De l'ombre à la lumière les enfants vont Mais qu'en est-il de nos vieilles chansons ? Près de nos colères, près de nos haines, Ils en oublient l'Anaëh et sa peine, S'avancent, s'arrêtent aux traditions Mais n'écoutent plus nos vieilles chansons...
Combattez, Elfes, priez et chantez ! Que vos si jeunes âmes aillent d'entrée De l'avant, mais que dans cette tourmente, Dans votre longue marche larmoyante, Vous n'oubliez les chansons du passé.
La peine en nos cœurs est-elle maîtresse Que dans nos cris nous pousse à la raison, Guerre et oubli sont deux grandes faiblesses Qui désunissent une grande nation, L'entendez-vous, cette voix qui chanta ? Car dans son souffle le passé nomma.
Nom de naissance : Neraën Yeldoreï Âge : 816 ans Sexe : Masculin Race :Elfe Faction : Taledhels, s'il faut le rattacher à une faction en particulier... même si sa loyauté va bien plus envers l'Anaëh elle-même qu'envers n'importe quel elfe. Particularités : La particularité du seigneur-protecteur serait-elle dans son histoire, peu banale, dans sa relation à la magie, à la Symphonie, aux Elfes ou bien dans le fait que ses yeux aient changé de couleur il y a de cela quelques années ? Au jour il est devenu protecteur, ses yeux étaient d'un bleu aussi clair que la glace et il avait bien du mal à contrôler sa sensibilité à la magie. Aujourd'hui, ses yeux sont d'un bleu aussi profond que l'océan et il essaie de retrouver une approche de la magie similaire à celle qu'il avait du temps où une dryade était enfermée en lui. Un point qui est resté est le fait qu'il a besoin de la Symphonie pour vivre.
Alignement :Neutre bon Métier :Seigneur-Protecteur d'Eteniril Classe d'arme : Corps à corps (épée double et épée bâtarde) / A distance (arc, un peu) / Magie de l'immatériel (esprit)
Équipement
Désormais qu'il passe une grande partie de ses jours à voyager dans la forêt afin de veiller sur la terre ancestrale d'Eteniril, Telenwë ne se munie plus que du strict minimum. Pas de sac, à peine quelque escarcelle à la ceinture. Une épée bâtarde ayant plusieurs siècles l'accompagne, ainsi qu'une épée double à laquelle il doit encore se faire et une dague forgée à partir des restes retrouvés de son ancienne épée double. Une dague à laquelle il tient énormément. Régulièrement, notamment dans les zones de danger ou lors des grandes chasses, l'épée double est échangée par un carquois et un arc. Les armures sont réservées aux guerres.
Description physique
Taille : 2m05
Couleur des yeux : Bleu profond
Telenwë est un elfe de grande taille, se tenant droit mais toujours avec souplesse. Son fin visage auparavant fermé et sévère montre plutôt aujourd'hui simplicité et humilité, même si les affres du temps lui ont apporté quelques rides. Contrastant grandement avec ses yeux bleu océan, de longs cheveux blancs tombant jusque sous les épaules encadrent son visage. En ce qui concerne la carrure, même s'il est un mage, le protecteur est surtout un guerrier évoluant dans une forêt où le règne animal fait loi. Il a donc une forte musculature, même si moins poussée que nombre de soldats citadins et guerriers noss. Les habits qu'il porte sont quasiment toujours d'ordre pratique et confortables, aux couleurs de la forêt, quand il ne revêt pas des vêtements traditionnels noss ; exception faite de ceux appartenant à son ancienne vie, alors qu'il vivait à chaque instant dans une cité, qu'il revêt quand il rentre à Etenirl parce qu'il lui faut bien des habits propres après le bain. Et encore, pour ces derniers vêtements, tuniques et robes ne sont que de couleurs douces (vert, bleu clair...) et ne comportent que très peu de fioritures.
Description mentale
Après tous les évènements qui l'ont secoué en seulement huit ans, le vieil elfe a besoin de se nouer pleinement avec sa nature profonde. L'être et le paraître ne sont plus qu'un passé qu'il a rangé dans les tréfonds de sa mémoire, désirant partir d'un nouveau pied vers un futur qu'il espère meilleur. Le sujet de la traîtrise le touche plus qu'un elfe standard, l'ayant vécue de plein fouet et ayant failli y laisser sa vie. Marqué au fer blanc par la guerre civile, il en est resté quelque peu distant et peu causant, bien que portant une attention particulière à toute personne croisant sa route. Se considérant comme commençant à faire partie des plus âgés et surtout pensant que les Anedhels doivent apprendre et avancer d'eux-mêmes, il préfère amener ceux qui lui demandent conseil à la réflexion plutôt que de trouver la réponse pour eux. Lui est un gardien d'Anaëh, pas des Elfes eux-mêmes... un jour il leur faudra prendre un bon chemin sans qu'il n'agisse plus, sans qu'il ne soit le lien entre Taledhels et Ornedhels sur cette terre. S'il converse avec eux, c'est uniquement car pour protéger la Prime Forêt il doit guider ceux qui sont censé en être les gardiens. Et peut-être parce qu'il conserve certains attachements envers un passé et ceux qui se sont trouvés devenir importants pour lui : Falaedhel, Ilyn, Halyalindë, Ciryië et les Cinq en sont de bons exemples. A ces quelques personnes, en plus du respect qu'il accorde à tous, il est un ami sincère, loyal, dévoué et aimant, capable de se sacrifier comme il le ferait pour l'Anaëh elle-même, désirant le meilleur en ce monde et délaissant sa distance habituelle pour des rires amusés et sereins. Les portant en son cœur, il se laisse régulièrement à s'asseoir dans un lieu naturel tranquille, calme et pensif, afin de toujours trouver le meilleur comportement à opter, parfois déchiré entre son cœur et son devoir.
Quant à sa position concernant la magie, désormais qu'il comprend mieux ce qui l'entoure et la raison de son ouverture à cette dimension du monde, il essaie de maîtriser à nouveau le domaine de l'esprit comme avant, mais en plus stable. Ses quelques siècles à vivre avec la magie l'ont trop habitué à elle pour qu'il se sente désormais faible sans les multiples sensations qu'elle lui offrait. De même, si parfois il arrive à vivre sans, Telenwë apprécie de moins en moins les villes et leur distance avec la Symphonie, aussi évite-t-il d'y passer plus de quelques jours d'affilée.
Magie
Les débuts furent loin d'être simples, plus d'un maître pourrait en témoigner : crises, peur, incapacité à gérer une sensibilité qui ne lui était pas innée. C'est ainsi qu'il avait vécu jusqu'à ce que Dryade ne soit libérée de son corps. Après bien un mois à ne plus du tout ressentir cette magie, s'était posée la question de reprendre une vie de mage ou non... Finissant par remarquer qu'il avait fini par s'habituer à sa sensibilité et qu'elle pouvait être une alliée de choix dans certains cas, ou tout simplement lui permettre de comprendre l'expression qu'arboraient les gens qui lui faisaient face, il se décida à réapprendre la magie de l'esprit. Il s'entraîna d'autant plus durement à retrouver une certaine expertise qu'il était persuadé que le lien magique qu'il avait tissé avec Mac reviendrait de ce fait et qu'il pourrait ainsi la retrouver suite à sa disparition... ce qui ne fut jamais le cas. Il s'entraîne donc toujours, se re-spécialisant dans le domaine très particulier de l'esprit et ce naturellement. La perception de la magie que peuvent avoir certains noss l'aide à se faire son idée propre sur la manière dont il pourrait l'utiliser et surtout, pour lui qui se rapproche des elfes sylvains, l'aider à pleinement comprendre cette sensibilité qui n'était pas tout à fait la même auparavant.
Pour s'aider à l'exercice de la magie, Telenwë possède comme n'importe quel autre mage un focaliseur. Une pierre bleue de la taille d'une paume, non taillée, que Ciryië lui avait donnée. Il y porte donc une très grande valeur sentimentale, une forme d'amour différente que celle qu'il portait pour le druide dont il tenait son ancien focaliseur. Un amour tout aussi sincère que fort, que seul le devoir arrivait (difficilement) à écarter au besoin de prendre certaines décisions.
Dernière édition par Telenwë Neraën le Sam 2 Nov 2019 - 15:27, édité 7 fois
Telenwë Neraën
Elfe
Nombre de messages : 571 Âge : 32 Date d'inscription : 04/07/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 816 ans Taille : 2m05 Niveau Magique : Apprenti.
Tout avait l'air vrai : la salle du trône, toujours fidèle à elle-même malgré le passage du temps ; la sensation des pieds nus foulant sans bruit les pierres froides de la pièce plongée dans la nuit ; les narines s'agrandissant légèrement pour mieux happer l'air ; le léger courant d'air caressant son visage comme ses cheveux... et ce bruit, si rare, des feuilles de papier éparpillées sur le sol, voletant au gré de l'air. Pourtant, même s'il devait reconnaître que ce qu'il voyait et ressentait reflétait une bien triste vérité, Neraën savait que tout cela n'était pas vrai. En premier lieu la tristesse qui semblait vouloir émaner de l'environnement, sans compter que la salle donnait l'impression de ne plus être habitée depuis des siècles. Tables et chaises étaient restées à leurs places, des braseros aussi, mais les tentures avaient perdu tous leurs éclats et la poussière s'était installée là où le papier n'avait daigné se reposer. Les colonnes de pierre, à regarder de plus près, étaient abîmées ; nombre de coups avaient été portés dessus, comme si des épées ou autres armes s'étaient d'abord heurtées à ces piliers ancestraux avant de toucher de quelconques adversaires. Le haut-conseiller s'approcha de l'une d'entre elles, la toucha et la remonta du regard jusqu'à lever assez haut la tête pour pouvoir voir le ciel. Ce qu'il restait des étages et du toit, fort peu de choses : un énorme trou semblait avoir été fait, donnant une vue sans pareil sur la nuit. Le vieil elfe fronça les sourcils, s'apercevant alors que les étoiles étaient bien moins nombreuses que dans la réalité et bien plus grandes. Se retournant d'un geste ample, faisant ainsi tournoyer le bas de sa robe en un lent cercle, il marcha d'un pas décidé vers l'endroit où il savait se situer la fenêtre la plus proche de sa position. A ses pieds volèrent les quelques papiers qui se trouvaient sur son chemin, révélant des écrits et dessins auxquels Neraën ne fit aucunement attention. Dès qu'il fut assez proche de la fenêtre il prit les deux rideaux de ses mains calleuses et les ouvrit sèchement, se retrouvant alors devant un fait matériellement inexplicable. Son cœur manqua un battement alors que ses yeux regardaient, grand ouverts, le ciel et la astres remplacer la douce présence de la forêt d'Anaëh.
Incompréhension. Compréhension. L'elfe ferma les yeux et posa ses mains sur les vitres fendues et glacées par un froid inexistant afin d'écouter toutes les sensations qui émanaient de ce lieu. Le vide, la tristesse... la nostalgie, l'angoisse ? La Symphonie aurait pu chanter ses pleurs ou raconter une partie de son passé, le haut-conseiller d'Eteniril était persuadé que cela aurait donné la même chose. Peut-être même était-ce cela qu'il ressentait, lors de l'un de ses trop rares sommeils. Mais, comme à chaque fois qu'un tel rêve se produisait, il en était chamboulé, désorienté. Il posa son front contre la vitre, espérant pouvoir cette fois démêler les énigmes chaotiques de la nuit... et cela commençait mal.
Un bruit de vieux parchemin glissant sur le sol attira l'attention de Neraën, qui ouvrit les yeux pour découvrir un dessin d'enfant aux couleurs effacées à ses pieds. Le dos droit et le visage fermé par pure habitude, il s'abaissa pour prendre la feuille dans ses mains. A peine toucha-t-il l'objet qu'il entendit un bruissement sur sa droite, vers le centre de la pièce. En tournant le regard vers l'endroit supposé il s'aperçut que plusieurs de ces feuilles éparpillées grossièrement sur le sol de pierre bougeaient, certainement secouées par un vent qu'il ne pouvait ressentir d'ici. Se relevant lentement, il prit le temps de regarder ce qui était dans ses mains avant de s'avancer doucement vers le centre de la salle. Un dessin comme tous les enfants des cités en ont fait étant petits, un petit garçon au milieu de ses parents. Les deux adultes avaient tous deux le sourire et l'homme portait ce qui, Neraën le savait, était un parchemin. Le vieil elfe sourit intérieurement, ce qui ne se vit aucunement sur son visage ; il reconnaissait là ses deux parents : sa mère, une fort belle femme aux longs cheveux blancs, avait fait le choix de s'occuper de lui après sa naissance afin de lui inculquer tout ce dont il aurait besoin dans sa vie, y compris l'amour familial. Son père, un grand elfe mince et élancé, avait toujours été versé dans l'art de la politique... si bien qu'on le voyait toujours courir avec des papiers dans les mains. Neraën s'était d'ailleurs à plusieurs reprises amusé à prendre l'un de ces fameux rouleaux et à courir partout avec, généralement dans la cité – il avait presque réussi à passer les portes d'Eteniril une fois – avant de se faire rattraper par quelqu'un. Si seulement il s'était rendu compte de l'importance de ces documents étant enfant ! Il n'aurait pas joué de la sorte avec, mais peut-on seulement empêcher les enfants de jouer, vu toute l'imagination et l'innocence dont ils font preuve lors de leurs jeux ?
La sensation de ses pieds chassant les différentes feuilles de papier extirpèrent peu à peu le haut-conseiller de ses souvenirs, le nouveau courant d'air naissant devant lui finissant la tâche. L'elfe regarda dans la direction d'où le vent devait venir et n'aperçut aucune fenêtre ou porte ouverte. Tout était fermé, comme abandonné ; seul le toit était ouvert sur l'impossible. Il fit encore deux pas, toujours avec la même douceur, et quelques papiers volèrent jusqu'à la hauteur de son buste. Agile, Neraën en attrapa plusieurs au vol de sa main droite et lu rapidement ce qui y était écrit avec maladresse :
Neraën ! Où étais-tu ? Cela fait dix minutes que l'on t'appelle ! Mais qu'est-ce qui t'a pris ? On t'avait pourtant bien dit de ne pas t'éloigner ! Mais il y avait un elfe, de mon âge... Tinrael, il arrivait à faire éclore des fleures ! Et il m'a même expliqué que les arbres et toute la nature pouvaient parler, que le chant signifiait quelque chose et que nous sommes plusieurs à pouvoir ressentir ce chant. Des gens de son clan sont même capables de le comprendre ! Un noss ?
Papa n'a pas envie que je revois Tinrael... moi je l'aime bien, il aime jouer parmi les arbres, comme moi. En plus il est intéressant, il dit des choses dont maman ne me parle pas trop. Je crois qu'elle n'est pas à l'aise avec ça. Papa, lui, dit que ce sont des gens dangereux. Moi je ne comprends pas.
Tinrael ! Ah Neraën ! Cela faisait longtemps, j'ai cru que tu n'étais que de passage. Non, je n'ai pas pu venir plus tôt. Tu m'attendais ? Je crois que nous n'avions pas terminé notre discussion la dernière fois... Ni notre jeu ! C'était à moi d'aller te voir, à toi de me poser ton énigme. Attends ! J'avais quelque chose à te dire avant...
Tinrael... un elfe de son âge ayant toujours été un peu étrange mais qui, très rapidement, avait eu toute l'amitié du jeune citadin. Alors que tout semblait vouloir les opposer, leur sensibilité, leur imagination ainsi que leur curiosité les avaient poussés à faire en sorte de se revoir malgré certains interdits. Ses parents avaient dû s'y faire à force, devant apprendre à faire confiance à des êtres qui vivaient d'une manière complètement différente de la leur. C'est ainsi que Tinrael devint au fil des décennies l'ami intime de Neraën, surtout jusqu'à ce que l'un parte en école militaire et que l'autre soit pris en charge par un druide. Les deux enfants jouaient beaucoup ensemble, discutaient, échangeaient, apprirent même à connaître le milieu de vie de l'autre – changement qui fut bien plus difficile pour Tinrael que pour Neraën – ; c'est ainsi que le jeune citadin put rencontrer la noss Wen'Döril, à plusieurs reprises, sans être jamais intégré à leur clan. Mais ce fut pour lui un apprentissage bien différent de ce qu'il avait à l'école et, sans même s'en douter, cette ouverture d'esprit lui serait utile des centaines d'années plus tard.
Lors de leur courte adolescence lui et Tinrael étaient devenus comme des frères très proches, peut-être plus qu'il ne l'aurait fallu... certainement même... Neraën laissa tomber les papiers attrapés au vol quelques secondes plus tôt, laissant transparaître une certaine nostalgie sur son visage. La grande amitié avait duré plus de quatre siècles, et ce malgré la longue séparation qui avait suivi leur adolescence. Après des études adaptées, l'elfe était en effet entré dans l'armée d'Eteniril où il avait vite fait ses preuves, notamment en tant que combattant : Neraën avait réussi à adopter un style de combat qui lui convenait tout à fait en plus d'être efficace, basé bien plus sur l'agilité et la rapidité que sur la force. N'ayant pas une très forte carrure, son maître d'armes l'avait orienté vers ce choix et avait lors d'entraînements avait découvert que son apprenti était encore plus apte à l'épée double qu'à l'épée longue. Encore une personne que le passé avait décidé d'effacer...
La fine brise arrivant de nulle part se transforma soudainement en un vent violent qui vint tourner autour du haut-conseiller, réveillant au passage les feuilles jusque là jonchées sur le sol, leur faisant entamer une danse que l'elfe ne pouvait qu'appréhender. En jetant un coup d’œil sur sa gauche, il put remarquer que le ciel dans lequel était pris le palais d'Eteniril changeait de couleur, tirait vers le vert propre aux aurores boréales. Qu'est-ce que cela signifiait ? Incertitude, non compréhension. Les feuilles volèrent de plus en plus rapidement autour de lui, le griffant avec force lorsqu'il passait trop près d'elles, de plus en plus nombreuses jusqu'à former un mur mouvant dont il semblait être le prisonnier. Neraën pouvait remarquer que sur chacun des papiers étaient inscrits des mots, des phrases qui passaient trop rapidement pour qu'il puisse les lire. Mais il put contempler en toute tristesse les dessins que formaient ces mots : sa mère qui lui souriait, son père qui lui apprenait à lire des documents politiques, Teneldar son maître d'arme lui montrant une vieille épée double, plusieurs frères d'arme, Tinrael... Arrivé à ce personnage le « mur », sans s'arrêter de tourner, gagna en relief : lorsque le druide tendit la main vers son ami les feuilles s'avancèrent, incitation à venir le rejoindre. Alors Neraën commença à entendre des bruits venant de l'autre côté des feuilles, bruits typiques d'un champ de bataille : ordres hurlés, cris de guerre, son du métal contre le métal et, surtout, le bruit d'incantations prononcées au loin ainsi que les bruits des sorts faisant un nombre de morts incalculable. Dans les dessins, l'elfe reconnut sans peine le terrain sur lequel il s'était battu auprès des siens il y a de cela trois cents ans, contre une race qu'ils ne connaissaient pas encore, remplie d'une haine envers les Elfes telle que Neraën ne se souvenait pas avoir vécu bataille si violente et si destructrice. Tinrael eut un sourire envers son frère de cœur et se retourna pour faire face au combat pour la Prime Forêt. L'effroi se vit dans le regard bleu très clair du haut-conseiller, les bruits se firent de plus en plus fort, les sensations de la bataille renaissaient en lui comme s'il s'y trouvait encore, la peur de perdre à nouveau un être cher aussi. Capturé par ce souvenir, le vieil elfe s'élança à la suite du druide, brisant le mur de papiers.
« Lieutenant Yeldoreï ? Quelqu'un aimerait vous parler. -Qui ? -Un druide, il dit vouloir vous voir personnellement avant que nous n'atteignions le lac. -Très bien, fais-le entrer. »
Le lieutenant tout juste âgé de cinq cents ans se retourna vers le battant de la tente par laquelle passait le soldat, se demandant ce qu'un druide pouvait bien faire là... et surtout pourquoi il désirait le voir. Après être entré dans l'armée d'Eteniril, Neraën s'était rapidement fait remarquer par ses supérieurs ainsi que par une certaine élite : l'armée royale. Il y était donc rentré à l'âge de deux cent trente-et-un ans et avait même été promu lieutenant des Aigles il y a une cinquantaine d'années, autant de par ses talents martiaux que par son empathie qui l'aidait en bien des choses. En ce jour la tension était palpable, une armée avait été repérée, se dirigeant vers le lac Uraal... une armée d'elfes noirs, êtres qui jusque là n'avaient que semé la désolation dans le peuple elfique. Quelles étaient leurs capacités martiales, leur façon de voir les choses ? Quels étaient leurs points faibles ? Il n'en savait rien. Trop peu de personnes en savaient assez sur eux. Encore une chance qu'ils aient de puissants mages auprès d'eux dont celui qui devait être le plus puissant de tous, Caranthir. Même si les « autres » avaient des mages ils auraient de la sorte une plus grande puissance, ce qui était rassurant. Le lieutenant avait peur avec tout ce que l'on racontait que l'ennemi ne se soit pas surestimé en entrant dans la forêt et, de fait, il préférait éviter de sacrifier trop de guerriers lors de la bataille qui s'annonçait.
« Neraën ? L'elfe retourna à la réalité et vit avec surprise un adulte aux longs cheveux bruns emmêlés et aux yeux verts, portant un grand bâton ornementé de différents objets naturels, debout à l'entrée de la tente en train de sourire. -Tinrael ! Neraën s'approcha de son ami d'enfance et le prit chaleureusement dans ses bras tout en riant. -Par la Mère, cela faisait longtemps ! Qu'est-ce que tu fais ici ? -Évite ce genre d'expressions, tu sais que je n'aime pas ça ! Je viens à cause de la Symphonie, et toi ? -De la Symphonie ? Moi je suis là à cause de l'armée qui est en marche. Rien de plus, rien de moins ! Explique-moi donc ce que t'a dit la Symphonie pour que tu viennes ici... je suppose que ce n'est pas une visite de courtoisie ? -En effet... Disons qu'il y a une inquiétude quant à l'armée qui s'avance, j'ai peur qu'en plus de toucher aux Elfes ils ne s'en prennent à la Prime Forêt, pour faire simple. C'est la raison pour laquelle je vais collaborer avec vous ainsi qu'un autre druide. Ton supérieur est déjà au courant. -Je n'aime pas cette idée... -Il n'y a pas que vous qui vous battez pour l'Anaëh, loin de là. -L'armée que nous allons affronter nous est inconnue... -Et puis ? Neraën regarda le druide. Il essaya de taire la peur qui était montée en lui suite à la nouvelle, de se concentrer et de ressentir le Chant qui interminablement dansait dans l'air, entrant dans le cœur de ceux qui désiraient l'entendre. -Si je suis capable de prendre des décisions qui ne me font aucunement plaisir, qui pourraient même me mener à ma mort pour que la bataille ne soit pas perdue... tu es un druide, et le seul frère que j'ai jamais eu. S'il y a une personne que je ne souhaite pas voir mourir c'est toi. Et là ce n'est pas un combat mené par les noss. Tinrael sourit. -Ne crois-tu pas que savoir que tu entrais dans l'armée ne m'a pas affecté ? Nous sommes devenus très proches, tu es devenu un frère pour moi... Mais tu sais très bien que si je devais choisir entre ma noss et l'Anaëh, que même si je devais y passer je choisirai la Prime Forêt. -C'est ce qui me fait peur... Au fait, as-tu revu ta noss avant de venir ? -Oui. J'ai même pu revoir Ëninril... Ses yeux vairon m'impressionneront toujours, par contre j'ai comme la sensation qu'il suivra la même voie que son oncle ! Il est bien parti dans ce sens en tout cas. -S'il te suit ce ne peut être qu'une bonne chose. Après à savoir s'il tiendra son caractère de son père, de sa mère ou de toi... -Haha ! Et personne pour suivre la tienne, de ton côté ? -Ah tu sais s'il devait y en avoir un... j'espère seulement qu'il ne sera pas comme moi, sinon il s'engagerait dans l'armée uniquement parce que l'art du combat lui plaît et qu'il apprécie commander ! Quand j'y repense... quel bêta j'étais ! -Tu ne me le fais pas dire... dans le fond intégrer cette armée t'aura au moins apporté du bon. -Parce que j'étais si mauvais que ça ? -Tu ne voulais pas m'écouter sur ce point-là... »
La discussion continua encore quelques minutes, les deux amis étant heureux de se retrouver. Puis vint l'heure de se séparer, de reprendre son rôle de lieutenant, et enfin vint l'heure de la guerre. Une bataille terrible, voyant de nombreuses pertes elfiques comme noire-elfiques, autant par les lames que par la magie. Une magie destructrice qui n'épargna pas le guerrier. C'était vers la fin de la bataille, Neraën n'aurait su dire combien de temps avant qu'il n'y ait enfin un vainqueur. Il se tenait là, assis dos contre un rocher avec deux de ses frères d'arme, attendant le bon moment pour sortir de leur repli et s'avancer au plus vite jusqu'à l'endroit où ils devaient aller. La transpiration avait fait que la poussière et la terre s'étaient collées sur son corps, sa jambe gauche lui faisait mal... mais la peur des premiers instants était depuis longtemps partie et seuls restaient sa lucidité, son sens du devoir et son courage. Ceux qui l'accompagnaient avaient les mêmes principes que lui et étaient prêts à tout pour sauver leur peuple, il le ressentait. A ce moment précis il était une fois de plus obligé de se fier à l'instinct lié à ce que certains qualifieraient de sixième sens pour pouvoir avancer, ce qui pour lui revenait à de l'empathie. C'était ainsi qu'ils étaient presque arrivés à leur but et ce fut grâce à cela qu'il prit la décision de reprendre leur course. Un coup d’œil en arrière, un signe à ses soldats, et les voilà partis. Tout se passa rapidement : la course folle, des drows rencontrés qui n'opposèrent pas une grande résistance face à son épée double, la flèche qui le frôla, le cri, la lumière, le bruit, la propulsion, le vol, la chute. L'aigle ne comprit pas ce qu'il se passa mais tout devint noir et quelque chose vint le prendre de l'intérieur, le prenant tellement qu'il avait l'impression qu'il allait exploser d'une seconde à l'autre, que l'on venait de le plonger dans de lac Uraal lui-même tant il se sentait compressé et surtout incapable de respirer. Par réflexe sa main se porta à sa gorge tandis que l'autre cherchait un point d'accroche, ses doigts se plantant dans la terre lorsque son sens du toucher retrouva quelques repères. Alors il réussit enfin à respirer en un râle profond et douloureux et la première chose qu'il fit fut d'essayer d'expulser ce qui était « en trop » en lui, ce qui lui donnait toujours l'impression d'exploser ; il ne réussit qu'à vomir de la bile. Les quelques bruits que Neraën arrivait à entendre étaient sourds, lointains... il ne voyait toujours pas, pourtant il sentait ses paupières s'ouvrir et se refermer à maintes reprises. Un longs temps de latence pendant lequel il aurait volontiers prié Tyra pour pouvoir mourir, puis il se sentit pris par quelque chose ou quelqu'un.
Le haut-conseiller ouvrit les yeux, haletant et allongé sur le sol, la même main qui avait autrefois planté ses doigts dans la terre crispant des feuilles et ayant au passage griffé le sol. Des larmes coulèrent sur son visage déformé, transformé autant par la douleur physique que par la douleur mentale. Oh qu'il se souvenait de ce passage-là de sa vie, nul besoin de le lui rappeler ! Il se souvenait également de ce qui s'ensuivit : seul le choc l'avait rendu aveugle, aussi cette perdition de la vue ne dura que peu de temps, fort heureusement pour lui. L'un des guérisseurs en charge des blessés de cette bataille le prit en charge et il fut, malheureusement pour lui, le premier auquel le lieutenant réagit. Bien qu'il était effrayé par tout ce mélange de sensations, d'émotions et qu'il hurlait de ne pas le toucher, deux des siens encore vivants durent le maîtriser. Ce ne fut une partie de plaisir pour personne et, au bout d'un long moment, il fallut l'intervention d'un mage pour calmer ce cirque : Celebrand, maître en magie de l'esprit, qui devint quelques jours plus tard son mentor. L'état de Neraën surprit grand nombre de mages - exista-t-il seulement un autre Elfe qui devint mage après une attaque magique, dans l'Histoire ? - et engendra, plus ou moins rapidement, les faits suivants : rapatriement à Alëandir – où s'était tenu un siège pendant la bataille du lac Uraal –, apprentissage de comment contenir ce changement en lui, départ de l'armée, apprentissage de la magie. L'elfe ne revêtira plus jamais son uniforme d'aigle, arrêtant complètement l'armée.
Neraën se releva avec mal, de nombreuses larmes coulant sur ses joues ; il entendait dans sa tête nombre de mots ayant été prononcés à partir du moment où une vague de magie l'avait frappé de plein fouet, le projetant plusieurs mètres en arrière, lui faisant quelques minutes perdre la vue et surtout modifiant sa sensibilité à jamais. Il se souvenait très bien avoir appris la mort de ceux qui l'accompagnaient au moment où la magie les avait heurtés, la mort de Tinrael aussi... cela n'avait aucunement aidé à améliorer son état et ce ne fut que trois longs mois plus tard qu'il put enfin rendre visite à sa noss. Une dernière visite qui aurait pu mieux se passer, comme plus mal. Neraën ne se remis jamais complètement de la mort de son ami d'enfance, tout comme le frère de celui-ci certainement, Arafinwë. La mort du druide jeta u n froid entre les Wen'Döril re lui, certains tenant les Elfes des Cités – et donc lui-même – comme responsables. De son côté cela ne changea que peu, respectant toujours les Noss et leurs façons d'être, et croisant de temps à autres différents elfes de ces clans au fil des siècles Jetant avec colère les feuilles dont on ne pouvait même plus lire les pensées et paroles qui y étaient inscrites, il se mit à crier comme il ne l'avait jamais fait depuis plusieurs siècles.
« Pourquoi ?! Je me souviens très bien de ce qu'il s'est passé ! Qu'est-ce que tu veux, à la fin ?
Aucune réponse, comme il pouvait s'y attendre. D'ailleurs, pourquoi avait-il crié ? Cela ne servait à rien, hormis à faire ressortir son énervement contre ce don qui était né en lui à cause de cette magie qui l'avait pris, cette malédiction qui toujours l'empêchait de dormir. Parce qu'il en souffrait, et ce depuis le début, même si être assez sensible à la magie pour être considéré comme un puissant mage était un don aux yeux de tous. Là avait été tout son apprentissage pendant une centaine d'années en Alëandir : découvrir ce qu'il était devenu exactement, ce qu'il pouvait faire, ce qu'il devait faire et s'améliorer de jour en jour même s'il était déjà considéré par son maître comme « doué ». Si les cours en eux-mêmes avaient duré un bon siècle, pour le reste il avait dû apprendre de lui-même... apprentissage qui continuait encore et toujours, ne serait-ce que pour réellement maîtriser son « don ».
Une feuille de papier voleta dans la grande pièce, dansant au gré du maigre courant d'air traversant celle-ci. Froissée, humide, on pouvait cependant encore y voir des traits s'associant pour faire des dessins d'enfant. Les quelques couleurs avaient dépassé le crayon de bois, donnant un flou à trois des quatre personnages qui y étaient représentés : les parents de Naraën et Tinrael. Comme par magie, ce dernier s'était rajouté sur cette vieille feuille de papier, un grand sourire aux lèvres et semblant vouloir jouer avec le jeune elfe. Un courant d'air plus fort et la page de l'enfance virevolta et vint se poser délicatement sur un brasero qui, à ce contact, s'alluma brusquement. Tous les autres braseros qui ornaient la pièce s'allumèrent en même temps, redonnant vie à la salle du trône. Pendant que leur lumière chaleureuse éclairait un elfe aux épaules abaissées par le poids des années et au visage tendu par les épreuves traversées, le plafond commença petit à petit à se reconstruire, les piliers perdirent de leurs marques de combat, le vent s'engouffra de par le mur dans la pièce tel une tempête qui vint faire danser les cheveux ainsi que les vêtements du noble elfe. Les pages de sa vie déferlèrent vers la grande porte en une vague, laissant dorénavant à l'ancien militaire le soin d'affronter le présent tout en s'aidant de son passé proche.
Épuisé par ce qu'il venait de vivre, éreinté par le vent qui lui giflait le visage, le haut-conseiller ressentit qu'il devait avancer vers l'objet principal de cette salle : le trône. Ce n'était pas celui du roi - qui avait d'ailleurs mystérieusement disparu il y a peu, privant tout un peuple d'un guide, ce qu'avait du mal à concevoir Neraën -, loin de là, mais celui auquel il était appelé. Depuis qu'il était devenu mage les événements semblaient s'être goupillés de sorte à ce qu'il entre de plus en plus dans la politique, entre des études désormais plus généralistes, un penchant naturel pour conseiller son propre père puis l'entrée au service de celui-ci, la reconnaissance de ses aptitudes par le Conseil d'Eteniril – dont faisait partie son père – et enfin la mort de son paternel, amenant à son acceptation définitive au Conseil. Elfe des cités, ancien lieutenant dans l'armée d'Eteniril puis chez les Aigles et donc possédant un caractère direct et un côté très ordonné, possédant une certaine sagesse des années écoulées, désormais mage de l'immatériel et politicien de par différents apprentissages et maîtres... Il avait désormais plus sept cents ans et entrait officiellement au service du trône, accordant ses pensées, ses réflexions et son temps pour les Seigneurs-Protecteurs qui se succéderait : Vioron Aloderentariel qui succéda à son propre père et qui fut le plus jeune Seigneur-Protecteur qu'ils eurent ; Sylvana Alatariël qui disparut après avoir donné naissance à un être... et Valaranna Laicolassë (surnommée Ringwë) qui seulement après quelques mois de règne ne revint jamais du front elfico-drow. Plus les Seigneurs-Protecteurs étaient jeunes, plus longtemps ils restaient sur le trône. C'était cet état de fait qui avait fait naître dans la région l'adage « En Eraïson plus ils sont vieux, moins ils durent ! », qui semblait tout à fait logique hors contexte mais qui déplorait la disparition voire la mort successive de ses Seigneurs-Protecteurs. A cela Neraën n'y coupa guère : pour le bien de son peuple il se présenta pour devenir à son tour Seigneur-Protecteur et même si les membres du Conseil l'élurent pour mener le protectorat, il avait senti l'angoisse monter dans le cœur des Elfes... il était encore plus vieux que Ringwë. Si elle n'avait duré que quelques mois, même pas un an, combien de temps durerait-il lui ? C'était bête, idiot, superstitieux. Mais c'était ainsi et tant qu'une année ne serait pas passée, le futur Seigneur-Protecteur savait que certains seraient trop protecteurs à son encontre – ce qui l'exaspérait d'avance.
Alors qu'il s'avançait avec difficulté et contre le vent vers le trône, pas après pas, des voix se firent entendre : son père, les autres hauts-conseillers, son maître de magie, d'autres encore... Il ne détourna pas une seule fois le regard pour voir s'ils étaient présents autour de lui. L'un était mort depuis longtemps, tout comme sa femme ; pour les autres, s'ils avaient été vraiment là il l'aurait senti. La magie le lui aurait dit. Les sentiments, les querelles, les tensions, les prises de décisions difficiles, l'appréhension... tout se mélangea, ce qu'il s'était passé ces trois cents dernières années se posa en une masse sur ses épaules, se rajoutant ainsi au poids des années. Alors il tomba, se heurtant aux quelques marches menant au trône, le souffle devenu lourd. Relevant la tête avec peine il tint ces mots, d'une voix forte.
-J'ai compris... non je ne mourrai pas, et non je n'oublierai pas tous ceux qui se sont donnés pour toi. Parce que c'est toi que j'entends, c'est toi qui m'envoies ce message, n'est-ce pas ? Pourquoi ne me laisses-tu pas juste trouver le sommeil ? Tu as peur... et tu n'es pas la seule, tu le sais. Ce n'est pas la première fois que tu essaies de me parler de la sorte, que tu me fais comprendre quel a été mon chemin et ce que je ne dois pas oublier. Mais y étais-tu obligée ? »
Un vent provenant de sa droite lui répondit, suffisamment fort pour le faire basculer sur le dos sans pour autant, cette fois-ci, lui faire de mal. S'il avait été une main, elle aurait été ferme mais douce. Neraën se retrouva allongé sur le dos, une légère brise venant caresser son visage et faire glisser les quelques cheveux qui s'étaient logés dessus. Le paysage avait complètement changé : au lieu de piliers se tenaient de grands arbres aux longues ramures, à la place des meubles étaient des arbustes et surtout, au lieu de l'étrange ciel nocturne se trouvait la douce lumière de l'aube. L'elfe se releva, désormais déchargé de tout le poids qui était venu alourdir ses épaules, et regarda d'un œil attentif la forêt dans laquelle il se trouvait. Quelques oiseaux chantèrent mais le plus important n'était pas dans ces petits êtres magnifiques. Il se trouvait dans un chant qu'il ne pouvait pas forcément comprendre, encore moins traduire, mais qui lui paraissait serein. Doucement il posa sa main gauche sur l'écorce d'un tronc pour se concentrer sur son chant à lui, y être plus réceptif, mais la musique se tut. Neraën craint un instant, ne bougeant plus, regardant autour de lui : rares étaient les fois où tout se taisait, où la magie elle-même semblait vouloir disparaître un temps incertain. A l'inverse du Voile où il avait pu ressentir une nouvelle joie, une nouvelle puissance dans la Symphonie, ce qu'il s'était passé il y a de cela quelques ennéades l'avait tout autant bouleversé... pour un temps court fort heureusement, uniquement quelques heures où l'elfe fut complètement désarçonné - chose qui était arrivée en plein conseil se souvenait-il, ce qui lui avait valu de revoir un guérisseur. De nombreuses questions se posèrent, l'incompréhension revint ; ce ne fut que plusieurs jours après qu'il apprit qu'à ce moment précis avait crié le Grand Cerf de Carpacelva.
Apparut alors entre deux arbres penchés un portail donnant sur une chambre qu'il connaissait fort bien, pour être la sienne. En s'en approchant il s'y aperçut lui-même, dormant d'un sommeil agité. Pour une fois qu'il arrivait à fermer les yeux... ne maîtriserait-il donc jamais sa réception à la magie ? Belle malédiction que voilà... qui lui faisait vivre des choses que bon nombre de personnes n'arriverait certainement jamais à comprendre. Faudrait-il qu'il en comprenne vraiment la portée lui-même...
Sachant où il devait aller, il admira une dernière fois cette partie de son songe avant de sourire, serein à son tour, et de traverser la porte des rêves.
Dernière édition par Telenwë Neraën le Jeu 31 Oct 2019 - 21:02, édité 3 fois
Halyalindë
Ancien
Nombre de messages : 1722 Âge : 97 Date d'inscription : 17/12/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 480ans (né en 531) Taille : 1m96 Niveau Magique : Non-Initié.
Alors, ta fiche est cool, mais comme on en avait déjà parlé et reparlé et rereparlé, elle est pas banale.
On en avait parlé: ta fiche est écrite en majorité du point de vue du personnage, surtout en ce qui concerne sa magie et les retombées de celle ci, donc je t'étonne pas si la liste est un peu longue, je met les points sur les i pour qu'on soit vraiment sûr d'être sur la même longueur d'onde ^^
Mental:
"il se refuse de se lier à une âme et encore plus d'avoir des enfants qui pourraient hériter de ses capacités magiques." -Ici rien a changé si tu es bien consciente en tant que joueuse que dans les faits, la magie ne peut pas être "hérité".
Magie: Comme tu dois t'en douté, le seul truc qui nou reste a voir est ce deuxième paragraphe de la partie Magie (et les alusions qui y sont faites dans ton histoire)
Dans ton histoire, le contre-coup direct me va bien: les effets du sorts sont encore récent, il ne comprend pas bien, il est émotionnellement instable à cause des morts et ce qu'il ressent est effectivement du au sort qu'il a reçu.
après tu parles à de nombreuse reprise de son "don". Cela peut-être en effet comme cela qu'il le perçoit, ou que les autres pe perçoivent, car ça lui a été "offert" d'un coup par cet accident. J'aimerais cependant que tu retire ou modifie une petite chose pour clarifier l'état objectif des choses:
"même si être assez sensible à la magie pour être considéré comme mage était un don aux yeux de tous" - ce n'est pas la sensibilité qui fait le mage mais son apprentissage. L'accident magique l'a en fait mis sur la voie en faisant de lui un "éveillé" forcé. ce qui normalement s'acquiert avec le travail et la concentration. A la limite tu pourrais transformer un peu ta phrase: "...pour pouvoir espérer devenir un mage (puissant) était un don..."
Dans la partie magie en elle même:
Pour la sensation des personnes autour de toi: pas de soucis, Raën peut penser que cela vient uniquement de la magie, mais ce sera avant tout son lien avec la Symphonie. Si ce lien est un jour perturbé, comme il a put l'être par le hurlement du Grand Cerf il y a quelques ennéades, il te sera don impossible de les sentir. De même si tu te retrouve dans un endroit dépourvu de végétation.
Sinon je te demande également de rajouter deux trois trucs: -Comment a-t-il vécu le Voile? l'exode des Citadins? -Quelle relation a-t-il avec les Noss depuis la mort de son ami d'enfance (son clan a-t-il bien prit le fait que lui, un druide, soit mort dans une guerre Citadine)? -Quelle était son opinion sur Dyarque et sa disparition?
Voilavoila! Toujours là en cas de questions!
Telenwë Neraën
Elfe
Nombre de messages : 571 Âge : 32 Date d'inscription : 04/07/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 816 ans Taille : 2m05 Niveau Magique : Apprenti.
Et voilà les corrections/ajouts demandés ! Par contre ce n'est pas vraiment dans l'ordre de l'histoire...^^'
N'hésite pas à me dire si des choses ne vont pas !
Voile et Carpacelva :
Citation :
Doucement il posa sa main gauche sur l'écorce d'un tronc pour se concentrer sur son chant à lui, y être plus réceptif, mais la musique se tut. Neraën craint un instant, ne bougeant plus, regardant autour de lui : rares étaient les fois où tout se taisait, où la magie elle-même semblait vouloir disparaître un temps incertain. A l'inverse du Voile où il avait pu ressentir une nouvelle joie, une nouvelle puissance dans la Symphonie, ce qu'il s'était passé il y a de cela quelques ennéades l'avait tout autant bouleversé... pour un temps court fort heureusement, uniquement quelques heures où l'elfe fut complètement désarçonné - chose qui était arrivée en plein conseil se souvenait-il, ce qui lui avait valu de revoir un guérisseur. De nombreuses questions se posèrent, l'incompréhension revint ; ce ne fut que plusieurs jours après qu'il apprit qu'à ce moment précis avait crié le Grand Cerf de Carpacelva.
Apparut alors entre deux arbres penchés un portail donnant sur une chambre qu'il connaissait fort bien, pour être la sienne.
Lien Neraën - Noss (après la mort de Tinrael) :
Citation :
Neraën ne se remis jamais complètement de la mort de son ami d'enfance, tout comme le frère de celui-ci certainement, Arafinwë. La mort du druide jeta u n froid entre les Wen'Döril re lui, certains tenant les Elfes des Cités – et donc lui-même – comme responsables. De son côté cela ne changea que peu, respectant toujours les Noss et leurs façons d'être, et croisant de temps à autres différents elfes de ces clans au fil des siècles. Jetant avec colère les feuilles dont on ne pouvait même plus lire les pensées et paroles qui y étaient inscrites, il se mit à crier comme il ne l'avait jamais fait depuis plusieurs siècles.
L'étonnement des mages :
Citation :
Ce ne fut une partie de plaisir pour personne et, au bout d'un long moment, il fallut l'intervention d'un mage pour calmer ce cirque : Celebrand, maître en magie de l'esprit, qui devint quelques jours plus tard son mentor. L'état de Neraën surprit grand nombre de mages - exista-t-il seulement un autre Elfe qui devint mage après une attaque magique, dans l'Histoire ? - et engendra, plus ou moins rapidement, les faits suivants : rapatriement à Alëandir – où s'était tenu un siège pendant la bataille du lac Uraal –, apprentissage de comment contenir ce changement en lui, départ de l'armée, apprentissage de la magie. L'elfe ne revêtira plus jamais son uniforme d'aigle, arrêtant complètement l'armée.
Changement de phrase (par rapport à ta citation) :
Citation :
Parce qu'il en souffrait, et ce depuis le début, même si être assez sensible à la magie pour être considéré comme un puissant mage était un don aux yeux de tous.
La disparition du Dyarque :
Citation :
Épuisé par ce qu'il venait de vivre, éreinté par le vent qui lui giflait le visage, le haut-conseiller ressentit qu'il devait avancer vers l'objet principal de cette salle : le trône. Ce n'était pas celui du roi - qui avait d'ailleurs mystérieusement disparu il y a peu, privant tout un peuple d'un guide, ce qu'avait du mal à concevoir Neraën -, loin de là, mais celui auquel il était appelé.
Halyalindë
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 480ans (né en 531) Taille : 1m96 Niveau Magique : Non-Initié.
Et te voila validé avec un grade d'Arcaniste assez moyen (beaucoup de choses autour et seulement trois siècles d'entrainement laborieux ). Attend toi donc à avoir de la résistance, surtout sur de la manipulation mentale qui est une des disciplines les plus difficiles. Et n'oublie pas que plus la volonté du sujet ou son caractère est fort, plus ça sera difficile.
Code:
[Métier] :Seigneur protecteur
[Sexe] :Elfe Masculin
[Classe d'arme] : Corps à corps / Magie (Immatériel)
[Alignement] : Neutre Bon
Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur ! Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {Vivement conseillé}. Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.
Telenwë Neraën
Elfe
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Sujet: Re: Telenwë ~ Seigneur-Protecteur d'Eteniril [MAJ] Mar 29 Oct 2019 - 16:26
Fiche déplacée dans le présentoir pour mise-à-jour.
Ancienne fiche:
Yeldoreï Neraën
De l'ombre à la lumière les enfants vont Mais qu'en est-il de nos vieilles chansons ? Près de nos colères, près de nos haines, Ils en oublient l'Anaëh et sa peine, S'avancent, s'arrêtent aux traditions Mais n'écoutent plus nos vieilles chansons...
Combattez, Elfes, priez et chantez ! Que vos si jeunes âmes aillent d'entrée De l'avant, mais que dans cette tourmente, Dans votre longue marche larmoyante, Vous n'oubliez les chansons du passé.
Âge : 808 ans Sexe : Masculin Race :Elfe Faction : Elfes des Cités Particularités : La particularité principale du Seigneur-Protecteur n'est pas, comme pour beaucoup de personnes, physique (bien que certains considéreraient bien la couleur extrêmement claire de ses yeux comme une particularité). Elle réside en sa sensibilité à la magie : très forte, continue, non maîtrisable totalement... ce qui peut l'amener à avoir des sautes d'humeur ou des réactions incompréhensibles pour les autres elfes. De plus, sa magie fait de lui depuis trois cents ans un insomniaque.
Alignement :Neutre bon Métier :Seigneur-Protecteur d'Eteniril Classe d'arme : Corps à corps / Magie de l'immatériel (esprit)
Équipement
Au tout début, Neraën était un guerrier. Même en étant devenu mage par la suite, il a gardé certaines habitudes ainsi qu'un côté combattant, si bien qu'il n'est pas inhabituel de le croiser avec une épée bâtarde ou une épée double à ses côtés, cette dernière étant son arme de prédilection. De noir et d'or, agrémentée de quelques émeraudes, cette arme vieille de plus de cinq cents ans est toujours restée solide malgré de grandes batailles, fidèle amie du Seigneur-Protecteur. Lors des guerres, Neraën se munit également d'un plastron de cuir ainsi que de brassards et de spallières aux couleurs de la forêt.
Epée et épée double de Neraën :
Description physique
Le Seigneur-Protecteur Yeldoreï est connu pour être un elfe de grande taille (2m05) se tenant toujours de manière droite mais souple, et regardant chacun de haut avec grande suffisance. Son visage fin et fermé, encadré par de longs cheveux blancs, possède deux prunelles d'un bleu si clair qu'à la fois ils démontrent une certaine sagesse de l'elfe, à la fois lorsqu'ils vous regardent ils semblent vous percer comme s'ils pouvaient voir ce que vous étiez vraiment... fait dérangeant pour bien des personnes.
Concernant sa stature, Neraën a beau être mage depuis trois cents ans, il n'en est pas moins resté un guerrier. S'entraînant toujours régulièrement aux armes, il a gardé une certaine musculature, notamment au niveau des épaules et du dos de par son style de combat. Niveau vestimentaire, l'elfe porte le plus souvent des tuniques ou des robes de couleurs douces (vert, bleu clair...) et ne se munie que très rarement de fioritures telles que bagues et colliers, préférant l'utile au pompeux.
Description mentale
La mentalité de Neraën, comme pour nombre de personnes, peut se découper en deux parties bien distinctes : l'apparence et la nature profonde. Commençons donc par l'apparence, côté de son caractère certainement le plus simple à décrire. Aux yeux de tous c'est un elfe posé, réfléchi, suffisant, distant et froid mais qui s'intéresse à son peuple. Capable de prendre de lourdes décisions et de faire entendre sa voix, c'est un politicien au fort caractère. Apprécié pour la façon dont il tient son rôle – ce qui aura d'ailleurs fortement aidé à sa nomination en tant que Seigneur-Protecteur – il garde cependant un « quelque chose » étrange qui fait qu'aller le voir en personne n'est pas forcément une réjouissante expérience. Certains attribuent cela à son regard perçant, d'autres à une intuition fort développée... mais la majorité s'accorde à dire que c'est la façon dont il use de la magie qui donne cette impression d'être scruté jusqu'au plus profond de son âme. Seuls ceux qui sont proches de Neraën savent exactement ce qu'il en est.
Attaquons désormais la nature profonde de l'elfe. Tout d'abord, il faut savoir que Neraën a toujours été quelqu'un de sensible : sensible aux sentiments des autres, sensible à la Symphonie des Arbres, souvent affecté par cela. Sensibilité naturelle, donc, mais qui s'accentua grandement à l'âge de cinq cents ans à cause de la magie. Magie à laquelle il s'ouvrit tellement qu'aujourd'hui encore il lui est difficile de la maîtriser... raison de sa distance apparente envers chacun. Ses premières expériences avec la magie lui ont donné la mauvaise habitude de chercher à « lire » dans le regard de son interlocuteur sentiments et émotions afin de mieux le connaître. Ces mêmes expériences ont fait qu'il essaie au maximum de ne pas toucher ceux qu'il ne connaît pas, de trop entrer en contact avec eux : combien de fois sa magie lui avait échappé, faisant en sorte d'en voir trop chez l'autre et de ne plus arriver à le voir comme elfe des cités, noss, humain ou encore drow, mais comme une âme à part entière ? Le fait de ne pas voir l'individu en fonction d'où il vient est une qualité comme un défaut chez Neraën, qualité qui l'a déjà aidé mais défaut qui lui a bien trop souvent pesé sur les épaules. En général, même, ce don qu'il a, cette sensibilité accrue il y a de cela quelques siècles en lui est à son avis bien plus un fardeau qu'autre chose. C'est d'ailleurs pour cette raison – hormis le fait qu'il n'a jamais trouvé l'âme sœur – qu'il se refuse de se lier à une âme et encore plus d'avoir des enfants qui pourraient hériter de ses capacités magiques. Mais cela ne l'empêche pas de se montrer paternel ou fraternel envers ceux qui en éprouvent le besoin.
En-dehors de son lien avec la magie, Neraën est quelqu'un qui a gardé un lien avec l'armée, notamment avec celle d'Eteniril. La manière de discuter entre militaires lui est en partie restée, si bien que lors des conseils il va toujours droit au but de manière franche et directe. Tourner autour du pot ne lui convient guère, surtout lorsqu'il s'agit de mauvaises nouvelles ; cela lui porte à défaut lors de certaines situations, notamment lorsqu'il se retrouve avec des nobles aimant les jeux de cour. En parlant de ce types de personnes, l'une des nombreuses traditions des cités elfiques (existant également chez les autres races) est de vouvoyer la personne qui vous fait face si elle n'est pas dans votre proche entourage. Neraën n'en a jamais vu la logique : pourquoi dire vous à une seule et même personne ? C'est à elle que l'on s'adresse, pas en plus à une potentielle deuxième personne inexistante qui pourrait être dans sa tête ! Neraën tutoie donc toujours les gens, hormis si ceux-si représentent un groupe de personnes et parlent au nom de ce groupe. De même il déteste qu'on le vouvoie s'il vient en son nom propre. Sur ce sujet il sait se montrer particulièrement buté. Inutile de vous préciser que notre Seigneur-Protecteur n'est attaché aux traditions que si elles apportent quelque chose de bon pour lui et les siens, et n'est donc pas fermé aux nouveautés, surtout lorsque la situation l'exige.
Hormis tout cela, c'est un elfe qui aime prendre le temps de s'arrêter, de voir et de ressentir ce qui l'entoure (la nature) dans le calme. Ses insomnies l'épuisent, aussi se pose-t-il pour récupérer des forces. Même s'il se montre froid, distant, suffisant ou tout autre adjectif pouvant démontrer le fait qu'il évite de trop entrer en contact avec ceux qu'il ne connaît pas, il apprécie sincèrement les relations durables et sincères. Rien ne lui fait plus plaisir que de pouvoir boire de nombreux verres avec un ami jusqu'à rire aux éclats ou, tout simplement, de pouvoir prendre le temps de discuter. Mais lorsque l'on ne peut entièrement maîtriser la magie de l'esprit, encore... ceux que l'on peut nommer « amis » se font plus rares que lorsque l'on est dans la normalité.
Magie
La magie, cette chose si belle qui est en chacun mais que tous ressentent différemment... Ressentir suffisamment la magie pour pouvoir la manipuler, quel don ! Voilà ce que la majorité des Miradelphiens doivent penser de la magie. Neraën, lui, ne la voit pas du tout comme cela malgré le fait qu'il soit doué en la matière... Sa sensibilité non maîtrisée fait qu'il la voit comme un fardeau, une malédiction qui peut pourtant s'avérer utile. Le fait qu'il ne soit pas né avec une telle sensibilité et qu'elle ne soit arrivée qu'une fois adulte suite à une attaque magique ne l'aide aucunement à voir ce changement en lui très positivement.
Comme dit plus haut, notre Seigneur-Protecteur ne contrôle pas tout à fait sa sensibilité à la magie. Cet état de fait le rend tout d'abord insomniaque et les rares fois où il arrive à s'endormir c'est d'un sommeil très agité qui ne dure en moyenne pas plus d'une heure, sommeil pendant lequel il fait d'étranges rêves. De plus, il lui arrive même éveillé de perdre le contrôle sur la magie, notamment à cause de fortes émotions ou des fois juste en touchant une personne au moment où il est très (trop ?) réceptif. Tout cela fait que non seulement il craint le sommeil, mais en plus il se montre distant envers chacun - surtout envers ceux qu'il ne connait pas - pour éviter de se retrouver dans de mauvaises situations. Mauvaises situations qui, assez loin, peuvent aller jusqu'à lui faire oublier qui est exactement la personne qui lui fait face, de ne plus arriver à la classer dans une catégorie de peuple et de n'arriver à voir que ce qu'elle est profondément, ce que Neraën appelle "son âme".
D'un autre côté, pour la partie maîtrisée de la magie, l'elfe possède de bonnes capacités : tout comme il peut être influencé par les humeurs des autres, il peut influencer celles des gens qui l'entourent, voire même influencer leurs décisions - ce qu'il ne fait qu'en cas d'extrême nécessité. Il peut aussi, s'il le souhaite, lire dans le regard des autres, essayer d'y déceler sentiments et émotions. Lire dans les pensées des autres n'a jamais été son fort, mais forcer quelqu'un à parler ne le dérange aucunement. Il sait que les Elfes sont en période de guerre et que la guerre réclame ses horreurs. Il préfère de loin forcer quelqu'un à parler sans lui causer de mal - ou du moins en évitant de le faire - que de procéder à des tortures traditionnelles afin d'obtenir des informations.
Pour aider au contrôle de la magie qui passe par lui, il fallut dès les premières ennéades passées à Alëandir travailler à trouver comment focaliser sa concentration, afin qu'avec les nombreux ressentis Neraën ne perde pas le peu de contrôle qu'il pouvait arriver à avoir. Un focalisateur qui devait être extérieur au corps et qui devait avoir une importance pour le mage, une symbolique. L'elfe trouva en un collier au pendentif de bois ce focalisateur, objet porté jusqu'à sa mort par son ami druide Tinrael, l'être qui eut certainement le plus de valeur dans le cœur du Seigneur-Protecteur. Aujourd'hui encore, après trois cents ans, l'elfe des cités s'aide de cet objet pour doser au mieux sa sensibilité à la magie.
Sinon, c'est un lien quelque peu particulier qui s'est instauré entre lui et la Symphonie des Arbres. Il l'entend, ne comprend pas forcément ce qu'elle raconte, est influencé par elle - raison pour laquelle il ne survivrait certainement pas à une traversée d'Aduram - mais s'il se concentre sur un être (végétal) précis, essaie d'entrer en communion avec lui, il arrive régulièrement à comprendre son chant. Serait-il capable de parler aux arbres par ce biais, comme certains druides ? Non. Certainement pas. Mais peut-être est-ce par l'influence de la Symphonie qu'il lui arrive de ressentir la présente d'autres êtres autour de lui.
Tout avait l'air vrai : la salle du trône, toujours fidèle à elle-même malgré le passage du temps ; la sensation des pieds nus foulant sans bruit les pierres froides de la pièce plongée dans la nuit ; les narines s'agrandissant légèrement pour mieux happer l'air ; le léger courant d'air caressant son visage comme ses cheveux... et ce bruit, si rare, des feuilles de papier éparpillées sur le sol, voletant au gré de l'air. Pourtant, même s'il devait reconnaître que ce qu'il voyait et ressentait reflétait une bien triste vérité, Neraën savait que tout cela n'était pas vrai. En premier lieu la tristesse qui semblait vouloir émaner de l'environnement, sans compter que la salle donnait l'impression de ne plus être habitée depuis des siècles. Tables et chaises étaient restées à leurs places, des braseros aussi, mais les tentures avaient perdu tous leurs éclats et la poussière s'était installée là où le papier n'avait daigné se reposer. Les colonnes de pierre, à regarder de plus près, étaient abîmées ; nombre de coups avaient été portés dessus, comme si des épées ou autres armes s'étaient d'abord heurtées à ces piliers ancestraux avant de toucher de quelconques adversaires. Le haut-conseiller s'approcha de l'une d'entre elles, la toucha et la remonta du regard jusqu'à lever assez haut la tête pour pouvoir voir le ciel. Ce qu'il restait des étages et du toit, fort peu de choses : un énorme trou semblait avoir été fait, donnant une vue sans pareil sur la nuit. Le vieil elfe fronça les sourcils, s'apercevant alors que les étoiles étaient bien moins nombreuses que dans la réalité et bien plus grandes. Se retournant d'un geste ample, faisant ainsi tournoyer le bas de sa robe en un lent cercle, il marcha d'un pas décidé vers l'endroit où il savait se situer la fenêtre la plus proche de sa position. A ses pieds volèrent les quelques papiers qui se trouvaient sur son chemin, révélant des écrits et dessins auxquels Neraën ne fit aucunement attention. Dès qu'il fut assez proche de la fenêtre il prit les deux rideaux de ses mains calleuses et les ouvrit sèchement, se retrouvant alors devant un fait matériellement inexplicable. Son cœur manqua un battement alors que ses yeux regardaient, grand ouverts, le ciel et la astres remplacer la douce présence de la forêt d'Anaëh.
Incompréhension. Compréhension. L'elfe ferma les yeux et posa ses mains sur les vitres fendues et glacées par un froid inexistant afin d'écouter toutes les sensations qui émanaient de ce lieu. Le vide, la tristesse... la nostalgie, l'angoisse ? La Symphonie aurait pu chanter ses pleurs ou raconter une partie de son passé, le haut-conseiller d'Eteniril était persuadé que cela aurait donné la même chose. Peut-être même était-ce cela qu'il ressentait, lors de l'un de ses trop rares sommeils. Mais, comme à chaque fois qu'un tel rêve se produisait, il en était chamboulé, désorienté. Il posa son front contre la vitre, espérant pouvoir cette fois démêler les énigmes chaotiques de la nuit... et cela commençait mal.
Un bruit de vieux parchemin glissant sur le sol attira l'attention de Neraën, qui ouvrit les yeux pour découvrir un dessin d'enfant aux couleurs effacées à ses pieds. Le dos droit et le visage fermé par pure habitude, il s'abaissa pour prendre la feuille dans ses mains. A peine toucha-t-il l'objet qu'il entendit un bruissement sur sa droite, vers le centre de la pièce. En tournant le regard vers l'endroit supposé il s'aperçut que plusieurs de ces feuilles éparpillées grossièrement sur le sol de pierre bougeaient, certainement secouées par un vent qu'il ne pouvait ressentir d'ici. Se relevant lentement, il prit le temps de regarder ce qui était dans ses mains avant de s'avancer doucement vers le centre de la salle. Un dessin comme tous les enfants des cités en ont fait étant petits, un petit garçon au milieu de ses parents. Les deux adultes avaient tous deux le sourire et l'homme portait ce qui, Neraën le savait, était un parchemin. Le vieil elfe sourit intérieurement, ce qui ne se vit aucunement sur son visage ; il reconnaissait là ses deux parents : sa mère, une fort belle femme aux longs cheveux blancs, avait fait le choix de s'occuper de lui après sa naissance afin de lui inculquer tout ce dont il aurait besoin dans sa vie, y compris l'amour familial. Son père, un grand elfe mince et élancé, avait toujours été versé dans l'art de la politique... si bien qu'on le voyait toujours courir avec des papiers dans les mains. Neraën s'était d'ailleurs à plusieurs reprises amusé à prendre l'un de ces fameux rouleaux et à courir partout avec, généralement dans la cité – il avait presque réussi à passer les portes d'Eteniril une fois – avant de se faire rattraper par quelqu'un. Si seulement il s'était rendu compte de l'importance de ces documents étant enfant ! Il n'aurait pas joué de la sorte avec, mais peut-on seulement empêcher les enfants de jouer, vu toute l'imagination et l'innocence dont ils font preuve lors de leurs jeux ?
La sensation de ses pieds chassant les différentes feuilles de papier extirpèrent peu à peu le haut-conseiller de ses souvenirs, le nouveau courant d'air naissant devant lui finissant la tâche. L'elfe regarda dans la direction d'où le vent devait venir et n'aperçut aucune fenêtre ou porte ouverte. Tout était fermé, comme abandonné ; seul le toit était ouvert sur l'impossible. Il fit encore deux pas, toujours avec la même douceur, et quelques papiers volèrent jusqu'à la hauteur de son buste. Agile, Neraën en attrapa plusieurs au vol de sa main droite et lu rapidement ce qui y était écrit avec maladresse :
Neraën ! Où étais-tu ? Cela fait dix minutes que l'on t'appelle ! Mais qu'est-ce qui t'a pris ? On t'avait pourtant bien dit de ne pas t'éloigner ! Mais il y avait un elfe, de mon âge... Tinrael, il arrivait à faire éclore des fleures ! Et il m'a même expliqué que les arbres et toute la nature pouvaient parler, que le chant signifiait quelque chose et que nous sommes plusieurs à pouvoir ressentir ce chant. Des gens de son clan sont même capables de le comprendre ! Un noss ?
Papa n'a pas envie que je revois Tinrael... moi je l'aime bien, il aime jouer parmi les arbres, comme moi. En plus il est intéressant, il dit des choses dont maman ne me parle pas trop. Je crois qu'elle n'est pas à l'aise avec ça. Papa, lui, dit que ce sont des gens dangereux. Moi je ne comprends pas.
Tinrael ! Ah Neraën ! Cela faisait longtemps, j'ai cru que tu n'étais que de passage. Non, je n'ai pas pu venir plus tôt. Tu m'attendais ? Je crois que nous n'avions pas terminé notre discussion la dernière fois... Ni notre jeu ! C'était à moi d'aller te voir, à toi de me poser ton énigme. Attends ! J'avais quelque chose à te dire avant...
Tinrael... un elfe de son âge ayant toujours été un peu étrange mais qui, très rapidement, avait eu toute l'amitié du jeune citadin. Alors que tout semblait vouloir les opposer, leur sensibilité, leur imagination ainsi que leur curiosité les avaient poussés à faire en sorte de se revoir malgré certains interdits. Ses parents avaient dû s'y faire à force, devant apprendre à faire confiance à des êtres qui vivaient d'une manière complètement différente de la leur. C'est ainsi que Tinrael devint au fil des décennies l'ami intime de Neraën, surtout jusqu'à ce que l'un parte en école militaire et que l'autre soit pris en charge par un druide. Les deux enfants jouaient beaucoup ensemble, discutaient, échangeaient, apprirent même à connaître le milieu de vie de l'autre – changement qui fut bien plus difficile pour Tinrael que pour Neraën – ; c'est ainsi que le jeune citadin put rencontrer la noss Wen'Döril, à plusieurs reprises, sans être jamais intégré à leur clan. Mais ce fut pour lui un apprentissage bien différent de ce qu'il avait à l'école et, sans même s'en douter, cette ouverture d'esprit lui serait utile des centaines d'années plus tard.
Lors de leur courte adolescence lui et Tinrael étaient devenus comme des frères très proches, peut-être plus qu'il ne l'aurait fallu... certainement même... Neraën laissa tomber les papiers attrapés au vol quelques secondes plus tôt, laissant transparaître une certaine nostalgie sur son visage. La grande amitié avait duré plus de quatre siècles, et ce malgré la longue séparation qui avait suivi leur adolescence. Après des études adaptées, l'elfe était en effet entré dans l'armée d'Eteniril où il avait vite fait ses preuves, notamment en tant que combattant : Neraën avait réussi à adopter un style de combat qui lui convenait tout à fait en plus d'être efficace, basé bien plus sur l'agilité et la rapidité que sur la force. N'ayant pas une très forte carrure, son maître d'armes l'avait orienté vers ce choix et avait lors d'entraînements avait découvert que son apprenti était encore plus apte à l'épée double qu'à l'épée longue. Encore une personne que le passé avait décidé d'effacer...
La fine brise arrivant de nulle part se transforma soudainement en un vent violent qui vint tourner autour du haut-conseiller, réveillant au passage les feuilles jusque là jonchées sur le sol, leur faisant entamer une danse que l'elfe ne pouvait qu'appréhender. En jetant un coup d’œil sur sa gauche, il put remarquer que le ciel dans lequel était pris le palais d'Eteniril changeait de couleur, tirait vers le vert propre aux aurores boréales. Qu'est-ce que cela signifiait ? Incertitude, non compréhension. Les feuilles volèrent de plus en plus rapidement autour de lui, le griffant avec force lorsqu'il passait trop près d'elles, de plus en plus nombreuses jusqu'à former un mur mouvant dont il semblait être le prisonnier. Neraën pouvait remarquer que sur chacun des papiers étaient inscrits des mots, des phrases qui passaient trop rapidement pour qu'il puisse les lire. Mais il put contempler en toute tristesse les dessins que formaient ces mots : sa mère qui lui souriait, son père qui lui apprenait à lire des documents politiques, Teneldar son maître d'arme lui montrant une vieille épée double, plusieurs frères d'arme, Tinrael... Arrivé à ce personnage le « mur », sans s'arrêter de tourner, gagna en relief : lorsque le druide tendit la main vers son ami les feuilles s'avancèrent, incitation à venir le rejoindre. Alors Neraën commença à entendre des bruits venant de l'autre côté des feuilles, bruits typiques d'un champ de bataille : ordres hurlés, cris de guerre, son du métal contre le métal et, surtout, le bruit d'incantations prononcées au loin ainsi que les bruits des sorts faisant un nombre de morts incalculable. Dans les dessins, l'elfe reconnut sans peine le terrain sur lequel il s'était battu auprès des siens il y a de cela trois cents ans, contre une race qu'ils ne connaissaient pas encore, remplie d'une haine envers les Elfes telle que Neraën ne se souvenait pas avoir vécu bataille si violente et si destructrice. Tinrael eut un sourire envers son frère de cœur et se retourna pour faire face au combat pour la Prime Forêt. L'effroi se vit dans le regard bleu très clair du haut-conseiller, les bruits se firent de plus en plus fort, les sensations de la bataille renaissaient en lui comme s'il s'y trouvait encore, la peur de perdre à nouveau un être cher aussi. Capturé par ce souvenir, le vieil elfe s'élança à la suite du druide, brisant le mur de papiers.
« Lieutenant Yeldoreï ? Quelqu'un aimerait vous parler. -Qui ? -Un druide, il dit vouloir vous voir personnellement avant que nous n'atteignions le lac. -Très bien, fais-le entrer. »
Le lieutenant tout juste âgé de cinq cents ans se retourna vers le battant de la tente par laquelle passait le soldat, se demandant ce qu'un druide pouvait bien faire là... et surtout pourquoi il désirait le voir. Après être entré dans l'armée d'Eteniril, Neraën s'était rapidement fait remarquer par ses supérieurs ainsi que par une certaine élite : l'armée royale. Il y était donc rentré à l'âge de deux cent trente-et-un ans et avait même été promu lieutenant des Aigles il y a une cinquantaine d'années, autant de par ses talents martiaux que par son empathie qui l'aidait en bien des choses. En ce jour la tension était palpable, une armée avait été repérée, se dirigeant vers le lac Uraal... une armée d'elfes noirs, êtres qui jusque là n'avaient que semé la désolation dans le peuple elfique. Quelles étaient leurs capacités martiales, leur façon de voir les choses ? Quels étaient leurs points faibles ? Il n'en savait rien. Trop peu de personnes en savaient assez sur eux. Encore une chance qu'ils aient de puissants mages auprès d'eux dont celui qui devait être le plus puissant de tous, Caranthir. Même si les « autres » avaient des mages ils auraient de la sorte une plus grande puissance, ce qui était rassurant. Le lieutenant avait peur avec tout ce que l'on racontait que l'ennemi ne se soit pas surestimé en entrant dans la forêt et, de fait, il préférait éviter de sacrifier trop de guerriers lors de la bataille qui s'annonçait.
« Neraën ? L'elfe retourna à la réalité et vit avec surprise un adulte aux longs cheveux bruns emmêlés et aux yeux verts, portant un grand bâton ornementé de différents objets naturels, debout à l'entrée de la tente en train de sourire. -Tinrael ! Neraën s'approcha de son ami d'enfance et le prit chaleureusement dans ses bras tout en riant. -Par la Mère, cela faisait longtemps ! Qu'est-ce que tu fais ici ? -Évite ce genre d'expressions, tu sais que je n'aime pas ça ! Je viens à cause de la Symphonie, et toi ? -De la Symphonie ? Moi je suis là à cause de l'armée qui est en marche. Rien de plus, rien de moins ! Explique-moi donc ce que t'a dit la Symphonie pour que tu viennes ici... je suppose que ce n'est pas une visite de courtoisie ? -En effet... Disons qu'il y a une inquiétude quant à l'armée qui s'avance, j'ai peur qu'en plus de toucher aux Elfes ils ne s'en prennent à la Prime Forêt, pour faire simple. C'est la raison pour laquelle je vais collaborer avec vous ainsi qu'un autre druide. Ton supérieur est déjà au courant. -Je n'aime pas cette idée... -Il n'y a pas que vous qui vous battez pour l'Anaëh, loin de là. -L'armée que nous allons affronter nous est inconnue... -Et puis ? Neraën regarda le druide. Il essaya de taire la peur qui était montée en lui suite à la nouvelle, de se concentrer et de ressentir le Chant qui interminablement dansait dans l'air, entrant dans le cœur de ceux qui désiraient l'entendre. -Si je suis capable de prendre des décisions qui ne me font aucunement plaisir, qui pourraient même me mener à ma mort pour que la bataille ne soit pas perdue... tu es un druide, et le seul frère que j'ai jamais eu. S'il y a une personne que je ne souhaite pas voir mourir c'est toi. Et là ce n'est pas un combat mené par les noss. Tinrael sourit. -Ne crois-tu pas que savoir que tu entrais dans l'armée ne m'a pas affecté ? Nous sommes devenus très proches, tu es devenu un frère pour moi... Mais tu sais très bien que si je devais choisir entre ma noss et l'Anaëh, que même si je devais y passer je choisirai la Prime Forêt. -C'est ce qui me fait peur... Au fait, as-tu revu ta noss avant de venir ? -Oui. J'ai même pu revoir Ëninril... Ses yeux vairon m'impressionneront toujours, par contre j'ai comme la sensation qu'il suivra la même voie que son oncle ! Il est bien parti dans ce sens en tout cas. -S'il te suit ce ne peut être qu'une bonne chose. Après à savoir s'il tiendra son caractère de son père, de sa mère ou de toi... -Haha ! Et personne pour suivre la tienne, de ton côté ? -Ah tu sais s'il devait y en avoir un... j'espère seulement qu'il ne sera pas comme moi, sinon il s'engagerait dans l'armée uniquement parce que l'art du combat lui plaît et qu'il apprécie commander ! Quand j'y repense... quel bêta j'étais ! -Tu ne me le fais pas dire... dans le fond intégrer cette armée t'aura au moins apporté du bon. -Parce que j'étais si mauvais que ça ? -Tu ne voulais pas m'écouter sur ce point-là... »
La discussion continua encore quelques minutes, les deux amis étant heureux de se retrouver. Puis vint l'heure de se séparer, de reprendre son rôle de lieutenant, et enfin vint l'heure de la guerre. Une bataille terrible, voyant de nombreuses pertes elfiques comme noire-elfiques, autant par les lames que par la magie. Une magie destructrice qui n'épargna pas le guerrier. C'était vers la fin de la bataille, Neraën n'aurait su dire combien de temps avant qu'il n'y ait enfin un vainqueur. Il se tenait là, assis dos contre un rocher avec deux de ses frères d'arme, attendant le bon moment pour sortir de leur repli et s'avancer au plus vite jusqu'à l'endroit où ils devaient aller. La transpiration avait fait que la poussière et la terre s'étaient collées sur son corps, sa jambe gauche lui faisait mal... mais la peur des premiers instants était depuis longtemps partie et seuls restaient sa lucidité, son sens du devoir et son courage. Ceux qui l'accompagnaient avaient les mêmes principes que lui et étaient prêts à tout pour sauver leur peuple, il le ressentait. A ce moment précis il était une fois de plus obligé de se fier à l'instinct lié à ce que certains qualifieraient de sixième sens pour pouvoir avancer, ce qui pour lui revenait à de l'empathie. C'était ainsi qu'ils étaient presque arrivés à leur but et ce fut grâce à cela qu'il prit la décision de reprendre leur course. Un coup d’œil en arrière, un signe à ses soldats, et les voilà partis. Tout se passa rapidement : la course folle, des drows rencontrés qui n'opposèrent pas une grande résistance face à son épée double, la flèche qui le frôla, le cri, la lumière, le bruit, la propulsion, le vol, la chute. L'aigle ne comprit pas ce qu'il se passa mais tout devint noir et quelque chose vint le prendre de l'intérieur, le prenant tellement qu'il avait l'impression qu'il allait exploser d'une seconde à l'autre, que l'on venait de le plonger dans de lac Uraal lui-même tant il se sentait compressé et surtout incapable de respirer. Par réflexe sa main se porta à sa gorge tandis que l'autre cherchait un point d'accroche, ses doigts se plantant dans la terre lorsque son sens du toucher retrouva quelques repères. Alors il réussit enfin à respirer en un râle profond et douloureux et la première chose qu'il fit fut d'essayer d'expulser ce qui était « en trop » en lui, ce qui lui donnait toujours l'impression d'exploser ; il ne réussit qu'à vomir de la bile. Les quelques bruits que Neraën arrivait à entendre étaient sourds, lointains... il ne voyait toujours pas, pourtant il sentait ses paupières s'ouvrir et se refermer à maintes reprises. Un longs temps de latence pendant lequel il aurait volontiers prié Tyra pour pouvoir mourir, puis il se sentit pris par quelque chose ou quelqu'un.
Le haut-conseiller ouvrit les yeux, haletant et allongé sur le sol, la même main qui avait autrefois planté ses doigts dans la terre crispant des feuilles et ayant au passage griffé le sol. Des larmes coulèrent sur son visage déformé, transformé autant par la douleur physique que par la douleur mentale. Oh qu'il se souvenait de ce passage-là de sa vie, nul besoin de le lui rappeler ! Il se souvenait également de ce qui s'ensuivit : seul le choc l'avait rendu aveugle, aussi cette perdition de la vue ne dura que peu de temps, fort heureusement pour lui. L'un des guérisseurs en charge des blessés de cette bataille le prit en charge et il fut, malheureusement pour lui, le premier auquel le lieutenant réagit. Bien qu'il était effrayé par tout ce mélange de sensations, d'émotions et qu'il hurlait de ne pas le toucher, deux des siens encore vivants durent le maîtriser. Ce ne fut une partie de plaisir pour personne et, au bout d'un long moment, il fallut l'intervention d'un mage pour calmer ce cirque : Celebrand, maître en magie de l'esprit, qui devint quelques jours plus tard son mentor. L'état de Neraën surprit grand nombre de mages - exista-t-il seulement un autre Elfe qui devint mage après une attaque magique, dans l'Histoire ? - et engendra, plus ou moins rapidement, les faits suivants : rapatriement à Alëandir – où s'était tenu un siège pendant la bataille du lac Uraal –, apprentissage de comment contenir ce changement en lui, départ de l'armée, apprentissage de la magie. L'elfe ne revêtira plus jamais son uniforme d'aigle, arrêtant complètement l'armée.
Neraën se releva avec mal, de nombreuses larmes coulant sur ses joues ; il entendait dans sa tête nombre de mots ayant été prononcés à partir du moment où une vague de magie l'avait frappé de plein fouet, le projetant plusieurs mètres en arrière, lui faisant quelques minutes perdre la vue et surtout modifiant sa sensibilité à jamais. Il se souvenait très bien avoir appris la mort de ceux qui l'accompagnaient au moment où la magie les avait heurtés, la mort de Tinrael aussi... cela n'avait aucunement aidé à améliorer son état et ce ne fut que trois longs mois plus tard qu'il put enfin rendre visite à sa noss. Une dernière visite qui aurait pu mieux se passer, comme plus mal. Neraën ne se remis jamais complètement de la mort de son ami d'enfance, tout comme le frère de celui-ci certainement, Arafinwë. La mort du druide jeta u n froid entre les Wen'Döril re lui, certains tenant les Elfes des Cités – et donc lui-même – comme responsables. De son côté cela ne changea que peu, respectant toujours les Noss et leurs façons d'être, et croisant de temps à autres différents elfes de ces clans au fil des siècles Jetant avec colère les feuilles dont on ne pouvait même plus lire les pensées et paroles qui y étaient inscrites, il se mit à crier comme il ne l'avait jamais fait depuis plusieurs siècles.
« Pourquoi ?! Je me souviens très bien de ce qu'il s'est passé ! Qu'est-ce que tu veux, à la fin ?
Aucune réponse, comme il pouvait s'y attendre. D'ailleurs, pourquoi avait-il crié ? Cela ne servait à rien, hormis à faire ressortir son énervement contre ce don qui était né en lui à cause de cette magie qui l'avait pris, cette malédiction qui toujours l'empêchait de dormir. Parce qu'il en souffrait, et ce depuis le début, même si être assez sensible à la magie pour être considéré comme un puissant mage était un don aux yeux de tous. Là avait été tout son apprentissage pendant une centaine d'années en Alëandir : découvrir ce qu'il était devenu exactement, ce qu'il pouvait faire, ce qu'il devait faire et s'améliorer de jour en jour même s'il était déjà considéré par son maître comme « doué ». Si les cours en eux-mêmes avaient duré un bon siècle, pour le reste il avait dû apprendre de lui-même... apprentissage qui continuait encore et toujours, ne serait-ce que pour réellement maîtriser son « don ».
Une feuille de papier voleta dans la grande pièce, dansant au gré du maigre courant d'air traversant celle-ci. Froissée, humide, on pouvait cependant encore y voir des traits s'associant pour faire des dessins d'enfant. Les quelques couleurs avaient dépassé le crayon de bois, donnant un flou à trois des quatre personnages qui y étaient représentés : les parents de Naraën et Tinrael. Comme par magie, ce dernier s'était rajouté sur cette vieille feuille de papier, un grand sourire aux lèvres et semblant vouloir jouer avec le jeune elfe. Un courant d'air plus fort et la page de l'enfance virevolta et vint se poser délicatement sur un brasero qui, à ce contact, s'alluma brusquement. Tous les autres braseros qui ornaient la pièce s'allumèrent en même temps, redonnant vie à la salle du trône. Pendant que leur lumière chaleureuse éclairait un elfe aux épaules abaissées par le poids des années et au visage tendu par les épreuves traversées, le plafond commença petit à petit à se reconstruire, les piliers perdirent de leurs marques de combat, le vent s'engouffra de par le mur dans la pièce tel une tempête qui vint faire danser les cheveux ainsi que les vêtements du noble elfe. Les pages de sa vie déferlèrent vers la grande porte en une vague, laissant dorénavant à l'ancien militaire le soin d'affronter le présent tout en s'aidant de son passé proche.
Épuisé par ce qu'il venait de vivre, éreinté par le vent qui lui giflait le visage, le haut-conseiller ressentit qu'il devait avancer vers l'objet principal de cette salle : le trône. Ce n'était pas celui du roi - qui avait d'ailleurs mystérieusement disparu il y a peu, privant tout un peuple d'un guide, ce qu'avait du mal à concevoir Neraën -, loin de là, mais celui auquel il était appelé. Depuis qu'il était devenu mage les événements semblaient s'être goupillés de sorte à ce qu'il entre de plus en plus dans la politique, entre des études désormais plus généralistes, un penchant naturel pour conseiller son propre père puis l'entrée au service de celui-ci, la reconnaissance de ses aptitudes par le Conseil d'Eteniril – dont faisait partie son père – et enfin la mort de son paternel, amenant à son acceptation définitive au Conseil. Elfe des cités, ancien lieutenant dans l'armée d'Eteniril puis chez les Aigles et donc possédant un caractère direct et un côté très ordonné, possédant une certaine sagesse des années écoulées, désormais mage de l'immatériel et politicien de par différents apprentissages et maîtres... Il avait désormais plus sept cents ans et entrait officiellement au service du trône, accordant ses pensées, ses réflexions et son temps pour les Seigneurs-Protecteurs qui se succéderait : Vioron Aloderentariel qui succéda à son propre père et qui fut le plus jeune Seigneur-Protecteur qu'ils eurent ; Sylvana Alatariël qui disparut après avoir donné naissance à un être... et Valaranna Laicolassë (surnommée Ringwë) qui seulement après quelques mois de règne ne revint jamais du front elfico-drow. Plus les Seigneurs-Protecteurs étaient jeunes, plus longtemps ils restaient sur le trône. C'était cet état de fait qui avait fait naître dans la région l'adage « En Eraïson plus ils sont vieux, moins ils durent ! », qui semblait tout à fait logique hors contexte mais qui déplorait la disparition voire la mort successive de ses Seigneurs-Protecteurs. A cela Neraën n'y coupa guère : pour le bien de son peuple il se présenta pour devenir à son tour Seigneur-Protecteur et même si les membres du Conseil l'élurent pour mener le protectorat, il avait senti l'angoisse monter dans le cœur des Elfes... il était encore plus vieux que Ringwë. Si elle n'avait duré que quelques mois, même pas un an, combien de temps durerait-il lui ? C'était bête, idiot, superstitieux. Mais c'était ainsi et tant qu'une année ne serait pas passée, le futur Seigneur-Protecteur savait que certains seraient trop protecteurs à son encontre – ce qui l'exaspérait d'avance.
Alors qu'il s'avançait avec difficulté et contre le vent vers le trône, pas après pas, des voix se firent entendre : son père, les autres hauts-conseillers, son maître de magie, d'autres encore... Il ne détourna pas une seule fois le regard pour voir s'ils étaient présents autour de lui. L'un était mort depuis longtemps, tout comme sa femme ; pour les autres, s'ils avaient été vraiment là il l'aurait senti. La magie le lui aurait dit. Les sentiments, les querelles, les tensions, les prises de décisions difficiles, l'appréhension... tout se mélangea, ce qu'il s'était passé ces trois cents dernières années se posa en une masse sur ses épaules, se rajoutant ainsi au poids des années. Alors il tomba, se heurtant aux quelques marches menant au trône, le souffle devenu lourd. Relevant la tête avec peine il tint ces mots, d'une voix forte.
-J'ai compris... non je ne mourrai pas, et non je n'oublierai pas tous ceux qui se sont donnés pour toi. Parce que c'est toi que j'entends, c'est toi qui m'envoies ce message, n'est-ce pas ? Pourquoi ne me laisses-tu pas juste trouver le sommeil ? Tu as peur... et tu n'es pas la seule, tu le sais. Ce n'est pas la première fois que tu essaies de me parler de la sorte, que tu me fais comprendre quel a été mon chemin et ce que je ne dois pas oublier. Mais y étais-tu obligée ? »
Un vent provenant de sa droite lui répondit, suffisamment fort pour le faire basculer sur le dos sans pour autant, cette fois-ci, lui faire de mal. S'il avait été une main, elle aurait été ferme mais douce. Neraën se retrouva allongé sur le dos, une légère brise venant caresser son visage et faire glisser les quelques cheveux qui s'étaient logés dessus. Le paysage avait complètement changé : au lieu de piliers se tenaient de grands arbres aux longues ramures, à la place des meubles étaient des arbustes et surtout, au lieu de l'étrange ciel nocturne se trouvait la douce lumière de l'aube. L'elfe se releva, désormais déchargé de tout le poids qui était venu alourdir ses épaules, et regarda d'un œil attentif la forêt dans laquelle il se trouvait. Quelques oiseaux chantèrent mais le plus important n'était pas dans ces petits êtres magnifiques. Il se trouvait dans un chant qu'il ne pouvait pas forcément comprendre, encore moins traduire, mais qui lui paraissait serein. Doucement il posa sa main gauche sur l'écorce d'un tronc pour se concentrer sur son chant à lui, y être plus réceptif, mais la musique se tut. Neraën craint un instant, ne bougeant plus, regardant autour de lui : rares étaient les fois où tout se taisait, où la magie elle-même semblait vouloir disparaître un temps incertain. A l'inverse du Voile où il avait pu ressentir une nouvelle joie, une nouvelle puissance dans la Symphonie, ce qu'il s'était passé il y a de cela quelques ennéades l'avait tout autant bouleversé... pour un temps court fort heureusement, uniquement quelques heures où l'elfe fut complètement désarçonné - chose qui était arrivée en plein conseil se souvenait-il, ce qui lui avait valu de revoir un guérisseur. De nombreuses questions se posèrent, l'incompréhension revint ; ce ne fut que plusieurs jours après qu'il apprit qu'à ce moment précis avait crié le Grand Cerf de Carpacelva.
Apparut alors entre deux arbres penchés un portail donnant sur une chambre qu'il connaissait fort bien, pour être la sienne. En s'en approchant il s'y aperçut lui-même, dormant d'un sommeil agité. Pour une fois qu'il arrivait à fermer les yeux... ne maîtriserait-il donc jamais sa réception à la magie ? Belle malédiction que voilà... qui lui faisait vivre des choses que bon nombre de personnes n'arriverait certainement jamais à comprendre. Faudrait-il qu'il en comprenne vraiment la portée lui-même...
Sachant où il devait aller, il admira une dernière fois cette partie de son songe avant de sourire, serein à son tour, et de traverser la porte des rêves.[/justify]
Telenwë Neraën
Elfe
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 816 ans Taille : 2m05 Niveau Magique : Apprenti.
Sujet: Re: Telenwë ~ Seigneur-Protecteur d'Eteniril [MAJ] Jeu 31 Oct 2019 - 22:29
Dans la tourmente, la guerre et le chaos
Une septième branche sur une étoile. Alors que tous le regardaient, qu'il posait sa main sur l'artefact ancestral d'Eteniril, l'Aube l'acceptait comme nouveau seigneur-protecteur de ces terres. Alors que quelques années auparavant la guerre avait sonné le glas en Ellyrion, à peine était-il choisi que se posa la question d'Eraïson : ne faudrait-il pas reprendre cette cité aux Drows ? Si. Il était normal de le faire et en ancien Aigle Neraën ne pouvait qu'offrir l'aide que l'armée d'Alëandir demandait. Même qu'il participa activement à cette bataille, avec la dame-protectrice d'Ardamir, Halylindë Yasairava. Un druide était également présent, auprès de la dame. La Symphonie, la magie, quelque chose n'allait pas à l'intérieur... c'est ainsi que les trois elfes, accompagnés de quelques soldats, parvinrent à trouver la source aux morts prématurées de tout blessé en cette bataille : un mage sombre tentait de créer un nœud, à ce qu'il comprit, et pour cela utilisait toute l'énergie qui pouvait l'entourer. L'ancien Aigle réussit à briser le focaliseur servant au rituel grâce au concours des autres mais cela eut un prix des plus lourds pour Halyalindë et lui. La folie, la peur, l'incompréhension et l'incapacité à maîtriser ce qui leur arrivait. Une réussite pour de grandes erreurs qui bouleverseraient leurs deux protectorats.
Dans sa plus grande terreur, l'ancien revécut la même chose que trois cents ans auparavant. Les voix s'imposant à son esprit le rendirent fou, il ne ressentait plus la magie de la même manière et surtout il redevenait un dangers pour quiconque s'approchait trop de lui, y compris pour l'aider. Des morts... comment avait-il pu se laisser aller à cela ? Comment avait-on pu le laisser en vie ? Pourquoi ?!
Dans un dernier cri de douleur, l'elfe abattit son arme sur la créature qui lui faisait face, lui accordant un rapide gémissement avant que la vie ne quitte ses yeux. Tremblant, l'esprit embrumé, ne sachant plus s'il voyait réellement ou si la magie lui permettait de voir dans le noir le plus complet, il continua sa route sans trop savoir où il posait les pieds. Du moins tenta-t-il car il tomba contre la roche, se tenant fébrilement la tête de ses mains moites.
Anornedellon, le régent d'Alëandir, avait attendu sans lui permettre de retourner en Eteniril. Cet elfe millénaire le voyait de base comme un danger pour lui et son frère, sans qu'il ne comprenne réellement pourquoi. Il ne pensait qu'à les aider... Il avait fallu l'aide des noss pour le sauver de son état, tant son problème était inconnu aux citadins... à tous, en fait. Par la suite il fut enfermé à Alëandir et placé en rééducation magique. Difficile à vivre ; seuls les moments où il sortait de la cité lui faisaient du bien. La Symphonie se faisait plus perceptible qu'avant la bataille et il arrivait de moins en moins à faire sans, devenant dépendant d'elle et peut-être également de l'utilisation de la magie. Au point qu'un jour, capturé dans l'un de ses innombrables cauchemars, il marcha jusqu'au premier Sanctuaire de la Mère. Ses jambes brûlèrent, demandant des soins de la part des deux elfes qui le trouvèrent là. Macabre s'occupa de lui ; de là commença à naître une amitié peu commune entre eux deux. Le plus marquant et dérangeant, pourtant, fut de constater le changement de couleur de ses yeux. Un changement représentant la profondeur du choix qu'il aurait à faire plus tard : libérer ou non la dryade enfermée en lui, celle qui lui offrait malgré elle toute sa sensibilité, au prix de sa propre intégrité.
Il fallait repartir. Continuer à avancer avant qu'il ne puisse plus marcher. Tenir, encore. Une voix douce et posée résonnait dans sa tête : "Tu devrais en parler aux autres avant de passer le rite. Si tu n'en reviens pas, alors ils n'auront plus de guide." Le rite... il appartenait au passé. Mais de quel rite parlait-elle ?
Au bout d'un long moment, Anornedellon et le doyen Lòmion le virent afin de statuer sur son état. Il se rappelait bien de ce jour-là, où le régent avait décidé qu'il n'était plus apte à assumer sa fonction de seigneur-protecteur. Il devait retourner là-bas pour faire une passation de pouvoir, ce qu'il voulait faire, mais se retrouva en plein dans une tempête d'anti-noss contre ornedhels. Il avait été absent trop longtemps pour avoir empêcher la guerre civile de gangrener et maintenant qu'il revenait, il était pris à parti pour régler une situation dont il ne connaissait pas tous les tenants et aboutissants... et dans cette tourmente, afin de faire en sorte que la guerre éclate et que les anti-noss aient toute autorité pour agir selon leur bon vouloir, Telleran, ami très proche et fidèle conseiller avait été assassiné...
Un cri de rage. Son poing frappa violemment de la pierre se trouvant en face de lui, le tout résonnant dans les ténèbres à l'en étourdir. Telenwë tomba à genoux, complètement perdu.
Capturé et enfermé par les siens, dans sa propre chambre baignée dans de l'anti-magie. Son seul salut avait été le murmure de la Symphonie qui lui parvenait malgré les murs et auquel il s'accrochait. Macabre était venue le chercher mais il avait refusé son aide malgré son envie de partir, car s'il fuyait alors le mince espoir qu'il avait de faire entendre raison à son peuple était anéanti. Le devoir avant toute chose... il valait mieux qu'elle reparte avec Halyalindë qui s'était également retrouvée dans une geôle. Heureusement pour tous, l'hiver qui s'installa fut bien plus rude que d'habitude, si bien que les hostilités ne purent continuer avant le début du dégel. Le temps pour le Trône Blanc de prendre une décision et d'envoyer des prêtres de la Mère afin de calmer les tensions. Neraën passa le jugement des Cinq, dont les représentants finirent par le considérer "non coupable" de la situation actuelle. Cela ne changea rien au fait que le sang coulerait quand même dans les rues de la cité... Prendre des décisions, condamnés des elfes pour certains très jeunes, fut compliqué. Et alors qu'il désirait demander à l'Aube de le décharger de ses responsabilités de protecteur comme l'avait demandé le régent - avec lequel il avait fini par être d'accord, dégoûté et éreinté par les évènements - l'artefact décida qu'il en serait autrement. Neraën Yeldoreï n'était plus le protecteur et Telenwë l'était à la place. Seul lui comprit : Telenwë était le nom de son souffle, comme le lui avait appris son défunt ami druide Tinrael... et donc l'Aube l'avait gardé ; ou plutôt, elle avait choisi le nouvel elfe qu'il était devenu en lieu et place du précédent. A partir de ce moment-là, Neraën décida que ce nom appartenait au passé, représentait un elfe qu'il n'était plus. Il se faisait dorénavant appeler Telenwë.
Après avoir réglé nombre d'affaires et aidé à ce que taledhels et ornedhels puissent un temps soit peu arriver à cohabiter sous la lumière des Cinq, notamment de leur Mère à tous, Telenwë retourna à Alëandir. Il devait tout d'abord avertir le régent de ce qui s'était passé et pourquoi il restait protecteur... le voir s'émerveiller à l'idée qu'il ne soit plus sensible à la magie - ce qui n'était pas encore le cas - le dégoûta quelque peu. Mais, surtout, il devait aller auprès d'un certain vieil arbre afin de libérer Dryade à ses côtés. L'arbre qu'elle aimait et qui lui manquait tant... Un rituel noss eut lieu, la libérant enfin de sa prison et le laissant avec un vide qui le plongea en dépression. Au passage, ce qu'il vécut en son for intérieur modifia une partie de sa mémoire, celle du Choix qu'il dut faire arrivé à l'âge adulte : au lieu de choisir de rester auprès des citadins, il fit celui de n'appartenir à personne... de choisir ceux qu'il nommait les Frères de Sève, autrement dit l'Anaëh elle-même. Mais de cela, encore aujourd'hui il ne s'en rendait aucunement compte.
La vie continua alors, les rencontres s'enchaînèrent. La politique d'Eteniril fut complètement révisée, les conseils changés, la ville non plus dirigée par le Seigneur-Protecteur mais par le Conui, nouveau rôle de gestion de la ville confié au commandant Falaedhel. Ainsi, Telenwë pouvait pleinement être un lien entre les noss et citadins de sa terre ancestrale, et s'occuper de cette terre à laquelle il était lié. Il se fit eforger une épée double et passa beaucoup de temps dans la forêt, en partie pour pleinement se faire accepter de ceux qui considéraient être d'un sang différent du sien. La route était particulièrement longue et semée d'obstacles, et il dut passer nombre d'épreuves et rites pour en arriver à un semblant d'acceptation et de travail avec eux. Au moins, cela lui avait apporté du bon : une manière différente d'aborder la vie et tout ce qui l'entoure, des rencontres inattendues et un sentiment de bien-être s'accentuant au fil des années.
Il faisait froid. Plus que d'habitude ici. La réaction première de refus passée, la raison prenait le dessus sur le reste. Il avait occasionné du bruit, il risquait donc d'attirer il ne savait quoi à lui... et malheureusement pas du bon. Mais surtout, s'il avait froid alors que son corps était baigné de transpiration, c'est qu'il devait ressentir de l'air frais. Il fallait qu'il se concentre ; une légère odeur de forêt venait jusqu'à ses narines. Il fallait qu'il suive cette voix... qu'il la suive.
Ce chemin lui sembla durer une éternité. N'ayant de toute façon pas le choix, il continua jusqu'à arriver dans une salle pourvue de lumière. Simple rayon de lumière dans ces tunnels souterrains, elle l'aveuglait pourtant. La lumière, enfin... avant qu'il ne tombe, d'une manière ou d'une autre.
Réveil d'un long cauchemar
"Réveillé ? - Fal ? - C'est moi... dans quoi t'es-tu fourré encore une fois ? - Comment ça ? Pour... - N'enlève pas le bandeau de tes yeux, Telen. Vu ton état ça doit faire pas mal d'ennéades que tu arpentes ces tunnels. Je ne sais pas où tu es descendu mais des gars t'ont retrouvé non loin de Solith, et pas dans le meilleur état qui soit. - C'est-à-dire ? - Fiévreux. Tu as une plaie qui s'est infectée. Et tu délirai aussi. Tu te souviens de comment tu as fait ton compte ? Le seigneur-protecteur réfléchit un instant, démêlant les bribes de sa mémoire pour bien se rappeler des évènements qui avaient pu l'amener jusque là. - Je rentrai vers la cité quand le sol s'est ouvert sous moi. Un éboulement de terrain, comme ça arrive. Manque de chance je suis tombé profondément et le seul moyen de remonter était de trouver une sortie ailleurs. - Tu ne vas quand même pas me faire croire que c'est arrivé comme ça... ? - Ca change quelque chose si une grosse bête bien lourde essayait de faire de moi son prochain repas ? - Pas tant que ça... tu es vraiment un idiot quand tu t'y mets. - Je n'ai pas changé sur ce point-là. Bref, j'ai perdu combien d'ennéades là-dedans ? - Beaucoup. - On en est où sur le plan politique ? - Le Seigneur-Protecteur d'Alëandir est rentré de Thaar, où visiblement la seule chose retenue est que ce sont tous des pourris là-bas. Pas étonnant en même temps, cela fait trop longtemps qu'ils sont proches des Daedhels. Les armées drows risquent de s'aventurer plus vers l'ouest, prenant tout l'Ithri'Vaan et cela ne m'étonnerait pas qu'ils essaient à nouveau de s'en prendre à la Prime Forêt. - S'ils avancent dans une zone où la Symphonie chante à nouveau harmonieusement, c'est tout comme, non ? - Tu peux voir les choses comme ça. - Il va donc falloir que le Trône Blanc soit attentif à leurs mouvements en-dehors de l'Annon et qu'il surveille chaque frontière d'Anaëh, y compris la mer au nord par où des bateaux peuvent toujours tenter d'arriver. Ces prochains mois il faudra qu'on soit à l'écoute des évènements... Enfin tu me diras, je ne suis pas Artiön. - Ce ne serait pas étonnant qu'il ait un point de vue similaire au tien, de ce que j'ai pu voir de lui. Il ne crachera pas sur l'aide des protectorats. - Ca ne m'étonne pas. Et pour les peaux vertes et la vie dans les deux villes restantes ? - Actellys et Eteniril ? Ca se passe bien, la cohabitation a l'air de bien se faire. A Actellys ils ont trouvé moyen d'utiliser leurs savoirs de manière complémentaire et ils deviennent de plus en plus auto-suffisants. Les récoltes sont en bonne voie pour l'hiver. Ici, ça se passe... les gens de Solith ont encore du mal à pleinement s'intégrer à la vie etenirilie et ce malgré mes efforts ainsi que ceux d'Ilyn. - Pas de problèmes avec les noss ? - Pas particulièrement. Toujours quelques disputes concernant les mines et la forge. Ils ont du mal à comprendre qu'on ne peut pas complètement arrêter d'utiliser le minerai. Sinon ça va ça vient, les conseillers et quelques habitants font des efforts pour discuter avec certains noss. Cela reste compliqué. - Cela viendra avec le temps. Il faudra attendre plusieurs années pour que l'entente puisse vraiment se faire. Mais c'est bien, les choses avancent dans un bon sens. Moins dispersés et plus unis on aura peut-être des chances de garder comme il se doit la Prime Forêt, et surtout être plus efficaces. - Ce n'est pas moi qui vais dire le contraire. Tiens, je change de sujet mais tu as reçu pas mal de lettres pendant ton absence. - Rien d'étonnant, si j'ai été absent plus longtemps que prévu. - Tu dois en avoir bien trois ou quatre venant d'Ardamir, d'une certaine Maliss. - De Maliss ? - Oui..."
Falaedhel se garda de rajouter quoi que ce soit à ce sujet. De toute façon, même s'il comprenait de quoi il en retournait, il n'avait pas poussé le vice à lire les missives à la place de son ami. Et puis pour rien au monde il ne regretterait le visage que Telenwë affichait à l'instant, ni le fait qu'il se lève d'un coup - sans rien voir forcément - pour aller lire ces-dites missives. Il remarqua également le geste instinctif qu'eut l'elfe de poser sa main sur un endroit particulierau niveau de sa taille, l'emplacement où se trouvait habituellement une sacoche contenant son focaliseur, une pierre bleue donnée par une certaine jeune femme. Falaedhel se rappelait très bien que le protecteur avait été inquiet de ne pas recevoir de réponse concernant une jeune fille qui devait rentrer en Anaëh, malgré les mois passant. Et là, vu le nombre de lettres, Mac devait visiblement être rentrée en Ardamir... il forcerait Telenwë à se remettre de sa dernière expérience des tunnels puis il le pousserait dehors afin qu'il aille retrouver sa dulcinée. Eteniril pouvait bien faire sans lui pendant quelques ennéades, non ?
"Tu devras attendre de devoir y voir correctement avant de... Espèce d'idiot ! Repose ton bandeau tout de suite ! Ah bah voilà, tu as mal aux yeux maintenant ! Maintenant tu restes assis et tu le remets en place. Si tu veux je te lis tes lettres mais tu ne gâches pas ta santé bêtement, d'accord ? - Déjà fait... - Tant que je vais chercher ça, pense à autre chose. T'as appris quoi lors de ton dernier voyage, par exemple ? - La viande de peau-verte crue, c'est dégueulasse."
Dernière édition par Telenwë Neraën le Sam 2 Nov 2019 - 15:18, édité 1 fois
Telenwë Neraën
Elfe
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Sujet: Re: Telenwë ~ Seigneur-Protecteur d'Eteniril [MAJ] Sam 2 Nov 2019 - 14:25
MàJ de la fiche finie ! J'ai modifié la fiche perso en elle-même et fait un rajout de BG. :)
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Telenwë ~ Seigneur-Protecteur d'Eteniril [MAJ] Sam 2 Nov 2019 - 15:42