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 L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin.

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Arsinoé d'Olyssea
Clélia d'Olyssea
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MessageSujet: L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin.   L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin. I_icon_minitimeDim 11 Nov 2012 - 9:13

Jour 7 de la troisième ennéade.
    Cantharel avait été délaissée par l’armée olysséenne. Cette dernière, dirigée à l’avant par le cortège baronnial, avançait sous l’ordre des cavaliers de tête, mais le cœur n’y était pas vraiment. Il semblait que tout cela sentait l’échec, l’abandon, et la peur.
    Dans les rangs de la Louve, on doutait. Que s’était-il dit, quel sombre élément avait pu avoir tant d’influence pour faire céder leur dirigeante ? Quelle sorte de femme habile était la nouvelle marquise ? Des préoccupations bien bavardes pour des hommes qui n’avaient à présent qu’à marcher, pensant aux familles qu’ils retrouveraient. La journée s’écoula lentement, péniblement, et ils firent campement dans la chaleur des maigres foyers d’un petit hameau perdu où quelques fermiers regardèrent, curieux, tout cette procession s’installer pour la nuitée. La présence-même d’une noble femme – ils ignoraient de qui il s’agissait réellement – les surprit, mais n’empêcha pas leur sommeil, et au chant du coq, les troupes repliaient déjà les tentures sommaires et éteignaient les derniers brasiers.

    Le vieux fermier, mâchouillant la même brindille depuis bientôt cinquante ans, ne crut pas utile de préciser à ces gourgandins qu’ils repartaient dans la direction qu’ils avaient prise la veille. Ces idiots allaient s’en rendre compte à un moment, c’était évident.


~~~
Jour 8 de la troisième ennéade.
    « Ma Dame, êtes-vous sûre que c’est une bonne idée ? Vous êtes enceinte, Néera vous a offert un deuxième fils, les guérisseurs l’ont assuré. Et si vous le perdiez par toutes contrariétés, toutes ces anxiétés … »

    « Et que les Cinq nous bénissent, il est plus en santé qu’il ne pourrait l’être une fois né. Ce qui n’est, ou ne sera sûrement pas le cas de mon époux. J’espère que missive lui a été envoyée selon ce que je vous ai dicté hier. »

    « Bien sûr, mais, Son Honneur doit savoir que sa décision risque de bouleverser sa cousine. »

    La baronne posa un regard parfaitement neutre sur le garde pourpre qui l’accompagnait. L’ombre d’un sourire triste s’esquissa tandis qu’elle désignait derrière elle la nuée humaine qui foulait son chemin tracé à une allure tout aussi soutenue.

    « Il semble que parmi tous ces hommes, vous soyez bien le seul à y penser, messer. »

    ~~~


Jour 8 de la troisième ennéade, à l’heure du zénith.
    L’armée olysséenne marchait, ragaillardie par une nuit sans encombres. Le pas était allégé, presque allègre ; l’on ne devinait pas encore la capitale, mais tout laissait à croire que la silhouette familière du cœur berthildois se dessinerait bientôt. Dans les rangs, il se murmurait des promesses de vengeance qu’on assouvirait par bien des façons. L’unique volonté était de tracer un chemin de sang, afin que les quiconque puisse les suivre. Bien sûr, un tel mouvement de foule attirait l’œil lorsqu’il était baigné par la lueur solaire ; ce problème ne se posait bien sûr pas lorsque mille deux cent hommes décidaient d’attaquer de nuit.

    ~~~

    Ils étaient de retour. Leurs pieds foulaient la terre encore blessée par les divers campements qui s’étaient succédés et avaient réduit le sol en une bouillie presque glaiseuse qui engloutissait les pieds des soldats dans un bruit de succion. L’horizon était si vide que Clélia se surprit à ne pas voir un seul homme serramirois dans les parages. Volatilisées, les aides du nord avaient pris le parti définitif de suivre la marquise pour chasser le goupil ; l’unité allait sûrement être le ciment de leur victoire, songeaient-ils.

    Le pas fut pressé, accéléré, et alors qu’ils atteignaient les portes, le guet était en alerte ; malgré la nuit noire, les flammèches ne le trompèrent pas sur ce qui s’était dessiné dans le paysage.

    Les mille deux cent hommes qu’il voyait là semblaient en proie à une folie sans nom ; leurs cottes, leurs lames, tout jusqu’à leur visage était barbouillé d’un rouge presque parodique, et pourtant bien réel. Comme pour se mettre en jambe face à ce qui allait leur arriver, les hommes avaient à peine attendu que le soleil se couche pour à leur tour épandre une rougeoyante lueur sur les villages voisins.

    On avait presque hurlé d’une joie malsaine en entendant les femmes et les enfants à leur tour exulter, pleurer, supplier dans la terre baignée de larmes et de lymphe. On avait tranché, brutalisé, blessé tout ce qui pouvait être tranché, brutalisé et blessé sans distinction et sans traitement de faveur; les coups de pied, les coups de poing, les coups de pique, tout était devenu chaotique, et un brumeux nuage de haine sourde s’était abattu comme une chape de plomb sur les terres berthildoises.

    Les plus jeunes avaient vu les plus vieux mourir, transpercés par les hallebardes ; les fils assistaient, impuissants après avoir été amputés de toute part, aux meurtres sauvages de leurs pères et aux viols sans nom de leurs mères. Les filles étaient traînées nues par les cheveux, attachées aux chevaux qui s’embarquaient dans une course folle jusqu’à ce que mort s’en suive ; et quand on avait épuisé toute forme de vie, quand le dernier des habitants avait expiré son souffle, on brûlait, on saccageait, on dérobait. Les loups continuèrent de se repaître ainsi jusqu’à ce que l’ambition les dévore, jusqu’à ce que leur meneuse, désignant théâtralement la direction de Cantharel, les exhorte à reprendre leur du.

    Ces hommes, donc, ces sauvages, qui se mirent alors à scander, formant une étrange meute, des chants d’une barbarie et d’une cruauté insoutenable, se mirent à reconstruire ce qu’ils avaient ôté il y a quelques jours seulement. Un nouveau siège s’annonçait, un de plus, mais pas le moindre. Et à leur tête, la responsable de tout ceci signait de sa présence le geste, semblable à un bras d’honneur.

    Sa propre vêture était maculée de sang, de sorte qu’on ne sût dire si elle avait pris part à ces horreurs en dépit de son état, ou si elle s’était contentée d’en savourer les délices d’un œil appréciateur. Dans un paradoxe écoeurant, celle qui portait la vie souriait. Ses yeux d’encre étincelaient alors qu’elle sentait la procession olysséenne secouée d’une adrénaline folle, et un sourire déforma ses lèvres. Clélia d’Olyssea était revenue, et il semblait que ses intentions véritables n’étaient pas les jolis mots doux qu’elle avait sanglotés à l’oreille confiante de sa parente.

    Alors que la jeune femme dispersait ses hommes pour assurer tantôt sa propre sécurité que celle de sa position nouvellement acquise aux portes de Cantharel, il fallut jusqu’à l’aube du neuvième jour de la troisième ennéade pour que, entourée de son habituelle garde, la baronne puisse enfin ressentir le calme rassasié de ses troupes fraîchement réinstallées aux pieds de la ville, et s’isoler dans les tentures de ses appartements. A son scribe qu’elle fit mander, elle lui dicta d’envoyer le plus tôt possible les lettres suivantes ; et l’assistance présente put encore se souvenir de la fraîcheur délicate de sa verve.

    Citation :
    A Anseric de la Rochepont, comte d’Arétria, baron d’Olyssea et époux de son Honneur Clélia d’Olyssea.

    Nous sommes le neuvième jour de la troisième ennéade de l’an six, et Cantharel voit Rouge. Tous ont souffert, sans distinction, et une aura écarlate baigne les alentours de la ville. Pressez donc le pas, car le spectacle n’attend pas.

    Que les Cinq vous bénissent, toutes mes prières vont vers vous en cet instant.
    C.

    Citation :
    A Arsinoé d’Olyssea, de la part de Clélia d’Olyssea, baronne d’Olyssea et comtesse d’Arétria .

    Aimable et chère cousine,

    Votre naïveté vous honorera toujours ; et vous guidera aussi à la perte de toutes ces vies que vous souhaitiez tant chérir et protéger.
    Mes hommes ont soupé d’une excellente nuit de massacres. Bientôt, Cantharel sera notre nouvelle proie ; tout comme vous avez insolemment décidé de prendre en chasse mon époux. Craignez chaque minute laissée entre nos mains affamées, car elles s’amoncellent à la même vitesse que celle des corps violés et mutilés de votre tendre gueusaille.
    Je vous convie à ce festin, ma chère ; et voici quelques présents qui, je l’espère, attiseront autant votre appétit que le mien. Venez donc. Venez me prouvez si le porc que vous nommez ami sait mieux se battre qu'insulter les pauvres femmes... en ce qui me concerne, j'ai déjà ouvert les comptes.

    Je vous montrerai qui de nous est la louve d'Olysséa, ou la putain thaarie.

    Joints au dernier parchemin qui semblait écrit dans une encre d’un rouge familier, quelques doigts – que l’on supputait appartenir à des enfants, ou de jeunes adultes – avaient été soigneusement prélevés, offrande première et néanmoins singulière faite à la marquise.

    La nuit passée avait été éprouvante, mais l’occupation était entamée et s’était dessinée avec une violence inouïe. Cette sainte nuit, observée par les yeux impuissants d’une Damedieu déconfite, avait plus que jamais mis à l’honneur les teintes et les moeurs olysséennes.
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Arsinoé d'Olyssea
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MessageSujet: Re: L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin.   L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin. I_icon_minitimeDim 18 Nov 2012 - 14:03

An 6; Barkios; Printemps; neuvième jour de la troisième ennéade; quelques heures avant l'aube.

Emmitouflée dans ses fourrures, Arsinoé profitait d'un sommeil sans songe jusqu'à ce qu'une clameur en provenance du campement ne vienne le perturber. Ouvrant un œil, elle fit finalement le deuil de son repos à la réalisation que le grondement ne montrait aucun signe de vouloir s'estomper, bien au contraire. Un visage imberbe fit alors irruption au travers les draperies, « vostre excellence » se dessinant sur des lèvres qui ne semblaient produire le moindre son. « Va » répondit-elle simplement, accompagnant la déclaration d'un brusque signe de main peut-être plus évocateur au vu des cris qui partout résonnaient. Prenant juste le temps de se chausser et de s'entourer d'une cape bordée de fourrure d'hermine, la marquise s'extirpa de la calèche et surgit dans le bivouac en effervescence. L’ost levait le camp de toute évidence, et elle en décela rapidement la cause : les brasiers qui seulement quelques lieues à l'est illuminaient les ténèbres. Les exclamations plus ou moins fleuries de reîtres avides de bataille, dont la plus commune restait « Mort aux loups ! » achevèrent de rendre compte de l'étendue du drame.

Une fois montée sur sa jument alezane, il lui fallut encore près de deux minutes avant de retrouver son sénéchal et les autres sires à l'avant de la colonne en formation, bousculant en ce faisant un gueux comme statufié, peut-être par le spectacle encore lointain de sa chaumière dévorée par les flammes. Rapidement mise au courant de la situation, elle put mettre à profit l'heure suivante à s'imaginer diverses motifs pour cette félonie des plus ignobles, sans jamais réellement se confronter à la possibilité que sa cousine souhaiterait sa perte. Des féaux à l'honneur froissé dirigeaient-ils ces pillards ? Peut-être Agrippa Luskendale, aux regard fuyant et faciès trop vilain pour être honnête.

Ces préoccupations lui permirent de faire abstraction des visions morbides qui s'offraient à l'ost alors qu'il se rapprochait de la cité, et qui mettaient en émoi les levées Berthildoise pour la plupart originaires du plat-pays de Cantharel. Loués soient les chevaliers qui eurent tôt fait de taire toutes velléités de désertion. Celles-ci étaient attisées par les crieurs en provenance des bourgs et hameaux mis au sac par les Olysseans et qui ne cessaient d’importuner la congrégation noble, pour finalement ne recevoir que les assurances plates d'Adelin que justice serait faite avant d’être éconduit. S'il était trop tard pour sauver ces malheureux, Cantharel tenait toujours aux dernières nouvelles, et son fils n'était pas perdu. Une pensée réconfortante, mais qui l'incitait comme souvent à déplorer la lenteur de leur progression, le tout en devant souffrir les regards ouvertement accusateurs de Messer Berdevin.

Ils étaient proches désormais. De l'autre coté de la colline se trouvait la grande plaine ou trônait Cantharel et, en deçà, les assiégeants qui déjà profitaient des premières lueurs du soleil. Ainsi, lorsqu'un homme arborant sur sa livrée le loup d'Olyssea dépassa la cime du mont pour tomber nez à nez avec l'ost coalisé, sa surprise n'était aucunement factice. Mais au lieu de s'en retourner en grande hâte auprès de ses maîtres, il avança avec une réticence certaine vers la marquise ; ayant vraisemblablement été chargé de remettre un message. Ignorant tant bien que mal les regards sombres le fixant de toutes parts, il glissa de sa sacoche un vélin humide et quelque peu grossit, et le tendit à Arsinoé avec une appréhension certaine. Ne manquant par de remarquer la goutte sombre qui vint se perdre dans la crinière de sa jument, elle brisa le sceau écarlate à bout de bras, et ne fut qu'à moitié surprise lorsque un assortiment de doigts dégringolèrent du parchemin pour se perdre dans l'herbe. L'estafette, hoquetant de peur face aux cris d'indignations qu'il avait provoqué, fit mine de s'enfuir avant qu'un fidèle sire ne prenne en main ses rênes. Un regard échangé avec sa marquise, et il enfonçait sa dague dans la gorge du misérable, qui chuta lourdement de sa monture et fit alors part de sa douleur par un gargouillis infâme auquel mit tardivement fin un écuyer attentionné.

Entre temps, elle avait à son grand regret lu les quelques mots de Clélia d'Olyssea. C'était bien elle ; outre la signature toute la chose portait la marque sordide de sa jeune cousine : son goût prononcé pour le spectacle, sa jalousie capricieuse...et sa sottise. S’appétant à jeter la missive, elle se ravisa pour finalement la glisser dans son corsage : inutile d'ébruiter l'affront. À la voir, on pourrait aisément croire la dame de pierre, insensible à la traîtrise de sa parente. Mais en son sein un océan d'émotions menaçait de l'engloutir ; peur, peine et honte côtoyaient juste colère et dégoût, le tout alors qu'une bile amère brûlait son arrière gorge. Très vite cependant, il ne resta plus rien sinon une haine noire, toute dirigée vers celle qui s'était jouée de sa clémence. Le goupil l'aurait donc imprégné aussi bien de sa semence que de son fiel? Et bien, qu'elle n'imagine pas un instant que son ventre fécond la sauvegarderait. Elle lui ôterait tout : son fief, sa vie, son fils. Elle en faisait serment.

Les deux ost étaient désormais à moins d'une lieue l'un de l'autre, et le choc ne saurait tarder. Près de quatre-cents cavaliers légers nordiques avaient été envoyés contourner les murailles de la cité. Les tirailleurs et arbalétriers avançaient devant, disposant leurs pavois et s’apprêtant à engager un duel meurtrier avec l'archerie Olysseane. Arsinoé observait les manœuvres de son oncle et de ses alliés de près mais sans grand entrain ; ne désirant rien de plus que de regagner son castel ou attendait Adrien, sinon peut être de retrouver sa cousine.
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Jérôme de Clairssac
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MessageSujet: Re: L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin.   L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin. I_icon_minitimeLun 19 Nov 2012 - 12:36

La Marquise répondit aux paroles de Jérôme, le ton qu'elle employa fut ferme et cela se comprenait lorsqu'on se mettait dans sa peau. La mort était en effet la peine à infliger aux traitres et c'est bien ce qu'il semblait qu'il s'était passé. sachant ce qu'il avait en tête de son côté, le Baron était mal à l'aise mais il n'en montra rien, même s'il aimait la franchise il savait se dominer et de toute façon cela ne concernant en rien celle qui montait à ses côtés actuellement. Elle se radoucit en parlant de son titre et de la légitimité que le peuple lui apportait, il avait réussit à s'attirer la bienveillance du peuple et c'était en soit une marque de respect. Par contre ce qu'il faisait subir en ce moment aux terres de Sainte Berthilde ne faisait que renforcer de plus en plus l'abime qui séparait les deux nobles qui se confrontaient pour cette terre.

La guerre est une chose que Jérôme n'apprécie pas plus que cela, il la fait quand c'est nécessaire mais il y a plus d'inconvénients à la faire et souvent on se retrouve à la subir même si l'on est le déclencheur de l'évènement. Enfin la il ne se pose pas de questions, son seigneur lui a demandé de l'accompagner et il ne trahira pas son serment, il chevauchera donc fièrement aux côtés de Grégoire qui fut celui qui lui apprit la majeure partie de ce qu'il sait sur la guerre.

Alors que Jérôme allait répondre à la Marquise, ils furent interrompu par l'arrivée d'un émissaire envoyé par le Comte d'Aretria. Il demanda la reddition immédiate des forces présentes et il expliqua ce que les personnes présentent encouraient si elles ne faisaient pas diligence. Le Baron pensa alors à sa région et à ce qu'elle subirait, il n'aimait décidément pas la guerre et ces conséquences. Il tourna sa tête vers la Marquise, puis vers Grégoire et il fit de même avec tous les nobles présents afin de percevoir leurs volontés, se demandant s'ils allaient rester ou s'enfuir. Il était bien évident, aux vues de la requête du Comte, que la légitime Marquise de Sainte Berthilde n'allait pas y répondre favorablement, perdre le pouvoir et se retrouver au couvent ne devait pas être envisageable.

La réaction de Grégoire ne tarda pas, le messager fut jeté à bas de son cheval et emmené en retrait afin de le faire parler. Enfin le mot était fort, il semblait surtout qu'il servit à se passer les nerfs. L'infortuné fut d'abord bastonné en règle avant que le Comte d'Odélian ne prenne part personnellement aux "festivités", lui cassant quelques phalanges en lui posant quelques questions pour la forme. Jérôme resta sur sa monture et observa en silence ce qu'il se passait, la torture était un moyen commun d'avoir des réponses, tout le monde l'utilisait et lui même en ferait usage si c'était important. Cela ne lui paraissait pas pour autant plaisant. Les informations ne tardèrent pas, il fut donc révélé qu'Anseric avait fait volte face et qu'il se dirigeait maintenant vers le nord. Ils apprirent aussi qu'il ne disposait que de cavalerie et que cela lui permettait une mobilité qu'eux même n'avaient pas, d'ailleurs il était en train de les dépasser. Les dires du messager se virent fondés lorsque les éclaireurs firent leur retour et annoncèrent qu'un ost se trouvait la et qu'il se dirigeait dans la direction indiqué avec force et violence.

Mettant fin à ses souffrances, Grégoire revint à sa monture et prit les choses en main, essayant de savoir ce que Anseric comptait faire et cherchant des parades. La Marquise se rangea à ses conclusions et il fut décidé que l'ost ferait volte face et se dirigerait vers leur lieu de départ. Elle envoya une troupe de cavalerie légère sous le commandement du sieur de Laraus au devant afin de suivre l'ost d'Anseric et de les tenir informé. L'armée unie se remit en route avec un rythme plus soutenu, imposé par les résidents de Sainte Berthilde qui craignaient pour leurs familles et leurs terres mais la nuit les rattrapa et il fut décidé de monter le campement pour être plus frais et en forme en cas d'affrontement le lendemain.

Plus tard dans la nuit, d'autres éclaireurs rapportèrent des nouvelles, la Baronne d'Olyssea avait fait demi-tour elle aussi et elle assiégeait les murailles de la capitale. Anseric portait le surnom de goupil et il semblait en effet rusé comme un renard, sa femme avait comme emblème la louve, et bien la preuve était faite qu'elle n'était pas dénuée de ruse elle aussi. Partir alors qu'il y avait les armées et revenir une fois la cité vidée de ses troupes, c'était un bon coup, bien que non dénué d'un arrière gout de trahison mais les autres parleraient plus de manipulation. Jérôme rentra dans sa tente après avoir eu connaissance de cela et il essaya de dormir. N'y parvenant pas il se releva et prit son nécessaire à écriture, il fit une lettre qu'il chargea un éclaireur de transmettre. Ensuite il retourna se coucher mais le sommeil le fuyait.

Le lendemain, le Baron fut levé de bonne heure, il fut armuré par ses aides et il rejoignit l'avant de la troupe qui levait le camp. Tous les nobles s'étaient regroupés et ils parlaient de la stratégie à employer, Jérôme s'approcha de Grégoire, fidèle second

"Votre grandeur, qu'avez vous décidé ? quelle tactique avez vous choisit ? et qui commande ? le capharnaüm qu'il y a eut hier prouve, qu'à part Odélian et Etherna, nous ne sommes pas habitué à ferrailler ensemble, il serait bon d'avoir un schéma commun cette fois car le combat qui s'annonce sera plus ardu."

Lorsque la troupe se remit en marche et après avoir bien avancé, un nouveau messager apparu, celui-la venait de la Baronne d'Olyssea. il fit parvenir le message, écrit celui la, à la Marquise et quand elle l'ouvrit des doigts tombèrent au sol. Des cris d'indignations se firent chez les gens autour qui avaient compris de quoi il s'agissait. Jérôme était décomposé, non pas qu'il allait rendre son petit déjeuner, il en avait vu d'autres, mais il était dépité des tours et de la cruauté que la guerre pouvait prendre. Enfin l'intimidation était une arme à sa façon, cependant il fallait faire attention car elle était à double tranchant. En effet elle pouvait aussi bien désarçonner des gens et leur saper le moral que leur donner une nouvelle volonté de fer tourné vers une seule et même cible.

Une partie de la cavalerie légère du Comte d'Odélian fut détachée pendant que l'ost coalisé marchait à la rencontre de celui d'Olyssea.


-----

De son côté l'éclaireur qui était porteur du parchemin écrit par Jérôme finit par rattraper l'armée d'Anseric, il savait que sa vie était en jeu, surtout vu ce qui était arrivé à ceux qui étaient venu vers la Marquise. Il réussit néanmoins à donner son message et il déglutit en attendant le verdict, ses rennes étant prises par les hommes du Comte

Citation :
"A Anseric de la Rochepont, Comte d'Aretria et Baron d'Olyssea,


Votre grandeur,

Votre émissaire à bien transmit votre message et il a été entendu par tous. J'ai le regret de vous annoncer qu'il a été exécuté en raison de la contenance qui n'a pas plu à beaucoup de monde, vous vous en doutez. Je vous assure que je n'ai pas pris part à cela et j'ose espérer que votre honneur mettra votre clémence en action concernant le messager que je vous ai envoyé et qui a accepté la mission au péril de sa vie.

Je vous écris afin de plaider ma cause auprès de vous. Vous n'êtes pas sans connaitre l'histoire qu'à connue Etherna, baronnie qui faisait partie de votre Marquisat avant de se retrouver prise par le Comte Gaucelm d'Odélian. Ainsi, je vous demande de vous rappeler que c'est l'envie de neutralité qui a conduit la cité à cet état de fait, la non action alors que les évènements en demandaient une à eut raison d'elle et a aboutit à sa conquête. Ajoutez à cela le fait que j'ai fais un serment d'allégeance au Comte actuel d'Odélian et vous comprendrez ma présence dans les rangs qui vous font face. Nous ne nous sommes vu qu'une seule fois mais peut être aurez vous compris lors de notre brève conversation que je suis un homme d'honneur et qu'il m'est impossible de me parjurer. Aux vus de ces éléments, vous comprendrez que lorsque Grégoire d'Odélian m'a donc demandé de l'accompagner, je n'ai pas pu refuser, surtout venant de l'homme pour lequel je fut écuyer et qui m'a tant enseigné et qui m'a positionné à la tête de la baronnie.

Cette lettre n'est pas la pour vous faire penser que je verse des larmes sur ma situation. Si je fais cette démarche c'est pour faire appel à votre miséricorde dans le cas ou vous l'emporteriez. En effet, les nobles qui m'accompagnent sont dans l'obligation de me suivre, sinon ils encourent une accusation de trahison. Ils ont déjà tenté par le passé de s'opposer à la domination d'Odélian mais ils ont échoué et aujourd'hui ils savent qu'ils seront de nouveau défaits s'ils tentent une action. De même le peuple d'Etherna à déjà beaucoup souffert et il serait injuste qu'ils subissent les affres de la guerre à cause de leur Seigneur. Vous l'aurez compris, je vous implore de ne rejeter la faute que sur ma seule personne et de ne pas en faite pâtir ceux qui sont innocents et n'ont pas le choix de la décision, j'assumerais l'entière responsabilité de mes actes.

Je profite de ce message pour vous affirmer que cela me chagrine que nos armées se retrouvent face à face. Je vous redis par la même occasion que je n'ai nullement oublié la promesse que je vous ai faites suite à la joute qui eut lieu à Wenden. Aussi lorsque nos osts ferrailleront, si jamais nous venions à nous retrouver l'un en face de l'autre, je ne lèverais pas la main contre votre personne. J'espère qu'il en sera de même pour vous.

J'ai également une offre à vous faire, si jamais vous veniez à être défait. Je vous enjoins à vous rendre auprès de mes hommes. Vous devez savoir que nombre de nobles qui m'entourent souhaitent vous occire, aussi je vous promet de veiller sur votre intégrité physique jusqu'à ce que vous soyez remis entre les mains de la Marquise qui statuera sur votre sort.

Que les cinq veillent sur vous,

Jérôme de Clairssac, Baron d'Etherna


Cette lettre pouvait faire penser que Jérôme était un faible, celui-ci s'en moquait, tout ce qui comptait pour lui c'était sa famille et le peuple dont il avait la charge, le devoir poussé à son paroxysme.
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MessageSujet: Re: L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin.   L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin. I_icon_minitimeDim 2 Déc 2012 - 22:32

Il est vrai que l’organisation de la coalition face à l’arrivée surprise de la troupe eracienne avait été des plus pénibles pour ne pas dire confuse. Cette situation quelque peu chaotique ne devait plus se reproduire surtout dans une bataille de bien plus grande envergure. Regardant la plupart des nobles présents, sans connaitre pour autant l’expérience tactique de chacun, le comte prit sur lui de prendre en charge l’organisation des troupes. De nombreuses raisons auraient pu justifier ce choix : son expérience des batailles à grandes échelles, la meilleure organisation des troupes odéliannes face à ses homologues berthilois. Ou bien peut-être voulait-il passer à la vitesse supérieure, délaissant cette place d’allié qu’il s’évertuait à clamer pour prendre les choses en main; défendre l’honneur, la vertu et la vie d’une noble dame était dans son code mais ne pas mourir loin de chez lui aussi.

" Si dame Arsinoé et son sénéchal sont d’accord, je guiderais notre armée sur le champ de bataille, je pense être le plus apte à gérer ce genre de bataille et à mener nos troupes vers la victoire. Je vous en parlerais en chemin de la stratégie à laquelle j’ai pensé, peut-être y aura-t-il quelques ajustements à faire sur place mais je pense que ce soir vos morts seront vengés. "

Alors que les rayons du soleil venaient percer l’obscurité de leur lumière céleste, ces derniers se répercutèrent sur l’acier, sur les casques, les armures, les lames et les pointes de deux armées qui se faisaient face; offrant ainsi par réverbération le panorama de milliers d’éclats recouvrant la vallée. Spectacle offrant une image aussi bien poétique que terrifiante, on s’affairait de chaque côté à terminer au plus vite les derniers préparatifs d’avant-bataille car il était sur qu'avec cette mâtiné naissante le sang coulerait dans la plaine de Cantharel. N’en déplaise aux passionnés d’histoires et autres rats de bibliothèque mais avoir la supériorité numérique étant un paramètre non négligeable dans une bataille et il ne fut pas surprenant que devant l’étalage de troupes coalisées, l’ost olysséenne ne bougea pas d’une oreille préférant adopter une position défensive.

Cela allait servir Grégoire qui demanda à ce que l’ost vienne à s’interposer entre l’armée ennemie et la forteresse de Cantharel. Dépêchant un homme auprès du sénéchal il lui fit demander de déployer les scorpions de la citadelle sur le champ de bataille faisant ainsi grossir les rangs de l’artillerie pendant que les armes de sièges déjà présentes se mettaient en place en retrait sur l’aile droite. Les deux mangonneaux qui avaient été l’une des causes de la lenteur de cette armée s’avéraient maintenant une force qui écraserait les pillards sous leurs projectiles. Le gros de la cavalerie fut envoyer sur l’aile gauche, en retrait pendant qu’au centre l’infanterie et l’archerie prenait place, attendant dans une ambiance électrique que les hostilités commencent. Qui aurait pu dire que ce conflit irait jusque là ? Une personne pouvait-elle encore éviter ce bang de sang ? Le pouvait-elle ? Le voulait-elle ? Il était surement trop tard, le pays ayant été brigandé aussi bien dans le sud que dans le nord par ces parents félons, le pardon serait une chose bien difficile à accorder. Dans le collectif commun-aidés des bardes et autres colporteurs qui déjà s’étaient " amusés " à fredonner quelques petits airs-, la baronne d’Olysséa n’avait plus rien de la jeune noble farouche, porteuse de l’innocence mais ressemblait plutôt à une sorcière portant en son sein la progéniture maligne de quelques sorcelleries obscures. Les enfants du pays berthilois seraient vengés et déjà le premier message fut envoyé aux lâches par le billet d’un tir de mangonneau. A quelques pas de l’armée de la louve, tomba sur le sol quelque chose de mou qui ressemblait à y regarder de plus près à l’émissaire, porteur du message à la marquise et qui bien que mort à cette heure, servait encore de messager donnant un avertissement sérieux à ses compatriotes : Vous êtes les suivants.

En plus d’intimider leurs opposants ce tir avait pour but de finir de régler les dernières mesures de portée et d’angle afin d’ajuster leur ennemi et une fois que tout fut prêt le premier tir commença. S’élevant majestueusement dans les airs avec vélocité, le boulet effectua un arc de cercle parfait avant d’atterrir cependant trop à l’est de la position ennemi.

" Réglez-moi cet angle de tir !!! Je veux que…mais qu’est-ce qui se passe, qui a donné cet ordre !? "

En effet alors que le plan était d’attendre, de briser cette volonté défensive de l’armée adverse, une escouade d’arbalétriers berthilois s’élançait déjà à l’assaut, progressant rapidement avant de se mettre à couvert de leur pavois. Le comte gueulait à ce que l’on les rapatrie fissa avant que ces pauvres diables ne se fassent trouer la peau mais déjà les premières flèches des archers olysséens commencèrent à tomber. Les hommes de têtes commencèrent à se faire décimer alors que la corne du rappel était en train de sonner. Si Grégoire tombait sur le bougre qui avait donné cet ordre il serait surement catapulter vivant pour enfin trouver une occupation utile à sa personne. On réajusta l’angle de tir pendant que l’ost avança tandis que déjà la batterie de scorpions répliquait faisant pleuvoir la mort sur leur ennemi. La cavalerie légère ainsi que les chars de guerres odélians se tenait prêt sur le flanc droit résolu à tenter une attaque si l’ennemi venait à lui tourner le dos pour battre en retraite.

Le fait est qu’il était trop tard pour fuir ou s’éloigner afin de se mettre hors de portée car l’infanterie et l’archerie sous couvert du feu nourrit des scorpions progressaient peu à peu, déjà les archers et arbalétriers se positionnèrent afin de commencer à leur tour à tirer leurs salves sur des ennemis qui répliquaient avec férocités. Puis se fut le choc des piquiers et autres épéistes qui se lancèrent dans la mêlée pendant que sur le flanc les chars menés par le comte en personne harcelé le flanc ennemi par des tireurs montés, parfois venant caresser les jambes des brigands de leurs faux aiguisés, alors que le lancier de l’équipage tentait de faire mouche à chaque passage. Le front semblait reculait sous l’assaut des piquiers et aux autres fantassins coalisés qui ferraillaient dans la boue et le sang, posant le pied où ils le pouvaient essayant de ne pas glissait sur une motte de terre ou sur le corps d’un pauvre hère tombé au combat. Profitant de la protection qu’offraient les chars caparaçonnés, une troupe de cavalerie légère passa derrière eux pour prendre les olysséens à revers et charger les archers qui tenteraient de prendre de la distance pour achever leur tir, le but étant de charger sur leur arrière et ainsi prendre au piège tous les rats en même temps.

Alors que le char de Grégoire passait près de la mêlé estropiant ce qu’il pouvait, l’essieu heurta un obstacle, peut-être un cadavre un " défaut " sur la lande, cependant la secousse le déstabilisa, ce dernier perdant pied se retrouva projeter hors de la nacelle. Déboussolé, l’homme se releva péniblement avant d’enlever son heaume, sa vue étant brouillée. Tâtant son visage, il sentit une légère entaille sur le front qui cependant se rependait abondamment avant qu’il ne s’essuie avec le revers de son gantelet. Tirant sa fidèle Accalon, il vérifia que la plaie ne lui gênerait pas la vue avant de s’élançer dans la bataille éructant un cri aussi barbare que primaire.

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Valerian d'Adhémar
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MessageSujet: Re: L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin.   L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin. I_icon_minitimeVen 7 Déc 2012 - 19:56

~~ Sainte-Berthilde , an 7 du 11e cycle ~~

Alors que le soleil n'est plus qu'à quelques heures de disparaitre du ciel, un convoi s'arrête au bord du lac Balgure, plus communément nommé lac aux hermines.
"Une halte?" S'étonne l'un des hommes en armure. "En êtes-vous certain? En continuant, nous serions à Theil dans"
"Nous faisons halte ici, j'ai dit." Coupe son noble interlocuteur d'une voix calme et d'un ton lent. "Inutile de se presser, nous ne sommes attendus à Cantharel que dans deux jours. Je veux profiter encore un peu du paysage et de mon temps, avant que les devoirs de mon titre ne commencent à me peser."
"Bien monseigneur, je fais monter votre tente."
"Faites-donc cela, oui."
Ces paroles prononcées, le noble descend de selle et s'approche du lac, tenant à la main un livre qu'il a tiré de la sacoche de son destrier. S'étant déchaussé, il pose le livre et ses botte sur la rive puis s'en va tremper ses pieds dans l'eau. Après quelques minutes, le silencieux personnage revient au sec, récupère ses bottes et son livre, choisit un coin d'herbe confortable au pied d'un rocher, y pose son séant et ouvre le grimoire qu'il tient en main.

Bàrkios, jour huit, troisième énnéade.

Ainsi que la marquise l'a décidé hier, nous faisions route vers le sud […]


Le lecteur pousse un soupir, il a déjà lu ce passage. Survolant les lignes de texte manuscrit, il se rend compte qu'il a lu tout ce texte et tourne donc la page.

[…] Les tristes nouvelles qu'a apportés le pauvre héraut arétan avant son trépas m'ont grandement inquiété, tant et si bien que j'ai craint, un instant, que les funestes troupes n'arrivent jusque mes terres. Si son excellence manque encore trop d'expérience guerrière pour mener à terme cette guerre, je ne doute pas du savoir de son conseiller Adelin ni des compétences de nos alliés d'Odelian. Pourtant, j'ai peur pour mes terres, j'ai peur que mon fief ne subisse le même sort que celui de Kelbourg. Aussi je n'ai point manqué d'envoyer deux corbeaux à Casteldulac, informant mon fils du possible danger et lui ordonnant de préparer la défense du château, par sécurité.

Pour ce qui est de la coalition berthildoise, les craintes apportées par le feu messager ont été confirmées par nos éclaireurs. Le nuage de fumée perceptible au loin était celui provoqué par les cavaliers arétans, et ils se dirigeaient vers les terres du seigneur absent. La question que je me suis posé alors a été pourquoi? Pourquoi Anseric a-t-il paisiblement quitté Cantarel pour se rendre à Erac? La stratégie du fourbe m'était encore trouble. D'Erac il grossi son ost d'une unité de brutes qu'il s'est empressé de sacrifier afin de gagner du temps, du temps pour quoi? Et maintenant il remonte vers le Nord en contournant Cantharel. Godfroy l'absent serait-il lui aussi un traitre qui attend l'arrivée du goupil en ses terres afin de lui prêter main forte lors d'un futur assaut, plus frontal, de Cantharel? Cette étrange manœuvre a-t-elle pour but de nous éloigner du cœur de Sainte-Berthilde afin que d'autres ne s'y infiltrent? Je l'ignore encore, nous l'ignorons tous. J'ignore ce que manigance Anseric de la Rochepont, mais je suis sur d'une chose: nous devons l'arrêter. Sainte-Berthilde ne doit pas tomber entre ses mains instables, en aucune façon.
[…]


Le lecteur fait une pause, et soupire. Non pas qu'il ne trouve aucun intérêt à la lecture de ce grimoire, mais il semble se rendre compte, au fur et à mesure de son avancée entre les pages, qu'il en aura pour plus longtemps qu'il ne l'aurai voulu.
"Même mort, tu continues à m'ennuyer avec tes longs discourt de vieux bouc désabusé. Décidément…" Murmure-t-il, avant de reprendre la lecture.

Bàrkios, jour neuf, troisième énnéade.

La guerre n'est qu'une suite de conflits et de tourments qui semblent ne jamais cesser. Ce jour d'hui, une fois de plus, j'ai été forcé de constater avec lassitude la bêtise des Hommes. Aux premières lueurs du jour, alors que le camp se défaisait du repos nocturne pour reprendre la marche à la poursuite des troupes du goupil, les éclaireurs ont fait part d'inquiétantes nouvelles. Olyssea était aux portes de Cantharel, et la ville qui se trouvait sur le passage des troupes olysséennes n'était plus que cendres fumantes. Le goupil a bien trouvé sa compagne, car la louve se montre toute aussi fourbe qu'il ne l'est. Feindre la paix pour mieux prendre le château, ne connaissent-ils donc aucun honneur? La bêtise des Hommes, ou l'inconscience d'une femme… J'ignore qui de la louve ou de la biche a été la plus inconsciente ici. La traitresse qui a sous-estimé ses adversaires, et dont l'erreur pourrait coûter sa vie et celle de son enfant à naître, ou la confiance naïve qu'une marquise encore jeune et inexpérimenté a trop facilement accordé à l'épouse de son ennemi du moment.

Tandis que, suivant les ordres de la marquise, le seigneur Kerthan Vosker et ses cavaliers continuaient de poursuivre l'ost du goupil, nous décidâmes de mener le gros des troupes de l'Ost coalisé jusque Cantharel, au-devant de l'ost olysseanne. Les jours de la louve pleine sont a présent comptés, comme ceux de son vil époux. Si ce n'était pour éviter plus de massacre à Cantharel, ce serait pour l'affront d'une telle traitrise, et de sa cruauté. A-t-on vu plus morbide et barbare dans un courrier que les doigts tranchés de pauvres enfants? Certes la guerre est cruelle, mais parfois les Hommes – et en l'occurrence les femmes – qui la mènent peuvent être bien pire. Le message en tout cas était passé, et à mes yeux la stratégie du goupil – s'il en était une – s'éclaircissait.

La venue du couple félon à Cantharel, faussement paisible, avait certainement pour but d'évaluer les forces de la marquise, en plus de délivrer les premières menaces. Le retrait des troupes Olysseanne par la suite, ont mis en confiance nostre marquise quant à l'assurance que l'Ost arétanne soit sa seule menace, ce qui nous a poussé à le poursuivre vers le sud. Quant à son étrange et perturbante manœuvre, elle n'avait sans doute pour seul but que de nous éloigner de Cantharel le temps que l'Ost Olysseanne y prenne siège. Cependant, je doute que le goupil s'attendait à une réaction aussi vive de nos troupes, ou à l'aide apportée par Grégoire d'Odélian et son vassal, le noble Jérôme de Clairssac.

Alors pour nous défaire du couple parjure nous décidâmes de les affronter l'un après l'autre, en commençant par la louve. Nous avons donc pris position hier en fin du jour, à quelques lieues de ses troupes, nous installant entre elles et Cantharel. Du château nous avions fait venir quelques scorpions, installés durant la nuit en préparation du combat qui a eu lieu ce jour. Et ce matin, la seconde bataille de cette guerre a débutée. Sur les plaines berthildoises, au levé du soleil, les deux osts se sont affrontés. D'une part les mille deux cent soldats d'Olyssea, à l'étendard du loup et ses bannerets. De l'autre les forces coalisés, l'alliance entre le cerf de Sainte Berthilde, comptant plus de deux milliers d'hommes incluant Kelbourg et moi-même, et le bélier d'Odélian accompagné de l'un de ses vassaux, rassemblant à eux deux deux autres milliers de soldats. Pour plus de cohérence et afin d'éviter l'indescriptible cohue de la bataille face aux eraçons, nous avions décidé qu'il n'y aurait que deux principaux meneurs: Adelin qui dirigea, au nom de la marquise, les troupes d'archerie puis celles postées en défense. L'autre était Grégoire, à la tête de la cavalerie et de l'infanterie, incluant mes hommes et moi-même.

Comme dans bien des batailles, l'archerie ouvrit les hostilités. Arcs, arbalètes, scorpions et onagres firent pleuvoir la mort des deux cotés, avec un avantage pour nous de par notre nombre. En retrait, fantassins et cavaliers n'attendaient qu'un ordre: celui de la charge. Assis sur mon fidèle destrier noir de jais, vêtu de l'armure qui m'accompagne dans les batailles depuis nombre d'années, j'observais. J'observais la bataille qui venait de débuter, posté au coté de Grégoire d'Odélian, à proximité du flanc droit. Quand finalement le moment tant attendu arriva, je sentis un frisson d'excitation me parcourir l'échine. Voilà longtemps que je n'avais pris part à une vraie bataille. Je fis signe d'avoir compris mon supérieur provisoire et je rejoignis mes troupes. Après quelques paroles savamment choisies afin de galvaniser les hommes, les cavaliers légers aux trois roses entrèrent à leur tour dans la toute nouvelle mêlée afin de faire couler le sang des traitres olysséns. La cavalerie lourde, elle ne connu pas l'honneur de participer à cette bataille.
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MessageSujet: Re: L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin.   L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin. I_icon_minitimeSam 15 Déc 2012 - 14:54

    La réponse ennemie ne décocha aucun frisson, aucune peur dans le regard des hommes de la Louve. Ils étaient préparés, bien trop enivrés déjà par le sang précédemment versé pour avoir gardé une quelconque once de raison. Leurs mains étaient déjà abîmées par les cals de leur nuit de lutte, leurs souffles étaient haletants. Ils brûlaient d’impatience. Lorsque l’ombre des troupes honnies se forma à l’horizon, il n’y eut pas plus d’émoi. La peur n’évite pas le danger, disait-on facilement, et ces hommes-là, ceux bâtis par les époques houleuses des terres olysséennes, savaient bien la maxime vraie. La baronne le leur avait promis, et elle leur offrait ce qu’ils attendaient. Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent, leur résolution était forte et ne souffrait d’aucune entrave ; car une fois que la faim de l’animal est attisée, le reste n’a plus aucune sorte d’importance. La guerre avait commencé, et la fureur habitait toute la soldatesque olysséane. La frustration de l’attente, la haine, la moiteur sanguinolente des corps, tout incitait à la débauche de chants barbares pour s’encourager, de cris de guerre pour se provoquer. On insultait ça et là l’ennemi, on le réduisait à néant par la parole en accompagnant ces jets verbaux de flèches assassines. Si chaque camp faisait grimper chaque poignée de secondes son nombre de victimes un peu plus, ce fut dans un capharnaüm indicible que le combat se prolongea sous l’ordre des plus hauts-gradés.

    Alors que ce combat entre archeries continuait – archerie, domaine qu’Olyssea affectionnait publiquement -, Clélia d’Olyssea, qui avait surveillé le démarrage des hostilités d’un œil lointain, se vit rappelée à l’ordre et tirée de son poste d’observation par son petit cortège de la garde pourpre. Il ne fallait pas rester. Elle avait donné toutes ses directives, son rôle prenait donc fin à l’aube de cette bataille première et finale. Alors que le noyau dur responsable de ce chaos imprévisible tournait le dos définitivement à la scène qui se déroulait aux pieds de Cantharel, l’on vit pour la dernière fois la silhouette de la Louve disparaître dans la cavalcade furieuse de ses protecteurs ... Pour ne plus jamais reparaître.

    L’on dira que la jeune noble avait été capturée par une horde de villageois, furieux de la trahison de cette enfant issue du sang maudit par la trahison. D’aucuns prétendront plutôt que tout ceci n’était qu’un enlèvement à imputer à l’impure thaarie, ou à ses sbires du nord. Les rumeurs allaient parfois jusqu’à souffler que, prise de folie et de troubles psychotiques violents, la baronne avait disparu dans la nature dans une crise de paranoïa, rongée par la peur de ses propres actes. Les théories les plus fumeuses avançaient même que des sauvageons la détenaient car elle avait en son ventre fécond leur prochain dieu, une abomination, ou un enfant de la Bête.
    Qui savait.



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MessageSujet: Re: L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin.   L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin. I_icon_minitimeMer 19 Déc 2012 - 12:01

La troupe arriva en vue de Cantharel qui était assiégée par les gens d'Olyssea, ceux-ci ne reculèrent pas et ils firent front. Vu la différence conséquente d'effectifs en faveurs de l'ost allié, les rebelles (ils seront appelés ainsi si la Marquise l'emporte, sinon ce sera les sauveurs) s'organisèrent sur une position défensive. Le Comte d'Odélian avait parlé le matin même, demandant à prendre le commandement en raison de son savoir faire et vu son titre, il était logique et sa fonction d'allié, il fut de bon ton de ne pas le froisser. Ainsi c'est donc le mentor de Jérôme qui prit les décisions, secondé par un nommé Adelin, fidèle de la Marquise de Sainte Berthilde. La capitale n'était pas tombée, elle résistait encore, si tant est que l'assaut avait été donné.

Les ordres fusèrent, la troupe coalisée s'avança pour faire barrage entre les murs et l'ost d'Olyssea. L'organisation fut meilleure de par la coordination, l'infanterie prit place au centre en compagnie des archers et des arbalétriers pendant que le Comte se plaçait avec ses chars et la cavalerie légère sur le flanc droit. Jérôme, de son côté, se trouvait avec la cavalerie lourde et ils étaient sur le flanc gauche. Le Baron d'Etherna avait reçu comme instruction de rester en retrait et de juger si une occasion se profilait pour une charge mais avant cela, il devait s'assurer qu'aucun renfort ennemi n'arrivait pour appuyer le baronne d'Olyssea et si c'était le cas, de prévenir et de tenter de les ralentir, voir de les abattre.

Il prit comme d'habitude son rôle au sérieux et il fut très vigilant à ce que tous obéissent. Ce n'était pas facile car les habitants de Sainte Berthilde étaient avides de prendre leur revanche et l'escarmouche de la veille, si l'on pouvait appeler se massacre ainsi, n'avait pas suffit à rassasier le besoin de sang des berthildois. Pour preuve de ce soucis, une petite troupe d'arbalétrier quitta la ligne et se précipita au devant de l'ennemi. La corne de rappel sonna mais il était un peu tard pour ces bougres qui subissaient déjà un tir nourrit. En parlant de tir, les armes de sièges avaient également été positionné et le Comte tentait d'ajuster les jets.

Maintenant que tout ce beau monde était placé comme il le fallait, ce fut aux troupes alliées de prendre les devants, ils entamèrent leur marche funèbre vers l'armée olysséenne qui attendait de pied ferme. Vu leur position d'attente, les archers "ennemis" ouvrirent le bal et gagnèrent le premier sang, les hommes de Sainte Berthilde, d'Odélian et d'Etherna subirent les volées successives, marchant sur les corps qui tombaient, soit mort, soit gesticulant en tout sens suite à une blessure douloureuse. Jérôme avait bien évidemment délégué la surveillance aux alentours et il était attiré par les forces etherniennes, ses hommes à lui. Depuis la dernière rébellion, les seigneurs d'Etherna étaient composés de fidèles d'Odélian qui s'étaient vu remettre des terres sur la baronnie et d'anciens soldats d'Etherna qui n'avaient gouté que la défaite depuis plusieurs années avec deux colonisations. Le gout de la défaite n'était pas la meilleure amie lorsqu'un nouveau combat se profilait et même si les derniers affrontements dataient, il n'était pas aisé d'oublier cela.

Les prémices de la bataille étaient donc au profit des défenseurs olysséens mais voila que l'infanterie arrivait au contact, faisant cesser le pilonnage des mangonneaux de peur de faire pleuvoir la mort sur leurs propres soldats. Les scorpions continuèrent de leur côté de tirer en cloche sur les positions arrières de l'adversaire. Le sang coulait à flot comme dans toutes les batailles, les cris d'agonies ne tardèrent pas à se faire entendre malgré le vacarme qui avait envahit la plaine, sous les murs de Cantharel. Le fracas des armes était assourdissant malgré la distance qu'il y avait avec la cavalerie lourde. Il était indéniable que la troupe alliée avait l'avantage du nombre, surtout vu de l'endroit ou Jérôme se trouvait mais les fidèles de Clélia étaient de farouches guerriers et comme ils s'étaient regroupés avec les archers pour les appuyer, ils tinrent bon dans un premier temps qui s'éternisa.

Les archers coalisés arrivèrent à portée à leur tour et ils déchainèrent leurs traits, soutenant leurs propres fantassins. Ils étaient regroupés à l'arrière de l'infanterie et les volées se succédaient, prenant leur lot de victimes à chaque salve et éclaircissant les rangs. Le comte fit sonner la charge de ses chars et il partit, accompagné de la cavalerie légère, Jérôme guettait à présent une ouverture mais c'était un véritable capharnaüm et il était compliqué de trouver un endroit pour faire passer les chevaux. Les secondes passèrent, elles devinrent des minutes qui s'accumulèrent, devenant des heures. Les charges cumulées des chars, de la cavalerie légère et des fantassins commença à faire pencher la balance et la formation olysséenne commença à donner des signes de faiblesse. Les soldats étaient de plus en plus esseulés au fur et à mesure que les guerriers tombaient sur le champ de bataille. Il ne resta alors plus que l'élite des troupes de la Baronne, qui se composait d'hallebardiers émérites qui se mettaient en position.

L'attente en arrière était longue quand il n'y avait pas grand chose à faire, Jérôme observait et il fut indéniable que les troupes coalisées avaient prit l’ascendant et que la victoire ne pouvait plus leur échappé sauf coup du sort.
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Valerian d'Adhémar
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MessageSujet: Re: L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin.   L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin. I_icon_minitimeMer 16 Jan 2013 - 15:01

~~ Sainte-Berthilde , an 7 du 11e cycle ~~

Le convoi fiché de la bannière aux trois roses n'est plus qu'à quelques lieues de Cantharel. Suivant les ordres du seigneur d'Adhémar, ils se sont éloignés de la route afin de traverser une plaine aux herbes folles. Et suivant les ordres du ser d'Adhémar, le convoi s'arrête au bas d'une colline. Le noble descend de son destrier et, le regard au loin comme s'il tentait de s'imaginer la bataille qui avait eu lieu un an auparavant, avança dans la plaine sous le regard attentif de ses gardes.
" Capitaine Eiphrem! " Hèle-t-il.
" Oui monseigneur ? " Répond le plus gradé des soldats.
" Approche ! "
Mettant pied à terre, le capitaine s'exécute. Ce n'est que lorsqu'il est à deux pas de son souverain que ce dernier reprend, d'une voix plus basse.
" C'est ici que cela s'est passé, n'est-ce pas? "
Ne comprenant pas le sujet de la question, le capitaine prend un regard surpris. Sans même tourner le regard vers lui le noble seigneur précise sa question.
" Lors de la dernière bataille de mon père. Tu y étais, n'est-ce pas ? "
" J'étais avec lui, oui. Et j'étais là quand… Quand c'est arrivé. "
" Je sais, c'est pour cette raison que je t'ai choisi pour cette escorte. Nous avons encore nombre d'heures avant la fin du jour, et Cantharel est proche. Avant de continuer, j'aimerai que tu me raconte comment cela s'est passé. Comment c'est arrivé. "
Surpris, le soldat reste muet pendant quelques secondes. Puis il rassemble ses souvenirs et commence son récit.
" La bataille s'est déroulée un peu plus loin, au niveau de la grosse pierre. La cavalerie légère venait de charger l'archerie ennemie et … "

L'archerie venait de charger l'archerie ennemie et le ser d'Adhémar avait insisté pour participer en personne à cette bataille. " Je ne puis rester en retrait à regarder d'autres protéger nos terres ! " avait-il déclaré, avant que les troupes ne soient positionnées. C'est pour cela, je crois, que nous étions avec les chars odélians et non avec le gros de la cavalerie.

La bataille faisait rage et les soldats, d'un côté comme de l'autre, défendaient chèrement leur peau. A ce moment, j'avais été désarçonné par un piquier olysséen et je m'étais retrouvé à me battre au sol. Je reprenais mon souffle après avoir défait mon adversaire quand je l'ai vu. Le cheval de votre père ruait, le Ser d'Adhémar sur son dos. Et un homme à la bannière du loup en profita. La lame de sa hallebarde trancha le cou du destrier de jais, taillant dans la chaire du fier compagnon. L'animal, privé de sa vie, tomba de côté.

Je vis votre père au sol, la jambe prisonnière du corps de l'animal. Mais il était fier, votre père. Et malgré sa jambe coincée, je le vis brandir son épée vers le soldat à la hallebarde. Ce dernier cependant était debout, et il s'apprêtait à mettre fin à la vie de sa seigneurie. Alors saisi une lance qui se trouvait près de moi et la lançai. La lance traversa son cou, le soldat cracha du sang, et s'effondra. Je couru ensuite vers le ser d'Adhémar pour l'aider à se libérer, mais le corps du cheval était trop lourd. J'ai alors tenté de le tirer, mais rien n'y a fait. Heureusement deux hommes à la bannière du cerf nous ont vu et sont venus à mon aide, et finalement nous parvînmes à tirer sa seigneurie de ce piège.

Cependant sa jambe était dans un état… Horrible. Je vous prie de me croire, ce n'était pas beau à voir. Ecrasée, lacérée, un morceau de hampe de lance traversait le mollet… Et il perdait du sang, beaucoup de sang. Je n'avais pas grand espoir pour votre père, je l'avoue. Mais avec l'aide des deux soldats de Sainte Berthilde je réussis à nous frayer un passage dans la mêlée et amener sa seigneurie hors du combat. Il était solide, votre père, et il était resté conscient tout du long, à vociférer des insultes visant la louve traitresse et son armée. Les médecins l'ont examiné dès mon arrivée dans la tente des blessés, mais la blessure était grave. Ils tentèrent tout de même de soigner sa jambe, mais le reste vous le savez probablement déjà.


Valerian avait écouté l'histoire sans dire un mot, tentant de n'en pas perdre la moindre bribe, le moindre détail.
" Oui, mon frère me l'a dit. Les blessures se sont infectées, père a été pris de fièvres et de douleurs, et la mort l'a emporté. Merci, tu peux retourner aux chevaux. Nous allons reprendre la route. "
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Hans
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MessageSujet: Re: L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin.   L'inconscience, cette petite étincelle de feu divin. I_icon_minitimeSam 26 Jan 2013 - 22:54

Le formidable duel d’archerie avait laissé place au choc d'homme à homme, et chacun avait eut à cœur de faire avaler à son adversaire la livre d'acier réglementaire. Il s'avérait que les bonnes piques bredaniennes, aux fers touts droits sortis des fourneaux de Kahark, demeuraient un casse-dalle quelque peu indigeste. La position olysséenne reçut ainsi ses contempteurs roidement, tâchant de rendre coup pour coup à un ennemi en surnombre. Sans démériter une seule fois, les piquiers bredons repoussèrent sans relâche la horde, les longues vergues ne se brisant que pour laisser le jeu aux katzbalger.

L’héroïque résistance finit néanmoins par céder, lorsque du Nord émergèrent l'escouade berdevine. Pris sur son revers, la galante archerie olysséenne ne put que tirer ses dernières flèches, avant de s'en aller rejoindre son créateur. Au cœur de ce barnum mortifère, ne se tinrent bientôt plus que deux carrés, dont les hallebardes aux pennons de sinoples témoignaient de leur provenance kaharkienne. Il s'agissait là de la fine fleur issue des mont-corbeaux, dont l'ardeur ici bas devait faire s'esbaudir leurs illustres ancêtres sis dans les paradis célestes, les fameux Cent, dont la légende retombait en ce moment même sur leurs descendants. De chacun des carrés, avec ce panache qu'on les montagnards de Kahark, les compatriotes s'invectivaient mutuellement, allant jusqu'à pousser leurs alliés à la fuite. Il apparut évident que chacun désirait, maintenant que tout était perdu, demeurer le dernier carré sur le terrain.

"-Fuyez, nous gardons la baronne sauve!
-Et qui défendra son fils? Sauvez vous donc!
-Morbleu, que faisons des bagages ?
-Au diable! Partez!
-Non pas!"


Il sembla alors impossibles que de pareils hommes fussent emportés par la furia qui les entourés, et à vrai dire, la fin de tels démiurges ne pouvait venir que d'eux même. C'est ce qui se produit, quand à court de paroles - c'était pourtant chose rare - les confrères se chargèrent l'un l'autre. Les deux carrés restés jusque là imperméable à tout ennemi se brisèrent l'un sur l'autre, et ceux présents là purent encore se souvenir du fracas assourdissant de cette folle vindicte. Le bellicisme des hommes eut raison de leur vie ; mais n'était-ce pas là leur destinée qu'il accomplissaient ? Les phalanges achevèrent de s'éviscérer, tandis que la cavalerie d'odelian piétinait les cadavres. C'est sur ces entrefaites que le comte aborda le champ de bataille...



*
* *



Le bon Hans se surprenait à trouver quelque beauté dans le spectacle morbide qui s'offrait ci-devant. Ayant trop tardé à se montrer, il contemplait le désastre ; sa position demeurait la meilleure, car il avait contourné l'ost entier de son ennemi, afin de lui charger au dedans du flanc. Mais que n'eut il donné pour une heure de temps ? La victoire eut été éclatante. Désormais, l'homme se perdait dans quelques considérations sur la couleur des masses armées - il se figurait ainsi l'ensemble comme un grand flou expressionniste, lui pourtant ignare en la matière. Un page vint le ramener à ses occupations plus prosaïques, demandant quels ordres exécuter.

"Que ne les comprennes tu de toi même, pleutre! La victoire souhaite nous échapper, alors courrons lui sus, jusqu'aux sept portes des sept enfers, s'il le faut! Il talonna son cheval, s'exposant à l'entière vue de tous ses hommes, de la sorte que faisaient les héros des mythes - parce que merde, il eut été inconvenant de rater l'occasion d'une homélie. "Il y a des siècles de cela, les marquis et les rois nous achetèrent la lance et par là même la victoire, contre la paix et l'or. Que nos ancêtres ont choisi sagement, sans cela nous ne pourrions prétendre au tout. Car nous avons la lance, et nous aurons la victoire! Haro!" L'étourdissante harangue était terminée.

"À la victoire! À nous la victoire! Aux lances! Victoire! À la victoire! Aretria Invictus! Sainte-Nééra! éructèrent en cœur les reîtres arétans, dont le vacarme ne put être surmonté que par la voix du comte : FOUDREE PANTOUFLE! L’immémorial cri de bataille sonna la charge.

Alors que la horde s'élançait au pas, un sifflement déchira les airs. Les plus proches du comte purent entendre cette âme supérieure, se retournant avec une lenteur résignée face à la menace, murmurer avec ce truculent fatalisme qui l'avait toujours caractérisé "Ah, monde de merde." Le dard acéré perça de part en part sa plate, et ce fut sous les sauve-qui-peut que notre héros, décidément au comble de son ironie, devançait malgré lui ses soldats, traité à terre par sa monture, jusqu'à ce qu'il ne disparaisse de l'horizon.



Fin
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