/Mise en page en cours aussi/
.:Nom/Prénom : Viyers Bartimeus dit Barti'
.:Âge : 33 ans
.:Sexe : Mâle
.:Race : Humain
.:Particularité : A la suite d'un malheureux accident impliquant un cadavre bien frais, quelques verres de liqueur en trop et une fourchette excessivement pointue, le bras droit de Barti' est plus ou moins... Mort. Pour être exact, si la chair ne se putréfie pas, le système nerveux de ce membre semble tout simplement rompu tant et si bien qu'il a perdu tout sens du toucher à cet endroit. Et, si la possibilité de plonger la main dans l'eau bouillante sans sourciller peut avoir ses avantages, cela cause aussi une paralysie partielle. Afin de se faire se mouvoir ce bras, Barti' est obligé d'utiliser une infime partie de son pouvoir nécrotique en insufflant l'énergie dans propre chair.
Il est aussi à noter que notre hérétique en herbe souffre d'une forme avancée d'insomnie, probablement dûe à sa pratique excessive de la magie, ce qui n'arrange pas vraiment sa santé mentale déjà discutable.
Enfin, Bartimeus est d'une pâleur presque cadavérique, un détail qu'il dissimule grâce à un onguent qui fait paraître sa peau plus colorée qu'elle n'est réellement sans pour autant se sentir au toucher.
.:Alignement : Chaotique Mauvais
.:Métier : Médecin de Cours/Conseiller du seigneur d'Erac/Nécromancien et même précepteur les jours de pluie... J'ai des journées chargées nom d'un osselet
.:Classe d'arme : Magie [Necromancie]
.:Équipement : Barti' passe le plus clair de son temps à jongler entre sa vie quotidienne et ses loisirs nocturnes, passant du statut de sauveur de vie plus ou moins respecté à celui de moissonneur de vivants, en conséquence, il possède une garde de robe fournie pour continuer à jouer les deux rôles. Ironiquement, son costume de médecin est presque plus extravagant que son "uniforme" de nécromant. Ce dernier consiste en une robe de mage au couleur sombre ornée de pourpre, accompagnée d'une capuche et d'un masque dissimulant la moitié de son visage.
Son accoutrement médical, de son côté, est bien plus riche et extravagant : Fourrures et vêtement en tissu fin se disputent la vedette à une longue cape noire d'ébène. D'après l’intéressé, tout ce fratras assez peu pratique est bon pour "Coller à l'image fantasque que la populace a des docteurs", après tout, il ne voudrait pas décevoir son public, plus confiant envers les guérisseurs que les hommes de science.
Bartimeus ayant la possibilité de déléguer à ses macchabées zelés tout ce qui concerne le contact, le mage noir n'a ni l'envie ni l'utilité de s'encombrer d'un lourd arsenal. Les seules armes qu'il porte sur lui ne sont autres que son matériel médical qui comporte, il faut l'avouer, une jolie palette de scalpels et de poignards de taille différentes. Puisque après tout "On est jamais trop équipé quand il s'agit d'ouvrir un thorax peu coopératif n'est-ce pas ?". Ah et puis une petite pelle aussi, sait-on jamais qu'il y ait quelque chose à déterrer.
.:Description physique :.
Un noble ? Un bourgeois ? Un saltimbanque échappé d'une quelconque foire ? Il paraît parfois bien difficile de définir du premier coup d'oeil à laquelle de ces catégories appartient le nécromancien tant son accoutrement et son maintien s'emploient activement à se contredire les uns les autres.
Lorsque un regard se pose sur notre nécromant chéri, du moins lorsqu'il n'est pas en train de découper quelqu'un, la première chose qui frappe l'oeil, c'est sa taille : Barti' est grand, dépassant d'une demi tête la plupart de ses congénères et sa silhouette élancée lui donne une carrure plus elfique qu'humaine. Ses membres sont fins, presque délicates et ses muscles, discrets, sont tous juste esquissés. Sa main droite par ailleurs n'est que rarement visible, négligemment enfoncée dans une poche tout le jour durant pour des raisons obscures.
Certains diraient que Barti' est bel homme, un détail dont il n'a lui même pas conscience. Ses traits sont fins et son visage paraît passer au travers des griffes du temps, toujours aussi frais que lors de ses jeunes années malgré les hivers qui défilent. Cette figure est cerclée par de longs cheveux noirs de jais, tombant jusqu'aux épaules et dont les reflets bleutés rappelent le plumage d'un corbeau, ce qui, ironiquement, lui correspond fort bien. Plus bas sur le faciès, ses yeux, véritables fenêtres vers son esprit, brillent d'une étrange teinte saphir, teintée de violet, tandis que dans son regard danse des lueurs aussi changeantes que leur propriétaire. Tantôt froid et perçant, tantôt malsainement enthousiaste, le regard du nécromant possède une force de persuasion non négligeable. Ses mirettes acérées semblent percer les individus jusqu'à leurs secrets les mieux enfouis et s'il déshabille du regard sans cesse, il est loin de s'arrêter aux vêtements, épluchant chaque passant comme il le ferait scalpel en main. Etoffes, épidermes et autres muscles sont délicatement effeuillés. Ceux qui le fixent ont bien souvent l'impression de n'être plus qu'un misérable rat de laboratoire, osculté jusqu'aux tréfonds de leurs organes avec une insistance angoissante. Et ce n'est pas loin de la vérité : les humains ne sont à ses yeux que des assemblages de muscles et de tendons, des bouts de viande doté d'une mécanique complexe qui ne demande qu'à être étudiée.
Mais plutôt que sa stature ou son visage de courtisan, c'est sans nul doute l'aura qu'il dégage qui interpelle. Barti' est homme de science, et chaque détail de son être semble dévoué à le confirmer. Le moindre de ses pas est teinté d'une élégance et d'une droiture propre à la noblesse tout en laissant transparaître une excitation fébrile quand vient le temps d'entrer en fonction. De tout son corps transpire une haute opinion de sa personne, ainsi qu'une confiance absurde en ses propres talents.
Ce qui vient rompre ce tableau imposant, c'est son accoutrement. Bien décidé à préserver le folklore propre à sa profession Barti' n'est pas de ceux qui aiment faire dans la discrétion vestimentaire : Extravagant, coloré et surtout voyant, son costume d'apothicaire a de quoi faire pâlir ceux de certains hommes de foire. Ensemble couteux d’étoffes couleur de nuit aussi couteuse que fragile et de pièces d'armures représentant les visages grimaçants de dragons cornus, le docteur semble sortir droit d'une autre contrée. A cela s'ajoute des etoffes de fourrure et une ceinture couleur rubis, sans parler de la longue cape traînante qui se fait un devoir de prendre toute la poussière dans son sillage.
L'origine de l'ensemble ? Aucune idée, il l'a découvert dans les armoires de son ancienne demeure et, prit d'affection pour le confort surprenant de l'habit, le gardé depuis lors. Les pièces de métal laissent supposer une utilisation guerrière, mais le poids et la finesse de ces dernières en font plus des ornements que de véritables protections.
Tout ceci n'est hélas que la face immergée d'un icerberg, le reflet déformé d'une réalité bien plus cruelle.
Le véritable Barti' est bien loin du "charmant" jeune homme qu'il est en plein jour, c'est plutôt une fleur fânée enjolivée par des artifices. Le teint de pêche du nécromant par exemple n'est dû qu'à un produit aux propriétés quasi miraculeuse d'un onguent fait maison. Sous la fine couche de produit chimique, Barti' est d'une pâleur cadavérique, l'influence de la magie ayant depuis longtemps chassé toutes les couleurs de la vie de son faciès. Ses yeux, s'ils ne perdent pas leur éclat, sont entourés de lourdes cernes noir, signe d'un homme qui n'a plus connu les douceurs du sommeil depuis des lustres et dont l'esprit perpétuellement éveillé a eut tout le temps de griller.
L'aura d'homme cultivé qu'il dégage en général se transforme bien vite en celle d'un meurtrier baigné par la démence et la sensation de froid qui l'enveloppe ne fait que s'accroître lorsqu'enfin il peut se permettre de lâcher les brides de son potentiel magique. Et, s'il paraît bien maigre, son bras droit dépossédé de toute énergie se révèle posséder une force admirable, libéré qu'il est de toutes les contraintes physiques imposées par son cerveau.
En lieu et place des cape et autres tenues de soie, il rêvet alors un "uniforme" plus approprié à ses "loisirs" nocturnes. Longue robe de mage aux teintes grisâtres a laquelle s'ajoute couleur de jais, des couleurs qui, selon ses propres mots, lui vont bien mieux au teint. Son visage, quand à lui, est dissimulé sous une longue capuche aux bords carmins et un long foulard se charge de cacher toute la partie inférieure de son visage. Killing free, ready, go !
.:Description mentale:.
Bartimeus est un individu à deux facette : Celle qu'il dévoile au monde, et celui qu'il est vraiment.
De jour, Barti' est vu et agit comme un médecin, un homme de science qui use de scalpels et de remèdes plus que de magie pour venir à bout des mals qui habitent le corps de ses patients. Si de telles pratiques sont parfois vues d'un oeil méfiant, voir carrément hostile par la population, il n'en reste pas d'une efficacité certaine. En effet, Barti' est un expert de son domaine et s'il ne s'agit pas là de sa vocation profonde, ses connaissances en anatomie humaine en font un médecin ayant faits significativement moins de victimes que la plupart de ses confrères... ce qui ne l'empêche pas de largement remonter au score hors de ses heures de service bien entendu. En publique, Barti' est un individu assez extravagant, cynique face à la plupart des conventions sociales et religieuses mais honnête autant dans son franc parlé que dans sa manière de faire. Bien loin d'être timide, le nécromant n'a pas sa langue dans sa poche et, s'il fait de son mieux pour agir comme un gentleman, il passe bien plus souvent pour un individu étrange, ayant un regard très désinvolte sur la mort qu'il côtoie à longueur de journées. C'est un bon vivant, qu'il n'est pas rare de retrouver les fesses attachées au comptoir d'une taverne, un verre de gnôle à la main dans des trous réservés au bas peuple. En effet, bien qu'originaire de la bourgeoisie et faisant partie d'une minorité de gens éduqués, le nécromant n'a jamais eut le moindre intêret pour les normes imposés par la société. Les notions de noblesse lui passent largement au dessus de la tête et s'il en comprend le concept sur papier, il n'a jamais pu en appréhender la véritable signification. Après tout, c'est assez dur pour quelqu'un qui juge davantage les gens à l'état de leurs organes internes qu'autre chose de saisir qu'un gugus est d'une caste supérieur.
Il n'en reste pas moins un esprit fin et plus clairvoyant que la plupart sur les cruelles vérités qui régissent ce monde, et ses conseils sont plus avisés qu'on pourrait croire au premier abord. S'il n'a aucun attrait pour la politique, il en connait les rouages les moins glorieux.
Il agit de façon extravagante et décomplexée, accueillant tous les tracas du quotidien avec un zele et un sang froid déroutant, il a même bien souvent l'air de s'ennuyer terriblement. Comme s'il attendait quelque chose d'autres...
En fait, on pourrait tout simplement dire que c'est un type bien, parfois arrogant et sarcastique mais pas spécialement dangereux, attaché aux valeurs des siens et à la justice, lui qui accepte n'importe qui dans son cabinet sans réclamer de fortune. Car là où Barti' se distingue de beaucoup de ses confrères charlatans, c'est qu'il ne semble pas du tout attiré par l'argent mais plutôt par l'amassement de connaissance. Ceux qui le côtoient régulièrement remarquent cependant bien vite quelques aspects plus perturbants de sa personnalité et la flamme de passion qui danse dans ses yeux lorsqu'il opère semble animée par quelque chose de plus brûlant que le simple amour du travail bien fait. Il brûle d'une soif de connaissances insatiable et il paraitrait que ses expériences n'ont rien de très sympathiques... Et puis, est-ce moi où il fait toujours un poil plus froid autour de lui ?
Bon ça, c'était pour le masque, passons maintenant à ce qu'il est vraiment. Résumé simplement, Bartimeus est un meurtrier, un psychopathe comme le monde des hommes n'en compte heureusement que peu. Là où la plupart des tueurs ont derrière eux des raisons allant de la vengeance, au simple attrait du gain en passant par la défense de son honneur, le nécromant n'a tout simplement aucune raison d'agir comme il le fait. Il tue par simple plaisir, pour le défoulement qu'étriper des innocents lui procure et le plaisir malsain qu'il en retire. Il aime être un individu mauvais, et sort toutes les nuits faire passer la frustration engendrée par ses journées interminable à se faire passer pour un gentil monsieur. Egoiste, manipulateur, sadique, violent, cynique, sarcastique, d'un sens de l'humour foireux et denué de toute pitié, la liste des défauts du nécromant ne tiendrait pas dans un bouquin entier. Il ne songe qu'à lui même et à sa propre satisfaction sans réfléchir un instant aux conséquences de ses actes sur autrui.
Pour tout dire, Barti' est plus joueur qu'autre chose et son unique but dans l'existence semble être de s'amuser. Le problème, c'est que justement il considère que les carnages sont très amusants, et il prend son pied sans retenue, plus c'est trash mieux c'est. En fait, à l'écouter, il n'a même pas l'air au courant de ce qu'on lui reproche.
Bartimeus a un regard très ironique sur la vie, et les vivants en général puisqu'en tant que nécromant il sait que ce que ces hommes ont passés leur vie à construire, grâce à lui, ils passeront leur mort à le broyer. De fait, la vie humaine n'a tout simplement aucune valeur à ses yeux, et tuer lui apparait plus comme un jeu que comme un acte condamnable : il ne fait que mettre fin à un voyage stupidement bref et éphémère de l'existence pour les envoyer à l'étape deux, qui est quand même bien plus définitive et fun. Les concepts d'amour et de camaraderie sonnent étrangers à ses oreilles, non pas qu'il les méprise, mais tout simplement qu'il ne les comprend pas. Il a tout simplement bien vite remarqué que se faire aimer et bien plus pénible à obtenir que de simplement tuer tout le monde, et il choisit la facilité. Il est comme un enfant ignorant qui ne comprend pas une leçon. Sa manière d'agir lui semble la plus naturelle qui soit tant et si bien qu'il est incapable de corriger sa conduite. Il commet les actes les plus atroces avec une nonchalance presque vexante et est totalement dévoué à la destruction gratuite. Il possède une confiance excessive en lui même et en ses propres capacités, plaçant une grande fierté dans sa manière de transformer les gens au kebab, une pratique qu'il a élevé au rang d'art à la beauté très subjective. Au moins, a ce niveau là, on peut dire que c'est quelqu'un qui aime ce qu'il fait, il y met tant de passion, demandez lui, il se fera un plaisir de vous expliquer ce que c'est un véritable vilain (et fera même une démonstration si vous êtes sage)...
Lorsqu'il se défoule, Barti' ne le fait pas à moitié, et il utilise ses pouvoirs pour faire absolument tout ce qui lui passe par la tête. Impulsif, il peut, sur un coup de tête, assassiner toute une famille pour le simple plaisir de voir leurs squelettes interpréter un ballet juste après : "J'avais envie d'essayer" semble résumer sa façon de pensée. Il ne sait pas, il est curieux, et il teste pour voir si c'était drôle ou non, du moins, du point de vue de son sens de l'humour détraqué. C'est tellement vrai qu'il n'hésite pas à goûter la chair de certaines de ses victimes, si une idée de recette lui traverse l'esprit, les enfants sont bien tendres d'ailleurs.
Notre moissonneuse batteuse sur pattes est en fait incroyablement immature dans tous les sens du terme. Son ignorance totale des choses de l'amour le rendent étonnement innocent et son comportement a tout de celui d'un gamin ayant été trop gâté niveau pouvoir destructeur, et le monde entier est un terrain de jeu formidable. Il attend d'ailleurs avec impatience la prochaine guerre... C'est son rayon après tout.
Son principal ennemi, c'est l'ennui, et rien d'autre. Trouvez lui autre chose à faire et il pourrait presque devenir quelqu'un de fréquentable. Il n'y connait rien en relations humaines, le jour, il ne que singer ce qu'il a observé, il faudrait juste lui apprendre le bon sens dont il totalement dénué.
Bartimeus est pourtant un poil plus complexe que son attitude psychotique le laisse suggérer. Si son comportement est sans aucun doute excessivement diabolique, il a l'air en quête de quelque chose. Mais quête de quoi ? De pouvoirs, certes, il nourrit pour la puissance et les connaissance une passion indéniable, une soif insatiable, mais quoi d'autres justement ? Il n'en a, justement, aucune idée. Il cherche désespérément un but dans sa vaine existence, et n'a trouvé pour l'instant que celui de mettre un point final à celle des autres sans raison. Il tue le temps à défaut d'autre chose, non sans y prendre un graaaand plaisir. Il est aussi capable d'inhabituelles bonnes actions lorsque son "humanité" décide de se manifester sans prévenir, lui même ne comprenant alors pas toujours ce qui le pousse à agir de la sorte.
Malgré son comportement psychotique il a d'ailleurs un étrangement bon feeling avec les animaux, tout particulièrement son camarade primate. Pour ce qui est de la religion par contre.... Il s'en fou en fait, c'est assez simple. Mais alors complètement. Epris de sa liberté sans pour autant se préoccuper de celles des autres, il refuse de répondre de ses actes à une quelconque divinité, aussi tangible soit-elle.
.:Histoire:.
"La nécromancie pour les nuls Chapitre 1 : La bonne utilisation d'une pelle"
L'histoire de Bartimeus prend ses racines dans les terres de l'Ouest, non loin des contrées d'Erac, alors que l'automne commençait à pointer le bout de son nez orangé et que les arbres perdaient peu à peu leur éclat, leur feuillage encore touffu peu à peu balayé par les vents.
Si les montagnes ne chantèrent pas son nom le jour de sa naissance, le jeune Bartimeus fit preuve dés son premier cri d'une performance vocale à la mesure du casse pied qu'il deviendrait dans le futur. Et pourtant, issu d'une riche famille bourgeoise à l'influence et au cachet déclinant, aîné d'une fratrie de deux, rien ne semblait prédestiner ce futur héritier fortuné à embrasser un jour la voie des morts et à régner sur les cadavres plus que les finances.
Mais sans doute le destin, ou peut être les Dieux, n'avaient-ils pour lui que peu de projets digne d’intérêts. Car le jeune garçon pourtant promis à un avenir doré souffrait d'une constitution fragile. Malade, tout juste capable de se mouvoir par ses propres moyens, négligé par des parents ayant quelque peu abandonné tout espoir le concernant, il serait mort en un rien de temps sans une farouche volonté de s'accrocher à l'existence et le soutien de son cadet, d'un an plus jeune, qui s'avérait son seul véritable camarade.
Prostré dans sa chambre presque tout le jour durant, le jeune Bartimeus reçu une éducation à la mesure de la caste sociale a laquelle il appartenait, lettré dés son plus âge, les livres étaient ses principaux compagnons lors de ses interminables journées, cloîtré dans sa chambre à observer, l'air distant, les autres enfants jouer dans la cour en contrebas.
Là où le bourgeois en herbe manquait de muscles, il compensait par une intelligence surprenante. Entièrement consacré à l'apprentissage, il lisait vite, comprenait vite et appréhendait en un rien de temps des concepts que même ses précepteurs semblaient hésitants. Il se découvrit un intérêt certain pour la médecine, un art bien peu développé dans son temps et qui, il l'espérait, pourrait un jour le libérer des désagréments causés par sa faiblesse physique. Et alors que les années, passaient lentement, motivé par la frustration de ne jamais pouvoir sortir, il s'y plongea corps et âme, n'interrompant sa lecture que pour écouter les histoires de son cadet, Glen, qui ne s'était jamais lassé de lui rendre visite.
Ce dernier menait une vie candide, profitant des propriétés de ses parents pour satisfaire ses envies extravagantes. Et, si on pouvait aisément lui reprocher la légèreté de son comportement, il n'en était pas moins un commerçant redoutable, suffisamment rusé et habile de ses mots pour convaincre ses créanciers. Il dégageait, qui plus est, un charisme évident, et, en comparaison de son aîné pâle et malingre, bien malin aurait été celui capable de discerner un quelconque lien de parenté entre eux. C'était comme comparer les deux faces de la Lune, la première lumineuse et visible de tous, l'autre, sombre et dissimulée aux regards, deux entités opposées et pourtant indiscutablement complémentaire. Car là où Bartimeus appréciait la chaleur et la joie de vivre que son frère apportait à son quotidien, lui même avait prit pour habitude de considérer son frère comme une référence presque encyclopédique, et son point de vue cynique en toute circonstance s'avérait plus pertinent que beaucoup le supposaient. Les parents de Bartimeus, de leur côté, avaient clairement choisi qui était le favori entre l'aîné, héritier légitime de la fortune et celui que toute la région louait pour sa prestance. S'ils gardaient des rapports francs avec le cadet malgré leurs fréquents voyages d'affaires, ceux avec leur premier fils se tarirent peu à peu, jusqu'à ne plus être qu'une vague fleur fanée. Bartimeus le leur rendait bien d'ailleurs, chacun des deux partis se contentant d'une indifférence polie l'un à l'égard de l'autre.
"Rien n'est jamais facile dans la vie... A part mourir."
~Barti
Les choses auraient pu continuer leur cours ainsi si un tragique accident n'était pas venu rompre cette fragile harmonie... Glen et ses compagnons furent assaillis par une troupe de pillards alors qu'ils partaient en voyage. Le second fils de la maison Viyers fut capturé et emmener. Les demandes étaient d'une simplicité enfantine : Si la rançon n'était pas versée d'ici trois jours, alors la vie du jeune homme prendrait un virage tragique en direction du royaume de Tarï.
La somme était astronomique et la fortune familiale déjà sérieusement amoindrie ne pourrait supporter une pareille rapts de ses réserves. Le maître de famille, le père de Barti', eut alors à l'idée. Prétextant des désagréments temporaires, il proposa un accord aux preneurs d'otages. Si ils libéreraient Glen, alors ils recevraient dés maintenant la part du prix que la maisonnet était en mesure de payer, en échange, leur fils aîné resterait captif, en guise de garanti le temps que le reste de la petite fortune soit rassemblée.
Persuadé que l'héritier avait plus de valeur que le cadet, la bande de moins-que-rien acceptèrent sans réfléchir bien longuement et avant même que le futur nécromant n'ait le temps de comprendre ce qui lui arrivait, l'odieux échange avait déjà lieu.
Aujourd'hui encore, Bartimeus revoit cet instant, cette seconde précise où son regard et celui de Glen se sont croisés alors que l'un prenait la place de l'autre au cœur du danger. Et là où il n'espérait voir qu'excuse et remords d'être ainsi sauvé au dépant de son aîné, tout ce que le médecin en herbe put percevoir dans les yeux du seul être qu'il avait considéré comme un proche, ce fut du soulagement. Soulagé d'échapper à la mort, soulagé de retrouver sa liberté et, s'il existait bel et bien une once d'inquiétude pour le sort de celui qui partageait son sang, cette crainte semblait bien ridicule en comparaison de la joie de survivre.
Le peu de foi et d'attrait le "docteur" pour le genre humain s'évapora à cet moment fatidique, pour ne plus jamais renaître.
Humilié, vendu comme du vulgaire bétail et abandonné à son sort pour protéger le favori qui ferait un bien meilleur hériter, il fut emmené par les ravisseurs.
La captivité de Bartimeus dura plusieurs semaines alors que les négociations traînaient. Ce temps privé de liberté le rendit plus cynique encore qu'il ne l'était déjà alors que le contact avec les hors la loi lui faisait découvrir la toute relativité des notions de bien et de mal. Son âme commença à sombrer dans la corruption alors que toute motivation de vivre s'amenuisait.
"Pourquoi je fais tout ça ? C'est juste ce que j'aime faire."
~Barti
Lorsqu'enfin les truands de petite envergure comprirent enfin qu'ils ne tireraient rien du tout de cet otage, son sort fut de nouveau dans la balance. Ils l'avaient gardés en vie jusqu'à alors car il s'était montré d'une relative utilité, poussant l'ironie de la situation jusqu'à soigner son geôlier d'un mal qui lui rongeait les intestins. Mais maintenant qu'il ne représentait plus un sous, il n'était plus qu'une bouche de plus à nourrir et jouer les infirmiers de temps à autres ne suffirait pas à racheter ce fait.
Plutôt que de le tuer, ils cherchèrent à le vendre au marché noir où dans certains coins sordides, la vente d'esclave n'était pas si interdite que les lois voulaient le faire entendre.
Malgré sa faible constitution et sa faible valeur marchande, Bartimeus fut vendue à un vieillard sénile qui semblait avoir pour lui une attractions plus que malsaine.
Le débris périmé s'avéra cependant bien moins gâteux qu'il le laissait paraître car si il avait acheté Bartimeus c'était non pas en tant qu'individus, mais que pièces détachées pour l'art occulte auquel il était dévoué en secret : La nécromancie. Art sombre qui permettait à ses adeptes d'outrepasser les réglés mêmes de vie et de mort et pour lui, le jeune homme malade n'était rien de plus qu'un ensemble d'organes assez frais pour être utile.
Le nécromant allait tuer Barti', ou du moins il l'aurait fait, si une phrase lancée au hasard par le captif, qui ne fuyait même plus son sort, n'avait pas attiré sa curiosité. Le sang froid face à la mort de son prisonnier le titillait et alors qu'il engageait la conversation, le savoir quasi encyclopédique de Bartimeus sur le corps humain fit naître un certain intérêt.
Plutôt que de s'en servir comme pièces détachées, il le prit pour son aîle, amusé par le comportement du "gamin". Il comptait faire de lui un disciple, un pion qu'il pourrait manipuler à sa guise et envoyer à sa place quand il ne désirait pas se montrer.
Le nécromant allait tuer Barti', ou du moins il l'aurait fait, si une phrase lancée au hasard par le captif, qui ne fuyait même plus son sort, n'avait pas attiré sa curiosité.
-Alors jeune homme, êtes vous prêt pour cette petite opération ?
-... Pourquoi pas après tout. Vous devriez commencer par le foie, c'est plus pratique.
-Intéressant, désires-tu la mort ?
-Pas plus que la vie... Pas moins non plus remarque.
Le sang froid face à la mort de son prisonnier le titillait et alors qu'il engageait la conversation, le savoir quasi encyclopédique de Bartimeus sur le corps humain fit naître un certain intérêt. C'est alors que les rouages tortueux de son esprit mirent en place un plan, un de ces projets dont il avait le secret. Plutôt que de s'en servir comme pièces détachées, il le prit pour son aile, amusé par le comportement du "gamin". Il comptait faire de lui un disciple, un pion qu'il pourrait manipuler à sa guise et envoyer à sa place quand il ne désirait pas se montrer. Il serait son émissaire, un porteur de morts qui s'occuperait de la basse besogne. Il lui enseignerait son art, tout en gardant un œil avisé sur ses actes, et il formerait ainsi le premier soldat de ce qu'il espérait un jour devenir une véritable armée capable de commander à la Mort elle même. S'il rassemblait suffisamment de mages formés aux arts nécrotiques, alors les Dieux eux mêmes ne pourraient plus l'empêcher de se soustraire aux lois injustes que leur soit disant Nature avait imposée a la race humaine. Il cracherait aux visages des divins, et tous trembleraient à la seule évocation de son nom.
Bartimeus accueillit la nouvelle avec un manque d'enthousiasme flagrant, sans refuser cependant. Pour lui qui n'avait pas de réel but dans l'existence, condamné à périr sous peu par la faiblesse de son corps, finir en rat de laboratoire ou en apprenti sorcier lui importait peu. Personne ne se préoccupait vraiment de son sort, lui inclus.
"Si vous voulez vraiment voir ce qu'un pouvoir a dans le ventre, donnez-le à quelqu'un n'ayant nul attention de s'en servir. Ce que ça fera... ah ça..."
~Un gars
Peu motivé, absent, souvent réprimandé par son maître pour son manque de passion, voilà ce qui résumait le genre d'étudiant qu'était Barti'. Du moins tel était le cas au début de sa "formation"... Car plus il se plongeait dans l'art de la non vie, où il dévoilait des dons réels, plus son esprit prenait les teintes de la corruption. Etait-ce l'influence de son vieux dément de professeur ? Ou peut être était-ce la magie noire qui lui montait à la tête ? Quoiqu'il en soi, Bartimeus se laissa corrompre à une vitesse hallucinante.
Alors qu'il était jadis d'une neutralité ahurissante, guère plus proche des ténèbres que de la lumière, cette "pureté" éphémère le rendait plus enclin encore à tomber dans les extrêmes. Son amer désintérêt de la vie se mua en une passion sans limite pour la non-vie, son atroce jumelle. Lui qui était faible, le souffle de la mort le rendait fort en apportant à sa santé fragile la puissance qui lui faisait défaut. A lui qui n'avait jamais eut de but dans l'existence, les morts ouvraient vers l'avenir une incessante quête de pouvoir, une lutte éternelle motivée par la seule cupidité.
Là où la plupart des apprentis magiciens approchent la magie avec prudence et parcimonie, redoutant les effets néfastes que des abus pourraient avoir tant sur sa mentale que physique, le jeune homme lui, l'embrassa totalement. L'addiction ? Il ne chercha pas un seul instant à y résister, au contraire même, il accueillit cette dépendance magique comme d'autres l'auraient fait d'une bénédiction. Que le flux de puissance détériore son âme et son corps, ce n'était là qu'un faible prix à payer en comparaison des pouvoirs fantastiques qui l'attendaient. Sa peau fut désertée de toutes les couleurs chatoyantes de la vie, son épiderme veillait prématurément, se desséchant lentement comme celui d'un cadavre laissé au soleil trop longtemps. Le peu de bon sens qui lui restait fut balayé par le pouvoir corrupteur des arcanes, et il sombra irrémédiablement dans la démence, une folie libératrice qui lui ôtait enfin les fardeaux laissés par sa pénible enfance.
En expérimentant ses nouveaux talents sur les nombreux cobayes que se procuraient son mentor par des moyens détournés, il se changea en le plus enthousiasme des bourreaux. Il apprit à se rire des vivants et de leurs coutumes, à poser sur toutes choses de ce monde un regard chargé d'ironie morbide. Le meurtre ? Une façon comme une autre de faire connaissance après tout ! Les guerres ? D'amusants spectacles à la fois distrayants et productifs. Les effusions de sang devenaient des feux d'artifices colorés et les cris d'agonie de ses victimes de charmantes mélodies.
Ce changement brutale n'échappa bien sûr pas à celui qui l'avait prit sous son aile... Et si, l'implication grandissante de son disciple ne pouvait que le ravir au départ, cet amour exponentiel de la destruction finit par l'inquiéter quelque peu. Alors que la folie du jeune homme gagnait en ampleur et en magnificence il sentait son emprise sur Bartimeus s'amenuir drastiquement. Même lui, du haut de toute son expérience et de son savoir macabre, ne pouvait appréhender le comportement de son protégé. Bartimeus n'était pas motivé par une envie de domination, de fortune, ni même de vengeance. Bien loin de tout ça, il désirait simplement tirer l'hilarité de ses propres atrocités. Il n'avait aucune motivation autre que son propre amusement. Et comme si cela ne suffisait pas, il gardait juste assez de raison et de self-control pour mettre sur pieds les plans nécessaires à l'accomplissement de ses pulsions destructrices. Là où de simples psychopathes se laisseraient entraîner par l'enthousiasme du carnage et ne survivaient ainsi qu'un bref instant, Bartimeus avait encore l'intelligence et la ruse nécessaires pour être, en un mot : Dangereux.
Ce n'était plus quelqu'un avec qui il était possible de raisonner, et encore moins de maîtriser.
Le vieillard avait créé un monstre qui lui échappait totalement. Et tandis que cette réalité se faisait de plus en plus flagrante, il prit peur que les pulsions meurtrières de ce démon assoiffé de sang ne se retournent un jour contre lui. Les progrès de l'aîné des Viyers étaient rapides, au delà de toutes ses espérances passées, probablement trop même. Les questions se bousculaient dans son esprit. Et si jamais il venait à être rattrapé ? Si les pouvoirs de l'élève dépassaient ceux du maître, comment empêcher la bête sauvage de mordre son propriétaire ? Ce jeune nécromant était une menace, pour lui comme pour le monde lui même. Avant que cela n'arrive, il devait s'en débarrasser. Avant que ne sonne le glas de ce qui lui restait d'autorité, il devait tuer Bartimeus.
"Moi ? Un psychopathe fou ? Mais naaan, je suis juste enthousiastement pragmatique !"
~Barti'
Sa première idée fut de profiter du sommeil de Bartimeus pour lui ôter la vie d'un banal coup de poignard entre les omoplates : Simple, efficace, et propre en plus. Le seul accro dans ce plan savamment orchestré était que le jeune nécromant n'avait en rien un rythme d'activité compréhensible. Il souffrait d’importants troubles nocturnes et ne se laissait que rarement allé dans les bras de Morphée. Et les rares fois où ses psychoses innombrables lui laissaient un tant soit peu de répit, il s'endormait à des moments improbables et dans des positions qui l'étaient tout autant. Il l'avait déjà vu roupiller debout, les mains encore plongées dans le thorax sanguinolent de celui qu'il était en train d'opérer. Dans ces conditions, difficile d'espérer le surprendre au moment importun...
Non, la seule chose à faire était de l'écraser par sa supériorité magique tant qu'il en avait encore la possibilité. L'assaillir accompagnés de cadavres et lui faire rejoindre les rangs des damnés avant qu'il n'ait l'occasion de trouver lui même des macchabés frais à ranimer. La nécromancie était un art puissant, mais sa mise en place demandait à la fois temps et matériel, ce n'était pas quelque chose que Bartimeus serait à même d'improviser à la dernière minute.
C'est lors d'une belle matinée de printemps qu'il mit son plan à exécution. Alors que son sinistre élève était, semblait-il, occupé à explorer les entrailles d'un jeune bovin. Escorté par une belle poignée de zombies, le nécromant fit son entrée. Bartimeus leva vers lui des yeux a mi-chemin entre la surprise et l'ennui. Pourquoi fallait-il toujours qu'on le dérange alors qu'il trifouillait ?!
- Un souci ?
Il ne semblait en rien inquiéter par la bande de macchabés gémissants qui prenaient position dans la pièce de leur pas lent. Ce n'était pas vraiment la première fois qu'il en voyait... Le front creusé de rides du vieux manipulateur des morts traduisaient une extrême concentration pour maintenir son emprise sur cette petite troupe.
-Bartimeus, tu fus un disciple exceptionnel, et un assistant compétent... quoiqu'un peu salissant. Mais en ce jour, alors que ton comportement fait entrave à mes objectifs, je me dois dans l'obligation de
Et alors que le mentor vaguement sénile continuait son monologue, Bartimeus ramassa nonchalamment un crâne qui traînait sur la table. Il observa l'ossement avec un air blasé, comme s'il cherchait davantage à fuir ce discours rébarbatif que sa mort imminente.
*Etre ou ne pas être massacré, telle est la question... Il a pas bientôt fini ?*
-... et c'est pour cela que tu dois mourir ! As-tu une dernière parole avant de rejoindre les rangs de mes fidèles cadavres ?
Le concerné regarda successivement le crâne, puis son professeur et, sans prendre la peine d'ajouter un mot, lança le projectile improvisé à la figure de son bourreau. Les deux têtes vides, au propre comme au figuré, se percutèrent avec un joli petit "poc".
-Comment oses-tLa fin de sa phrase s'étrangla au fond de sa gorge. A peine avait-il levé les yeux qu'il vit son apprenti marmonner des formules incompréhensibles alors ses mains luisaient d'une énergie macabre. Un à un, ses propres zombies tournèrent leurs têtes décharnés vers leur ancien propriétaire. Ressusciter un mort était un long processus, mais reformer un lien brisé par la perte de concentration du nécromant était bien plus aisé.
Les représentants de la non-vie s'approchèrent comme une meute de loups salivants devant leur gibier acculé.
-Arr..Arrête ! Tu ne vas pas me faire ça, à moi, ton maître ! Je t'ai recueilli ! Elevé ! Je t'ai tout appris !
-Ben... si. Etes vous prêts à commencer l'opération donc ?
Il voulu fuir, mais son corps usé par l'âge et la magie noire n'était guère en état d'échapper à l'étreinte des zombies dont les mains en décomposition se refermèrent sur lui.
-Av.... Avant de me tuer, n'es-tu pas censé me faire un discours afin de me démontrer ton incroyable supériorité ?
Du temps, il lui fallait du temps. Il pourrait sans peine reprendre le dessus sur la magie de Bartimeus et reformer l'emprise qu'il avait perdue. Quelques secondes de plus...
La dernière chose qu'il vit fut la botte de Bartimeus lui fracasser le crâne sur le plancher.
-Hmmm, non. Je préfère monologuer APRES. Ce n'est pas comme si je me souciais vraiment de ta réponse de toute façon. Un méchant qui veut durer doit apprendre à la boucler.
D'un claquement de doigt, il renvoya les zombies à leur relatif repos éternel et contempla son œuvre. Bon, maintenant il se retrouvait avec un grand père mort sur son carrelage, un laboratoire dont il avait déjà exploré la plupart des possibilités et une brochette de macchabés pas frais.
La question qui se posait maintenant était évidente :
-Bon qu'est-ce que j'fais moi maintenant ?Il pouvait rester dans la région, mais les disparitions successives de ces derniers mois commençaient à attirer la suspicion des autorités. Même en prenant garde de ne piocher presque que dans les rangs de la vermine, les rumeurs commençaient à poindre le bout de leurs nez crochus. Il n'avait pas d'intérêt à rester dans le coin, autant allez faire un petit tour ailleurs.
Il jeta un œil à sa tenue : Une longue tunique noire, encapuchonnée et éclaboussée de sang.
-Peut être un uniforme plus coloré serait-il approprié !Il parlait seul, mais il aimait bien entendre le son de sa propre voix, cette dernière était sa principale compagnie depuis des lustres.
Ramassant ce qu'il pouvait dans la garde de robe des anciens captifs, son matériel d'opération dans une main et son déjeuner d'oculaires fris dans l'autre, le jeune nécromant prit enfin la route d'un nouveau destin...
"Parfois les vilains... font tout simplement les meilleurs gentils"
~Barti
Ses quelques mois d'aventures furent, pour tout dire, assez ennuyeux. La société humaine était toujours d'un ennui mortel. Tout au plus eut-il l'occasion de donner des coups de pieds à quelques marmots qui encombraient le chemin, empoisonner un mendiant en prétextant lui offrir à boire, savourer la figure d'un chasseur estomaqué lorsqu'il vit un cerf fraîchement abattu se relever et le bouffer (ce qui s'avérait d'une délicieuse ironie soit dit en passant) ou quelques menus plaisanteries du genre. Il avait cependant remarqué que ses connaissances en matière de mise à mort étaient fort utiles pour jouer les docteurs. Savoir infliger les pires males impliquait en effet savoir aussi comment les arrêter, et sous son déguisement, il parvenait à faire illusion. On ne l'avait chassé que d'un seul village pour escroquerie, mais était-ce de sa faute s'il avait inversé les étiquettes de deux de ses fioles ?! Certes, il avait transformé une infection bénigne en une diarrhée carabinée suivit du décès mais au moins était-ce une façon amusante de passer l'arme à gauche non ?
Il avait aussi profité de cette petite escapade pour polir ses talents de nécromant. Son "regretté" mentor avait laissé quelques ouvrages intéressants sur la non-vie derrière lui, et il avait tout le temps d'en tester l'efficacité... De nuit de préférence, et avec un uniforme suffisamment criard pour que nul ne le reconnaisse. Rien de bien méchant, juste quelques vagabonds transformés en chili ici et là, il bougeait beaucoup.
Ce train train quotidien, certes divertissant, était cependant assez éprouvant. Bartimeus n'était pas du genre à aimer la campagne, pas plus que la marche à pied. Vivre en marchant de villes en villes sans jamais avoir un endroit décent où poser un laboratoire était particulièrement pénible, sans parler de son intransportable stock de cadavres qu'il devait renouveler à chaque halte.
Son destin bascula cependant par un complet hasard, alors qu'il fleurtait non loin d'une des voies majeures parcourant l'Erac. Alors qu'il était très occupé à roupi... méditer à l'ombre d'un arbre, des appels désespérés attirèrent son attention sur la route située au contrebas. Un jeune garçon, escorté de deux hommes en armes, se tordait de douleur sur le sol, serrant son estomac de toute l'énergie du désespoir. Il semblait avoir chuté de sa monture, et les lourdauds qui lui servaient d'escorte semblaient prient de court : Ils savaient défendre le jeune maître des attaques de pillards, certainement pas d'un mal inconnu qui le foudroyait en pleine chevauchée.
Trouvant la scénette amusante, le nécromant décida d'aller y faire un tour, son baluchon de médecin sous le bras. Il n'avait rien de mieux à faire de son après midi de toute façon. Le duo d'épéistes le vit arriver d'un air méfiant, dardant l'importun de leurs lames effilées. Le concerné se contenta de hausser un sourcil perplexe.
-Si vous voulez qu'il meurt dans son agonie je m'en vais messires, un humble guérisseur tel que moi n'a pas la détermination de risquer la décapitation pour exercer.Ils échangèrent un regard...
-Vous pouvez le soigner ?
-Probablement.
-Vous n'en êtes pas certain ?!
-Je suis médecin, pas devin, je n'ai pas encore appris à examiner mes patients à quinze mètres de distance. Maintenant, si vous pouviez me laisser approcher je pourrais vous dresser un diagnostic plus précis.
Un charlatan ? Oui, c'était un risque... Mais ici, à plusieurs heures de chevauchée de la ville la plus proche et sans autre recours à portée de mains, avaient-ils vraiment le choix ? Si le gamin mourrait ici, ils n'auraient pas le courage d'affronter les foudres de son père. Au pire, peut être pourraient-ils rejeter la faute sur cet étranger.
-Fais donc ton office, mais au moindre geste suspect, tu regretteras le jour où
-Oui oui, je connais la chanson.Sans perdre plus de temps en menaces de circonstances, le nécromant s'approcha du garçon, le scrutant d'un œil expert. Il commença à lui tâter le thorax, l'air songeur, en quête de la preuve dont il avait besoin.
-C'est ici que tu as mal mon garçon ?Le glapissement de douleur du concerné au moment où les doigts du guérisseur effleurèrent un point précis fit office de réponse. Barti' eut tout le mal du monde à résister à la tentation d'appuyer à nouveau, plus fort, juste pour voir quel genre de son cette petite frimousse pouvait produire sous l'effet de la souffrance. Ce n'était pas grand chose, probablement juste un caillot sanguin qui s'était formé dans une artère... Bon, certes, il allait finir par faire une crise cardiaque dans quelques heures tout au plus, mais pour le moment ce n'était rien de bien méchant. Le mage de la non-vie en avait déjà vu quelques uns, c'était assez fréquent chez les gens de la haute société.... probablement un rapport avec l'alimentation plus riche pensait-il. Il sortit une fiole de sa sacoche, elle contenait un liquide orangé assez suspect. C'était une de ses dernières trouvailles, assez hasardeuse qui plus est. Il en avait partiellement oublié la recette, et était incapable de dire si cette mixture allait fluidifier le sang ou juste provoquer un arrêt total du cœur....
*Et bien, c'est l'occasion de tester ça*Si c'était la seconde option, il devrait juste être assez rapide pour échapper aux deux lascars. Ils n'avaient pas l'air très futés, ça ne devrait pas être bien difficile. Il fit avaler le précieux breuvage à l'enfant qui grimaça devant son goût atroce. La plupart des préparations de Bartimeus avait cette manie d'être imbuvable, non pas que ce soit nécessaire : C'était purement volontaire. Pour un raison mystérieuse, les paysans ne croyaient jamais en l'efficacité d'un remède si ce dernier ne leur donnait pas l'impression de sucer leurs vieilles chaussettes trempées de sueur. A croire que le goût était facteur de qualité, stupide, mais ça augmentait sa cagnotte.
Après quelques interminables minutes de suspense, le visage du malade se décrispa peu à peu alors que la souffrance s'effaçait lentement.
*Ah, ça soigne.... dommage*Il se frotta les mains tout en se relevant, triomphant.
-Voilà, gamin sauvé.
L'un des gardes s'approcha pour s'assurer de la véracité de ses propos : En effet, le jeune maître semblait soulager !
-C'est un miracle !
-Oui, je me trouve génial aussi... J'accepte les paiements en repas chauds si ça vous intéresse.
Pour toute réponse, il eut droit à une paire de regards sournois et au retour des lames sous le nez.
-Hmmm... Non, les épées pointées vers moi c'était à l'introduction. Vous êtes revenus en arrière messieurs. Après la scène du sauvetage vous êtes censés offrir une gracieuse récompense au gentil bénévole.-Disparais donc de notre vue avant que le jeune maître ne se réveille. Sois heureux que nous n'arrêtions pas un charlatan de ton espèce.
-Les apothicaires comme toi ne sont qu'une source de problèmes, considère notre laxisme comme ta récompense.
-Dilemme dilemme...
-Quoi donc ?
-Dois-je défendre ma cause dans un combat à mort et ne pas être payé ou fuir et ne pas être payé quand même... Je tâtonne.
-Es-tu fou ?! Disparais !C'est alors que le garçon que Bartimeus venait de sauver décida que c'était le parfait timing pour reprendre conscience. Bien vu.
-Attendez ! Cet homme m'a sauvé, il mérite paiement pour ses efforts !
-Mais monsieur, ce n'est qu'un charlatan comme on en trouve tant en ville !
-Ah non, je réfute, aucun des escrocs des grandes villes n'ont ni mon élégance, ni mon exemplaire sens du goût, ni mon franc parlé d'ailleurs.
-Silence !
-Qu'il soit conduit devant mon père.
-Pardon ?
-Ni mon talent ni m... Oui, très bonne question tiens : pardon ? Je sais que notre rencontre fut des plus joyeuses mais je doute que notre relation soit assez avancée pour me présenter à vos parents jeune homme.
Et c'est ainsi que, par un bien étrange hasard, l'un des criminels les plus violents de la région fut mené devant Leandre d'Erac, qui avait la bonne idée d'être le père du jeune Tibérias que Bartimeus avait sauvé, presque malgré lui, d'une mort certaine.
Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, le Duc se découvrit un intérêt pour le "charlatan". S'il ignorait tout de ses capacités de nécromant, tant ses talents de guérisseurs que ses conseils s'avérèrent en effet bien plus précieux qu'on aurait pu le croire au premier abord. Malgré son comportement insolent, Bartimeus était un homme fin, et sa démence doublée de sa vision de tordue des choses lui conféraient une clairvoyance insoupçonnée sur bien des choses de ce monde. Il envisageait les solutions auxquelles les autres n'auraient même pas osé penser, et qui étaient pourtant les plus efficaces. Catapulté de vagabond à médecin de cours, et même conseiller à ses heures perdues, le mage noire ne pouvait espérer plus heureuse tournure des évènements. Non content d'avoir un toit et trois repas par jours garanti, il avait aussi le laboratoire dont il avait besoin pour continuer ses recherches. Il lui suffisait de pratiquer les plus... discutables de ses expérimentations dans la cave de sa nouvelle propriété, à l'abri des regards indiscrets. Mieux encore, il pouvait se permettre de régulières sorties nocturnes dans la région pour assouvir ses pulsions... disons purement sadiques de meurtrier psychopathe, drapé d'un costume méconnaissable et mettant sur pied suffisamment d'alibis et de stratagèmes pour que les soupçons ne pèsent pas sur ses épaules.
Ca allait une trèèèès riche existence qui s'offrait à lui.
HRP
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