Le sang de la Vigne et le Griffon [Blanche]

La route fut longue et sans encombre de Hautval à Sybrondil. La seconde cadette de Blanche, Adèle d'Ancenis, avait été conviée à cette petite expédition. D'un tempérament aussi incandescent que celui de sa Baronne de soeur mais plus tempéré, elle s'était plainte tout du long du trajet, désireuse de monter sa jument plutôt que d'être coincée dans une diligence inconfortable. Évidemment, elle profitait de l'absence de toute autorité parentale pour accéder à ses caprices. Si bien qu'après plusieurs heures de complaintes, on céda à sa demande. Tout du moins pour un temps. Car Adèle fut à nouveau invitée à rejoindre les coussins de son carrosse dés les frontières sybrondiliennes passées. Adèle était accompagnée d'une autre Dame comme on en fait plus, dont le caractère bien trempé créait quelques tensions entre les deux femmes. La Dame en question était Ariane d'Ambreval. Après la mort de son époux, elle s'est consacrée à la politique et est devenue une référence sur certains points.

Enfin arrivé à Sybrondil, la délégation demanda audience et à la bonne heure le Baron ne pouvait pas les recevoir tout de suite. Les bon hautvalois purent se rafraîchir avant d'être appelés. En ligne derrière les portes, ils attendirent que ces dernières s'ouvrent après les trois coups de canne pour entrer. La petite délégation entra et s’avança jusqu'à une distance mesurée entre le Baron et eux. Adèle d'Ancenis embrassa la pièce d'un regard avant de suivre le mouvement initié par Ariane qui s'était incliné bien bas. Adèle était pratiquement le portrait craché de sa grande sœur, une longue chevelure chocolat se confondant avec le noir ondulait le long de son doux minois aux yeux cérulés. Elle était habillée d'une robe verte se mariant à la perfection avec son teint. Une ceinture couleur or mettait en valeur sa taille et une voix angélique prit la parole.




« C'est un honneur pour moi, Monseigneur, de rencontrer le Baron de Sybrondil, Régent d'Aphel et présenter les respect de ma famille ainsi que ceux de Hautval. »



Adèle leva un œil en la direction de Maciste. Il fallait bien se dire que toutes ces formules de politesse l'ennuyait au plus au point. Donc après cela, elle voulut se redresser mais une main discrète vint se coller dans son dos pour la maintenir baissée. Ariane jeta un coup d'oeil derrière elle et échangea un regard complice avec Brand de Carruw qui se tenait derrière l'impudente et l'obligeait à garder cette position cérémonieuse. La Dame d'Ambreval était une femme à la chevelure flamboyante, armée de deux émeraudes en guise d'yeux. Elle était une femme mure et séduisante qui prenait un malin plaisir à refouler toutes les demandes de ses prétendants. Elle était habillée d'une somptueuse robe écarlate en accord avec sa crinière rousse. Elle reprit d'une voix naturellement suave.





« En effet, votre Honneur, Hautval vous présente ses respects et ose espérer que vous apprécierez ses présents, gage du respect et d'amitié que la Baronne de Hautval a pour vous, votre Honneur. »




Elle redressa suivie par le reste de la délégation. Adèle jeta un regard courroucé à Brand avant de lui faire discrètement une grimace sous le regard réprobateur de l'Homme de Carruw. Son minois presque angélique se tourna à nouveau vers le Baron à qui elle offrit un rayonnant sourire. Soit le mandat hautvalois fera avec cette jeune impudente. Ariane, elle, leva sa main afin qu'on apporte les présents : un dague d'apparat frappé des armoiries du Baron et incrusté de pierres précieuses ainsi qu'une rivière de rubis en or pour l'épouse de ce dernier.




« Votre Honneur à cela, vous pourrez aussi compter deux tonneaux du vin de Carruw et de Hautval ainsi deux jarres de miel d'Ambreval. Nous vous remercions pour votre hospitalité. »



Tandis qu'Ariane tentait de déceler la moindre émotion de Maciste et de lire en lui, Adèle, en toute opposition, avait décidément décrochée de la discussion et observait plutôt la somptueuse salle de trône. Elle trouvait cela très joli, appréciait l'architecture. Le palais l'avait déjà impressionné avec sa façade et l'intérieur séduit. Finalement, elle s'arrêta sur chacun des nobles présents dans la salle qu'elle détaillait un peu trop avec insistance.

Hrp:

Adèle d'Ancenis | Ariane d'Ambreval

Ariane restait la seule « maîtresse » de la délégation même si cette dernière fonctionnait telle une sorte de conseil démocratique. Chacun exposait ses points de vue et de là, en ressortaient quelques décisions. Cependant, Ariane semblait avoir une position légèrement plus avancée. Elle répondit naturellement à Maciste.




« C'est notre Baronne qui vous rend grâce, Monseigneur. Ce sera un réel plaisir de partager votre table au crépuscule sachant la réputation que jouit la cuisine Sybronde. »



La voix était délicate comme toujours tandis qu'elle se pliait d'une gracieuse révérence suite à cela et se redressa en gardant la tête plus basse que celle du Baron. Ariane suivit d'un oeil alerte le Seigneur d'Aphel qui s'approchait d'Adèle qui avait totalement décroché de la conversation et qui semblait s’ennuyer. La rouquine se jura de revoir quelques cours de bienséance avec sa pouliche. Adèle fixait un bien beau jeune homme de la cour de Maciste, elle s'arracha à ses rêveries et se retrouva nez à nez avec le Baron. Elle ne sursauta pas, ne parut même pas étonnée et était plutôt désinvolte. C'est un petit éclaircissement de voix qui la ramena dans la réalité. La bouche entrouverte, mille et une pensées vrillaient les tempes. Elle clôt un instant ses paupières fardées soulignées d'un trait de khôl noir et la bouche presque en cœur ajouta.




« N'est-ce pas là l'affaire de votre héraut ? »



La délégation hautvaloise passa par toutes les couleurs. Ariane devient particulièrement blanche aux propos d'Adèle qui faisait encore une fois des siennes. La jeune femme n'avait qu'une envie de tordre le cou à l'insolente et cet avis était sans doute partagé par la plupart. Même si des légats, sans doute le plus jeune de la troupe afficha un sourire en coin. Ce n'était autre qu'Erik d'Helderion, un beau jeune homme, un peu espiègle qui était souvent amusé par le tempérament des Soeurs Ancenis. La Chaperonne toujours aussi blanche fixait le Baron de Sybrondil avec un certain effarement, on pouvait lire un soupçon de désespoir aussi. Le buste bien bas, elle se complaisait en excuse.




« Mon bon Seigneur, veuillez excuser cette impudente et son impertinence... Je gage que cela ne se reproduira plus et qu'elle sera punie à la hauteur de son impolitesse. »



Ariane espérait en son fort intérieur que Maciste accuse ce fait de la fougue de la jeunesse de la pucelle ou qu'il le prenne avec amusement. Après tout, Adèle n'en était pas moins attachante et son tempérament pouvait plaire sous certains angles. Cela changeait des femmes soumises qui gloussaient béatement à chaque geste chevaleresque ou qui se passionnaient des commérages. L'Ancenis tourna ses billes cérulées dans la direction de sa Chaperonne, elle résista à l'envie presque irrépressible de lever les yeux au ciel. Avant que l'Aphelois ne puisse répondre, Adèle coupa court en se courbant d'une révérence gracieuse – si qualité, elle avait, on ne pouvait pas lui retirer cette élégance –  sa voix douce vint charmer les oreilles du Seigneur.




« Veuillez me pardonner, je me présente Adèle d'Ancenis, fille de Raymond d'Ancenis et Eugénie de Hauval, soeur cadette de la Marquise d'Odélian, Madeleyne d'Ancenis et Blanche d'Ancenis, Comtesse de Velteroc et Baronne de Hautval. »



Le regard baissé se redressa vers Maciste d'Aphel, le temps d'une courte pause et entreprit de présenter un à un les personnalités composant la délégation en commençant par sa Chaperonne, Ariane d'Ambreval dite la Faiseuse de Songes jusqu'au dernier Erik d'Helderion du clan des Aquilas. Chacun salua le Baron comme il se devait. Après les présentations, Adèle fit silence et se contenta de fixer l'Aphelois. La Faiseuse de Songes se permit de reprendre les rennes de la conversation.




« Puis-je vous confier la raison de notre venue. » Elle attendit son consentement pour poursuivre. « Notre Maitresse, soucieuse de se lier d'amitié avec les grands hommes et femmes de la Péninsule, souhaiterait que Sybrondil et Hautval devienne des alliés. De plus, vous lui avez fait grande impression lors des funérailles. Note Dame d'Obsidienne pense avoir des intérêts communs avec vous, votre Honneur. Des intérêts commerciaux dans un premier temps et sans doute d'autres qui ne seraientt sans doute pas bon d'exposer à cette heure et sans, pour notre part, avoir pris un peu repos car la route fut longue jusqu'à vous. »



Adèle, elle, s'était à nouveau éprise de la silhouette d'un des hommes de Cours de Maciste et une fois de plus, s'était égarée dans d'autres rêveries. La délégation, elle, attendait avidement les prémices d'une réponse favorable au souhait de leur Baronne.

Face aux propos du Griffon, les légats acquiescèrent d'un hochement de tête et d'une inclinaison docile du menton. Ariane gagea qu'il serait grand honneur pour elle que de rencontrer la baronne et princesse d'Ys, qu'on louait pour sa grande beauté. Erik d'Helderion rajouta que ce serait grandes joie et fierté pour lui d'expliquer la particularité des clans d'Helderion. Ainsi lorsque le Baron le consentit, la délégation hautvaloise fut présentée à l'intendant dont il était question. Et leurs appartements leur furent remis. Ariane avait stipulé vouloir avoir la chambre jouxtant celle de sa protégée et si la place manquait, partager sa canfouine serait encore mieux. Ainsi chacuns purent se reposer. Les Dames prirent un bain au même titre que les hommes afin de se rafraîchir après tant de jours de voyages. Ils se restaurèrent aussi pour la plupart goûtant au prologue gustatif sybrond(a)ins dont l’œuvre se terminerait sans doute le matin suivant par le prologue d'un petit-déjeuner.

Adèle avait échappé à la vigilance de sa Chaperonne et s'était éclipsée dans le but de visiter ce merveilleux palais. De sa démarche gracile bien que tempétueuse, ses chausses foulaient les couloirs jusqu'à réussir à atteindre les Jardins d'Aleandra, à moins qu'il n'eut changé de nom. Ravie de pouvoir se promener, la petite chouette  ne tarda pas à s'approcher du fleuve Arien. Bien que l'automne était avancé, la brise était douce et le soleil léchait encore sa peau de ses rayons chaleureux. Elle avait délaissé son ombrelle, préférant tresser une couronne de fleurs.

Cette escapade ne resta pas si longtemps sous silence. En effet, la Dame d'Ambreval était une femme vive et aux aguets. Et elle eut tôt fait de remarquer la fredaine. Priant les Cinq que cette dernière ne fasse pas des siennes. Elle se chargea de prévenir quelques uns de ses amis légats dont Brand de Carruw et Erik d'Helderion. Elle confia toute son appréhension face à la légèreté d'Adèle et espéra qu'Erik, ce jeune noble et chevalier le plus proche de la benjamine Ancenis avec elle, la retrouve.

Si aucun événement particulier ne survint, les Chaperons retrouvèrent l’effrontée quelques heures plus tard, au soir, pour le dîner.

Adèle fut surprise par l’arrivée silencieuse du Baron qui la fit presque sursauter mais il n’en fut rien de plus qu’un cœur battant sous le coup de l’étonnement. Elle se trouva momentanément idiote avec sa couronne de fleur sur la tête mais le jeune Seigneur ne semblait pas s’en offusquer et lui trouvait même un certain charme quant à sa fausse candeur présentée.  L’Ancenis était avant tout espiègle et même si elle ne s’y connaissait que peu en politique, elle demeurait plutôt intelligente. Son défaut premier était son tempérament pratiquement indomptable et son côté imprévisible mais elle saurait tarir ses vilaines manies pour faire germer davantage ses qualités. Elle se savait belle et avait parfaitement compris qu’on pouvait jouer de cet atout face à un homme. Cette première leçon de vie avait été assimilée depuis bien longtemps. La main prise, elle se laissa faire et inclina légèrement sa frimousse en guise de soumission et respect. Lorsqu’elle fut à nouveau en pleine possession de ses membres, Adèle se plie d’une révérence gracieuse et courtoise afin de ravir plus encore son hôte qui ne manquait pas de faire ses éloges. Les joues rougirent, quel honneur de recevoir si fins compliments de la bouche du Seigneur Maciste d’Aphel. D’ailleurs, elle le remercia.




« Mon Seigneur le Baron, c’est trop d’honneur pour moi. Il parait que votre jeune épouse n’est pas non plus en reste et que sa beauté a failli en faire défaillir plus d’un. Je n’ose imaginer méritée vos paroles mais sachez que vos mots me vont droit au cœur et me flattent au plus haut point. »


Elle se tut, observant d’un œil attentif son hôte et lui laissa l’occasion d’en placer une s’il le désirait entamant dès lors un pas afin de longer ladite rivière.




« Vos jardins sont d’une splendeur à couper le souffle, Hautval ne recèle malheureusement pas tels joyaux même si ses trésors sont ailleurs. Hm… Je vais être franche, ma tendre sœur désire m’initier au monde politique et m’a donc envoyé en votre demeure, je crains pour ma vie… J’ai l’impression d’être jetée dans la gueule du loup. Certes, j’emplois des mots forts et je vous prie d’excuser mon insolence mais de mon œil novice, pourquoi devrait-on se lier avec une famille alliée à nos ennemis, la Marquise de Sainte-Berthilde, vous lui avez prêté serment… S’il devait y avoir une guerre, vous vous retournerez contre nous, contre moi et toutes vos éloges n’auraient été que du vent car ce ne serait pas au nom de ma beauté que vous épargnerez ma vie. »


Adèle se figea, glissant une main contre son minois comme apeurée par la mort qu’elle pouvait voir se dessiner à l’horizon. Si Ariane savait comment elle s’était exprimée avec le Baron, elle serait aujourd’hui, femme morte. Elle fit volteface pour se tenir devant le Seigneur d’Aphel, les yeux humides.




« Je fais vraiment tout de travers, je viens encore de tout gâcher… Comment pourrais-je me faire pardonner ? Pardonner cet affront ! »

Les perles d’un bleu se mariant à merveille avec un gris acier se posèrent sur cette main qui s’emparait de la sienne. N’était-ce pas indécent ? Adèle fut agréablement surprise et profitait de la chaleur de cette étreinte. Elle le lui montra d’ailleurs, baissant un instant son regard comme gênée par ce geste puis lui offrit un timide et charmant sourire en resserrant ses phalanges autours des siennes, signe qu’elle appréciait sa démarche. Attentive, elle écouta l’histoire des jardins d’Aleandra. C’était admirable et tellement romantique. Elle se prit à rêver, espérant qu’un jour son époux serait aussi courtois et la considérerait comme une reine. De ses grands yeux émerveillés, Adèle contemplait le jeune baron.




« J’en serais presque à jalouser votre épouse… votre Honneur. La Princesse d’Ys a une chance inestimable de vous avoir comme Seigneur et Maitre, vous la gâtez tant. Moi aussi, j’aimerais trouver un mari comme vous, prenant soin de moi, me donnant l’impression d’être une Reine… J’envie tellement votre belle Dame. »


En effet, aucun homme n’avait encore pu gouter aux faveurs de la jouvencelle, qui très exigeante, se contentait de faire miroiter ses atours ou quels qu’illusions de nuits ensorcelantes. Elle posa un regard maussade vis-à-vis de ses prochaines paroles. Elle savait bien que ce n’était pas uniquement pour l’honneur de ses neveux mais aussi par orgueil et gloutonnerie. Maciste était un homme ambitieux du moins l’avait-elle perçu ainsi. Elle espérait qu’il ne se brûle pas les ailes comme tant d'autres à en désirer trop. La Tempétueuse ne dit mot à ce sujet. Le Baron serait-il capable de mettre en lumière ce silence qui en disait sans doute long sur ses pensées. Elle le considéra avec méfiance jusqu’à ce que sa fougue l’emporte. La Belle regagnait son sourire en coin, un brin chapardeur. Et ses longs cils ombrageaient par quelques battements langoureux son regard de braise. D’un geste tout calculé, qui pourtant ne le paraissait pas, ses doigts se pressèrent contre le pourpoint du Seigneur Aphelian. Subjuguée, elle se rapprocha instinctivement du Dandy. Si proche, elle se hissait sur la pointe de ses chausses, plongeant ses océans tortueux dans ceux de son homologue.




« Oh doux Seigneur, vous venez de m’ôter les doutes qui me faisaient si peur. Mon cœur est à nouveau libre, défait de cette sensation oppressante et étouffante qui me nouait la gorge au point de manquer d’air. Je suis si heureuse de ne pas vous compter parmi les ennemis de ma famille, ce serait terrible pour moi de vous savoir menaçant, je crois que je ne m’en remettrais pas, Monseigneur le Baron. »


Souffla-t-elle du bout de ses lèvres rosées. Elle se détacha quelques instants de sa silhouette afin de se pencher vers une jardinière. Elle récupérait quelques belles fleurs suffisamment petites que pour en faire un anneau. De ses petites mains, Adèle transforma cette efflorescence en ouvrage végétal. A nouveau, ses doigts caressants saisirent la paume de Maciste et elle glissa l’anneau à son index.

Adèle, belle Adèle écouta attentivement les premières paroles de Maciste. Oh qu’entendait-il par là. Elle avait entendu certaines choses sur les mœurs plutôt légères de l’Estrevent qui était finalement aussi proche que celles de Soltariel avec sans doute moins d’exotisme mais plus de grandiloquence. Elle n’en dit rien et joua plutôt la carte de la timidité prenant une attitude candide en baissant honteusement les yeux vers le sol mais toute cette attitude s’envola bien vite. Après tout ne fallait-il pas trop montrer ses faiblesses ou semblants de faiblesses. La damoiselle fut par contre prise de court vis-à-vis de son comportement qui n’était pas parfait ou du moins pas à la hauteur de ses propres espérances. Elle n’avait malheureusement pas mis tout en œuvre pour lui suggérer qu’elle lui faisait confiance. Aussi, offrait-elle un air incertain et peu sure d’elle. La pucelle cherchait parmi les fleurs et le beau duvet d’émeraude des jardins un réconfort qu’elle ne trouva pas même si sa suggestion l’intriguait. Adèle ne pouvait pas s’empêcher d’évacuer tout ce qu’elle pensait !




« Je suis désolée de vous peiner, Monsieur le Baron mais vous savoir du côté de la Marquise de Sainte-Berthilde en sachant tout le mal qu’elle veut à ma famille et plus particulièrement à ma sœur ! Ça me rend vraiment nerveuse… Je sais que tout ne peut pas être blanc ou noir et je le regrette, je ne suis pas douée dans la politique, j’apprends à peine et j’ai de grandes difficultés, vous savez ! Mais j’ai vraiment du mal à dissocier l’idée du : être allié à une famille alliée à une autre famille ennemie, vous comprenez… Mais je m’excuse, ce sont les pensées d’une ignorante qui me font douter ainsi, j’ose espérer que vous me pardonnerez ! »


Elle poussa un soupire alors que son minois se détournait et qu’elle observant la rivière toute pensive mais l’Aphelian la tira de ses incertitudes. Elle pouvait sentir son bras enlacer sa taille de guêpe tandis que ses phalanges se faufilaient en une douce caresse contre sa joue et évinçaient une mèche de sa longue chevelure ondulées. Son cœur battait alors la chamade et elle retint son souffle toute en émois. Qu’était-ce donc cette sensation ? Cette envie ? S’en était trop pour elle et tenta de calmer son esprit en posant son regard sur cette gerbe de fleurs à laquelle elle coupa quelques belles plantes. La bague au doigt, elle acquiesça au propos du Prince. Tendant sa main pour qu’il l’invite à l’entrainer dans ses jardins. Il lui manquait un labyrinthe, c’était un jeu amusant. Les jeunes nobles, femmes et hommes, aimaient jouer à cache-cache dans celui de Hautval.




« Comment notre famille pourrait-elle s’unir ? Je ne parle pas là d’une simple alliance commerciale comme semble le vouloir, Dame Ariane. Je… pense… qu’il… Faudrait… davantage… renforcer… nos liens. »


La dernière phrase avait du mal à sortir. Elle pouvait prêter à confusion et sans doute était-ce pour cela qu’Adèle l’articulait en prenant son temps, plutôt gênée et mal assurée.