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| Des heurts de Verimios [GUERRE] | |
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Odoacre
Humain
Nombre de messages : 10 Âge : 42 Date d'inscription : 22/06/2012
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| Sujet: Des heurts de Verimios [GUERRE] Lun 23 Juil 2012 - 19:28 | |
| Cela faisait déjà trop longtemps qu'Oësgard, si fière, si pétrie de valeurs hautement morales, subissait des avanies répétées de la part des fats, des despotes et des usurpateurs. Depuis le trépas mystérieux et tragique de l'ineffable Herménégildoricius de Tourmalin le « Baudrier d'Argent », capitaine des Leumberjack, beau-fils de Baudoin le dernier baron, premier et dernier roi d'Oësgard, défenseur intègre de la capitale et héros martial notoire, le nord n'avait guère connut que le chaos. Les règnes piteux et désordonnés des farauds suderons, des monstres infects et dernièrement d'un sauvage sylvestre à la botte de Diantra s'étaient succédé sans éclat pour faire d'Oesgard une marche triste. Pourtant, le souvenir vibrant des derniers véritables maîtres du Nord courait encore dans les masures, illuminait le regard des enfants et calmait les douleurs arthritiques des vieillards qui, au coin de l'âtre, relataient la teneur des aventures épiques du baron et du Baudrier d'Argent. Les historiettes allaient bon train sur la vaillance des ultimes et glorieux défenseurs d'Oësgard et envers qui allait leur fidélité. Il était depuis ce jour devenu - dans les foyers patriotes – une tradition que de prier pour le retour des justes. Aussi, une foule compacte avait-elle soumis Odoacre à l'examen le plus scrupuleux quand celui-ci avait procédé à une entrée remarquée dans Hasseroi. Les citadins s'exclamaient « C'est lui, c'est le roi ! », « C'est-eul' fils du Baudoin ! » ou « Hauts-les-coeurs, le Sang du Nord ! ». Contenté d'avoir provoqué pareil émoi dans les rues de la puissante bourgade fortifiée, Odoacre avait entrepris d'étendre son influence. * * * La dame gaupe roulait ses gibbosités velues dans un océan de drap bleu, roucoulant de façon prétendument concupiscente à l'adresse de la Hyre. Déjà repus de gaudriole, Odoacre éventa les approches de la houri d'un revers de main. Le matin était radieux comme de coutume à cette saison, faisait sembler les rues de Hasseroi à un rêve exaucé, toutes parées de perles étincelantes. Un oiseau coquet piaillait à l'entrebâillement de la fenêtre et faisait rouler ses yeux stupides sur un Odoacre nu, qui s'étirait après une nuit bien occupée. Quand icelui se tourna vers la fenêtre, l'oiseau s'arrêta tout net et Odoacre crut voir là un silence estomaqué à la vue de son mandrin disproportionné. Alors souriant de si bon matin, il entreprit de se soulager dans un pot d'argent prévu à cet effet et de se vêtir convenablement. « Le fond de l'air est frais et je pisse clair ! Dame pute, cela va être une belle journée ! » A peine couvert d'une jolie chemise dissimulant son équateur, l'on toqua à la porte. Guilleret, le prince autorisa l'introduction du fâcheux. Un petit page s'imisca timidement dans la pièce fraîchement aérée et devint rouge comme les poudres d'épices Thaari, de honte d'avoir sollicité Odoacre dans une mise si légère. Comprenant bien là l'embarras de l'échanson, celui-ci se hâta d'enfiler des chausses décentes comme on l'informait des raisons de cette visite. Il était convié à l'Hôtel des Basteliers de l'Ambrie où étaient présents -à la demande d'Odoacre qui avait proposé l'entrevue, dans le dessein de « resgler sans deslay li divergeoiments inquietants de vues des Francs-Sergent de l'Andelwald et de l'Hasseroyale »- quelques sergents d'Andelwald ainsi que le magneprieurin d'Andelheim voué à Néera, et dont la dignité croissait dernièrement dans le nord de l'Oesgardie. Notre prince sortit en trombes de sa demeure pour rejoindre ses gardes du corps personnels. Durbée, un estréventin large comme trois dromons mervalois, et Visculion, un zurthan à la peau de bronze qui guettait la rue tel un fauve des savanes orientales. Son existence -teintée de réflexes et d'attitudes confinant à l'animal- constituait un spectacle en soi et, par ailleurs, une précaution rassurante. De la ville basse, cette équipée remonta le cour rigoureusement rectiligne de la voie Quintienne. En ce printemps radieux, son caniveau était grossi comme les rus montagnards et charriait une quantité peu tolérable de senteurs et de détritus inconnus. Sur le flot tumultueux de la foule dérivaient des charrois surmenés et quelques cavaliers orgueilleux, l'épée ceinte de manière ostentatoire. Des caillots de pauvres gens s'amassaient autour de marmites solidement gardées, dans lesquelles blanchissaient des abattis de rat, de chat, de bétail malade et diverses racines glanées dans les catacombes et les carrières. L'on vendait l'odieux bouillon au comptant ! D'autres accrétions humaines se formaient aux abords d'autels de rues, célébrant la Néera de Sgarde et d'autres saints bienveillants vêtus de chiffons, chargés de crânes et de fleurs fanées. Il fallut se frayer un chemin dans ce chaos à grands renforts de bousculades et d'esquives. Malgré l'adresse dont il faisait preuve, Odoacre était ailleurs. Sa positon en Oesgardie était en effet précaire. Si le conseil de Echevins de Hasseroi lui avait accordé son soutien, cela ne suffisait pas à garantir son intégrité physique en ces temps de trouble. Il était cerné par des marches franches, hors de tout contrôle, et les fiefs loyaux au baron Norman. De sa rencontre avec les Sergents de l'ouest et le Magneprieurin dépendait son avenir. Ironiquement, ses soutiens les plus éminents de Hasseroi se défiaient de cette valetaille rebelle qui, disait-on, "s'abandonnait à la dissolution et à l'animalité en les bois d'Andel". Il y aurait du sang, il y aurait des batailles, il y aurait des chansons à composer, mais Odoacre n'avait pas encore les forces pour s'y jeter. Chemin faisant, l'apparition de l'hôtel le tira de ses divagations. La bâtisse de pierre occupait un côté entier de la Grand'Place. Majestueux comme toute œuvre du génie Oesgardien se doit de l'être, le palais s'ouvrit grand à l'arrivée d'Odoacre. Dans la cour l'attendaient un chapelet de notables Hasseroyens, des êtres empâtés et érudits que le port répété du monocle avait pourvus de bourrelets calleux autour de l'œil. « Ils attendent » dit le plus digne d'entre eux, la voix grave. Odoacre savait ce que pensaient ces messieurs de la franche-sergenterie et ce que cette gravité cachait. L'assemblée gagna alors la salle de palabres, laissant derrière elle son cortège de traîneurs de sabres. Les potentats d'Andelwald siégeaient déjà, leur patience renforcée par des plats de bruant en sauce brune et de bons litrons. Odoacre se fit annoncer « Héritier de Heinster, Prince d'Oesgardie, Chevalier de l'ordre des Leumberjacks, et Comte de la bon'ville de Hasseroi ! » Sans plus de manières, Odoacre tonna « Sergents, vous ne mésavez pas mienne extraction ! Et vous ne mésavez pas quelle dilection sayne esprouvait mon père à l'endroit des maitres de la sergenterie ! Vaillants coeurs, soldats fidèles, hommes de bien en qui il avait toute confiance pour administrer l'Oesgardie. Sachez qu'il ne sera pas dit que je ferai défaut à son souvenir en ce point. Aussi me sont-elles insupportables ces divergences qui nous séparent, quand un baron ensauvagé à la botte de Diantra, voué au meurtre et à la copulation avec des marâtres suderonnes, menace de tuer tout ce qu'il y a de bon en notre bon païs ! J'ai bel espoir aujourd'hui que nous trouvions quelque terrain d'entente pour les jours à venir, qui donne satisfaction à nos deux parties »
Dernière édition par Odoacre le Mer 8 Aoû 2012 - 22:26, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Des heurts de Verimios [GUERRE] Sam 28 Juil 2012 - 5:49 | |
| Jour 2 de la première ennéade de Verimios. Les Mestres de la Sergenteries, doués en cela d’une nature d’horloger, avaient fait montre d’exactitude. Accompagnés d’une centaine de piquiers aux mises dépenaillées, grand chaos de couleurs, six avaient été envoyés en ambassade pour le compte des franches-sergenterie, cette vingtaine de villages qui avaient décidé, quelques années auparavant, de prendre leur destin en mains. Les six émissaires étaient les Maistres des bourgades les plus fleurissantes et les plus populeuses, et cela devait un peu apaiser le Sang du Nord, dont on craignait qu’il ne s’offense de l’absence de Hyéronyme Savognard, l’homme qui avait ligué l’Andelwald contre les baillis et les châtelains.
L’arrivée de cette troupe de paysans armés devait servir de démonstration de force, elle avait également pour but de servir d’escortes. Les échanges avec les urbains voisins de Hasseroi étaient en effet des plus frais. L’Andelwald, fief historique des Porporie, avait bien naturellement suivi son parti lorsqu’Heinrich de Porporie affronta les gens de la Mercerie, tout naturellement soutenus par Hasseroi. D’autres drames et affaires avaient mis un peu plus de mauvais sang entre la bourgeoisie marchande et les brasseurs : il y avait eu le grand massacre des parvenus d’Andelheim, les razzias venues des Hortles, la mort d’Heinrich et la vente d’un grand nombre de ses Etats à des chevaliers comme des patriciens, qui décidèrent de rentabiliser en affermant les dits Etats à tout ce qu’on pouvait trouver de brutes et de marchands locaux.
S’en était suivi les razzias, et les grands rassemblements de paysans. La canaille, bientôt armée, s’organisa et parlait de se venger des abus des fermiers seigneuriaux. L’affaire s’était envenimée, et un grand parti d’hommes gagés par des nobles inquiets fut balayé par Savognard. Le capitaine avait gagné en influence par son astuce comme son aversion répugnée pour les gens de bon sang et de bon argent, qui seraient devenues aussi molles que la courtisanerie langecine. Il criait la force des terroirs, et disait tous les hommes d’Oësgardie égaux et libres du fait de leur grande valeur et bravoure. On aimait à l’écouter, et dans les chaumières, il n’était pas rare d’entendre un fils apprendre à son père quelques petites choses sur la tyrannie d’une poignée de mauvais hommes et du besoin qu’avait l’Oësgardie d’une grand-charte. Le père comme le fils étaient bien souvent illettrés, mais ce mot de grand-charte plaisait, et on ne cessait de le psalmodier à la manière d’une prière.
Voilà donc pourquoi je parle de Savognard, qui n’était pas venu, mais qui avait laissé à son fils, Hyéronyme le Jeune, sa place dans l’ambassade. Par sa jeunesse ou son zèle, le jeune homme paraissait être le plus impressionné par le discours d’Odoacre. Tous, cependant, furent affectés par cette description de la décadence d’Oësgardie et pleuraient un peu. Ces anciens soldats et, bien souvent, riches laboureurs, abhorraient l’anarchie, et l’on eut sûrement opiné et accepté le fils de Baudoin si le jeune Savognard n’avait pas commencé, justement, à murmurer sur la grand-charte. Quand l’attention se tourna vers lui, l’enfant, qui était pâle comme un linge, se leva et ouvrit une grande lettre. C’était une longue diatribe de son père, parlant des spoliations et des ingratitudes de la noblesse, de l’engorgement des plaids de justice et la diversité des statuts, de l’injustice faite institution et de la noblesse qui s’embourbait dans des guerres qui ne saignaient que la bonne roture, vivant et mourant à la discrétion de leur maître. Il demandait des droits clairs et des conventions qu’on écrirait afin que les hommes libres d’Oësgard n’aient plus à subir l’injustice et la tyrannie. _________________ Ombre fugace Maître de ton destin -Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D. Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/ |
| | | Odoacre
Humain
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| Sujet: Re: Des heurts de Verimios [GUERRE] Sam 28 Juil 2012 - 21:13 | |
| L'amour d'Oësgard gonflait encore le coeur de ces rudes gaillard d'Andelwald. Il était si vibrant, si poignant, si grand dans leur âme et leur ventre qu'il arrachait aux hommes les plus solides et les plus remarquables qui se sussent exister des larmes. Celles-ci étaient le fruit tragique de l'humiliation subie du fait de l'inconséquence des grands, du mépris des rois suderons et des multiples bisbilles qui agitaient le bon pays d'Oësgardie. Odoacre était saisi par la portée de ses mots, par la délicatesse profonde de ces cordes d'airains sur lesquelles couraient, ainsi que des doigts cruels, ses mots. Pourtant, les discours seuls -fussent-ils de miel- ne sauraient soulager des plaies si béantes. Un godelureau se leva.
Celui-ci était le fils Savognard, nom que l'on savait dans les antichambres de Hasseroi, et sa présence compensait quelque peu la criante absence de son père. Certes pas complètement, car sa charpente encore jeune ne remplissait pas l'espace conséquent ménagé au père, mais suffisamment pour que ne se récriât pas Odoacre ou sa coterie ; et à bien des égards sa coterie était rigoureuse sur l'utilisation des espaces ménagés. Ainsi ce jeune homme, que la fortune avait doté d'origines renommées, était-il le ministre gauche des revendications de Hyéronyme. Blêmissant, il bredouilla un réquisitoire brûlant de façon si piètre que son message parvint en molles gouttes froides aux oreilles de l'assemblée. Quelques notables urbains qui s'estimaient parmi les plus éminents qui se puissent concevoir rougissaient de plus en plus férocement à mesure que le jeune Savognard se décomposait.
L'un d'eux même - Cyphosogôn Malecompte- hurla à la couardise du père. Tout emporté qu'il était, il se livra à l'effort de se lever et d'agiter les bras pour étayer sa folle admonestation, malgré les appels à la modération de l'un de ses pairs, un bonhomme si gras qu'il semblait près de pleurer du suif. Fort heureusement, la plaidoirie balbutiante avait pu être achevée avant cet éclat, et chacun en avait d'ors et déjà saisi la substance.
Avant que la réunion ne dégénère en pugilat, Odoacre fit le geste universel de l'apaisement à l'adresse de Cyphosogôn d'une part et d'autre part aux sergents les plus sensibles à ses provocations. Il les adjura au nom de la concorde de se contenir et d'ouïr, car Oësgard nécessitait des parlements plus dignes que ces disputes de charretiers.
Néanmoins, la colère déversée dans l'hôtel était à la hauteur des ambitions gigantesques de Savognard. Son brûlot dérangeait des prises bien assurées, bousculait des languosités très ancrées, conchiait des gens de sang délicat. Odoacre songea que tout cela le surprenait moins qu'il ne le pensait, car cela faisait des siècles qu'Oesgard ménageait de grandes concessions au statut des basses castes, à l'orgueil des cités et aux intérêts des communes. Son père Baudoin lui avait confié un jour, prophétique, qu'il redoutait autant qu'il désirait l'apparition de tels mots dans la bouche d'un homme, et que cela était sur le point d'arriver. Le jour annoncé par l'étonnant baron était arrivé.
" Mes biens gentilz serjienlts, sachez que cela tombe dans une oreille très prévenante, et que je vous ai compris... " et au Sang du Nord d'entretenir très longuement l'assemblée sur les temps passés de l'Oësgardie. Il suscita le souvenir légendaire des anciens plaids du peuple convoqués par les antiques rois d'Oesgardie, et qui se tenaient dans des clairières très vastes tant les représentants étaient nombreux ; et ce que la mémoire des hommes avait conservé de l'Incident des Trois-Moulins, qui avait vu se dresser quelque procès des plus rares par l'équité ; et que l'incompétence de la noblesse ancienne n'avait pas été sans conséquences, que seul le peuple d'Oësgard tenait les armes aussi fièrement et adroitement de par le monde. Il poursuivit en annonçant que les crimes ne devaient jamais rester impunis car cela était mentionné dans l'antique droit d'Oesgard, rédigé quand le nord avait figure de royaume mais qu'il n'existait pas encore de mot pour qualifier pareil pays. " cet ordre que vous abhorrez tant n'est que l'enfantement maléfique des esprits débiles de la vaste Suderie. Avant que ne fondent sur Oesgard les légions noires et griffues du roi Vélin, son ordre n'était-il pas juste ? C'est bien je vous le dis la démence et la corruption de tyrans estrangers qui nous accable ! La peste soit de ces suppôts " et sans ambages, il déclara que ceux des chevaliers qui, sous l'influence néfaste des manières et des façons ultramontaines, s'étaient révélés incapables de tenir le rôle que l'ordre vieux leur avait attribué, ou bien fermement obstinés à ne pas remplir leur devoir, ne recevraient que le mépris et une âpre sentence, ainsi que ceux qui avaient ourdi -et parmi eux Norman d'Uberwald- la disparition des parlements honorables. Il ajouta que son sang avait toujours servi la justice et le respect des chartes sensées, et qu'il n'aspirait qu'à rétablir et renouveler les bonnes ententes qui avaient été faites au sein du peuple d'Oësgard entre les sires, les villes et les campagnes de jadis.
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| | | Odoacre
Humain
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| Sujet: Re: Des heurts de Verimios [GUERRE] Mer 8 Aoû 2012 - 23:18 | |
| Jour 3, première ennéade de Verimios Quand l'on fait pogrom de toute canaille C'était à Hasseroi un jour bien particulier, puisque l'on fêtait avec le flot de breuvage qui convient la récolte des poires de l'année (les réjouissances orgiaques portaient le nom de Peranales). Étonnamment fraîches et charnues, celles-ci avaient provoqué l'heur des gens simples et des citadins et constituaient un signe de bon augure pour les activités du prince Odoacre. L'un de ses haruspices avait pratiqué une carcasse de mouton confit aux poires de saison pour confirmer cet aimable présage. Pourtant, malgré la fortune des métayers, les temps restaient bien sombres pour le pays d'Oësgard, et l'Hasseroyale ne faisait pas exception. La visite des franc-sergents n'avait guère rassuré la plèbe quant à son avenir et les mésententes autant que la disette restaient fortes. La fête devait ainsi tourner à l'aigre et rester dans les mémoires comme le jour des cendres. Odoacre ce jour-là s'employait à informer avec une ferveur certaine les citoyens Hasseroyaux des derniers évènements et de la fin des turpitudes. Le glaive roide de la justice devait frapper ! Le commun, ivre et échauffé par un soleil de plomb, fut pris par un délire idolâtre à l'égard de celui qu'on appelait déjà, dans les cercles enthousiastes, le roi d'Oësgard. Les vivats pleuvaient, aspergeaient les architectures orgueilleuses de la ville des vices, ainsi que les litres de liqueur et les fruits gâtés qu'on prenait plaisir à jeter en ce jour. Cela aurait pu en rester à cette innocent allégresse, mais l'on devait apprendre en ce début de Verimios que ribote, politique et fournaise ne font pas bon ménage. Avant que quiconque ne puisse les estourbir, des ladres firent tourner l'excitation vers l'amer par d'acides dénonciations dont l'objet étaient les aigrefins, les accapareurs, les bacchiques et les méchants. Ces réquisitoires scandés avec la conviction brûlante de l'ivrogne touchèrent la foule. Alors que de cette façon pitresque un bataillon titubant et avide de sang se formait sous les tribunes de la Grand'Place, le jeu des ombres et des reflets du soleil vint à dessiner un fugace sourire sur le visage d'Odoacre ; l'illusion fut bien vite dissipée par une mine à la gravité de circonstances. L'armée nouvelle, aussi féroce que sa gestuelle était indécise, se répandit dans les rues de Hasseroi, grossit pareille à un torrent de lave aspirant dans son sillage brandons et flammèches. Embek-la-Haute fut très vite envahie par une foule en colère, qui tuait et savatait aveuglément les infortunés qu'elle croisait. L'on appela à brûler les maisons de quelques bourgeois, à saccager les greniers scellés, à égorger les porcs et les usuriers. Cela fut entrepris et certains n'échappèrent pas à une mort indescriptible, tels que Albert Gros, Ibadric Jolysurin et leur petit personnel. Plus chanceuse, une majorité des notables et des nantis bénéficia de la protection des arbalétriers du guet, opportunément alertés par les grands éclats que produisaient les échauffourées. Les palais sur les rives de l'Ambrie connurent un tumulte plus grand encore. Des gens de toutes conditions dansaient une gigue salissante au bout de cordes, de chaînes et de linges noués. Les défenestrés eux aussi se succédaient à une cadence croissante. Chacun réglait ses comptes dans la confusion et quelques torches humaines aux relents de spiritueux ajoutèrent au chaos ambiant, se jetant au hasard de leurs tourments dans le fleuve, dans les maisons ou le caniveau. Alors que des esprits malades entreprenaient de mettre en oeuvre des supplices plus maléfiques encore, les gaillards de la garde estréventine mirent fin au désordre à grand renfort de poings et de bâtons. Aux dernières lueurs du jour, les principaux agitateurs furent embastillés ou châtiés, ainsi que les filous en robes dont la justice exigeait la carcasse au matin. Le vent de démence qui avait courut sur Hasseroi s'essouffla aussi vite qu'il avait gonflé et laissa pour preuve de son passage un grand charnier. Jour 4, première ennéade de Verimios Le calme était revenu sur Hasseroi, et il ne restait qu'à laisser oeuvrer le tribunal mis en place au lendemain du Pogrom, l'Otharus des Cendres. Cette assemblée judiciaire était constituée d'Odoacre ainsi que d'un grand nombre d'édiles et, au nom de l'amitié neuve avec l'Andelwald, de représentants des franches-sergenteries très satisfaits d'avoir été appelés à siéger. On convia aussi un grand nombre d'hommes savants et d'érudits ayant passé les dernières semaines à exhumer la vieille loi d'Oesgard. Ces vieillards tavelés d'une grande sagesse avaient condensé le fruit de leurs découvertes dans un grimoire très épais, aux pages innombrables maculées de sévérité et par ailleurs d'une grande équité. D'une voix chevrotante, le plus vieux et le plus sage d'entre eux décrivit dans les grandes lignes la substance de cette loi ce qui, compte tenu du débit tranquille du catarrheux et le nombre de subtilités qu'il devait mentionner, dura des premières heures du jour jusqu'au couchant. Ainsi, c'est quand une lueur cramoisie envahit les rues de la cité que purent passer au jugement les agitateurs malins. Les délibérations sur leur compte furent vite expédiées et le maître de l'assemblée, Henriet Frèsackhouilh, prononça la sentence d'un air finaud. Têtes, mains ou toute autre partie du corps des inculpés que la justice exigeait iraient orner les murs du temple de la Damedieu. Puis ce fut au tour des spéculateurs et des margoulins ayant fait bien du tort à l'Oesgardie de voir leur sort décidé. Il existe bien en ce triste monde deux poids deux mesures, ce qu'illustrera la durée des négociations sur le compte de ces malfaiteurs en habits ; et ce d'autant plus que certains étaient déjà morts dans les circonstances tragiques que l'on sait, et qu'il fallait par conséquent procéder au jugement de leur famille. Toutefois, alors que l'heure était si tardive que la nuit -domaine des lutins malins, des esprits farceurs et des terreurs ombreuses- était déjà bien engagée, les sanctions étaient distribuées. Selon les lignes adroitement calligraphiées du Code Jour 5, première ennéade de Verimios (ce fut en effet très long) , les bourgeois concernés auraient leur main d'usage et le nez coupés, le crâne rasé et seraient pendus par les pieds deux heures durant ; leurs biens passeraient sous la tutelle bienveillante du conseil de la ville. L'opprobre était jeté sur leur familles -ce qui fut symbolisé par de puissants soufflets et des crachats- qu'on décida de disperser dans des monastères de Brande ou des Wandres, en pension où, peut-être, ces gens pourraient expier les péchés de leur lignée dans la contemplation des Cinq. |
| | | Odoacre
Humain
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| Sujet: Re: Des heurts de Verimios [GUERRE] Jeu 30 Aoû 2012 - 1:45 | |
| Jour 1, deuxième ennéade de Verimios Peu après que Hasseroi fut sienne, Odoacre entreprit de séduire avec une urbanité remarquable les multiples seigneurs de l'Est d'Oësgard, que l'on savait enclins à l'autonomisme depuis que d'indélicates hordes armées s'étaient enhardies à escagasser les portes de leurs frustes demeures. Malgré des déploiements radieux de courtoisie à l'Oesgardique, Odoacre n'avait essuyé pour retours que des billets neutres voire pour les plus odieux froids ou, dans des cas rares, virulents. Ni une ni deux, notre prince instruit des dernières ruades de ses pairs alla trouver ses plus fidèles lieutenants. Il les trouva virilement attablés autour de gibier dégoulinant, de poires fraîches et de cruchons d'un tord-boyau qu'on ne confierait qu'avec circonspection à une fosse à purin. Il y avait là Drocques de Sybe, un moricaud zurthan aussi taciturne que redoutable à la lance et que d'aucuns accusaient de pratiquer une sorcellerie ancienne ; Svade Bredon, escrimeur odelian roué ; et le bon Bertrand Von Simmel, enfant de troisième génération d'une lignée maudite mais sémillante. Odoacre exposa à ces preux la nature de ses projets et ceux-ci reconnurent bien là l'éclat nacré du génie, si bien qu'ils abandonnèrent leur partie de dé séance tenante pour exécuter les ordres de leur maître. Jour 2, deuxième ennéade de Verimios Sur ces entrefaites surgit du giron brumeux de l'aube hasséréale, doré par le soleil du clair matin, une troupe en armes de grande envergure. On comptait là huit bons dixièmes de la Picquerie, les compagnies bourgeoises et un corps conséquent fourni gracieusement par les franches-sergenteries ainsi que quelques meutes de chiens, au cas où la providence fournirait à nos héros l'occasion d'une amusante partie de chasse. L'emploi d'une si forte escorte était largement justifié par l'insécurité inquiétante des routes d'oesgardie et l'ensauvagement attesté de communautés paysannes affamées, poussées à l'animalité par la faim et la peur. Cette troupe fameuse par son nombre se dirigea vers Aatenach avec un pacifisme affiché. Odoacre comptait bien rendre visite à ces seigneurs de l'est défiants à son égard et espérait s'attirer leur respect et leur sympathie. Il prit grand soin de se faire précéder par des hérauts bien mis et bien bâtis chargés d'annoncer sa venue aux hôtes levantins. Le gros de la colonne avançait d'un pas sûr et léger, accordé au rythme de fifres, de cornes et de tambours à l'avant-garde. Grand foison de bannières -rafraîchies au savon et raccommodées à l'aiguille d'acier pour l'occasion- étincelaient, resplendissaient au-dessus des pimpants hommes de guerre de l'héritier baudoinide. Des gueux bien ébaudis par le spectacle étourdissant de ces parangons à la démarche coulée fleurissaient le bord des chemins. Les visages breneux, creusés par les privations et les malheurs, s'illuminaient à la vue du visage de miel d'Odoacre et composaient autant de bouquets de félicité qui ne manquèrent pas de contenter le sang du nord. Jour 3, deuxième ennéade de Verimios Plus bien que mal, Odoacre parvint aux pieds des murs de l'humble bourg d'Aatenach. Le commun qui se délectait depuis des jours déjà des récits des largesses Heinster à l'égard de leur race démunie manifestait une liesse délurée, stimulée par la cadence inhumaine des instruments de la soldatesque. Avec une aisance sublime, qui n'existe tout simplement pas chez la pierre ou le cul-de-jatte, Odoacre démonta et se précipita joyeusement dans les bras de son hôte-seigneur de céans, descendu alors de sa tour de liais. Ils conversèrent tout le jour durant autour d'une solide collation, échangeant avec la même complicité les plaisanteries les plus frivoles et les nouvelles les plus graves du monde moderne. Le soir venu, d'humeur badine, ils firent organiser une rixe divertissante entre des nains munis de gants -ou plutôt de boules à leurs extrémités supérieures- de cuir. Le séjour se poursuivit ainsi jusqu'à la fin de la semaine et permit sans aucun doute de nouer des relations fort profitables, et de manière positivement évidente en ces temps incertains. |
| | | Léonard de Montsoupir
Humain
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| Sujet: Re: Des heurts de Verimios [GUERRE] Dim 18 Nov 2012 - 23:58 | |
| Jour 4 de la 5ème ennéade
Aussi fier qu'un vioque qui se découvre une matinale, Léon, accoudé à l'un des oriels de l'hôtel occupé par Odoacre, avalait goulument cet air du septentrion auquel il commençait à trouver un goût d'argent. Par les miches de Lulu la Siffleuse, il y était! Après avoir usé ses arpions dans tout ce que ce Monde avait à offrir de conflits il l'avait trouvée : sa guerre. Ou presque. Néanmoins, tant que le beau continuerait de chauffer son grabat, lui, Léonard de Montsoupir, serait en charge. Vrai de vrai. Commandeur des osts du roi d'Oësgard! Ah ça, les cousins devaient tant le jalouser qu'il allait probablement lui en pousser une verrue.
Maintenant, restait à en profiter, ouvrir grandes les cages à miel afin de saisir l'opportunité, comme le bonneteur qui a trouvé son pigeon. Au sein de la baronnie, les tripes s'épanchaient et le pain se faisait aussi rare que les vierges : un environnement qui convenait parfaitement au mâtin. Roué, l'animal fit prestement mander Drocques, Svade et Von Simmel afin de préparer le terrain de sa future chasse : Aatenach avait souri à Odoacre, peut-être même qu'ils avaient échangé quelques regards concupiscents. Léon, lui, escomptait bien lui faire écarter les cuisses. Ce fut en ces mots : « Il est temps de lui passer la bague au doigt » que le sire de Montsoupir exposa ses intentions à sa clique.
C'est ainsi que réunissant une fière coterie, composée du gros des Compaings, d'un corps de sémillants barbus issus des franches-sergenteries et d'une part agréable des compagnies bourgeoises, il fit marche vers l'est, histoire de montrer qu'il n'était pas le premier gandin venu. Odoacre de Heinster en avait fait un plénipotentiaire! En imitant le style de la Hyre dans ses déplacements, Léonard souhaitait démontrer la solidité du camp des Légitimistes face aux errances coupables des Normaniens.
Tandis que d'autres saccageaient le pays au nom de causes dépourvues de noblesse, pareils à une bande de Gros-Jeans descendus des Wandres, Vairon, lui, veillait à se montrer d'une urbanité remarquable. Bien qu'Aatenach présentait le visage d'une vieille femelle usée par les multiples enfantements, le vert-galant se faisait fort d'affirmer à ses féaux que derrière ces rides se dissimulait une étincelle qui ne demandait qu'à redevenir flamme. Caressée de la bonne manière, l'ancêtre lubrique se souviendrait qu'elle avait été jeune et ses dénégations se transformeraient en râles licencieux!
Pour cela, s'arrêtant auprès des hobereaux locaux, Léonard ne manquait jamais d'abonder dans le sens de ses hôtes lorsqu'ils exprimaient leur lassitude. Foin de guerres intestines! Néanmoins, il s'interrogeait ensuite, à haute voix, sur l'avenir de la baronnie si on l'abandonnait à un homme qui se laissait aller à traiter la noblesse comme les vilains, leur réservant la corde comme à de vulgaires voleurs de poules. Avait-il, d'ailleurs, fait montre du moindre respect élémentaire envers ses vassaux? On ne résolvait pas une crise au sein de la noblesse comme l'on écrasait une jacquerie! Le bon Odoacre, vray sangue du nord, lui, l'avait compris. Tout comme les honnestes chevaliers, il souhaitait que les fangeux puissent retourner à leurs terres et les sires à leurs castels afin d'y administrer une justice juste et bonne. Néanmoins, cela s'avérait impossible sous le règne de Norman qui se comportait en souverain absolu, écrasant tiers-état et noblesse, révoquant des droits et instillant des pratiques bien regrettables dans le bon pays d'Oësgard. Ce sapajou était semblable au mildiou, se répandant insidieusement, et, tout comme l'horrifique maladie, finirait par contraindre les têtes blondes du nord à suçoter des cailloux dans l'espoir d'y trouver leur subsistance! Contre pareil mal il n'existait, bien malheureusement, qu'un seul et unique remède : retrancher les plants malades.
Ce fut, à peu de choses près, le discours qu'il tint à Aatenach, rassurant au passage son hôte sur l'état de santé d'Odoacre qui, à force d'attendre un geste de grandeur de la part du baron Norman, avait eu le temps de voir son dos rouiller.
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