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| Prospérer en Alonna : le souffle de la connaissance [PV Heond Werbek] [Terminé] | |
| | Auteur | Message |
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Dun Eyr
Ancien
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| Sujet: Prospérer en Alonna : le souffle de la connaissance [PV Heond Werbek] [Terminé] Ven 8 Mar 2013 - 2:33 | |
| - Spoiler:
PNJ : Sargril, ancien Sénéchal d’Alonna sous Hanegard Kastelord, devenu Prêtre de Lirgan suite à ce RP.
      Dans le Temple de la Montagne à Alonna, le nouveau Prêtre Sargril contemplait la statue de son dieu, Lirgan, l’Oracle des Nains. La sculpture avait été dessinée pour dominer les Nains venus lui rendre hommage et Sargril, même s’il était Humain, se sentait lui aussi écrasé par la puissance qui exhalait du demi-dieu venu des cimes du Nord. Depuis que le Haut-Prêtre Dun Eyr l’avait reçu dans le clergé de Lirgan, le premier jour de l’Automne, jamais encore l’ancien Sénéchal du Baron Kastelord ne s'était retrouvé seul dans le Temple ; son Temple, puisqu’il en aurait la charge, ainsi que de toute la fidèle communauté Naine de la Baronnie, lorsque Dun Eyr serait loin d’Alonna.       D’un haussement d’épaule, Sargril rajusta la maigre bure qu'il portait pour tout apparat, à peine ornée des quelques runes distinguant les Prêtres de Lirgan. Pour lui qui, campagne après campagne, avait supporté l’uniforme lourd des Légions Noires, puis des officiers d’Alonna, le vêtement simple du clergé de l’Oracle était doux à ses épaules vieillissantes ; quelques cheveux grisonnants barraient son front encore lisse.
      « Lirgan, psalmodia Sargril en collectant les offrandes déposées sur la Table du Trépas, aux pieds de la Statue, tords le destin selon les vœux de tes fidèles. »
      Alors même que l’Eté avait cédé la place à l’Automne, et que les premiers frimas tombaient sur les champs d’Alonna, les sacrifices à Lirgan paraissaient s’accroître avec les jours ; les premières fois que Sargril avait pénétré le Temple de la Montagne, voilà des mois déjà de cela, la Table du Trépas était toujours vide, ou à peine garnie de quelques moineaux, lorsque Dun Eyr venait récolter les sacrifices soumis à l’Oracle. Mais ces temps de solitude du culte semblaient lointains déjà pour Sargril : établis depuis six ans pour certaines, et désormais prospères comme joaillers ou forgerons, les Nains exilés en Alonna avaient retrouvé le chemin du Temple de Lirgan ; quant à lui, Sargril, s’il était le premier Humain à faire vœu à l’Oracle, il ne faisait nul doute que d’autres longues-guibolles — comme les nommaient les Nains — suivraient son exemple. Le Temple de la Montagne, érigé par Dun Eyr au cœur de la deuxième enceinte de la cité d’Alonna, ne manquait pas de drainer les curieux vers son seuil depuis plusieurs saisons ; et quelques Humains, déjà, étaient risqués à en gravir les marches irrégulières pour jeter une œillade dans l’antre du Dieu Moqueur.       Sargril savait que c’était là la raison de son élévation au rang de Prêtre par Dun Eyr : le culte de Lirgan en Alonna méritait d’irriguer les Nains autant que les Hommes. L’ancien Sénéchal sourit à la pensée de ce qu’avaient accompli ces exilés du Petit Peuple dans les terres humaines : il n’y a pas dix ans, aucun Nain n’aurait risqué sa barbe à Alonna de peur que les paysans ne lui jettent des pierres comme à un mauvais esprit de la nuit ; et aujourd’hui, debout dans un Temple élevé par un Nain, Sargril portait la bure des Prêtres de leur dieu.
      « Les temps changent, souffla-t-il pour lui-même. »
      Le Sénéchal émérite se retourna alors, et fit face à la large porte par laquelle les fidèles entraient dans les Montagne et venaient saluer la Statue ; un large flot de lumière blanche enveloppait l’effigie du dieu Moqueur en cette matinée d’Automne. Pour les Nains d’Alonna, le Temple de Lirgan était là où se formulaient les doléances et se réglaient les querelles : combien de fois, déjà, Sargril avait-il surpris des amas de Nain, la barbe ébouriffée et les mains emplies de piécettes, murmurer et négocier autour d’un différend sous le regard de l’Oracle ?       Comme au temps des campagnes du Kastelord, Sargril avait préservé la lucidité qui le distinguait : l’ancien Sénéchal se doutait que les Nains d’Alonna grogneraient tout d’abord à l’idée de le reconnaître, lui, un longues-guibolles, comme le guide de leur communauté. Mais l’Humain avait reçu la bénédiction de Dun Eyr, et sur son torse large s’étalaient l’habit et les runes du Prêtre de Lirgan qu’il était devenu : Sargril était un bon soldat, il tiendrait sa promesse et éclairerait les Nains lorsqu’ils viendraient lui demander conseil.
      « Il faut voir cela comme une nouvelle campagne, se dit le vieux soldat d'Alonna dans une pensée amusée ; une bien étrange campagne, oui, mais une campagne malgré tout. »
Dernière édition par Dun Eyr le Sam 23 Mar 2013 - 23:43, édité 1 fois |
| | | Heond Werbek
Nain
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| Sujet: Re: Prospérer en Alonna : le souffle de la connaissance [PV Heond Werbek] [Terminé] Dim 10 Mar 2013 - 22:57 | |
| - Spoiler:
HRP: Désolé de la piètre qualité des détails. Cela fait longtemps que je n'ai pas écrit ce genre de texte et je manquais douloureusement d'inspiration.
Heond vagabondait par-ci par-là à Alonna depuis quelques heures, voire quelques jours déjà. Toute notion de temps lui était inconnue depuis le massacre. Le temps n’était pas à la réjouissance, loin de là. Du moins à son sens… Ayant la solitude comme seule amie et une tente comme unique abri, il avait amplement le temps de penser. Ce qu’il faisait avec une ardeur redoutable. Il publia de nombreux mémos qu’il accrocha et distribua dans la vaste capitale. Sur l’un d’entre eux, on pouvait lire :
«Appel au peuple»
Par où commencer... Celui que le peuple aimait tant, celui que j'ai à mon tour tenté d'aimer dans les plaines -sans succès-, nous a aujourd'hui scrupuleusement trahis. Le temps est grave. Celui en qui le peuple fondait ses espoirs, ses rêveries et ses amours. Il lui transperça le coeur y laissant, par le fait même, un trou béant que seule la foi pouvait combler. Succombera-t-il ? Nous pouvons apercevoir le singulier désarroi qu'affiche notre petite communauté d'exilé. L'histoire est bien plus que les dieux. Aujourd'hui il est temps que le peuple se soulève, qu'il cesse de se faire dicter faits et gestes par le puissant. La puissance coule en chacun de nous, nous sommes un peuple fort. Relevons-nous et élevons-nous au-dessus des lois célestes. Heond Werbek La réaction du public fut bien contraire de ce qu’Heond espérait. Partout dans les rues nous entendions «sale athée», «pourriture», pourtant, Han ne l’était en aucune manière. Il ne prit également jamais le temps pour rectifier cette erreur de compréhension, n’y voyant là qu’un intérêt moindre. Ses appels ne se faisant pas entendre, il avait décidé qu’aujourd’hui était le jour J. Il devait reconstruire une nouvelle bibliothèque, car sans le savoir il ne peut y avoir d’espoir. Il devait éduquer les gens, ceci, pour lui n’était pas une option, mais une obligation. Il restait tout de même un problème… Dun Eyr avait quitté Alonna depuis une douzaine de jours déjà et son remplaçant à ce qu’on dit serait un humain. La pensée humaine diverge sur plusieurs points à celle des nains. Il devait tout de même essayer. « Qui ne tente rien n’a rien, murmura-t-il avec une lassitude démontrant son pessimisme face à la situation.» Il fit volte-face et rentra chez lui en empruntant un chemin que bien peu de gens connaissent. Cela lui évitera de faire de mauvaise rencontre. Une fois arrivé, il lava sa longue barbe blanche, ses cheveux ainsi que sa tunique verte affichant son appartenance à sa caste. Il tressa ses cheveux et les laissa retomber le long de sa colonne vertébrale. Il enfila son habit une fois sec et se mit en route vers le temple.
Il se tenait devant la large porte. Une goute de sueur suintait le long de sa joue, signe de sa nervosité de se retrouver face à cet homme. Heond poussa la porte détenant pour seule information sur l’homme son nom et sa profession : Sargril et prête de Lirgan. Il s’approcha doucement de lui. L’homme avait des traits durs et une carrure plus qu’acceptable. Ne voulant pas s’éterniser, il lança sa requête sans plus attendre : « Bonjours Sargril, je me nomme Heond Werbek ancien bibliothécaire de la grande bibliothèque de Kirgan. Je suis ici aujourd’hui ici pour vous demander, s’il y avait possibilité de reconstruction. D’une bibliothèque bien sûre! La décision est vôtre, bien évidemment, mais il faut que vous sachiez qu’une bibliothèque est obligatoire dans une société prospère. Elle est à la fois le centre de la culture naine et un lieu de recueillement. Le peuple nain mérite que son histoire survive et une bibliothèque est, par le fait même, indispensable. Désolé de ce discours si brusque, mais l’histoire en dépend.»
Il regarda fixement Sargril dans les yeux et tenta de paraître détendu. |
| | | Dun Eyr
Ancien
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| Sujet: Re: Prospérer en Alonna : le souffle de la connaissance [PV Heond Werbek] [Terminé] Lun 11 Mar 2013 - 18:53 | |
|       Lorsque Heond Werbek pénétra dans le Temple de la Montagne, Sargril se retourna vers lui ; la large carrure de l’ancien Sénéchal dominait le Nain par tous les côtés, et il fallait à l’Humain se baisser pour entendre la requête du nouveau venu. Durant tout le temps que le laïus s’écoulait hors des lèvres du Nain, le souffle court et les mains fébriles, tous les mots jetés d’une traite, Sargril tentait de résoudre un dilemme : devait-il s’accroupir et être à la hauteur du Nain, afin de mieux lui répondre, ou bien demeurer debout en signe de respect ? Ces damnées questions protocolaires n’étaient pas enseignées dans la clameur des champs de bataille, et l’Humain n’en savait rien ; mais sûrement qu’avec ses nouvelles attributions de guide des Nains, venaient ces tracas de procédure...
      « Sois le bienvenu dans le Temple de Montagne, Heond, répondit finalement le Prêtre après avoir résolu de rester droit. Mon nom est Sargril, et je suis ici avec la confiance de Dun Eyr. »
      La demande du Nain était sensée : réfugiés dans les plaines d’Alonna, tous ces réfugiés avaient oublié jusqu’à l’odeur des parchemins du Nord ; il ne restait plus un tome, plus un volume qui aurait été rapporté depuis les montagnes. Pour passer les légendes, seuls demeuraient les bardes et les conteurs de passage ; mais la route était longue depuis le Nord, et les exilés eux-mêmes eux-mêmes, maintenant installés en terres humaines, avaient pris goût à d’autres histoires que celles que les Nains chérissaient depuis des siècles, à l’ombre de leurs cavernes.
      « Je n’ai jamais vu la Grande Bibliothèque de Kirgan, admit doucement Sargril, mais on dit qu’elle surpassait tous les rayonnages qui se peuvent trouver dans les terres humaines. Cela devait être fort beau. »
      L’ancien Sénéchal était un homme d’épées, et non de livres : toute la sagesse que pouvait renfermer la bibliothèque de la Cité des Nains avant son anéantissement, il ne pouvait vraiment le concevoir. Mais le vieux soldat avait appris à admirer la puissance des murs, et le Temple de la Montagne l’impressionnait par sa stature chaque fois qu’il levait les yeux vers le dôme nacré qui le coiffait ; Dun Eyr marmonnait toujours que le sanctuaire en Alonna n’était qu’une bâtisse mal équarrie en comparaison des splendeurs détruites par le feu, aussi Sargril ne pouvait que rêver aux arcanes d’une Bibliothèque que l’on disait courir sur quatre profondeurs de l’ancienne capitale.
      Pourtant l’Humain fronçait les sourcils, et sur son visage s’étendaient les ombres du souci. Son esprit de soldat examinait d’emblée le pratique de tout projet :
      « Bâtir une bibliothèque, soit, mais où trouveras-tu les livres pour la fournir ? N’ont-ils pas tous brûlé il y a sept ans, avec Kirgan tout entière ? »
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| | | Heond Werbek
Nain
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| Sujet: Re: Prospérer en Alonna : le souffle de la connaissance [PV Heond Werbek] [Terminé] Lun 11 Mar 2013 - 21:35 | |
| Au son de la voix de Sargril, Heond se détendit. Elle n’était pas celle d’un homme qui cherchait à dominer, au contraire, on sentait au ton de sa voix le respect qu’il vouait au peuple nain. La surprise n’en fut pas moindre pour le bibliothécaire. Comment un homme pouvait-il renier ses propres dieux aux dépens de d’autres? Mais l’heure n’était malheureusement pas au questionnement superflu et Han le savait très bien. Il porta doucement sa main à sa barbe tout en accueillant chaleureusement les politesses du prête.
« Ô si vous aviez vu la bibliothèque vous comprendriez que même le plus beau des mots ne décrire ce que l’on ressent en y entrant, balança Heond les yeux rayonnants. »
Les souvenirs que provoquait en lui la mention de Kirgan était à la fois si magnifique et si douloureusement amère. Il se revoyait vagabondait d’aller en aller à la recherche de livres, il y en avait tellement. Son petit lit, sa table de chevet, Ovrim… lui manquaient cruellement. Lors de la destruction, Mogar lui avait non seulement arraché son foyer, mais également son rêve. Celui qu’il avait tant chéri tout au cours de son enfance. Il l’avait dépouillé de tout!
Plongé profondément dans ses pensées, il entendit la voix de Sargril résonnait comme un murmure lointain que quelques secondes plus tard. Il effectua un ménage rapide de sa cervelle et entreprit de répondre à la remarque. Il n’avait en aucun cas tort, certes, un nain n’oublie pas son histoire aussi rapidement. Oubliait-il qu’il parlait à un bibliothécaire. Heond ne connaissait pas tout, mais l’histoire pouvait être reconstruite.
« Les livres n’existent plus j’en suis conscient, mais croyez-vous que l’on rempli des multitudes de rayons en l’espace de quelques jours. Nous avons la chance, vous et moi, de pouvoir participer à un projet qui traversera génération après génération. Les enfants de nos enfants baigneront dans un savoir incommensurable si nous agissons maintenant. Les divers peuples nains sauront se rallier à notre cause et les écrits ancestraux couleront à flots.»
L’ardeur avec lequel Heond prononça ces phrases était telle qu’il dut reprendre son souffle pour ne pas s’évanouir. Tout son être, à cet instant, était consumé par le feu ardent de la dévotion et par l’ivresse d’une passion telle que peu de nains peuvent comprendre.
«Une partie de l’histoire sombrera dans l’oubli assurément, mais si personne ne nous redonne la chance de recommencer notre histoire, de nous redonner la fierté et la foi en ce que nous sommes pour ce que nous avons fait jadis et ce que nous ferons dans le futur, jamais plus le peuple ne sera soudé. Nous devons être les protagonistes de la réunification du peuple. Recréons ensemble ce qu’était l’unité naine d’y l’y a sept ans.»
Il ferma les yeux pensant en avoir trop dit ou pas assez, il ne savait plus. L’euphorie du moment l’avait emporté sur la raison et il le savait que trop bien. Une fois calme, il rouvrit les yeux et regarda l’homme puis fit deux pas en avant pour s’en approcher davantage ce qu’il l’obligea à arquer le cou davantage vers l’arrière. Il se pencha vers l’avant puis dit tout bas :
« Pourrions-nous aller finir cette conversation dans un endroit un petit peu plus approprié et confidentiel, si possible bien sûr. Je me fais vieux, vous savez, et mes jambes ne sont plus ce qu’elle était.»
La raison évoquait n’était pas la plus élaborée et la plus véridique, mais Heond ne ressentit pas le besoin d’en ajouté davantage.
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| | | Dun Eyr
Ancien
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| Sujet: Re: Prospérer en Alonna : le souffle de la connaissance [PV Heond Werbek] [Terminé] Jeu 14 Mar 2013 - 0:06 | |
|       Sargril accueillit avec un sourire la demande du Nain aux jambes fatiguées et, l’invitant d’un geste de la main à le suivre, il se dirigea une petite porte aménagée sur l’Ouest du sanctuaire, aux trois-quarts en arrière de la Statue.
      « Nous serons plus à l’aise pour parler ici, Heond Werbek, acquiesça le Prêtre de Lirgan. »
      Derrière la porte ouverte par l’Humain, se profilait une petite alcôve de pierre claire, tendant sur le gris, et sur laquelle tombait un puits de lumière ; il y avait là quelques sièges de bon bois pour s’asseoir, et même une petite table à trois pieds. A en juger par la démarche précautionneuse qu’affectait Sargril dans ce lieu, dont il touchait le sommet par ses épaules pourtant voûtées, Dun Eyr n’avait dû le concevoir que pour des Nains et non des Humains.
      « Ce sont les cellules offertes aux Prêtres pour se retirer dans le silence du Moqueur, commenta l’ancien Sénéchal d’un ton presque amusé, mais elles n’ont pas encore reçu beaucoup d’initiés pour les habiter, j’en ai peur. »
      Sargril s’assit lui-même, quoiqu’il risquait de se tordre le dos sur ces sièges du Petit Peuple, et étendant les mains sur la table devant lui — sous laquelle il ne pouvait glisser un genou sans la retourner — il s’adressa au Nain :
      « Si tu as souhaité attendre le silence de ces bons murs de pierre pour m’entretenir de ton projet, je t’écoute. »
      Mais en même temps qu’il disait cela, le Prêtre réfléchissait à la requête présentée par Heond. C’était bien sûr une demande à soupeser avec intelligence, bien que rien d’impossible n’apparaisse au premier examen que l’Humain accorda à l’idée. Son esprit de soldat parcourut le projet d’une extrémité à l’autre, méticuleusement, et il lui sembla bon.
      « Certains de nos meilleurs Nains ici, Heond, reprit Sargril après un moment de réflexion, sont d’habiles bâtisseurs, et des disciples de Dun Eyr pour une poignée d’entre eux. Il leur sera possible de rebâtir une bibliothèque ici. Bien sûr, pour qui a vu de ses yeux le prodige qu’étaient les rayonnages de Kirgan, celle-ci en Alonna sera bien piètre ; mais il ne sera pas dit que les Nains seront privés de leur savoir. »
      Pourtant, une pensée continuait de causer du souci à l’Humain, et il s’en ouvrit à Heond :
      « Les livres des Nains ne sont pas tous perdus, le sais-tu ? Il y avait pour sûr des incunables d’un prix extrême, à Kirgan, et ceux-là sont maintenant dépravés par la lave ou les Gobelins ; mais certains manuscrits possédaient assurément des copies, réalisées par les Elfes, et peut-être même les Hommes, du temps où la Communauté de la Lumière réunissait ces trois peuples sous une seule bannière. Si tu pouvais retrouver certaines de ces œuvres, Heond, ce serait un grand jour pour les Nains ; il ne sera pas facile d’approcher les conservations des Elfes, mais c’est pourtant là que doivent reposer les dernières pièces du savoir Nain, qui ne soient définitivement égarées. »
      Ne restait qu’une question pour hanter cette âme droite et franche, aussi Sargril ouvrit-il sa pensée sans sourciller :
      « Mais ne chercherais-tu pas, Heond, certains livres, certains traités particuliers ? Que veux-tu retrouver parmi les ruines de la connaissance qu’un jour, les Nains amassèrent ? »
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| | | Heond Werbek
Nain
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| Sujet: Re: Prospérer en Alonna : le souffle de la connaissance [PV Heond Werbek] [Terminé] Jeu 14 Mar 2013 - 22:21 | |
| Heond suivit l’homme et plus rapidement qu’espéré, il se retrouva au centre d’une petite pièce circulaire à l’allure froide de prime abord, mais chaleureuse une fois acclimaté. Une lumière apaisante s’abattait sur les murs de pierre qui tel un miroir la faisait réfléchir dans tous les recoins inimaginables. Un siège de qualité l’y attendait et à bride abattue il s’y assit. N’étant pas habitué de rester un si long moment debout sans interruption, il fut accueilli par un sentiment de bien-être indescriptible. Jamais plus il ne vagabonderait si longtemps… du moins s’il devait rencontrer quelqu’un. Pour la première fois depuis son entrée dans l’alcôve, il tourna la tête vers Sargril. Han esquissa un sourire. Il aurait fallu au moins deux chaises comme celle-ci de haut pour parfaire à sa carrure, mais cela ne semblait pas l’incommoder, enfin peut-être un peu. L’homme vint déposer ses mains sur la table qui les séparait et entama sa réponse.
Les paroles qui s’en suivent vinrent se déposer comme un souffle d’espoir sur sa peau usé, l’enveloppant ainsi dans sa totalité d’un voile de bonheur. Chaque mot ajouté ne venait que confirmer sa pensée : il y aurait une bibliothèque en Alonna, il le savait. Le visage de Sargril, quant à lui, paraissait songeur comme-ci il tentait de retourner la requête dans tous les sens, ou comme-ci il voulait y déceler une faille! À plus d’une reprise, Heond aurait voulu ajouter quelques mots, mais ne voulant pas couper son hôte, il attendit patiemment. Une fois sûr que l’homme ai fini, il prit la parole d’une voix assurée :
« Me voilà un homme fort heureux mon cher Sargril. Le simple fait d’avoir une infime probabilité de chance que mon projet voie le jour emplit mon cœur d’un sincère bonheur. Vous savez, le peuple nain n’a pas acquiert d’une aussi majestueuse bibliothèque par magie, cela pris des années et heureusement, tout comme le peuple d’antan, nous avons ces années devant nous. »
Il s’accorda un bref moment de réflexion, puis reprit tout en s’humectant les lèvres :
« Oui, j’étais au courant et je suis persuadé que l’on peut retrouver ces livres. Cela demandera de nombreux sacrifices et ces sacrifices je suis prêt à les assumer. Je parcourrai tout Miradelphia s’il le faut ayez en ma parole. Par contre, j’aurai besoin d’un ou de plusieurs acolytes, peu m’importe qui cela peut être. Comme vous l’avez surement remarqué, je me fais vieux.»
Heond baissa la tête et alla porter ses mains à ses cuisses et lâcha une grande bouffée d’air qui ressemblé davantage à un long soupir.
« Comme je disais, ajouta-t-il lâchement, j’aurai besoin d’aide. Pour ce qu’il en est je crois qu’à cet instant précis où le peuple délaisse leur origine, il est primordial de retrouver le livre des grandes batailles. Je ne me rappelle plus très bien du nom précis, mais je me rappelle très bien son contenu. Comme je le disais, il contient toutes les grandes victoires du peuple nain. Ce livre est la pierre angulaire du nationalisme nain, il le faut dans la bibliothèque, j’en fais, une priorité.»
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| | | Dun Eyr
Ancien
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| Sujet: Re: Prospérer en Alonna : le souffle de la connaissance [PV Heond Werbek] [Terminé] Dim 17 Mar 2013 - 7:18 | |
|       « Ah ! le Livre des grandes batailles ... soupira Sargril en se rejetant en arrière, soudain rêveur. »
      Voilà qui parlait à son âme de soldat. Lui qui avait passé sa vie, jusqu’à ce jour, juché sur le dos d’un destrier, et souvent l’arme au clair, il avait connu de nombreux combats ; son armure en témoignait et, pour ce qu’elle n’avait pas su encaisser, sa chair au-dessous d’elle achevait d’en garder le souvenir. Mais il n’était qu’un Homme, et Néera ne lui accorderait probablement pas plus de la moitié d’un siècle sur ces terres ; alors, imaginer la longue existence d’un Nain, et le nombre de guerres dans lesquelles on peut se retrouver jeté en deux siècles de vie, c’était déjà un songe grisant — mais compiler le récit de toutes les batailles livrées par le Peuple du Nord, depuis qu’il avait été extirpé de la roche et animé, voilà qui était proprement enivrant.
      Pourtant l’âge des guerres était certainement achevé pour Sargril, et le Haut-Prêtre ne devrait plus connaître la clameur et le fracas des armes avant longtemps, il l’espérait. Lissant les plis de sa bure de Lirganique, l’Humain sourit à son compagnon Nain, et il déclara :
      « Tu as raison, Heond, Alonna est maintenant une terre sûre pour les fils de la Montagne ; et c’est dans ces contrées prospères, là où la guerre ne menace plus, que nous pourrons rebâtir le savoir qui a brûlé il y a sept ans de cela. »
      Le temps de dire ces paroles, et son esprit de soldat avait repris les devants : derrière son front encore lisse, des calculs d’effectifs et de distance tournaient à tout vitesse et lui jetaient des prévisions éparses, mais justes. C’était comme s’il avait plané loin au-dessus d'une carte des terres proches, et tenté de débusquer, là sous le couvert d’une forêt, là à l’abri d’une muraille de pierre, quelle demeure étrangère pouvait renfermer les traités des Nains. Des idées déjà lui venaient en tête ...       « Tu me demandes des compagnons, Heond, reprit Sargril, et tu les auras ; je serais bien surpris qu’aucun parmi les Nains d’Alonna, n’ait l’envie de t’escorter pour un peu d’aventure. Quant à savoir vers où diriger tes pas, les Elfes sont bien sûr les gardiens de tout savoir, quand bien même celui-ci viendrait des Montagnes. Néanmoins, il me semble que d’autres individus, plus étranges peut-être, ont trouvé refuge dans les terres de l’Est, après la limite des territoires des Hommes ; on les dit savants, et leurs carrioles seraient lourdes de livres. Je serais étonné qu’eux n’aient pas conservé les mémoires des Nains ; quant à savoir s’ils te laisseront les avoir ... »
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| | | Heond Werbek
Nain
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| Sujet: Re: Prospérer en Alonna : le souffle de la connaissance [PV Heond Werbek] [Terminé] Mar 19 Mar 2013 - 23:19 | |
| Heond fut surpris d’entendre Sargril évoquer les terres de l’Est, il ne s’attendait pas du tout à cela, néanmoins il connaissait les gens qui y vivaient –non de vue, bien sûr, plutôt de lecture-. Quelle bibliothécaire digne de ce nom n’aurait pas entre vues parmi les pages le nom Firmament? De grands intellectuels… Soudain rêveur Han se voyait parmi eux, assis dans leur majestueuse forteresse se faisant griller la pointe des pieds par un feu crépitant, la tête emplie de connaissances que même le plus grand des bibliothécaires nains n’aurait pu espérer acquérir au fil de sa triste vie. La réalité le rattrapa bien vite et son regard devint soudain bien sombre. La tente qui lui servait d’abris n’était qu’une épave et la chaleur qu’il obtenait était celle de la friction de ces deux mains, nous sommes loin de la citadelle. L’homme devant lui le regardait, et Han se devait de répondre avec empressement s’il ne voulait que ses voyages intérieurs ne soit découvert au grand jour :
« Vous m’en voyez ravis! J’ai toujours voulu aller voir du côté de Naélis vous savez? Jamais l’occasion ne se présenta et je peux vous assurer qu’aujourd’hui, moi, Heond Werbek, ne laissera pas passer cette chance même si je devais en perdre la vue.»
Il prit une courte pause le temps de songer à ses prochaines paroles.
«Soyons optimistes, ajouta le nain, ils me les montreront, j’en suis persuadé. Advenant qu’ils refusent, nous aurons au moins le mérite d’avoir tenté de les persuader. Il faut bien commencer quelque part et je trouve l’Est plus qu’approprié.»
Heond bondit de sa chaise comme s’il avait rajeuni de quarante ans et dit une voix ferme :
« Je suis prêt à partir aujourd’hui s’il le faut! J’ai bien peu de bien et je n’ai guère besoin d’amener quoi que ce soit avec moi.»
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| | | Dun Eyr
Ancien
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| Sujet: Re: Prospérer en Alonna : le souffle de la connaissance [PV Heond Werbek] [Terminé] Sam 23 Mar 2013 - 23:43 | |
|       « Ta volonté fait plaisir à voir, Heond ! lança Sargril, comme sa voix roulait sur le plafond de pierre, et j’espère que tu retrouveras vite quelques volumes de ton peuple. »
      Sargril considérait le Nain avec ce qui ressemblait à de l’admiration : au temps des campagnes des Légions Noires, il aurait trouvé à employer des tempéraments aussi résolus. Mais voilà que les pensées de l’ancien Sénéchal s’égaraient, et retournaient sur les plaines et les collines qu’il avait hantées longuement. Peut-être était-ce de l’envie qui transparaissait dans cette plissure de son menton ? Le soldat resterait là, dans son Temple, Humain retiré à l’abri des fracas désormais passés — tandis que Heond reprendrait, lui, la route et filerait aux aventures, sur les Terres de l’Est qu’on disait féroces.
      « Naelis est loin d’Alonna, Heond, c’est une longue escapade depuis nos vallons jusqu’au rivage des dernières terres des Hommes. Tu n’iras pas seul, il te faudra quelques compagnons pour t’escorter sur ces chemins dangereux. »
      L’Humain se passa une main dans ses cheveux parsemés de mèches grisonnantes : l’ombre d’un instant, il songea y aller lui-même, sauter sur l’encolure d’un cheval et filer avec Heond jusqu’à Naelis, revoir la Mer Olienne lécher les bords de ces terres toujours embrumées. Des frissons lui démangeaient les cuisses, et les souvenirs revenaient cahoter par wagons dans sa tête : comment ils avaient couru sur les plaines et mené les grandes errances, avant que le Kastelord n’obtienne la charge d’Alonna et y prenne un siège fixe. Et puis, Sargril était Prêtre dans le culte des Nains à présent : qui lui aurait disputé le droit de partir en quête des tomes perdus du Peuple des Montagnes ?       Mais voilà, cette époque-là n’était plus la sienne : avec Hanegard qui déjà s’était retiré, et bientôt quitterait la cité centrale pour trouver le répit à Val-Néera, l’âge des chevauchées s’achevait lui aussi pour Sargril. Un dernier sourire s’attarda sur ses lèvres, à imaginer la morsure du vent dans cet Automne qui s’étirait ; et puis le soldat oublia ces rêveries, et revint à son devoir.
      « Il faut aviser de qui prendra la route avec toi, Heond, réfléchit le Prêtre à haute voix ; de ces Nains venus chercher la quiétude à Alonna, peu seront disposés à braver les routes vers l’Est. Mais je saurai rassembler des caractères intrépides pour t’accompagner ; peut-être trouveras-tu bon d’avoir Tygir, l’un des aspirants de Lirgan, à tes côtés, c’est un esprit agile et sage. »
      Sargril se triturait le menton à réfléchir à cette question : c’était qu’il ne connaissait pas encore tous les Nains d’Alonna, dont le nombre devait s’élever à quelques centaines, et c’était une tâche ardue pour lui de deviner lequel aurait plaisir à partir vers l’Est, et Naelis. Un petit froncement de sourcil s’attardait sur le visage de Sargril, tandis même qu’il était plongé dans sa réflexion.       Lorsqu’il parla enfin, sa voix était lente et lointaine, alors qu'il ne parvenait à se détacher des noms et de visages qui, à toute vitesse, filaient dans sa mémoire comme il les balayait avec intérêt.
      « Le chemin est long jusque Naelis, et la saison est tardive pour prendre les routes ; il te faudra une poignée de solides compagnons, de bonnes salaisons, et quelques fiers poneys pour porter tout cela vers les contrées de l’Est. Je te trouverai tout cela, Heond, mais il faudra deux jours au moins avant que vous ne preniez la route. D’ici là, le Temple t’accueillera ; et je te montrerai les cartes des terres orientales, pour que tes pas ne se perdent pas sur les pistes dangereuses de ces contrées. »
      Sargril se leva et salua le bibliothécaire ; il lui fallait préparer cette expédition pour retrouver le savoir des Nains, et apprêter les quelques alonniens qui y prendraient part.
      « Que tes recherches soient fructueuses, Heond, c’est tout ce que je peux te souhaiter. Nous nous reverrons avant ton départ. »
      Alors l’ancien Sénéchal s’éclipsa par la petite porte de bois, laissant Heond profiter comme il l’entendrait de ses deux jours libres en Alonna ; avant que le froid et la poussière des sentiers, ne l’entraînent jusqu’au Firmament que l’on disait établi à Naelis.
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