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 Noeuds de Nains ! [PV Mafraya]

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Dun Eyr
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MessageSujet: Noeuds de Nains ! [PV Mafraya]   Noeuds de Nains ! [PV Mafraya] I_icon_minitimeSam 11 Fév 2012 - 9:15

Les lourds nuages, dans le ciel d’Alonna, s’amassaient densément comme les soucis en l’esprit du Nain. Dun Eyr, d’un revers de la main, pesta contre le volumineux volume de vieux parchemin que ses yeux auscultaient, à s’en décorner les orbites, depuis déjà de si longues journées et nuitées…
Par la Sainte-Barbe ! grogna-t-il dans la sienne. Peste soit de Mogar !
Tout semblait bien perdu.

D’un regard vide, il examina les murs sans âme ni cœur de sa monacale cellule, perchée au sommet d’une tourelle du château des Kastelord, comme vigie dans la tempête ou hussard de corvée sur les marches de l’Est. Une petite souris, se gratouillant les oreilles au revers d’une rocaille saillant hors du mur, captiva ses esprits de longues minutes durant. Il caressa l’idée, de fugitifs instants, de se faire souris à son tour, de prendre refuge chez le brave rongeur qui n’avait pour tracas qu’une démangeaison de vibrisse. Mais las, cela n’était point la bonne humeur pour gambader dans les rigoles – Dun Eyr garderait cela pour un autre jour, proche peut-être…


Ses yeux revinrent aux parchemins poussiéreux, et le problème rejaillit en toutes ses subtilités très revêches.

C’était là, dans les lignes entrecoupées et bredouillantes d’un scribe bien maladroit, les obscures présages et formules de Runistes oubliés depuis quelques siècles par douzaines, déjà, des chapelets d’années de poussière. Mais si le griffonneur de ces mystères n’était point certainement établi, Yaron, semblait-il, l’Obscur Oracle, avait fait planer ses longs doigts d’opale sur ces lignes-là.

Que de promesses recelait le sein de ce grimoire assailli par les ans – et combien, Runistes revêches ou rapaces et renards, se fussent écharpés pour mettre la main sur de pareilles formules ! Mais enfin, tout cela eût fonctionné en d’autres temps. Ce jour, depuis que Mogar avait enrubanné de sang les Nanesques Montagnes, plus rien n’avait grand-sens.
Et ces lignes-ci, qui portaient peut-être, au détour d’une arcane encore vierge, quelque renaissance pour les Nains – du moins le Haut-Prêtre, dans les volutes de tabac du Nord, voulait y croire comme au bronze et aux brebis, selon l’adage de son clan – nécessitaient, et c’était bien exorbitant, le cœur battant et bourru de plusieurs Nains pour produire leurs artifices.

La Montagnarde Magie, décidément, aurait usé jusqu’à la corde notre défroqué Haut-Prêtre. Un instant, l’anneau de l’étrange Gardienne de Serramire luisit sur son annulaire, et il songea à convoquer la Divine Dame ; mais d’obscurs pressentiments le retinrent. Et Xanthe, parti en chasse de quelque bœuf pour sa collation nocturne, était bien loin à cette heure…

Mais, soudain, et bien qu’il ne fût pas rat ou matou à cet instant, ses moustaches s’agitèrent – ou du moins, sa barbe, à mille poils attentive et attentionnée, tressauta doucement dans l’air alonnien.

Cela n’était point une pulsion qu’il aurait eue, du grand temps, du temps d’avant, de l’âge des cités de Nains. Mais voilà, depuis que ses gambettes avaient entrepris de fouler plus d’humaines provinces que jamais Petit Personnage ne fit en un siècle, narines et poitrine avaient pris cœur à s’adapter à ne plus côtoyer son peuple.
Mais, une barbe frémissante, cela ne trompait guère – surtout en une nuitée d’orage – et il y avait, là, dehors, quelque part, un Nain dans les collines alonniennes.

Tout émoustillé jusqu’à la moelle – Un Nain, par Girdon Grand-Gosier ! Un Nain ! – notre Dun Eyr n’eut que le temps de fourrer quelques parchemins dans un repli de sa robe, on ne savait jamais, et de bondir dans le colimaçon de sa tourelle qu’il entreprit de dévaler sept à sept ; en fait, il vola plus qu'il ne courut, ou bien rebondit sur les marches branlantes. A cette heure, sous l'égide de la Lune et des nuages moirés, tout le castel dormait et ronflait à grognements redoublés ; et les gardes de veille, forts malins, avaient depuis longtemps délaissé leur faction pour y préférer la Suzon du Père Doubret ; et, ivres et pleins mais vides en un sens, ils roupillaient à points redoublés sur le ventre de ladite, leur défroque d’uniforme pendue à un clou des écuries.
Ainsi assuré de sa discrétion, le Haut-Prêtre alla piller consciencieusement les cuisines – on y apprêtait peut-être quelque banquet, les caves et les celliers débordaient de bonne chère – et, ayant enfourné cuissots et tripes dans une grande besace – hospitalité Naine obligeait – il bondit par une poterne, et s’en fut dans la nuit glacée, fidèle aux trémolos de sa barbe vers le Nanesque visiteur de cette nuitée.


Les collines d’Alonna étaient, en cette heure, fort lugubres, il fallait bien le dire.
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MessageSujet: Re: Noeuds de Nains ! [PV Mafraya]   Noeuds de Nains ! [PV Mafraya] I_icon_minitimeSam 11 Fév 2012 - 13:20

La pluie tombait drue en cette nuit d’orage au dessus des collines d’Alonna. Un éclair déchira le ciel noir l’instant d’avant pour illuminer les champs et les routes. Sur l’une d’elle, deux silhouettes se distinguèrent l’espace d’une fraction de seconde qu’avait duré l’éclair. Les petites formes courraient sans un mot à toute allure, sûrement pour se mettre à l’abri du torrent ou du moins pour tenter de rejoindre les portes de la ville. Le centre de l’orage semblait les suivre. En effet, la foudre frappa un arbre isolé au milieu d’un champ tout proche. Ce fut très impressionnant, un spectacle pyrotechnique presque terrifiant et synchronisé à la perfection. L’arbre sec en cet hiver s’embrasa immédiatement. Sa lumière illumina toute la région. Heureusement, le champ avait été laissé en friche et il n’y avait pas d’animaux qui s’y étaient mis à l’abris de la pluie, ce qui fait que la foudre n’avait pas fait plus de victime.

Les deux silhouettes avaient été réveillées au milieu de la nuit par la pluie glacée. Lorsqu’on dormait à la belle étoile et que la boue avait pénétré la tente, il valait mieux dans ce cas-là tenter de trouver un meilleur refuge plutôt que de continuer à dormir en étant trempé, c’était un coup à attraper la crève.

Enfin, les portes de la ville se trouvaient devant eux. Bien sûr, elles étaient fermées et il ne semblait pas y avoir de gardes. Si personne ne pouvait leur ouvrir, ils allaient devoir la contourner pour rejoindre les faubourgs extérieurs de l’autre côté, ce qui leur faisait encore pas mal de marche au milieu de l’orage. Pour le moment au moins, ils étaient légèrement protégés par le porche, mais ce n’était pas suffisant. Une voix forte et féminine s’éleva au milieu des grondements de tonnerre :

« Ohé ! Ohé ! Il y a quelqu’un ? Ouvrez ! S’il vous plait ! »

« Faisons-le tour, les gardes dorment… »
Lui fit remarquer une voix masculine.

Les deux individus étaient des nains. Il s’agissait du couple Dureroche. Ils étaient en voyage à travers les territoires humains pour le moment, en quête d’un remède particulier, peut-être un miracle, du moins un moyen pour rendre sa fertilité au couple qui s’était retrouvé après une très longue séparation dans des circonstances dramatiques et avait décidé de recommencer leur vie et de fonder un foyer. Pour cela, il aurait été préférable de peupler ce foyer de rires et de cris de bambins. D’une certaine manière, c’était aussi un moyen de faire revivre non seulement leur amour et leur couple mais aussi la nation naine qui avait perdu tant des siens.

Pour l’instant, leur quête s’était soldée par une succession d’échecs. Ils étaient allé prier à la cathédrale de Diantra et demandé audience auprès de sages et de magiciens mais personne n’avait pu résoudre leur problème, d’autant qu’en général ils avaient très peu connaissance de la physiologie naine et une naine à barbe ne faisait que renforcer les aprioris sur leur race. On leur avait toutefois conseillés et recommandé quelques adresses, mais il leur fallait parcourir tout le royaume pour les visiter. Si à la fin cela se soldait toujours par un échec, alors ils iraient à la rencontre des elfes voire des druides pour leur connaissances prononcée de la nature. Peut-être qu’eux auraient le remède miracle qui les « sauverait » ?

Mafraya renouvela plusieurs fois ses demandes à la porte le temps de s’assurer qu’il n’y avait personne ou au contraire avoir la chance de réveiller quelqu’un. Mais alors qu’ils s’apprêtaient à faire demi-tour, une petite porte annexe s’entrouvrit et quelqu’un les héla.
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Dun Eyr
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MessageSujet: Re: Noeuds de Nains ! [PV Mafraya]   Noeuds de Nains ! [PV Mafraya] I_icon_minitimeMer 15 Fév 2012 - 10:08

Dun Eyr n’avait pas achevé de bousculer la poterne de son épaule grassouillette, tandis qu’à tous les vents flottait sa barbiche en traque des Nanesques effluves – proches, toutes proches qu’elles étaient, susurrait son flair vif – que, promenant un regard de bête chasseresse dans l’endormie ruelle qui dessinait le pourtour des dépendances et des cuisines du manoir, son œil fut pris d’assaut par une étrange formes.
Non, deux, plus précisément.

L’air était débonnaire, et la panse sur la bure, tendue ; deux bajoues joufflues, en faisant quatre pour cette paire de petits bonshommes. Un dernier souffle nocturne, et l’haleine chaude et forte du Peuple héla le cœur de Dun Eyr, comme un ressac prend le matelot buriné un soir d’onde grondeuse.
Point de doute, tout le superflu était absorbé : « deux Nains ! Et en Alonna encore ! »

Le Lirganique faillit éructer un cri de joie et de triomphe, plus fantastique encore que celui qui jaillirait de la noble bouche du non moins noble Kastelord quelques jours plus tard, en un banquet appelé à devenir fameux ; mais il se retint. Ses petits sortilèges tapageurs, bien plus engendrées par d’obscures prêtrises de Nain que par Dame Nature, lui avaient déjà valu moult ennuis avec la milice, la garde, les sergents de ville, ainsi que deux ou trois pastouriaux. Mais ceci est une autre histoire, sourit, rêveur, le Nain.

Alors, dans un feulement – car, excité et tourneboulé, un Nain feule toujours, c’est un fait – Dun Eyr interpella ses comparses.


Que l’on ne vienne pas croire que les Nains étaient semblables aux Grandes-Guibolles de ces terres, si partagés dans leurs possessions, et si frileux à entrouvrir leur huis. Les vielles lois des Clans des Cimes, bien au contraire, ou bien encore d’antiques bénédictions de Girdon, ouvraient à tout Nain la porte d’un autre Nain. Alors, en quelques instants à peine, et sans qu’une parole – autre que quelques grognements de joie, preuve d’un suprême extase du Lirganique – ait été prononcée, les trois comparses se retrouvèrent bien vite, attablées dans les cuisines désertées du castel, devant douze cervelas et trente hures farcies, sous l’ombre joviale de tièdes tonnelets de bon vin alonnien, à bavasser comme une seule et vieille fratrie.
Ils se seraient quittés la veille dans quelque rôtisserie d’Almia, ou bien croisés le matin au marché aux buffles de l’Enclave, qu’ils n’auraient pas été moins réjouis.

Et l’on n’avait point encore percé un premier tonneau, que déjà le Haut-Prêtre, voltigeant parmi les restes gras et épandus de l’humaine cuisine du jour – on ne nettoyait point les pots, en Alonna, c’était la tâche des rats ; et les matous, terrés sous la paille, tremblaient devant ces replets dévoreurs d’intérêt reconnu – s’affairait à apprêter, pour ses compagnons de trois siècles, la plus giboyeuse orgie qui se fût vue depuis longtemps, de mémoire de Nain, au Sud des Montagnes.
Bien sûr, il n’y avait pas là grand-chose à se mettre sous la dent ; et pour croquer comme hors-d’oeuvre, le Nain ne put que plumer et vider trois grands cygnes, et six poulardes, pour honorer son devoir d’hôte. Mais enfin, songea le cordon-bleu, pour ces petites retrouvailles, l’on saurait se montrer frugal.


Il restait encore à se présenter. Mais la coutume Naine n’était pas trop pesante dans de tels cas et, tendant une délicieuse platée, cela fut accompli en trois mots.

Alors, encore louvoyant entre les soupières de bonne chère, comme un archer aiguiserait tous ses traits, Dun Eyr commença de parler. Mais la nuit tout entière s’étendait devant eux, et l’empressement était banni de la Nanesque hostellerie.

« Que font deux Nains en Alonna ? demanda jovialement leur hôte. Je croyais bien être le seul, à y traîner ma barbe sous les platanes. »


Il n’attendit toutefois pas la réponse, pour se livrer à un étrange rituel ; car il empilait pots, jarres et barriques dans un coin de la salle, sur l’angle de l’âtre de feu, et entreprit l’ascension de cet étrange monticule afin d’atteindre, semblait-il, le plafond.
On aurait pu croire que, dans ces contrées abêtissantes, à trop vivre parmi les Grands-Guibolles, notre Nain favori s’était dégradé en esprit. Cela n’était pas faux, bien sûr, et il était dur au Petit Personnage de survivre dans ce barbare château. Mais là, il s’agissait d’une tout autre affaire : car, nichée au recoin d’un éclat du plafond, lovée entre une rocaille et une poutrelle d’arcade, le Nain vint cueillir une petite souris, qui y tremblotait toute menue.

Et, redescendu de son promontoire, Dun Eyr la déposa précautionneusement sur la tablée. C’était là un minuscule animal, tout fébrile et faible, qu’avait recueilli le Haut-Prêtre comme l’eût fait une grasse matrone. Il lui avait injecté un peu de Lirganique bonhomie dans les pattes, car elles étaient brisées alors, et voilà que gambadait à nouveau la bestiole ; mais le Nain y veillait encore d’un œil, avant que de la relâcher dans la délicieuse poussière de son antre, quelque part sous le castel.

Alors, tandis que les compagnons Nains devaient mûrement réfléchir à l’ardue question de leur ami – on parlait peu et utile, dans ce Peuple – Dun Eyr entreprit, tout sourire, de faire courir quelques étincelles sur le corps de la petite chose, pour achever de lui rendre jovialité et bondissements.
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MessageSujet: Re: Noeuds de Nains ! [PV Mafraya]   Noeuds de Nains ! [PV Mafraya] I_icon_minitimeMar 21 Fév 2012 - 16:47

Sous le déluge, la silhouette apparut de leur taille ce qui était des plus étonnants à la fois dans ce lieu et en ce temps à ne pas mettre un nain dehors. Dans des bruits et des gestes rendus incompréhensibles par le boucan du feu d’artifice naturel, le couple rejoignit leur guide qui les mena directement dans le château via une porte dérobée. Comment ils étaient parvenus jusque-là, ils n’en avaient aucune idée mais au moins ils étaient au sec, voilà l’essentiel, et en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, ils se retrouvèrent attablé devant une montagne de restes de banquet laissés en plan au grand bonheur des rongeurs et autres nuisibles qui ne l’étaient pas tant que ça si l’on considérait qu’ils faisaient le ménage, en quelque sorte.

La vermine fut rapidement chassée par les tourbillons de leur hôte nain, qui alla immédiatement préparer quelque chose aux fourneaux et ouvrir spécialement un tonneau, le tout dans un flot de cris de joie et de questions-monologues auxquelles le couple répondait de la même manière. Nous pouvions assister en direct aux retrouvailles de nains qui ne s’étaient jamais rencontrés auparavant mais qui, comme Mafraya et Teffal connaissaient déjà ce sentiment, n’avaient pas revu une bonne bouille familière de nain depuis plusieurs mois.

La cuisine humaine fascinant toujours autant la naine et son mari ne refusant pas de la bonne pitance, chacun mangea à s’en goinfrer. Ce-faisant, on ne peut pas dire qu’il y eu vraiment de conversation entre les trois nains parlant la bouche pleine ou gargouillant des questions-réponses. Seul leur hôte eut l’occasion de leur demander clairement ce qu’ils faisaient en Alonna. Mais il n’entendit probablement pas le début de réponse, rapidement interrompu à cause de son étrange comportement. Les deux nains le regardèrent faire tout en continuant de manger en lâchant entre deux morceaux des mots d’appréciation. Rien de tel qu’un bon repas pour se raviver après avoir passé la moitié de la nuit au milieu de l’orage en plein hiver.

Leur étrange mais convivial hôte finalement revint de sa quête pour leur présenter un minuscule animal chétif. Il paraissait probable qu’il s’agisse de son animal de compagnie pour le moins original qu’il exposa fièrement comme on l’aurait fait d’un destrier ou d’un bon chien. Ce nain était peut-être un peu fou ? Ou peut-être bien un peu magicien, car la bestiole tremblante fut comme parcourue d’une décharge qui lui redonna soudain vigueur.

Mafraya déposa une cuisse de… aucune idée, mais une cuisse terminée et entreprit de répondre à sa question première. Attention, si Mafraya se mettait à parler, cela pouvait se transformer en monologue si on ne l’interrompait pas.

« Alors, mon cher ami, vous semblez ici depuis bien longtemps. Je ne doute pas que vous ayez entendu parler de la situation désastreuse de notre peuple et peut-être pensiez-vous ne pas croiser l’un des nôtres avant des lustres mais voilà : nous sommes là ! Même si j’avoue qu’il s’agit sûrement d’une coïncidence ! En fait nous sommes en voyage tout simplement… En quête pour être plus précise. Nous sommes descendus de Thanor jusqu’à Diantra puis avons traversé la péninsule jusqu’ici pour le moment. Peut-être pourriez-nous justement nous renseigner ? Nous sommes à la recherche de sages ou de médecins qui pourrait nous aider dans notre quête, n’est-ce pas mon cher ? »

« Farpaitment ! Qu’eschque ch’est comme viande che truc ? Ch’est vraiment bon ! »
Plaça Teffal entre deux mastications.

« Oh ! Mais j’en oublie les bonnes manières ! Je me nomme Mafraya et voici mon mari, Teffal Dureroche ! »

« Enpfan’é ! »


A présent, il leur restait à savoir qui était cet étrange hôte qui semblait être le maître solitaire de ces lieux à la nuit tombée, n’ayant pour compagnie qu’une minuscule petite souris. Dehors, l’orage semblait continuer, mais on ne l’entendait plus vraiment à l’intérieur des murs épais du château. D’ailleurs, de qui était ce château déjà ? Il serait peut-être convenable d’aller se présenter à lui au matin venu ?

« Et vous mon ami, comment vous nomme-t-on et que faites-vous donc seul en ces lieux ? Vous devez avoir une place importante dans ce château j’imagine ? … (Oh je crois que je vais reprendre de ces étranges tubercules roses qui piquent la langue, il faut que je m’imprègne de ce goût.) »
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MessageSujet: Re: Noeuds de Nains ! [PV Mafraya]   Noeuds de Nains ! [PV Mafraya] I_icon_minitimeMar 28 Fév 2012 - 14:31

Les Nains ne sont pas fins psychologues, c’est une chose entendue. Il n’y a guère plus grand-monde pour discuter ce fait établi, hormis peut-être de malhabiles brigands, qui auraient été roulés dans quelque escroquerie par un maître Nain ; mais cette espèce de margoulins est en voie galopante d’extinction, depuis que les guerres et horreurs ont décimé les idiots dans les mêlées qui embrasèrent la péninsule – car, abêti à en être dupé par un Nain, l’on finissait chantant à courir au combat et au carnage. Être escroqué par la gente des montagnes, c’était recevoir la promotion d’un flambant uniforme de piquier de première ligne dans n’importe quelle armée des Baronnies.
Il était d’ailleurs des moments où Dun Eyr, soupçonneux, hasardait que le Kastelord ne le conservait au sein de ses provinces, que dans la visée de renforcer ses troupes guerrières en sélectionnant la crème des andouilles pour constituer l’enclume, sur laquelle viendrait frapper le marteau des nobles batailleurs d’intelligence supérieure.
Mais on s’égarait…

Ainsi, notre bon Nain, finaud comme un Nain – c’était peu dire, on l’a vu – réprima un soupir insupporté, et parvint à torsader sa barbiche et ses moustaches en un sourire qui, quoique carnassier, devait paraître plutôt gentillet à ses comparses.
D’une main, il laissa gambader la souris, qui alla becqueter quelques restes dans les platées sous lesquelles tous les tréteaux de la salle des cuisines croulaient et, les paumes enfin libérées, il croisa ses petits doigts boudinés devant lui, affecta un air sage, et dit :

« Vous voulez curer un mal, ainsi, compagnons ? »

Oh ! Pour rapiécer des chairs distendues, guérir des plaies, et consoler des âmes, l’on se bousculait assurément dans une Seigneurie telle qu’Alonna, songea vivement Dun Eyr.
Il y avait, tout d’abord, l’officiel rebouteux du Baron, le sinistre Alcaste, qui s’entendait à vous soutirer d’étranges maux des chairs et à les nommer d’une bien rebutante façon. Mais quant à l’efficacité, c’était autre chose – quoique, dents happées et langue arrachée, les valeureuses victimes du curateur ne trouvaient que rarement le courage d’émettre une plainte ; c’eût d’ailleurs été difficile.
L’on comptait, dans toute la province, d’autres divins Asclépios de cette trempe-là, chaque bourg avait le sien ; mais ce n’étaient que de pâles imitations du sieur rebouteux suprême, et ils étaient assurément plus maladroits encore. Mais, moins préservés de la vindicte de leurs malades que ne l’était Alcaste sous la férule d’Hanegard, ceux-là éprouvaient de la difficulté à mener de longues carrières. Il leur suffisait qu’un lieutenant de la milice provinciale tombât malade, et vînt les voir, pour que le rebouteux finît écharpé par le bras restant dudit lieutenant, trois jours plus tard, tandis que l’autre avait succombé au coutelas chirurgical du rebouteux. D’ailleurs, lorsqu’on voulait se faire justice dans un village alonnien, contre le curateur local, on s’arrangeait pour donner une estafilade à l’officier milicien. Il n’y avait plus qu’à attendre trois jours en taverne, que la vindicte prît effet par voie légale – ou presque.
Mais la médecine n’était pas qu’une affaire de rustres et de torve-trognes, et il y avait, en Alonna, une céleste curatrice : Jena Kastelord, élevée depuis peu au giron de la divinité guérisseuse, maniait les étincelles de vie avec vivacité. Et, à vouloir se curer d’une plaie, on eût pu tenter de l’aller voir. Toutefois, la douce était évanescente, et rares ses apparitions. A vrai dire, elle semblait avoir rigoureusement disparu de la Baronnie…

Et puis, c’était oublier cette vérité profonde, à savoir qu’un Nain est et reste un Nain ; et qu’on ne change rien à son caractère, un caractère fort bien Nain lui aussi.
Bourru et bravache comme l’était Dun Eyr, qui faisait étalage de ses pharmacies sur la demoiselle souris, songez bien qu’il n’allait pas laisser filer des compatriotes nécessiteux ! Et, fier et digne, le Nain déjà se proclamait Panacée-d’Alonna. Ce titre serait à ajouter à la moisson collectée au travers de ses humaines escapades en lettres de noblesse…

D’un sourire bien joyeux, le Nain s’inclina en avant vers la tablée, et ses compagnons, et à la Naine il fit :
« Qui guérit un rat, guérit un Nain ! Ou deux, d’ailleurs, tout autant. Mais les runes n’irriguent pas une âme blessée, sans réclamer un petit tribut à chacun… »

Et, cette mise en garde édictée, il reprit, plus badin :
« Contez-moi donc ce qui frappe, si rudement, vos carcasses de Nain ; et je vous dirai s’il y a espoir à implorer les vieilles idoles de la Montagne. »

Il s’aperçut qu'il n'avait guère répondu sur la dernière interrogation de la Naine, et sur son rang, et sur sa charge en Alonna ; mais cela, Dun Eyr lui-même l'ignorait à la vérité. Il se trouvait là et bien là, c'était tout ce qu'il savait.


Le Baron qui invite un Nain jusqu'au cœur de ses quartiers, a ses raisons que la raison ne connaît pas, eût-on pu dire.
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Mafraya Dureroche
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MessageSujet: Re: Noeuds de Nains ! [PV Mafraya]   Noeuds de Nains ! [PV Mafraya] I_icon_minitimeDim 4 Mar 2012 - 17:05

L’ambiguïté nains n’est plus, comme sa crédulité, plus chose à démontrer. Sans parler de la constante emprise de l’alcool, fort de superstitions et de croyances bien ancrées qu’ils ne veulent pas montrer mais qui remontent parfois en surface sans crier « gare ! », les nains sont des faux-semblants empotés qui savent à la fois cacher leurs vrai sentiments sans pour autant savoir mentir convenablement. Ils agissent pourtant toujours suivant leurs émotions les plus fortes c’est donc paradoxalement la raison pour laquelle ils sont si crédules. Ajoutez des artifices magiques ou des convictions personnelles et les voilà « encharlatanisé ». Voilà pourquoi il était plus facile pour un nain de fourvoyer ou de se faire fourvoyer par l’un de ses compagnons plutôt que de l’être par un « longue jambe » envers lesquels la méfiance prévalait. Cependant, un nain qui se découvre trompé, généralement après coup, est bien souvent enragé comme jamais, il n’y a pas de petite tromperie avec les nains. Et un nain enragé, vous savez sans doute quels dégâts cela peut faire ?

L’engouement de jovialité amené par la nourriture en abondance et l’humeur festives de « retrouvailles » simulée et stimulées par l’ambiance, amena Mafraya de soulever immédiatement le problème qui l’amenait en cette région avec son mari. Ce sur quoi leur hôte sembla immédiatement s’intéresser.

« Vous voulez curer un mal, ainsi, compagnons ? »

« Hum…Oui, et c’est peu dire ! Toutefois nous n’en connaissons pas l’origine, si ce n’est peut-être que… enfin comment dire ? … J’en suis probablement la seule cause… Quoi que… Enfin c’est quelque chose pour laquelle les personnes que nous avons consultées jusque-là n’ont trouvé de réponse. »[/b]

Leur hôte sembla soudain bien joyeux après avoir entendu ses plaintes et s’inclina comme un serviteur signifie qu’il accède à la demande de ses maîtres, bien que la situation n’ait rien à voir. Ce geste invitait juste à la confiance. Entre nains, c’était comme dire « Laissez tonton Dun Eyr s’occuper de ça pour vous ! »… Bien qu’il ne leur ait toujours pas dit son nom...

« Vraiment ? Vous seriez peut-être capable de nous aider ?... Oh, la magie des runes exige un tribut ? Voulez-vous dire que nous allons perdre quelque chose en échange de la guérison ? Ou bien même si cela ne fonctionne pas ?
«Effectivement, mais tout dépend du tribut en question… »

« Nous ne le saurons sûrement que si nous lui disons d’abord de quoi il retourne, n’est-ce pas ? »

« J’en conçois… Mais d’abord, il ne me semble pas avoir entendu votre nom... Peut-être avez-vous une certaine réputation de par chez nous que nous pourrions connaître ?


La sobriété forcée de Teffal lui avait appris que l’on réfléchissait mieux l’esprit clair et à présent, il n’était plus un « nain comme les autres », même sis un nain reste un nain, il savait distinguer à présent la limite à ne plus franchir quand il buvait, il se forçait à se limiter.

« C’ est vrai ? Ah oui, peut-être bien… Mais vous semblez au moins vous y connaître en ce que vous faites sinon vous ne seriez pas ici j’imagine… Notre problème est simple voyez-vous, simple et compliqué à la fois en fait… Disons que… Nous ne parvenons pas à avoir d’enfants… Et suite aux nombreuses questions que l’on nous a posées à ce sujet, il semblerait que le problème vient clairement de moi. En même temps, regardez-moi ! Je me faisais une fierté de ma barbe fournie que les nains de notre village appréciaient tant, mais il est clair que je suis un phénomène de foire car aucune autre naine à ma connaissance n’a jamais eu cette particularité… Et de mon comportement qu’on m’a toujours dit confondu pour un nain, c’est à croire que Moghar s’est trompé en me fabriquant, et qu’il m’a fait nain dans un corps de naine… »

Mafraya était frustrée et renfrognée en disant cela. Son mari se fit quelque peu sévère :

« Ecoute Mafraya, je t’ai déjà dit de ne pas te mettre ces balivernes dans la tête ! Ton corps est tout à fait normal ! Cette barbe n’est qu’une marque de virilité, je ne vois pas en quoi cela aurait un rapport avec notre problème ! Et puis, je te comprends, mais tu n’as jamais voulu la tailler, bien que nombreuses naines le fasse. Qui sait si d’autres n’ont pas autant de virilité qu’elles ne souhaitent que cacher pour paraître seulement plus jeune ? Bref, ne l’écoutez pas à ce propos, le problème n’est pas là Monsieur… euh… ? Dites-nous au moins comment vous appeler avant toute chose s’il vous plait…»
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MessageSujet: Re: Noeuds de Nains ! [PV Mafraya]   Noeuds de Nains ! [PV Mafraya] I_icon_minitimeJeu 15 Mar 2012 - 21:41

Le Nain n’avait toujours pas révélé son nom – mystérieux personnage que voilà !

D’un œil malicieux, Dun Eyr contempla la petite bestiole, le souriceau, qui s’était déjà remis. Et, d’un clin d’œil, il lui fit l’invite de grimper sur ses petits doigts gourds et ronds, et d’aller gambader sur ses larges épaules de fils de la montagne. La souris, croyez-le, ne se fit pas prier, et elle alla étrenner sa patte comme neuve sur la robe de bure du Nain. Elle prit même un particulier plaisir à aller s’emberlificoter dans la tignasse blanchie du Haut-Prêtre, et jamais elle ne parut plus heureuse que lorsqu’elle se nicha dans les méandres de sa barbe bien fournie, comme dans une alcôve.
Au terme de quoi, lorsque le Nain reprit la parole, sa barbe dansait à chaque mouvement de sa mâchoire, et cette houle pileuse servait de berceuse au délicat animal presqu’aussitôt assoupi.

Alors, grignotant un rognon du bout des dents, le Nain dit à ses comparses :
« Du temps des montagnes, on m’appelait Dun Eyr, d’Almis. » Et il ne manqua pas d’ajouter la rituelle formule de sa charge : « Et je crapahute hautement pour la gloire de Lirgan le Louvoyant. »
C’était là du bien vieux parler Nain, mais somme toute, l’on comprenait aisément quel Lirganique était cet étrange cuisinier reclus en Alonna
Et, les présentations évacuées, le Nain put parler plus pleinement à ses deux amis – car ils étaient maintenant d’excellentes amis, comme seuls savaient l’être les cousins des cimes – du grave souci préoccupant leur vigoureux amour.

« Des enfants, éh ?... » répéta lentement, à mots mâchonnés, le Nain.

Et il se plongea, un cuissot de hase à la main, dans la contemplation du phénomène de foire autoproclamé.
Oh ! il est vrai, elle avait de la barbiche au menton, et que cela lui ondulait en bouclettes jusqu’à la gorge – qu’elle avait fort charmante, d’ailleurs – comme sur le poitrail bourru d’un chef de clan, d’un écorcheur de Kerkands. Mais après, songea le Lirganique ? Le Maître Muet avait répandu dans les os de chacun quelques pincées de mystère, de charme et d’intrigue, et il semblait avoir saupoudré certaines petites natures, tandis qu’il avait rempli jusqu’à la lie d’autres corps bien plus forts. Pourtant, à ce jeu-là, le Naine n’était pas trop à plaindre : et le Haut-Prêtre en avait vu passer tant, qui portaient leurs yeux surnuméraires dans des gibernes de peau, ou bien rongeaient des ongles infinis et sitôt coupés qu’ils renaissaient d’égale longueur – alors, somme toute, un petit duvet à une damoiselle ?
Et plus Dun Eyr s’absorbait à ausculter Mafraya, et plus il la trouvait fort appétissante.
Mais enfin, grommela-t-il en lui-même, l’heure n’était décidément pas à ces songes-là.

Et, avec nulle hâte, il prit la parole à nouveau :
« Foi de l’Eyr, tu auras une progéniture plus vaste qu’un troupeau de bouquetins, sœur Naine ! Car les Façonneurs peuvent avoir été plaisantins sur le dehors, la vie te chatouille le ventre du dedans, j’en suis bien certain. »
Ce qui était une fanfaronnade – car en matière de Nanesque perpétuation de la race, l’on trouvait de tout, sauf des certitudes ! Dun Eyr l’avait appris à connaître dans les torves bas-fonds de Lante, du temps d’Avant… mais cela était une toute autre histoire, sourit-il doucement.

« Il n’est pas de revers de la nature, qu’un peu de divine magie ne saurait évider, reprit le religieux. Et Lirgan, qu’il soit chanté sept et sept fois, a bien du pouvoir sur le rotondité d’un abdomen. »
Sur la barbe d’une Naine, en revanche, sourit Dun Eyr, rien n’était avéré en la matière…
« Mais l’Arlequin ne vient pas tournoyer sans motif, et sa rétribution n’est pas la plus douce à acquitter, compagnons. »
D’un geste, déjà, le Nain avait attrapé un cruchon de bon hydromel, et en renversait le contenu par-dessus son épaule ; et puis, cette lame de cuivre, là-bas, serait également bien précieuse à l’instant des grandes joies.

Alors, soudain debout, le Nain demanda d’une voix souple :
« Si tu acceptes de tenter les possibles avec le Grand Joueur, ma sœur, tu dois me donner ce qui t’est le plus cher. Et te préparer à le perdre. »

Et, secrètement, Dun Eyr jubilait. Car ce couple frappé par la maldonne, quelle chance inouïe ! Voilà des siècles, certainement, que le Lirganique n’avait plus pratiqué le Révérencieux Rituel du Retour Rouge, et ses mains étaient déjà fébrile de se replonger dans ces si ténébreuses arcanes de l’écheveau des songes.
A dire vrai, et à y bien penser, à force de côtoyer les ladres et les graisseux palefreniers en toutes saisons, et ce depuis quatre années, quelques formules pourraient avoir tressauté hors de la mémoire, moins vivace qu’hier, du brave Haut-Prêtre.

Dun Eyr crut bon, en toute sagesse, de n’en dire mot à la belle Mafraya.
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MessageSujet: Re: Noeuds de Nains ! [PV Mafraya]   Noeuds de Nains ! [PV Mafraya] I_icon_minitimeSam 17 Mar 2012 - 20:03

Apparemment, le nain aimait beaucoup cette petite bestiole et cela semblait réciproque. Etait-ce vraiment son animal de compagnie ? Comment cet animal ridiculement faible aurait-il pu survivre suffisamment longtemps dans un environnement aussi sauvage pour pouvoir être apprivoisé de la sorte ? Il y avait probablement encore de la magie là-dessous.

Ainsi, le dôle de mage protecteur de souris s’appelait Dun Eyr d’Almis… Effectivement, il avait ce léger accent de la région reconnaissable par tout bon compatriote nain. Malheureusement, bien qu’il semble avoir eu une certaine renommée autrefois, son nom était inconnu du couple qui n’était pas vraiment sorti de leur village avant que les circonstances ne les obligent à voyager.

Dun Eyr écouta attentivement la requête de Mafraya et se répéta le problème comme s’il réfléchissait déjà à un moyen d’y remédier.

Après un temps de réflexion indéterminé (on ne voit pas le temps passé quand on est un nain occupé à manger et à boire…), Dun Eyr déclama ce que Mafraya voulait entendre comme s’il pouvait réfuter le problème d’un simple claquement de doigts, comme si celui-ci n’était pas aussi compliqué qu’il n’y paraissait, voire même que le problème était ailleurs…

Son langage empreint de vieilles tournures de phrases jouait en sa faveur, indiquant l’érudition tout comme ferait de même un romantique beau parleur ou un charlatan bien entraîné.

Après ces paroles enthousiastes, de nouveau, le mage indiqua que la guérison (ou du moins ses services) nécessitaient une compensation. Certes, pourquoi pas ? Du moment que ce n’était pas quelque chose d’impossible ? Et après tout, si ça marchait ?

Dun Eyr se leva et cette fois proféra un avertissement qui sonna soudain comme une menace. Comme s’il fallait passer un marché douteux avec un dieu à titre de faveur exceptionnelle, un regret assuré, immédiat ou futur.

Toujours aussi prompte à réagir, Mafraya ne prit même pas le temps de peser le pour et le contre avant de répondre en se levant à son tour. Son mari, surpris, dut la faire se rassoir et tenter de la clamer.

« Vous donner ce que j’ai de plus cher ?! Qu’est-ce que vous entendez par là ?! Jamais je ne vous laisserez toucher à un seul poil de barbe de mon mari ! Et encore moins vous laisser, par je ne sais quelle magie, nous priver de notre amour ! »

« Calme-toi, calme-toi. Tu as parfaitement raison, c’est impensable. Il veut sans doute parler d’autre chose, c’est un nain comme nous après tout. Ce doit être d’un objet matériel dont il parle… N’est-ce pas mon cher Dun ? Vous parlez d’un bien personnel ? Vous ne pouvez nous laisser croire le contraire ! Nous serions prêts à accepter toute tentative si elle a des chances d’être efficace mais le prix doit rester quelque chose de raisonnable, n’est-ce pas ? »

« Oui, parfaitement. Evidemment que nous sommes prêts à débourser tout ce que nous avons, même si au final cela peut paraître dérisoire mais il est hors de question que la rétribution soit d’une nature magique qui toucherait mon être en profondeur en compensation. Ce serait comme un contrat dont l’intérêt n’en aurait plus une fois celui-ci accepté… Comme un paysan ruiné vendrait sa dernière biquette pour s’acheter à manger ! »

« Oui, expliquez-vous s’il vous plait, donnez-nous des détails sur ce que vous comptez faire et sur la nature de cette compensation. »


La balle était dans le camp du mage. C’était certainement encore une technique de négociateur de demander l’impossible en premier avant de réduire sa demande à quelque chose qui reste faramineux mais qui, en comparaison, ne représente que pas grand-chose… Et sans doute était-ce voulu de la part de Dun Eyr d’agir de la sorte car il voyait sans doute bien que le couple était prêt à faire n’importe quoi ou presque pour résoudre son problème somme toute assez majeur pour un couple de nains.

Que voulait vraiment dire le mage par « …ce qui t’est le plus cher… » et «… te préparer à le perdre… » ? Cet article masculin était sans doute le plus ambigüe. Encore aurait-il dit «… te préparer à la perdre », Mafraya aurait pu penser à sa barbe ou à sa collection d’ustensiles de cuisine…
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MessageSujet: Re: Noeuds de Nains ! [PV Mafraya]   Noeuds de Nains ! [PV Mafraya] I_icon_minitimeMer 21 Mar 2012 - 12:10

« Mon cher Dun ? »

L’avait-il vraiment appelé « mon cher Dun », ce paltoquet bourru de cogne-enclume ? Le Lirganique avait fait fouetter jusqu’à l’os ses amis pour moins que cela, du temps de sa splendeur d’Almis.
Ou peut-être ne l’avait-il pas fait. Oh, tout cela s’embrouillait sous les replis de son vieux front…

Mais ses errances dans la nature, sous le voile moqueur d’un loup ou d’un ours, tandis qu’il courait la forêt pour exécuter les desseins du Menteur, avaient laissé quelques habitudes à notre Nain. Et, de sa gorge, monta l’espace d’un instant comme un grondement, un feulement.

Pourtant il se contint, et laissa sa rage aller à un cuissot de brebis qu’il brisa d’une fière entaille de sa mâchoire. Dans la barbiche, le souriceau goûtait timidement la bonne sauce grasse qui perlait goutte à goutte le long des capillaires d’argent de son hôte. Cela semblait fort à son goût.

Après un instant de silence, Dun Eyr décida qu’il lui fallait mener à bien son affaire, pour la plus grand gloire du Ciseleur ; et lorsqu’il reprit la parole, sa voix avait un timbre chaud et familier.
Car, ce qu’il allait accomplir là, c’était extirper le Petit Peuple de ses cendres, c’était gonfler et bomber la bedaine fertile comme cruchon d’une authentique Naine, d’une brave bru du Nord.

Et il dit – parlant à Mafraya, et non plus à l’autre :

« Ce que tu as de plus cher, sœur Dureroche, n’a pas encore paru. Et c’est ce que Lirgan souhaite et désire. »

D’une main assurée, et tandis qu’il parlait, le Nain avait plongé dans sa longue barbe une paume accueillante, et attendit que la souris y fût lovée pour la ramener, loin du foyer velu, à la table de bois ; tout à côté, comme une grande tour au regard du petit animal, s’élevait le lourd flacon d’hydromel qu’avait renversé le Nain.

« Les fils de Lirgan sont clairsemés, ses autels ont été renversés, ou bien le lichen les prend. L’on jurerait davantage à la tablée d’un Mange-Feuilles, d’un triste Elfe, qu’au triomphe du Ciseleur. »

De son autre main, du bout de ses doigts épais comme le charbon, le Nain prit une pointe ou un stylet depuis les replis de sa besace ; et, à l’entour du flacon creux, la main du Maître Ciseleur élabora une longue, et souple, et belle ligne qu’il entrecroisa avec élégance. C’était, vingt fois mêlées et mariées, des Runes engoncées qui traçaient un très grand Symbole.
Comme une bestiole apeurée, le bois de la table frémit au sentir de tant de pouvoir.

« Ton ventre sera bientôt fertile comme le bouc. »

Sous les doigts du Nain, la sourit commença à frémir et trembler.

« Mais ton premier fils, le premier fruit de ta couche, sera donné à Lirgan ; et qu’il l’écharpe, l’écorche ou le dérobe, le Mutin en disposera selon ses inexplicables souhaits. Tu me le confieras, et j’en ferai plein usage. »

Le Nain éleva alors la petite souris au-dessus du flacon et, avec une joyeuse tendresse, et une infinie douceur, il lui rompit la nuque ; et ses ongles, robustes, fouillèrent aux vertèbres pour en dérober un jaillissement de sang, un beau ruisseau rouge.
Dun Eyr alors, souriant, fit chuter le corps rompu dans le flacon, où il dégoutta à faible flot.

« Le Ciseleur approche, à présent, ma sœur. »

D’un geste vif, le Nain éleva de nouveau le stylet, et la pointe fondit dans sa propre chair rugueuse, tout au-dessous du poignet. Son sang, épais, brun comme la roche, alla ruisseler sur le petit corps du souriceau trépassé, et embourba sa fourrure blanche.
Alors seulement, le Nain raya la Rune – sans lueur, ni splendeur, mais un frémissement courut dans la marée de sang qui s’agitait entre les parois de verre du flacon – et, toujours aussi souriant et confiant, quoique taché et enferré de sang sur toute sa bure, il présenta le flacon et sa Magique Mixture à la Naine au ventre creux.

« Bois, et sois Bénie. »

Du bras tendu, comme un flot, ruisselait le sang du Nain, à grosses gouttes gonflées.
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MessageSujet: Re: Noeuds de Nains ! [PV Mafraya]   Noeuds de Nains ! [PV Mafraya] I_icon_minitimeDim 25 Mar 2012 - 19:07

Les paroles et la scène qui suivirent furent tellement improbables qu’en un premier temps, et un temps très long ceci-dit, ils choquèrent fortement Mafraya qui en resta pétrifiée.

Déjà la main tendue tenant le « graal », la promesse, l’espoir devant elle, la naine ne pouvait s’empêcher de regarder son compatriote souriant après ce qu’il venait de faire et tandis que son sang continuait de couler le long de ses doigts jusque dans le réceptacle.
Le nain avait parlé : leur peuple était clairsemé, réduit, affaiblit et leur créateur, bien qu’étant également un tyran sanguinaire, n’avait probablement pas l’intention de laisser son peuple disparaitre.
Le sage avait parlé : il était vrai que son enfant serait son bien le plus cher, le moment venu, après tant d’attente. Et pas seulement le sien mais aussi celui de son mari très probablement.
Le mage avait agi et l’adepte avait parlé : pas de vie sans sacrifice, pas d’espoir sans désespoir, pas sang sans en verser. Ainsi une vie sacrifiée pour qu’une nouvelle puisse renaître.
Un dernier individu avait parlé mais c’était le plus mystérieux, car il voulait que cet enfant, ce sacrifice, pour Lirgan, lui soit confié. Pourquoi le lui confier ? Qu’entendait-il par-là ? Voulait-il que l’enfant suive un destin de prêtre ou quelque chose de la sorte ? Hors de question de se défaire de son enfant, peu importe son avenir, il lui fallait une mère pour l’élever, elle n’allait pas l’abandonner dès sa naissance quand même ?

Trop de choses, d’informations à ingérer d’un coup alors que le rituel avait déjà eu lieu… Pourquoi cet « imbécile » ne leur avait pas dit tout ça avant ? Ce n’était quand même pas la mer à boire ? Maintenant c’était « bois, sois guérie et prépare toi aux conséquences » ou « renie la main qui t’est tendue après avoir imploré mon aide » même si ce n’était pas exactement le cas.

Le nain sous entendait aussi qu’il y en en aurait d’autres, des enfants bien sûr, donc qu’il y avait toutes les chances que ce soit une guérison définitive et pas seulement un miracle d’un jour. Mais tout de même, ce n’était pas un petit sacrifice qu’on lui demandait…

Tout en réfléchissant à la vitesse de l’éclair qui frappait toujours au dehors, Mafraya avait saisi la coupe de ses mains tremblantes. Son mari lui tenait les épaules pour la soutenir. Ce serait sa décision. Si cela ne marchait pas, comme tout le reste avant ça, elle n’aurait fait que boire quelques millilitres de sang de souris dilués dans du sang de vieux nain, elle s’en offusquerait ou en rirait plus tard. Mais si jamais, ô grand jamais, ce rituel allait fonctionner (car on pouvait toujours se demander ce qu’une rune pouvait bien faire à du sang de nain et de souris combiné pour le transformer en potion magique… Après tout, s’il ne s’agissait que de sang, pourquoi avoir sacrifié la pauvre souris, et pourquoi ne pas avoir utilisé son propre sang ou celui de son mari ? Cela semblait moins étrange étrangement comme pensée cannibale…

Puis, reprenant ses esprits, son subconscient ayant décidé bien à l’avance pour elle-même, Mafraya fronça les sourcils avant de se saisir pleinement de la coupe et de déclarer, la voix encore émue de colère :

« Et bien soit, qu’il advienne que pourra, sur ce je ne peux que l’admettre ! Et que je prie Lirgan tous les jours et que mon premier suive sa voie soit, que ma gratitude soit sincère ! Mais jamais, quoi que vous pensez, je ne vous l’abandonnerai, même si vous êtes ce que vous semblez être, c’est à dire prêtre de Lirgan, autrement qu’une fois en âge de partir seul. »

Et Mafraya avala brusquement la grande gorgée contenue dans la coupe avant que Dun n’ait le temps d’ajouter quelque chose. La coupe, reposée aussi violemment, marqua la table à l’impact en laissant une tâche rouge sombre qui imprègnera le bois avec peu de chance de s’effacer complétement un jour. Mafraya ne sentit pas un quelconque effet de la magie à cause du flot d’hormones qui avait envahi son corps, c’était un tel chamboulement là-dedans que son cœur battait la chamade et que ses mains étaient toujours tremblantes. Mais pourquoi tant de colère encore ? C’était cette mise au pied du mur, cette impression d’avoir été roulée, mélangé à un espoir réel et le fait de redouter les conséquences si la magie devait fonctionner. Sans oublier le choc du « meurtre » de la pauvre petite souris (mine de rien ce n’était pas rien non plus). Après s’être essuyée la bouche d’un revers de manche, la naine ajouta :

« Croyez bien que si cela fonctionne, vous aurez de mes nouvelles d’ici quelques mois.»

La fatigue la rattrapant, la colère l’épuisant, la peur l’affaiblissant et peut-être la magie faisant effet, Mafraya commença à tourner de l’œil alors qu’elle se retournait vers son mari pour chercher l’étreinte de ses bras. Celui-ci lui murmura quelques paroles de réconfort avant de déclarer à leur hôte :

« Nous devrions reparler demain, il serait sage de prendre un peu de repos avant la fin de la nuit. Si vous le voulez bien nous allons nous allonger dans un coin pour ne pas déranger d’avantage, nous avons tout ce qu’il faut pour dormir dans nos sacs. Sur ce… »

Teffal récupéra leurs sacs de voyage et commença à sortir des couvertures pour y installer sa femme… Quelle étrange soirée.
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MessageSujet: Re: Noeuds de Nains ! [PV Mafraya]   Noeuds de Nains ! [PV Mafraya] I_icon_minitimeJeu 5 Avr 2012 - 8:30

Lorsque la Naine avait achevé de boire la coupe de sang jusqu’à la lie, le Nain s’était retiré. Ces deux-là, tout chamboulés par les événements, devaient avoir perdu la boussole septentrionale de tout bon esprit Nain, et ils semblaient bien égarés à cette heure avancée de la nuit.
Et puis, les miracles de Kÿria ne s’accomplissaient pas par la pensée. Aussi Dun Eyr, ayant inspecté cuisines et dépendances, laissa les amants tourneboulés à leur nuit ; et nous jetterons un voile pudique sur la nuitée, quoique le castel d’Alonna fut peut-être à présent dépositaire du Grand Secret, celui des Nains et de leurs gonades…

Au matin, tôt avant le coq, Dun Eyr redescendit depuis son perchoir de pierre, la tourelle du Nord – ou bien était-ce de l’Ouest ? – et s’en revint toquer aux portes des cuisines. Il fallait faire vite, les souillons allaient arriver pour préparer l’orgie matinale de la fratrie nobiliaire. De par ses longues années déjà au château, toute la durée du Voile et de ses suites, le Nain avait reçu un éclatant sauf-conduit du Kastelord : et même une tablée de Nains paillards dans les cuisines ne lui aurait valu la moindre réprimande.
Mais c’était bien plutôt pour les provisions d’Alonna, tous les blés et les bêtes entassés dans les celliers, que le cœur du Dun Eyr s’agitait. Un estomac de Nain enamouraché pouvait souvent donner une juste idée du puits sans fond…

Soucieux, d’une œillade, du niveau des vivres alentour – par Girdon ! Il en resterait encore bien assez – le Nain entra d’un pas vif dans la pièce embuée et lourde des effluves de cuisines, qui toujours s’y attardaient, et il alla s’effondrer sur la table centrale.
S’effondrer, le mot était fort bien choisi ; car le Nain n’était pas venu seul, mais chargé de ses uniques compagnons dans la tourelle, ses vieux grimoires de poussière. Il y avait là des parchemins de toute taille, savamment enroulés et enrubannées, plus ou moins décatis selon l’âge – et, soutenant le tout, une reliure épaisse et gondolée par les siècles, dont le copiste avait dû connaître les Dieux eux-mêmes en pouponnières.

Et, tout sourire en cette belle matinée – l’orage était passé – Dun Eyr lança doucement :

« J’ai, sœur Mafraya, de la lecture pour toi. »

Oh, Dun Eyr le savait bien, la Naine ne saurait que lire avec difficultés. Qui plus est, l’ancienne graphie de ces palimpsestes tannés.
Mais, joie ! Il y avait là de belles images, des enluminures à la portée de tout Nain ; et qui frappaient joliment l’esprit.

« Penchez-vous un instant là-dessus, compagnons Nains, grogna joyeusement Dun Eyr. Cela éclairera vos songes. »

Que voyait-on, ainsi, sur ces feuillets parcheminés ?
C’était, par le menu, le grand rituel de vie pratiqué la veille par Dun Eyr ; oh, bien sûr, ce n’était point une souris mais une autruche, et le calice était doré et non pas de bois vermoulu comme ici-bas dans les cuisines. Mais, sensiblement, les choses étaient les mêmes. Une Naine, rouge et fière comme toutes les Naines, grimaçait de douleur – « exagération du copiste, bien sûr… » – tandis qu’à ses côtés, et de sous sa bure écrue, jaillissait l’Enfant convoqué par Lirgan le Ludion.

Et quel Enfant…

Pour le moins, on pouvait le dire étrange. Les éclairs bleuis, la foudre de soi et le cocon d’améthyste l’environnant, cela devait être fantaisie et bagatelles : Lirgan n’était pas dieu à gribouiller de telles fanfreluches magiques.
Mais les mains, longues et fines comme aucun Nain, et la tête, ceinte d’une étrange nuée d’argent, laissait songeur tout un chacun…

Et Dun Eyr, se tournant vers la Dureroche :

« Il sera ardu, sœur Naine, d’élever la germe du Moqueur dans la tourbe de tous les Nains. »

Il marqua une pause d’un instant, et lentement reprit :

« Oh, et puis… »

Et puis, quoi ? se grommela-t-il à lui-même.
Que fallait-il encore dire à la Mafraya ? Que le rituel n’était guère plus usité depuis des siècles ? Que les prophéties de Barun Kar l’Ancien mettaient en garde contre l’ajout de sang de rongeur dans les incantations de vie ? Que Dun Eyr lui-même, traçant l’entrelacs autour de la coupe, l’avait trouvé un peu trop elliptique pour être exact… ?

Le couple Nain devait panteler d’inquiétude, là, devant lui.
Non, songea le Lirganique, oublions tout cela. La seule et bonne certitude, est que la magie du Trublion ne reste jamais sans effet…
Ce qui n’était pas rigoureusement rassurant.

Mais enfin, retrouvant une attitude bien Naine, Dun Eyr envoya une bourrée sur l’épaule de Teffal, donna l’accolade à Mafraya et, sans plus penser à ses petits doutes, se mit en quête d’une collation digne de ce nom, à même de satisfaire trois estomacs de Nains bien chamboulés par ces émotions.

« Et puis, l’enfant sera magnifique, pour sûr ! »

Alors le Nain sourit, car il s’était aperçu que douze douzaines de marcassins farcis semblaient attendre leurs coups de dents.
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