Daenor Thòrandrion - Seigneur Protecteur de Lanthaloran

Fruit de l'amour de Miriel Edenost et de Erumeldir de l'arbre Thoràndrion, Daenor fut le 2e fils de cette prospère famille.

Son frère aîné, Fardariel fut préposé à succéder des terres de ses parents, aussi hérita t-il de l'enseignement rigoureux et sévère, de la connaissance et du savoir des sciences et de la magie. Daenor lui, fut mis quelque peu à l'écart dès sa naissance bien que les deux frères ayant 320 ans de différence, et ne reçut de ses parents qu'un amour froid. Cependant, cela ne l'empêcha pas de mener une enfance joyeuse et calme. Comme tous, il vécut les moments les plus heureux de sa vie. Ses journées étaient faites de chants et de rires, d'amis et d'amour. L'illusion enfantine, naïve, ne pouvait durer que lors de ses jeunes années. Plus tard naquirent ses deux petites sœurs. C'était un temps où les naissances étaient peu nombreuses et les Thòrandrion faisaient partie des rares à voir leur nombre décupler aussi "vite" -bien que seulement un millénaire pour quatre enfants. Quand ses parents étaient absents ou s'occupaient de Fardariel, c'était Daenor qui élevait presque ses deux petites sœurs, Ithiel et Melaïs. Un travail dur et immérité pour un elfe de sa trempe, il en effectuait tout de même la tâche sans rechigner.

Les années s'étirèrent tout aussi vite que sa taille. Il commença alors à rêver de combats épiques, de victoires et de renommée. Rêver de s'évader de chez lui pour connaître gloire et fortune. Ainsi, lorsqu'il fut d'un assez âge mur, ses parents cédèrent et lui assignèrent un tuteur. Ce fut ce dernier qui lui apprit l'art de la guerre et combattre, le maniement délicat des lames fines, le travail du métal forgé, les stratégies des batailles, l'histoire du Grand Peuple, tandis que son frère se pavanait en robe de lin, destiné à régner plutôt qu'à servir. Fardariel était la sagesse, lui la force. Il apprit à réfléchir plutôt qu'agir et les subtilités des guerres n'eurent bientôt plus aucun secret pour lui. Son jeune âge et sa mise en situation rapide lui permirent de maitriser réellement son art. Avide de connaissances, il se concentrait au maximum dans ses cours et, même s'il n'avait que de rares occasions d'appliquer ce qu'il apprenait, n'en profitait pas moins de se vanter, déjà prétentieux à l'époque.

Il devint bientôt un guerrier hors pair, expérimentant ses propres techniques d'année en année. De ses 100 ans jusqu'à la fin, il aura consacré sa vie à la guerre et au combat. Dans ses débuts, il rejoignit le corps de l'infanterie de l'armée elfique. Perdu dans la masse, il ne supportait que trop mal d'être une fourmi parmi tant d'autres et s'acharna alors à monter en grade, gagner en réputation. Son honneur et sa détermination butée le poussaient à devenir quelqu'un et à se faire remarquer. Ainsi, quelques centaines d'années suffirent à le propulser directement dans le corps des Aigles. La crème de l'armée elfique. Sélectionnés parmi les plus grands guerriers d'Anaëh, les Aigles étaient les soldats les plus courageux et plus puissants qui soient de la force elfique. Se joindre à ce groupe si élitiste était un privilège sans égal pour Daenor, une partie de sa destinée déjà bien entamée. De ce poste, il put montrer à tous ce dont il était capable. La vie s'offrait à lui, aussi belle et radieuse que Calan, son épée, lors de ses premiers jours. Ce fut Erithmel de Daranovar qui forgea l'armure si particulière de Daenor. Rehaussée de fils d'or, elle avait été conçue et préparée afin d'y graver chaque exploit de notre cher elfe. Une fois ciselé, le métal poli miroitait de symboles ancestraux. Fardariel de son côté, réussissait sa vie à sa manière. Devenu un mage puissant, il avait élu domicile en Daranovar, où il expérimentait de nouveaux sortilèges, des formes de magie complexes. Là, sa sagesse se nourrissait de livres débordants de savoirs.

Cependant, comme tout ne pouvait aller si bien, son premier coup dur fut la mort de sa petite sœur, qui le ramena très brutalement à la réalité. Il se sentit chuter à une vitesse vertigineuse de son petit nuage, le sol se dérobant sous ses pieds lorsqu'on lui annonça la nouvelle. Trop oubliée, il avait laissé de côté la famille pour se consacrer à ses passions et à la guerre. Son mari mort, Melaïs s'était laissée aller, comme beaucoup d'autres. Seule, elle s'était laissée dépérir lentement, sans que trop peu de personnes ne s'en aperçoivent. Daenor était trop occupé à se battre pour se rendre compte qu'elle devenait plus morte que vivante de jour en jour et ce fut le chagrin qui lui monta à la gorge pour finalement l'étrangler. Et comme si c'était une épidémie, cette perte lui fut désastreuse et la douleur du deuil contamina son esprit à son tour. Il se sentait sombrer dans la mélancolie et s'il n'avait jamais rencontré Eruanna Aglariel, il aurait peut-être fini tout comme Melaïs. Alors que sa famille était ébranlée, Daenor retrouva refuge chez cette elfe qu'il connaissait déjà depuis sa tendre enfance. Voulant faire une pause avec ses combats, il resta quelques années de repos chez elle et, sans qu'ils s'en rendent compte, le décès de la jeune sœur les rapprochèrent.

Ce fut une centaine d'années après, une fois le deuil plus ou moins passé et les deux elfes rapprochés, Daenor âgé de 383 ans qu'ils se marièrent. Ce ne fut sûrement pas le mariage le plus joyeux de l'histoire mais le malheur encore frais de la famille Thòrandrion n'empêcha pas les festivités de se prolonger deux jours durant. Et pour le jeune couple, les chants et les danses se poursuivirent dans leurs cœurs au quotidien. Daenor reprit le service quelques années plus tard, aussi frais et dispos que s'il avait cessé son activité la veille. Les combats s'ensuivirent et ses exploits militaires se collectionnaient sur son armure soigneusement entretenue. Leur premier enfant fut Haerion qui naquit en l'an 563 du 9e cycle. Puis plus tard vinrent Aldan, Cirelondiel, Raina, Elyond et Nestreïel. Chacun de leurs enfants suivirent leur voie, bien que les fils soient très influencés par leur père afin d'intégrer l'armée. Eruanna de son côté, une fois l'éducation de ses enfants terminée, reprit son travail d'orfèvre forgeron. Son "commerce" prospérait fort bien, ses créations étant exécutées avec une finesse sans égale. Lorsqu'ils s'installèrent à Daranovar, la famille de Daenor bénéficièrent de la sécurité de Dyarque Lhynn, Protecteur de Lanthaloran. Eruanna se lia d'amitié avec Elycia Lhynn, qui œuvrèrent ensemble à l'éducation de leurs enfants. Ce lien rapprocha les deux familles et les deux pères, qui ne tardèrent pas à se côtoyer. Daenor conseillait souvent le Protecteur en stratégie de guerres et ils partageaient ainsi leur savoir, bien que Dyarque s'était tourné vers une branche différente de la sienne : la magie. Quelques années suffirent à faire naitre une amitié profonde et sincère, et qui, sans jamais l'avouer, remplaça d'une certaine manière le lien fraternel que Daenor n'avait jamais connu avec son frère Fardariel.

Les années passèrent, encore et toujours, et ils grandirent. Eruanna leur donnant de l'amour et Daenor de son caractère strict et dur. Voulant des enfants à son image, le tempérament du guerrier déteignait sur ses fils. Du moins le voulait-il. Elyond, le plus jeune, se sépara vite des conceptions sévères de son géniteur et ce fut son oncle, Fardariel qui se chargea de son éducation. Il voulait découvrir les mystères de la magie, étudier de lourds volumes emplis de sortilèges et développer de nouvelles théories et formes de magie encore inexploitées. Son chemin l'emmena vite à s'éloigner de sa famille pour quitter Anaëh. Lorsqu'il revint, c'était affublé d'un fils. Un demi-elfe, demi-drow, prénommé Elystrel. Une honte, pour Daenor. Mais lorsqu'il fit des reproches, ce n'était pas à Elyond mais à son propre frère, responsable, selon lui, de la mauvaise éducation qu'il lui avait portée. Leur dispute retentit encore des années plus tard et ne se tarit jamais.

Enfin, jusqu'à un jour. En l'an 999 du 10e cycle, les drows lancèrent un assaut puissant contre Anaëh, visant le fort Ellyrion. La bataille fut sanglante et dura un jour et une nuit. Et Daenor connut la plus grosse défaite de sa carrière. Les troupes elfiques avaient été anéanties, les obligeant à se réfugier dans le fort. Le champ de bataille n'était que chaos et folie, l'odeur de la mort emplissait l'air lourd et contaminé. Les effectifs des elfes étaient si réduits qu'ils en étaient à se battre à un contre dix-sept. Mais leur courage et leur détermination butée leur permirent de tenir jusqu'à ce que, finalement, le Voile mit fin aux hostilités, assombrissant la terre et brunissant le sang épongé par la boue sale. Là où le combat menait à son issue, les elfes contraints de fuir, ce fut Dyarque, un vieil ami de Daenor et Seigneur protecteur d'Alëandir, le souverain des elfes qui protégea son peuple d'une déflagration magique. Courant à sa rencontre, déjà blessé par une lance qui lui traversait la cuisse, Daenor retrouva le Roi au sol, abandonné par sa fière monture, un drow s'amusant à le darder de son épée. Il arrivait trop tard. La peur envahit pour la première fois son esprit, la rage son bras. Calan perfora le buste du sombre, éclaboussant son armure d'un geyser de sang. Le Roi, allongé sur le sol, perdait peu à peu connaissance. Daenor l'emporta dans ses bras en rengainant son épée et ils partirent tous deux, abandonnant Ellyrion à son propre sort. Les larmes ne coulèrent qu'à peine, déjà trop anéanti par le chagrin, lorsqu'il enjamba le corps de son frère, Fardariel mort au combat, et les corps de tant d'autres. Ils les avaient autrefois connus, côtoyés, aimés. Et ils avaient été à présent réduits à de simples poupées en charpie de chair sanglante. Il s'enfuit, portant toujours son souverain et ami dont la vie s'affaiblissait petit à petit, n'osant jeter un regard en arrière.


Ses pas saccadés arpentaient lentement le château de Daranovar à présent sien, régulièrement ponctués par le martèlement du bois de sa canne contre les grandes dalles. Dyarque l'avait convoqué quelque jours plus tôt et lui avait annoncé une nouvelle à laquelle il ne s'attendait pas. Lui et le conseil des Protecteurs avaient décidé de lui attribuer les terres de Lanthaloran, suite à la disparition de sa fille, Nyrlae. S'il avait accepté, c'était surtout par respect pour le deuil de son vieil ami et pour honorer la mémoire de sa descendance. Voir Dyarque dans un tel état de détresse, bien que remis de ses blessures d'Ellryion l'avait attristé. Et voilà qu'il devait à présent gouverner et servir son roi. Il était destiné à prendre la place de son frère, réfléchir plutôt que combattre. Il était devenu la force et la sagesse. Un guerrier jeté au pouvoir de la politique. Il allait régir et protéger des terres dont il avait la responsabilité. Le silence de la pièce, pesant, vint l'enlacer et soutenir sa solitude. Son fauteuil, siégeant dans la salle des conseils de Daranovar, était fait de bois dur et compact, rude comme la pierre, pour lui rappeler à jamais quel était le poids et le sacrifice du devoir. Lorsqu'il s'y seyait, il ressentait presque le fardeau du pouvoir sur ses épaules, lui remémorant sans cesse ce qu'il avait traversé pour être à cette place. Et même les millénaires passés sur Miradelphia ne lui soulagèrent le chagrin qu'il portait encore dans son cœur.