Siège de Serramire. (PV)

Maélyne confirma qu'aucun mal ne lui avait été fait, ce fut une bonne chose, Jérôme détestait que l'on fasse du mal inutilement. Elle enchaina alors, parlant plus que ne l'aurait pensé le baron, bien que cela ne le dérange aucunement, bien au contraire. Il semblait, mais peut être qu'il se trompait, que la franchise venait d'être le maitre mot de cette conversation et c'était une chose qu'il appréciait fortement. Il n'interrompit pas la dame qu'il avait en face de lui, l'écoutant patiemment avec intérêt. Elle demanda l'autorisation de voir ses gardes qui avaient été écarté d'elle à leur arrivée à Serramire puis elle répondit avec un sourire lorsque Jérôme lui parla de sa reddition, elle avait parfaitement prit l'ensemble du problème qui se posait et elle n'avait pas voulu sacrifier des gardes pour retarder l'attaque et s'enfuir, c'était une chose qu'appréciait également le baron, la vie était précieuse et il ne fallait pas la gâcher. Elle en vint ensuite au vif du sujet qui l'avait amené à venir à Serramire-la-ville. La elle parla de son abdication et que cela ne l'empêchait pas de s'inquiéter du peuple, elle marqua un point de grande importance vis à vis de Jérôme qui se souciait également de la populace, chose qui était rarement le cas de la noblesse. Il souleva ses sourcils de surprise mais reprit une attitude stoïque pour écouter la suite. Cette dernière (la suite) fut encore plus étonnant, l'ancienne marquise n'y allait pas avec le dos de la cuillère, elle expliqua ce qu'elle savait et demanda au baron de but en blanc, même si c'était très légèrement détourné, un compte rendu de son entrevu avec Brochant et ce qu'il en était de Versmilia.

Un silence gênant s'installa, non pas qu'il ne voulait pas répondre mais c'était intentionnel. Jérôme se rendit compte en même temps qu'il avait manqué à tous ses devoirs. Il indiqua une chaise à Maélyne

"Je suis bien rustre de vous laissez debout, veuillez me pardonner et prendre place"

Il marqua une nouvelle pause théâtrale

"J'accède volontiers à votre requête, vous pourrez voir vos gardes comme vous l'entendez. J'irais même plus loin, si ceux-ci font serment de ne point attaquer mes hommes, ni d'aider un adversaire, je leur permettrais d'assurer votre protection dans l'enceinte de la maison qui fait office de logis pour votre suite et vous même."

Il était magnanime, n'importe quel noble l'aurait su mais il pouvait comprendre aussi le soulagement d'être protégé par quelqu'un que l'on connait ainsi que celui du chevalier qui avait fait serment de protéger quelqu'un. Il s'arrêta un instant, laissant la marquise prendre en considération ce qu'il lui accordait et il reprit

"Les guerres n'épargnent malheureusement personne et il est évident que la prise de Serramire en fut une étape. Vous n'êtes pas sans savoir qu'il est impossible de ne pas faire ou subir de pertes dans un assaut. Ainsi il y en eut le soir de la conquête de la ville, un incendie s'est déclaré dans le sud et naturellement les soldats en faction se sont défendus. Pourtant, je suis de ceux qui s'inquiète du peuple et j'ai tout fait pour épargner le plus possible la population. La chance d'une attaque surprise à également permit de prendre nombre de soldats sans résistance ou minime, je vous assure donc que le nombre de morts à été minimisé le plus possible. Que cela soit grâce à moi ou pas, je n'en sais rien, louons les Dieux qui ont fait en sorte que tout soit possible avec aussi peu de perte en vie humaine."

Encore une fois, il stoppa son monologue, laissant en suspend le reste des questionnements de l'ancienne marquise. Il s'agissait tout de même d'entrevues privées qui étaient importante pour la suite et Maélyne était celle qui devait être à la tête de Bastylle qui se trouvait la dernière châtellenie à se rebeller. Mais le fait qu'il se retienne n'était pas qu'il ne voulait pas répondre, il savait déjà qu'il le ferait, juste il voulait marquer le coup et il espérait qu'elle se rendait compte que tout ce qu'il faisait était une faveur. Il ne garda qu'une seule information secrète pour le moment, c'était le fait que Bastylle lui avait été promise, cela viendrait dans la conversation il en était certain mais il ne voulait pas "agresser" la dame

"Vos informations sont correctes mais elles dates un peu, les choses ont évolué il y a peu. Brochant veut effectivement devenir marquis et je l'ai rencontré, c'est exact. Lourmel s'est rallié à lui ainsi que les forces éparpillées de Serramire et de Versmilia. Nous avons fini par trouvé un arrangement et j'ai décidé de l'appuyer pour accéder au titre de marquis, ne vous en déplaise. Mon intention en venant dans ce marquisat a toujours été de le redresser et non de l'embourber plus qu'il ne l'est déjà. Ainsi le siège a été levé de Versmilia, mes troupes sont en ce moment en train de rallier la capitale et nous attendons l'ost de Brochant qui ne devrait plus tarder à arriver."

Cette fois-ci, la pause fut courte, il enchaina car il voulait demander des choses à l'ancienne marquise et il ne voulait pas la laisser répondre avant qu'il ait terminé sa demande

"Madame, pardonnez mon audace mais comment se fait il que vous ayez abdiqué ? j'ai connaissance du manque cruel de soutien des châtelains dans une telle entreprise et du manquement à leurs devoirs, mais pourquoi êtes vous partis alors que le marquisat avait plus que jamais besoin de quelqu'un à sa tête pour le guider et redorer son blason ? c'est une question qui me chagrine. De même qu'en est il de Bastylle, savez vous pourquoi ils se sont rebellé contre vous ? et pensez vous qu'il y ait un moyen de les ramener à la raison ?"

Les questions étaient posées et les éclaircissement faits, la balle était dans le camp de Maélyne. Il l'appréciait de plus en plus, contrairement à l'image qu'il avait d'elle alors qu'elle avait abdiqué et quitté la région, laissant tout en plan et le peuple livré à lui même et surtout aux bandits.

La discussion était bien entamée maintenant, il n'y avait pas de faux semblant désagréables et Jérôme ne voyait pas de jeux politiques, peut être qu'il se trompait mais sinon c'était agréable. Maélyne remercia le baron et accepta son offre concernant ses gardes puis elle entreprit de répondre à la question sur son abdication. Il semblait qu'elle n'avait pas eu l'éducation requise pour se mettre à la tête d'un marquisat. Cela était difficile, c'était évident mais une éducation n'avait jamais fait un seigneur aux yeux de Jérôme. Le cœur et la compétence était les principales armes que devait avoir une personne qui dirige une terre et la femme qui lui faisait face semblait, du moins pour le moment et à moins qu'il ne se trompe lourdement, posséder les deux. Un autre élément qui lui sauta à l'oreille fut le fait que le conseil ne sembla pas l'avoir épaulé comme il se devait. Certes il n'est pas facile de s'imposer mais si les conseillers l'avaient accepté comme il se devait, ils auraient pu faire plus. Lorsqu'elle parla de sa manière de parler avec franchise, le baron se demanda alors si selon les critères de Maélyne, lui même avait l'envergure pour diriger une baronnie... Elle passa ensuite à son départ qui n'avait rien d'une fuite. Il s'agissait tout simplement de tractations commerciales. On pouvait se demander s'il était perspicace de quitter le marquisat dans l'état ou il était, il aurait été plus éclairé que la rencontre se déroule à Serramire, mais la seule qu'on pouvait dire, c'était que le résultat avait été désastreux pour la dame.

Vint le temps de discuter de choses qui peuvent fâcher, la dame était vive d'esprit contrairement à ce qu'elle semblait dire lorsqu'elle parlait de la gestion d'un fief. Elle avait donc bien compris les tenants et les aboutissements de la négociation qu'il y avait eu entre Brochant et Jérôme. Le visage du baron montra un signe connu chez les enfants, son nez retroussa non en dégout mais comme quelqu'un qui s'est fait prendre. Il reprit rapidement son attitude posée et neutre mais le mal était fait. Enfin, comme il n'avait pas l'intention de le nier, ce n'était pas si grave, juste il ne pensait pas en arriver la aussi rapidement. La dame était après tout la châtelaine de Bastylle et malgré la rébellion, elle en restait le seigneur avec les droits qui allaient avec. Par contre elle avait dit que pour calmer les choses, il était de bon ton de l'éloigner, c'était donc peut être contradictoire avec des prétentions. De plus, pour le moment, Jérôme ne voulait pas entrer en conflit avec cette femme qui avait déjà perdu beaucoup. Il se demandait d'ailleurs quelle serait la réaction de Brochant si elle faisait des histoires mais lui même était lié par un serment qu'il n'avait pas oublié. Elle marqua une pause avant de conclure en expliquant qu'elle était prête à renoncer à Bastylle en échange de certaines conditions. Voila qui était étonnant vu sa situation, elle était après tout entre les mains de Jérôme et sa châtellenie était en rébellion ouverte contre elle, que pouvait elle bien avoir à demander ? enfin il ne risquait rien à lui demander ce qu'elle voulait, il serait temps d'aviser ensuite, la conversation était pour le moment cordial et il voulait que cela continue ainsi

"Pour ce qui est de vos gardes, ce n'est plus qu'une formalité. Dès que nous en auront terminé, nous officialiseront cela afin que vous vous sentez mieux."

Une chose de faite

"Je comprends mieux, il est affligeant de constater qu'une simple visite se transforme en un problème si grand. Si je comprends bien, le conseil ne vous a pas apporté tout le soutien qu'il aurait du et ils n'ont jamais réussi à vous imposer devant les autres seigneurs ? ont ils vraiment essayé ou ne voulaient ils pas tout simplement de vous à la tête du marquisat ? Vous voyez, personnellement, je ne pense pas qu'une éducation soit la seule chose à avoir pour diriger une terre et je suis certain qu'avec de la pratique, vous vous en seriez très bien tiré."

Maintenant il fallait répondre aux dernières questions, chose qui n'était pas aisé. Mais Jérôme n'était pas homme à se voiler la face ou se cacher, il répondit donc comme il l'avait fait depuis le début

"Vous prouvez que vous être plus que compétente en politique. Vous avez parfaitement compris ce qu'il est ressortit des accords avec Brochant. En effet celui-ci m'a promit Bastylle en échange de mon soutien et j'ai accepté. Maintenant que vous êtes la, je me demande s'il va y avoir des complications mais vous semblez prêtes à négocier. Vous m'étonnez d'ailleurs car même si vous avez suivit mes hommes de plein gré, vous êtes maintenant sous ma protection" (c'était plus habile et neutre que de dire "entre ses mains) " et vous venez pour me faire une proposition. Je vous écoute donc madame d'Outremont, je vous permet de les transmettre, je me vante de tout faire afin de ne point être rustre, vous avez donc toute mon attention, je vous écoute."

Restant assis sur sa chaise et malgré lui, il avança le haut de son corps en avant afin de se rapprocher de la dame, preuve qu'il était très attentif

La dame d'Outremont resta évasive sur l'aide apporté par le conseil, Jérôme espérait qu'à l'avenir, cela ne se reproduirait plus et qu'ils feraient enfin leur devoir envers leurs seigneur. Elle passa immédiatement à l'éducation et bien qu'étant d'accord avec Jérôme, un marquisat, ce n'était pas facile et cela il voulait bien le croire. En tout cas elle semblait avoir tourné la page et ne plus vouloir l'être.

"Je comprends, sans quelqu'un de confiance, c'est en effet une tâche ardue que celle de diriger une région, surtout un marquisat."

Suite à l'allusion à la protection offerte par le baron, l'ancienne marquise expliqua que si sa sœur savait cela, les choses ne se passeraient pas forcément très bien. Jérôme sourit en entendant cela, il savait qu'il parlait à une personne qui était vive d'esprit. Elle passa ensuite à une histoire de vendetta entre la famille d'Outremont et celle de Brochant ainsi que la peur qu'elle avait si ce dernier devenait marquis. Jérôme se demanda si Brochant en arriverait à faire des représailles alors qu'il acceptait l'aide de la sœur de Maélyne, ce serait étrange et lui même ne cautionnerait jamais cela, pas pour une simple vengeance, à moins qu'il y ait quelque chose qu'il ne savait pas.

L'ancienne marquise passa de nouveau à autre chose, une chose à laquelle Jérôme ne s'attendait pas. Elle commença à parler de la dame de Lourmel et d'une possible union qui amènerait des terres supplémentaire au baron. Elle s'arrêta d'un seul coup dans son monologue et un silence s'installa. L'idée faisait son chemin dans l'esprit de Jérôme, il était prit de cour et ne savait pas quoi répondre. Les deux sœurs en avaient elles discutées par courrier avant que Maélyne ne se retrouve ici même ? il ne la connaissait même pas. bon certes la noblesse se moquait de ce genre de préoccupations, les mariages d'arrangement étant fréquents mais le baron n'avait jamais envisagé cela lorsqu'il pensait à sa futur compagne. Il n'eut pas le temps d'y réfléchir très longuement car ils furent interrompu par un garde qui parla d'une urgence. Un des gardes personnels de la dame de Lourmel, un certain Jonathan était arrivé blessé. Il disait qu'ils étaient tombé dans une embuscade et que la sœur de Maélyne avait été faite prisonnière. celle-ci réagit immédiatement, elle se leva et après avoir demandé ou se trouvait le garde, elle s'y précipita. Jérôme emboita le pas à la dame d'Outremont, ne s'offusquant pas de l'interruption de leur conversation. Ils arrivèrent dans la tente des blessés ou se trouvait l'homme. Jérôme fit sortir tous les gardes qui avaient suivit Maélyne de peur qu'elle ne s'enfuit afin d'avoir un minimum de personnes présentent et de laisser de l'air et lui même s'approcha. Il ne savait pas si le garde savait ou il se trouvait, ni même s'il comprenait vu son état

"Pouvez vous nous dire ce qu'il s'est passé ?"

Il n'y avait pas grand chose à dire, les personnes présentent étaient suspendues à la réponse et aux explications de Jonathan

Jonathan raconta son histoire aux personnes présentent, il y avait eut bataille et tout le monde était apparemment mort à l'exception de cet homme et de la sœur de Maélyne qui avait été capturé. Le garde s'était réveillé avec un parchemin autour du cou qu'il tendit à la dame d'Outremont, celle-ci commença à le lire à haute voix. Il semblait que c'était Bastylle qui avait capturé Lyanna, ils demandaient l'appuie militaire de Lourmel en menaçant de lourdes représailles si ce n'était pas accepté.

Voila qui compliquait la situation, qui dirigerait maintenant Lourmel et la personne qui s'en chargerait avait elle déjà connaissance des faits ? si c'était le cas, Lourmel soutiendrait il encore Brochant ou accepterait il l'ignoble chantage qui était en cours ? cela changerait radicalement la donne. Maélyne semblait au bord du malaise, les yeux brillants de larmes qu'elle retenait. La baron comprenait l'état d'âme de son interlocutrice si celle-ci avait la même façon que Jérôme de voir la famille. Elle demanda à rester auprès de Jonathan, promettant de continuer leur entretien ultérieurement.

"Bien entendu ma dame, nous reprendrons plus tard, prenez votre temps."

Il sortit, ne laissant qu'un seul et unique garde dans la tente, les autres restants à l'extérieur. Il avait maintenant pas mal de choses à faire, la première fut d'envoyer un message à Brochant afin de lui demander ou il se trouvait de sa route pour Serramire ainsi que de ce qu'il venait d'apprendre sur Lourmel. Il s'abstint pourtant de parler de la présence de Maélyne, non pas qu'il voulait faire des secrets mais celle-ci semblait craindre le châtelain et il préférait tirer cela au clair avant de prendre une décision. Il convoqua ensuite des espions et des éclaireurs qu'il envoya vers Bastylle en plus de ceux y étant déjà, avec pour instruction de retrouver la trace de la sœur de Maélyne. S'il savait ou elle était détenu, il aurait alors la possibilité d'agir plus rapidement. Il se rendit ensuite au temple de Néera afin de prier pour la dame. Il alla enfin à l'endroit où les gardes de Maélyne se trouvaient, il leur proposa ce qui avait été convenu avec la dame d'Outremont. Ceux-ci ne se firent pas prier et ils prêtèrent les serments leur permettant de continuer à protéger leur seigneur. Il les renvoya vers elle en même temps qu'il lui demanda de le rejoindre de nouveau, informé que Jonathan était endormi.

La journée était bien avancé, le soleil avait terminé sa course depuis un moment et il avait disparu à l'horizon, laissant la clarté qui précédait la tombée de la nuit. Maélyne entra dans la tente pour la seconde fois, elle s'était changé, portant une robe toute simple. Cette fois-ci, Jérôme la fit s'assoir immédiatement après qu'elle l'eut salué et demandé pourquoi il l'avait fait appeler.

"Ma dame, l'histoire qui vient de se dérouler est une tragédie. Je puis vous garantir que j'ai déjà envoyé des hommes afin d'en savoir plus sur le lieu ou se trouve votre sœur afin de la délivrer le plus rapidement possible."

Il marqua une pause avant de reprendre

"Je vous prie de m'excuser pour mon insistance mais avant d'être interrompu, vous avez dites des choses qui m'ont interpellé. Tout d'abord, vous avez fait illusion à une possible vengeance de Brochant envers votre famille. Comment se fait il dans ce cas que votre sœur ait voulu l'appuyer dans son entreprise ? et quels sont les craintes que vous avez ?"

Une nouvelle pause

"De plus vous me parliez de vos conditions mais vous n'avez pas eu le temps de m'en dire plus, je vous écoute donc. Plus vite nous aurons réglé ces questions et plus il sera aisé de dénouer les problèmes qui pourraient se poser."

Il ne parla bien évidemment pas de la fin, lorsqu'elle parlait de mariage, cela aurait été inconvenant vu la situation actuelle et il ne savait pas très bien quoi en penser pour le moment

L'ancienne marquise remercia Jérôme pour sa promptitude à réagir. Elle entra ensuite dans une explication de ses craintes envers Brochant. Ce dernier avait été emprisonné sur ordre des seigneurs de Bastylle et la famille d'Outremont avait soutenu cela. Ce qu'elle dit par la suite inquiéta le baron, elle pensait qu'une fois sur le trône de Serramire, le nouveau marquis assiège Lourmel lorsqu'il aurait reconstitué une armée. Jérôme ne répondit pas, la laissant terminer ce qu'elle disait mais il reviendrait sur ce point ensuite. Maélyne continua donc, indiquant la peur pour son héritage et de le voir disparaitre ainsi que du peuple qui leur avait fait confiance depuis assez longtemps. Continuant à parler, ils en revinrent la ou ils s'étaient quittés lorsqu'un garde avait annoncé que Jonathan était à Serramire et qu'il avait un message. Cette fois-ci, ils ne furent pas interrompu et elle alla au bout. Ce qu'elle voulait, c'était une alliance entre Bastylle (une fois qu'il serait sous la tutelle de Jérôme) avec Lourmel et qu'ensemble, ils se protègent mutuellement. Elle alla même plus loin lorsqu'elle dit qu'elle avait pensé à une union entre sa sœur et le baron. La situation présente remettait bien évidemment tout en cause. Elle avait commencé à trembler avant de se mettre à pleurer ouvertement, au grand désarroi de Jérôme qui n'était pas bon pour consoler les gens.

"Ne vous excusez pas, ma dame, votre réaction est naturelle, je comprends votre peur en ce qui concerne le traitement infligé à votre sœur. J'espère que mes espions trouveront rapidement l'endroit ou elle se trouve et que nous réussirons à la délivrer aussi vite que possible."

La situation était tendue du fait des évènements mais la politique était importante pour la noblesse et il fallait battre le fer pendant qu'il est encore chaud. Jérôme prit donc sur lui et de son envie de laisser la dame tranquille.

"Vous pensez vraiment que Brochant se retournerait sur Lourmel une fois qu'il aurait eut ce qu'il voulait ? Votre sœur voulait le rejoindre, comment pourrait il alors l'attaquer si elle le reconnaissait comme marquis ? ce serait un parjure !"

Jérôme ne pouvait envisager cela sauf si celui qu'il avait rencontré il y a peu n'était pas pourvu de l'honneur qu'il avait démontré jusque la.

"Brochant ne serait pas un homme d'honneur d'après vous ?"

C'était une révélation qui serait capitale pour la suite des évènements et la façon de voir du baron qui ne pouvait pas croire à un tel manque de noblesse si cela se produisait

"Vous savez, si jamais Bastylle est mienne, j'aurais alors un siège au conseil. Il va de soit que si j'ai accepté de rejoindre Brochant, c'était pour qu'enfin Serramire retrouve sa grandeur. Et pour ma part, ce n'est pas en assiégeant une châtellenie acquise que cela serait envisageable, au contraire même, il montrerait qu'on ne peut se fier à lui et alors personne ne lui accorderait sa confiance. Ce serait dramatique pour le futur du marquisat. Je m'y opposerais donc farouchement et je peux vous assurer que mariage ou pas, si Lourmel ne fait rien pour se mettre en travers de la route de Brochant, je serais l'un de ses défenseurs en cas de crise."

Il n'avait pas encore trouvé de réponse à un mariage éventuel, cela étant un peu trop brusque pour lui. Il espérait avoir un peu réconforté Maélyne en lui promettant son aide. En tout cas, il était évident qu'elle trouverait toujours refuge auprès de lui tant qu'elle ne ferait pas d'écart ou qu'elle ne le trahirait pas.

Maélyne ne connaissait Brochant que de réputation, cela rassura un petit peu Jérôme qui se dit que peut être, elle voyait les choses de façon trop noir et qu'elle se trompait. Il l'espérait en tout cas, il avait donné sa confiance au prétendant au titre de marquis et il ne serait pas content du tout d'avoir été manipulé. C'était l'une des durs lois de la noblesse, l'une des nombreuses qu'il détestait par dessus tout. Tout serait tellement plus simple si chacun était franc mais non ce n'était pas comme cela que ça fonctionnait. Elle était d'accord sur le fait qu'il fallait redresser le marquisat et elle accepta de rencontrer Brochant lorsqu'il serait la. Elle mit un bémol en redemandant au baron s'il lui accordait son soutien au cas ou selon se passerait mal. Elle continua, Maélyne voulait se rendre à Lourmel afin de se montrer et les rallier maintenant que sa sœur était entre les mains de Bastylle. Elle pensait qu'il valait mieux y aller rapidement avant que la châtellenie ne se joigne au rebelle afin de délivrer leur châtelaine.

"Ma dame, lorsque je dis quelque chose d'officiel, j’essaie de m'y tenir comme il se peut. Je vous soutiendrais bien entendu, le marquisat ne peut pas et ne doit pas retomber encore plus bas qu'il n'est. Un rayon de soleil apparait, il faut prier pour qu'il perdure encore et toujours. J'espère que votre entretien avec Brochant se passera bien et que vous trouverez un terrain d'entente."

Il se leva et commença lui aussi à arpenter l'espace de la tente en tournant. Il savait pas jusqu'à quel point il pouvait faire confiance à Maélyne, aussi il ne voulait pas lui dévoiler ses plans d'actions futur, du moins pas tant qu'elle ne faisait pas partie activement de la reconquête de Bastylle. De plus la laisser seule pouvait s'avérer dangereux, la région n'était pas sure et encore moins vu la capture de sa sœur

"Vous avez parfaitement raison concernant Lourmel, il faut s'assurer de l'avoir de notre côté. Si les seigneurs se ralliaient à Bastylle, ce serait terrible et le sang coulerait beaucoup trop. Par contre, ne connaissant pas l'état d'esprit des châtelains, vous comprendrez que vous ne pouvez pas voyagé seule ou aussi peu protégé que vous ne l'êtes actuellement. Encore plus avec la défection de Bastylle. Je vous accompagnerais dans votre entreprise, il serait stupide de commencer à mater la rébellion sans s'assurer qu'un autre ennemi arrive sur votre flanc."

Une nouvelle pause avant de passer à autre chose. La discussion arrivait à son terme, du moins pour l'instant, l'avenir amènerait d'autres conversations mais il était temps de laisser la politique pour le moment

"Ma dame, demain, je me rendrais au temple de Néera afin de prier. J'en adresserais une pour votre sœur. Voulez vous vous joindre à moi ?"

Il ne savait pas si Maélyne était pieuse ou pas mais une prière ne ferait pas de mal

Maélyne avait accepté l'offre du baron d'aller prier dans le temple de Néera. Jérôme était un homme pieux, il semblait être une exception dans ce monde de noble, quelqu'un de loyal et de fiable qui se retrouvait des fois empêtré par une promesse. Quelqu'un qui respectait ses serment et ne voulait pas devenir un parjure. Un homme bon qui se souciait de son peuple et de sa famille comme tout seigneur devrait le faire. La dame d'Outremont quitta la tente de Jérôme et rejoignit sa fille. C'était une bonne chose qu'elle s'occupe de sa famille, une chose essentielle aux yeux du baron qui trouvait qu'il échouait dans le son rôle de dirigeant. Sa sœur avait disparu, sa mère l'avait renié et craché dessus alors que c'était sa fille et son frère ne l'avait pas encore rejoint. Il enfouit tout cela au fond de lui et il convoqua ses conseillers afin de discuter de la suite des évènements, fort de toutes les informations en sa possession.

La nuit fut courte et le lendemain, comme promis, il se rendit au temple de Néera. La dame était déjà la. Elle portait une robe légère ornée d'une ceinture de cuir, humble devant la déesse. Elle tourna la tête lorsque Jérôme fit son entrée et elle le salua, geste qu'il lui rendit en s'approchant d'elle. A son tour, il se plongea dans la prière et demandant comme chacun, que la déesse pose son regard sur lui. Il demanda la sécurité pour sa sœur et le repos du cœur pour sa mère. La paix pour le royaume et la réalisation de son but dans les brefs délais, que Bastylle rentre dans le rang et fasse amende honorable car le pardon était toujours possible tant que rien d'horrible n'était fait. C'est alors qu'elle dit quelque chose, le baron ne savait pas si c'était adressé à la déesse ou a lui même mais il prit sur lui de répondre ce qu'il pensait en tournant son regard vers elle

"Ma dame, le bonheur est une chose difficile à avoir. Chaque fois que l'on croit qu'on l'a enfin trouvé, il se passe quelque chose qui fait qu'il s'éloigne de nouveau. Nous autres, nobles avons un devoir. Plus que de rechercher notre propre bonheur, c'est celui des personnes que l'on a sous notre protection que l'on doit amener à cet état d'esprit. Ils comptent sur nous et si nous n'agissons pas comme il se doit, alors la situation actuelle de Serramire vous montre ce qu'il advient. Les guerres arrachent les pères et les fils à leurs foyers, les bandits deviennent légions, ils affament et pillent autant qu'ils violent les pauvres paysans qui sont sur des terres éloignées des villes mais sans lesquels, nous ne pourrions pas manger à notre faim. C'est pour cette raison que je suis ici, pour rappeler aux seigneurs leurs devoirs et qu'ils le fassent coute que coute. J'espère que cette guerre qui s'ouvre sur nos pas sera de courte durée et que Bastylle se rendra rapidement compte de son erreur. Une fois tout cela terminé, il sera temps de panser les blessures et de prier pour que cela ne se reproduise plus. Ainsi, lorsque le peuple sera heureux, alors à travers lui, nous arriverons à trouver notre bonheur, je n'en doute pas. Et même si pour cela j'ai dû amener des troupes et déchirer ce pays, j'ai tout fais pour lui causer le moins de mal possible. Néera dans sa grande sagesse nous guide et je prie chaque jour que la paix soit enfin la et que l'on puisse rebâtir la puissance qui doit être celle de Serramire la grande."

Les mots pouvaient sembler durs ou irréaliste mais c'était la façon de penser de Jérôme. Il tentait de se conduire du mieux qu'il le pouvait pour atteindre l'utopie de cette illusion.