Nom/Prénom : De Morneblois, Alrik
Âge : 31 ans
Sexe : Masculin
Race : Humain
Particularité : - La partie inférieure de son oreille droite a été sectionnée juste au-dessus du lobe d'oreille, il en garde une cicatrice qu'il s'efforce de dissimuler en laissant ses cheveux tomber sur ses épaules.
- Il possède un loup (plus ou moins) apprivoisé. Cet animal lui voue une loyauté sans pareille puisqu'il lui doit une dette de sang. Il ne le suit en ville que pour aller dans des endroits qu'il connait comme la caserne et ne peut pas supporter de rester inactif plusieurs jours d'affilée, sans quoi il part de la ville pour aller égorger quelque bétail paissant paisiblement dans la région. Il mesure près de 3 pieds de haut pour plus de 150 livres, ce qui en fait un animal de bonne taille.
Alignement : Loyal neutre
Métier : Capitaine dans l'Ordre des faiseurs de nuit
Classe d'arme : A distance
Équipement : Alrik possède un arc long en bois d'if qu'il utilise sur les champs de bataille découverts pour mettre à profit sa portée et sa puissance mais il préfère utiliser un arc plus court, toujours en if, pour les petites embuscades ou tout simplement pour chasser, étant plus maniable et plus précis. Il garde toujours dans son dos un carquois rempli de flèches à pointes en fer, il porte également une dague qu'il utilise essentiellement pour dépecer les animaux, préférant tuer ses ennemis à distance. Il possède deux tenues différentes, en été il revêt une tunique verte qui a l'avantage de se confondre avec la forêt et d'être suffisamment légère pour ne pas le gêner dans ses mouvements, en hiver, lorsque les feuilles commencent à tomber, il porte une tenue en cuir composée d'un solide plastron et jambières et bottes assorties, il porte également une cape qui le protège du froid lorsque tombe la neige. Il garde toujours les mêmes gants, dont les extrémités sont découpées pour lui permettre de tirer à l'arc sans les enlever.
Description physique : La première chose que l'on remarque chez Alrik, c'est son apparence sauvage. Il n'est pas réellement négligé ou sale comme un clochard, il dégage seulement quelque chose de réellement bestial. De fait, son séjour dans la forêt d'Aduram et surtout le contact permanent avec son loup l'ont transformé et il ressemble désormais beaucoup à ce dernier, autant dans sa manière de se comporter qu'au niveau de son physique. On le remarque à sa pilosité importante qu'il entretient le moins souvent possible et à une légère tendance à exhiber ses canines lorsqu'il combat. Lorsqu'il est à Diantra ou dans quelque cité que ce soit, sa discipline lui impose toujours de rester propre sur lui et extrêmement convenable mais quand il part en campagne pour plusieurs semaines il n'a aucune répugnance à se rouler dans la boue pour se dissimuler derrière les lignes ennemies, surtout si cela permet à l'armée de remporter la bataille. Son visage en lui-même, aux traits comme taillés à coups de serpe, est encadré par des cheveux noirs mi-longs qu'il attache parfois en queue-de-cheval lorsqu'ils le gênent trop ainsi qu'une barbe, elle aussi noire. Ses yeux sont d’un bleu très clair, contrastant avec ses sourcils broussailleux et sa peau tannée par le soleil. Sa taille est plutôt modeste comparée à celle d'un homme moyen mais il la compense par la force qu'il a acquise par l'entraînement à l'arc long.
Description mentale : Très observateur, Alrik possède un esprit analytique qui le pousse toujours à chercher les causes de tout ce qu'il voit. Cependant, chose ô combien contradictoire, il préférera toujours écouter son instinct même s'il va à l'encontre de son analyse des faits, c'est en partie dû au fait que cet instinct lui a sauvé maintes fois la vie. Si son analyse des faits est celle du meneur d'hommes devant un champ de bataille, son instinct est celui du chasseur solitaire, seul contre la nature. Son esprit ploie rarement sous les émotions, il est consciencieux, rigoureux, suit toujours les ordres à la lettre, ces qualités ayant malheureusement parfois le défaut de le rendre impitoyable, sa curiosité l'emmène rarement jusqu'à un danger trop important et il a un sens de l'honneur à toute épreuve.
Histoire : Alrik est le quatrième enfant d'une famille appartenant à la petite noblesse de la baronnie d'Alonna, possédant un petit château ainsi qu'un lopin de terre dans la région, cadeaux d'un roi depuis longtemps défunt à des aïeux perdus dans une branche d'un arbre généalogique à la taille gigantesque. Enfant à l'apparence chétive, il a longtemps été considéré comme le vilain petit canard promis à un avenir incertain alors que son frère aîné, gras et fainéant, était un sujet de choix pour être le seigneur du château et que ses deux autres frères étaient suffisamment bêtes et costauds pour faire d'honorables chevaliers. Son avenir ne se profila réellement pour lui qu'à l'aube de son neuvième anniversaire, lorsque son père accepta enfin de l'emmener à la chasse après une heure de supplications insupportables. La première fois il ne fit qu'observer, assis derrière son père sur la selle du cheval, il observa la maladresse de ses frères, incapables de tirer une flèche, mais surtout, il observa son père tuer un sanglier d'une quinzaine de livres d'une flèche dans l'œil. Bien sûr, le coup était chanceux, mais ce sanglier aurait pu tuer son cheval d'un coup de défense et ils auraient alors été autant en sécurité qu'un mouton devant un loup affamé, et pourtant, son père l'avait tué d'une flèche, avant même qu'il ait pu faire quoi que ce soit. Après ça, Alrik sut que l'archerie était son seul moyen pour s'élever parmi les hommes, il s'entraîna donc tous les jours en cachette au tir à l'arc, grâce à la connivence du maître d'armes du château qui lui apprit les bases. Mais le jour où on lui laissa enfin venir à la chasse avec un arc, personne ne prêta attention à ses performances, c'est que son frère Ulfric allait partir à Alonna pour devenir l'écuyer d'un grand chevalier, tout le monde n'avait d'yeux que pour lui. Les autres fois ce fut pareil, personne ne prêta au jeune garçon chétif qui n'était de la partie que parce que son père était le seigneur du château. Alors, lorsqu'Alrik se décida finalement à lui dire combien il s'était entraîné et qu'il voulait devenir un grand archer, son père se contenta de lui dire :
- Toi soldat ? Tu ne tiendrais pas deux semaines ! Non, tu seras scribe mon fils, c'est un métier très honorable tu sais. Mais Alrik s'en fichait bien d'être honorable ou pas, ce qu'il voulait c'était se battre pour le royaume, pourfendre les scélérats et revenir auréolé de gloire, il avait encore une conception très enfantine de la guerre.
Malgré tout, Alrik continua son entraînement, il voulait devenir archer et personne, pas même son père ne pourrait l'en empêcher. Lorsqu'il reparla de son avenir avec celui-ci, il devait avoir quatorze ans, il n'en démordait toujours pas de sa volonté de devenir un guerrier, et pour la première fois de sa vie il tint tête à son père. Il s'en suivit une longue dispute qui n'aboutit à rien du tout, sauf au départ d'Alrik dans la nuit. Ne pouvant plus supporter cette dictature parentale, il partit avec le strict nécessaire dans son baluchon, quelques affaires, un arc, des flèches et suffisamment d'argent pour tenir quelques mois. Il savait qu'il ne pouvait pas aller à Alonna, son père l'y retrouverait et voudrait au moins récupérer l'argent que son fils lui avait « emprunté » et lui coller une bonne correction devant un public étonné. Il décida donc d'aller jusqu'où les vents le porteraient, et ils le portèrent jusqu'à Diantra. Il aurait pu s'arrêter avant, mais il savait que peu de seigneurs n'acceptaient les vagabonds dans leurs rangs, l'armée royale était au contraire ouverte à tous du moment qu’ils avaient les moyens de se payer l'équipement de base, l'autre raison est qu'il avait entendu parler de l'ordre des « faiseurs de nuit » la division d'archers de l'armée royale dont les flèches formaient une nuée capable de créer l'obscurité en plein jour. Bien évidemment, il déchanta vite lorsqu'il rentra dans l'armée, lui qui s'attendait à partir en campagne dans des terres lointaines. Après avoir enchaîné les pires corvées possibles et imaginables, il se mit à rêver de passer le reste de sa vie en tant garde à attendre toute la journée sans bouger. Plus tard, il comprit que les corvées n'étaient là que pour éprouver sa ténacité et lorsqu'il commença à apprendre le métier de soldat il se mit à considérer la caserne comme sa maison et les autres soldats comme sa famille. Il s'entraînait très dur et plus le temps passait, plus il s'améliorait. Il se souvient encore de la première fois qu'on lui ordonna de faire une patrouille, cela faisait presque une année qu'Alrik avait rejoint l'armée royale de Diantra et il n'était quasiment jamais sorti de la caserne depuis, à part pour accomplir quelques commissions dans la ville basse. Perché sur les murailles, il put pour la première fois réellement admirer la magnifique cité de Diantra dont les tours semblaient toucher au firmament.
Beaucoup d'autres missions suivirent ensuite, et il ne resta pas longtemps patrouilleur. En effet, grâce à l'entraînement que lui avait prodigué le maître d'armes du château il se hissa rapidement au niveau des soldats de l'armée permanente où il fut longtemps le plus jeune soldat de sa compagnie. Il gravit ensuit les échelons, un à un, démontrant qu'en plus d'avoir un talent certain pour les armes il était un meneur d'hommes tout à fait honorable. Il participa ainsi à de nombreuses batailles, notamment celle d'Alonna, où le théâtre des opérations se trouvait à quelques lieues seulement du château de son père, il aurait très bien pu s'y rendre pour leur passer le bonjour et donner des nouvelles de lui, mais il prétexta être trop diminué par une blessure qu'il venait de recevoir pour pouvoir venir voir ses parents. Bien qu'il ait effectivement reçu un sacré coup d'épée au visage qui lui a sectionné le lobe d'oreille droit et laissé une cicatrice qui ne s'est pas estompée au fil des années, ce n'est pas ce genre de détail qui l'aurait empêché de retrouver ses parents après tant d'années s'il l'avait vraiment voulu les voir. Mais il n'était tout simplement pas encore prêt, le souvenir de son père le hantait toujours et cette figure autoritaire le terrifiait encore à son âge.
Il revint cependant sur les terres familiales quelques deux ans après cette bataille, un mouvement de troupes drow avait été signalé dans la région et le château de son père était la place forte la plus proche, ses troupes étant alors à proximité, il n'eut d'autre choix que d'envoyer des hommes au château pour protéger les habitants. Mais il n'osa toujours pas venir les voir, il préféra partir en éclaireur avec quelques hommes pour retrouver la position des troupes ennemies. Il passa toute la journée à la recherche de traces de passage de l'ennemi, ce qui lui permit de réfléchir un peu à ses réactions incohérentes dès qu'il s'agissait de sa famille, n’importe quel officier plus gradé que lui lui aurait interdit d’abandonner ses troupes pour aller battre la campagne, heureusement pour lui, il était capitaine et il n’y avait personne de plus haut gradé que lui pour le contredire dans ses choix stratégiques. De toute façon, il y avait de grandes chances pour que ce qu’il avait fait revienne aux oreilles du Maître des Faiseurs de Nuit, Alrik commandait désormais une troupe bien trop importante pour qu’il puisse avoir confiance en tous ses soldats contrairement au temps où il était caporal et qu’ils étaient soudés (et nombreux) comme les doigts de la main, mais il n’avait de toute façon pas beaucoup d’estime pour le Maître, un vieux bonhomme particulièrement à cheval sur la discipline et l’ordre qui allait au mieux le tanner pendant des heures sur le temps où on en mettait au cachot pour moins que ça. Il était conscient du fait que ses actions étaient anormales, voire même dangereuses lorsqu’il s’approchait de trop près du château familial, et il fallait que cela cesse. C’était donc décidé, il irait dès le lendemain voir ses parents, si à vingt-quatre ans il avait encore peur de ses parents il ne pouvait pas décemment se considérer comme un vrai guerrier. S’il pouvait pardonner à son père d’avoir tenté de lui ruiner sa vie, celui-ci pourrait bien lui pardonner de les avoir abandonnés pendant si longtemps. Il ne put malheureusement pas rentrer séant, le crépuscule commençait à pointer le bout de son nez et ils étaient trop éloignés pour rentrer avant la nuit. Ils dressèrent donc le camp et Alrik essaya de s’endormir du mieux qu’il put, encore nerveux par la décision qu’il venait de prendre.
Ralf, l'archer qui était de garde, les réveilla au beau milieu de la nuit, avant même qu'Alrik n'ouvre les yeux, une odeur de fumée acre emplit ses narines.
- Qu'est-ce qui se passe ? Le soldat pointa le doigt en direction d'une colonne de fumée au sud-ouest.
- Ça vient du château. Alrik blêmit, il n'osait imaginer ce qui se passait au château. D'un signe de tête, il leur enjoignit de partir sur-le-champ voir ce qui se tramait là-bas. Lorsqu'il arriva sur place, ses pires craintes se confirmèrent, le château était en flammes et un silence de mort régnait sur la colline. Partout où s'étendaient autrefois de solides murs il ne restait plus qu'un amas de gravats calcinés, partout, des cadavres mutilés jonchaient le chemin, certains avaient encore assez de vie en eux pour supplier qu'on épargne leurs souffrances. Plus il s'approchait du donjon et plus il s'inquiétait pour le sort de ses hommes, ces vaillants guerriers n'avaient pas pu mourir comme ça, c'était impossible, ils étaient rompus au combat et bien plus nombreux que la petite troupe drow que les éclaireurs leur avaient signalée. Ils arrivèrent enfin au pied du donjon, qui n'était plus qu'une misérable tour en ruine où subsistaient quelques flammes. Au pied de la tour s'étendait un soldat, une lance plantée dans le ventre, Alrik crut le reconnaître.
- Gustav ? C'est bien toi ? Que vous est-il arrivé ?- Capitaine... Tous morts... Ils nous ont trahis... Il y a un... traîtreL'homme s'arrêta de parler, il était mort. Alrik rentra dans le donjon avec fureur, partout, des soldats qui s'étaient battus avec lui étaient morts avec des grimaces de souffrance horribles. Après avoir recueilli les derniers mots de quelques-uns de ses amis et compagnons d'armes il atteint la salle principale du donjon, au milieu des flammes s'étendaient les cadavres sanguinolents de sa mère, de son frère, et de tous les braves gardes du château morts pour eux. Au fond s'étendait son père, à moitié brûlé, avec une horrible plaie à la gorge. Celui qui était son modèle, ce gaillard autrefois fort comme un buffle n'était plus rien qu'un bout de viande étendu là. Ses lèvres semblèrent remuer, Alrik approcha son oreille de la bouche de son père, mais seul un râle étranglé en sortit, il n'avait même pas eu la chance de donner ses dernières volontés. Alors, Alrik se mit à pleurer, il pleura ses parents, son grand frère, tous ces hommes qui s'étaient battus à ses côtés, il pleura à chaudes larmes.
Alrik et ses hommes sortirent du donjon hagards, perdus. Il se secoua, le moment n'était pas à la paresse.
- Vous allez partir sur-le-champ prévenir le sénéchal de ce qui s'est passé.- Et vous capitaine, qu'allez vous faire ?- Il faut bien que quelqu'un aille enterrer les morts, n'est-ce pas ?Ses hommes le regardèrent d'un air étonné, mais ne contestèrent pas ses ordres. Lorsqu'ils furent tous partis, Alrik enfourcha son cheval et partit à toute allure vers la forêt. Il comptait bien retrouver ces chiens de drows et le traître qui avait ouvert les portes du château et les tuer un par un, quitte à en mourir. Il n'avait de toute façon plus beaucoup de raisons de vivre, sa famille était morte, presque tous ses amis et compagnons d'armes étaient morts, et tout ça par sa faute. Il préférait encore mourir avec un peu d'honneur que de vivre dans la honte. Malheureusement ou plutôt heureusement pour lui, il n'était alors pas un très bon pisteur, mais son acharnement le fit tout de même tenir sur sa selle toute la journée durant, à la recherche d'on ne sait quelle trace de passage.
C'est ainsi qu'il s'enfonça, lentement mais sûrement, dans la forêt d'Aduram, lorsqu'il dressa le camp pour la nuit, il était entouré de toutes parts par des arbres mesurant près d'une centaine de pieds de haut. Le lendemain, après un déjeuner frugal, il se rendit compte que ses provisions ne dureraient pas deux jours, il fallait donc qu'il retrouve au plus vite les troupes drows afin d'en finir. Le troisième jour, ses provisions eurent raison de lui, ayant complètement perdu la trace des drows, il devait se résoudre à mettre la traque entre parenthèses afin de chasser quelque gibier. Le quatrième jour, il tenta vainement de chasser quelque chose, les animaux l'entendaient venir de loin et il n'avait aucun chien pour les rabattre vers lui, tout ce qu'il trouva fut une source, à défaut de pouvoir manger il put au moins boire. Le cinquième jour il se résigna à tuer son cheval, le coup de couteau n'était pas très précis et il se débattit beaucoup avant de mourir, Alrik était triste pour celui-ci, mais c'était entre son cheval et lui, une journée de plus comme ça et il serait mort d'inanition.
Les autres jours ce fut pareil, il vivotait, passant parfois plusieurs jours à la recherche d'une biche avant de perdre complètement sa trace. Sans cheval, il ne pouvait plus espérer retrouver les drows, il ne savait même plus pourquoi il restait là, ni même pourquoi il ne se laissait pas simplement mourir de faim, il y avait là sûrement un faible instinct primaire qui lui intimait de tout faire pour rester en vie. Il resta ainsi quelques semaines, à se demander quoi faire. Au fur et à mesure que le temps passait, il commençait à s'habituer à la forêt, il reconnaissait tous ses sons, il savait comment piéger un lapin, ou chasser une biche, il commençait aussi à se repérer dans la forêt, il n'était plus aussi perdu qu'auparavant et était maintenant capable de trouver sa direction et pourquoi pas, de sortir de la forêt. Seulement il ne le faisait pas, pour la simple et bonne raison qu'il ne pouvait pas se présenter à Diantra avec un mois de retard en annonçant la mort de presque tous ses hommes par sa faute, il risquait tout de même le billot. Mais bien qu'il préférât les bêtes sauvages aux bourreaux, il fit une rencontre qu'il ne fut pas près d'oublier. Alors qu'il chassait un faisan qu'il venait d'apercevoir à l'instant, il vit la bête s'enfuir à toute allure avec une dizaine d'autres oiseaux, comme effrayée par quelque chose. Intrigué, Alrik s'approcha prudemment empoignant une lance qu'il venait de tailler quelques jours auparavant et qu'il avait enduite de venin de serpent, comme elle était empoisonnée il ne l'utilisait pas pour tuer ses proies qui n'auraient pas été comestibles, mais cette lance pouvait justement trouver son utilité lors de rencontres avec des animaux un peu trop dangereux. Il s'approcha donc avec sa lance jusqu'à entendre un grognement d'ours, à ce moment-là il sut qu'il était temps de rebrousser discrètement chemin, mais il était trop tard, l'ours l'avait repéré et fonçait sur lui en s'époumonant. Alrik prit fermement sa lance, prêt au choc, et d'un coup, l'enfonça dans son cœur - ou tout du moins dans l'endroit où il supposait que son cœur était - la lance se brisa d'un coup, mais cela n'arrêta pas pour autant l'ours qui continua sa course. Alrik évita un coup de griffe qui aurait pu le décapiter et s'enfuit dans la direction opposée avant de voir enfin le venin agir, l'ours s'effondra pris de convulsions puis s'arrêta de bouger quelques instants plus tard, il était mort. Alrik poursuivit son chemin et découvrit ce que l'ours était en train de faire avant qu'il ne l'interrompe, une louve et deux autres loups qui avaient vraisemblablement tenté de l'aider étaient morts, à côté d'elle gisaient toute une portée de louveteaux, eux aussi morts. Alrik allait partir quand un des louveteaux sembla bouger, Alrik retourna vérifier et il y avait bien un louveteau qui levait la tête, clignant des yeux, un peu perdu au milieu des cadavres de ses frères. Alrik hésita à le prendre avec lui, c'était un bébé loup, il risquait de ne lui attirer que des ennuis, surtout lorsqu'il grandirait, mais d'un autre côté il ne pouvait pas le laisser là, la meute avait fui le combat et n'allait probablement jamais revenir, le laisser là c'était le condamner à une mort certaine, il se sentait obligé de l'emmener.
Et finalement il s'en accommoda plutôt bien, le louveteau fit rapidement ses dents, mais n'empiéta pas tant que cela sur la nourriture d'Alrik puisqu'il ne mangeait que la curée de la dépouille, des morceaux qu'Alrik ne mangeait de toute façon pas. Au fur et mesure des semaines, puis des mois le louveteau devint un solide loup et un appréciable compagnon de chasse, puisqu'il l'avait recueilli, le loup considérait Alrik comme sa mère en quelque sorte et contestait donc assez peu les ordres de maître bien qu'il reste un animal sauvage avant tout. Mais si le loup comprenait quelques mots de la langue des hommes, principalement les quelques ordres qu'Alrik lui donnait parfois, ce dernier commençait aussi à comprendre son animal à force de le côtoyer et de le connaître, bien qu'il ne comprît pas les loups comme il l'aurait voulu. La bête comprenait l'homme, et l'homme comprenait la bête, la symbiose était totale, et ils passèrent beaucoup de temps ainsi, sans personne pour les arrêter ni leur dicter leur conduite.
Seulement voilà, il se trouva tout de même un évènement qui vint perturber la quiétude dans laquelle ils vivaient, en pleine journée le soleil disparut purement et simplement le ciel, laissant Miradelphia dans l'obscurité la plus totale. Alrik fut complètement désemparé par cet évènement dont il ne soupçonnait même pas l'existence. Très vite il perdit tous ses repères, la forêt de nuit n'avait rien à voir avec la forêt le jour, la nuit était le moment où sortaient toutes les pires créatures, et même avec son loup, il n'était pas du tout en sécurité, en plus de ça, la température devenait de plus en plus froide et cela devenait vraiment insupportable. Alrik commença à se poser des questions sur cette nuit soudaine, n'ayant aucune nouvelle du monde extérieur il ne pouvait que supposer, et on pouvait tout s'imaginer, notamment que c'était un signe annonciateur de la fin du monde. Pour sa part il avait toujours cru qu'elle viendrait lorsque le ciel leur tomberait sur la tête dans une gigantesque tempête de glace et de foudre, mais il ne pouvait qu'admettre son erreur, si toutefois la disparition du soleil signait bien la fin du monde. Alrik décida donc de partir de la forêt, quitte à vivre les derniers instants du monde, autant aller trouver des gens pour savoir au moins pourquoi. Bien sûr, ce ne fut pas simple, sans le soleil pour indiquer l'est et l'ouest, il devait se diriger grâce aux faibles étoiles qu'il voyait à travers les feuilles des arbres, heureusement, son loup avait des sens un peu plus aiguisés que lui et comme il était assez intelligent, il comprit vite vers où Alrik voulait les mener.
Au bout d'une semaine, ils réussirent à sortir de la forêt, affamés car il était beaucoup plus compliqué de chasser de nuit. En ville ils ne trouvèrent aucune explication à cette soudaine éclipse sinon que l'évènement était plus ou moins prévu, mais qu'il n'était censé durer que quelques minutes, on racontait aussi que les dieux étaient revenus sur Miradelphia et que beaucoup avaient payé de leur vie la colère des dieux. Alors Alrik, désœuvré et ne pouvant pas retourner dans la forêt, se décida à retourner à Diantra, même s'il avait appris à apprécier la vie de sauvage, ses devoirs envers l'armée le rappelaient, le royaume avait besoin d'une armée forte en ces temps troublés pour endiguer les mouvements de foule.
Avant cela, il se décida à faire quelque chose qu'il aurait du faire depuis longtemps. Il retourna sur les ruines du château, désormais un simple amas de pierres carbonisées recouvertes de mousse, et il enterra tous les morts, désormais à l'état de squelette. Il en reconnut certains, grâce aux vêtements ou aux bijoux qu'ils portaient et écrit leurs noms sur un bout de bois qu'il planta sur leurs « tombes », les autres furent enterrés dans une grande fosse. Lorsqu'Alrik eut fini, il fit une prière à Tyra pour qu'il les guide jusqu'au royaume éternel. Puis il partit pour Diantra, sans le sou, il dut souvent mendier l'hospitalité lorsqu'il était proche d'une ville et braconner sur les terres de quelque seigneur afin de manger à sa faim. Lorsqu'il arriva enfin à Diantra après deux semaines de voyage, il prit son courage à deux mains, rentra dans la caserne et demanda à voir le Maître de l'Ordre des faiseurs de nuit. Certains le reconnurent et le regardèrent comme un revenant, on lui indiqua cependant l'endroit se trouvait le Maître. Il fut légèrement surpris lorsqu'il vit le Maître, il s'attendait à rencontrer un vieillard rigoriste et à cheval sur l'étiquette, au lieu de cela découvrit un homme entre deux âges, au visage avenant. Mieux, lorsqu'Alrik lui fit son
mea culpa, il ne le dégrada qu'au rang de sergent, bien sûr il ne s'attendait pas à être mis au pilori qui était un supplice principalement destiné aux roturiers, mais la sanction était tout de même plutôt faible par rapport à la faute. Il comprit plus tard que ce n'était nullement une preuve de faiblesse de la part du nouveau maître, mais que beaucoup de soldats qui étaient à Diantra lors de la guerre civile avaient péri lors de la défense de cette dernière et ils manquaient d'hommes compétents puisque la plupart des gradés avaient été exécutés pour l'exemple lors de l'occupation ennemie.
Le soleil revint, plus lumineux que jamais, quelques semaines après son retour dans l'armée. Depuis sa mésaventure dans la forêt, il ne fit plus aucune entorse au règlement et on recommença à lui faire progressivement confiance. Il fut à nouveau promu au rang de capitaine quelques années plus tard, lorsqu'ils furent sûrs qu'il était à nouveau capable de diriger une troupe importante et même son loup fut accepté à la caserne lorsqu'on se rendit compte qu'il était un féroce guerrier sur le champ de bataille et qu'il sauvait des vies. Alrik resta un temps nostalgique de la vie forestière, mais il ne pouvait plus y retourner, ses amis comptaient sur lui et il se rendit finalement compte que sa vie était avec eux, sa vraie famille.