Rhán-Sigil, Protecteur de Narándilyë [Validé]

Contrairement aux nations humaines, il n’existe pas chez les elfes de notions de tribunaux, de juges et de peines d’emprisonnement liées aux crimes perpétrés. Bien souvent, un acte méprisable ne donne lieu qu’à trois interprétations possibles : soit il est d’une nature à être pardonné et entre dans l’histoire, soit il est de nature grave et doit donner lieu à réparation, soit sa nature impardonnable et irréparable donne lieu à l’exil du coupable par les Seigneurs Elfiques.

Il existe toutefois une alternative à l’exil hors des terres Elfiques.

L’exil intérieur et volontaire.

Rares étaient ceux au sein des traditions Elfiques qui pratiquaient encore l’exil volontaire au sein du Jardin des Espérides mais Rhán-Sigil étaient de ceux là.

L’air hagard, le corps en loque, il se présenta, errant, à proximité de l’entrée du Verger. Bordé par de hautes haies végétales, son entrée même était sujette à caution et à interprétations. Pour certains, il suffisait d’y présenter sa repentance, alors que pour d’autres, il fallait que son gardien vous propose d’y entrer.

Le pas incertain et l’âme en ruine, Rhán-Sigil passa sans mot dire les grilles envahies de ronces de la grande porte et s’enfonça pantois parmi les premiers massifs végétaux. Se déplaçant avec toute l’énergie d’une poupée démantibulée, il ne remarqua la proximité du cerbère qu’une fois que ce dernier l’ait retenu par l’épaule.

« Sache qu’au sein de ce verger se trouve un exil plus contraignant que celui pour lequel tu pourrais être banni des terres Elfiques » entama-t-il en adoptant le ton d’un ritualiste adressant à un jeune novice.

Pour toute réponse, Rhán-Sigil s’ébroua et tenter de forcer le passage de ses dernières volontés.

« En ce lieu, tu trouveras au pied des arbres un sommeil semblable à celui d’une nuit d’été orageuse mais tes rêves ne t’appartiendront pas plus que l’arrivée d’un hypothétique matin. » poursuivit-il en incrustant ses doigts fermement dans l’épaule de son visiteur.

« Si ta volonté de t’amender est sincère, peut-être t’éveilleras-tu de nouveau un matin, mais si tu ne cherches qu’à fuir une condamnation publique, comprends alors que l’exil serait plus doux et la mort, plus douce. Car en ce lieu, soumis à la vindicte des Arbres, il ne te sera possible de ne te mentir qu’à toi-même… » Dit-il en pointant du doigt un corps, presque totalement disparu entre les racines d’un chêne éternel.

Rhán-Sigil hésita quelques instants puis s’avança au milieu des arbres, pénétrant plus avant dans le Verger. Immédiatement soumis au charme littéralement envoutant des lieux, il oublia tout projet de retraite et s’orienta le pas branlant entre les vénérables représentants du peuple de bois. Appelé par un Sycomore, il s’installa quelques instants à son chevet, le temps pensait-il de reprendre quelques forces et de lui flatter un peu l’écorce.

Son sommeil dura cent vingt ans.

Plissant légèrement des yeux, Rhán-Sigil se redressa lentement. Sa première observation fut pour le Sycomore dont les feuilles, autrefois vertes avaient viré à un rouge des plus acides. La seconde fut de constater que ses propres cheveux avaient désormais pris la couleur de l’Automne, tout comme son arbre désormais tutélaire.

Il se massa le visage et le cou quelques instants et bailla longuement. Reposé, le corps et l’âme en paix, il avait le sentiment d’avoir particulièrement bien dormi sur le matin, après avoir passé une longue et fiévreuse nuit. Se levant sans hâte, la journée ne faisant que commencer, il se dirigea d’un pas mesuré vers la sortie du Verger. Il salua le Gardien qui souriait à sa venue et le remercia de l’avoir veillé durant son sommeil.

« A dire vrai, seul ton arbre t’a veillé, moi-même, je ne veille que sur les arbres » avoua-t-il d’un ton où perçait un air de complicité. « Maintenant va, tu es attendu et ne te remets plus dans une telle situation… Ah… Tu éprouveras dans les jours à venir un sentiment de désorientation. N’en sois pas surpris… Après tout, tu as vécu plus d’un siècle au rythme du cœur d’un Sycomore, ce qui n’est pas rien, même pour l’un d’entre nous » lui confia-t-il en le poussant légèrement au-delà de l’enceinte du Verger.

Rhán-Sigil fit quelques pas seul et s’orienta vers un scribe, installé au sol, en une position facilitant la méditation.

« Elinwë, tu as bien changé et pourtant, tu sembles être resté le même, à un détail près… » Observa Rhán-Sigil.

« … n’étais-tu pas un enfant lorsque je t’ai quitté ? » conclut-il provisoirement.

« C’est que vous êtes parti bien longtemps, mon aïeul. Cent vingt ans, ce n’est pas rien » rétorqua l’elfe devenu adulte. « De nombreuses choses ont par ailleurs bien changé… » Laissa-t-il en suspens.

« Je le sens, oui » rétorqua sobrement Rhán-Sigil, d’une voix étouffée.

« Vous le savez ? »

« Non… je le sens… » Confirma-t-il en touchant l’une de ses mèches de cheveux, désormais semblables aux couleurs acides d’un Sycomore et aux sentiments flamboyants de l’Automne.

C’était il y a deux années.

De retour parmi les membres de sa lignée, Rhán-Sigil n’eut de cesse de rattraper le temps passé. Discret à sa manière, perpétuellement inquiet, à l’image d’un Sycomore attendant l’Hiver, il fit preuve d’une activité qui pour un elfe aurait pu passer pour frénétique.

Promu Protecteur de Narándilyë, Rhán-Sigil prépare son domaine d’origine aux évènements d’importances qui ne sauraient manquer de survenir en des temps proches et difficiles.

En secret, il cultive son attachement aux mystères des Espérides et agit souvent sous l’influence des arbres tutélaires qui le composent.

Peut-être l’arrivée de l’Hiver.

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[Métier & Classe] : Protecteur de Narándilyë (Epine Dorée)

[Âge & Sexe] : 422 ans & Masculin

[Classe d'arme] : Aucune

[Alignement] : Neutre bon