La guerre ! Oui la guerre ! Mais la stupidité, non ! [Lourmel - Solo]

A l’aube du 2ème jour de la 6ème ennéade de Bàrkios, an 8 du 11ème cycle.

Telle une furie, elle s’engouffra dans son bureau, impatiente de donner ses instructions à Céodred, son grand-oncle, frère de sa grand-mère.

« Bonjour mon oncle. Fait partir les messagers. Rassemble tout le monde. » Dit-elle à Céodred qui s’exécuta tel un escargot.

Alors qu’elle s’approcha de la fenêtre pour contempler cette vue qui lui avait tant manqué elle continua de parler, sachant pertinemment que le vieil homme n’avait pas encore quitté la pièce.

« J’ai de sombres nouvelles, et des décisions à prendre. Insiste donc bien sur l’urgence de leurs présence. » Dit-elle tout en élevant ses gants et de se frotter les mains entres elles pour les réchauffer.

« Fait également revenir Druvan. J’ai de nouvelles instructions à lui donner. » Finit-elle avant que le vieil homme ne s’exécute.

En attendant leurs arrivé, Maélyne consacra une bonne partie de la journée à sa fille Aline, qui avait cinq ans. Cette fois-ci la Dame sera absente plus longtemps encore. Elle aurait préféré prendre sa fille avec elle mais Aline sera sans doute plus en sécurité à Lourmel que dans une charrette pour le voyage.

Le soir venu, alors qu’elle était attablée avec différents mets à sa disposition, la Dame n’avait aucun appétit. Une foule de questions lui vint alors en tête et personne n’était là pour les lui résoudre.

A sa droite, se trouvant à proximité sans pour autant l’être de trop, se trouvait Céodred. Les messagers étaient relativement partis assez vite. Au final, malgré son âge, l’oncle de de la Dame lui rendait encore utile. Le jour où Tyra décidera de le reprendre, Lourmel connaitra une grande perte.

« Dites-moi. Qu’est-ce qui vous tracasse à ce point ? » Demanda-t-il en scrutant l’expression grave qu’avait Maélyne.

« Serramire a échoué. » répondit elle avant de se lever et de taper ses points sur la table. « Aymeric a échoué. Il s’est élancé, seul, face aux noirelfes ! » Cria-t-elle avant de s’éloigner de la table. « Il a mené nos hommes à une mort certaine. Deux mille… Deux mille de nos hommes sont décédés. » Dit-elle alors en plongeant son visage dans l’une de ses mains.

« La guerre est connue pour faire des victimes, Ma Dame. » Continua-t-elle.

« La guerre ! Oui la guerre ! Mais la stupidité, non ! Pourquoi s’est-il élancé seul ?! Dites-moi, mon oncle ? »
Céodred ne répondit pas à cela. Un certain silence s’installa pendant que la Dame retourna à nouveau le dos à son oncle.

« Des nouvelles de Braan et de Béoca ? Savez-vous s’ils ont survécu ? » Demanda-t-il d’un ton inquiet. On ne pouvait pas lui en vouloir, Béoca était son propre petit-fils et Braan, le cousin de l’oncle paternel de Maélyne.

« Je n’ai reçu aucune autre information mon oncle. Attendons demain, que tout le monde soit là pour que nous puissions réagir. »

Spoiler:

3ème jour de la 6ème ennéade de Bàrkios, an 8 du 11ème cycle.

Les voilà tous réunis dans la grande salle. Un brouhaha se fit entendre. Ils se demandèrent tous pourquoi la Dame les avait conviés. Tout le monde se connaissait, car au final, tout le monde était lié par le sang. Sauf Roland et sa famille de Dorour qui faisait exception.

La porte s’ouvrit et un bruit de talon envahit alors la pièce. Le rythme des pas donnait le ton et le silence s’installa. Montant les quelques marches pour arriver au siège qui lui servait de trône, même si elle n’aimait pas appelé cet objet fait de pierre et de bois de cette manière.

« Bien le bonjour à tous. » Dit-elle en ne fixant personne en particulier. Elle lança alors son regard sur chaque visage.  

« Mon oncle. » Dit-elle en regardant Céodred.« Mon oncle. » répéta-t-elle en regardant Harald en baissant la tête, signe de respect. « Messire. » à l’intention de Roland. « Bradon… Ardur… Eldred… Thenala, ma chère, votre beauté ne fait qu’accroître à chacune de nos rencontres…. Draran, tu as bien grandit, c’est à peine si je t’ai reconnu. Fenden… Foldras… Et Egeld. Je vous souhaites à tous la bienvenu en Lourmel.»

Un petit regard s’aventura dans un coin de la pièce où elle put reconnaitre Druvan. Il portait un capuchon et il valait mieux ainsi.

« Je suis heureuse de tous vous revoir, j’aurais néanmoins préférée que cela se produise sous d’autres circonstances. » Commença-t-elle.

« Voyez-vous, j’ai de sombres nouvelles à vous faire part. Notre suzerain, Aymeric de Brochant, s’est élancé, seul en compagnie de nos hommes sur Amblère qui fut conquise par l’armée des noirelfes. »

Des voix s’élevèrent sans pour autant que l’on comprenne quoi que ce soit à ces échanges.

« Il a échoué. » continua-t-elle en augmentant le ton de sa voix stoppant net les conversations qui avaient débutés.

« Nous avons perdu deux mille hommes durant cette bataille. Le restant de l’ost s’est maintenant établit à Hasseroi. Nous venons d’apprendre la nouvelle hier. Il semblerait également que notre bon marquis en soit devenu fou.»

« Qu’en est-il de Braan ? Vous l’avez envoyé commander l’ost d'Outremont ! A-t-on des nouvelles ?! » S’exclama alors Harald.

« Mon père, et mon oncle et Béoca ? Avez-vous des nouvelles !? » Continua Fenden.

« Je n’ai aucune autre informations à vous apporter, malheureusement. Les membres de notre famille partit à la guerre ne m’ont plus donné de nouvelles depuis une ennéade. »

Braan commandait l’ost Lourmellois mais il y avait également Ardur et Eldred qui l’avait accompagné, tous deux fils de Céodred. Béoca le fils ainé d’Ardur était également partit à la guerre ainsi que le seigneur de Noblecombe.

« Evrard de Brochant, le frère du marquis est en route pour rejoindre Serramire-la-ville. Il devrait arriver aux alentours de Calimehtarus de la 7ème ennéade. Je souhaite que tu t’y rendes Fenden et que tu te renseignes sur l’état de nos amis. Ton père n’a pas voulu que tu les accompagne alors que tu es en âge de te battre. Il va falloir que tu me montres que tu es capable de me rendre service. » Elle fit une pause.

« Mais trêve de plaisanterie, je ne vous ai pas tous convoqué pour vous apprendre telle nouvelle, j’aurais pu aisément le faire dans une missive. Non… je vous ai convoqué car j’ai des inquiétudes quant à notre suzeraine. » Elle inspira profondément avant de reprendre la parole.  « Cela fait plus d’un an maintenant qu’Aymeric de Brochant est devenu Marquis de Serramire. Au début, introuvable puis atteint d’un profond mal. Il reprend ses fonctions pour immédiatement nous renvoyer à la guerre. Finalement, il envoie nos hommes à une mort certaine en attaquant un ost de noirelfes composé selon les rumeurs de dix mille têtes. Mais que lui est-il passé par l’esprit ?! » Personne ne répondit.

« Notre suzerain n’est peut-être pas aussi compétent qu’on le croyait mais il reste notre suzerain. Vu son état, Mahaut deviendra l’intendante du Marquisat en attendant son rétablissement. Une protection rapproché sera sans doute nécessaire mais vu son caractère, elle refusera sans aucun doute. Je souhaiterais donc que nous agissions dans l’ombre pour la protéger et pour protéger Arnaud. »

L’assemblée ne semblait pas être tout à fait d’accord.

« Si Aymeric n’est pas compétent comme vous le dites, pourquoi ne pas l’écarter dans ce cas ? » S’exclama Harald.

« Mon oncle. J’ai prêté serment et vous savez tout comme moi le poids de cela. La fidélité d’un vassal envers son seigneur est quelque chose d’unique et d’intemporelle. On ne peut jouer avec sa parole car elle en perdrait de la valeur. Oui Aymeric a conduit notre ost à perdre un tiers de sa puissance. Il mène le marquisat à sa perte mais j’ai espoir en Mahaut. Elle est intelligente et dorénavant, elle écoutera mes conseils bien plus qu’à l’accoutumée. » Elle fit une pause. « Mon but… notre but, est de redresser le marquisat qui, depuis trop longtemps, perd de sa gloire. »

Des échanges eurent lieu mais plus aucune remarque ne fut faite.

« Très bien… Fenden, comme je te l’ai dit, je souhaite que tu te rendes en Serramire-la-ville et que tu te renseignes sur l’état de nos amis. Tu seras mon représentant pour une éventuelle rencontre avec Evrard de Brochant lors de son retour. Thenala, tes dons de violoncelliste me seront utiles. Rends-toi également en Serramire-la-ville et propose tes talents à Mahaut. Dit lui que tu viens de ma part et que c’est un cadeau que je lui offre. Draran, tu as l’âge d’Arnaud, accompagne ta sœur et lie toi d’amitié avec lui. Essaye de rester avec lui le plus souvent possible, surveille-le. Quant aux autres, attendez mes instructions, je vous tiendrais au courant durant mon voyage en Sainte-Berthilde.» Elle fit une pause.

« Mon oncle, je souhaite que vous renforcer la sécurité autour d’Aline, ne la quittez jamais des yeux. » Elle posa alors son regard sur Bradon.

« Messire, votre père étant actuellement au front, je ne peux vous en demander d’avantage. »

Elle se leva alors, invitant ses convives à prendre le repas de midi pendant qu’elle s’absentait pour se préparer à partir pour le marquisat de Sainte-Berthilde. Elle revint après une heure accompagnée une missive qu’elle tendit à sa cousine.

« Tu la transmettra à Mahaut. »

La jeune prit alors l’invité surprise à part. Druvan n’était pas son vrai nom, il en utilisait plusieurs. Cela faisait maintenant quelques mois qu’il était au service de la Dame. La dernière information qu’elle reçut de sa part était la destination de Jérôme qui se rendait en Odélian.

Aujourd’hui, elle avait une autre demande à lui faire.

« Je souhaites que tu restes en Serramire-la-ville et que tu ouvres grand tes oreilles. Utilise Secmah pour me prévenir s’il y a un quelconque problème. »

L’homme acceptait d’un signe de tête et partit immédiatement.