Entretien avec le Comte

Cela faisait peu de temps que Jérôme était devenu le baron d'Etherna mais il avait déjà de nombreux projets en tête pour sa toute nouvelle baronnie, il en avait tellement qu'il ne savait pas par où commencer. Il avait déjà fait passer un message à quelques connaissances afin de trouver des personnes pour l'aider et il espérait avoir des réponses.

L'hiver était la et bien que bénéficiant d'un climat moins rigoureux près de la mer, l'intérieur des terres, et en conséquence les cultures, avaient prit la couleur blanche de cette saison. Jérôme espérait que les réserves de nourriture seraient suffisantes pour nourrir son nouveau peuple mais il n'avait pas non plus trop d'inquiétudes au vu des nombreux champs et par conséquent récoltes qui avaient eu lieu. Il était aussi un peu soucieux des raids que pourraient envisager quelques brigands ou groupes de bandits

Cette période était aussi un bienfait au vu de sa nomination récente car les esprits sont rafraichit par le froid ambiant. La ville était donc relativement calme et il n'y avait pas eu de heurts depuis son arrivée. Peut être que cela était en raison de son origine ethernienne, un pari du Comte que de mettre quelqu'un de la région pour la diriger qui pour le moment était payant. Jérôme restait tout de même vigilant et malgré sa fonction, il n'était pas rare de le voir passer en revue les gardes de la ville car il était évident que sans l'appuie de ces hommes il ne pourrait rien faire en cas de soulèvement. D'ailleurs en parlant des soldats, il s'aperçut que leur équipement était tout sauf reluisant, le moral n'était pas au plus haut et malgré les années, les défaites étaient toujours présentes dans les têtes des anciens.

Certaines idées qui lui étaient venues en tête requéraient l'aval du Comte et quelques conseils avisés ne seraient pas non plus à proscrire, aussi il fut content de recevoir une lettre de Grégoire D'Odélian qui l'invitait sur ses terres pour une partie de chasse. Bon, vu la période, le gibier serait surement dur à trouver mais les rigueurs de l'hiver le faisait aussi sortir pour trouver à manger, à moins qu'il ne s'agisse d'une battue aux loups afin de diminuer leur population et les risques sur les paysans et les bêtes parquées dans leurs étables. Enfin il verrait bien sur place, cette invitation était une aubaine et aussi une raison de revoir l'homme qu'il avait servir toutes ces années.

Jérôme avait répondu qu'il serait naturellement présent et il avait fait préparer ses bagages et un carrosse ainsi que son cheval. Il aimait voyager en selle, il se sentait moins vulnérable et dépendant mais les températures fraiches pourraient l'amener à se réchauffer à l'intérieur grâce aux tentures qui couperaient le vent froid. Attention, le baron n'était pas non plus un frileux mais le voyage durerait une journée et il était toujours agréable d'avoir un minimum de confort si l'utilité se faisait ressentir. Les aménagements de la route avaient raccourci le temps qu'il fallait pour rallier Odélian mais le carrosse qui portait les bagages n'aidait pas à accélérer la cadence. Un groupe d'une dizaine de cavaliers triés sur le volet comme escorte personnelle complétait le tout.

Avec toutes ses idées en tête et les questions qu'il se posait sur la façon de gérer sa baronnie, le voyage parut très court à Jérôme. Il leva la tête lorsqu'un garde annonça que les murs de la capitale odélienne était en vue et un sourire apparut sur ses lèvres. Il accéléra la cadence tout en conservant une allure que la carrosse était capable de tenir.

L'heure était tardive, bien après le souper alors que la nuit était déjà bien avancée. Un éclaireur avait évidemment était envoyé pour annoncer que le baron arriverait très tard mais qu'il serait la lorsque le Comte lancerait la chasse. Le groupe se rendit au château et Jérôme se fit montrer sa chambre dans laquelle il prit ses quartiers afin de prendre un bon repos et d'être prêt.

Le lendemain, il se réveilla un peu avant l'aube, il se vêtit de vêtements chauds mais prévus pour la chasse et il descendit. Son cheval était déjà prêt ainsi que son arc et une lance, il monta en selle et attendit le Comte qui ne tarda pas à arriver.

Lorsque celui-ci fut à son tour sur son cheval, Jérôme s'approcha et entama la conversation

"Bien le bonjour monsieur le Comte, j'espère que votre nuit aura été agréable."

Le comte se réveilla comme à son habitude à l’aube. Il passa une main dans ses cheveux, puis sur sa barbe avant de finir de bailler. Il se leva dans la clarté du jour qui commençait à se lever et après avoir versé de l’eau dans une bassine, se rinça vigoureusement le visage. Il pensa à son invité qui avait dû arriver dans la nuit; il aurait aimé l’accueillir mais veiller des heures durant pour souhaiter bonsoir à son hôte lui paraissait être une exagération protocolaire dont il pouvait très bien se passer. Ainsi donc, il s’habilla et descendit à la grande salle afin de s’y restaurer rapidement. Puis il sorti et donna des ordres afin que l’on prépare tout ce qui serait nécessaire à la chasse qu’ils allaient effectuer. On pouvait s’en douter, cette activité en hiver n’était qu’un prétexte aux affaires que Grégoire avait en tête. En effet, la situation dans la région et dans la péninsule de manière générale devait être débattue et le comte était désireux de savoir comment notamment, le nouveau baron se débrouillait avec ses nouvelles charges. Ainsi donc en espérant quand même faire bonne fortune, on avait organisé cette chasse et l’on allait converser sur les affaires du royaume et sur l’une des plus graves : la mort du roi.

Grégoire avait été mis au courant depuis à peine quelques jours et ne savait pas si le baron avait eu vent de la nouvelle. Si ce n’était pas le cas, ça serait le comte qui lui apprendrait. Mais il ne lui lancerait pas à la figure cette nouvelle dès qu’il le verrait, il attendrait un peu de s’être éloigné de la citadelle. De nombreux point se devraient d’être exposés…Mais voila que le Baron justement arrivait. L’homme était déjà à cheval et avançait dans sa direction pendant que l’un des écuyers du comte lui apportait son cheval et l'équipement de rigueur pour mener à bien leur projet : lance, arbalète et bien sur Accalon la pourfendeuse, sa fidèle épée. Il monta en selle et scruta le temps un instant qui était ombragé.

En guise de réponse, Grégoire toisa d’un air grave le baron " C’est comme-ça que vous présentez vos respects à votre suzerain ? " Une tension s’installa dans la cour, avant que Grégoire ne sourit à Jérôme " Ahah, ce cher Jerôme, vous devriez voir tête. " A vrai dire Grégoire possédait cet humour pince sans rire qui ne laissait jamais vraiment entrevoir la plaisanterie jusqu’à ce qu’il vous prouve le contraire " La situation n’est-elle pas plaisante ? Autrefois combattant côte à côte et maintenant tout deux nobles titrés. "
Le comte mit sa monture en branle et le cortège composé d’une quinzaine d’hommes, petits nobles, gardes ou rabatteurs se mirent à suivre nos protagonistes en tête du cortège.

" Comment vous portez-vous baron ? (insistant avec amusement sur le titre) Comment Etherna a-t-elle prise votre nomination ? "

Comme à son habitude, le Comte s'était levé à l'aube, il était au côté de son cheval lorsque Jérôme arriva. Grégoire monta en selle et prit possession de ses armes pour la chasse ainsi que de son épée. Il va de soit, bien que ne l'ayant pas précisé qu'en plus de son arc et sa lance, le Baron portait sa précieuse flamberge en travers du dos.

Bien qu'ayant des caractères et des façons de procéder opposées, les deux hommes avaient noué avec le temps une relation cordiale. La réaction du Comte fut donc pris avec une certaine froideur car personne ne réussissait à connaître l'humeur de Grégoire, ni lorsqu'il faisait de l'humour. La tension monta d'un cran et Jérôme ne fut pas tout de suite comment réagir jusqu'à ce qu'un sourire naisse sur les lèvres du Comte. L'on pu presque entendre un soupir général de soulagement, ce qui devait satisfaire le maitre des lieux. En effet celui-ci pouvait se laisser aller à de fortes sautes d'humeur craintes par tout son entourage et il n'était jamais bon d'être le sujet de son courroux, voir juste le messager d'une mauvaise nouvelle.

Maintenant que la tension était redescendue, le Comte fit allusion au passé, lorsque les deux hommes combattaient côte à côte, avant que Jérôme ne reçoive son titre de Baron de la part de Grégoire. Joignant le geste à la parole, ce dernier lança la chasse en frappant les flancs de son cheval. Tout le monde se mit en branle mais le prestige de la place mitoyenne du Comte fut laissé vacante pour le baron qui s'empressa de la prendre, se mettant à la hauteur de son suzerain. Puis Grégoire entra dans le vif du sujet, n'étant pas un homme à aimer tourner autour du pot et il demanda à Jérôme comment il allait, insistant sur son nouveau titre qui l'amusait et la façon dont la ville d'Etherna avait prise sa nomination.

Il n'était pas anormal que le Comte, la cité avait été conquise par Odélian et elle était donc sous sa coupe et Jérôme était par la même occasion son vassal. De plus, deux révoltes s'étaient organisées, et le Comte avait dû monter une armée pour réprimer la dernière, la question était donc on ne peut plus légitime. Tout en se maintenant à la hauteur de Grégoire, Jérôme répondit sur un ton neutre et relâché, afin de montrer que tout allait bien

"Ma foi je me porte à merveille et cela grâce à vous, je vous en remercie encore."

Voilà pour la réponse à la première question qu'il accompagna d'un signe de tête pour montrer sa gratitude, maintenant il fallait aussi répondre à la suivante

"Je n'irais pas jusqu'à dire que la ville m'a accueillit les bras ouverts mais je dois vous dire qu'il n'y a pas non plus eu de heurts majeurs. Surement le fait que je sois ethernien y est pour quelque chose, en plus de votre dextérité à amener la prospérité sur la ville. Il y a bien eu une ou deux rumeurs sur ma légitimité mais l'hiver et le froid à calmé les ardeurs, aujourd'hui tout va pour le mieux."

Après une très courte pause, Jérôme enchaina, faisant un rapide bilan de ce qu'il était certain que le Comte savait déjà

"Suite aux accords que vous avez passé, le port de Seram ne cesse de s'agrandir, amenant chaque jour plus de personnes et plus de richesses. Etherna aussi voit des érudits faire leur apparition et intégrer la faculté de droit, les gens de bonne famille et bien élevés se bouscule presque pour avoir le peu de places disponibles. Il est maintenant fréquent de voir quelqu'un de bien vêtu se promener dans les quartiers commerçants, à la joie des négociants."

Une fois que tout ceci fut dit, Jérôme prit un air un peu embarrassé avant de reprendre

"Votre grandeur, voyez vous, j'ai quelques projets en tête qui nécessitent votre conseil avisé ou votre consentement, si vous me permettez, j'aimerais en converser avec vous".

Jérôme se donnait volontiers à l'étiquette et aux apparences mais il était aussi comme le Comte, il n'aimait pas tourner autour du pot pendant cent sept ans, c'était peut être l'un des aspects de sa personnalité qui faisait que le Comte l'appréciait.

On emprunta les grandes allées de la ville après avoir quitté le château et l’on esquiva par la grande porte Ouest afin de trouver un terrain de chasse propice dans une forêt proche d’Escault par exemple. Grégoire aurait bien aimé galoper un peu mais ce n’était pas vraiment un rythme adéquate à la conversation, alors on se contenta de trotter en regardant le paysage et conversant avec le baron.

" Ne me remerciez pas, Jerome. C’est par vos compétences et votre mérite que vous en êtes arrivé là. "

Puis le comte écouta avec attention le rapport du baron, concernant Etherna, apparemment, la contestataire se tenait tranquille et il en valait mieux ainsi. Si Grégoire avait pris à cœur la répression et le contrôle de cette ville par le passé, aujourd’hui il espérait seulement que cette citée prospère selon les plans qu’il avait eu pour elle.

" Je suis heureux de l’apprendre baron et il faudra espérer qu’une fois l’hiver passé, la situation restera la même, car vous qui êtes Ethernien, savez très les tendances de cette populace. Il serait regrettable qu’une nouvelle révolte explose et que l’ost comtal ne déplace une fois encore; le châtiment serait cette fois-ci bien moins clément que par le passé. " Avait-il dis avec mélancolie. " Mais si la citée se porte au mieux entre vos mains, me voila rassurer. " Reprenant après le baron. " Ahah, oui je dois avouer que les projets du port et de l’université ont été ma petite fierté pendant cette période que j’ai consacré à la ville et je vous le dis mon cher Jérôme, l’influence de ces deux projets va créer une expansion économique dans votre baronnie; pensez à agrandir les murs de votre citée. "

L’escouade faisait trembler le sol durci par l’hiver alors que Grégoire observait le calme qui régnait en cette saison sur la campagne. On ne voyait quasiment personne au dehors et ils n'avaient croisé que peu de monde sur les routes. Au loin, on pouvait voir quelques petits hameaux ou pittoresques baraques dont les cheminées laissaient cracher un filet de fumée grise, parfois noire qui se dissipait dans la lande. Le baron donna l’impression de rebondir sur la situation de la ville, pour placer son jeu et parler de ses projets.

" Je serais heureux de pouvoir vous conseiller ou de consentir à vos projets mais…non en fait discutons-en, je suppose que cela concerne Etherna. "

Il avait pensé à lui annoncer la triste nouvelle de la mort du roi, mais il s’était rétracté; la nouvelle pourrait attendre encore peu.

Le Comte et Jérôme conversaient pendant que la chasse continuait, ils allaient côte à côte au trot. Le paysage défilait, vaste campagne blanchit par la neige qui faisait un bruit crissant lorsque les sabots des chevaux s'y enfonçaient. Ils passèrent assez loin des masures, surement des paysans abritaient à l'intérieur vu le temps froid et la saison morte pour la culture. En même temps ils ne croisèrent, pour l'instant, pas l'ombre d'un gibier ou de quoi que soit qui puisse être chassé.

Grégoire fit un compliment à son Baron, lui signifiant que c'était grâce à ses compétences qu'il était parvenu à atteindre ce titre et non en raison de leur sympathie. Ce compliment réjouit Jérôme qui sourit en retour et remercia de nouveau d'un simple signe de tête.

Le comte exprima sa satisfaction qu'il n'y ait pas eut de heurts avec l'arrivée de Jérôme à sa tête et il expliqua qu'en cas de nouvelle révolte, il serait beaucoup moins magnanime et la répression serait cette fois ci très forte. La nouvelle renfrogna le Baron, qui, bien que fidèle à Grégoire et ayant participé aux deux châtiments passés, aimait sa région et sa ville.

"Monsieur le Comte, j'ose espérer que lorsque l'hiver sera terminé, mes actes auront finit de convaincre les plus réfractaires de ma légitimité et sinon j'agirais en conséquence."

Le ton était sombre mais clair et sans bafouillage, de toute façon, ils avaient été peu nombreux à se lever contre Jérôme et ils n'avaient pas été très virulent, du moins pour le moment.

Le Comte reprit le flot de parole et il parla de l'université et du port, deux projets qui étaient importants à ses yeux et qui amèneraient la prospérité et le développement à Etherna en ajoutant qu'il serait bon de penser à agrandir la ville. Jérôme acquiesça et Grégoire continua, semblant vouloir dire quelque chose mais se ravisant au dernier moment et invitant le Baron à lui expliquer ses projets. Celui-ci hésita un tout petit peu, se demandant s'il devait laisser le Comte s'exprimer ou si c'est lui qui devait continuer, il se décida pour la deuxième solution, voyant que son suzerain était à l'écoute

"Vous avez raison votre grandeur, c'est justement l'un des sujets dont je voulais vous faire part, j'aimerais entreprendre des travaux de fortifications pour Seram, l'importance que prend ce port pour Etherna est grande et il serait dommage de le laisser sans protection. J'ai également dans l'esprit de rajouter quelques fortifications à Etherna et l'agrandir est à l'ordre du jour vu le nombre grandissant de personnes venants prendre des cours à l'université et amenant à leur suite le lot de commerçants et d'artisans."

Jérôme marqua une pause afin de laisser Grégoire digérer les informations et il reprit

"Sinon, vous n'êtes pas sans savoir qu'Etherna dispose de blés et de laines comme ressources en plus du commerce maritime que vous avez, dans votre grande sagesse, mit en place grâce à vos accords avec le Comte de Scylla. Ce que je voulais soumettre à votre conseil et votre agrément, c'est une nouvelle possibilité, j'ai en effet connaissance d'endroits dans les collines et la petite montagne où la pierre serait abondante et qui permettrait l'extraction. Qu'en pensez vous ? L'idée vous semble intéressante ou je fais fausse route ."

Jérôme avait encore une autre demande à faire mais elle était très délicate et il préférait la faire plus tard après avoir déjà discuté de ce qu'il venait de demander.

On continuait à longer la route pour l’instant, celle-ci étant plus sur pour les chevaux ainsi que moins fatigante pour ces derniers. Cependant la couche de neige n’était pas excessivement épaisse, une partie ayant fondu légèrement avec les températures douces des derniers jours. C’était une bonne nouvelle car si le temps s’était montré moins généreux, il aurait fallu annuler cette partie de chasse et l’on aurait fait que converser au coin du feu. Cette pensée ne plut guère au comte qui n’aimait pas l’inaction et il se satisfit de la présente excursion. Il scruta la lande mais rien ne sembla bouger à l’horizon et il remporta toute sa concentration sur la discussion en cours. Il s’amusa de voir Jérôme devenant si véhément-ou du moins grave- concernant maintenant sa baronnie; c’est vrai que maintenant il était le maitre de ces lieux et il assura au jeune seigneur qu’il avait sa confiance pour gérer l’autorité de la ville. Puis il acquiesça de la tête à la plupart des paroles que venait de proférer le baron :

" En effet, le port génère maintenant des revenus importants et autant pour son aspect économique que pour la sécurité future d’Etherna la fortification de celui-ci serait une action stratégique des plus judicieuses. Veillé cependant à ce que les travaux soit réalisables, mais je suppose que vous en avez déjà discuté avec votre trésorier. Je suis ravi de d’entendre et de voir la tournure des événements ainsi que de l’expansion de votre citée. "

Son vassal marqua une pause le temps pour le comte de mieux visualiser la vision du noble et de l’accomplissement que la baronnie allait devenir, qu’elle était en train de devenir. Il profita de ce temps de réflexion pour regarder l’orée des bois, car du coin de l’œil il lui avait semblé que quelque chose s’y mouvait. Il fit prendre à son cheval (et par conséquent au reste de la troupe) cette direction pendant que Jérôme reprenait.

" Je pense que votre projet d’extraction minier ne devrait pas être un problème, j’aimerais bien que vous me montriez sur un plan vos sites et pourquoi pas un jour aller les voir en personne. Mais si vous vous sentez la capacité de ce genre d’entreprise je ne vois pas en quoi je m’y opposerais, surtout si la baronnie fait de bon prix au comté. " Dit-il souriant. Puis il prit un air plus grave. " Ahhh, mon ami j’ai une nouvelle d’importance dont j’ai été informé il y a peu. Peut-être êtes-vous déjà au courant mais si cela avait été le cas je pense que vous et moi en aurions déjà conversé. N’ayant pas de " bons " moments pour annoncer ce genre de nouvelle je vais le faire maintenant : je me vois porteur de mauvaise nouvelle en vous annonçant que le roi Trystan est mort. "

Chemin faisant, les deux principaux protagonistes continuaient de converser, Jérôme avait fait deux requêtes sur les trois qu'il avait à faire pour le moment. Le comte prit ces demandes avec intérêt et il conforta le Baron dans ses choix, pourtant il le mit en garde sur la capacité du trésor à supporter les travaux et donc la nécessité de ne pas voir trop grand et d'être rationnel avec les prétentions. Jérôme avait connu la limitation des finances dans sa jeunesse et son père lui avait inculqué la leçon de savoir calculer ses dépenses et ne pas dépasser les rentrées d'argent.

"Vous me connaissez monsieur le Comte, la première chose que j'ai faites en prenant le titre fut de me rendre au trésor et de le faire compter. Quelle ne fut pas ma surprise de voir autant d'argent réunit au même endroit, les coffres se sont remplis depuis vos accords maritimes et tous les arrivages de personnes dont je vous ai parlé. Je sais que les fonds ne sont pas inépuisables et que le travail sera long mais je pense qu'il est vital d'entreprendre ses travaux. L'apport des extractions de pierre permettra aussi d'alléger le cout puisqu'il ne sera pas nécessaire de trouver de la pierre pour la construction."

Le Comte continua son discours, allant de nouveau dans le sens de son Baron en ce qui concernait son projet d'extraction minière, ce qui ravit Jérôme qui s'imaginait déjà en train d'inspecter les carrières et l'argent qui allait en découler lors des exportations qui s'ensuivraient. Le Baron rit avec le Comte lors de sa plaisanterie jusqu'à ce que ce dernier ne s'assombrisse. Cela ne présageait jamais rien de bon lorsque Grégoire passait d'une humeur à une autre, présageant souvent une mauvaise nouvelle. Celle-ci tomba d'ailleurs immédiatement lorsqu'il annonça à Jérôme que le roi était mort.

La nouvelle fut un choc pour le tout nouveau Baron. Ses terres étaient avant celle du Comte mais celui-ci avait été mit au courant alors que ce n'était pas le cas de Jérôme. Certes il venait tout juste de prendre la tête d'Etherna et il n'avait pas encore de conseillers où d'hommes de confiance mais il était toujours frustrant de ne pas être au courant des nouvelles, surtout une aussi importante que celle-la. Le Baron ne sur que répondre immédiatement alors que son cerveau analysait et calculait les répercussions qui allaient survenir avec cet état de fait. Sa surprise ne passa surement pas inaperçu pour le Comte qui venait de changer la direction des chevaux. L'euphorie puis le choc avait laissé Jérôme en ébullition et il n'avait donc pas aperçu le mouvement que Grégoire avait vu et il ne savait pas où ils se dirigeaient. C'est dans cet état d'esprit qu'il répondit

"Le roi.....mort....comment cela est il arrivé ? Une maladie ? Un assassinat ? Un coup d'état ?"

Il reprit soudain un peu de lucidité et il posa les questions qui s'imposaient


"Monsieur le Comte, qui va le remplacer ? Et comment cela va t il se passer ? Pensez vous qu'il va y avoir des complications ou que tout se passera gentillement ?"

C'était des questions légitimes mais il savait au fond de lui que les successions de pouvoir ne se passent pas souvent de la meilleure des manières, surtout que le roi Tristan n'avait pas désigné de successeur, tout du moins à la connaissance de Jérôme. Au final, après réflexion, cela pourrait s'avérer une bonne chose (si l'on peut dire qu'une guerre civile ou des évènements majeurs sont une bonne nouvelle) pour la dernière requête que le Baron voulait faire mais il la garda pour le moment en attendant d'entendre ce que le Comte allait répondre.

Grégoire sourit lorsque le baron parla des coffres bien remplis d’Etherna car si la baronnie s’était bien enrichie, le comte avait veillé à ce qu’une partie des revenus soit reversé dans les caisses du trésor Odélian. Mais cette période était du passé depuis que Jérôme avait été élevé au titre de Baron. On continua à palabrer jusqu’à ce que le comte annonce enfin la mort du roy. A ce moment-là il put voir sur le visage du baron que la nouvelle le secouait fortement que cela soit de par la nouvelle elle-même ou de par les ramifications qu’elle engendrait. En effet la mort du souverain allait sans doute déclencher de nombreuses réactions toutes aussi diversifiées qu’ils y avaient de seigneurs sur la péninsule; les temps futurs allaient être compliqués.

" Je dois avouer n’avoir que peu de détails sur l’affaire, selon les informations qui ont été porté à ma connaissance le roi serait mort des émeutes qui eurent lieu à Diantra; émeutes qui éclatèrent notamment suite l’assassinat de la reine. Le comte de Scylla était là pour maintenir la sécurité mais apparemment il a du échouer dans cette tache. Mais ce qui est sur c’est qu’il a eu une mort violente et que la passation de pouvoir ne va pas se faire sans mal, chaque seigneur va y chercher ses intérêts et la péninsule va s’affaiblir si elle n’entre pas dans une guerre civile. La descendance du roy est trop jeune-si elle est encore en vie ?-pour prendre le pouvoir, un régent va sans doute être mis en place et qui mieux que Aetius d’Ivrey prince de sang. Son rôle dans cette histoire n’est pas défini mais quoiqu’il fasse, il va placer Odélian dans une situation délicate suite à l’alliance que nos deux régions ont contractée. J’espère qu’Etherna sera derrière nous ? "

Avait-il prononcé d’un regard interrogateur à Jérôme. Le comte ne doutait pas de la loyauté du jeune noble mais avec une nouvelle qui se profilait à qui pouvait-on faire confiance. On arriva à l’orée du bois quand Grégoire fit faire halte à la troupe et sortit un instant des considérations politiques pour se concentrer sur ce qu’il voyait entre les arbres dépouillés par l'hiver :

" Regardez ces formes qui courent dans les bois ! On dirait des maroufles que la fin poussait hors de leur tanière. L’un de mes rapports faisait état de troubles dans la région concernant une bande de brigands sévissant dans l'impunité la plus totale, peut-être est-ce les ladres que je cherchais. Jérôme écartons-nous de la chasse un instant et allons rendre la justice à ces voleurs de bétails. "

Le comte n’attendant pas de véritable réponse commença à faire galoper sa monture, alors que les quelques renégats repéré commençait à fuir ayant entendu les chevaux de la troupe.

Le Comte répondit à Jérôme et le moins que l'on puisse dire fut que les réponses n'étaient pas à la convenance de ce dernier. Le roi était décédé et c'était d'une mort violente, il s'agissait donc soit d'un assassinat, soit d'un combat mais le résultat était le même. Le fait que son épouse se soit faite assassiner et que sa descendance soit trop jeune, si elle était toujours vivante, retiraient tous les doutes qu'il pouvait y avoir sur une passation pacifique, tout du moins de ce que Jérôme savait des antécédents du même genre. Enfin une chose était certaine, c'est que quoi qu'il en pense, les évènements allaient s'enchainer et souvent rapidement et tout cela sans considération pour les états d'âmes du Baron ou sa façon de voir les choses.

Continuant d'écouter Grégoire, les diverses ramifications et possibilités ne tardèrent pas à suivre avec les suppositions que l'on pouvait faire. Ainsi le Comte de Scylla était le mieux placé pour prendre la régence (ou la suite) et par conséquent, vu les accords signés avec Odélian, la situation allait être tendu. Le Comte demanda alors à Jérôme si Etherna serait à ses côtés lorsqu'il aurait fait son choix.

Ainsi donc sa loyauté allait déjà être mise à l'épreuve à peine arrivé en place, il allait de soit que le Baron suivrait son suzerain, celui la même qui l'avait nommé et à qui il devait beaucoup en cet instant. Au fond de lui il espérait toujours qu'un dénouement moins violent serait possible mais même si c'était le cas, il fallait être paré à toute éventualité. Il répondit à Grégoire sans la moindre hésitation

"Votre cause est mienne votre grandeur ainsi que mon épée. Je saurais me montrer digne de la confiance que vous avez mise en moi et je vous suivrais, quelque soit votre décision."

Il allait enchainer sur la demande qu'il voulait faire et qui concernait les futures armées et troupes d'Etherna quand le petit groupe arriva à l'orée du bois et que le Comte stoppa tout le beau monde qui suivait pour la chasse. Cela eut pour conséquence d'arrêter aussi Jérôme dans sa requête et de l'aider à retrouver sa concentration martiale, il distingua donc, enfin, des mouvements dans le bois.

Grégoire montra à tout le monde la présence qu'il y avait et il expliqua qu'une bande de bandits sévissait dans la région. Profitant de l'occasion qui se présentait, comme tout bon stratège, le Comte écarta la chasse durant un instant et lança la charge, haranguant le Baron à la suivre au nom de la justice.

Jérôme ne prit pas le temps de voir la réaction des autres personnes, intrigants de cours ou nobliaux de basse classe mais il était certain qu'il devait y en avoir plusieurs d'apeurés et n'étant pas pressés d'en découdre. Le baron pour sa part n'était pas un novice à l'épée ou sur un champ de bataille, aussi il rangea son arc, arme pour laquelle il avait de piètres qualités et il sortit la lance qu'il avait prévu en cas de rencontre avec un sanglier. Il éperonna ensuite sa monture afin de rester au niveau de son suzerain en lançant un petit cri guerrier

"Pour le Comte, sus aux brigands"

Et voilà les deux hommes repartis comme avant, côte à côte dans la bataille

[Hrp : Je précise que le passage de fin peut être considérer comme violent pour certaines personnes notamment les plus jeunes.]

Grégoire jeta un coup d’œil en arrière pour voir qui le suivait dans son entreprise, voyant que le baron commençait à le rattraper et que deux gardes commençaient à les rejoindre, le reste de la troupe s’était mise en branle mais trainait le pas histoire de dire qu’ils suivaient le mouvement mais que l’idée de faire couler le sang d’un homme et non d’une bête, ne les enchantaient pas particulièrement. Le comte se remit d’un coup à trottiner afin d’examiner rapidement les environs, il serait un bien piètre stratège si il fonçait tête baissée dans une embuscade tel un débutant. Ne repérant rien en scrutant les lieux, il se remit en chasse maintenant accompagné par le baron qui était arrivé au niveau de Grégoire; les deux combattants poursuivant les quelques bandits présumés qui se trouvaient maintenant qu’à une vingtaine de mètres d’eux. Avec un rapide coup d’œil, ont pouvait dénombrer environ une demi-douzaine d’hommes et dépeindre la bande de pillards comme des hommes sales, vêtus de peaux de bêtes et de haillons; possédant un armement rudimentaire composée de gourdins, de couteaux et ou pour les plus lestés d’épées émoussées. Dans l’esprit du comte le jugement était déjà prononcé, ça ressemblait à du brigand, ça sentait le brigand, ça avait la saveur du brigand, donc c’était surement du brigand et la sentence était la mort.

Passant à vive à l’allure entre les arbres, le comte essaya de saisir son arbalète, tendant la corde et y plaçant un carreau, l’exercice n’était pas des plus aisé, mais Grégoire réussit assez habilement la manœuvre cependant le tir monté serait lui bien plus capricieux. Essayant de se stabiliser au mieux malgré les secousses du terrain et de sa monture, Grégoire visa la cible qu’il jugeait la plus apte à recevoir son trait et il tira. Le carreau fila à travers les arbres et manqua sa cible d’à peine quelques centimètres, passant juste au dessus de son épaule pour finir sa course en se fichant dans le tronc d’un arbre. Grégoire cracha quelques jurons face à ce tir manqué mais vu le contexte on pouvait considérer la salve comme honorable surtout pour un homme qui n’avait rien d’un tireur d’élite et qui n’affectionnait qu’assez peu les armes à projectiles. Passant au plan B, il essaya de se saisir de sa lance qui pendait sur le flanc de l’animal, gardant la pointe vers le haut, en faisant attention à ce que celle-ci ne se plante dans le sol ce qui aurait des conséquences désagréables pour la monture ainsi que pour le cavalier. Mais une fois encore Grégoire savait ce qu’il faisait, c’était un guerrier d’expérience il n’eut pas vraiment de mal à se saisir de sa " lance bâtarde " (ayant les proportions d’un pilum) et d’ajuster son tir. Tel un lanceur de javelot, Grégoire lança son arme qui après avoir voyagé quelques temps dans les airs, s’enfonça dans le dos exposé d’un des criminels; la force de l’impact le projetant en avant, finissant sa chute en embrassant littéralement le sol de la forêt. Cette action engendra une réaction sur le reste du groupe, du moins sur les plus proches de l’homme tombé (à savoir deux hommes), qui malheureusement s’arrêtèrent et se retournèrent pour voir qui avait été, touché à moins que sentant leurs derniers instants arrivés ils s’étaient mis en posture de combat.

Cela n’empêcha pas le comte qui avait mit l’épée au clair, d’effectuer un coup de travers qui alla zébrer le corps de son ennemi du ventre jusqu’à l’épaule, Accalon se repaissant de chaque centimètre de peau qui passait sous son fil. Dans le pur style dragon, Grégoire fit cabrer sa monture dans un hennissement glacial avant de sauter à bas du destrier et se dirigea la pourfendeuse au poing vers le dernier ladre qui n’avait pas continué de fuir. En parlant des fuyards, ces dernier finalement rebroussaient chemin et se jetteraient bientôt dans la mêlée, sur Grégoire en l’occurrence, qui se demanda si ils revenaient croyant avoir une chance ou simplement par vengeance. De toute manière, l’objet de ses réflexions n’avait que peu d’importance car il était à présent devant son adversaire, un type trapu et épais armée d’une épée courte dont l’état faisait peine à voir mais à voir l’éclat farouche (certains diraient pervers) dans les yeux du vilain, on savait que ce type ne comptait que sur sa force brute pour terrasser ses ennemis. C’est d’ailleurs lui qui comme un animal pris au piège fonça en vociférant sur le noble qui para le coup, puis un deuxième; les coups étaient brutaux mais l’arme n’était d’aucune efficience. Grégoire encaissa les chocs puis lorsque le bandit effectua un mouvement trop ample, le noble traversa la garde tournant sur lui-même, il passa derrière son adversaire en profitant pour lui trancher l’intérieur du genou droit.

L’homme blessé tomba à terre avant que Grégoire ne lui saisisse violemment les cheveux et ne lui tranche la gorge d’un coup sec. Un son guttural fut produit dans la bouche du bandit qui se mourrait pendant qu’un liquide vermeil s’échapper d’un coup désormais pourvue d’une plaie béante, commençant à se répandre sur une chemise déjà sale. Le comte relâcha son étreinte sur la tignasse qui l’avait dans la main et le corps tomba lourdement sur un tapis de feuilles mortes humidifiées par la récente fonte de neige, pendant que la nouvelle vague d’opposants-on en comptait cinq- n’était plus qu’à quelques pas du noble remit en garde.

Jérôme avait lancé son cheval au galop afin de rattraper le Comte qui avait prit de l'avance. Ce dernier, plein d'expérience, regarda en arrière pour s'assurer que le groupe avait suivit et qu'il ne se lançait pas seul dans un combat qui deviendrait alors inégal. Il ralentit sa monture, ce qui permit au Baron de le rattraper et c'est ensemble qu'ils pénétrèrent dans l'orée de la forêt, tous les deux à l'affut des brigands qui s'enfuyaient devant le groupe qui était trop nombreux pour pouvoir les dévaliser.

Une rapide analyse amena le constat que la bataille était à l'avantage des nobles. En effet, les personnes leur faisant face étaient constituées d'un groupe, certes un peu nombreux, mais disparate d'hommes crasseux et non revêtu d'armures. Ils portaient des peaux et des haillons dignes de mendiants et leurs armes semblaient tellement émoussées et rouillées (pour celle en fer) qu'il serait plus probable de mourir du tétanos que de succomber à une coupure profonde. Toutefois il fallait toujours se méfier des bêtes sauvages acculées car elles étaient dangereuses et la stature de certains était identique à des colosses habitués à la violence.

En entrant dans la forêt, Jérôme ralentit instinctivement son cheval, de peur de se prendre une branche basse qui le désarçonnerait. Cela eut pour incidence de laisser le Comte partir seul en avant car lui même n'avait pas diminué la cadence du sien. Grégoire lâcha un carreau d'arbalète qui n'atteignit pas son adversaire puis il lança une sorte de pilum qui fit mouche dans le dos d'un des brigands en fuite. Cette réussite amena une réaction de la part des protagonistes qui décampaient devant la charge, ils se retournèrent et décidèrent finalement de faire face et de se défendre.

Toujours dans sa lancée, le Comte sortit son épée et il asséna un coup magistral au pillard le plus proche. Grégoire descendit de son cheval pour continuer la lutte au sol. Jérôme put donc le rattraper et même le dépasser, le perdant ainsi de vue dans son combat, et il chargea les cinq rescapés qui se dirigeaient vers son suzerain.

Visant avec précaution de sa lance, il perfora littéralement l'un des brigands, le traversant au niveau du ventre. Il lâcha son arme avant qu'elle ne le déséquilibre ou ne le fasse tomber de sa monture et il jura intérieurement de ne pas avoir prit une épée à une main pour continuer le combat à cheval. Bien que n'étant pas expert au maniement de lames courtes et préférant largement sa précieuse flamberge, il est évident qu'il est très compliqué de se battre sur un cheval avec une arme à deux mains, Jérôme sortit donc espérance, sa fidèle flamberge, qu'il tenait dans son dos. Les quatre derniers survivants essayèrent de l'entourer et il se servit de sa monture en la faisant ruer et tourner dans tous les sens afin de les tenir à distance. Il réussit à sortir de l'encerclement et il descendit promptement de son cheval.

Enfin stable sur ses pieds et dans une meilleure posture pour le combat à deux mains, il fit face à ses adversaires sans sourciller, se rappelant tout de même qu'il n'avait pas d'armure sur lui. Les yeux fixés sur la lame ondulée qui semblait les tenir en respect, les pillards marquèrent un temps d'arrêt, surement se demandant lequel allait attaquer en premier ou se demandant s'ils pourraient coordonner une attaque simultanée.

Ne pouvant se permettre de se faire acculer par tout le groupe, Jérôme profita de cette légère confusion pour donner l'assaut, courant vers le plus proche. Le pauvre était armé d'un bâton et lorsque la longue épée frappa en un coup horizontal venant sur sa droite, il mit tout naturellement son arme sur le côté pour se protéger et parer le coup. Grossière erreur de non combattant car vu le poids de la flamberge et l'état délabré du bout de bois, ce dernier se cassa comme s'il s'agissait d'une brindille et la lame continua son chemin à travers les vêtements troués, la chair et les os, traçant un large sillon au dessus de la hanche du malheureux jusqu'à son nombril.

Le pillard tomba à genou, le sang s'écoulant de la blessure mortelle, le Baron posa un pied sur le brigand et il dégagea sa lame, se remettant immédiatement en position de défense en cas de réplique de la part du reste des bandits. Ceux-ci n'étaient plus qu'au nombre de trois, ils semblaient désespérés mais ils n'avaient plus aucune échappatoire et ils s'apprêtèrent donc à vendre chèrement leur peau mais la chance n'était décidément pas de leur côté car les deux gardes les plus rapide du groupe venaient d'arriver. Ils avaient mit pied à terre et ils se placèrent devant le Baron afin de faire leur office de protection, ils furent suivit par le reste de la bande qui les encerclèrent à leur tour.

Au final, le combat avait été de très courte durée, les échanges ayant été très rapide. L'issue étant définitive et sans équivoque, il n'intéressait plus le Baron qui se tourna vers Grégoire afin de voir où il était. Le comte se trouvait toujours au milieu du carnage qu'il avait provoqué, ayant occis à lui seul trois ennemis. Jérôme essuya la lame de sa flamberge sur un des malheureux au sol et il s'approcha de son suzerain

"Belle bataille et grande victoire votre grandeur, une bande de canailles en moins pour dévaliser les braves paysans"

Alors qu’il était en garde prêt à faire face à cette nouvelle série d’adversaires, il se demanda un instant où étaient passés les hommes qui chevauchaient derrière lui. La réponse ne se fit pas attendre et il vit surgir la monture du baron qui fonça sur les assaillants, lance au poing afin d’en empaler un. Jérôme fut suivit de près par les deux gardes et quelques minutes plus tard, le reste de la troupe était rassemblée, autour des derniers survivants qu’ils ne le restèrent pas bien longtemps. De toute évidence, ces renégats étaient dépassés, autant de manière numérique mais aussi tactique et ne parlons pas de leurs compétences. Il y aurait pu y avoir des surprises, mais l’issue d’un tel affrontement était inéluctable et pendant que l’on finissait le travail, le comte essuya son épée et se demanda si elle était bien la bande dont le rapport parlait et si ils étaient au complet. Il ne pourrait pas pousser son investigation plus loin, puisque déjà le dernier des bandits tombait à terre emportant un quelconque renseignement dans la tombe. Le baron s’approcha :

" Belle bataille et grande victoire votre grandeur, une bande de canailles en moins pour dévaliser les braves paysans. "

Rangeant Accalon dans son fourreau, Grégoire jaugea Jérôme et les paroles qu’il venait de proférer. Bien sur, la racaille avait été éliminé et cela sans aucun faux pas ni de blessures voire de morts dans le camp de la noblesse. Cependant comme le comte l’avait déjà pensé, la victoire paraissait acquise d’avance et la louer avec tant de ferveur, lui sembla légèrement exagéré, néanmoins il se para d’un petit sourire un peu amère tout en répondant à Jérôme :

" Effectivement, les routes de la région seront un peu plus sur ce soir. Dommage que nous n’ayons pas gardé l’un de ces marauds en vie, il aurait pu nous donner quelques renseignements d’un certain intérêt. En selle, notre chasse nous attend, notre journée ne va pas se laisser entacher par cette incident, De plus je pense que notre conversation a été interrompu. "

Il fit donner des instructions pour que l’on aille quérir une troupe de gardes qui viendrait chercher les corps des gredins et que l’on les crucifie sur la route la plus proche afin qu’ils servent d’avertissement aux scélérats de tous poils qui essaieraient de sévir dans cette partie du comté. La troupe reprit donc la route (certains pas vraiment enjoués après ce petit massacre et qui auraient surement préféré revenir au château après cet incident morbide) à la recherche d’un gibier. Grégoire était pensif, réalisant qu’après cette chasse à l’homme, la prochaine proie aurait une saveur bien terne devant l’excitation que l’événement précédent avait déclenchait chez le comte. Il reporta son attention sur son ami afin de reprendre là où il s’était arrêté.

" Après cette expédition punitive j’avoue ne plus savoir, où notre conversation fut interrompue, vous rappelez-vous de nos dernières paroles ? "

Les brigands étaient un fléau pour le peuple et même plus s'ils allaient jusqu'à tuer leurs victimes, aussi Jérôme avait toujours un sentiment de réussite quand il réussissait à débarrasser le monde de ces renégats. Et pourtant il savait aussi que nombre de bandits ne l'étaient pas forcément de leur plein grès, mais cela était une autre histoire.

Les gardes ne firent pas de quartiers non plus lors de leurs combats, cela ne manqua pas de chagriner le Comte qui n'en montra tout de fois aucun signe si ce n'est l'allusion qu'il fit et la petite moue amère qui s'installa sur son visage avant de disparaitre aussi vite. Le Baron était d'accord sur ce point, il était toujours intéressant de pouvoir interroger quelqu'un afin d'en savoir toujours plus, le savoir c'est le pouvoir.

Grégoire relança la chasse et Jérôme alla voir l'état de sa lance. Celle-ci n'était plus en état de servir, tant pis si le groupe croisait un sanglier, ce ne serait pas le Baron qui l'aurait. Laissant le travail de rangement et de nettoyage aux hommes que le Comte venait de faire mander, Jérôme remonta en selle et se prépara à continuer ce pourquoi il était la. Une fois revenu à hauteur de Grégoire, ce dernier revint à la conversation qu'ils avaient avant l'interruption. Jérôme savait exactement où ils en étaient mais il fit semblant de remettre ses idées en place avant de répondre

" Nous parlions des conséquences de la mort du roi. Votre grandeur, vous n'êtes pas sans connaitre la situation depuis ces dernières années. Les hivers rigoureux, les pillards sur les routes et maintenant les troubles qui ne manqueront pas de survenir. Je vous demande l'autorisation de remonter une armée à Etherna !" il marqua une courte pause "Je sais que vous avez déjà eu des difficultés avec la région mais cela permettrait d'avoir déjà une armée prête à vous soutenir dans vos entreprises, vous savez qu'il faut du temps pour entrainer des hommes, il sera donc trop tard si nous attendons trop longtemps, il faut que nous soyons prêt et non que nous subissions. De plus, les routes seront mieux surveillées et la sécurité sera accrue dans la région, les chemins ont besoin d'être protégés pour le bon déroulement du commerce. Je vous conjure d'accéder à ma requête, vous ne le regretterez pas."

Le Baron espérait que les circonstances, accompagnées de la petite escarmouche (si l'on pouvait appeler l'accrochage avec les brigands comme cela) joueraient en sa faveur. Il laissa le Comte encaisser cette demande qui était aux yeux de Jérôme très importante puis il revint sur le sujet brulant de la mort du roi, il posa quelques questions à Grégoire

"Monsieur le Comte, concernant nos voisins, savez vous comment ils se positionnent ? le Marquis, je ne l'ai jamais vu encore, avez vous des nouvelles ou des instructions de sa part ? Et les autres seigneurs, connaissez vous ceux qui se rallieraient ou ceux qui vont vouloir en tirer profit ?"

Jérôme n'était pas dénué de sens pratique, ni de cerveau mais puisqu'il était en compagnie du Comte, autant profité de son conseil. Celui-ci était mieux placé que le Baron pour connaitre les nobles de hauts rangs et leurs volontés ou ambitions.

On reprit la chasse, le convoi se remit en route, faisant avancer leurs montures au pas. Le comte scrutait les environs mais il pensa qu’avec le remue-ménage qu’ils avaient provoqué dans les environs ils ne trouveraient pas d’animaux dans les parages. Il se demanda si cette chasse avait été une bonne idée étant donné la saison et il se demanda si de toute manière, cette sortie avait vraiment été motivé pour le plaisir de la chasse et non pas pour avoir une discussion à dimension politique avec le nouveau baron. Profitant à merveille de l’échauffourée qu’ils venaient d’avoir, le baron prit en exemple cette situation tel un tacticien afin d’aborder le sujet des armées et des forces etherniennes.

Le comte lança un regard sombre à Jérôme, ce dernier d’ailleurs savait très bien que le sujet ne serait pas facile à aborder. Grégoire réfléchit pendant que le noble marquait sa pause, laissant à Grégoire le temps de se faire à l’idée d’une Etherna de nouveau armée et prête à combattre. Grégoire avait dû calmer cette baronnie par deux fois (et cela sans compter sa conquête, lorsque son frère était allé conquérir et châtier sa voisine) et l’idée que ce territoire puisse de nouveau lui causer des problèmes, ne l’enchantait guère. Néanmoins, le baron avait des arguments convaincant, il était vrai qu’en ces temps troublés, il ne pouvait se passer d’armée, pour faire régner la paix sur sa région et Odélian ne pourrait–en cas de guerre-protéger la baronnie et le comté. De plus, une armée supplémentaire sous le commandement d’un homme dont il avait la loyauté et la confiance pourrait s’avérer utile en cas de conflit qu’il soit local ou généralisé. Il avait pesé le pour et le contre et décida d’accorder sa confiance à Jérôme :

" Vous semblez bien avoir préparé votre sujet mon cher ami, un vrai traquenard et j’en viens même à me demander si vous n’avez pas organisé ce combat dans les bois pour donner plus de poids à vos idées. " Il sourit au baron tout en cherchant sa réaction, car finalement ses pensées n’étaient pas si dénuées de sens. " Mais j’ai confiance en vos qualités, sinon vous ne seriez pas à côté de moi aujourd’hui, je suis donc enclin à ce que la baronnie possède de nouveau une armée qui rendra pérenne la sécurité et l’économie de notre région. " Il enchaina sur la question de l’état actuel de la péninsule. " Non, je n’ai que peu de nouvelles des autres seigneurs. Le marquis semble aussi absent et apathique que son prédécesseur et je ne sais pas qui a déjà eu vent de la nouvelle à part le baron d’Alonna, Hanegard Kastelord; à qui j’ai proposé de discuter de cette affaire mais dont la réponse a dû se perdre en route. Ne nous le cachons pas, le nord a toujours revendiqué une certaine indépendance face au pouvoir royal et je pense que pour certains cela ne changera pas. Quant aux médians et aux sudérons, qui peut savoir, je vous avoue moi-même ne pas savoir comment la succession va s’organiser. Si la progéniture de Trystan 1er est toujours vivante et que le prince de sang, Aetius d’Ivrey prenne la régence le temps que son neveu puisse gouverner, je suppose qu’Odélian lui apportera son soutien. "

Ce long discours lui donna soif, se saisissant de son outre, il s’envoya quelques gorgées de vin dans le gosier, avant de s’essuyer le coin de la bouche avec sa main ganté. Se doutant que Jérôme voudrait réagir, il se tut tout en cherchant la trace d’un quelconque gibier.

" Vous voyez quelque chose bouger sur cette contrée ? "

Le regard du Comte lorsque le Baron demanda une armée aurait pu réduire au silence un grand nombre de nobles, il était noir des anciennes blessures infligées par Etherna. Pourtant Jérôme eut le courage de continuer car il savait que sa baronnie pouvait dépendre de son armée et surtout de ses choix. Etherna s'était rebellée par deux fois mais elle avait maintenant un de ses fils à sa tête et il ferait tout pour que la baronnie qui était maintenant la sienne sorte de la violence et des guerres et que son peuple ne souffre plus, c'est pour cela qu'il fallait que son projet arrive au bout. C'est cette idée qui poussa Jérôme à exprimer son souhait et à établir tous les arguments qu'il avait trouvé, ajoutant ceux (inattendus) qui venaient renforcer sa position.

L'œil sombre de Grégoire s'estompa, au soulagement du Baron et il prit la parole en commençant pour une boutade et un sourire. Jérôme rit en retour et en même temps que l'apaisement s'emparait de son être, la tension était montée à un très haut niveau et elle semblait s'atténuer. L'atmosphère se réchauffa autour de l'éthernien malgré le froid hivernal. Au bout d'un moment qui sembla une éternité à Jérôme, Grégoire lui donna sa bénédiction pour remonter une armée. Le Baron s'inclina sur sa monture devant son suzerain

"Je vous remercie, votre grandeur, vous n'aurez pas à le regretter je choisirais chaque officier moi même, je testerais leur fidélité et vous savez que la mienne vous est acquise. Odélian et Etherna, côte à côte, seront plus fortes pour affronter les évènements à venir, nous ne serons pas à prendre à la légère en cas de conflits."

Le Comte enchaina sur la situation politique et les Seigneurs, ses propos étaient à la limite de la sédition lorsqu'il parla du Marquis et des têtes auraient pu tomber pour moins que cela mais personne d'autre que Jérôme ne pouvait entendre et ce dernier n'irait pas à l'encontre de son suzerain, surtout que ses paroles n'étaient pas dénuées de réalisme. Apparemment Grégoire ne savait pas comment les chefs des autres Comtés ou Duchés allaient réagir. C'était incroyable de constater qu'un royaume censé être uni pouvait se révéler l'opposé. Il semblait à Jérôme que chacun faisait un peu ce qu'il voulait dans son coin sans se préoccuper de son voisin si ce n'est lorsque celui-ci montait une armée. Le pire était que même la marquisat n'était pas soudé, le Comte lui même n'avait aucune estime en son suzerain le Marquis et il n'avait aucune main mise sur les deux baronnies qui lui devaient allégeance. Comment tout cela avait il pu en arriver à ce point, c'était une question complexe. Jérôme était fraichement installé à la tête d'Etherna et il n'avait pour l'instant aucun soutien autre que Grégoire. Pire, bien que noble, il n'était pas connu des autres Ducs, Comtes et Barons, il faudrait que cela change.

Le Comte finit en expliquant que la succession dépendait de la survie des enfants de Trystan 1er. Jérôme se retrouva en train de prier Néera intérieurement que cela soit le cas, ce serait plus légitime que le Comte de Scylla prenne la régence en attendant la majorité du petit que de prendre la place du roi même si le sang était en sa faveur.

"Qu'il est frustrant d'être dans l'attente, je préfère l'action et de connaitre la direction à prendre. Si le marquis ne prend pas les choses en mains, qu'allez vous faire ? après tout c'est vous qui dirigez Serramire juste après lui. Comptez vous dicter vos choix aux Barons du nord et leur rappeler leurs serments ?"

Il faudrait que Jérôme se fasse aux intrigues de toutes sortes, il n'aimait guère cela mais il semblait que c'était inéluctable lorsque l'on était noble, les alliances et les trahisons courraient les rues. Tout le monde était en attente ou ils devaient préparer en secret des accords pour renforcer leurs positions. Le Baron se demanda la ligne de conduite qu'allait choisir Grégoire mais celui-ci lui en parlerait il même s'il avait déjà pris des décisions ?

Le Comte demande ensuite si quelque chose bougeait, Jérôme regarda autour de lui, la chasse paraissait bien compromise

"Absolument rien monsieur le Comte, pourtant cette chasse n'aura pas été vaine même si nous rentrons bredouille et nous avons au moins porté votre justice sur ce petit groupe de brigands."

Ils auraient pu discuter au château en restant au chaud mais il y avait aussi moins d'oreilles indiscrètes en étant sur son cheval qu'entre des murs.

Grégoire n’était pas porté sur la politique et sur les intrigues de cours. Il était un combattant, un guerrier qui avait passé la plupart de son temps sur un champ de bataille, exécutant ce que ses pairs attendaient de lui. A la mort de son frère, il avait dû reprendre le comté en main et se familiariser avec des méthodes nouvelles telles que la diplomatie, la subtilité du jeu politique, etc… des notions bien éloignées de cet homme simple (certains diraient rustre) du nord. Vous l’aurez compris, Grégoire ne s’intéressait pas aux intrigues qui se déroulait dans le royaume des hommes (et encore moins en dehors) mais étant devenu comte il avait le devoir de se pencher les événements importants de la péninsule, surtout si ceux-ci pouvaient avoir des conséquences désastreuses.

Il offrit un regard approbateur au baron qui le remerciait de la confiance qui lui accordait puis Grégoire écouta attentivement Jérôme qui pestait contre le manque d’unification du royaume, le manque de communication et l’incertitude de l’avenir. Il comprenait bien les sentiments de son vassal, ils étaient tous deux des hommes habituellement d’actions qui devaient prendre un tempo plus lent, s’adapter au rythme d’un système plus mesuré et même si le comte avait plutôt réussi la transformation, il ne se sentait pas complétement à l’aise avec la nouvelle cadence.

En tant que Mentor de Jérôme, il donna son point de vue sur la situation avec la franchise usuelle dont font preuve les seigneurs du nord mais aussi les gens d’armes (il jeta cependant un coup d’œil derrière lui, afin de vérifier que certains n’écoutaient pas avec trop d’attention la conversation des deux nobles) :

" Je comprends votre impatience et le manque de cohésion qui règne sur le territoire. C’est surement dans une optique d’unification du territoire qu’Odélian supportera le pouvoir royal afin d’éviter l’éclatement. Cependant baron je ne vous apprendrez rien en vous énonçant que les nobles du septentrion sont de farouches indépendantistes, répugnant à l’autorité exception faite de celle du roi. Avec un roi absent et maintenant mort et un marquis imitant à la perfection son souverain, le marquisat est livré à lui-même. Oësgard et Alonna sont des chiens de gardes, des bêtes utiles en tant de guerre mais dangereuses en tant de paix, gavé d’hommes, ivre de pouvoir et d’indépendance; seul l’économie est la chaine qui les maintient tranquilles. Je ne vois pour l’instant l’intérêt de tirer sur la bride, sans parler du fait qu’ils sont nos frères, mais s’il y a conflit, il faudra bien plus que les forces d’Odélian et d’Etherna pour les museler. "

Ces paroles étaient assurément froides voire même insultantes pour bien des personnes, cependant elles brossaient un tableau assez proche et exact de la réalité. Seul maintenant le temps et l’énergie (ou l’apathie) des nobles de la péninsule donneraient un dénouement à cet épisode. On reprit un sujet plus trivial et qui de base devait être le sujet principal de cette sortie : la chasse. Grégoire hocha distraitement la tête lorsque le baron parla du " lot de consolation " qu’ils avaient eu si la chasse s’avérait infructueuse. On continua pendant quelques heures à parcourir tranquillement la plaine, scrutant la trace d’un animal que le destin aurait mis sur la route de nos chasseurs, mais aucun gibier ne se montra et fatigué de cette recherche la troupe rentra bredouille en quête de chaleur et d’un bon repas.