[Haut-Temple Teiweon] Des offrandes pour la Mère des Âmes (Elvanshalee)

Le plateau tomba, déversant sur le sol lustré une assiette composée des mets les plus savoureux, initialement destinés à remplir la panse du maître des lieux : l'héritier des Taazmodesh. Le bruit fut tout aussi désagréable que l’idée d’avoir attendu son repas son vain. Et ce n’était pas peu dire. Quant au coté positif des choses… eh bien il était toujours réjouissant de voir les corbeaux s’arracher les restes de son déjeuner…

Aegnor se leva avec une lenteur délibéré. Chacun de ses gestes clamaient son envie de contrôler les pulsions sauvages et meurtrières qu’il sentaient monter inexorablement en lui. Tuer était la facilité même. C’était l’art de faire souffrir le plus longtemps et le plus atrocement possible l’ire de son courroux qui le caractérisait. Mais pour cela, il fallait résister à l’envie première : celle de lui décoller la tête des épaules.

L’esclave en question était une gamine humaine d’une quinzaine d’années. Trop maigrichonne pour susciter le désir (si tant est que les humaines le puissent) elle avait été reléguée en tant que servante, mais sa maladresse maladive en faisait quelqu’un d’incompétent. Et chez les Drow, les inutiles n’avaient pas leur place. C’était l’une des vérités qui leur avaient permis de prospérer et qui leur donnait le droit d’être supérieur au reste du monde.

Alors même qu’il s’avançait vers l’enfant, le cimeterre à la main, deux jeunes humains s’interposèrent. Les deux poulains qu’ils avaient sélectionnés quelques semaines plus tôt. En effet, la môme n’étant pas rentable, il avait décidé d’en faire une reproductrice, au moins, toutes les humaines ou presque en étaient capables. Les deux jeunes hommes avaient été choisit pour leur force. Leurs unions donneraient naissance à des esclaves potables. Néanmoins et contre toute attente, ces imbéciles avaient semble-t-il développé des sentiments pour la femelle.

Dommage pour eux.

Son esprit vagabondait au grès des idées de torture toujours plus inventives qu’il imaginait. Il s’approchait toujours de ses proies lorsqu’une solution s’imposa à lui. Il appela la garde et fit enchaîner les idiots qui avaient osés le provoquer.

Relié par une chaîne, les esclaves avançaient en direction du Temple de Teiweon, devancé par l’Obok Senger wun Oreb. Ce dernier avait fait un serment lors de son intronisation, et il convenait qu’il vint rendre hommages aux dieux nommés. La Mère des Âmes était au cœur de la vie des Drow, au même titre que le Père des Batailles. Cette dernière était vorace, et un simple hommage ne lui suffirait pas, non, il lui faudrait des sacrifices. Des âmes à dévorer pour étancher sa soif, ne serait-ce qu’un bref instant.

Ces moins que rien, finalement, venaient de trouver une utilité. Ils pouvaient en être fier.

Le petit groupe atteignit le Temple. Celui-ci était largement à la hauteur de ce qu’on attendait pour une telle déesse. Un bâtiment dont la terrifiante magnificence n’avait pour égal que le Temple d’Uriz.
Impressionné malgré lui, et ce malgré le fait que cela faisait plus de six cent ans qu’il le connaissait, Agenor traîna ses esclaves jusqu’au devant de la porte. Un acolyte se trouvant là, il lui dit avec autorité.

Je viens rendre hommage à la Mère des Âmes. J’apporte des offrandes.

Clair et concis, il était inutile d’en dire plus.

Le Temple de Teiweon rivalisait avec celui d'Uriz. Ils étaient tout deux majestueux et imposant avec leur propre style. L'édifice avait ce coté peut-être moins brute, plus fin. Un paradoxe prenait racine ici bas, donnant cette impression de douceur épurée, inspirant l'abandon de soi mais à côté de cela, on ne pouvait s’empêcher de craindre. Craindre la Mort. La Mère des Âmes faisait office de Thèse et d’antithèse à la fois. Une dualité sans faille. Elle fascinait tout autant qu'elle distillait l'effroi en chacun. Deux sentinelles veillaient sur l'Entrée du Temple, imposant le respect mais aussi le silence. A la venue de l'Obok Senger d'thalack wun Oreb, ils ne tardèrent pas à s'incliner avec respect tout autant que l'acolyte passant par là.

« Je viens rendre hommage à la Mère des Âmes. J’apporte des offrandes. »

Le buste bien bas, il s'avéra que c'était une Sombre. Une chevelure bleutée cascadait jusqu'à ses hanches revêtues de l'habit liturgique. Elle se redressa sans attendre, embrassant d'un regard méticuleux le groupe afin de le détailler. Une voix agréable sur un ton assez bas vint flatter les oreilles du Guerrier.

« Teiweon Danath'koor vous salue, Seigneur Kezz' Taazmodesh. »

Elle marqua une pause en ajoutant par après.

« La Haute-Prêtresse sera se montrer reconnaissante, je vous prie de me suivre. »

Sur ces mots, elle tourna les talons et s'engagea dans les méandres labyrinthiques du Sanctuaire. Le sol d'une pierre noble semblable à la pierre de taille était couvert de tapis rouge. Les murs, eux, cachaient leurs portes par une série de tissu de même coloris. Ils pouvaient ouïr les Chants adorateurs vouée à la Dame voilée. Ses psaumes retentissaient de manière mystiques au sein des murs, provenant d'ici et là sans qu'on puisse identifier leur provenance exacte. Entre-temps, la Prêtresse avait chuchoté quelques mots à quelques novices afin que ceux-ci préviennent l'arrivée de l'Obok Senger. Ils ne tardèrent pas à atteindre la Nef. De lourdes portes s'ouvraient à eux. Ces dernières étaient en pierre et quelques sculptures de visages et corps déformés s’entrelaçaient à l'unisson semblant chanter leur souffrance. Une simple mise en garde pour les infidèles. Au loin, il pouvait distinguer l'Autel et la statue de la Mère des Âmes dans l'abside. Au niveau des bas-cotés bordant la nef se dessinaient quelques alcôves renfermant dévots. Le transept puis le chœur fut atteint et il put enfin être nez à nez avec la Haute-Prêtresse de Teiweon Danath'Koor. C'était une sombre de taille moyenne hissée sur de cuissardes en cuir à talons hauts. Sa chevelure était retirée en un chignon strict ou s’entrelaçaient quelques accessoires telles des baguettes composées de perles et autres. Un diadème d'or blanc ornait son front laissant un voile ficelé retomber contre son doux minois dissimulé. Elle conservait l'anonymat de son visage dans une société ou le « culte » de l'image était très important puisque tous n'avaient aucune autre moyen d'identifier une personne en dehors de sa vision. Ainsi, elle pouvait évoluer parfois aisément ci et là sans être reconnue.

Une robe de cuir se rapprochant plus de l'amure que de l'habit sculptait ses formes voluptueuses et les gardait jalousement étreinte sans livrer la couleur de sa chair. Le col était montant, le décolleté pratiquement inexistant. Les manches étaient longues et s'élargissaient au niveau de ses mains aux doigts bagués. Les pans de sa « robe » retombait au niveau de ses cuisses lassées par quelques lanières de cuir, renfermant aussi deux fourreaux dissimulés. Un large sourire ourla ses lèvres azurées. Bientôt sa voix retentit, suave, agréable, d'une douceur peu commune pour une drow mais si mielleuse si on s'y attardait quelque peu sans se laisser envoûter.

«Le nouvel Obok Senger d'thalack wun Oreb vient rendre hommage notre déesse, Teiweon Danath'Koor ! De plus, il a survécu à quelques tracas... Vous avez la bénédiction de la Mère des Âmes ! Elle a jugé que ce n'était pas votre heure. »

Elle marqua une maigre pause en joignant ses mains et inspectant l'attroupement dans le dos du Seigneur Kezz' Taazmodesh. En effet, les nouvelles vont vite au sein du Puy. Elle se propage. Pour demeurer au sein des Hautes Sphères, il faut s'entourer et savoir. Être dans l'ignorance signe votre mort.

« On m'a été soupiré que vous lui apportiez offrande ! Présentez moi ces futures âmes qui délecteront l'appétit de notre Mère ! »

La Haute-Prêtresse se réjouit dés lors de les sacrifier.

Après un bref regard pour la Sombre qui l’accueillait dans le Temple, Aegnor indiqua d’un signe de tête aux esclaves de le suivre sans discuter. Bien évidement, ces imbéciles n’avaient toujours pas compris la raison de leur présence en ces lieux. Dû moins le Senger le supposait-il, étant donné qu’ils le suivaient docilement, la tête basse, sans même protester. Les chaînes et les menottes aidaient peut-être, il est vrai, à leur ôter toute envie belliqueuse.

Mais quoiqu’il en fut, ils n’avaient de toute façon pas leur mot à dire. En tant qu’esclaves leurs vies appartenaient de plein droit à leur maître, lequel pouvait en disposer comme bon lui semble. Et si des humains de l’extérieur y auraient trouver matière à se révolter, tout cette vermine était automatiquement matée et dressée une fois qu’il était certain qu’elle servirait dans le Puy d’Elda. Une précaution nécessaire, car les esclaves étaient partout, grouillant comme des insectes se reproduisant à une vitesse écœurante. Si d’aventure il venait des idées de révolte à l’esprit de cette masse, les Drow n’auraient pas finit d’en entendre parler.

Ah ! L’heure n’était pas aux noires pensées… Quoique, tout ici, des chants lugubres louant la Mort elle-même aux statues torturées par une souffrance invisible, oui, tout avait été fait pour mettre les suppliants mal à l’aise. Rien d’étonnant lorsque l’on connaissait un tant soit peu la déesse qui était vénérée en ces lieux. Décidant de ne plus se laisser distraire, Kezz’ se concentra sur ce qui l’entourait.

Une interminable suite de murs les oppressait alors même qu’ils étaient conduit à droite puis à gauche, puis tout droit, le tout dans un tel chaos que le Drow n’aurait pas trouver étonnant de se retrouver au centre du monde. Ce moment passa alors même qu’ils arrivèrent devant de lourdes portes aux sculptures suffisamment effrayantes pour que l’humaine se mette soudainement à pleurnicher. Laissant deux humains penauds, car les chaînes les empêchaient l’un comme l’autre de lui apporter ne serait-ce qu’un peu de réconfort.

Agacé par cette scène larmoyante, un ordre bref du chef de guerre les ramena à la raison. Ils traversèrent alors la nef, observant au loin l’autel et la statue de la déesse des âmes. Ils n’accordèrent nul attention aux dévots.
L’étrange groupe arriva finalement à destination. Une Sombre qu’Aegnor supposa être la Haute-Prêtresse les y attendait. Cette dernière était bien mystérieuse, cachant son visage derrière un voile et dissimulant ses formes de manière astucieuse.

Bien qu’il trouvât cela bien étonnant en comparaison avec les autres femmes Drow qui ne rechignaient jamais à se vêtir aussi peu que possible, le Senger remarqua tout de suite l’avantage d’un tel attirail. Nul ne connaissait l’identité de la Haut-Prêtresse de même que nul ne savait où elle planquait ses armes. Bref quoiqu’il se passe, elle partait avec un avantage certain, et ce qu’importe les circonstances ou la situation.

Une voix douce et mielleuse traversa le voile, contrastant de façon nette avec l’idée qu’on pouvait se faire d’une Drow ayant cette fonction, et étant vêtue ainsi.
Mais étant, malgré sa silhouette pas bien épaisse, tout en armure de cuir avec une longue cape traînant derrière et des corbeaux lui voletant autour. Sans oublier les cheveux blanc comme la neige et les yeux semblable au ciel azuré que l’on ne pouvait apercevoir qu’au sommet des plus hautes montagnes. Aegnor Kezz’ Taazmodesh n’avait nulle leçon à donner en matière d’étrangeté.

Adoptant le rôle d’un suppliant dévoué, il répondit d’une voix maîtrisée.

Je me soumets au jugement de la Mère des Âmes. Sa bénédiction me comble.

Le fait qu’il n’y eu aucune présentation confirma les soupçons de Kezz’. Néanmoins ce dernier ne dit mot, et se contenta de poursuivre la conversation.

En effet, Haute-Prêtresse.

Il fit signe aux esclaves d’avancer, et ceux-ci se présentèrent à la religieuse.

Des infidèles. Tous liés par des liens très forts.

Ceci étant dit, il attendit la réaction de son interlocutrice.

La Haute Prêtresse de Teiweon demeurait là, fière et haute en stature, elle patienta que l'Obok lui présente ses présents. Quelques mots furent prononcés par ce dernier qui n'évoqua chez la Sombre aucune réaction à première vue.

"Des infidèles. Tous liés par des liens très forts."

Elle demeura stoïque encore quelques instants avant de s'extirper de son mutisme et inertie. Le minois se pencha d'un côté puis de l'autre alors qu'elle osa quelques pas en direction des malheureux. Tel un félin guettant sa proie, elle leurs tourna autours quelques secondes de plus avant de terminer sa ronde face à eux. Un sourire autant sadique que tendre, pur paradoxe, ourla ses lippes dissimulée. Bientôt, elle se tourna vers ses fidèles, levant les bras bien haut. Le regard tourné vers la Statue de sa Déesse, la Mère des Âmes. Elle chanta ses mots.

"Voyez tous, la Grandeur de Teiweon, celle par qui tout finit ! Réjouissez vous en ce jour, notre Mère va voir son nom honoré ! Je vous l'annonce, le Seigneur Kezz' Taazmodesh lui a, ici, offert un présent ! Puisse t-elle nous accorder sa Bénédiction pour les siècles et les siècles."

Tant de vigueur pour ce semblable de frêle corps, tant de puissance. L'Avatar de la Mère savait aisément faire vibrer le cœur des uns et des autres qui entamèrent quelques chants et louanges à l'encontre de la Déité, tous étaient excités à cette nouvelle mais cette exaltation demeurait retenue. Nul doute que dans leurs yeux brillaient la flamme de la dévotion absolue bien qu'ils demeuraient calme et respectueux en ce lieu saint. La Haute-Prêtresse en revint à l'Obok Senger et s'inclina gracieusement devant lui, les bras en croix, la minois légèrement bas. Elle se redressa par après. Sa voix redevenue douce et tendre comme le miel reprit.

"Nul doute que la Mère vous accorde son soutient pour votre ascension et le déroulement à venir.

Elle fit un geste de la main l'un de ses acolytes qui acquiesça d'un hochement de tête avant de disparaitre au derrière un pan de tenture. Il ne tarda pas à revenir en compagnie de quatre sentinelles qui vinrent encadrer les trois esclaves pour les conduire vers un ailleurs encore secret aux yeux de l'Obok Senger.

"Désirez vous assister aux Sacrifices ? Si oui, suivez moi, acceptez mon hospitalité le temps que tout se prépare.

La Haut-Prêtresse attendit l'accord du seigneur Kezz' Taazmodesh avant de faire quoique ce soit.

Spoiler:

hrp : encore désolé pour ce retard :s

Aegnor se félicitait de son initiative. La Haute Prêtresse se révélait être à la hauteur de toutes ses attentes. Digne représentante de la Mère des Âmes. Plus que ça même, car elle était rien de moins que son Avatar en ce monde. La puissance qui se dégageait de la frêle silhouette inspirait une ardeur et une dévotion qui n’avaient rien de très naturels. Le Senger aux corbeaux se sentit lui-même happé par la force de ces mots, à la fois si communs et si différents. Bien évidement, il ne fit rien pour résister à cette attraction. Le drow n’était pas encore suffisamment fou pour contrarier des fidèles en leur temple même.

Pas encore.

Et puis la légèreté inhérente aux dévotions religieuses n’avait rien pour lui déplaire. On était alors dépouillé de tout ce qu’on était, réduit au plus strict minimum, mis à nu devant une puissance largement supérieur à tout ce que l’on pourrait jamais imaginé. Cette sensation permettait donc de voir envolés tout ses ennuis, tout ses épineux problèmes qui accompagnaient aussi bien le quotidien que les situations exceptionnelles. On était alors en paix. Avec le monde et avec nous même. Un véritable baume pour le cœur, et lorsque l’on observait la vie mouvementée du peuple Sombre, il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’ils fussent tous si pieux.

Les pauvres bougres en avaient bien besoin. Et les dieux savaient combler n’importe quel vide, y compris les plus abyssaux.

L’attention de la Haute Prêtresse revint vers le nouvellement nommé Obok Senger. Lorsqu’elle s’inclina devant lui, il s’empressa d’en faire de même et ce avec une ferveur toute religieuse. Bien que gardant son masque de dévot, son âme et son cœur bouillonnaient. Fierté et honte se disputant la primauté d’un esprit fiévreux. Que l’Avatar de cette déesse en particulier fasse preuve d’un tel respect… Était-ce de l’ironie ? Ou une plaisanterie destinée à elle seule ? Les dieux seuls savaient, et le drow doutait d’avoir envie d’entrer dans la confidence.

La paranoïa avait ses avantages et ses inconvénients…

Après une brève réflexion, il choisit donc d’en être fier et alla même jusqu’à être soulagé par le soutien accordé par la Déesse.
Tout accaparé qu’il était par les montagnes russes qu’étaient devenue son intériorité, il ne fit guère attention aux quatre sentinelles et aurait même manqué la proposition de son interlocutrice, si un corbeau -sentant certainement le danger, ne l’avait mordu à cet instant précis.

Contrôlant la douleur, cachant la blessure au doigt en fermant le poing, Aegnor s’inclina de nouveau -bien que plus brièvement, avant de répondre d’une voix claire.

Ce serait pour moi un honneur, Haute-Prêtresse.

Ceci répondu, il attendit que la femme drow se mette en marche.

La Haute-Prêtresse décelait chez l'Obok Senger quelques gestes trahissant une certaine agitation. Elle en demeura muette, penchant plutôt sa frimousse de côté comme interloquée mais plus que tout amusée, certainement. Les perles et grelots tintaient sous l'inclinaison de se frimousse. Le corbeau fut une source d’intérêt au moment ou il mordit le doigt de son Maître. Curieux personnage que voila. Sa réponse vint bientôt positive.

« Ce serait pour moi un honneur, Haute-Prêtresse. »

Bien qu'il en soit donc ainsi. La Voilée fit un signe à celle-qui-fut-assignée comme seconde ou éminence en l'absence du Grand Prêtre ou de la Grande Prêtresse. L'Avatar de la Mère devait bien posséder un second en titre. Ce fut son cas sans pour autant lui donner plein pouvoir, peu désireuse de soulever un vent de trahison aussi minime soit-il. Elle lui était dévouée et était nommée Ez'risslee, sous nommée Olath'inthre[Sombre Brasier]. Cette dernière donna quelques instructions avant de ne partir en direction d'une tenture derrière elle disparut avec la petite troupe, les esclaves aussi. Différencier Ez'risslee était chose aisée, son habit liturgique était le même que les yeux à la différence prêt que les couleurs divergeaient.

Une fois, la tache accomplie, Saigneur Hune'Baenre tourna les talons et d'une invitation silencieuse se résumant à une inclinaison de son minois, elle l'invita à venir discuter au sein du boudoir pendant que les préparations étaient en cours. Les talons claquaient à peine contre le dallage, noyant leur plainte parmi les tapis meublant le sol. Deux pans de tentures furent retirés pour les laisser passer et s'enfoncer dans un couloir d'où en partait d'autres encore. Le parcours fut bref bien que sinueux et là encore, une double porte s'ouvrait sur un petit salon. La décoration était sombre. Nul tableau à l'exception des portraits des Hauts-Prêtres et Hautes-Prêtresses passés. Des statues à l'effigie de la Reine des Âmes firent office de mobilier avec quelques commodes ci et là. En son centre, deux fauteuils ainsi que deux canapés étaient disposé en rectangle encadrant une table basse. Le tout était éclairé par des cierges et de tant à autre d'étranges flammes dansantes au sein de petites lanternes.

« Je vous en prie, installez vous »

Elle ne l'attendit pas pour s’asseoir, laissant son séant se joindre au moelleux de son siège attitré. Elle croisa les jambes simplement, le regard carmin et voilé rivé sur ce dernier. Un sourire étira ses lèvres cérulées.

Il ne l'avait sûrement pas remarqué quoique c'était peu probable vu la vigilance de l'Obok Senger, un sombre vêtu d'une tunique noire retombant sur un pantalon bouffant de même coloris ne tarda pas à surgir par l'un des renfoncements d'un des murs. Des bandelettes de tissus mais surtout de cuir s’entrelaçaient ci et là autours de ses jambes, ses hanches mais aussi ses bras, surmontés de tant à autre de plaques métalliques. Son visage était lui aussi dissimulé sous une sorte de capuchon renforcé par un foulard lui donnant des allures d'orient. Shar'Alak, son ombre, un de ses gardes personnels mais aussi son serviteur apprécié, ne tarda pas à servir un savant breuvage alcoolisé digne du plus fin palais pour ravir le Seigneur Kezz' Taazmodesh. Pour la Haute-Prêtresse, ce sera un nectar doux, non alcoolisé, plus sucré. Elle aimait posséder tout ses moyens lorsqu'elle traitait.

« Votre ascension au rang d'Obok Senger du IIe Ost n'a pas été de tout repos... Cependant, vous n'oubliez pas vos prérogatives et venez ainsi honorer la Mère.. Puissiez-vous la servir et semer la Mort afin de repaître Teiweon Danath'Koor encore et encore. »

Spoiler:

[Terminé]

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