Missive Soltari

« Que la malpeste emporte ces maudites racines » gronda Lorenzo Porroco en quittant des fourrés désormais vilainement souillés. Ponantier et, à ses heures perdues, émissaire de la Dame il avait, en chemin pour Merval, eu l’idée d’en déguster les carottes. Funeste erreur, prit-il soin de noter mentalement en prévision de ses prochaines expéditions. Accompagné de ses gens, la lie de la lie des latifundia, ceux qui excitent de flair de tous les alguazils à dix lieux à la ronde, il reprit la route le menant au seigle matois, auquel il délivra le message suivant :

A Eulalie de Merval, Perle du Levant,

Nous vous informons, en ce jour, que messire Diogène de Systolie est révoqué de sa charge de régent et que les domaines qui étaient siens, eux, tombent en commise suite à ses actes de félonie.

Ce parjure occiseur, non content de menacer sa suzeraine de guerre en se basant sur les seuls babillages d’une enfantelet, a tenté d’attenter à notre vie ainsi qu’à celle des héritiers légitimes du trône d’Ydril, dans l’espoir que le chaos lui offre l’opportunité de dérober davantage de pouvoir.
En sus, prétendant parler au nom du pouvoir temporel et spirituel – le forcené recourant à la sorcellerie en appelant cela des miracles –, il lève aujourd’hui ses osts contre sa suzeraine. Le glaive pourfendeur de la Justice saura lui faire rendre gorge.

Aussi, bien que consciente et alarmée des troubles dans votre région, nous vous demandons au nom de notre amitié de n’offrir aucun asile aux gens du félon lorsqu’ils fuiront devant notre implacable justice. Les traîtres doivent recevoir et recevront leur juste châtiment.

Inès de Soltariel, Sérénissime Duchesse de Soltariel.