Petite chamaillerie entre voisin [Iseult]

Guilhem était en train d'écouter son intendante parler. La pauvre femme avait complètement perdu l'esprit, c'était une évidence. En tout cas, plus elle parlait, plus elle s'enfonçait aux yeux de son seigneur et plus Agniès terrifiée se serait contre le dos de Guilhem, tenant sa manche à deux mains comme pour éviter qu'il ne tente de s'en aller, retirant la seule chose qui se tenait entre elle et une intendante déchainée et prête à monter immédiatement le bûcher pour la brûler vive. Le seigneur lui restait impassible, attendant simplement que les choses se passent. Il n'y avait rien à faire. Jamais l'intendante ne le laisserait parler de toute façon. Pas tant qu'elle n'aurait pas craché tout se qu'elle pensait et se serait retrouvé à court de toute forme d'argument.

Cela ne tarda d'ailleurs pas a arrivé et elle se mit à bégayer, visiblement un rien déstabilisée de l'absence totale de réaction face à elle. Elle s'était attendue à une dispute, des cris, des arguments, mais rien. Rien rien et rien. S'adresser à un mur aurait sans le moindre doute eu plus d'effet. En tout cas, les quelques servantes qui se trouvaient là n'en manquaient pas une miette, se demandant comment tout cela pourrait bien se terminer.

Mal sans le moindre doute étant donné les événements qui avaient émaillé le conflit entre Agniès et l'intendante. Mais mal pour qui ? D'un côté, elle commençait à se faire un peu vieille et, on ne pouvait pas nier que globalement, elle avait toujours tout fait pour se trouver en tord. Même dans l'affaire du collier, s'il était avéré qu'il se trouvait dans les affaires de la muette, elle n'avait pas à les fouiller de la sorte, pas plus qu'elle avait à se comporter comme elle était en train de le faire, ni même à donner des ordres aux gardes. Les errements étaient nombreux. D'un autre côté, elle avait l'expérience et n'était pas totalement idiote. Elle connaissait son métier et le faisait bien.

De l'autre, Iseult. Les énormes avantages de la jeunesse et d'une certaine éducation pour elle... sans compter le fait qu'elle était parfaite dans le rôle de la victime.

« Prend tes affaires et fiche le camp, fini par dire Guilhem. »

Il y eu un léger vent de consternation. Personne ne savait de quel côté le seigneur allait pencher et personne n'était choqué par la décision... mais c'était une sanction très lourde.

« Tu as encore dépassé les bornes. Tu en es à trois fois rien qu'aujourd'hui. Agniès est muette et captive, mais ce n'est pas une serpillière dont tu dispose à ta guise. Tu as été prévenue plusieurs fois, tu as continué. J'en ai plus qu'assez de ton comportement. Prend tes affaires et disparaît. »

L'intendante ouvrit la bouche, mais Guilhem la devança.

« Tu as le choix, partir de toi même ou te faire jeter dehors par la garde. Et avant que tu l'en accuse, c'est Marie qui prendra ta suite. Pas Agniès. »

Elle pestait bien évidement lorsqu'elle rassembla ses affaires sous les yeux de quelques témoins qui ne bougeaient pas, d'un Guilhem inflexible et d'une Agniès totalement terrifiée qui s'accrochait toujours à sa manche comme une gamine terrifiée persuadée qu'elle va voir sortir un gros monstre du placard ou de sous son lit. Marthe passa devant eux adressant un regard de pure haine à Agniès avant de partir. Sans doute avait-elle le projet insensé et stupide de se venger. Mais maintenant que la demoiselle était enfermée dans le château et qu'elle ne serait plus qu'une simple visiteuse dans la basse cour en s'y rendant, il y avait fort à parier qu'elle ne représenterait pas le moindre danger. Agniès pouvait dormir sur ses deux oreilles, il ne lui arriverait rien de se côté là, et cela même si la haine que lui portait l'ancienne intendante n'allait guère faire autre chose que croître.

De toute manière, il resterait les murs solides de Karras entre elles. Donc rien à craindre.

Doucement, Guilhem pausa la main sur celle, toujours crispée d'Agniès qui fixait la direction dans laquelle était partie l'intendante comme si elle avait peur que tout cela ne soit qu'un piège et que cette femme qui la détestait surgisse soudain dans le couloir un long couteau à la main pour la zigouiller pas proprement du tout en mettant du sang et autre dans tout les sens.

« Je pense que tu peux me lâcher à présent, se contenta de dire le seigneur de Karras d'un ton à la fois doux et sarcastique. »

Inutile de reporter sa grogne sur la muette, c'était vrai. Mais tout aussi inutile pour elle de s'accrocher à lui comme une moule à son rocher. À moins qu'elle en ait l'envie et quelque chose le faisait douter que cela soit véritablement le cas. Et puis, il commençait à se faire tard.

« Je vais m'assurer qu'elle a bien quitter le château, exposa le seigneur à sa muette interlocutrice. »

Qui sait, peut-être qu'elle aurait encore envie de se dégourdir les pattes. Ou alors la perspective que se trouve dans le château une intendante en colère qui aimerait bien l'éliminer par pure vengeance ne dérangerait pas la jeune femme.

Mais Guilhem avait le prés-sentiment qu'elle ne lui rendrait pas son bras de si tôt. En tout cas, pas tant qu'elle ne serait pas sure et certaine que l'autre bonne femme n'était plus dans les murs à attendre son sommeil.

S'il commençait à assez bien comprendre la façon dont elle fonctionnait, il était certain depuis longtemps déjà qu'elle était bien craintive cette petite demoiselle. Il ne la voyait pas se mettre au lit avant de s'être assurée elle même qu'elle ne risquait plus rien.

Le moins qu'on puisse dire, c'était que lorsqu'elle avait une idée en tête, elle ne l'avait pas ailleurs. Guilhem se balada donc dans une partie du château avec une sorte de boulet sur pattes solidement accroché à sa manche. Elle n'avait de toute évidence pas l'intention de le lâcher et quant à lui, il en avait bien assez de crapahuter à travers les étages. Il aurait dut pouvoir se détendre dans sa chambre face à la cheminée mais non. Il avait fallut que l'intendante déconne. Et il avait bien entendu fallut qu'il parcoure tout le château pour mettre fin à cette idiotie. Du temps perdu et surtout, une charge non négligeable d'agacement pour le jeune seigneur de Karras.

Une fois assuré que l'intendante avait bel et bien quitté la forteresse avant que les portes de celle-ci ne se ferme pour la nuit, Guilhem retourna dans sa chambre. Malheureusement pour lui, les affirmations sans hésitation des gardes n'avait pas réussi à rassurer son charmant petit boulet qui, loin d'avoir décéré sa prise, restait accrochée à lui. Il fallait avouer que la scène avait quelque chose de parfaitement ridicule. Et cela risquait assez rapidement de l'énerver. Enfin, le point positif étant que, si elle continuait à s'acharner à le tenir par la manche, il pourrait être tranquille une fois qu'il aurait retiré sa chemise.

Heureusement, il n'eut nul besoin d'en arriver à une telle extrémité puisqu'elle fini par le lâcher au moment où ils arrivèrent devant la chambre de Guilhem. Il n'avait pas la moindre intention de la faire rentrer. Elle lui avait causé bien assez de problème comme cela pour la journée et il n'avait pas envie qu'elle se mette à tourner de l’œil ou passe accidentellement par la fenêtre pour les Cinq seuls savaient quel raison idiote.

Mais là laisser là... bon sang, il allait fermer la porte et elle allait lui faire un arrêt cardiaque à cause d'une crise d'angoisse. Il aurait peut-être mieux fait de la laisser dans son cachot finalement.

Poussant un soupire exaspéré, Guilhem ouvrit la porte de sa chambre et grommela un ''entre'' plus qu'il ne le dit vraiment. La demoiselle ne se le fit pas dire deux fois et fut à l’intérieur en un temps record avant de... rester plantée au milieu de la chambre comme une parfaite potiche, ignorant visiblement se qu'elle pouvait faire alors que Guilhem quant à lui maugréait intérieurement de lui avoir fait cette proposition.

*Une vrai gamine qui a peur du noir.*

Elle avait peut-être un corps de femme, mais son comportement était plus celui d'une enfant avec de grands yeux malheureux. Nourrie, logée, habillée... quel triste destinée. Il ne faisait pas le moindre doute que l'ancienne dame d'Arion portait un regard plein de pitié sur la bâtarde Séraphin du haut de son pal après qu'une douzaine d'hommes lui soient passé dessus.

La contournant, Guilhem alla prendre une carafe contenant un alcool ambré et quelque peu amère dont il versa deux coupes, en donnant une à Agniès avant de s'installer dans un fauteuil à haut dossier face au feu qui ronflait et de siroter sa propre coupe. La boisson lui procurait une délicieuse brûlure dans la gorge, se répandant dans ses veines comme un coup de fouet.

Il pausa son regard sur Agniès. Et maintenant ? Est-ce qu'elle avait l'intention de squater sa chambre toute la nuit et toutes les autres ou simplement d'avoir un petit coin pour se pauser un petit peu avant de retourner dans le dortoir.

Qu'est-ce qu'elle voulait ?

Se disant qu'elle finirait bien à se révéler si elle cherchait bel et bien quelque chose, Guilhem attrapa le petit livre qu'il était en train de lire. Une histoire d'amant maudit qui, forcément, allait mal finir. Quant à la muette, elle finirait bien à bouger pour tenter d'obtenir se qu'elle désirait de lui. D'ici là, il suffisait d'attendre.

Un peu comme dans une partie de pêche où Agniès aurait tenu le rôle du poisson.

Pourquoi est-ce qu'elle se mettait là ? Il y avait d'autres endroit où elle aurait parfaitement put se mettre assise. Mais non. Elle se mettait pile en face de lui, à genoux avec la coupe entre ses mains. Elle avait l'air un petit peu gènée, mais pas mécontente de se trouver là où elle était en ce moment précis. Loin de là. Elle paraissait plus à l'aise en face de lui que dans le couloir, même si Guilhem devinait qu'elle avait encore un petit peu peur de lui.

Peut-être qu'elle aimait tout simplement se tenir à genoux. Ou alors elle voulait se trouver face à lui.

Il s'écoula quelques instants avant que la jeune femme ne se décide à faire se qui était sans doute la pire idiotie qu'elle pouvait faire en ce moment précis : avaler d'un seul coup l'intégralité de sa coupe. Guilhem leva le nez de son livre et la regarda un petit peu intrigué. Elle était en train de tousser, mais avait tout avalé. S'il avait dut faire des paris, il aurait misé qu'elle se mette à tousser avant d'avoir tout avalé. Bien avant même. Cette fille était définitivement particulièrement étrange. Il s'était d'ailleurs un peu attendu à se qu'elle recrache vivement se qu'elle avait mit dans sa bouche étant donné la forte teneur en alcool de la boisson, mais non. Elle avait l'habitude de s'envoyer des quantités pareil ? À voir son gabaris en tout cas, on aurait pas crut.

Il attendit encore un peu histoire de voir se qui allait se passer. Mais non, rien. Elle resta tranquillement à remettre en place une de ses mèches de cheveux qui s'était dérangé. Elle tenait plutôt bien, il fallait bien l'admettre. Sans doute mieux que certains hommes, même si elle tanguait très légèrement, ayant le souffle court et, de toute évidence, un peu trop chaud.

Guilhem se replongea quelques minutes dans son livre en se demandant si elle allait s'écrouler sur le tapis ou pas. Après tout, c'était toujours possible au vu de ses antécédents.

Finalement, il écarta son livre et lui fit signe d'approcher. Toujours à genoux, la jeune femme vint poser la tête sur ses genoux, se serrant contre lui comme elle l'avait fait durant l'orage à ceci prêt qu'elle n'était plus entravée à présent. Cette position semblait la rassuré un peu.

Un peu intrigué, mais la laissant s'installer, Guilhem commença à lire à voie haute le livre qu'il avait entre les mains. L'histoire tragique d'un homme tombé amoureux de la jeune femme qu'il devait ramener à son roi pour que celui-ci l'épouse.

Et doucement, sa main passait dans les cheveux de la muette en de légères caresses.

Il se demandait jusqu'où il pourrait bien lire. Pour être honnête, il n'en avait pas la moidre idée, se contentant d’enchaîner les mots, les phrases et les pages. Elle était calme et se détendait, tout comme lui. Peut-être un petit peu les effets de l'alcool. Oui, cela devait être ça. En tout cas, c'était plus facile de l'expliquer de cette façon que de chercher à comprendre pourquoi il ne lui tordait pas le coup purement et simplement. Cela n'aurait pas eu beaucoup de différence avec le fait de briser la nuque d'un poulet. Après tout, c'était une Séraphin. Il s'était juré de tous les exterminer. Alors pourquoi est-ce qu'il était tranquillement assis en train de lui faire la lecture dans une position qui aurait put laisser à penser qu'ils étaient amants ?

Oui, l'alcool était la meilleure des explications ou tout du moins, la plus simple.

Et lui, il lisait. Il avait au fond de lui une irrésistible envie de la mettre en pièce. Mais finalement, il n'en faisait rien et se contentait tranquillement de parcourir les lignes de son livre en lisant à voix haute, dominé par l'envie que ce moment de calme continu. Depuis un mois, il n'en avait pas vraiment eu et les seules femmes en âge d'avoir leurs fleurs qu'il avait put croisé avaient soit fini découpées en morceau ou empalées... enfin, il y en avait trois qu'Urs avait ramené pour la jouissance de sa troupe de montagnards. Se qu'il leur faisait n'était sans doute pas des plus enviable, loin de là. Elles devaient sans le moindre doute leur permettre d'assouvir toute sorte de pulsion. Ce n'était pas moral de laisser les hommes d'Urs se comporter de la sorte. Mais pour le moment, Guilhem avait plus besoin de ces guerriers aguerris que d'une quelconque conscience. Tant qu'ils se tenaient bien avec la population qui se trouvait sur ses terres et ne faisait subir cela qu'à ses ennemis, il n'y avait pas la moindre raison pour qu'il s'en préoccupe.

Et puis... Agniès avait quelque chose d’apaisant. Elle était maladroite et à sa façon, une catastrophe ambulante, mais apaisante lorsqu'elle ne tombait pas dans les pommes.

Finalement, elle mit fin à cela, se redressant pour dénouer sa nuque apparemment quelque peu courbaturée par la position qu'elle avait prise. Guilhem avait arrêté de lire et la regardait calmement. Attendant quoi ? Il n'en avait pas la moindre idée. Alors qu'elle avait retiré son collier et se massait la nuque, le seigneur la prit doucement par le menton. Sans la forcer ni lui faire mal, il l'attira dans sa direction. Il la fit se redresser pour observer la cicatrice, passant doucement un doigt dessus. Elle n'était pas bien belle à voir et, d'un autre côté... cela donnait une certaine profondeur au regard triste et souvent suppliant de la demoiselle. Cela donnait quelque chose de tangible à l'impression qu'on avait qu'elle était un poupée brisée.

Comme une justification.

« Fatiguée ? On continu ? »

Il ne la retenait pas. Si elle avait sommeil et souhaitait partir, il la laisserait faire. D'un autre côté, il ne la jetterais pas non plus dehors si elle avait envie de rester avec lui. Tout cela alors que, du bout des doigts, il caressait la cicatrice.

Apparemment, elle n'avait pas envie de s'arrêter et d'aller dormir pour le moment. Elle avait juste voulut détendre un peu sa nuque. Bon, qu'elle se retrouve une autre position puisque celle là la fatiguait, qu'il puisse recommencer. Parce que mine de rien, si la miss n'était pas fatiguée, Guilhem quant à lui commençait un petit peu à l'être. Et surtout, il avait le gosier sec. Finalement, cette pose tombait bien. Il en profita pour avaler quelques gorgées de son verre d'alcool qu'il avait eu le bon goût de ne pas siffler d'une seule fois comme la demoiselle. On ne croirais pas comme cela, mais ça faisait du bien.

Au final, elle voulut remettre son collier. Guilhem la devança. Plus vite elle aurait ce truc autour du cou, plus vite il pourrait continuer et plus vite elle irait dormir en le laissant tranquille. Mais c'était sans compter avec la maladresse proverbiale de la demoiselle à qui il était en train de faire la lecture. Basculant en avant, elle se retrouva en un rien de temps le visage plaqué à celui du seigneur de Karras. Les faits auraient simplement put agacer Guilhem qui l'aurait sans doute repoussé sans vraiment de considération en poussant un soupir totalement exaspéré. Sans oublier au passage de marmonner quelque chose sur le fait qu'elle était incapable de tenir correctement sur les brindilles qui lui servaient de jambes.

Manque de chance, Arcam avait visiblement décide de mettre son grin de sel dans cette histoire et avait fait correspondre leurs lèvres.

Pas désagrréable. Un peu bref puisque déjà, elle se redressait, ayant viré à l'écarlate et agitant ses jolies lèvres pour tenter de justifier se qui venait de se passer et qui, loin d'énerver Guilhem l'amusait plutôt. Oui, il avait bien envie de jouer avec cette petite demoiselle et ses sentiments. C'était cruel et profondément mauvais de sa part... mais au fond, il n'en avait que faire. Cette idée l'amusait plus qu'autre chose en réalité.

Elle était à nouveau à genoux devant lui la tête assez basse, mais le rouge de ses joues était parfaitement visible. Tout comme son souffle rapide qui animait la poitrine dans son décolté. Se penchant sur elle, Guilhem lui releva doucement le menton, un petit sourire sur le visage. Elle pouvait partir et s'échapper à tout moment. Mais elle resta là sans bouger. Comme elle n'avait pas chercher à fuir quelques secondes plus tôt, elle ne chercha pas non plus à fuir lorsqu'il caressa doucement ses joues. Et pas plus lorsqu'il l'embrassa avec douceur.

Quelques minutes s’égrainèrent ainsi avant que Guilhem ne rompe le contact et ne reprenne son livre, recommençant tranquillement sa lecture.

À bien y réfléchir, il se trouvait cruel d'avoir agis de la sorte, mettant à mal la pudeur de la demoiselle. En lui faisant croire qu'il pouvait ressentir quelque chose pour elle. Il se contentait de l’appâter. Elle n'était rien pour lui. Il ne prêterait pas plus attention au tourments de son cœur qu'il ne l'avait fait pour les autres, son épouse comprise. Il comprenait sans le moindre soucis l'intérêt des unions politiques et de la nécessiter d'avoir un héritier. Mais jusqu'à présent, aucune femme n'avait eu le moindre intérêt pour lui, Agniès comprise. Futiles et fleures bleues. On s'ennuyait vite avec elles, qu'elles soient fille à soldat, soldats elle même ou demoiselle de la noblesse. Au final, il était presque plus plaisant de voir mourir les rêves qu'il avait fait naître en elles que de les conquérir ou de les utiliser.

Et rien n'indiquait que celle-ci serait différente.

Il fallut quelques secondes à la jeune femme pour se rapprocher de lui et poser à nouveau la tête sur ses genoux pour écouter la suite de l'histoire. Tout repris comme avant qu'elle ne s'éloigne. Tout était parfaitement identique. Il lui caressait doucement les cheveux et les tempes. Quant à elle... il ne pouvait que deviner, mais il imaginait assez bien que ses pensées étaient tournées vers le baiser qu'il lui avait donné. Peut-être se croyait-elle dans cette histoire un peu idiote en se figurant dans le rôle de la princesse tiraillée entre l'honneur de sa famille et son amour pour celui qui avait juré de les massacrer jusqu'aux derniers.

Très poétique. On en ferait très certainement une bonne tragédie.

Au bout d'un moment, elle se leva et Guilhem interrompit un petit peu sa lecture le temps qu'elle leur resserve à boire à tout les deux. Prenant la coupe et la laissant se remettre à genoux, il repris sa lecture, ponctuée par les toux de la jeune femme qui tentait de s'habituer un petit peu au brevage. Peut-être aurait-il dut lui signaler qu'il y avait une carafe d'eau non loin de là ? Oui, peut-être. Tant pis, c'était un petit peu trop tard.

Finalement, Guilhem fini de lire l'ouvrage, le refermant et le déposant sur l'accoudoir, il n'en continua pas moins de caresser doucement les cheveux de la jeune femme pendant quelques minutes avant de déclarer.

« Il va falloir penser à aller dormir Agniès. »

Autant dire, à retourner dans le dortoir. Il l'avait laissé entrer pour profiter avec elle d'un moment d'intimité, mais les choses s'arrêtaient là. Elle devait retourner à sa place et sa place était dans le dortoir. De plus, il n'avait pas envie de partager sa couche avec elle. Et moins encore de la laisser dormir dans son lit. Il l'avait fait dormir entravée et par terre pendant qu'il taxait son lit dans le manoir en ruine. Il n'avait pas l'intention de se formaliser de ça maintenant qu'il était dans son propre château.

Visiblement, elle aussi commençait un petit peu à se fatiguer et ce n'était pas plus mal. Guilhem n'aurait sans doute pas commencé la lecture d'un autre livre. Loin de là. Il voullait bien être gentil, mais il y avait quant même quelques limites à ne pas dépasser et faire la lecture toute la nuit à une petite muette aux airs perdus ne rentrait pas dans ses projets du moment. Voir pas dans ses projets du tout. Il ne fallait quant même pas exagérer. Il en avait fait bien assez pour la demoiselle ce soir.

Le jeune homme avait pense qu'au moins elle ne ferait pas de catastrophe cette nuit pendant qu'elle était en train de dormir. Mais c'était sans se rappeler qu'elle était capable de générer une catastrophe d'amplitude internationale en un minimum de temps. Une tel capacité tenait purement et simplement du surnaturel. Enfin bref, tout cela pour dire que, s'il fut surprit par se qu'elle fit, en fin de compte lorsqu'il prenait froidement le temps de considérer les éléments ce n'était pas si déstabilisant que cela.

Avec une volonté net de tout faire de travers et de finir en coma éthilique avant minuit, Agniès but une première gorgée de l'alcool contenu dans sa coupe et qui la fit tousser. Un petit signal d'alarme s'alluma dans l'esprit du seigneur.

*Elle ne va quant même pas faire ça.*

Au grand dam de Guilhem, la suite des événement lui répondit simplement ''bien sur que si''.

Elle ne trouva rien d'autre à faire que vider totalement son verre, histoire d'être parfaitement sure et certaine de rajouter à la difficulté de s'orienter dans le noir celle d'être parfaitement ivre au moment de le faire. Arrivée sur ses jambes avec une certaine difficulté, la demoiselle qui, de toute évidence avait la tête qui tournait se pencha en avant pour lui adresser se qui était très certainement une révérence... mais une révérence quelque peu trangeante, si bien que Guilhem eu comme première impression qu'elle s’apprêtait en réalité à embrasser le tapis. Par un étrange miracle, elle n'en fit rien et réussi à se redresser prenant tranquillement la direction de la sortie. Il lui fallut quant même s'y reprendre à deux fois pour parvenir à ouvrir la porte.

Après une autre révérence, elle sortit de la pièce et Guilhem poussa un soupir désespéré. Par curiosité, il passa la tête par la porte pour regarder se qu'elle était en train de faire. La demoiselle avançait péniblement en s'appuyant contre le mur. À ce rythme là, elle risquait fort de ne pas arriver avant un certain temps. Secouant la tête en maudissant tout les dieux qu'il connaissait, Guilhem quitta sa chambre et la rattrapa, la prenant par l'épaule et le bras, il ne tarda pas à la ramener dans la chambre bien plus vite qu'elle n'en était sortie, la portant presque.

Agniès fini par échouer sur le fauteuil en face de la cheminée où le seigneur de Karras avait été un petit peu plus tôt. Il n'avait pas l'intention de dormir avec elle. Et puis quoi encore ? Alors qu'elle défaisait son corset, et s'endormait comme une pierre, Guilhem posa sur elle une couverture, s'arrêtant un moment pour remettre en place une de ses mèches de cheveux et caresser ses lèvres. Plutôt joli ce bonbon Séraphin. Si elle avait été un thon, elle n'en aurait pas moins fait un bon trophé, mais ce n'était pas le cas et les choses étaient d'autant plus agréables.

Laissant là sa captive, Guilhem alla tranquillement se coucher dans son lit.

* * *

Autant on pouvait dire que le fait qu'elle se soit glissé dans le lit avait été particulièrement furtif, en tout cas assez pour que Guilhem ne se rende compte de rien. Autant, les choses ne furent pas identiques au moment où elle se réveilla en larme d'un cauchemars. Loin de là. La demoiselle se serra entièrement nue contre Guilhem et la réaction du seigneur de Karras fut aussi violente qu'immédiate. Dégainant la dague qu'il gardait toujours sous son oreiller, Guilhem la lui pointa sur la gorge d'une main, lui ayant saisit le menton de l'autre pour la forcer à redresser la tête. Quant on a des adversaires qui veulent vous tuer et qui ont souvent très peu de scrupules, on aquiert assez rapidement plusieurs réflexes vitaux.

« Agniès ? Qu'est-ce que... »

Un bruit dans le couloir. Il se passait quelque chose d'anormal. Sans se formaliser plus avant de la nudité de la jeune femme, le seigneur de Karras lui mit la dague entre les mains.

« Reste là, ordonna-t-il. »

Se levant lentement, il alla chercher son épée qu'il tira du foureau avant de sortir lentement de la chambre, tout sens aux aguets.

A peine fit-il trois pas qu'il se jeta sur le côté pour éviter une lame qui manqua de le couper en deux. Il ne réussi par totalement puisqu'elle l'atteignit au flan, faisant couler le sang en une longue estafilade heureusement plus impressionnante que grave.

« A MOI LA GARDE !!! »

Guilhem était en train de se démener contre son agresseur pour le retenir, mais surtout rester en vie. Ils étaient deux. Le premier était allé dans la chambre sitôt l'attaque lancée. Allez savoir se qu'il s’apprêtait à faire à Agniès. Si elle avait eu une voix, la jeune femme se serait très certainement mise elle aussi à criser. Mais pour le moment, Guilhem n'en avait strictement rien à faire. Il lui fallait se débarrasser de son assaillant. La tâche était rendue ardue par le fait qu'il devant, dans le même temps, presser sa main contre son flan afin d'empêcher que le sang qui s’écoulait de sa blessure ne l'affaiblisse trop. Autant dire que la petite muette était loin d'être au cœur de ses préoccupations. Elle ou se que le type qui était entré dans la chambre était en train de lui faire.

Il allait commencer par sauver sa vie, il verrait s'il pourrait faire quelque chose pour elle ensuite.

Heureusement, les gardes ne mirent pas bien longtemps à intervenir. C'était l'avantage d'être plus ou moins sur le pied de guerre et surtout d'avoir recruter des hommes expérimenté dans les montagnes. C'est types ne dormaient jamais complètement. Forcément, qui sait quel bêbête va avoir envie de vous grignoter les orteils pendant la nuit.

Se fut bel et bien Urs qui arriva en premier sur les lieux et, poussant un cris de guerre, abattit sa hache sur le crâne de l'assaillant de Guilhem, l'ouvrait jusqu'aux épaules. Si on pouvait toujours se plaindre des mœurs rudes et clairement sauvage de cet homme, son efficacité avait déjà été démontrée depuis un long moment. D'autres hommes arrivaient pour entrer dans la chambre alors que Guilhem, épuisé, avait lâché son épée et s'appuyait contre le mur. Il était fatigué, mais les choses étaient loin d'être terminées. Il aurait sans doute juste le temps de bander sommairement cette blessure avant de devoir partir au plus vite.

La présence de ces deux guerriers n'était pas de bon augure et posait trois questions essentielles. Tout d'abord, il s'agissait de savoir comment ces types avaient fait pour arriver là. Karras n'était pas un moulin. Ils avaient sans aucun doute déjoué la sécurité de la forteresse. Mais comment ? La faille dans la sécurité était de taille et il convenait de la colmater au plus vite. Ensuite, il fallait qu'ils sachent si ces types étaient tout seul ou s'ils faisaient partit d'un groupe plus important. Qui sait, c'était peut-être les prémices d'une attaque du château. Et enfin, il fallait savoir se qu'ils cherchaient. Guilhem était sans doute un petit peu prétentieux, mais il estimait que chercher à le tuer était un fin en soit. Mais malgré tout, il était réaliste. Peut-être n'était-il qu'un objectif secondaire.

Il allait ouvrir la bouche quant Agniès sortit entièrement nue de la chambre.

Urs et Guilhem ouvrirent deux paires d'yeux ronds comme des billes en la voyant débarquer ainsi. C'était pour le moins inattendus en tout cas. Il faut dire que la vision qui s'offrait à leurs yeux avait de quoi susciter l'étonnement. Entièrement nue, le corps couvert de sang de la jeune femme paraissait brier d'une lueur rouge un rien inquiétante.

Penchée sur la blessure de Guilhem elle l'observait, le seigneur grimaçant légèrement sous la pression de ses doigts.

« Urs, va... »

Une cloche se mit à sonner. Le tocsin. Les hommes qui les avaient attaqué n'étaient pas seuls. Guilhem voulut partir, mais la douleur l'arrêta. De toute évidence, il allait au moins devoir arrêter le saignement avant d'aller quelque part. Urs était déjà partit et les gardes ne tardèrent pas à lui emboîter le pas, deux d'entre eux prenant soin de laisser le captif dans les geôles et un troisième déblayant le corps.

« J'espère que tu sais recoudre et bander une plaie, grinça Guilhem entre ses dents en s'appuyant sur Agniès pour retourner dans la chambre. »

Le moins qu'on pouvait dire, c'était que cela faisait mal. Il y avait du sang et de l'eau un petit peu partout qui imbibait les draps. Quant à Guilhem, il n'aurait pas refusé une bonne gorgée d'alcool. Mais étant donné l'état second dans lequel se trouvait sa soigneuse, mieux valait ne pas l'interrompre ou elle allait tomber dans les pommes en voyant ses mains sanglantes et il serait bien avancé. Donc il se contentait de serrer les dents et d'attendre qu'elle veuille bien finir ses travaux de couture. Étrange. Elle cousait très bien. Son tissus en question était juste un petit peu sensible et un rien remuant. Mais elle cousait tout de même très bien. Même si cela avait un rien éveillé sa curiosité. On apprenait pas forcément à une bâtarde à lire. Mais à faire la couture...

Enfin, pour le moment, Guilhem se contentait de serrer les dents en maugréant tout les dieux qu'il connaissait d'être coincé ici pendant que le combat devait faire rage dehors, grommelant à rester impuissant de la sorte alors qu'il aurait sans le moindre doute été beaucoup plus utile avec une épée à la main.

Une fois qu'il eut sa blessure recousue et bandée , il se dit qu'il allait enfin pouvoir se lever et aller voir se qui se passait.

Agniès venait de tourner de l'oeil, mais Guilhem ne l'avait pas encore remarqué. Il ne songeait à rien d'autre qu'à empoigner son épée et à foncer droit sur la cour. Sauf que visiblement, son corps n'était pas tout à fait d'accord et, à peine se fut-il redressé qu'il retomba sur son lit, inconscient.

* * *

Il y a différentes manières d'être réveillé. On ne peu pas dire que celle qu'expérimenta Guilhem fut particulièrement agréable.

Elle consistait en l'application vigoureuse d'une grosse main sur sa joue. En d'autre terme, il venait de s'en prendre une. Vous me direz, avec un truc pareil, soit on se réveille, soit on se retrouve assomé. Et, dans la situation actuelle, Guilhem était déjà assomé. Difficile de faire pire.

Et si vous pensez que le réveil était le pire, cela signifiait juste que vous ne vous étiez jamais réveillé avec pour seul et unique chose dans votre champs de vision le visage poilu de ce cher Urs. Que du bonheur.

« Qu'est-ce qui s'est passé, interrogea Guilhem en s'efforçant de se redresser. »

« Arion, gromela le géant. Lui et une petite escouade. On cherche encore comment ils ont réussi à entrer. »

Le seigneur d'Arion ? Bon sang, il avait été plus rapide à réagir que Guilhem ne l'avait pensé. Heureusement, s'il n'avait pas lancé un assaut d'envergure pour prendre Karras, c'était sans doute parce qu'il ne pouvait disposé que d'un nombre très limité de partisants.

Puis, il y eu un éclair dans la tête du seigneur.

« Les enfants. »

« Il a réussi à reprendre son fils. La fille a reçus un carreau d'arbalète dans la cuisse. Ils n'ont pas put l'emporter. Ils ont mit le feu à la forge et à l'écurie pour qu'on soit trop occupé pour les suivres. »

Le seigneur de Karras poussa un juron sonore et imagé sans le fils, ils perdaient leur principale monnaie d'échange. La fille aussi avait une certaine valeur, mais bien moindre que celle de son frère... à moins qu'ils ne parviennent à éliminer le père et le fils... oui, encore fallait-il pouvoir leur mettre la main dessus.

Il y eu un temps de silence avant qu'Urs ne prenne à nouveau la parolle.

« Je la réveille aussi ? »

Agniès était toujours agenouillée inconsciente, la tête posée sur le lit. Guilhem se contenta de secouer la tête.

« Trouve comment ils ont put entrer et fait doubler la garde. »

Le géant quitta la chambre non sans avoir jeté un dernier regard à la jeune femme pleine de sang séché qui se trouvait à côté de Guilhem. Se tournant lentement sur le côté, Guilhem quant à lui souleva la tête d'Agniès et lui tapota la joue pour la ramener à lui. Il allait avoir besoin d'elle pour changer les draps qu'il arrête de patauger dans le sang et pour se relever, quant à elle, elle allait avoir besoin de se laver et pas qu'un peu.

Guilhem éructait tout se qu'il pouvait. Non seulement, il avait perdu sept hommes dans cette histoire, mais en plus, il venait d'apprendre qu'en réalité, ces types étaient entré par la grande porte comme si de rien n'était, y comprit le seigneur à qui il faisait la guerre. Le moins qu'on pouvait dire, c'est que cet état de fait était particulièrement humiliant. Leur plan avait été très simple. Une fois entré pendant la journée en compagnie de marchands de choux, ils s'étaient faufilé dans le petit sanctuaire de Néera. Sous la menace de leurs armes, ils avaient forcé le prêtre à les dissimuler. Une fois la nuit tombée, le château endormis, il leur avait suffit d'un grappin et d'une corde pour quitter la basse cour pour la haute cour.

La sortie en revanche avait été plus acrobatique, Il leur avait fallut retourner dans la basse cour et entrer dans le puits. Urs y avait envoyé un de ses hommes qui avait découvert une galerie annexe celle-ci avait été obstruée de longues années plus tôt. Ils avaient dut passer quelques jours caché dans la forêt à la dégager pour avoir leur plan de sortie. Assez simple, mais très efficace.

Guilhem avait donc entrepris de faire une nouvelle fois obstruer le passage par le puis. Il ne pouvait guère faire autre chose. Les contrôles aux portes avaient été intensifiées et les rondes de nuit doublées. De quoi, il fallait l'espérer, dissuader toute nouvelle attaque.

« Il faut égorger la fille, déclara Urs en voyant Guilhem les yeux dans le vague. »

Tuer la gamine était sans le moindre doute la chose la plus sensée à faire lorsqu'on était un combattant du nord comme l'était Urs. Lorsque la politique ne venait pas entrer en jeu et qu'une personne morte ne pouvait pas devenir une sorte de martyr... ou qu'une gamine ne pouvait pas hériter des terres de son père si celui-ci et tout ses frères venaient à mourir.

« La gamine reste en vie. Fin de la discutions à ce sujet. Elle est plus utile comme cela. Autre chose ? »

« Je voudrais acheter ton butin. »

« Mon butin ? »

« La brunette d'hier. J'aime les chatons qui ont des griffes. »

* * *

Guilhem entra dans la pièce où Agniès était en train de veiller comme une mère sur le sommeil de la petite d'Arion. Elle avait un sommeil lourd sans doute lié au lait de pavot qu'on lui avait donné pour la faire dormir étant donné la douleur que devait lui occasionner cette blessure. Guilhem n'était pas inutilement cruel. Il ne se plaindrait pas du fait qu'on avait dut la blesser pour l'empêcher de fuir. Mais il ne prendrait pas le moindre plaisir à la voir souffrir de cette blessure.

Il prit tranquillement place à côté d'Agniès à qui il accorda un léger sourire. Elle avait fait preuve de capacités et d'inccapacité surprenante dernièrement... mais ce n'était pas se qui faisait sourire Guilhem.

« Tu vaux cher, le sais-tu ? »

Il y eu un moment de silence avant qu'il ne reprenne la parolle.

« Urs m'a proposé cinq cent écus pour te racheter. »

Nouvelle pause, juste pour la faire paniquer un petit peu.

« J'ai refusé. Mais c'est amusant de voir à quel point une Séraphin centralise les catastrophes et les passions. »

Le moins qu'on puisse dire, c'était que l'attitude de cette jeune femme était pour le moins étrange. Ou bien elle faisait preuve d'une grande capacité à plaire aux autres, ou bien elle était la personne la plus malléable qui soit jamais née dans la Péninsule. À peine plus tôt, elle s'était sentie gènée de se trouver à genoux contre lui, la tête posée sur ses cuisses. Et la voilà qui réclamait d'elle même de venir dans cette position sans qu'il ne lui ait rien demandé ou qu'il lui ait fait le moindre geste. Non, elle venait juste pour le plaisir de se mettre dans cette position. À moins bien sur qu'elle ait quelque chose à lui demander, mais il en doutait fortement. La brunette passait son temps ici et la gamine avait tout se qu'il lui fallait.

Quelque chose pour elle ? Elle avait déjà tout se dont elle pouvait avoir besoin. Difficile de lui donner plus que cela. Sa liberté ? Mieux valait qu'elle oublie l'idée, elle ne l'obtiendrait pas. Peut-être devrait-il lui dire clairement cela qu'elle ne se fasse pas de faux espoirs. D'un autre côté, si elle avait été assez fine pour comprendre la façon dont il fonctionnait et raisonnait, elle l'avait déjà saisit. Dans le cas contraire... il était inutile d'encombrer sa petite tête avec des choses qu'elle ne comprendrais pas de toute évidence.

Il se prit à caresser doucement les cheveux de la jeune femme comme il l'avait fait la veille lorsqu'il lisait le livre et que sa tête reposait sur ses genoux. Un geste presque devenu un automatisme.

Allant fouiller dans l'une de ses poches, il en sortit un collier rudimentaire. Il s'agissait d'une dent d'ours montée en pendentif à l'aide d'un lacet de cuir. Il le laissa se balancer quelques secondes devant les yeux d'Agniès avant de se décider à lui fournir une explication..

« Il n'a pas put t'acheter, mais Urs a lourdement inssisté pour que je te donne ceci et que tu le porte. Je lui ait dit que cela ne tiendrait qu'à toi pour la seconde partie. »

La dent chuta dans la main tendu d'Agniès.

« Te voilà une guerrière. »

Il n'aurait sut dire pourquoi, mais cette idée était tellement saugrenue qu'elle aurait mieux figuré dans une histoire drôle qu'autre chose. Du point de vu d'Urs et de ses guerriers pourtant, la demoiselle était devenue une guerrière la veille lorsque le guerrier qu'elle avait poignardé était mort des suites de sa blessure.