Petite chamaillerie entre voisin [Iseult]

Guilhem était dans son bureau en train de consulter une carte de la région, une missive à la main. Que faire ? Non seulement les bandits qui avaient investit les montagnes naines lui posaient des soucis, mais apparemment, ses voisins serramirois étaient de plus en plus agité. Tout les seigneurs de Serramire tentaient de tirer la couverture à eux et les rixes étaient fréquentes entre leurs gens. Parfois, certaines avaient même dégénéré en bataille rangées dans le sud disait-on. Et l'agitation allait croissant alors que le trône du marquisat restait vaquant depuis que la précédente marquise avait abdiquer. Maintenant, les choses s'envenimaient sans réel prétendant légitime au trône. Même la putain Séraphin aurait sans doute put tirer une part du gâteau dans ce gigantesque merdier qui s'annonçait. Alors restait à savoir où se diriger.

Il y avait des châtellenies faibles, des voisins à asservir ou à déposséder et des brigands à châtier. Tant de choses à faire et si peu d'hommes et d'armes pour les accomplir. Guilhem ne visait pas la couronne marquisale, il ne l'obtiendrait jamais. En revanche, il se voyait bien étendre l'influence de Karras. Et d'après se qu'il lisait sur la lettre qu'il avait en main, une première étape vers l'est ne serait pas forcément une mauvaise idée. En fait, c'était son cher voisin qui lui proposait de lui même de devenir son vassal. Il y avait sans doute anguille sous roche, mais après tout, pourquoi pas. Il allait devoir en savoir plus avant de se lancer dans cette entreprise. Anciet d'Hums était un fanfaron et un salle prétentieux qui se ventait d'avoir une filiation avec les Séraphins... mais il fallait remonter neuf générations pour trouver une sois disant cousine au troisième degré du duc de Serramire.

Enfin bref, c'était un porc pédant et suffisant au possible. Pas le genre à venir spontanément ramper au pied d'un voisin pour lui jurer fidélité. Pourtant, c'était se que lui promettait la lettre que Guilhem tenait en ce moment même entre ses mains.

Quelqu'un frappa discrètement à la porte de son bureau. Et entra après que Guilhem ait bougonné quelque chose.

Agniès.

Bon sang, il l'avait oubliée celle là.

Posant la lettre, Guilhem prit le rapport qu'elle lui tendait concernant le chargement qui venait d'arriver. Une consultation rapide lui apprit qu'apparemment tout était arriver. Il irait vérifier par lui même une fois qu'il se serait décidé sur la réponse à donner à Anciet. On allait dire qu'il faisait confiance à la muette dans l'immédiat. Après tout, il aurait tout le temps de lui faire comprendre qu'il ne tolérait pas les erreurs de comptage dans ce cas là.

Un autre sujet le titillait : cette histoire de vol de bijoux. Il avait beau avoir tourner et retourner cette histoire dans sa tête pendant des heures, il ne voyait toujours pas comment elle avait bien put s'y prendre pour obtenir ce collier de perle. Il avait bien une idée. Elle pouvait toujours avoir atterit là grâce à l'aide de son amante de la veille. Après tout, elle avait eu accès au coffret. Mais dans ce cas, pourquoi avait-elle fait cela ?

« Tu me pose un problème, dit-il calmement. Soyons clairs. Ici, tu es... disons, une invitée. Mais soyons clair, je ne te laisserais pas partir. »

C'était clair pour lui. Il la voyait comme une sorte de butin. Une prise de guerre arrachée au Séraphin dans sa lutte contre la lignée maudite du marquisat. Non, cette fille restait là, même s'il devait l'enfermer dans une geôle jusqu'à se que les rats aient grignoté la moindre parcelle de moelle sur son squelette.

« Mais après les événements de ce matin, j'ignore si je peux vraiment te faire confiance. Le jugement n'est pas encore arrêté et sans doute un peu hâtif, mais les apparences sont toutes entières contre toi. Hors, si tu dois être à mon service, il faut que je puisse te faire confiance. »

Et voilà le dilemme. Il avait rencontré la jeune femme depuis moins d'une semaine et on ne pouvait pas vraiment dire qu'il la connaissait bien qu'il avait eu toutes les occasions du monde d'admirer son anatomie. Mais il ne la connaissait pas vraiment en tant que personne.

« Comment être sur que je puisse te faire confiance ? »

Il ne savait pas vraiment lui même se qu'il attendait. Elle allait sûrement prendre la tablette pour lui écrire un petit discourt ou s'en aller, vexée, allez savoir.

Prenant le temps de parcourir les lignes tracées Guilhem ne put retenir un léger sourire. Elle n'avait pas tord la demoiselle. Pour commettre un vol, on cherche déjà à repérer les lieux et les possibilités. Seul un voleur totalement incompétent improvise totalement son forfait. Cela amène d'ailleurs très souvent à se qu'il soit prit et ne puisse récidiver qu'avec une seule et unique main. Enfin, tout cela pour dire qu'Agniès ignorait en effet à la fois où était la cassette contenant les bijoux de la défunte dame de Karras, tout comme elle ignorait l'emplacement des appartements de Guilhem. Dans ces conditions, il lui aurait été plutôt difficile de commettre ce vol. L'argument était assez simple, mais, il fallait bien l'admettre, il était imparable.

Et pour se qui était du fait qu'il pouvait lui faire confiance, elle avançait l'argument du voyage. Là aussi, elle avait raison. Elle n'avait pas fait quoi que se soit qui ait put laisser penser qu'elle lui voulait du mal ou qu'il devait se méfier d'elle pendant tout le temps où il l'avait trimbalé de son manoir en ruine à Karras. Mais d'un autre côté, en la laissant pieds et poings liés tout le temps du voyage lorsqu'il n'était pas éveillé, elle n'en avait guère eu l'occasion. Mais soit. Elle n'avait rien tenter ou ses tentatives étaient passées totalement inaperçue. Peut-être méritait-elle le bénéfice du doute.

Finalement, il ne restait qu'à savoir se qu'il allait faire pour la punir de cette bagarre. Il ne pouvait pas laisser cela impunis et avait déjà décidé de retirer à son intendante trois jours de solde pour lui passer l'envie de recommencer. Mais pour Agniès, c'était différent. Tout simplement parce qu'il ne la payait pas. Difficile donc de retenir ses gages dans ces conditions. Il fallait simplement trouver autre chose plus adapté à sa situation.

« Deux jours de cachot, fini-t-il par décider. »

L'envie de la tester n'était pas tout à fait innocente à cette décision. Elle prétendait être prête à se soumettre de bonne grâce à sa décision. Il avait envie de s'assurer qu'elle le ferait bel et bien. Il avait également envie qu'elle sache se qui pourrait l'attendre si jamais elle tentait de s'enfuir ou une quelconque autre idée stupide de ce genre. Une fois que les possibilités peu attrayante d'une captivité forcée qu'elle allait subir pendant deux jours lui auront été clairement montrés, la relative libertés dont elle jouissait entre les murs de Karras allait lui sembler bien plus précieuse.

« C'est ta punition pour la bagarre. L'intendante ne sera pas épargnée, mais contrairement à elle, tu n'es pas rémunérée. »

Agitant la tablette des comptes, Guilhem y jeta un petit coup d’œil.

« Je vais vérifier cela également. J'espère que tu n'as pas commis d’erreurs, je déteste me faire avoir par des marchands peu scrupuleux, il faudrait que je rallonge ta peine. »

Il avait prévu de lui faire un petit cadeau lorsqu'elle sortirait des cachots. Mais cela, c'était à condition qu'elle ne se soit pas trompé dans ses comptes. Alterner une certaine douceur et une grande fermeté. Elle finirait par se faire à cette vie de captive somme toute peut-être plus aggréable que celle qu'elle menait jusque là. À moins bien sur qu'elle n'ai prit goût à dépecer des lapins. Mais voyant la coquette demoiselle, Guilhem se permettait d'émettre de sérieux doute à ce sujet.

*Les fers lui irons bien.*

Contournant son bureau, il passa à côté d'elle.

« Suit moi, ordonna-t-il. »

« Ouvre. »

Le Geolier ne se fit pas prier pour faire jouer la serrure, laissant entrer le seigneur dans la cellule où était enfermée sa jolie prisonnière. Cela ne faisait pas deux jours qu'elle s'y trouvait, mais en réalité presque un mois entier. Sans lumière, il lui avait été impossible de mesurer le temps qui s'était écoulé, mais il était plus que temps de la tirer de là.

Contrairement à se que l'on pouvait penser, il ne s'agissait pas là d'un acte de cruauté gratuite de la part de Guilhem. Le seigneur de Karras avait en réalité simplement oublié là jeune femme là où elle était. Il fallait dire que les choses s'étaient précipitées. Le seigneur d'Arion, un fief voisin du sien avait prit les armes en rassemblant une milice et l’appui d'une trentaine de mercenaires. Ils étaient entré sur les terres de Karras et avaient commencer à mettre le feu aux récoltes et à se livrer à un gai pillage en règle. Dans ce contexte, Anciet avait plus ou moins décidé de retirer son offre.

Heureusement que les armes étaient arrivées rapidement. Guilhem avait rassemblé ses hommes et marché droit sur Arion en laissant les hommes du seigneur se livrer au pillage sur ses terres, prenant bien soin de les éviter. Arion, fortin de bois avait brûlé. Guilhem avait massacré les quelques défenceurs laissés en arrière et emporter avec lui les trois enfants du châtelain d'Arion après avoir fait empaler leur mère sur les cendres de cette vaste ferme fortifiée.

Sa troupe était moins imposante que celle du seigneur d'Arion, mais avec ses précieux otages et la destruction de sa base arrière, son ennemi n'avait pas tarder à se retrouver obligé à une soumission honteuse face au seigneur de Karras.

Anciet avait rapidement envoyé à Guilhem un tribu pour s'assurer que le seigneur ne mettrait pas sa parcelle à feu et à sang.

Avec tout ses événements, il n'était pas restée une toute petite place dans l'esprit du seigneur de Karras pour sa prisonnière en geôle. Enfin, ce n'est pas vraiment comme si elle était périssable ou qu'elle risquait de s'enfuir. Avec ses trois repas par jour, elle ne risquait pas de mourir. Le seul risque étant que le geôlier se soit amusé à l'observer par l'huis de sa porte... ou peut-être qu'il s'était un petit peu approché pour l'observer dans son sommeil. Il n'était pas particulièrement séduisant, plutôt simplet et le fait qu'il soit geôlier n'arrangeait pas les choses entre lui et la gente féminine. Il n'en voyait pas passer souvent dans ses prisons.

Doucement, il s'approcha d'Agniès endormie et la secoua doucement par l'épaule.

« Réveille toi. »

Visiblement épuisée, la jeune femme était encore plus endormie que réveillée. Guilhem observa un instant la cuirasse poussiéreuse, pleine sang et de transpiration qu'il portait. Il revenait tout juste d'un affrontement avec les nordiste et avait décidé d'aller sortir la jeune femme de la geole. Il allait avoir besoin d'elle et préférait le faire maintenant pendant qu'il l'avait encore en tête et avant qu'un nouveau problème ne se présente ou elle risquait d'y passer une année dans sa prison.

Pas le temps de chipoter ni de s'attarder. Guilhem attrapa la jeune femme et la souleva dans ses bras, direction les étages supérieurs. Il avait besoin d'un bain et étant donné que le dortoir des servantes ne se trouvait pas vraiment sur son chemin, Agniès échoua dans un confortable fauteuil qui meublait ses appartements pendant que lui se dépêtrait pour retirer sa cuirasse sans se soucier de faire du bruit.

Maudite soit son obstination qui l'avait fait refuser que son nouvel écuyer ne l'aide à se défaire de sa cuirace. Il l'avait repoussé et maintenant, il n'arrivait pas à atteindre les attaches et cela l'énervait d'être ainsi impuissant. Il était énervé au point de se mettre à hurler pour qu'un serviteur ou le petit lèche pompe qui lui servait à présent d'écuyer passe la porte pour venir l'aider. Il avait un sérieux problème avec ce gamin. Son ancien écuyer était discret, silencieux, efficace. En clair, tout se qu'il fallait pour lui plaire. Celui-ci avait besoin d'un ordre pour se nettoyer les fesses et restait toujours coller à ses basques. Pourquoi avoir changé de serviteur alors ? L'autre avait prit un pieu dans la gorge parce qu'il avait mal fixé son gorgerin voilà une semaine.

Il allait hurler pour le faire rentrer lorsqu'il sentit une main sur son épaule. Un peu surprit, il découvrit Agniès qui ne tarda pas à déboucler la fameuse courroie qui l'empêchait de retirer sa cuirasse. Il était un petit peu surprit. Un mois qu'il l'avait laissée moisir dans une geôle et elle restait là, devant lui, avec rien d'autre sur le visage qu'une apparente envie de lui venir en aide et rien d'autre dans ses gestes que de la douceur. C'était pour le moins inattendus. Qu'elle lui tape sur le dos ou tente de le griffer aurait parut presque plus logique au seigneur de Karras que se qu'était en train de faire la jeune femme.

Enfin, il n'allait pas s'en plaindre et resta droit et clame pendant qu'elle s'occupait de défaire la cuirasse, libérant le seigneur de son poids. Elle ne prit pas la peine de la ranger et la laissa tomber par terre. Parfait, de toute façon, elle n'allait pas tomber plus bas et il serait toujours temps de la ramasser plus tard.

En tout cas, il n'était pas le seul à avoir une odeur musquée. Elle aussi ne sentait pas vraiment la rose et la robe avait besoin d'une bonne séance de nettoyage... ou d'un bon feu à alimenter, allez savoir. Peut-être était-elle inutilisable maintenant. Il verrait bien cela plus tard. Pour le moment, il avait d'autres chats à fouetter que de savoir si oui ou non la maigre garde robe de sa prisonnière était une chose que l'on pouvait sauver ou s'il fallait y mettre le feu avant qu'elle ne devienne une colonie à vermine.

Une douleur dans le dos lui fit serrer les dents et le tira de ses pensées. Agniès lui avait retiré plusieurs couches de vêtements, le laissant torse nu et examinait ou plutôt caressait une entaille qui courrait le long de son dos. Est-ce qu'il allait lui mettre un volée ? Cela faisait partit des possibilités envisageable. Après tout, ce n'était pas particulièrement agréable se qu'elle était en train de faire. Voir douloureux. Mais allez savoir pourquoi, il se contenta de la laisser faire, finalement, elle s'éloigna de lui alors qu'il se demandait se qui l'avait fascinée dans cette entaille.

Ayant apparemment décidé de tenir son rôle de servante, elle commença à préparer le bain. Guilhem la laissa faire, gardant un œil distrait et intrigué sur elle pendant qu'il consultait des cartes de la région ainsi que les dernières missives d'Anciet qui lui demandait d'épargner ses terres ainsi que du sire d'Arion qui lui promettait milles tourments s'il ne lui rendait pas ses enfants. Le premier était un crétin à la loyauté changeante dont il allait falloir s'occuper. Les menaces du second étaient parfaitement ridicules en cela qu'il avait perdu son argent, une bonne part de ses troupes lorsque les mercenaires avaient apprit qu'ils ne pourraient plus les payer, une autre part lorsque lesdits mercenaires avaient décidé de se servir sur les terres d'Arion et que les milicien avaient tenté de les arrêter et enfin, plusieurs de ses gens au cour dudit pillage. Pour l'instant, il pouvait encore attendre, même si Guilhem se nota dans un coin de la tête qu'il allait devoir achever définitivement cet ennemis. Les rancunes peuvent être tenaces et s'il lui laissait la possibilité de se redresser, Arion serait un adversaire redoutable.

Agniès se présenta à côté de lui, lui indiquant que la bassine d'eau était prête et qu'il n'avait plus qu'à s'y glisser. Guilhem hocha la tête en détaillant un peu plus la jeune femme avant de prendre une large mèche de ses cheveux devenus gras dans la main. Il se risqua même à les porter à son nez avant de se redresser avec une légère grimace de dégout.

« Un bain te fera le plus grand bien à toi aussi. »

Laissant la demoiselle là, il alla au bord de la bassine où il fini de se dévêtir avant d'y entrer. Elle était chaude à souhait et par les cinq, que cela pouvaitfaire du bien. Mis à part deux toilettes rapides dans un cour d'eau (l'une comportant également un nordiste avec lequel il se battait et dont il avait fini par briser la nuque) Guilhem ne s'était pas plus lavé que sa captive durant le mois passé et ce bain était une bénédiction.

Fermant les yeux, il savoura l'eau chaude qui petit à petit détendait ses muscles avec un plaisir non dissimulé.

De la légère surprise, Guilhem en était arrivé à une franche incrédulité. Agniès aimait se retrouver enfermer sans lumière dans une geôle humide ou quoi ? Non parce que là, les choses commençaient vraiment à être étranges. Pourquoi par les cinq est-ce qu'elle était en train de se comporter de la sorte ? Elle était toujours aussi délicate que lorsqu'elle lui avait retiré l'armure, mais prenait un soin tout particulier au contour se des hématomes ou de ses entailles. Il ne lui avait rien demandé et ne lui aurait rien demandé. Et pour être honnête, la raison de cette soudaine gentillesse faisait plus que de l'étonner. C'était sans doute la raison pour laquelle il n'ouvrit pas la bouche pendant qu'elle s'occupait de passer l'éponge sur son bras, puis, d'aller chercher de l'eau chaude pour raviver la chaleur du bain qui avait tiédit.

Cette jeune femme était quant même étrange sous cette couche de crasse qui la recouvrait. Vraiment très très très étrange. Il n'arrivait pas à comprendre quel était le but qu'elle pouvait bien chercher à atteindre. Il avait été assez clair pourtant. Il ne la laisserait pas partir et elle n'aurait pas sa liberté. Alors si elle ne cherchait pas à obtenir sa libération et qu'elle n'avait pas chercher à avoir ses affaires, qu'est-ce qui pouvait bien justifier son geste ? Guilhem avait fait ranger les maigres possession d'Agniès jusqu'à sa libération. Elle allait les récupérer, mais il ne la voyait pas faire tout cela pour récupérer trois guenilles et un peigne en bois.

Ces jours de cachots l'auraient tant marqué que cela ? Ce n'était pas la première fois qu'il y envoyait une servante, et en général, l'effet produit était plus qu'elle développait à son égard une certaine ranqueur. Pas qu'elle se mettait à devenir parfaitement serviables sans la moindre raison.

Finalement, elle n'avait guère changé. C'était toujours l'espèce de petite souris brune, chétive et maladroite qui avait manqué de se noyer en tombant dans une bassine d'eau après avoir trébuché en marchant sur sa propre épée.

Une fois de plus, la jeune femme tira la carte du basculement par dessus le bord de la baignoire et se retrouva à moitiée immergée dans une position, qui, il faut le dire était assez ridicule. Allez savoir quel vilaine sorcière avait jeté un sort à Agniès, mais elle s'était vraiment fait arnaquée sur le coup là. Certaines princesses ont le droit à des pommes, cent ans de sommeille, ou une pantoufle de verre... bref, tout un tas de malédictions plutôt classes. Mais non. Agniès avait hérité de la malédiction de la baignoire.

Quant même, imaginez la réplique. « Je prédis qu'à l'aube de ta vingtaine, tu seras maudites, à chaque fois que tu croisera une baignoire, tu te retrouvera effondrée au travers... MOUAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA !!!!! »

Ouai, c'est sur que ça vous pête un mythe.

Au bout de quatre seconde, lorsqu'il fut évident qu'elle ne pourrait en aucun cas s'en sortir toute seule, Guilhem se redressa et l'aida à cesser d'avoir l'air d'une pauvre tortue qui s'est retrouvée sur le dos, écartant doucement ses cheveux mouillés de son visage.

Il attendit un moment, la laissant reprendre son souffle avant de finalement lui poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu'il avait sentit sa main sur son épaule.

« Pourquoi est-ce que tu fais ça ? »

Il n'y avait pas de reproche ni de colère dans sa voix. Juste de la curiosité face à un mystère qu'il ne parvenait pas à résoudre.

Il la terrifiait.

Ce n'était pas bien difficile à voir dans son regard, elle était totalement terrorisée. Mais d'un autre côté, on ne pouvait pas vraiment lui donner tord étant donné le temps qu'elle avait passé dans la geôle pour se qui n'était en fait ni plus ni moins qu'un peu de légitime défense. Il avait voulut punir les deux femmes indifféremment, mais au final, l'une d'elle avait été bien plus touchée. Allez vous étonnez ensuite qu'elle ait à ce point peur de lui.

Une fois qu'elle se fut séchée et qu'elle eut enfilé une chemise propre, elle ressemblait déjà moins à une souillon de bas étage. Certes, elle n'avait passé que très peu de temps dans l'eau, mais cela avait eu au moins le mérite de lui débarbouiller le visage. Cela n'allait pas remplacer le bain qu'elle prendrait, mais c'était déjà mieux.

Lorsqu'elle se remit à genoux dans l'eau, couverte de façon relative par une chemise trop grande pour elle, Guilhem poussa un léger soupire et la laissa dans un premier temps attraper l'éponge qui flottait paresseusement sur l'eau, mais il lui saisit le poignet avant qu'elle n'ai vraiment put lever la main. Sa prise n'était ni ferme ni assurée, elle aurait put se dégager sans réel effort. Mais elle était à l'évidence tellement terrifiée que cela ne lui vint même pas à l'esprit. Elle préférait apparemment abandonner sa main au seigneur de Karras que de risquer de retrouver plus tôt que prévu l'humidité sombre de sa cellule.

Bien sur, il n'allait pas l'y renvoyé. Mais elle en avait peur.

« Désolé. »

Il avait les yeux braqué sur elle et tenait toujours sa main.

« Tu n'aurais pas dut rester aussi longtemps dans ce cachot, il n'y avait pas de raison. C'est une regrettable négligence de ma part. »

Une fois qu'il eu dit ça, Guilhem lâcha son poignet. Il était quelqu'un de ferme, distant et d'exigeant. Mais il n'avait jamais été inutilement cruel. Cela ne servait à rien. Par contre, il n'était pas non plus doué pour présenter des excuses. Il ne fallait pas qu'Agniès s'attende à une autre déclaration de ce genre ou à se qu'il se répète. Il s'était excusé mais ne le referait pas. Il avait été trop négligeant pour se qui la concernait, mais entre s'occuper d'elle alors qu'elle ne risquait rien de toute évidence et protéger ses gens qui se faisaient massacrer, le choix était rapide.

Il était toujours intrigué par son comportement. Il avait le sentiment qu'elle était prête à fuir au moindre petit signe de menace qu'il pourrait faire planer sur elle, mais, d'un autre côté, elle faisait tout se qu'il fallait pour que cela n'arrive pas. Pour que rien ne vienne l’irriter, l'agacer ou encore l'égratigner. On aurait crus une petite souris qui viens boire un peu dans l'assiette d'un chat. Toujours sur la défensive et prête à détaler au moindre signe suspect de l'autre animal, mais restant auprès de lui en prenant bien garde de ne rien faire pour finir en casse croûte.

Elle avait peur, mais avait aussi la certitude que tant qu'elle serait là, le danger ne pourrait venir que d'un seul et unique endroit.

Il ne remarqua pas tout de suite la chemise. Mais bien sur, la demoiselle étant loin d'avoir son gabarit, le col de celle-ci était trop large. D'autant qu'elle l'avait enfilé à la hâte sans prendre la peine de la boutonner. En temps normal, cela n'aurait pas pausé de problème. Mais penchée en avant comme elle l'était, l'ouverture de la chemise lui offrait une vue plongeante sur sa poitrine. Doucement, pour éviter de la faire fuir, il leva les mains pour fermer le haut du vêtement. Elle eu l'air craintive, mais se laissa finalement faire avec un air soulagé et reconnaissant.

Un geste désintéressé ? Oui, cela en avait tout l'air... mais seulement l'air. On ne s'attache personne avec des séjours en cachot et du voyeurisme.

Une fois qu'ils eurent fini, elle lui apporta une serviette. Guilhem sortit de la baignoire et entrepris de se sécher.

« A ton tour. »

Devant le regard quelque peu incrédule qu'elle lui lança, il prit le temps de développer sa pensée.

« Déshabille toi et monte là dedans. »

Eh oui. Quoi qu'on en dise, un bain, cela coûte cher. Il faut apporter l'eau, il faut une baignoire, il faut chauffer l'eau avec du bois... bon, l'eau n'était plus aussi chaude qu'au début. Mais il avait la faiblesse de penser que la jeune femme préférerait cela à devoir se laver dans une source de montagne exposée au vent ou dans une bassine d'eau froide qu'il pouvait demander de lui faire préparer. Alors hop, dans l'eau.

Docilement, elle retira sa chemise avant de s'y glisser, ramenant ses genoux contre sa poitrine et les entourant de ses bras. Pour continuer sur la veine des comparaisons animalières, elle ressemblait trait pour trait à une huître.

Une fois qu'il eut enfilée des braies propres, se fut à Guilhem de s'installer à côté d'elle et, prenant doucement son bras qu'elle lui abandonna ainsi que l'éponge, de commencer à l'aider pour sa toilette tout comme elle même l'avait aidé, ignorant totalement son regard surpris et se concentrant plutôt sur le fait de faire disparaître la crasse qui s'était accumulée sur la peau fine et pâle de sa prisonnière.

Geste totalement désintéressé ? Pas totalement non plus. Mais après avoir passé un mois à piller et massacrer, à côtoyer des hommes qui aimaient de temps à autre s'adonner à des viols avant de mettre leur proie au supplice, cela faisait du bien un peu de tendresse.

Surtout en sachant que les pillages et autres affrontements n'allaient pas tarder à reprendrent.

La jeune femme était encore à jouer les prudes, barrant rapidement sa poitrine de ses bras quant le seigneur de Karras tenta de finir se qu'il avait commencé. Un geste de pudeur assez inutile étant donné qu'avant qu'elle ne le face, sa poitrine était parfaitement visible et le nombre de fois où elle s'était retrouvée nue ou ses vêtements trempés rendus transparents par l'eau. Mais au fond, cela n'avait pas la moindre importance. Elle lui avait abandonné tête, bras et jambes, se qui se trouvait au milieu finirait bien un jour par lui être abandonné aussi. Il n'était pas pressé par le temps, loin de là. C'était presque plus un soucis d'ego. Une Séraphin à son service et qui lui était tout entière aquise, même une simple bâtarde, cela avait quelque chose d'assez amusant. Elle était un trophé et il souhaitait qu'elle lui soit dévouée.

Doucement, il lui tendit l'éponge pour qu'elle termine elle même de se laver. Bien sur, il aurait put la forcer, mais cela aurait brisé l'image d'un seigneur très sévère, mais aussi juste. Aucun intérêt de se faire passer pour un pervers quant on en est pas un.

Il la laissa terminer en lisant distraitement un message en provenance d'une ferme située un peu plus à l'est et qui prétendait que des rôdeurs se trouvaient dans la région. Ce n'était pas impossible. Après tout, ils avaient battu, mais pas totalement dispersé la bande de mercenaires levée par le seigneur d'Arion. S'ils ne se connaissaient pas avant, ils avaient put se rassembler. Les loups chassent toujours en bande.

Lorsqu'il l'entendit commencer à se relever, Guilhem sortit le nez de son bout de papier et l'aida à sortir de la bassine avant de l'enrouler dans une serviette. Elle était en train d'essorer ses cheveux au dessus de la bagnoire d'eau à présent sale lorsque quelqu'un frappa à la porte, attendant simplement le signal de Guilhem pour entrer. Chose qu'il lui donna rapidement après s'être assuré que la muette n'était pas complètement nue. On peu discuter encore, encore et encore de la bienséance de sa tenue à ce moment précis. Mais tout de même.

Enfin, cela ne pouvait être que deux personnes. Ou bien s'était son écuyer qui risquait fort de ne pas lui prêter une trop grande attention, tout occupé qu'il serait à regarder ses pieds, ou alors se serait une servante qui, de toute façon avait déjà eu l'occasion de voir Agniès nue étant donné que cette dernière avait eu la bonne idée de dormir dénudée le seul soir qu'elle avait passé dans le dortoir.

Et au final, se fut l'intendante qui entra, fusillant du regard la jeune femme.

Pendant ce temps, Guilhem hélait son écuyer qui attendait dans le couloir. Il avait une cuirasse à nettoyer et à polir avant de la ranger. Bref, pas le temps de fainéanter.

« Pourquoi es-tu venue, fini-t-il par demander à l'intendante, coupant court à la mise à mort d'Agniès qui se lisait dans ses yeux. »

« Il s'est passé des choses pendant votre absence. »

« Des soucis ? »

« Rien que je n'ai pu gérer. »

« Des choses qui sortaient de l'ordinaire ? »

« Quelques plaintes concernant des vols et des voyageurs qui arrivaient après s'être fait attaqué. »

Serramire était devenue totalement folle. Sans pouvoir central, tout les petits seigneurs tiraient à eux la couverture et cherchaient à accroître son pouvoir. La lois du fer était à présent parfaitement et quiconque avec une arme pouvait prétendre à qui que se soit.

« Et au village ? »

« Vous aviez donné des ordres pour doubler les rondes et les effectifs de la milice avant de partir. La majorité des gens se sont tenus tranquille. Pour les autres, le prévot s'est subtitué à vous pour la justice et quelques personnes se sont retrouvés à arroser les mandragores. »

« Alors pourquoi tu es là. »

L'intendante eu l'air quelque peu gènée.

« Vous avez ramené dans vos bagages deux gamins et cela fait une heure qu'ils sont debout dans la cour à trembler comme des feuilles tant ils ont peur. »

Les enfants Arion. Il les avaient complètement oublié les deux là.

« Fait leur donner un bain, des vêtements propres, à manger et une petite chambrette. Qu'ils soient bien traité. »

Il s’agissait là d'otages. Garrant de la tranquillité de leur père. Connaissant son belliqueux voisin, cela n'allait faire qu'attiser sa colère... tant mieux.

Avec une courbette, l'intendante se retira, laissant Guilhem et Agniès seuls. Le seigneur de Karras alla observer la robe en fort mauvaise état. Et siffle son écuyer qui l'emporta avant de disparaître.

« On verra bien si on peu la sauver, dit-il simplement à s'approchant de la jeune femme. »

Il prit sur son bureau un objet qu'il lui tendit.

« Une sorte de rémunération pour tes comptes justes pour le chargement. »

C'était un collier de dentelle assez simple, une fine bande vert pâle avec deux attaques aux extrémités. Se serait peut-être un petit peu serré, mais elle pourrait au moins se débarrasser de tout ces immondices qui lui servaient jusque là à dissimuler sa cicatrice.

Rolon était en train de remettre l'armure en place sur le mannequin qui lui était destiné après avoir fini de la polir. Elle était à nouveau pratiquement comme neuve si on exceptait les quelques éraflures liées à des coups qu'elle avait défier ou à l'usure due à un usage fréquent. L'épée de son seigneur était passée à la meule, les ébréchures avaient été corrigées et elle était à nouveau prête à l’emploi dans la salle d'arme. Guilhem n'allait pas repartir immédiatement au combat. Ses hommes avaient besoin de repos et il le savait. Maintenant qu'Anciet lui baisait les pieds et que le seigneur d'Arion était muselé par la présence de ses deux enfants entre les murs de Karras, les principales menaces directes étaient écartées. Il fallait à présent prendre un peu de repos avant de continuer. En finir définitivement avec Arion, éliminer Anciet si besoin était et s'emparer de son fief.

Un bruit de pas dans son dos le fit sursauter.

Guilhem entra dans la pièce et s'approcha du mannequin, observant la cuirasse avant de tirer l'épée pour en tâter le fil. Il hocha légèrement la tête.

« Bon travail... »

Le visage de l'écuyer se fendit d'un large sourire qu'il adressa à son seigneur, ce dernier gardant un visage relativement grâve.

« Mais... »

« Mais ? »

Le garçon eut une légère grimace en s'attendant à un reproche. Guilhem retira la cuirace du manequin et se pencha pour se mettre à la hauteur de son écuyer, désignant une des sangles située sur le flan. Celle-ci était déjà relativement usée, mais tenait encore du moins jusqu'à se que Guilhem tire dessus d'un coup sec en l'arrachant.

« Il faut que ces sangles soient capables de résister à plus que cela. Apporte la au forgeron, il s'en occupera. »

Rolon hocha vigoureusement la tête et s'exécuta, se sentant légèrement coupable du poids d'argent dans sa poche. Ce n'était pas à lui, il le savait très bien. Mais... mais les chevaliers ont besoin d'une demoiselle à défendre et de porter ses couleurs... C'était de très bonnes couleurs. Même si la demoiselle ne les lui avaient pas offert volontairement.

Retournant à son bureau, préoccupé par les réactions qu'avait eu Agniès et dont il ne comprenait pas le sens, Guilhem croisa une servante qui lui apprit que la demoiselle s'était sentie mal. Une petite nature celle là.

« Faites lui porter un bouillon et des sels pour la réveiller. Trouvez lui une robe aussi. »

La jeune femme hocha la tête et s'exécutat quant Guilhem l'arrêta rapidement.

« Et remetez lui ceci. »

Il tendit à la jeune femme le petit collier de dentelle.

C'était sans doute ce détail qui perturbait Guilhem quant au comportement d'Agnès. Il avait crus au début que son trouble venait de ce petit cadeau qu'il lui avait fait. Mais non, lorsqu'elle était partie, l'air toujours aussi perturbée, elle avait laissé cela derrière elle. Donc, autre chose avait causé ce trouble. Mais quoi ? Mystère.

« Pourquoi avoir gardé les gamins ? »

Guilhem avait rassemblé les quatre chef des maigres troupes que comptaient Karras pour discuter de leur prochaine manœuvre. Il fallait soigneusement choisir se qu'ils allaient faire ou les choses pourraient particulièrement mal tourner. L'affrontement avec les troupes d'Arion avait été quelque peu chaotique et improvisé. Aucun des plans de bataille des deux côtés n'était fait pour la durée. Mais maintenant, ils étaient pour ainsi dire en guerre ouverte. Avoir fait prisonnier ses enfants ne suffirait sans doute pas. Il allait tout faire pour les reprendre et faire payer sa défaire à Guilhem.

Le maître archer était des plus sceptique quant à la décision de son seigneur de laisser vivre les deux enfants. Les éliminer aurait été briser définitivement les reins de leur ennemis et, il fallait dire les choses comme elles l'étaient, en vie, il représenteraient toujours un danger. Même élevé en tant qu'otage, rien ne garantissait qu'un jour ils ne se retourneraient pas contre Guilhem pour lui planter une dague dans le dos.

« Ils sont le symbole de sa défaite, argumenta un homme à la stature imposante. »

Urs était un homme d'un des clans de sauvage qui vivaient dans les monts d'Or. Guilhem l'avait recruté voilà quelques temps pour ses talents de pisteur et sa formidable habilité à la hache. Mieux valait l'avoir de con côté que contre lui. Et, avec sa barbe hirsute et sa carrure de titan, il était en complète opposition avec la fine moustache, poils grisonnants et silhouette longiligne de l'archer. Mais pour entraîner des fantassin à mener des charges, pas la peine d'avoir une carrure de pucelle.

« Tu réduit les enfants de ton ennemis en esclavage, tu prend sa femme et ses biens. C'est presque se qu'on a fait non ? Sauf qu'on a tué la femme. Moins marrant. »

« Messire. Ne dites pas que vous donnez raison à ces pratiques barbare, s'offusqua le sergent chef de la milice. »

Loin d'être prude, Vilimaire était volontiers un compagnon de beuverie d'Urs. Mais il avait certains principes auxquels ne s'accordaient pas la rudesse de son compagnon. Le Prévot quant à lui restait silencieux, écoutant patiemment les débats qui se faisaient de plus en plus vifs. Tout comme Guilhem qui ne disait rien avant qu'une provocation supplémentaire de Guilemo, le maître archer ne fasse hurler Urs de rage qui écrasa violemment les poings sur la table. Une provocation à propos de l'orthographe du mot "débile" ou quelque chose de ce type.

« On lui a laissé une porte de sortie. »

Guilhem n'avait pas parlé très fort, mais il l'avait fait avec assez de fermeté pour que tout le monde arrête les provocations intempestives et se mette à l'écouter.

« Si nous avions tué les enfants, Arion n'aurait plus rien eu à perdre. Ravager sa maison et éliminer sa femme était plus ou moins de bonne guerre... mais les enfants... tant qu'ils sont en vie, il a encore quelque chose à perdre. »

Guilemo lissa distraitement sa moustache.

« Il ne va pas s'arrêter. Il va venir les chercher quant il aura put reconstituer ses forces. »

Guilhem se contenta de hocher la tête.

« Il nous faudra les hommes d'Hums, dit calmement le prévôt. Depuis la défaite d'Arion, cette larve fait des pieds et des mains pour qu'on le protège. Le temps est venu pour lui de se rendre utile. »

Urs se contenta de pousser un grognement.

« On va donc juste attendre qu'il vienne se briser contre les rempare ? J'aurais préféré une bonne bataille. Mais un siège, c'est pas mal. »

« Il n'y aura sans doute pas de bataille. On fera monter les enfants sur les rempars pour qu'Arion les vois. Peut-être se montrera-t-il raisonnable et cessera-t-il les hostilités. »

Vilimaire poussa un grognement.

« Et sinon ? »

« Sinon on en balancera un du haut des murs et on recommencera à négocier, répondit Guilhem. »

* * *

Le soir avançait et le seigneur de Karas avait mal à la tête à force de lire des papiers et de fixer des cartes pour préparer leurs plans de batailles et plans de secours.

Légèrement agacé, il fit venir une servante.

« Va me cherche Agniès et les gamins. On dînera tout les quatre au calme dans la grande salle si tout s'est bien passé entre eux. Sinon, contente toi de leur servir à dîner dans leur chambre. »

Le tableau que formèrent Agniès et les enfants en entrant dans la grande salle avant quelque chose d'assez étrange. Les deux enfants avaient de toute évidence adopté la jeune femme Pour preuve, la petite s'était blottie dans ses bras, toute en confiance. D'une certaine façon, il se réjouissait d'avoir trouvé quelqu'un pour garder ces deux enfants. Après tout, au moins comme cela, ils ne risquaient pas de pleurer à longueur de temps et il y aurait quelqu'un pour s'occuper d'eux sans qu'ils n'aient peur de se faire égorger toutes les trois secondes. Cela faisait un soucis de moins à régler, les enfants ne risquaient pas de vouloir s'enfuir sans leur gentille Agniès. On ne réfléchis pas trop lorsqu'on a cet âge. Et le sauvetage de la demoiselle serait une condition cinéquanon à leur fuite si elle devait se produire.

En revanche, cela risquait de compliquer les choses dans un autre domaine. S'ils étaient forcé de balancer un ou deux gamins du haut des murs parce que leur père ne pouvait pas admettre sa défaite, cela plairait sans aucun doute assez moyennement à la muette.

Le repas fut pour les moins calme, les enfants étant totalement terrifié par Guilhem et Agniès ayant décidé de fixer sa soupe ne pouvait, de toute façon pas leur faire la converssation. Autant dire que cette expérience fut relativement déplaisante et rapidement classée dans la catégorie : ''à ne pas reproduire'' dans l'esprit du seigneur.

Finalement, les deux enfants partirent se coucher et Guilhem resta seul avec Agniès, toujours concentrée sur son assiette de nourriture comme si elle avait décidé de la transpercer par la seule et unique force de sa pensée.

« Tu as l'air de t'être bien occupée d'eux... »

Guilhem attendit encore un moment avant de finir sa phrase.

« Est-ce que cela te plairait d'être responsable d'eux pendant qu'ils seront parmi nous ? »

Il lui confiait deux des otages les plus précieux qui soit. Mais avec toutes les sécurités qui entouraient elle et les enfants, il doutait qu'une telle chose soit possible. Mais pour se qui était de l'implication émotionnelle de sa prisonnière quant au sort des enfants, il avait le sentiment que de toute façon, c'était déjà trop tard.

Bon, elle acceptait de s'occuper des gamins. De toute façon, il aurait été quelque peu surprenant qu'elle refuse et dans tout les cas, le fait qu'il lui demande n'était pas vraiment nécessaire et tenait plus d'une certaine forme de politesse que d'autre chose. Au fond, il n'avait pas vraiment envisager la possibilité qu'elle puisse refuser. Ni celle de lui trouver autre chose à faire, ni encore qu'elle ne fasse rien de ses journée. Et étant donné la robe qu'elle portait en ce moment, il était clair que l'envoyer récurer les marmites ou les sols n'était pas du tout une des possibilités envisageables.

Enfin, ils ne restèrent pas bien longtemps dans la salle étant donné que la jeune femme avait de toute évidence la bougeotte et cherchait à sortir de là. Pour Guilhem, une bonne balade sur le chemin de ronde aiderait sans le moindre doute la digestion. De toute évidence, la jeune femme appréciait l'air de l'extérieur. Après tout le temps qu'elle avait passé enfermée dans la geole, c'était assez logique qu'elle prenne le temps de respirer l'air frais de la nuit. Quant à lui... eh bien, il devait avouer que la présence de la jeune femme ne lui était pas complètement désagréable. Elle ne risquait pas de venir troubler ses pensées avec un verbiage sans le moindre intérêt. C'était un atour précieux que ce mutisme. Lui pouvait rester plonger dans ses pensées à observe le village en contrebas et, plus loin, bien plus loins, les terres d'Arion où se tenait le mortel ennemi qu'il avait réussi à se faire.

Pendant ce temps, la miss était totalement hypnotisée par la lune. Ce n'était pas la première fois qu'il la trouvait à observer l'astre nocturne avec autant de fascination. C'était un rien étrange, mais au moins pendant qu'elle était là le nez en l'air à gober les mouches, il pouvait rester tranquille et réfléchir.

Second bon point du mutisme d'Agniès. Il pouvait l'oublier dans un coin à regarder la lune, elle ne ferait rien et ne broncherait pas. Personne ne trouverait rien de plus efficace avant l'invention de la télévision. Portant finalement son regard sur elle, il la détailla alors qu'elle observait la lune avec un sourire. Sans doute le premier sourire à fleurir sur ses lèvres depuis qu'ils avaient fait tout les deux connaissance. Et cela lui allait assez bien. Un peu mieux que cet air contrit qu'elle affichait en quasi permanence. Bah... si le fait de voir la lune pouvait lui faire plaisir, c'était quelqu'un de plutôt simple à satisfaire.

Le regard de Guilhem se porta sur sa gorge où se trouvait le collier qu'il lui avait donné un peu plus tôt... il y avait encore pas mal de choses à éclaircir concernant cette fille. Il ne savait toujours pas se qui s'était passé un peu plus tôt dans sa chambre et qui l'avait mis dans un tel état. Le fait qu'il l'ai aidé à se laver lui aurait parrut plus apte à déclencher cela. Mais non, c'était bien après et ce n'était pas non plus à cause de ce petit cadeau qu'elle avait négligemment oublié.

« Je fais un tour du chemin de ronde et je retourne dans mes appartements, fini par décider Guilhem avec un léger frisson. »

Qu'elle le suive ou non, au fond, cela n'avait que peu d'importance. Elle avait bien comprit où se trouvait la chambre des enfants, le dortoir... alors elle aurait un endroit où dormir ce soir. Il n'avait pas de soucis à se faire là dessus.

Lorsque Rolon débarqua en trombe, Guilhem se demanda se qui était en train de se passer. Il crus un moment qu'une troupe avait été aperçue en marche vers Karras. Qu'Arion avait réussi à récupérer ses forces bien plus vite que prévu et marchait droit sur lui pour lui faire payer la mort de son épouse et récupérer ses enfants captifs. En clair, il y eu plusieurs scénarios catastrophe plus apocalyptiques les uns que les autres. Mais rien de cela. Loin de là. Lorsque l'écuyer eu terminé de cracher ses poumons et ait suffisamment repris son souffle pour formuler une suite de paroles cohérentes, il se mit à raconter toute l'histoire.

Le seigneur de Karras serra les poings. Cette fois, cela allait trop loin. C'était particulièrement énervant et il allait y avoir de sérieux problème. La situation n'allait pas en s'arrangeant, bien au contraire. C'était même plutôt le contraire. Loin de là. Cela devenait tout et n'importe quoi. Vraiment. Et la situation risquait fort de ne pas aller en s'arrangeant. Ou en tout cas, Guilhem ne voyait pas vraiment comment cela pouvait être possible.

Se rendant aux cachots, il tomba sur un spectacle des plus surprenant. Deux gardes étaient assis sur le pas de la porte en pleine conversation, un gobelet et des dés à la main. Et avec eux, une jeune femme aux cheveux sombres et aux grands yeux de biche.

« … donc en fait, tu mise sur un nombre, expliquait patiemment l'un des deux soldats. Tu veux essayer ? »

Loin d'avoir emmené Agniès en geole, les deux gardes étaient en train de lui apprendre à jouer aux dés.

Une idée assez répandue est qu'il n'y a pas besoin d'être très intelligent pour servir dans l'armée. C'est même plutôt un handicap étant donné que tout se qu'on demande à un soldat, c'est de savoir cogner correctement. Par contre, ne pas être totalement idiot n'est pas un désavantage. Surtout lorsqu'il s'agit de savoir qui pouvait donner les ordres et qui n'en avait strictement pas le droit. Et malgré le fait qu'elle aurait put en avoir très envies, l'intendante n'avait strictement pas la moindre autorité sur le corps militaire de Karras. Y comprit pour envoyer quelqu'un en prison.

Lorsqu'ils aperçurent leur seigneur, les deux se mirent prestement debout et hop, Agniès se retrouva avec des dés et le gobelet entre les mains ni vu ni connu.

Guilhem se rapprocha assez rapidement après tout, il y avait deux personnes à voir et l'une d'entre elle se trouvait précisément devant lui.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? »

« Marthe était complètement dingue, répondit l'un des hommes. Elle nous a demandé de la mettre au trou parce que la jeunette était une sorcière. On a envoyé un ami chercher le prévôt pour savoir se qu'on devait faire d'elle. »

Pas réjouissant. Ces craintes se confirmait. Agniès avait passé un mois dans son cachot et cela n'avait pas suffit à apaiser les tensions. Bien au contraire.

Guilhem fit signe à Agniès de le suivre et il se mit en recherche de la folle dingue qui avait de toute évidence envie de monter un bûcher pour la jeune femme.

Comme il le pensait, il la trouva dans le dortoir en train de retourner la couchette d'Agniès, sans doute à la recherche d'une preuve de sorcellerie.

« Tu as une explication à me donner il me semble. »