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 Où l'on affronte son destin

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Ril-Vywen
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MessageSujet: Où l'on affronte son destin   Où l'on affronte son destin I_icon_minitimeLun 11 Mar 2013 - 0:40

7.

Où l'on affronte son destin

Ultime ennéade de la sixième année du nouveau cycle, Verminios

      Rien n'était achevé. La porte d'Anaëh demeurait éventrée, l'odeur âcre du bois calciné emplissait le doux air d'Ardamir et Ril-Vywen demeurait hantée par la clameur de l'acier. L'ours qui résidait au plus profond d'elle-même restait silencieuse ; la bête s'effaçait face à un drame qu'elle ne pouvait comprendre. Sa peau offerte à la vue de ses frères les arbres, elle était recroquevillée sur elle-même, cherchant dans une position fœtale un réconfort illusoire. Sa joue reposait sur la mousse doucereuse et ses Manaahen glissaient, incrédules, sur ses propres formes barbouillées de vermeille. Elle était incapable de dire d'où il provenait ; d'un fils perdu ou d'un fils éperdu, ou d'un fils perdu et d'un fils éperdu peut-être. Parfois, elle sentait la colère sourde gronder à l'orée de sa conscience, quand les souvenirs de la terrible cavalcade qui avait précédé la bataille menaçait la submerger. C'était un grondement différent de celui de l'ours qui résidait au plus profond d'elle-même, il la prenait au ventre et ne la lâchait plus. Ses doigts agrippaient le tapis vert, l'arrachaient parfois, jusqu'au reflux et un semblant de paix. Son épiderme se hérissait alors, sans qu'elle sût si elle devait l'imputer aux souvenirs ou à l'ours. Elle demeura introuvable plusieurs heures durant, avant de finalement réapparaître aux siens, ses cheveux pour seul vêtement. Les Almugkarkas s'étaient mêlés aux frères des bois, si bien que nombreux furent ceux qui purent la voir approcher, le regard absent et de cette marche terrible on fit une œuvre d'art, une toile superbe qu'Ardamir finirait par chérir.
      Les premiers jours, les fils de la Mère demeurèrent vaillant à protéger la porte. L'ost sombre avait été repoussé, mais la morsure de l'acier avait marqué les chairs et personne ne pouvait simplement se retourner. C'était comme si l'oriflamme orientale flottait toujours dans les consciences, comme si l'on attendait la nuit dès le lever du jour. Il fut décidé que les armées ne se retireraient pas. Trop de fois, les fils de la Mère avaient cru le danger passé, chaque désillusion avait blessé plus cruellement que la précédente. Cette fois serait différente, cependant, car la rage avait saisi les cœurs sans laisser la chance d'un retour en arrière. Jamais Ril-Vywen n'oublierait ces heures terribles où elle aurait détruit quiconque voulait l'arrêter, jusqu'aux fils, jusqu'à l'Œuvre elle-même. Aucun n'oublierait. Sous le fracas des géants de pierre, c'était tout Ardamir qui avait ouvert les yeux ; le voile déchiré, tous entendaient clair, désormais, et le requiem enfantait leur vague à l'âme.
      Aux Almugkarkas, on avait réservé honneurs et respects. Qu'ils fussent de pierre ou de bois, tous voyaient en les vaillants Mathar et plus encore leur terrible Liemakil la cristallisation de leur union. L'entente succédait à la discorde, mais l'Anaarooma se résignait à la voir telle qu'elle était. Fragile. Le marteau du méconnu Uriz au dessus de leurs têtes calmaient les esprits et poussaient aux retrouvailles, mais la gronde menacerait toujours. Pourquoi mourir à défendre le Sud, quand le cœur demeurait rongé ? Les sept n'oublieraient pas, encore moins qu'ils étaient neuf désormais. Neuf clans venus des quatre coins d'Ardamir, pour faire battre le cœur de l'Anaëh jusque dans les tréfonds glacés des villes. Ril-Vywen, comme si elle eut tenu le miroir terrible du Terrible Rieur, voyait l'avenir se dessinait sous ses Manaahen résignés. L'accroc déchirerait le lien et les sombres mordraient le pantin désarticulé. Elle ne pouvait le supporter.
      Aussi ses pas se tournèrent-ils vers l'Ardamir, l'unique, cette ville hybride qui maniait le bois et la pierre, cette ville du passé qui pouvait, elle voulait le croire, symboliser l'avenir. Elle amena avec elle L`mond, le frère de son père, et Lamel, le maître des armées. Mais aussi N'hyael, le doyen des Sarïn, et d'autres encore. Tous des fils de la Mère qui avaient su faire entendre leurs voix, aux quatre coins de leur Terre. Tous des fils de la Mère qui, les armes à la main, avaient donné leur vie à l'Anaëh. Tous des fils de la Mère qui avaient, sous la tumulte des golems, connu la rage des fils perdus. Ils se présentèrent face à Galadrel, maître de la cité, et aux autres qui, comme lui, attendaient. Et cette fois, Ril-Vywen pénétra la salle séculaire non pas en tant qu'Anaarooma et moins encore en tant que Liemakil. Elle vint portant la peau de l'ours et la peau de l'ours seulement, elle vint les griffes de l'ours au cou et ses griffes aux poignets, elle vint en druide et en druide parla, et l'Almugkarka écoutait, fier de la fille de son frère. L`mond savait, il avait vu, avant les autres, et regardait désormais les événements comme s'il relisait un livre. Quand le soir vint, arrachant au ciel un soleil éteint pour y accrocher une lune curieuse, le conseil d'Ardamir comptait un cœur de plus et ses battements effaçaient tous les autres.
      La nuit venue, sous le regard apaisé des étoiles, L`mond et Ril-Vywen quittèrent la cité, retrouvant les leurs. Les Mathar avaient rallié les bosquets où Almugkarka attendait leur retour. La joie qui étreignit son cœur et anima ses membres fut sincère et on les acclama longuement. Sans se départir de la peau de l'ours, la druide réunit les guerriers survivants et elle pleura de n'en voir que quinze faire cercle autour d'elle. Elle loua leur puissance et leur grande sagesse, puis appela L`mond et l'enlaça avant de s'incliner devant le nouveau Liemakil. Elle leur annonça que l'heure était venue pour elle d'affronter son véritable destin, qu'elle ne pouvait plus être la Mathar qu'elle avait été fière d'incarner. Elle se retira ensuite et alla trouver une enfant, douce et innocente encore, une fille de la Mère épargnée par la guerre qui répondait au doux nom d'Ëlaa. Elle la prit dans ses bras et lui embrassa le front et lui murmura ces phrases qu'elle avait manqué oublier. Ces phrases qui dormaient au creux de son cœur depuis le jour où elle avait posé son regard sur elle, qu'elle avait refusé d'entendre car savant ce qu'elle signifiait. Ëlaa serait Anaarooma, comme elle et après elle et le jour où cela serait, Ril-Vywen ne serait plus une Almugkarka.
      Comme il l'avait dit.
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