Ainsi la Colère du Guerrier embrasa l'Île de Meca... [Libre]

Le bâteau hein ? C'était la seconde fois qu'elle y embarquait et autant dire que la première n'avait pas été des plus joyeuse avec ce glaçon flottant sous la contrainte de l'autre frappée. Et cette fois ca serait plusieurs jours de voyage à la mauvaise période, qui atteindrait sous peu son apogée a moins qu'elle ne soit satisfaite. Mais les problèmes ne pouvaient que se cumuler de toute manière, c'était la loi de murphy, ou plus couramment appelée "la loi de l'emmerdement maximum" qui dictait ses règles à ce moment là de la journée, ou plutôt ces derniers mois.

Et il suffisait de laisser trainer ses oreilles pour s'en apercevoir sans grande difficulté. La première était que ce navire accosterait à Ydril, c'est à dire au Sud de la péninsule... Emprunter un cheval au nom de Noblegriffon ? Elle ne se gênerait pas, mais retraverser cette zone plutôt dangereuse... Ce n'était pas vraiment une des choses les plus agréables à faire et surtout ne serait en rien une promenade de santé ! La seconde ? Ces messieurs étaient bien enclins à profiter des deux demoiselles pour assouvir leurs instincts primaires lors de ce voyage. Oh, son caractère contre le genre masculin l'aiderait à repousser les assauts un moment, il fallait espérer que les premières attaques se lassent ! Puis il restait la valeur du paiement...

Puis la dénommée Fja s'éloigna vers celui qui l'avait reconnue... Une sacré équipe qui voulait se monter pour aller fouiner sur les dragons pile vers là ou elle se dirigerait une fois débarrassée de tout ces ennuis qui lui collaient à la peau. Qui maintenant pouvait lui dire que la vie était facile ? Surtout quand on s'acharnait à lui pourir ! Enfin... Sauvée par la mer, la danseuse oublia vite ces déboires pour aller rendre le contenu de la bouteille aux pauvres poissons qui n'en demandaient pas tant. Visiblement cette nouvelle "amie" ne supportait pas les voyages en mer. Et ca serait certainement la même pour Joh à ce rythme mais pour des causes tout à fait différentes.

"Je ne joue pas non plus aux jeux d'argents."

Oh, la vilaine menteuse. Mais après tout dans un repaire de personnages de ce genre, il valait mieux savoir bien mentir et utiliser de ce subterfuge pour s'en tirer et éviter de tomber dans certains panneaux. Elle voyait venir le paiement en nature. Bon, elle n'avait pas trop le choix que de suivre. C'était ça, ou la horde de marins qui ne devaient pas voir de femmes assez souvent en mer... Enfin... S'installer ne devait pas faire partis de son vocabulaire. Rester à l'entrée par contre oui, ce qu'elle fit d'ailleurs. Le tout, en silence.

" Je ne joue pas non plus aux jeux d’argents. "

A ce mots, le pirate qui était en train de battre les cartes nonchalamment leva les yeux voire un aussi sourcil en direction de la rouquine. La jaugeant du regard un instant, il reporta finalement son regard sur ses cartes laissant apparaitre un sourire sur le coin de ses lèvres, répondant simplement :

" Je n’ai jamais dit qu’il serait question d’argent pour cette partie; juste quelques mains histoire de se détendre et de passer le temps, chasser les mésaventures que nous avons pu rencontrer. "

La jeune femme semblait sur la défensive, en prétextant une excuse pour ne pas avoir à se poser à la table. De plus tout dans son attitude laissé entrevoir qu’elle ne goutait pas particulièrement cette nouvelle situation mais qu’elle essayait de garder bonne figure et attitude courtoise faute de mieux. A vrai dire, en ma qualité de narrateur, Johann devait sans doute être parmi nos protagonistes la plus mauvaise menteuse de la bande, car entre un ancien chef des services secrets royaux, une saltimbanque qui aime à entuber son monde et un pirate qui se faisait passer-avec succès-depuis quelques années pour un noble de la péninsule, on pouvait penser que la rousse ne pouvait faire jeu égal. Plus subjectivement, Vincente pensa simplement que si la semi-elfe n’avait pas envie de jouer, celle-ci aurait pu simplement le faire savoir. Continuant :

" Peut-être, êtes-vous fatiguée de votre périple, aussi je peux très bien vous indiquez votre chambre où vous pourrez vous reposez. En sortant, prenez la première porte à droite, je pense que cette chambre vous conviendra tout à fait. "

Cette dernière ne se faisant pas prier pour aller s’isoler, elle sortit quelques formules de politesse, alors que Fjama ou Elrick l’enjoignaient à rester en leur compagnie. Lui souhaitant un bon repos et lui indiquant l’heure du souper, Manolesti revint au jeu et expliqua les règles à Elrick qui ne semblait plus très au fait des subtilités de ce jeu. Le pirate ne lui en tint pas rigueur surtout avec toutes les variantes que l’on pouvait trouver sur un même jeu et autour d’un verre et d’un tour de chauffe, on commença la partie pendant que la danseuse buvait et venait se collait au capitaine du navire lorsqu’une vague un peu forte ou un roulis légèrement violent venaient à faire tanguer le dromon. Lui lançant des regards rassurant voire riant lorsque la demie lâchait la bouteille de rhum pour se cramponnait à son bras, il faudrait surement un jour pour que la pyromancienne ne reprenne le léger aplomb qu’il avait réussi à acquérir lors de la dernière traversée.

Cuchillo, un homme grand, à la barbe hirsute et tenant plus de l’aspect du tonneau que de l’humain entra dans la cabine et alla murmurer quelques paroles à l’oreille du pirate qui demanda un instant à ses invités :

" Excusez-moi un instant, je dois aller vérifier un petit problème avec une marchandise. "

Quelques minutes plus tard, l’homme au chapeau revint et l’on put reprendre la partie. Ainsi se poursuivit le reste de la journée qui était déjà bien entamée jusqu’à l’heure du diner où la dernière membre de notre groupe se joignit à la table du capitaine pour un diner plus que potable au vue des denrées que l’on avait pu avoir sur le navire-le ravitaillement sur Meca s’étant fait dans la précipitation- et n’attendant pas d’hôte de marque. La soirée se passa sans accroc, Vincente s’improvisant guitarrista, alors que Fjama s’improvisait conteur. Les deux invités regagnèrent leurs cabines-Johann s’éclipsant bien plus tôt que son comparse mercenaire-laissant Manolesti et Fjama s’adonner à leur passion parfois un peu trop bruyante au gout des autres passagers.

Les jours qui suivirent restèrent assez similaire au premier, Johann s’isolant dans sa cabine la plupart du temps et demandant même à ce que certains de ses repas lui soit directement délivrés dans sa chambre. Elrick restait généralement avec le couple ou il parcourait le pont en quête de brises marines et d’horizons. D’ailleurs Manolesti lorsqu’il ne s’occupait de ses hôtes, donnait des ordres, barrait ou discutait avec ses hommes d’équipages qu’il n’avait pas eu l’occasion de voir depuis un moment. Il fallait entretenir la confiance de ses hommes surtout dans la piraterie si l’on voulait ne pas se retrouver avec un couteau planté entre les omoplates, surtout que le fait d’amener des femmes à bord-des femmes avec lesquels on n’avait pas le droit de s’amuser- n’était pas du gout de tous. Quoiqu’il en soit le voyage, aussi bien en mer que sur le navire se déroula sans incident et trois jours après avoir embarqué et quitté l’île aux pirates, la moisson rouge débarqua au port d’Ydril.

Trois jours était un délai tout à fait correct vu la saison et c’est satisfait que Vincente souhaita bon courage à ses " compagnons " de route. Malgré le caractère misanthrope de l’humaine à l’allure de semi-elfe, celle-ci rétribua grassement le pirate en lui offrant une bourse bien garnie en or dont il émanait étrangement une très subtile odeur de magie. Le mercenaire quant à lui fut moins généreux, mais après tout ce n’était pas un concours et vu la dégaine des deux passagers il s’estimait heureux que les deux pécores aient eu un peu de pognons sur eux. Après avoir donné des ordres sur la marche à suivre pour décharger les marchandises à Bash, il alla retrouver sa danseuse qui l’attendait près du bastingage :

" Un bon repas dans une auberge vous ferez t’il plaisir ma dame ? "

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