Un soutien venu du nord [Arsinoé]

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Wenceslas de Karlsburg
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MessageSujet: Un soutien venu du nord [Arsinoé]   Un soutien venu du nord [Arsinoé] I_icon_minitimeMer 24 Juil 2013 - 20:33


La nouvelle lui était parvenue dans l'après-midi, la royale veuve daignait enfin lui accorder audience en son chastel d'Edelys. Lorsque la missive lui était parvenue, Wenceslas n'avait eu de cesse de lire et relire le parchemin qu'il tenait des deux mains, comme s'il craignait à tout instant que les termes ne s'effacent sous ses yeux et que l'entrevue soit finalement ajournée. Il n'en serait rien; il n'aurait pas quitté son doux pays arétan et voyagé une semaine dans le sud pour rentrer les mains vides. Il se savait en parfaite position pour revendiquer le comté d'Arétria, et les événements de la veille n'avaient fait que l'approuver dans cette certitude.

C'est qu'il eut été dommage pour lui de manquer les royales funérailles. Royales funérailles ou couronnement ? La pieuse cérémonie donnée en hommage aux derniers vestiges d'une dynastie royale déjà bien diminuée était subitement devenue le théâtre de toutes les revendications politiques. Au fond, il fallait bien s'y attendre quand un événement rassemblait autant de hauts seigneurs, tant amis qu'ennemis de la couronne et de ses représentants. Et Wenceslas se devait de reconnaître que la dame d'Olyssea n'avait rien laissé au hasard pour légitimer son fils Bohémond comme Roi de la péninsule. Enterrer son père l'Ivrey - dont le statut de prince du sang était contesté par certains et dont la filiation demeurait quelque peu hasardeuse - dans le caveau de la famille royale, c'était là une manœuvre habile, très habile. Mais qui ne saurait à elle seule réduire au silence les ambitieux adversaires de la nouvelle reine régente. Asdrubal de Soltariel avait été le premier à le démontrer, en refusant de prêter allégeance au nouvel enfant-Roi. Le premier, et pas le dernier. Les grands du royaume étaient probablement plus effrayés par l'ombre du défunt Aetius que par sa veuve Arsinoé. Une femme de poigne certes, mais qui avait démontré par le passé qu'elle ne pouvait se passer du soutien d'un homme fort. Pour Wenceslas, le pouvoir était une affaire d'hommes; et c'était là une belle erreur de la part du conseil du Roi de ne pas avoir nommé un régent plus apte à assurer l'unité du royaume.

Mais au fond, qu'il approuve ou non la régence d'Arsinoé d'Olyssea, Wenceslas se devait de compter sur la dame. Il était venu pour la rencontrer alors qu'elle n'était encore que sa suzeraine, marquise de Sainte-Berthilde. C'était maintenant face à une reine régente qu'il devrait se présenter. Et tous ces changements de circonstances ne faisaient qu'appuyer un peu plus ses revendications. Au moment où les ennemis de la royauté semaient leurs complots dans tout le royaume plus sûrement que l'Ivrey n'y avait semé ses innombrables bâtards, Arsinoé d'Olyssea ne pouvait se passer d'un soutien quel qu'il soit. Un comte loyal en Arétria lui avait toujours fait défaut; Wenceslas entendait bien être celui-là, et il n'escomptait pas quitter les murs d'Edelys en ayant essuyé un refus.

Il fut reçu dans la soirée au sein de la belle résidence. Là, on l'introduisit auprès de la reine régente. Bien qu'il l'ait aperçue lors de la cérémonie de la veille, Wenceslas s'était toujours demandé ce qu'on pouvait ressentir lorsqu'on s'adressait face à face à une personne royale, expérience encore inédite pour le simple seigneur arétan qu'il était. Il la salua de manière solennelle, mais il eut finalement bien du mal à la considérer comme une reine. Reine, elle ne l'était que par droit de son fils, un innocent bambin qui demeurerait étranger au cruel monde de la politique pendant encore de nombreuses années. Tout au plus n'était-elle que la veuve de l'homme le plus implacable qu'ait connu la péninsule depuis des décennies - ce qui n'avait pas empêché l'intéressé de passer de vie à trépas. Mais peu importait qu'elle ait ou non la stature d'une reine régente : elle l'était par les lois du royaume, et Wenceslas se devait de le respecter.

- Votre Majesté, c'est un honneur pour moi d'être reçu en ces lieux. Je n'osais espérer une entrevue si rapide, alors que vous êtes en plein deuil et que votre temps est si précieux.

Ce n'était là que pure politesse, bien évidemment. La dame d'Olyssea savait bien ce qui amenait le seigneur de Karlsburg à Diantra, ses motivations ayant longuement été exposées dans la lettre qu'il lui avait adressée. Et pour lui, leur entrevue n'était pas une simple faveur qu'elle lui accordait, mais une nécessité qui s'imposait à elle-même. L'ombre d'une guerre se profilait à l'horizon, le royaume était en ébullition et plus que jamais, il était temps qu'elle se dote d'un homme de confiance dans le nord.
Elle ne saurait refuser l'aide que je lui apporte.

- Je déplore comme beaucoup la disparition de votre époux. Il fut le plus grand serviteur qu'ait connu ce royaume. J'ai toujours été, en chaque occasion, de ceux qui le soutiennent, et j'entends bien honorer sa mémoire en vous servant vous et le Roi votre fils, madame.

Alors qu'il parlait, la voix du seigneur arétan semblait dénuée de toute émotion. S'il était convenant d'exprimer à la veuve le respect - bien réel - qu'il avait eu pour le défunt régent, Wenceslas de Karlsburg n'était pas homme à en faire de trop, sa seule hâte étant d'aborder les questions essentielles.
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MessageSujet: Re: Un soutien venu du nord [Arsinoé]   Un soutien venu du nord [Arsinoé] I_icon_minitimeVen 26 Juil 2013 - 23:42



Edelys, où la Ferté-Edelys selon certains, trônait sur un éperon rocheux dominant le fleuve Garnaad. Ovoïde, son haut rempart aux courtines parsemées de bastions environnait une basse cour bien vivante, elle-même séparée de la haute-cour et de sa chemise par un fossé sec. Le haut et robuste donjon se tenait lui isolé du reste de l'édifice castral. Le logis annexe, cette aula rectangulaire qui reposait légèrement surélevée sur un cellier bien garni, témoignait des  affres récents de la royauté ; elle s'était étendue tentaculaire suite à l'avènement du roy Eliam dit le jeune, lorsque l'Ivrey jadis tout occupé à y narguer Diantra et son cousin aux yeux débiles élu d'y installer sa cour.

Mais Aetius et son petit roy mafflu avaient été remis à la terre il n'y avait pas moins de deux jours, au gré de funérailles qui n'avaient pas été sans leurs part de heurts. Confrontée à la déconfiture de son irénisme, éprouvée par ces gens cauteleux œuvrant pour la seule déshérence d'un royaume, la dame s'était recluse avec le royal enfançon dans ce chastel qui était le leur, entourée de ses privés et de foison de bons chevaliers venus de ses fiefs du nord à l'ordonnance de son baillis et sénéchal le sire de Bazolles. Elle y côtoyait aussi les commensaux et compagnons de son défunt époux, ces capitaines aux dents longues qui méritaient redevance pour leur loyauté sans faille à leur ami et sa lignée, redevance qui prenait le plus souvent la forme de titres et avoirs dans les domaines méridionaux du garçon Bohémond, à savoir la Calmèrrese et les gentilles étendues champêtres environnant Edelys.

La grand-salle, bien tendue de lambris et éclaircie par de grands luminaires et chandeliers de cuivres qu'agrémentaient les rayons sélénites, accueillait aujourd'hui un seigneur Arétan aux ambitions assumée. Les missives du sire de Karlsburg avaient autrefois fait grand bruit dans la maisonnée, occupant les esprits du régent et de sa dame qui devaient d'abord sonder la situation implexe du pays Arétan. Le comté, jadis rendu fort sous l'égide sévère d'Anseric, s'était avec sa mort désagrégé en un amas opaque de villes-franches, seigneurs pillards et sires aux abois dont il ne filtrait rien de bon. Ledit Wenceslas, s'il ne semblait se réclamer de l'antique maison de Viorel ou jouir d'une position de grande force, était néanmoins un des rares leudes du comte félon à avoir refusé son appel.

C'est pourquoi l'Ivrey s'était jadis résolu à le mignoter, et ce qui commandait adonc, à tout le moins, qu'il fut reçu avec munificence et bien entendu. Ainsi donc la plus grande part de la mesnie était disposée dans le hall, les plus hauts officiers du logis et ceux qui étaient grands dans le secret de la dame se tenant derrière le cathèdre d'icelle en haut du dais. Elle connaissait bien mal ce vavasseur de la Malelande, sinon qu'il fut d'un âge avec elle et n'était pas non plus étranger au veuvage. Ces quelques mots prononcés, solennels mais ne faisant pas montre d'une belle loquèle, ne lui étaient d'aucune aide lorsqu'il venait à aviser le tempérament de l'estrange, sinon ses aspirations qu'elle connaissait trop bien. Elle prit alors le temps – laissant un grave silence planer quelques secondes – de le dévisager : hâve et languide, ce n'était pas là un faciès propre à inspirer un peuple. Elle répondit lors de la voix suave qui lui était propre :

« Doux sire, ce deuil dont vous parlez sera adès enclot en mon cœur, l'Ivrey qui était un moult puissant et haut seigneur n'en desservant pas moins, mais il ne peut me soustraire aux devoirs qui sont les miens dans cette vie. Vous pourrez jouir de cette maison qui fut la sienne aussi longtemps qu'il vous plaira, et il me viendrait à grande aisance que nous poursuivions notre parlemens céans, que vous demandiez de moi ce qu'il vous plaira. »

Elle se leva alors, laissant à son chambellan Artaud de Mareuil l'honneur de disposer une table carrée – simple mais de bonne facture – non loin de l’âtre et en bout de salle de l'autre coté du dais. Là, les deux nobles gens pourraient ergoter sans ambages aussi tard qu'il le fallait, accompagnés d'une simple poignée des confidents de la marquise, dont Artaud, le captal de Sillé et la chanoinesse qu'elle avait de cousine. Un échanson y présenta des hanaps ainsi qu'un vase d'un vin plaisant et sec, clair comme larme, provenant des cépages de l'abbatiale Saint-Odilon jouxtant le lac Balgure. L'intéressante d'Olyssea s’élança à nouveau :

« Après m’être heurtée aux accès de vésanie du duc de Soltariel et de sa secte, votre venue est assurément de bonne augure. Oyez et soyez réconforté dans le savoir que toujours Aetius vous aura loué et honoré, comme on le fait un compagnon d'arme à fort ennort, jaçoit qu'il ne vous connaissait que de réputation. »
Puis, hésitant à brocher le sujet qui dévorait son hôte, préféra le laissa s'avancer en ajoutant avec préciosité : « Qu'en est-il de votre pays monseigneur ? Il est dit que votre tour se dressait déjà à l'aube du cycle dernier. »
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MessageSujet: Re: Un soutien venu du nord [Arsinoé]   Un soutien venu du nord [Arsinoé] I_icon_minitimeDim 28 Juil 2013 - 18:14


Un simplet se serait probablement émerveillé, en cet instant, de se trouver à la place de Wenceslas. Combien de petits seigneurs, dont les domaines étaient aussi éloignés de la capitale que l'était le sien, pouvaient-ils se vanter d'être admis à converser avec une aussi noble dame ? N'importe qui s’enorgueillirait qu'une reine régente trouve du temps à lui consacrer, à lui et à lui seul. En telle posture, on se sentait dans la confidence des puissants de ce monde, comme si l'on pouvait partager un peu de leur pouvoir rien qu'en s'asseyant à leur table.
Mais Wenceslas était trop pragmatique pour s'en gonfler d'orgueil. N'oubliant jamais sa condition, humble serviteur qu'il était, il se refusait de témoigner d'un trop-plein de reconnaissance pour les futilités d'un bel accueil. Il ne cherchait pas l'amitié de la dame, ni à se faire apprécier d'elle, lui qui n'avait jamais su se faire aimer, il souhaitait seulement être vu tel qu'il était : un homme ennuyeux au possible, mais d'une loyauté sans faille, fidèle à ses valeurs et à sa parole. Il esquissa néanmoins l'un de ses rares sourires à l'évocation des bons sentiments qu'avait l'Ivrey à son égard, bien qu'il ne soit pas dupe. Il lui paraissait peu probable que le défunt régent ait eu l'occasion, devant son épouse, de faire grand cas de la loyauté du petit seigneur de Karlsburg, aussi soupçonnait-il la dame d'en rajouter un peu.
Peut-être ai-je tort d'en douter. Peut-être avait-il fini par considérer ma féauté à sa juste valeur... bah, qu'importe. Cela ne change rien à la situation, après tout.

- La féauté de Karlsburg va à Sainte-Berthilde et à la couronne, madame. La terre de mes ancêtres se porte aussi bien que possible, et vous et votre famille y serez toujours accueillie comme chez vous, si modeste soit-elle.

Les terres de Wenceslas avaient été relativement épargnées au cours de la rébellion du comte d'Anseric. En choisissant le parti de la marquise au bon moment, il avait su éviter de gaspiller des hommes et des biens dans la débâcle de son suzerain de l'époque. Mieux, il avait pu tenir à distance les rapineurs, lesquels avaient préféré ravager d'autres seigneuries restées sans défense après le départ de leurs miliciens. Grâce à son sens de la loyauté - ou son opportunisme - Karlsburg s'était remarquablement mieux tirée du conflit que la plupart des autres châtellenies arétanes. Cela ne l'empêcherait pas de souffrir à l'avenir si le calme n'y était pas rétabli rapidement.

- J'aimerais pouvoir en dire autant de tout le pays arétan, poursuivit-il avec gravité. Depuis la défaite du Goupil, la malelande est en proie à d'incessantes luttes intestines. Les conflits qui secouent la région font la part belle aux larrons qui sévissent de plus en plus nombreux sur nos routes, et la situation ne me semble pas être en voie de s'arranger. Mes semblables s'occupent de leurs affaires et poursuivent leurs ambitions sans se soucier de quand la paix du Roi sera rétablie, et je doute qu'ils seront nombreux à célébrer l'avènement du Roi Bohémond.

Il s'interrompit un instant pour tremper ses lèvres dans le vin qu'on avait généreusement mis à leur disposition. Un crû dont il n'avait pas l'habitude de profiter dans le nord du royaume, où ce n'était guère que de la piquette qui abreuvait les tavernes de la malelande et où les hommes, moins maniérés qu'ici, s'enorgueillissaient de pouvoir descendre un plein tonneau de bière à défaut de savoir apprécier un bon vin.

- Il n'en résulte jamais rien de bon lorsque des hommes de basse condition se mettent soudain à penser qu'ils sont devenus leurs propres suzerains. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Arétria n'a plus de comte, et vous-même, en tant que marquise de Sainte-Berthilde, êtes retenue ici à Diantra pour des raisons que je sais fort légitimes. Il n'empêche que sans pouvoir fédérateur dans la région, chacun en vient à appliquer comme il l'entend sa justice sur ses terres, sans rendre de comptes à qui que ce soit. Cette situation ne peut perdurer.

Tandis qu'il parlait, le seigneur de Karlsburg ne perdait jamais la dame d'Olyssea du regard, la fixant sans ciller de ses yeux pâles. Si celle-ci avait attendu que son invité n'en vienne de lui-même au motif de sa visite, elle n'allait pas être déçue. Dans l'intimité de la dame et de ses proches confidents, Wenceslas pouvait parler sans s'embarrasser de circonlocutions.

- Le jour où l'un de ces renégats en viendra à s'autoproclamer comte d'Arétria, je doute qu'il fasse preuve d'une grande loyauté à votre égard, madame. Peut-être risquerait-il même de prendre parti pour l'un de vos ennemis. Il vous faudrait nommer quelqu'un prestement, quelqu'un en qui vous pourrez avoir confiance.
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MessageSujet: Re: Un soutien venu du nord [Arsinoé]   Un soutien venu du nord [Arsinoé] I_icon_minitimeMar 30 Juil 2013 - 21:08


Qu'il était d'étrange de deviser avec ce sire gourmé, sévère, cérémonieux et dépourvu de cordialité qu'était Wenceslas de Karlsburg. Matois, il se posait tantôt en fidèle et modeste caudataire, pour ensuite mieux avancer ses roides intentions sur le comté dont il était question. D'humeur étrangement guillerette et pudibonde, la dame d'Olyssea se fendit lors et pour seule réponse d'un sourire sibyllin, avant de mander à la chanoine qu'elle avait de cousine de lui remettre le hanap qu'elles partageaient. L'hardi captal, n'avisant pas mieux les airs abscons de sa maîtresse - qu'il savait pourtant ne pas être une nicette simple d'esprit – et sentant un silence malaisé s'installer, ajouta alors  de sa belle voix suave : « Si l'enfant Yvain était en notre possession, peutestre pourrions nous inféoder à nouveaux ces gens belliqueux. Il me vient à grand'tristesse, ma dame, de trouver que je regrette les grands parlemens et festins moults plantureux que nous avons fait au lendemain de votre triomphe sur les conjurés, sans quoi nous aurions pu temprement triompher de ces sires déconfits qui aujourd'hui font à leur volonté, ainsi que des manants bourgeois de Kulm et Lun qui s'approprient adonc nombres de franchises indues sans que nul en tire riches profits. »

La gentille chanoine sharassiene, qui répondait au nom d'Hérrade et n'avait pipé mot de la soirée, intervint alors pour le profit de sa parente la reine que les mots durs de messire Estienne avaient mélancolié quelque peu, s'esclaffant d'un ton riant : « De bien vaillantes paroles messire, pour un qui se merveillait devant chaque entremet nouveau et qui efforcait si durement les chapons à toutes les sauces. »

Le captal aux tempes grises, qui derrière sa courtoisie affable laissait poindre une certaine impatience répondit à la boutade avec légèreté : « exilez-vous quelques années en terres orientales douce amie, vous témoignerez par vous même de l’appétence pour l’honnête mangeaille que vous feront naître les mets de ces mangeurs de dates. »

Échangeant un regard complice avec son confident Artaud qui silencieux guettait aussi bien le faciès de Wenceslas que les coupes – qu'elles ne demeurent longtemps vide -, Arsinoé coupa court au jabotage de ses plaisantins de commensaux qui risquaient fort d'ennuyer ce sire qui jouait là tout son avenir. Posant enfin son vase à blanc vin, elle croisa ses mains diaphanes ainsi que le regard pale et froid dudit seigneur, et d'un ton respirant la plus sainte sincérité s’élança :

« Croyez m'en bel ami, les affres et maux qui affligent les bonnes landes Arétanes m'attristent tout autant que ceux qui pourraient naître en pays Berthildois, et il n'a jamais été question d'abandonner cette terre qui me doit allégeance aux mauvais gens comme il en courre partout où la terre ne reconnaît pas son prince. Le temps à cependant mis à mal nos projets, et mon sénéchal Adelin qui est un seigneur fort en honneur se trouva à guerroyer d'abord dans le pays du Ner et ensuite contre les hérétiques de l'aveugle de Noblegriffon. Puis vint la tragédie de mon veuvage, et nous avions alors avisé d'attendre que l'hiver passe, faute d'appuis parmi les seigneurs du crus. Sauf mon cousin Godefroy le sire de la Toranne, un hutin s'il en est, qui élu de chevaucher devers la Malelande avec grand foison de compagnons d'armes... libérant une halenée épicée, elle conclut l'exorde par une interrogation se voulant teintée d'innocence, mais qui monseigneur, qui pour endosser un si lourd fardeau et servir mes intérêts avec la probité qu'il se doit ? »

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MessageSujet: Re: Un soutien venu du nord [Arsinoé]   Un soutien venu du nord [Arsinoé] I_icon_minitimeMer 31 Juil 2013 - 14:00


Quoiqu'indifférent aux bavardages futiles de messire Estienne et de la chanoine, le seigneur de Karlsburg haussa légèrement les sourcils à l'évocation d'Yvain. Allons donc, cet enfant n'était-il pas mort et enterré depuis des lustres ? Fâcheux. A l'idée qu'on puisse lui préférer le rejeton d'un traître pour reprendre le comté, Wenceslas gratifia le captal d'un regard sombre, regard que ce dernier ne remarqua pas puisqu'il les régalait maintenant de ses souvenirs de festins. Qu'il s'empiffre donc autant qu'il veuille, et qu'il laisse ce petit merdeux de mouflet là où il se trouve. Qu'il plaise à Diantra d'avoir un enfant sur le trône, mais cela ne se produira pas en Arétria.

Demeurant silencieux à la querelle qui se jouait, il porta son attention sur Arsinoé. La reine régente reprit alors la parole avec un sérieux dont il lui fut gré. Du moins le crut-il avant de comprendre dans quel jeu elle souhaitait le lancer. Listant un à un les seigneurs et hauts meneurs d'hommes qui avaient envisagé puis renoncé à pacifier la malelande, voilà qu'elle lui tendait la perche par cette question dont tout le monde à cette table connaissait la réponse. S'attendait-elle à ce qu'il prononce un nom autre que le sien propre ? Aurait-il parcouru la longue route depuis Karlsburg jusqu'à Diantra pour lui parler d'un nouveau champion arétan, si ce ne devait pas être lui ? Alors, devait-il maintenant élever la voix et lancer haut et fort qu'il était cet homme-là, celui qui rétablirait l'ordre et ramènerait le comté d'Arétria dans sa féauté à la couronne ? C'eut été manquer autant d'originalité que de modestie. Et puisqu'elle voulait jouer le jeu de l'éloquence, Wenceslas allait s'y prêter, fut-ce à contrecœur.

- En vérité madame, aucun seigneur arétan n'acceptera de se plier à la volonté d'un étranger. Les hommes de mon pays sont bien trop fiers de leur terre, et ne reconnaîtront d'autre suzerain que l'un des leurs. Vous pourriez envoyer n'importe qui chasser ces mauvaises gens et confisquer ce qu'ils se sont indûment accaparés, d'autres de la même espèce prendront leur place sitôt que vous aurez rabaissé votre garde.

Il s'interrompit quelques instants, tandis que le chambellan Artaud remplissait leurs coupes. Il était songeur, cherchant ses mots comme s'il n'avait pas médité pendant des semaines à la façon dont il pourrait convaincre la marquise. Fixant tour à tour le captal de Sillé, la chanoine, le chambellan puis la reine, il poursuivit :

- L'ennui est que l'antique maison de Viorel ne semble plus guère en mesure de présenter un successeur à l'heure actuelle. Les guerres déciment les plus grandes familles, malheureusement. Cela fait bien longtemps que la grandeur de cette maison s'est tarie, et ce qui lui restait d'honneur s'est définitivement éteint du fait des actes odieux d'Anseric de la Rochepont, qui lui-même n'en était qu'un lointain rejeton.

Une grimace tordit les traits déjà disgracieux du seigneur de Karlsburg lorsqu'il prononça le nom du Goupil. Puis il soupira, comme si évoquer la chute d'une grande maison devait l'attrister plutôt que d'être pour lui une opportunité rêvée. C'est qu'il était inconvenant de se réjouir de ces choses, et si pressé fut-il d'enterrer les vestiges de ses anciens suzerains, Wenceslas se refusait à manquer publiquement de respect à la noble famille de Viorel.

- Nous vivons une époque de grands changements. Un nouveau Roi monte sur le trône, et la grandeur de son règne rassemblera une péninsule bien trop divisée par une succession de guerres civiles. Mais il vous faudra de nouveaux appuis solides. Voici mon conseil, madame. Placez une autre maison arétane à la tête du comté. La maison de Karlsburg est digne et ancienne, et elle s'est illustrée par une fidélité constante à la cause diantraise.
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MessageSujet: Re: Un soutien venu du nord [Arsinoé]   Un soutien venu du nord [Arsinoé] I_icon_minitimeJeu 1 Aoû 2013 - 21:29

Écoutant avec attention l'argumentaire avisé du sire peu prolixe, la dame opinait et acquiesçait quand il le fallait mais demeurait coi, posant sa main richement parée de pierreries sur son hanap lorsqu'un échanson s'en approchait. Voilà deux fois qu'il mentionnait ce goupillon dont elle avait été comme la Némésis. La souvenance de la conjuration, autrefois terrible et menaçante, s’effaçait chaque jour un peu plus, si bien qu'il lui était aujourd'hui malaisé de se remémorer le faciès de celui qui ne serait demain qu'un vague et fade démon onirique. Qu'importe, que son corps soit perdu dans un hallier ou englouti au fond d'un puits, il n'était aujourd'hui qu'un félon racé auprès duquel il était aisé de paraître probe et droit. Quant à l'évocation malheureuse d'une lutte fratricide ravageant le royaume, elle lui semblait autrement plus malavisée, l'intéressante y voyant un mauvais augure des mois à venir. Fronçant un tant soit peu ses sourcils ourlés, elle en ouït à peine la phrase suivante avant de répliquer à son tour:

« Je ne puis aviser et imaginer, doux sire, que les menées des quelques barons rechignant qui encore récusent le bon droit de mon enfançon aient la moindre commune mesure avec celles contre la renardie, la goétie et le stupre du roy au vélin. Ce ne sont là que les rodomontades d'un pantin juvénile doublé d'un mulâtre infirme - je nomme messire Nimmio - poussé à l'avanie par son épouse délurée, malivolente et vésanique d’avoir été répudiée par l'Ivrey, moult vaillant homme et à grand'prouesse qu'elle ne sut pourvoir d'un hériter. Qu'ils s'épuisent en vaines querelles tant la tache semble sisyphéenne et les moyens trop chiches ; peu m'en chaut et petit y gagneront, sinon l'anathème. Or je vous sens loin de toute cautèle, et puis légèrement vous partager le secret covenant que me présenta l'outrecuidant de Velteroc alors que j'étais en grand deuil ; le drôle, assurément sous l'assuétude de l'opium, se proposa de s'arroger l'auguste office du sénéchalat, ainsi que les pays Eraçonnais et Chrystabellois. Il fut heureux qu'en ma dolence je demeurais bien environnée d'excellents seigneurs, dont le chancelier de nostre bon royaume, conclut-elle pensive. Marquant une pause, elle se décida enfin à gratifier le sire d'une réponse, qui elle l'espérait lui viendrait à assez grande félicité pour pardonner cette logorrhée peu seyante. Je vous crois un homme de cette espèce, et c'est pour cela ainsi que la fidélité atavique de votre lignage que je suis incline à vous voir temprement élevé à l'honneur comtal ; et non-pas par un veule calcul croyez-m'en. Si il vous plaît, je pourrais recevoir au lendemain votre serment de fidélité, céans et devant nombre de bons sires et chevaliers, pour ensuite deviser d'affaires plus concrètes. »


Dernière édition par Arsinoé d'Olyssea le Ven 2 Aoû 2013 - 9:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un soutien venu du nord [Arsinoé]   Un soutien venu du nord [Arsinoé] I_icon_minitimeJeu 1 Aoû 2013 - 23:51


Le seigneur de Karlsburg se tint silencieux et grave pendant que la dame déblatérait ses griefs à l'encontre des responsables de l'humiliation qu'elle avait subie lors des funérailles royales. Il craint pendant un instant qu'un propos malencontreux de sa part n'ait déclenché les foudres d'Arsinoé et qu'il n'en fasse lui-même les frais. Heureusement, il n'en était rien : alors qu'elle maudissait d'une part la baronne de Hautval et son manchot d'époux le comte de Velteroc, et encensait d'autre part le regretté Aetius d'Ivrey, Wenceslas, lui, semblait avoir la faveur de se trouver dans le rang des méritants auxquels elle pouvait accorder sa confiance. Ce n'était là que justice : n'avait-il pas toujours œuvré dans ce sens ? Et alors qu'il se demandait si ce flux de paroles haineuses allait connaître une fin, la dame en vint enfin au fait qui l'intéressait tant. Lui, Wenceslas de Karlsburg, le premier de sa maison, allait être élevé au rang de comte. Un sourire franc apparut sur les lèvres du noble, et pendant quelques secondes, il parut si rayonnant que cela en éclipsait presque sa laideur. S'il n'était pas tenu d'adopter une conduite digne devant une dame de haut parage, peut-être aurait-il laissé bruyamment éclater la joie que lui procurait cette victoire. Au lieu de cela, son visage redevint rapidement solennel mais c'est d'un ton quelque peu enjoué qu'il répondit :

- La jalousie, voilà ce qui anime la ribaude. Elle vous jalouse vous, car vous représentez tout ce qu'elle n'a pas été, ce qu'elle n'est pas, et ce qu'elle ne sera jamais. L'immonde diarrhée verbale qu'elle nous servit hier dans l'enceinte de la basilique, sans considération aucune pour la solennité qui est pourtant d'usage en ce lieu saint, fut des plus éloquentes. Je fus de ceux, et ils furent nombreux, qui s'offusquèrent lorsque sans vergogne aucune, elle osa contester devant nous la légitimité de votre fils, elle qui rêverait de placer sa bâtarde de fille sur le trône. Il est regrettable que son époux n'ait eu ni la décence ni l'audace de lui intimer le silence... mais pouvait-on en attendre autrement de la part de ce sire de Velteroc, lui qui contestait beaucoup moins votre autorité à l'heure où il pensait pouvoir en tirer profit ? Une girouette, je vous dis, un tourne-casaque, voilà ce qu'il est.

Il haïssait au plus haut point cette engeance d'hommes incapables de prendre parti, mangeant à tous les râteliers sans conviction aucune, et cherchant uniquement à sauver leur peau. Qui plus est, Wenceslas croyait avec force dans cette histoire que le manchot n'ait été que le pantin de son épouse, une intrigante qu'il fallait mettre hors d'état de nuire. Il n'y a rien de plus dangereux qu'une femme qui a soif de pouvoir, songea-t-il, et le pire advient lorsque cette soif l'oppose à une autre femme.
Guère naïf pour autant, il savait que tout n'était pas innocent dans la cause d'Arsinoé d'Olyssea. Mais il avait choisi de prendre son parti, certes car il avait directement quelque chose à y gagner, mais également car il voyait en elle la dernière émanation d'Aetius d'Ivrey, un homme qu'il tenait en haute estime. Royaliste jusqu'au bout des ongles, le seigneur de Karlsburg - pouvait-il déjà s'intituler comte d'Arétria ? - savait que le royaume était fragile, mais les fondations de celui-ci devaient s'appuyer sur l'enfant-Roi Bohémond, car il ne voyait personne de plus légitime. Certes, ses liens avec la dynastie Firaam sont quelque peu éloignés... mais je préfère cela que voir un noble s'accaparer le trône en achetant le consentement de ses pairs par des promesses de terres et de titres.

- Je n'aurais de mots assez forts, Votre Excellence, pour exprimer ma gratitude quant à l'honneur que vous me faites. Vous pardonnerez mes mornes talents d'orateur. Mes actes seront probablement plus équivoques. Vous n'aurez, madame, pas de plus fidèle soutien que celui du comte d'Arétria et de ses descendants, soyez-en assurée. Je prêterais serment devant les dieux et les hommes, et le malheur s'abattra sur moi et sur mon nom si je devais un jour me parjurer.

Il avait reprit une voix calme pour prononcer ces mots, mais sa monotonie habituelle s'était temporairement effacée. Plus fier de ses mots qu'il n'osait l'avouer, le seigneur arétan se leva de table et, prenant congé, prit le temps de s'incliner bien bas - mais pas trop en raison de sa petite taille - pour baiser la main de la marquise.

Là-dessus, il reprit la route de Diantra où, restés à l'abris dans l'hôtel royal où il séjournait, l'attendaient Messire Reynald et la petite compagnie d'hommes qui l'avait escorté depuis le pays arétan. Et après avoir révélé à l'érudit les tenants et aboutissants de sa rencontre avec la marquise, Wenceslas réclama à son valet de quoi écrire. Là, il rédigea un courrier qu'il remit entre les mains dudit valet, lui demandant de trouver quelqu'un pour remettre la missive au plus vite et en mains propres à son oncle Alwin, à Karlsburg.
Comme à la veille de chaque moment que l'on sait décisif pour notre existence, le sommeil lui vint difficilement cette nuit-là, tant la cérémonie du serment de vassalité suscitait chez lui ce mélange de hâte et d'appréhension inexplicable.

Il était pourtant frais et en excellente forme au petit matin. Il déjeuna avec appétit, et ses compagnons de route eurent la surprise de le découvrir plus cordial qu'ils ne l'avaient jamais vu. Une proximité toute éphémère à laquelle ils ne devraient pas s'habituer, le pouvoir ayant cette faculté de rendre les hommes distants de ceux qui leur sont inférieurs. Qu'en serait-il de leur seigneur arétan, déjà si sévère et froid comme la pierre ? Bien loin d'avoir le temps pour de telles considérations, les hommes de Wenceslas devaient apprêter leur seigneur pour la rencontre à venir. C'est qu'il fallait tout de même qu'il montre un peu de majesté, ne serait-ce que pour les témoins. Le résultat fut plus satisfaisant qu'on n'aurait pu l'imaginer quand on était habitué à son allure d'épouvantail. Revêtu d'un long manteau de velours noir recouvrant une tunique sur-laquelle était brodé sur sa poitrine, en fils d'argent, l'aigle bicéphale de la maison de Karlsburg, il montrait maintenant toute la noblesse qu'on pouvait attendre d'un comte.
On se mit alors en route pour Edelys, le sire de Karlsburg montant un cheval à la robe blanche immaculée qui contrastait de belle manière avec sa tenue aux couleurs sombres. A ses côtés chevauchaient Fenrir et Arthem, deux hommes d'armes qu'on avait grimés à la hâte comme de preux chevaliers. Et c'est qu'ils avaient l'air presque nobles, ces gueux, une fois revêtus d'une armure de cérémonie. Suivaient Messire Lencolia et Cornelius. Autant le dire, la suite du nouveau comte d'Arétria était bien courte, mais Wenceslas s'était refusé à venir à Diantra avec une plus large compagnie; d'une part parce que le voyage aurait été beaucoup plus long et lui aurait fait manquer les funérailles royales, d'autres part parce qu'il n'avait pas, au moment de son départ, la garantie que la marquise de Sainte-Berthilde consentirait à l'élever au rang comtal. Nul doute que la rencontre eut pu avoir une toute autre allure si elle s'était tenue à Cantharel, mais la sobriété convenait aussi bien à Wenceslas, que le grand faste propre à ce genre de cérémonies pouvait agacer.
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MessageSujet: Re: Un soutien venu du nord [Arsinoé]   Un soutien venu du nord [Arsinoé] I_icon_minitimeDim 4 Aoû 2013 - 9:12

Arsinoé n'eut pas la peine de le semondre deux fois, ce comte en devenir qui à une heure de la sexte se présenta au logis avec sa poignée de portefaix. On dîna frugalement, de chapons nappés de blanc-manger, à la saveur aigre douce d'une sauce verte à base de galanga, cannelle et de verjus. Maigre chère pour la cour oisive qu'entretenait la dame, car idoine au périple et pèlerinage qui s’annonçait et pour lequel chacun devait avoir cœur et ventre léger. En effet et contrairement à ce qu'elle avait pu laisser entendre, le serment ne se tiendrait non pas dans l'aula de la ferté - qui, quoique abeausit de lambris, seyait plus aux plaids qu'à cette sainte emprise - mais plutôt dans l'admirable abbatiale de Nostredame-de-la-Bien-Venue, où dasmedieu avait jadis foulé la terre.

Le voyage se déroula sans heurts et ne mérite guère d’être ici relaté. On traversait un bon pays champêtre laissé en pacage extensif tant il avait été dépeuplé par la Malenuit, des landes où broutaient de grands troupeaux de bovins et ce à grands profits pour les moines et hobereaux du domaine. Sis entre les deux affluents de la moire Garnaad, il ne manquait pas de gentils rivelets et rigoles où barbotaient des canards sauvages sous le soleil riant. Grand foison de valetaille environnait de toute part la gaillarde coterie, qui ergotait de choses grandes et petites ; la dame n'ayant pas hésité à faire convier nombre de hauts seigneurs et capistons tant pour se prévenir de toutes futures renardies de Wenceslas que pour surprendre et merveiller l'abbé sénescent. En effet le prélat - pourtant grandement redevable au prince Aetius qui lui avait octroyé ce riche pays et édifié son précieux monastère par grande coutance - n'avait encore daigné rendre serment à son fils héritier le roy Bohémond. Sur sa belle et docile haquenée alezane, l'intéressante se tenait à part et marmoréenne, lancinée comme elle l'était par l'aphte lui dévorant la mâchoire.

On parvint au monastère alors même que perçaient les derniers reflets rouges incarnats de l'astre et que virevoltaient des créatures vespérales ; moucherons, phalènes et vanesses. On passa devant l'hypèthre découvert où s'était recluse la triste divinité, et où pouvaient se recueillir dans la plus profonde ataraxie les frères cénobites du moutier et leurs hôtes. Puis devant l’hôtellerie où l'on passerait la nuit, pour finalement investir la grande et belle chapelle au centre du complexe, où les religieux du cloître se tenaient déjà en bon ordre autour du chœur. Vêtue d'un mantel doublé de peau d'hermine recouvert de son armeline tachetée coutumière, sa longue crinière lustrée libérée de toutes contraintes et parée d'un fin tortil d'or, la dame-régente accepta au nom de son enfançon l'hommage du vieux religieux, endossant la charge d'avouée de l'abbaye.

Puis vint le tour d'un dancelon scylléen, oscillant entre le sicaire et le gandin, répondant à la douce appellation de Prestépée. Il apposa sa main à la sainte relique qu'était le voile d'une antique gardienne de la déesse ailée, faisant là serment de fidélité pour les châteaux lui ayant été octroyé dans la Calmèrrese et autres fiefs de son feu compagnon l'Ivrey. À ses cotés, la chanoine Hérrade d'Olyssea qui savait lire les mots et qui avait rédigé au préalable ce contrat fondé sur texte, se tenait prête à les lui susurrer dans l'éventualité où sa mémoire fléchissait.


    « Sous le regard de Damesdieu, moi Arapienzzo Carvali, Seigneur d'Aggia et avoué du sanctuaire de Saint-Oste, en présence d'Arsinoé d'Olyssea, de Wenceslas de Karlsburg, d'Estienne de Sillé, de Benfred de Canosse, d'Hugo de la Jaille, nobles, et de nombreux autres prud'hommes dont le haut prélat Gorman de Sales, suis venus au monastère de Nostredame-de-la-Bien-Venue par la semonce de la dame Arsinoé et de l'abbé dudit couvent, qui m'ont requis, devant tout les susdits, à reconnaître fidélité et hommage au roy Bohémond et à sa régente pour les châteaux, domaines et lieux que je tiens en fief de lui.

    Je jure, moi Arapienzzo Carvali, sire d'Aggia, qu'à partir de cette heure et à l'avenir, je ne te ferai aucun tort à toi, Arsinoé, marquise, fille de feu messire Amaury, et pas davantage à ton fils Bohémond, roy ; je vous manifesterai une fidélité parfaite et sans tromperies aucunes, ainsi qu'un homme doit se comporter à l'égard de son seigneur ; et je ne porterai aucune atteinte aux domaines du Berthildois, d'Olyssea, de Scylla, de Marcalm, de Nelen où d'Edelys, dans l'intégrité de leurs frontières et marches. Pas plus que je n'en porterai à ta vie, à ton honneur ou aux honneurs que tu possèdes aujourd'hui ou que tu acquerras à l'avenir avec mon conseil. Rien de cela je ne ferai personnellement, ni par le truchement d'homme où femme qui sont en mon pouvoir. Et s'il arrive qu'un homme ou des hommes, une femme ou des femmes, s'exploitent à t'enlever ou t'enlèvent aucuns des biens susdits, je te viendrais en aide par l'exercice d'une fidélité parfaite et sans roueries. Et cette aide et ladite force, je te les offrirai sans tromperies toutes les fois où tu m'en feras demande ; et jamais ne m'en défilerai.

    Que tous présents sachent que moi, Arapienzzo Carvali, je reconnais en vérité à l'égard de toi et de tes successeurs, que je tiens et dois tenir en fief les biens suivants : dans le Scylléen le château d'Aggia et ses domaines ; dans le vicomté de Marcalm les châteaux de Santavila et Miravesces, ainsi que le bourg fermé de la Colée ; dans le plat-pays d'Edelys le château de Cornels. Pour tout et chacun desquels biens je fais hommage par les mains et la bouche à toi, jurant aux cinq dieux de ne pas utiliser à mal ces châteaux, et d'en garantir l'accès et l'usage à toute semonce. Je jure aussi d'en dire pareillement à votre fils le jour où il viendra à l'âge adulte.

    Ces engagements que j'ai pris et qui sont écrits, je les tiendrai et y veillerai, sauf dans la mesure ou tu m'en relèveras, sans contraintes, de ta propre et libre décision.  »


Et alors dame jura à son tour loyauté au bon sire, et dans un acte quelque peu superflu à la cérémonie mais propre à l'Atral dont elle était l'enfant, lui fit le baiser de paix. L'hommage rendu, il venait temps au sire Wenceslas de Karlsburg de s'avancer et de s'approprier le pays Arétan.

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MessageSujet: Re: Un soutien venu du nord [Arsinoé]   Un soutien venu du nord [Arsinoé] I_icon_minitimeLun 5 Aoû 2013 - 10:23



Un silence religieux suivait chacun des hommages rendus à la dame régente, sous les yeux d'une assemblée de témoins composée tant d'ecclésiastiques que de nobles de petits et hauts rangs. Se tenant à l'écart en attendant que son moment vienne, Wenceslas suivait attentivement chacun de ceux qui le précédaient, toisant leurs gestes, jaugeant leur façon de se tenir devant leur suzeraine alors qu'ils prêtaient serment. Combien de ces hommes renieraient leurs paroles, et au bout de combien de temps ? Il avait cru discerner chez le vieux prélat un certain agacement, et il semblait probable que l'invasion de son monastère par la dame et sa noble compagnie lui avait quelque peu forcé la main. Quant au jeune scylléen, Wenceslas le trouvait trop peu volontaire dans sa manière de s'exprimer, mais tel était sans doute le prix d'une longue formule apprise et récitée par cœur.

Enfin, le seigneur de Karlsburg put s'avancer vers la relique sur-laquelle il jurerait lui aussi obéissance et protection à la marquise. Tout en marchant vers le chœur, l'arétan eut une pensée pour ses ancêtres. Il revoyait son père prêter serment au comte Anseric de la Rochepont, tout comme il avait prêté serment au comte précédent, tout comme l'avait fait son propre père avant lui. Wenceslas, pour sa part, n'avait jamais prêté serment. Il aurait probablement été appelé à le faire, si le sire de la Rochepont n'avait pas été occupé à planifier sa rébellion contre Sainte-Berthilde au moment où il avait prit possession de Karlsburg. Un contre-temps qui avait ses conséquences : Wenceslas tirait de cette absence de serment une excuse légitime pour s'être retourné contre le sire de la Rochepont lors de la rébellion en Sainte-Berthilde. Et c'était ce coup du sort qui le conduisait ici, en ce jour, dans cette chapelle, pour prendre la place de l'homme qu'il avait refusé de suivre. C'était aujourd'hui qu'Arsinoé d'Olyssea allait devenir sa suzeraine la plus directe... mais dans les faits, il semblait à Wenceslas que cela avait toujours été le cas.

Moment décisif que celui qui voyait le vassal faire face à sa suzeraine. Et s'il avait eu l'occasion de l'approcher d'assez près depuis la veille, il lui semblait n'avoir jamais été aussi proche de la dame-régente qu'en cet instant où, face à face, ses mains dans les siennes, il la fixait les yeux dans les yeux. De ce moment de proximité entre une femme de pouvoir et son serviteur, chacun pouvait découvrir la face cachée de l'autre. Et tandis que la dame discernait plus nettement que jamais le visage blafard et le regard vide et impassible du sire de Karlsburg, ce dernier traquait chez elle le moindre signe de faiblesse. Ses mains tremblaient-elles lorsqu'il les prenait dans les siennes, fuyait-elle son regard, telle une faible femme aux épaules trop fragiles pour porter le fardeau de ses lourdes responsabilités ? Ou lui ferait-elle face comme une femme de poigne, une dame de fer dont il serait fier d'être le vassal ?
Il s'était lui-même demandé, lorsqu'il dressait encore ses plans pour obtenir de la marquise le comté qui lui était si cher, si il faiblirait le jour venu, si l'hésitation le gagnerait. Il n'en était rien. Plus sûr de lui qu'il ne l'avait jamais été de toute sa vie, il lui semblait que c'était le destin qui l'avait mené jusqu'à cette chapelle, et que depuis la nuit des temps il était écrit quelque part que Wenceslas de Karlsburg serait le premier de sa lignée à recevoir un jour l'hommage de ses propres vassaux dans la malelande.

Et c'est ainsi qu'en ce beau jour de l'an 7, à la première ennéade de Barkios, Wenceslas prêta serment d'allégeance à Arsinoé d'Olyssea devant les dieux et les hommes pour devenir le premier comte d'Arétria que connaîtrait la maison de Karlsburg.

- Moi, Wenceslas de la Maison de Karlsburg, seigneur de Karlsburg, en présence d'Arsinoé d'Olyssea, d'Estienne de Sillé, d'Arapienzzo Carvali, de Benfred de Canosse, d'Hugo de la Jaille et de nombre de vertueux prud'hommes, je me tiens devant vous au monastère de Nostredame-de-la-Bien-Venue afin de reconnaître fidélité à Arsinoé d'Olyssea, marquise de Sainte-Berthilde, baronne d'Olyssea, vicomtesse de Marcalm, dame de Nelen et dame-régente du royaume.

A compter de ce jour, sur mon honneur, je te jure aide et conseil et témoignerais d'une fidélité parfaite; je jure de défendre ta vie et tes intérêts dans le royaume, de même que ceux de ton fils Bohémond, qui est le Roi légitime des Hommes. Je jure de respecter les statuts du royaume des Hommes et d'effectuer loyalement les fonctions qui me seront assignées. Ainsi aidez-moi, dieux ! Ceci que je déclare et affirme, je le tiendrais sans jamais m'en défiler, envers toi et tes successeurs, pour tous les biens que je tiens et dois tenir en fief dans le comté d'Arétria. Ces engagements, je les tiendrais à compter de cette heure et jusqu'au jour de mon trépas; sauf à en être relevé de ta propre initiative, sans contrainte aucune.

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