ceux qui avaient le plus souffert de cette situation, elle s'était fortement concentrée sur le sujet des druides, ces « protecteurs », doué de la Magie d'Anaëh, capable de prendre les traits d'animaux et entretenant un rapport à la nature tel que même les plus étroites relations apparaissent superflus, d'après les écrits.
Mais ces êtres avaient des défauts, dont ils ne tenaient, en général pas compte, l'arrogance et le caractère hautain en première ligne... C'était un problème, une source d'un possible conflit en cas de rencontre, car elle, la Dame Blanche, Dame Protectrice de Holimion, était-elle même investi d'une mission des plus ardues et importantes, et bien qu'elle ne possède ni la Symphonie des Arbres, ni la magie des druides, elle avait ses propres qualités, son propre pouvoir, pouvait-on blâmer alors et prendre de hauteur ceux qui n'ont pas le choix ? La chose serait à voir.

Pour l'heure, en ce début d'échange, le druide Hamanduil se montra courtois, étonnamment poli pour un individu dont la vie se faisait en marge de la société. Un effort fort louable, mais devait-elle lui demander autant, ou préférer une discussion plus... naturelle ? La seconde option semblait la meilleure à son sens.

- Bien, alors, si vous voulez bien me suivre, Hamanduil Elandriel, et je vous prie, si cela vous coûte, cessez d'user de ces politesses, dont l'usage est fort louable je l'admets, mais qui, j'imagine, ne font pas parti de votre quotidien. Je n'en tiendrais pas rigueur, je vous assure.

Elle saluait l'effort, mais ne pouvait exiger qu'il en fasse davantage. Elle voulait le mettre en de bonnes dispositions, et c'est en l'invitant à autant de naturel que possible, ne le forcer à aucune de ces manières qu'il trouvait sans doute superflues, inutiles, propre aux citadins, qu'elle comptait y parvenir.
Elle fit donc marche jusqu'à l'un des escaliers en colimaçon, tournant autour du tronc d'un arbre, et donnant accès au réseau qui fait la ville.
Sur leur chemin, ils rencontrèrent quelques elfes que la Dame Blanche salua sans toutefois prendre le temps de s'arrêter, elle offrait les prochains moments d'attention à ce druide, non à d'autres. Ils montèrent et passèrent quelques ponts jusqu'à accéder à la demeure humble qu'occupait la Dame pour recevoir. Le mobilier à l'intérieur était aussi modeste qu'on pouvait s'y attendre, au vue de la cabane elle-même, quelques sièges confortables, sans grande prétention, et une table, tout en bois, toutefois élégamment courbée et taillée, quelques tentures sur les murs pour égayer d'ensemble et de grandes ouvertures pour la lumière et l'air frais au senteur de la forêt pénétrant dans la pièce. La pièce servait normalement à d'autres fins, mais avait été aménagé pour l'occasion.

- C'est parce que les habitants vivent en harmonie avec les arbres, que ceux qui dirigent cette communauté entendent la Symphonie des Arbres... L'on m'a expliqué qu'à l'instar de certaines variétés d'insectes qui protègent farouchement et prennent grand soin de la santé de l'arbre dans lequel ils ont formé leur colonie, en échange de l'abri qu'il offre et de quelques ressources, les elfes d'ici partagent une telle relation, guidés par ceux qui peuvent entendre et comprendre si les choses vont bien, ou mal...

Il n'y avait pas besoin d'être un druide pour respecter la nature, pour vivre dans une certaine harmonie... La Nature, lui avait-on expliqué, offre de nombreux exemples de coopération, il suffit d'être attentif et d'apprendre, nul besoin de vivre isolé, ou de se priver pour la respecter.

Se grattant la tête, le druide réfléchit aux paroles de son hôtesse. Il y avait une certaine sagesse dans ce qu’elle lui disait, ce qui le surprenait au plus haut point venant d’une noble. Se levant, le druide marcha jusqu’à un tronc massif contre lequel la cabane était accolée, puis caressa presque tendrement une branche massive qui constituait l’un des supports au plancher. Oui, l’arbre ne s’insurgeait pas contre les intrus. Les yeux mi-clos, il se laissa envahir par le Symphonie.

Je suis tenté de vous croire, ma Dame. Il est vrai que les arbres sont part d’un ensemble au sein duquel tous peuvent vivre sans dommage. Les animaux savent cohabiter parfaitement avec la Nature et la respecter. Les herbivores sont utiles, ils participent à un cycle de renouvellement perpétuel, les carnivores veillent à ce qu’ils ne prolifèrent pas trop, et au final tout s’équilibre pour le mieux. Dans l’idéal, les elfes devraient s’intégrer dans ce schéma.

Oui ! Les elfes n’étaient pas comme les humains, et trop de leurs constructions violaient les préceptes fondateurs de la Mère. Fort Ellyrion par exemple, cette forteresse désormais tombée qui pourtant avait fait la gloire de la lisière sud de l’Anaëh… eh bien cette forteresse était une indignité, une horreur qui n’aurait jamais du exister. Qu’elle soit désormais sous contrôle drow la rendait encore plus haïssable, et s’il en avait eu le pouvoir, Hamanduil se serait fait une joie de détruire Ellyrion jusqu’à la dernière pierre.

Les grandes cités elfes ne valaient guère mieux. Combien d’arbres avaient-ils du être abattus pour qu’elles puissent s’élever au cœur de la forêt ? Combien de souffrances ? Décidément, le druide ne comprenait pas la logique qui consistait à vouloir s’entasser les uns sur les autres dans de grands bâtiments de pierre alors qu’un lit de mousse à la belle étoile constituait le meilleur endroit où se reposer.

Ces cabanes au milieu des arbres où vivent les habitants de cette communauté ne sont pas si différentes à mes yeux du terrier du renard ou de la grotte du tigre. Hélas, trop d’elfes vivent dans de grandes cités de pierre. En ces lieux, la Symphonie n’est que mélancolie et souffrance, et l’on peut encore y ressentir la cruelle douleur des haches tranchant dans le vif des arbres.

A ce souvenir, les poings du druide se refermèrent, les jointures blanchissant. La haine qu’il portait à ceux mutilant la forêt ne se tarissait pas avec l’âge. Comme pour les braconniers… ceux qui osaient braconner alors qu’ils se trouvaient dans le coin connaissaient en général une fin brutale… et leurs carcasses nourrissaient la forêt. Un juste retour des choses, estimait Hamanduil.

Toutefois, il n’y avait pas de braconniers en ce lieu, et il ne fallait pas qu’il laisse ainsi son esprit vagabonder sans trop savoir où il se dirigeait. La méditation pouvait reposer, mais il se trouvait en présence de quelqu’un qui comptait bien plus que lui au sein de leur race. Après tout, il n’était rien de plus qu’un invité ici, aussi un minimum de concentration sur la conversation paraissait nécessaire.

Mais je m’égare, ma Dame. Vous désiriez rencontrer des elfes sensibles à la Symphonie. Dans quel but ?

Un peu abrupt peut être comme question, mais ne lui avait-elle pas demandé d’être direct ? La curiosité du druide avait été éveillée par cet appel, désormais il lui fallait l’assouvir. Entre l’attaque drow et le Voile, tant de changements venaient de briser un rythme immuable… il lui fallait comprendre si la Dame Protectrice comptait le remettre en place ou empirer les choses.

La Dame Blanche devait être prudente, elle le savait, ne pas dire, ne pas promettre davantage qu'elle ne pouvait offrir, c'était d'autant plus délicat face à un druide tel qu'était cet Hamanduil Elandriel, en certains aspects si peu tolérant que même une elfe comme elle, pourtant froide envers les étrangers, paraitrait très accueillante et ouverte, car le mépris de cet elfe se portait même à ses semblables.
Elle resta silencieuse tandis qu'il prodigua caresses et écoutes au tronc d'un arbre portant la cabane avant d'écouter ses mots. Elle n'apprécia guère qu'il doute de ses paroles au sujet de cette communauté et du choix de vie qu'ils firent, qu'il ne soit que « tenter » de la croire, alors que c'était une vérité. Estimait-il que seule sa philosophie et sa manière de vivre étaient les seules bonnes voies ? Et pourtant, elle ne préféra rien répondre, cela n'aurait servi à rien et elle souhaitait, priait Kÿria que ce druide montre des signes quelconque d'une tolérance, sans quoi, il ne serait guère utile, car elle ne se soumettrait pas à un tel style de vie, ne le pouvait simplement pas, et la plupart des elfes non plus.

- Le sombre mois que nous avons vécu en ce début de cycle, la forêt s'animant plus qu'elle ne le devrait, s'attaquant aux structures de pierre, le retour supposé de la Déesse dans ces bois et la mention de nombreux elfes d'abord sourd à présent sensible à la Symphonie des Arbres, tous ces changements, ce qu'on pourrait considérer comme des signes, ne peuvent être ignorés, il y en a trop pour cela.

Ces faits, le druide devait les connaître, mais ils étaient nécessaire pour comprendre le projet de la Dame Protectrice.

- Je ne suis pas Dame Protectrice depuis longtemps, j'ai pris la décision pendant le Voile, tandis que les elfes d'Holimion souffraient, étaient terrifiés et sans guide, et c'est là mon héritage, mon devoir. Mais désormais, si autrefois, je ne tenais pas beaucoup compte de la forêt, comprenez que dépourvue de la Symphonie, je ne peux posséder une sensibilité à ces bois à mes sens silencieux, avec ces évènements, c'est une chose que je dois considérer. En conséquence, je veux m'entourer de gens qui eux, peuvent entendre, sont doués de ce talent, afin de m'aider dans la tâche à venir...
Maintenant, je vais me montrer plus franche, bien qu'à vos paroles précédentes, la chose ne vous plaise pas. Il n'est pas dans mon intention de radicalement changer les choses, du moins, si cela doit se faire, c'est lentement, progressivement, non avec l'empressement qu'on peut attribuer à l'Humanité. Je ne compte pas exiger de ceux que je dois protéger qu'ils détruisent leurs demeures de pierre, qu'ils renoncent à tout, on ne change pas un style de vie aussi facilement... Mais je crois important d'accorder une voix à la Forêt, et qui sait, trouverons-nous peut-être un moyen de faire cohabiter les actuelles demeures de pierre avec elle, je n'en sais rien.
A présent que vous savez cela, si vous ne partagez pas cet espoir ou cette idée, je ne vous en tiendrais pas rigueur, et ne m'accaparerais plus de votre temps... Mais si la chose vous intéresse, et que vous êtes prêt à m'offrir vos perceptions, quand moi j'offrirais ma voix au Conseil des Protecteurs, pour défendre les intérêts de la Forêt, et prôner une meilleure cohabitation, dites le moi.

Le druide resta un long moment silencieux, quasi-inerte, à croire qu’il ne faisait plus qu’un avec l’arbre dans lequel était installé la cabane. Mais de fait, Hamanduil réfléchissait, et qui plus est devait réfléchir vite. Alors que sa vie se rythmait fort lentement jusque là, presque au gré des saisons, il se devait de choisir une voie sans vraiment avoir eu le temps de voir venir ce choix et de l’anticiper.

Chaque chose doit se faire en son temps ma Dame. Le chêne majestueux fut un arbrisseau et la grande rivière vient d’une petite source. Seul un imbécile croirait pouvoir changer le mode de vie des elfes aisément, et j’espère ne pas être un imbécile.

Buté et borné peut être… mais tout de même pas un imbécile, non. La Dame Protectrice faisait preuve de franchise dans ses propos, et avouait ouvertement ne pas militer pour un véritable changement dans le mode de vie des elfes. Une cohabitation, voilà ce qu’elle espérait, faire cohabiter l’eau et le feu. Les citadins se basaient sur une mentalité ne voyant dans la Nature qu’une source de matière première, et non pas un être vivant.

Faire changer cela constituait-il un espoir utopique ? Peut être, mais après tout pourquoi ne pas essayer ? Le druide n’avait de toute façon rien de mieux à faire dans l’immédiat, il ne comptait pas rendre visite à ses protégés sur les falaises de Kirgan avant le printemps au plus tôt, aussi passer l’hiver à Holimion ne le gênait pas, il aurait largement le temps de se faire une opinion définitive d’ici aux beaux jours.

Et après tout, son maître ne lui disait-il pas, bien des siècles plus tôt, qu’il lui faudrait rester ouvert aux autres modes de vie, que ce soit pour mieux les influencer ou mieux les combattre. Dans un cas comme dans l’autre, la Dame Blanche lui offrait une opportunité d’aider, ou de tenter d’aider, la cause de la Mère. Et de toute façon, s’il estimait au final s’être trompé, rien ne le liait, aucun serment de vassalité ou d’allégeance comme en raffolait les puissants.

Oui, cela valait la peine de se tenter. Au pire cela le changerait de sa routine et lui ouvrirait l’esprit, au mieux cela permettrait aux elfes de se rapprocher de leur vraie nature et de leur vrai mode de vie. Souriant, il répondit :

Je ne suis pas un politique et j’ignore si mon aide pourra vous être utile. Mais si vous êtes prête à faire entendre la voie de la Forêt lors des discussions des seigneurs elfes, alors elle vous est acquise.

Là est le sentier qui porte les pas de la Dame Blanche, une route bien souvent embrumée par le mystère de quelques traditions, de quelques cultures dont elle ignore tant, tout juste éclairée par un savoir qu'elle acquit progressivement. Mais pour l'heure, sur son chemin, elle évoluait sans rencontrer d'embuche, se trouvant alliés, portes parole d'une Forêt dont elle voulait les faveurs, ou au moins l'attention, à l'instar de Dyarque tandis que les milliers de sombres abattaient sur Ellyrion un impitoyable courroux, c'était une chose nécessaire pour qui est à son rang, et qui veut suivre le courant des changements.

La Dame Blanche fut rassurée par les propos raisonnables que tenaient le druide, il savait qu'il faudrait laisser au temps l'occasion de faire son œuvre avec le soin dont on savait capable les Elfes, quand ils le prennent. L'éternité avait ses avantages, et tandis que les Hommes s'empressent dans leurs affaires, les réglant de quelques sales manières, eux pouvaient prendre le temps qu'il faudrait à l'accomplissement de leurs desseins... Deux siècles, cinq, voir un cycle entier, qu'était-ce pour le Peuple Éternel ? Ce qui est nécessaire pour réussir, rien de plus.

- Je n'attends pas de vous que vous soyez un homme doué pour les discours, ou un bon « politicien » comme vous dites, bien que je ne me considère pas ainsi... Nous avons les uns et les autres nos propres domaines, nos propres compétences... Je suis capable de faire porter ma voix à tous, jusqu'aux Seigneurs Protecteurs de notre Forêt. Vous êtes capable de tendre l'oreille à l'attention des Arbres et de la Nature qu'elle abrite. Comme vous ne pouvez demander que j'entende leurs mélodies, je ne demanderais pas que vous soyez ce que vous n'êtes pas.
Je vous remercie de me prêter vos talents, afin que l'on puisse, pour nos frères et sœurs, nous diriger, qui sait, vers un nouvel âge d'or, un temps d'harmonie.

Mais il était d'autres questions, au delà de cet entendement sur ce que pouvait devenir l'avenir. Car la chose était faite, l'aide d'un druide acquise, ainsi que d'autres oreilles capable de percevoir la Symphonie des Arbres. Là-dessus, ils s'entendaient, mais elle devait connaître l'opinion du druide sur quelques autres sujets, dont un essentiel, peut-être, à l'avenir.

- Je me permets de vous poser une question, qui n'a rien à voir, du moins pas directement, avec ce dont nous parlions. Que pensez-vous de la Communauté de la Lumière, en toute franchise ?

Le druide s’inclina légèrement en signe d’accord avec les paroles de la Dame Protectrice, et s’autorisa quelques secondes de réflexion avant de répondre à sa question. Elle souelvait là un point auxquel il ne s’attendait pas et devait ressembler ses idées, non pas pour tenter de biaiser mais pour être vraiment certain de faire passer sa conviction profonde.

La Communauté de la Lumière ? Hmm, je n’ai guère eu l’occasion d’en rencontrer des membres vraiment actifs, mais j’avoue un certain scepticisme envers eux. Leur but affiché est de créer un monde meilleur en le vidant de tous les êtres « maléfiques » comme ils le disent, mais ils restent trop souvent vagues quand à leur objectifs précis, et cela m’inquiète, car le risque de dérapage est toujours présent.

Combien de souffrances avaient été causées au nom d’une juste cause ? A travers ses siècles d’existence, l’elfe avait assisté à de grandes cruautés, et toujours les pires venaient de gens affirmant défendre le bien commun et une morale plus élevée. Ces excès ne pouvaient que le rendre méfiant envers les organisations se revendiquant de la défense d’un grand concept abstrait comme le bien. Peut être la Communauté de la Lumière était-elle sincère, mais cela il faudrait le prouver par des actes.

Le but de détruire le mal est certes très beau, mais je n’aime guère ceux qui affirment aussi aisément représenter le « Bien ». Le lapin affirme que le renard est le mal, mais nous savons que cela n’est pas vrai. Le mal n’est pas un vague concept créé par la Nature pour servir d’adversaire prédéterminé de vaillants et preux défenseurs du bien. Dans la Nature, il n’y a ni l’un ni l’autre, tout un chacun a sa place afin de contribuer au grand cycle éternel.

La souffrance existe dans la nature. Les proies souffrent sous la dent du prédateur, et tous souffrent sous le souffle glacé de la Mort. Mais seuls les êtres « pensants » ont réussi à créer de la souffrance pour satisfaire leurs pulsions. Un renard ne tue pas par plaisir mais pour survivre, et il ne cherche pas à prolonger l’agonie de sa proie. Au fond, les animaux se comportaient de façon bien plus humaine que les humains.

Personnellement j’appelle « Mal » ceux qui violent le cycle de la Nature. Chasser n’est à mes yeux le mal dès lors que l’on respecte sa proie et que l’on tue pour se nourrir. N’est-ce pas ce que je fais moi-même ? Mais les braconniers qui traquent des animaux pour revendre leurs fourrures n’ont aucune pitié à attendre de ma part. Et je ne parle même pas de certains humains que j’ai vu allumer des incendies pour le simple plaisir de voir brûler des arbres. Le « Mal » est gratuit ou causé par la soif de richesse, pas inné.

Bon, il fallait admettre qu’une exception existait à cette règle. Si le druide ne jugeait pas un humain ou un nain à sa naissance, les drows ne bénéficiaient pas de ce traitement. Un bon drow est un drow mort, voilà comment aurait pu se résumer la vision d’Hamanduil à ce sujet. Passe encore lorsqu’ils restaient dans leur taudis du Puy d’Elda, là bas ils ne pouvaient guère nuire, mais l’histoire récente montrait que ces êtres infernaux ne se contentaient plus de ça.

Mais je parle, je parle, et je m’éloigne de votre question sans y avoir répondu. Je demeure méfiant envers les objectifs réels de la Communauté de la Lumière, mais s’ils s’engageaient par exemple pour dégager les drows d’Ellyrion et de Yutar et les renvoyer dans leur volcan, je ne pourrais qu’applaudir. Les exilés de l’Anaëh sont les rares êtres nativement maléfiques et constituant une insulte permanente envers la Mère. J’étais à Ellyrion peut avant l’attaque, et j’ai pu y sentir leur présence oppressante.

[Désolé pour cette quinzaine de jours d'attente, ça ne se reproduira plus.]

La Communauté de la Lumière servant à chasser ce qui est mal de ce monde ? La Dame Blanche n'avait jamais eu cette impression, ni même que ce fut le but, à l'origine de la fondation de cette alliance, non, aucun objectif louable et supérieur, rien que celui de se défendre ensemble face aux sombres armées du Puy d'Elda, guère davantage qu'une union devant un ennemi commun et d'une férocité rare.
Elle écouta avec attention la longue réponse que lui fournit le druide, et en profita pour saisir sa propre définition du Mal, preuve, avec d'autres, que définir la Communauté de la Lumière comme visant un Bien commun, contre le Mal était une erreur, car ces humains, ces nains, représentaient une part de cette malveillance qu'elle devrait alors chasser, du point de vue des elfes, mais elle n'y croyait guère.
Elle releva également les quelques faiblesses de sa connaissance, autant que son opinion sur les drows... Des êtres nativement mauvais. Mais alors, que dire des humains ? Eux qui sont capable de tant de cruauté et de malveillance même envers un frère, un père ? Mais elle respecterait l'opinion du druide, bien qu'en désaccord sur ce point.

- Merci pour votre réponse, Hamanduil Elandriel, je vais maintenant m'exprimer sur ce sujet, pour que vous compreniez la raison de cette bien étrange question.

De la sincérité, car si il voulait lui prêter son oreille et sa voix auprès d'Anaëh et des communautés les plus proches de la Forêt, il devait tout de même approuver ses intentions les plus proches, sans quoi, ils risqueraient la dispute, et elle voulait un allié, non un adversaire ou un conseiller lui mettant des bâtons dans les roues.

- Pour ma part, la Communauté de la Lumière est une erreur commise, un acte bien trop précipité face aux Exilés, qui n'apporte rien à notre peuple, à l'Anaëh. Il me suffit de faire le constat des évènements des dernières années, depuis la création de cette alliance pour comprendre qu'elle ne nous a jamais servi. Nous avons perdu les précédents souverains tandis qu'il se rendait au couronnement du Roi Nain Garmin, nous avons perdu le Fort Ellyrion, et ce, sans qu'aucun de nos supposés alliés ne bougent, ne fassent le moindre geste, ne prête la moindre attention pour nous aider, d'une façon ou d'une autre... Mais fort heureusement, nous n'avons pas besoin d'eux pour nous relever...

C'était une position radicale, née tant de ce constat que de son mépris des autres races, la Dame Blanche n'était pas accueillante pour qui n'était pas elfique, tolérant tout juste les Sang Mêlés, dans le cas des ascendants elfiques.

- Les Elfes n'ont pas besoin de cette alliance qui ne nous a jamais rien apporté, et si elle n'existe que pour soutenir les intérêts des humains, je la refuserais, car alors, jamais notre peuple ne profitera de ses avantages, et nous aurons investi des vies, du temps et de l'énergie dans un traité qui risque de se retourner contre nous, un jour ou l'autre.

Au prochain Conseil des Protecteurs, elle avait bien l'intention de le faire savoir... Qu'une trêve soit signée, oui, qu'une alliance comme la Communauté de la Lumière soit prolongée, ça n'avait aucun intérêt.

- J'ai donc besoin de savoir si, à défaut de la soutenir, vous ne serez pas contrarié par côtoyer une Dame Protectrice avec cette position, ou au contraire, si vous ne pouvez m'aider... Je le comprendrais, bien entendu.

Sans doute basée sur une meilleure connaissance des véritables buts de la Communauté de la Lumière, la position de la Dame Protectrice se trouvait être autrement plus tranchée que celle du druide. Parler de construction précipitée de cette Communauté reflétait bien la logique elfe, plus lente et pondérée que celle des humains. Le royaume réagissait souvent ainsi : par des solutions brutales et extrêmes, qui au final risquaient de se retourner contre leur créateur et de devenir incontrôlables.

Force est d’admettre que vous auriez été en droit d’attendre une réaction des humains suite à l’attaque de Fort Ellyrion. Je veux bien croire qu’ils n’aient pas eu le temps de réagir et d’envoyer leurs armées pour défendre la forteresse. Bien que je ne sois pas un militaire et ne veuille pas l’être, je suis conscient du temps qu’il faut pour mobiliser. Les drows ont frappé trop vite pour laisser le temps aux humains de nous aider. Mais je ne crois pas qu’ils aient depuis proposé leur aide pour reconquérir ces terres et jeter ces maudits sombres hors de l’Anaëh ?

Classique des humains que cette attitude : ils ne réagiraient que le jour où les osts du Puy atteindraient leurs frontières. Amusant de voir à quel point des races soi-disant alliées pouvaient se méfier les unes des autres, espérant que leur voisin vaincrait les drows sans qu’eux-mêmes aient à lancer leurs forces dans la bataille. Les elfes auraient-ils la force de rejeter seuld leurs sombres cousins loin des forêts ? Hamanduil l’espérait mais ne se serait pas engagé sur le sujet.

Je vois bien le peu d’avantage que notre peuple pourrait retirer d’une alliance avec les humains. Mais je me dois de vous poser une question afin d’être franc avec vous et de vous exprimer mes craintes : n’y a-t-il pas un risque que les seigneurs frontaliers profitent de cet arrêt de l’alliance, aussi infructueuse soit-elle, pour mener des raids contre nous ? Je crains fort que nous n’ayons pas les moyens de lutter simultanément contre les drows au sud et les humains à l’ouest.

La guerre sur deux fronts… un cauchemar dont l’Anaëh ne se relèverait pas. Et encore heureux que les nains soient trop affaiblis pour risquer d’en ouvrir un troisième au nord. Avant de donner sa réponse définitive au sujet de son aide, le druide désirait savoir où exactement , entre l’ancienne alliance totale et un simple voisinage suspicieux, la Dame de l’Holimion comptait placer le curseur de sa future relation avec les humains.

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