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 [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr]

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Faye Messaliera
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MessageSujet: [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr]   [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr] I_icon_minitimeVen 22 Avr 2011 - 10:30

    En rythme, les gueux et les voleurs s’avançaient sournoisement dans le silence des pierres et des éboulis. Une fois n’est pas coutume, Naelis était en proie aux flammes et aux émanations de violence ; pourtant, jamais la ville n’avait été aussi instable et fragilisée. Depuis le sauvetage de l’enfant-miracle du couple sulfureux, les attaques à répétition des deux côtés s’étaient échangées, fluctuant vers une apogée qui s’approchait à pas bien trop grands. L’escalade dans la torture et les vices était permise, et Arcamenel avait laissé des traces irréversibles sur une ville qui avait déjà bien trop souffert des ressentiments explosifs de ses habitants.

    Viols, assassinats, dépressions, suicides, les pertes avaient été aussi internes qu’externes, comme si chaque camp avait été miné de l’intérieur par la faute des Dieux. Maudit Voile qui n’aurait jamais du voir le jour.

    Pourtant, tout cela semblait fini. Depuis quelques jours, la cité semblait étrangement calme. Comme si l’un des deux camps avait abandonné toute raison de résistance, le cœur historique avait pu profiter de quelques temps de répit pour reconstruire vainement ce qui en avait eu besoin.

    Mais tous le devinaient, cette trêve n’était là qu’une excuse pour reprendre de plus belle la danse endiablée de la guerre.

    Derrière les épais murs suintant le dégoût, la luxure et la vengeance de la demeure du Tyran, c’était autre chose. Derrière les mansardes masquant l’étroite ouverture menant au quartier général finement cachée de la reine déchue, c’était également une autre histoire qui s’inscrivait en lettres écarlates dans l’avenir de chacun de ses combattants. On savait, oui, on savait que tout ceci avait une fin. L’un des objectifs les plus durement convoités avait été atteint ; mise en sécurité, la petite avait échappé à l’attention et aux crocs d’un Feriwyr dévoré par une ambition qui l’avait perdue, une fois. Pourquoi pas une seconde ?

    Le plan était simple. Tout saccager, tout détruire … Mais à nouveau, compter sur un effet de surprise. Les passages secrets, certains ayant été rebouchés, n’avaient pas tous été exploités lors de la dernière fois, et les gardes, bien que comptant quelques drows aux pouvoirs suspects et non mesurables, ne se doutaient pas que demeuraient encore quelques trous dans la muraille imperméable qui ceinturait le cœur nécrosé de Naelis.

    Ce qu’il fallait faire, et Faye ne l’établissait pas de gaîté de cœur, c’était tous les abattre. Innocents ou pas, ils vivaient depuis trop longtemps au contact d’une pourriture ; il était quasiment impossible en réalité qu’ils puissent continuer à vivre sans développer dans un esprit involontaire ou non de contagion des idées dignes du fou furieux qui les avait opprimés. Seuls les siens devaient pouvoir s’en tirer afin de faire table rase et de recréer ce que le « Saint Meneur » avait pensé annihiler consciencieusement.

    En retrait par rapport à toutes ses troupes, déguisée sous un épais voile d’où ne laissait transparaître qu’un regard profondément résolu et fermé, l’opposante se tenait dans l’attente, muette, aux aguets, passive et pourtant attentive. Observant au loin la progression assurée de ses troupes – mêlant les talents les plus redoutables de ses voleurs et de ses brigands qui se faisaient guides, et la fougue, la passion, la hargne des rebelles les plus jeunes -, la jeune femme s’adossa au mur sans un bruit, attendant le premier écho des portes qu’on enfonce et des innocents qu’on écrase au passage.

    La première plainte la fit se redresser automatiquement.

    Alors qu’un flot humain avait déjà commencé à s’abattre de front, tout autour, d’autres groupes plus petits s’infiltraient comme l’eau dans une demeure mal isolée, inondant, croupissant là où elle le pouvait, prête à souiller par ses méfaits en toute quiétude, au moins le temps que les gardes s’alertent.

    Sans un sourire, Faye grimpa sur le dos de la bête à ses côtés, un cheval qu’ils avaient réussi à retrouver égaré dans une des forêts boisées cernant les frontières de la ville. D’un coup de talon contre son flanc, la jument s’extirpa au galop de la ruine où sa cavalière s’était alors cachée, s’éloignant de la direction des portes ouvertes déjà à moitié défoncées qui cédaient dans un craquement sinistre, la première masse de gardes venant à leur rencontre. Au loin, Faye suivit du regard comme elle le put les dernières miettes des paysans qui luttaient avec acharnement, tandis que le brave équidé suivait les courbes de la muraille en trottant à une distance raisonnable, se cachant derrière certaines maisons éventrées depuis des années sur l’ordre de celle qui tenait les rênes. Rênes qui furent sèchement tirées, obligeant l’animal à se stopper. Descendant du dos de la bête, la jeune femme l’harnacha derrière une palissade, avant de se diriger vers une silhouette massive qui n’était autre que celle de son fidèle collègue Vran, qui la guettait, lui faisant signe de s’engouffrer dans le trou dont on avait retiré la grille de protection autrefois masquée par d’épaisses pierres.

    « Ca mène droit au chemin le plus rapide pour atteindre le bastion de Dreiv. T’es certaine que je ne t’accompagne pas ? »

    « Très bien. »

    Aucune réponse à sa question. Sans plus attendre, passablement emmurée dans une froideur qui était sûrement due à une anxiété troublée par l’appréhension et l’euphorie exaltante du combat qui s’annonçait, la reine des Voleurs s’engouffra sans mot dire dans l’ouverture béante, et disparut.


Dernière édition par Faye Messaliera le Mer 27 Juil 2011 - 12:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr]   [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr] I_icon_minitimeMar 26 Avr 2011 - 22:51

Alors, ils y étaient ? Finalement, après plus de douze longues années de luttes, ils allaient finalement clore cette trop longue histoire ? L'enfant des milles trésors qu'il avait arraché à son palais revenait prendre son dû ? Mais que savait-elle, princesse de porcelaine qui pensait avoir tout vu, tout vécu, qui pensait savoir ce qu'était la souffrance et ce qu'était le mal. Elle ne savait rien, ne voyait rien sinon ce qu'il avait bien voulu lui montrer. Elle pensait être libre, indépendante, était persuadée qu'il n'avait aucune emprise sur elle. Mais depuis le jour de leur rencontre, elle respirait Feriwyr, elle pensait Feriwyr et même sa lutte contre le Saint Meneur n'avait été qu'une pièce sur un échiquier qu'elle avait toujours refusé de voir. Elle avait tué son père pour lui, mais plutôt que de mourir sagement, elle avait préféré continuer à vivre, servir ses desseins en tentant de s'y opposer. Elle avait réuni autour d'elle les voleurs et les traîne-misère ? Il ne pouvait que la remercier ! Qu'était-ce, sinon donner un visage à l'ennemi dont il avait besoin pour assoir sa tyrannie ? Sans ennemi à combattre, aurait-il pu assoir sa divinité aussi aisément ? Elle lutait contre ce qu'elle pensait être le mal et de ce fait, s'érigeait elle-même en héraut du machiavélisme. Naelis brûlait. Les combats, comme autant d'esclandres incontrôlables, s'étaient succédés avec une frénésie proche de la folie. Mais était-ce réellement surprenant ? Dès l'instant où Feriwyr avait posé ses yeux sur la fille Messaliera, il avait su que les choses se passeraient ainsi.

On attaquait son fief ? Qu'importait, même la présence du Culte d'Arcam n'avait pu empêché la destruction de Naelis. Ils avaient bien tenté, au début, mais ils étaient trop peu nombreux et pas préparé à régner sur une ville. Certes, leur présence avait été salutaire pour le Cœur historique, mais uniquement parce qu'ils veillaient sur leur précieux Temple, le caprice d'un Dieu indigne et puéril. Cette fois, sous l'impulsion de Faye, même ça volerait en éclat, du moins Feriwyr l'espérait-il. Au fond, il se moquait de la destinée de la cité qu'on construirait sur les ruines de la Grande Sacrifiée, car elle ne serait plus Naelis.

« Laissez les s'amuser, qu'ils fassent ce qui leur chantent de ce cœur pourri. » Le sourire aux lèvres, il donnait ses ordres et son excitation était visible. Sa respiration était légèrement saccadée et son regard allait et venait sur les scènes de carnages. Il exhala un soupir. « Je veux que chaque homme pouvant tenir une épée se saisisse d'une arme, je veux que chaque enfant capable de lancer une pierre soit muni d'une fronde. Je veux que chaque main participe à ce grand feu de joie. Je veux qu'à son retour chez elle, la catin qui nous attaque s'étouffe dans la cendre de ceux qu'elle s'est crue capable de protéger »

Il gagnait. Oui, il gagnait, et sa victoire illuminerait le ciel. En réalité, il espérait bien tuer Faye lui-même. Il se voyait déjà lui briser l'échine de violents va-et-vient. Il s'imaginait serrer son cou, la priver d'oxygène et lui arracher sa fierté d'un seul mouvement. Quant à Leah... S'il devait survivre à cette journée mémorable, il la retrouverait, petite enfant de misère et il lui ferait ce qu'il s'était toujours interdit de faire, non par moral mais par dessein. Elle ne serait pas pendue, non...

Se retournant sans un regard en arrière – ses ordres seraient suivis à la lettre, il le savait – il prit la direction de ses appartements. Lui aussi voulait son lot de sang, lui aussi voulait s'enivrer de cette violence qui suintait des murs de sa cité. Et pour cela, il n'avait besoin que du sabre qui, douze ans plus tôt, lui avait donné le pouvoir. S'il avait su que dans ses appartements l'attendait Faye et toute la haine qu'elle avait accumulé, il aurait sans doute pressé le pas.
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MessageSujet: Re: [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr]   [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr] I_icon_minitimeMer 27 Avr 2011 - 20:03

    Ses pas la menèrent le long du tunnel silencieux. Seule sa respiration ténue sifflait à ses propres oreilles. Son cœur semblait avoir considérablement ralenti son rythme, comme s’il cherchait lui-même à se taire pour ne plus laisser entendre une quelconque angoisse. Tout n’était plus qu’adrénaline sous ses doigts crispés sur le manche de son fourreau. Grimpant les marches qui remontaient vers la surface ennemie, la voleuse poussa la grille au dessus de sa tête, s’extirpant sans mal du trou de terre pour le recouvrir de la grille et de quelques cailloux. Une inspiration profonde, encore une autre, et son regard buta directement contre l’obscure silhouette de l’imposant refuge de la Bête des dieux.

    Furtivement, l’intruse se faufila parmi les ruelles encore calmes ou déjà désertées par une population surexcitée par l’odeur du sang, à la manière des hyènes, charognards prêts à surgir dans l’ombre pour leur part quotidienne de violence et d’inhumanité. Quelques pas plus loin, elle tourna, continua sa route sans cesser de marcher à vive allure, rien ne la ralentissant, pas même une voix l’interpellant au loin, ni ce gamin qu’elle faillit renverser par accident. Elle gardait sa route, impassible, et la cadence rapide l’empêchait de s’attarder sur des regrets, des peurs, des erreurs qu’elle aurait pu commettre. Pas de retour en arrière pour celle qui savait ce qui l’attendait, ou du moins, qui l’attendait inconsciemment là-haut.

    Le bruit s’assourdit et la petite arrière-cour dans laquelle elle déboucha lui arracha un amer rictus. La potence était encore là, parfaitement dressée de manière effrontée, comme un souvenir honteux de la défaite de Feriwyr, et aussi de l’audace écoeurante qu’avait eu le Meneur par ce geste. Qu’était devenue Valerya après tout ça ? Faye lui avait offert la fuite comme meilleure option, bien qu’au fond, elle le savait, la prostituée était sûrement déjà morte ou à l’agonie. Jetée à corps perdu dans un combat qui n’était pas le sien.

    Sa main poussa la porte qui avec chance n’opposa aucune résistance. Un garde avait oublié de verrouiller le loquet, et c’était tant mieux pour elle. Grimpant les volées quatre à quatre en rasant les murs, Faye tendit l’oreille arrivée au palier du rez-de-chaussée. Aucun pas à l’horizon, tout donnait l’apparence d’un calme aussi superficiel qu’inquiétant. Pourtant elle ne s’en formalisa guère ; la reine déchue n’avait que faire de ce que Dreiv mijotait. Il n’avait pas eu le temps d’imaginer une quelconque ruse, et l’agitation était nécessairement suffisante pour forcer à la perte de temps et au ralentissement. Le temps qu’il remonte les escaliers souillés des pas souples de la voleuse, et il aurait une surprise de taille à sa porte.

    Restait à se remémorer les indications de la catin précédemment engagée dans le sauvetage de son enfant. Elle lui avait décrit au mieux le passage emprunté, mais la vasteté aussi luxuriante qu’excessivement vomitive des lieux lui donnait l’impression d’être un minuscule pion dans un labyrinthe sans fin. Pour autant, ses pieds ne s’arrêtaient pas à ces considérations surdimensionnées, engloutissant les mètres et les escaliers sans ressentir autre chose que le frisson d’excitation de ce qu’elle avait tant attendu, depuis si longtemps …

    Arrivée au sommet, elle ne douta plus de sa confiance en apercevant les larges portes enluminées. C’était là, forcément. La démesure de l’enfant des dieux avait tant sali l’endroit que tout ce faste rimait avec l’harmonie décadente d’une propagande à son image, risible.

    Ses mains tremblantes poussèrent les deux pans de bois, et sans un mot, elle pénétra dans l’antre du loup, avec un sourire étrange, laissant l’ouverture béante comme un signal futur à l’ennemi qu’on avait trompé son attention. Le lieu confirma la réussite de son but ; mais pour autant, le plus coriace était à venir. Sans bruit, la silhouette féline se glissa de côté, son regard ne pouvant s’empêcher d’observer, accompagné d’un reniflement dédaigneux les tentures et les tapis lourds de motifs. Tout avait un goût de confinement et de luxe étouffant ; c’en était presque opprimant quand on n’était pas maître des lieux. Pour autant, la voleuse ne se sentait pas mal à l’aise. Elle n’avait plus hâte que d’une chose ; celle de découvrir le visage stupéfait du Meneur, et ses yeux s’écarquiller sous la dague qu’elle lui planterait avec plaisir dans le poitrail.

    En silence, elle se glissa sournoisement du côté gauche des grandes portes, retenant sa respiration, dégainant le souffle court son épée, tandis qu’elle guettait, alerte, les pas signant le retour du meneur.
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Feriwyr Dreiv
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MessageSujet: Re: [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr]   [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr] I_icon_minitimeMer 13 Juil 2011 - 21:33

Feriwyr Dreiv, fils de putain, soldat anonyme de la milice, maître de la Garde, Meneur absolu de Naelis pendant plus de douze longues années – un record, dans la région – et bientôt, écrites en lettres de feu, la Légende se souviendrait de lui comme celui qui aurait mis à terre la grande et décadente Naelis, ce Feriwyr Dreiv là marchait sur sa mort plus tôt qu'il ne le pensait. Après trois décennies de luttes, fallait-il vraiment qu'on lui ôtât la vie de façon si dérisoire, sans même l'affronter l'épée au poing ? Il aurait craché à la figure de l'impudent qui aurait osé lui conter pareille sornette. Mais quand le destin lui-même orchestrait la farce, là !

Était-ce là l'expression de l'humour des Cinq ? La seule vengeance dont ils étaient capable ?

Innocent comme l'agneau à peine né, le tyran passa la porte. S'il avait pu sentir Faye, comme il avait si souvent senti ses failles, il aurait pu riposter. Prendre le dessus, il y était parvenu si souvent... mais pas cette fois. L'épée ne lui laissa aucune chance, elle jaillit de nulle part et s'enfonça comme s'il avait été fait de beurre et d'eau.

« Froid... », murmura-t-elle, hoquetant et transi.

La lame frayait son chemin, toujours, entre ses cotes, visant le cœur peut-être, il ne savait. Déjà, ses vêtements s'imbibait de sang, de son sang, fluide vital sacré en sa cité, qui jamais n'aurait dû couler. Que n'avait-il pas sacrifié, sur l'autel de sa préservation ! Et voilà qu'une femme, parricide et perfide, s’enorgueillirait bientôt de lui avoir ôté la vie ? C'était plus qu'il ne pouvait supporter. Puisant dans les ressources que seul le mourant connaît, il serra le poing si fort qu'il s'entailla la paume, et il envoya sans le moindre ménagement son coude dans le visage de son agresseur. Ce simple mouvement enfonça encore un peu plus l'arme cruelle dans le corps tremblant, mais il n'y tint pas garde. Hagard, il poussa de toutes ses forces, renversant la belle, belle Faye, qu'il avait tant désiré, l'écrasant sous son poids. Le choc l'emmena dans un autre monde, de coton doux et moelleux, et il n'y avait plus une partie de son corps qu'il ne sentit vraiment sinon ses doigts gourds qui serraient, serraient.

« Toi, l'gamin, v'in donc là qu'j'te r'garde d'plu'près. » Dissimulant une grimace de dégoût derrière une révérence mal habile, l'adolescent se força à s'exécuter. Quand il fut à portée de griffe, la vielle matrone agrippa son menton, y enfonçant ses ongles sales et attirant son visage vers le sien. Elle le renifla, comme s'il n'eut été qu'un vulgaire melon qu'elle hésitait à acheter un jour de marché, et il eut tout le loisir de renifler son odeur à elle, savant mélange de sueur, d'oignons et de chique. « Prêt, ouaip. Pourra gueuler autan'elle veut, c'soir, t'y passes. »

Elle, sa mère, il n'avait pas besoin de plus pour comprendre de quoi il s'agissait. Des mois qu'elle en parlait, la garce, d'en faire une catin pour ces hommes qui aimaient les gamins. Des mois qu'elle promettait qu'il gagnerait sa croûte, enfin. Des mois qu'il se promettait, quand à lui, que jamais, jamais, on ne l'y prendrait. Alors il avait frappé, au visage, aussi fort que le pouvait un enfant de son âge. Pas assez, la première fois, il avait failli le payer cher. Mais au final, il avait saisi sa gorge et...


Serraient, serraient, serraient les doigts.

« Alors, Dreiv, paraît que t'es encore une petite pucelle du derrière. » Sans lâcher sa pierre à polir, Feriwyr leva la tête, son regard tombant sur le rustre qui venait de le provoquer. Un balourd comme il y en avait tant, dans la milice. Il réfléchissait avec sa queue, s'en servait aussi bien que s'il eut s'agit d'un cerveau. Des gars comme lui, Feriwyr en avait croisé des centaines. « Fais pas ton timide, le bruit court que t'attends que ça. » Le jeune homme – à peine vingt ans – ne comprenait pas comme un homme pouvait s'abaisser à pareil perversion, alors qu'il y avait là bas une ville qui n'attendait que d'être violée. Des femmes, on en trouvait à tous les coins de rues. Et à qui irait-elle se plaindre, hein, si on l'abusait ?

D'ordinaire, ce jeu là s'arrêtait au mot, mais il semblait que cette fois-ci serait différente. Sous le regard moqueur de ses camarades, la brute s'approcha, mimant l’effarouchée, avant de dégainer son épée. « Baisse ton froc, que j'me régale. » Fermant un instant les yeux, Feriwyr se leva, mais avant de s'exécuter, administra l'un de plus beaux coups de boule de sa vie. Sonné, le milicien tangua un instant, avant qu'un coup le mette à terre. Se ruant sur lui, Feriwyr broya sa tranchée...


Serraient, serraient, serraient ses doigts, comme jamais.

Mais, pour la première fois, faiblissaient aussi. La dernière, très certainement, que la mort vint de Faye ou de la plaie qu'elle lui avait déjà infligé, peu importait, elle venait. Ce spectre dont il s'était abrogé la parole s'impatientait de le voir trépasser.

Serraient, serraient, serraient les doigts, encore un peu... Un tout petit peu.
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MessageSujet: Re: [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr]   [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr] I_icon_minitimeSam 16 Juil 2011 - 10:21

    La lame pénétrant dans la chair fut comme un sentiment profond et soudain, comme le roulis violent d'une exaltation à l'état pur. Presque malsain tant c'en était vif et sincère, le frémissement qui l'agita tandis qu'elle apercevait le rouge teindre les vêtements de Feriwyr fut bien vite interrompu par un brusque coup du sort qui lui picota douloureusement le nez, la déséquilibrant ... Et qui la poussa bien vite à terre, s'étalant de tout son long dans une chute à peine amortie dans les coussins et les tissus embaumant jusqu'à l'écoeurement. Grognant de douleur, Faye sentit que de chaque malheur profitait son bonheur, la lame ayant un peu plus approfondi la morsure létale au sein du tyran, qui, dans un râle, écrasait de toute sa masse alourdie son propre corps. Prise au piège qu'elle n'avait pas pensé se voir retourné contre elle, la jeune Messaliera eut peu de temps pour réagir en sentant les mains enserrer avec violence son cou pour le serrer, le serrer si fort qu'elle manqua bien vite d'air.

    Sa main à elle agrippait tant bien que mal le manche de l'épée, comme le seul repère qui pourrait la sauver, comme s'il s'agissait du seul moyen d'en finir définitivement ; ne pas lâcher prise pour s'assurer de voir une bonne fois pour toutes la lueur dans ses yeux s'éteindre et ses orbites rouler.

    Et pourtant ...

    Elle hoquetait d'une furieuse envie de respirer et de se débattre, mais rien, rien ne lui laissait la possibilité de pouvoir se mouvoir correctement. Chaque coup qu'elle cherchait à donner mourrait contre le poids de ses muscles, chaque respiration qu'elle tentait vainement de reprendre s'annihilait face aux halètements saccadés de Feriwyr qui lui fouettaient le visage, ajoutant aux vertiges suffocants de son esprit l'angoissante tension que créait ce contact trop rude, trop proche, trop fort pour elle. Aux à-coups irréguliers de sa respiration bloquée venaient s'ajouter les frissons d'un dégoût trop bien connu.

    Elle était bloquée entre ses bras, et même agonisant, cette idée ne la rassurait pas.

    Un vide passa, silence où ses grognements se soldèrent par l'essoufflement. D'une pression venant du désespoir, la meneuse désemparée tenta une énième fois de le repousser d'elle, de ne pas à subir la sensation de sa présence collée à elle tel un miasme, une infection qui la rongeait. La lame s'enfonça, arrachant un gémissement pour l'un, un gargouillis étouffé pour l'autre.

    Sa vue se brouillait. Ses doigts s'étaient endormis sur la lame, elle ne sentait bientôt plus le sang qui affluait vers ses extrémités nerveuses. Ses cils battaient à tout rompre, comme son coeur, comme ses sens ; tout pulsait en elle si vivement que bientôt Faye crut ne jamais s'être sentie aussi vivante, et pourtant elle perdait pied. Feriwyr était en train de la tuer, et sa prise sur sa gorge ne se relâchait que bien trop peu pour pouvoir lui permettre de s'en sortir indemne. Nébuleuses, ses propres pensées défilaient à la manière d'un leitmotiv de survie, l'empêchant tant bien que mal de ne pas sombrer définitivement.

    N'abandonne pas. N'abandonne pas maintenant, idiote, ne laisse pas tout tomber ! Tu as ta vengeance, tu peux la toucher, du bout des doigts !

    Son genou remonta avec violence, geste désespéré de la condamnée, cherchant à percuter, qu'importe, le ventre, l'abdomen, le bassin, elle n'en savait plus vraiment rien, tout était obscur et brumeux ; pourtant, elle conservait l'idée folle que, quelque part, d'une manière ou d'une autre, elle s'en sortirait, et pas lui. La haine et la rage qu'elle avait si longtemps cultivées envers lui avaient été fertiles non pas seulement par la puissance des mots qu'elle s'était évertuée à répéter pendant si longtemps, les discours qu'elle avait su scander, ou la force et l'unité de ceux qu'elle avait toujours eu coeur à défendre, mais plutôt grâce et à cause de l'amour qu'elle avait su lui porter autre fois. Des sentiments morts, piétinés et foulés, manipulés par un marionnettiste avide d'un pouvoir qu'il allait bientôt voir s'échapper avec toute l'impuissance de l'instant.

    Dans sa voix, les syllabes s'entremêlaient péniblement, étouffés, noués tus volontairement par la douleur et le manque d'oxygène.

    « C... Crè.. »

    Les mots ne sortaient pas encore, mais tout n'était plus qu'une question de temps.
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MessageSujet: Re: [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr]   [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr] I_icon_minitimeMer 27 Juil 2011 - 10:49

C’était une sensation étrange, que de se sentir partir. Le Meneur de Naelis prenait soudainement conscience que rien, cette fois-ci, ne pourrait le sauver. Ni les drows qui, pour ce qu’il en savait, pouvait très bien s’en être déjà allé, ni sa garde, ni sa propre force. Il avait déjà bien assez de mal à maintenir sa prise sur ce satané cou pour espérer, Faye morte, se traîner hors de sa chambre et hurler qu’on devait le soigner. Il allait mourir, dans sa chambre, sans avoir eu l’opportunité de dégainer. Alors c’était ça, le dernier cadeau de la Reine des Voleuses ? Une mort de soudard anonyme ?

Feriwyr raffermit sa prise : s’il était condamné, elle aussi. Il l’emporterait avec lui, et il était prêt à parier qu’ils iraient ensembles dans les tréfonds du Royaume souterrain. Peut-être même qu’elle irait plus loin que lui… Lui au moins n’avait-il jamais tué son propre sang ; ce n’était pas faute d’avoir essayé, mais il lui devait au moins ça.
Fermant les yeux – tout en sachant qu’il ne pourrait pas les rouvrir – il tenta de chasser la douleur qui lui broyait le torse. Chaque respiration était une torture, aussi ne respira-t-il plus. Plutôt que d’épuiser ses dernières énergies aux futilités que le mourant réservait à sa vaine survie, il concentra tout sur le bout de ses doigts. Dans un état second, il imagina qu’il serrait le coup de la matrone qui avait voulu faire de lui moins qu’un homme. Il imagina qu’il serrait le cou de tous ceux qui s’étaient cru meilleur que lui, capable de lui imposer quoi que ce soit et qu’il avait tué. S’il avait pu le faire pour eux, il était capable de recommencer, une ultime fois. Faisant fi de la souffrance, il se redressa subitement et mordit la lèvre de Faye, aussi fort qu’il le put, accueillant avec soulagement le goût métallique de son sang.

Elle était à lui, elle l’avait toujours été. Jusqu’à son corps qu’il avait délaissé pour mener d’autres batailles. Comme il le regrettait, maintenant qu’elle était contre lui. Il sentait ses seins appuyer contre son torse, ses sens soudainement exacerbés par la mort à venir. Il voulait la prendre, il voulait que son dernier geste fût cette ultime insulte.
Un craquement sourd lui indiqua qu’il n’en aurait pas l’occasion. Sur lui, le corps de Faye sembla se détendre et il la lâcha, épuisé. Tournant légèrement la tête, il tenta d’ouvrir ses paupières, pour la dévisager une dernière fois, mais ses yeux ne voyaient plus. Qu’importait, au fond.

D’un sourire, Feriwyr voulut congédier la mort ; mais la mort vint quand même et le prit.


Note : Je peux modifier mon post si quelque chose ne convient pas.
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Faye Messaliera


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MessageSujet: Re: [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr]   [TERMINE]La fin n'a pas de fin [Feriwyr] I_icon_minitimeMer 27 Juil 2011 - 12:15

    A bout de souffle, pernicieusement, la mort lui caressa la joue.

    Elle l'avait aimé. C'était aussi simple que ça. De sa naïveté et de la profondeur de ses sentiments, elle aurait tout fait pour lui. Elle l'aurait suivi jusqu'au bout ; elle avait même porté en elle le fruit de ce qu'elle avait appelé "leurs amours". Elle avait été sotte, elle avait été enfantine. Il avait su découdre ses rêves avec l'aisance d'un tisserand et l'avait manipulée à sa guise ... Et maintenant, le résultat était là. Trop tard pour faire machine arrière.

    Plongée dans une inconscience nébuleuse, ses membres s'engourdissaient, son esprit s'étourdissait et s'enivrait dans d'obscurs délires où à la vision émaciée du visage tordu par la douleur de Feriwyr, se mélangeait celle, plus indistincte, de milliers de visages, flous, indifférents, moqueurs ou compatissants. Dans ses hallucinations, elle semblait à peine les reconnaître, cernant à peine la familiarité de leurs traits que déjà ils se dispersaient dans un flot de souvenirs contigüs qui n'attendaient qu'elle pour se raviver. Sa mémoire lui revenait par morceaux, la lucidité la traversant par éclairs aussi fulgurants que violents, lui arrachant des hoquets d'asphyxie. Ses mains griffaient, râclaient, serraient les tissus inondés de sang sans pouvoir rien faire. Faye n'avait plus rien, plus la force, plus la confiance, plus l'assurance d'une victoire : au lointain se dressait la fatalité d'une conclusion qui depuis trop longtemps les guettait.

    Elle ne regrettait rien. Les premiers jours avaient été un supplice. Seule, avec pour seuls vêtements les frusques boueuses, traces du glorieux passé familial, sans père ni mère. Elle avait eu du mal à résister à l'idée de se donner la mort. Après tout, c'était de sa propre main qu'elle l'avait assassiné. Comment pouvait-elle encore se regarder dans la glace, comment osait-elle encore vivre, respirer, penser sans hurler de dégoût et de haine ? Aucune main, aucune parole chaleureuse, aucun réconfort ne savait réellement lui faire oublier l'horreur de la vérité. Alors elle avait décidé de la masquer. De voiler le vrai par un tissu de faux. Pour moins sentir la peine journalière. Pour ne plus avoir à être coupable.

    Ils en était là de leur lutte que Feriwyr, dans un geste aussi dérisoire qu'arraché des griffes du désespoir, s'agitait, voulait échapper aux bras serviles de Tyra. Au travers des brumes alourdies de ses iris d'ambre, elle le sentait contre lui s'animer d'une furie irréelle, d'une rage fugace ; ses lèvres lui donnèrent un goût de métal, et sa bouche n'eut même pas la force d'articuler quoi que ce soit. Le silence répondit à ses attaques, l'épée vibrante entre ses extrémités paralysées. Lentement, phallange après phallange, l'étreinte se désserra, sa poitrine se soulevant par saccades anormales et irrégulières. Une toux plus forte que les autres empoigna sa gorge qui se contracta, ses veines s'agitant, son pouls palpitant, ses yeux s'écarquillant sous la surprise, ou la frayeur, les entrelacs dorés plongeant dans un vide abyssal infini.

    Alors c'est ca, la fin ? C'est ainsi que tout se termine ? Dans l'ombre des soies voluptueuses ? Pas de gagnant, pas de perdant ... Rien que des traîtres.

    Un dernier soupir.

    Et la lueur s'éteignit, lentement, très lentement, la raideur de sa nuque se relâchant, les bras repliés contre eux, rempart de chair ultime entre elle, lovée entre et contre lui, douce ironie de la situation. La Déesse avait fait son office, et le Saint Meneur ne goûtait qu'à moitié la sensation fébrile de la réussite. Il savait, lui aussi, que c'était son tour.

    Pas de gagnant, pas de perdant ... Rien.




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