Aux portes de l'Enfer [Goar/Arn]

ENFIN! c'était le mot qui venait à l'esprit de presque tous les hommes présents. Enfin, ils étaient sortit de la forêt, c'était un soulagement que d'être encore en vie et du luxe si on ne portait pas au minimum une blessure. Les épreuves se succédèrent alors que l'ost traversait une forêt profonde pour porter la guerre contre les drows suite à la vision que le roy d'Oësgard avait soit disant eux. Les tuniques étaient déchirées et les mines fatiguées. Maintenant, la troupe se trouvait face à une ville, celle de la Dross à la réputation des plus sulfureuses. La première étape de leur périple leur faisait face et nul doute qu'après tout ce qu'ils avaient vécu, la fatigue n'était pas suffisante pour empêcher les hommes d'en découdre et de retrouver un cycle d'action qui leur était familier.

La troupe de Arne était composée de professionnels et ils étaient endurcis. Il s'agissait donc de vétérans et il fallait noter qu'il s'en était pas si mal tiré que cela durant les péripéties endurées. Ils ne faisaient pourtant pas les fiers et leur état n'était pas non plus épargné. La perspective d'un butin à portée de main les alléchait et ils se préparèrent comme tous les autres à fondre sur la ville et la cueillir comme un fruit mur. L'effervescence s'était emparé de l'ost et tout le monde, ou presque, criait afin de galvaniser son voisin. Les cris montaient des gorges, promettant la mort et le sang et les bras armés des armes montaient de descendaient au rythme des défis lancés à la face des citoyens cloitrés derrière les murs.

Malheureusement, la nouvelle arriva, ne faisant pas plaisir. Ainsi l'ordre de monter le campement fut donné, preuve que l'assaut ne serait pas donné. Des protestations se firent mais tout en bougonnant et ronchonnant, ils firent ce qu'on leur demandait. Arne, bien que pressé d'en découdre également, trouva sage de donner un temps de repos aux troupes et qu'ils soient plus frais pour l'assaut qui ne saurait tarder. Arne était en train de crier à tue tête comme un charretier pour donner ses instructions mais il n'en avait pas besoin, c'était plus par habitude qu'autre chose, ses hommes sachant parfaitement ce qu'ils devaient faire et le faisant d'ailleurs fort bien.

Le capitaine se trouvait donc au sein du mini campement de sa troupe, au milieu de l'ost lorsqu'un messager arriva pour indiquer qu'il était convoqué par Flourens de Kahark pour assister au conseil de guerre qui se préparait. Il quitta donc ses hommes, non sans avoir donner de nouvelles instructions et confié ses hommes à son second et il se dirigea vers la tente de celui qui commençait à le faire changer d'avis sur la classe des nobles et qu'ils n'étaient pas tous à mettre dans le même sac. Il salua d'un signe de tête rapide après l'avoir baissé pour franchir la "porte" de la dite tente et signifier sa présence.

Arne était chevalier mais non noble, aussi il n'était pas de ceux qui s'accaparèrent un siège ou autre chose en faisant office. Il resta debout et il fit un tour d'horizon des personnes présentes. D'autres arrivèrent au fur et à mesure et prirent les places selon leur rang. Flourens se tenait au centre et il était équipé de ses atours, l'aménagement était succinct, à se demander si l'homme n'était pas riche ou s'il voyageait léger lorsqu'il était en campagne. Arne, pour sa part, portait bien son armure et son marteau de guerre pendait à sa ceinture mais il avait laissé son bouclier et son casque dans sa tente. Flourens prit la parole, expliquant que devant eux se trouvait la première étape de leur voyage et soulevant le problème qui se poserait lorsque la troupe marcherait dessus. En effet, elle était battit sur ou au centre d'un marais et l'accès était donc difficile, un rempart naturel des plus performant. Il n'y avait qu'un pont pour y accéder au sec et apparemment, les défenseurs étaient suffisemment équipés et nombreux pour repousser toute tentative en provenance de cet endroit. Flourens demanda donc aux personnes présentent s'ils avaient des idées pour mener à bien l'attaque qui ne tarderait pas à survenir.

Un silence suivit sa déclaration, tout le monde savait qu'il était des plus improbable de trouver une solution satisfaisante et que la question était donc ardue. Arne se décida à dire ce qu'il pensait, bien que n'étant pas un stratège et n'ayant pas trop d'idée

"Il n"y a pas cinquante solutions. Ou on attaque sans relâche le pont mais vous dites qu'ils nous repousserons. Ou nous lançons un siège pour les affamer, s'il n'y a qu'un pont alors ce sera pas difficile, reste à savoir s'ils ne parviendront pas à faire entrer de la nourriture autrement et surtout en suffisante quantité. Ou alors nous tentons l'assaut malgré le terrain et comptons sur nos archers pour empêcher l'adversaire de faire du tir au pigeon. En dernier recours, il y a aussi la possibilité de combler le marais mais le travail serait titanesque, long et laborieux et il faudrait aussi avancer à découvert et donc laisser les défenseurs nous cribler."

Il marqua une courte pause avant de reprendre

"Avons nous une idée du nombre des défenseurs et de leur équipement ? ou est ce que c'est l'inconnu ?"

Il laissa ensuite les autres répondre dans le cas ou ils auraient des idées à faire partager.

Les mots que le capitaine mercenaire avaient prononcé eurent l'avantage de lancer la polémique. Les réponses et les exclamations fusèrent bon train, chacun amenant sa position ou son idée sur la solution qu'il avantageait ou allant à l'encontre. Entre l'amblerois qui prônait l'attaque à outrance et Henri, jouant avec sa dague, qui invectivait Arne de vouloir être payé durant un siège, la réunion semblait tourner au pugilat. Flourens intervint, Il leva le bras et demanda le silence parmi tout ce beau monde qui semblait sur le point de s'étriper. Il ramena ainsi le calme parmi les participants et prit la parole pour donner son point de vu sur ce qui venait d'être débattu. Il donna raison à Arne concernant le siège qui était la meilleure des solutions. Toutefois, il mit un bémol avec la présence du maris qui ne manquerait pas d'amener inévitablement des maladies et décimerait la troupe plus qu'une attaque. Combler le marais était une utopie bien évidemment, le capitaine le savait mais il fallait bien en parler afin de mettre la solution sur la tapis. Le sire de Kahark semblait avoir une autre idée en tête qu'il s'empressa de divulguer aux personnes présentent.

Ainsi la ruse était son idée, il était vrai que les défenses étaient plus que sommaires. Les habitants semblaient surtout compter sur le marais et la protection du pont avait été leur priorité. L'on pouvait voir entre les piloris des passages mais ce n'était pas gagné, loin de la et la tâche serait hasardeuse. L'effet de surprise, une diversion, voir un incendie, voila ce qui se trouvait dans la tête de Flourens.

"Voila qui est sacrément couillu" Arne s'oubliait par moment et employait un langage châtié "Mais si vous amenez la troupe face au pont pour faire diversion, cela amènera forcément la milice de la ville pour la défense, comment une poignée d'hommes pourrait ouvrir la porte avec un tel regroupement ? l'incendie pourrait amener un bon chaos c'est certain, il faudra savoir l'employer comme il le faut. Dans ce cas il faudra des personnes pour commander les hommes et qu'ils ne fassent pas n'importe quoi."

Il était souvent évident que livré à eux même, sans personne pour les diriger, les soldats ne faisaient pas toujours ce qu'il fallait. Il était donc plus qu'important de leur fournir quelqu'un qui saurait prendre les décisions à vif.

"Quoi qu'il en soit, si cela ne dérange personne, et si c'est cette tactique qui est décidé, j'aimerais en être ?"

Arne, en fervant de Mogar, appréciait le défi et celui la était de taille; Si son dieu était avec lui, nul doute qu'il serait satisfait de son fidèle. Et même si ce n'était pas lui qui commandait, cela l'importait peu, c'était surtout l'envie de plaire à Mogar ainsi que la perspective du combat et l'adrénaline qui en découlait qui le poussait à se porter volontaire pour cette entreprise.

A peine Arne tu il demandé à faire partie de l'expédition que les éclats de voix se firent, chacun voulant en être. Le capitaine était surpris de voir autant d'engouement pour une aventure des plus hasardeuse que celle qui était en train de se profiler. En effet, ce ne serait pas de tout repos que d'entreprendre la traversée du marais sans se faire voir par les guetteurs. Flourens indiqua à Arne qu'il serait de la partie tout comme le seigneur D'Augmart. Puis alors que les discussions allaient bon train le sire de Kahark demanda aux intéressés de se rapprocher. Il annonça le chiffre d'une trentaine de personnes pour l'expédition, des hommes endurants, peu chargés et certains connaisseurs dans l'art du tir à l'arc. Lui même était originaire d'Olyssea, baronnie réputée pour ses archers et il semblait être connaisseur en la matière. Arne pour sa part n'avait que faire des dires de la chevaleries sur le déshonneur lié à l'usage d'une telle arme. Le principal aux yeux du mercenaire devenu chevalier était l'efficacité et Mogar savait qu'elle avait fait ses preuves sur le champ de bataille. Il parla du matériel à avoir, rien de contre nature

"Je suis pas un bon archer mais j'ai quelques gars qui feront l'affaire, sachant manier un arc et percer l’œil d'un corbeau d'une flèche. Je prendrais dix de mes hommes"

Il ne se vantait pas, parmi sa compagnie, il y avait forcément quelques anciens braconnier ou chasseur et ils connaissaient leur affaire. De plus il aimait être accompagné d'hommes en qui il avait confiance, surtout pour faire quelque chose d'aussi périlleux. Ils tombèrent d'accord et ils se séparèrent, chacun allant se préparer pour la nuit qui se profilait. Arne fit un sacrifice à Mogar et pria afin que son dieu soit à ses côtés en cet instant, qu'il le préserve et le regarde alors qu'il s'apprêtait à l'honorer durant la bataille qui aurait lieu, du moins s'ils ne se faisaient pas repérer avant d'arriver à se faufiler à l'intérieur.

Il se débarrassa de son armure et enfila tout de même un plastron de cuir, huilé comme il le fallait afin de ne pas faire de bruit. Son fidèle marteau de guerre, pointu d'un côté et son bouclier. Il enduisit le tout de suie qu'il avait prit des feux qui avaient été allumé ainsi que de boue, prenant soin qu'aucun reflet ne les trahisse. Il rejoignit ensuite le lieu de rendez vous accompagné de ses dix hommes dont trois étaient porteur d'arcs et excellaient en la matière. Ils suivirent ensuite Flourens et Augmart, entrant dans le marais avec délicatesse afin de ne pas faire de clapotis. Ils avançaient avec d'infinis précautions, très lentement en direction de la ville et du défaut dans la muraille. Ils étaient tous tendus comme des fils de rasoirs, tendant l'oreille afin de savoir s'ils étaient découvert et si leur fin était proche ou s'ils avaient toujours la faveur de l'obscurité et de la surprise. Le silence était bien évidemment de mise et à chaque fois qu'un homme faisait un bruit, la petit troupe stoppait, à l'affut d'une éventuelle alerte qui ne venait pas.

Tout en avançant, Arne priait intérieurement Mogar, fidèle serviteur dévoué. Ils étaient maintenant tout proche et l'on entendait des cris venant de l'intérieur de la ville. Apparemment, les fous d'habitants étaient plus occupés à faire la fête qu'à surveiller, peut être était ce la chance ou une intervention divine. a moins qu'ils n'aient pas l'habitude de se faire attaquer vu le peu d'intérêt que représentait leur ville et le marais environnant ?

Les hostilités débutèrent, les archers furent les premiers à semer la mort, lâchant les traits de leurs arcs en direction des gardes distraits. Ceux-ci n'auraient pas la possibilité de regretter leur laxisme à faire le travail qui leur était normalement alloué. Une fois cela fait et la certitude que l'alerte n'avait pas été donnée, les hommes s'extraient de la fange du marais, escaladant les palissades afin de pénétrer à l'intérieur de la ville. Une fois parvenue auprès des masures et profitant de celles-ci pour se dissimuler, les soldats se mirent en devoir de poursuivre le plan imaginé par Flourens. Des torches furent allumées et envoyées sur les toits afin de démarrer un incendie qui leur serait propice. Les malheureux qui eurent la malchance de croiser la troupe avant que le feu ait bien pris ne donnèrent pas l'alerte, chacun se faisant trucider par un surin ou un coup d'épée lui intimant le silence. Les mercenaires ne furent pas en reste pour cette salle besogne, ce n'étaient en effet pas des preux chevaliers et les coups vicieux n'étaient pas inconnu de leur part, loin de la.

L'alerte fut enfin donnée, une fois que l'incendie avait bien prit qu'il serait difficile à contenir. Une chaîne des villageois se mit en place afin d'amener l'eau et tenter d'empêcher le feu de se propager à défaut de sauver les maisons déjà perdue. La troupe se remit donc en marche, profitant du désordre en place, avec pour objectif le châtelet. Toutes les personnes qu'ils croisèrent en route vit le file de sa vie coupée par les assaillants. Arne, qui courait dans le groupe de tête, n'était pas le dernier à donner les coups leur permettant de progresser. Son marteau était déjà couvert de sang ainsi que son visage et ses vêtements en raison des giclées occasionnées par son arme qui imposait la proximité avec sa victime.

Les gardes de la porte du châtelet étaient sur leurs gardes. Ce n'était pas une surprise vu tout le désordre qui régnait dans la ville. Le combat s'engagea, Arne chargea, bouclier en avant, enfonçant la ligne avec ses compagnons d'arme. La mêlée fut sanglante et l’oliphant fut sonné alors que Arne retirait difficilement la pointe de son marteau, enfoncé dans le crane de son infortuné adversaire qui gisait maintenant à ses pied; Arne mit d'ailleurs le sien pour s'aider à sortir son marteau de la carcasse du bougre. Aussitôt sonné, la clameur des hommes restés au dehors se fit entendre, les soldats chargeant les portes de la ville.

Comme dans chaque bataille, des têtes tombent. La troupe de Flourens fut victorieuse et Arne fit honneur à Mogar en tuant un bon nombre d'ennemis. Plusieurs des dirigeants firent parti des pertes, entre autre Henri le Païen et Guymart d'Augmar. Le pillage débuta avant même la fin des hostilités mais la déception fut au rendez vous. La ville était pauvre par rapport à ce qu'elle promettait et les habitants devaient être de piètres voleurs et avoir usurpé leur réputation. Flourens prit la direction de la ville et s'empara du "pouvoir" et pour diminuer la contrariété des hommes, il offrit ce qu'il put. La question était maintenant de savoir ce qu'il allait se passer pour les survivants.