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 Sur la route de Montvélin [Aline]

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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeVen 30 Mai 2014 - 22:29

5ème énéade de Favriüs, 8ème année du 11ème cycle.
L'Ost de Serramire avait quitté sa cité la veille, et parcourait le pays en direction du Nord Est, prenant la route de Montvélin. À la mi-journée, les hommes et les bêtes s'étaient arrêtées au bord du lac Turquois, lequel avait donné son nom à l'antique ordre de chevalerie serramiroise. Le soir, ils avaient atteint le village de Tétrim, dont ils étaient partis à l'aube, pour rejoindre Nored. Peu avant que l'étape ne soit en vue, Aymeric fit sonner la halte, et convoqua son conseil de guerre. Ce dernier était composé d'Evrard, le frère du marquis, ainsi que de Roland, son beau-frère et seigneur de la Verse, et des deux fils de ce dernier, Nestor et Pierre. Le fils du marquis, bien qu'encore jeune, assistait également aux délibérations, afin de s'instruire de l'art de la guerre.

"Nous sommes désormais sur les terres du seigneur de Montvélin, auquel je n'ai pas demandé la levée du ban, de manière à ne pas laisser nos frontières septentrionales ouvertes aux raids des barbares wandrais. Le châtelain Jared n'était pas au fait de notre arrivée, je vais précéder l'armée pour nous annoncer. Evrard et Nestor m'accompagneront, ainsi qu'une trentaine de nos chevaliers. D'aucuns jugeront humiliant que je m'abaisse à quémander le droit de passage chez mes vassaux, mais les années de geôle m'ont appris à me méfier de l'opiniâtreté des Trente. Aussi, si le temps ou des mauvaises rencontres nous empêchaient d'être de retour demain matin, je te donne l'ordre, Roland, de conduire l'armée jusqu'à Montvélin."

L'ambassade quitta peu après l'armée, galopant à travers le pays en direction du château de Jared. Ils traversèrent Nored en toute hâte, les chevaliers s'amusant à annoncer le marquis à vive voix. De la sorte, la rumeur de la guérison de ce dernier enflerait à travers le pays comme une trainée de poudre. Les vilains regardaient passer l'équipée des étoiles pleins les yeux, à la vue de ces hommes aux armures étincelantes et aux éperons d'or. Parfois, lorsque l'on croisait un miséreux sur la route, un des preux lui jetait quelques piécettes.

Alors que Montvélin devait être à moins d'une heure de marche, le groupe rattrapa le palefrois d'une dame et ses gens. Bien qu'il fut en guerre, Aymeric n'en était pas moins un gentilhomme, et vint se porter à la rencontre de la femme.

"Bien le bonjour, Madame. Je suis Aymeric de Brochant, votre marquis, et me rends jusqu'au château de Montvélin pour y quérir l'hospitalité. Votre cortège est bien réduit, par ces temps troublés, aussi permettez moi de vous faire escorte, puisque nous marchons dans la même direction. M'accorderez vous également de connaître votre nom, gente dame ?"

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Aline de Clairssac
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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeSam 31 Mai 2014 - 13:15

Les temps n'étaient pas les plus joyeux dans le Nord, et quoique la guerre gagnait l'Oësgardie et non pas Serramire, elle planait également sur les Monts d'Or qui jusque là avaient réussi à protéger les montagnes de bien des conflits incessants qui avaient envahi le marquisat de Serramire depuis de nombreuses années. Cela en avait fait, en quelque sorte, une fierté de Tanedre, feu le père d'Aline. Loin d'être un couard, il avait tout simplement pris le parti d'assurer le bien-être de son peuple. Mais aujourd'hui, les Cinq semblaient avoir décidé que cette manière de faire n'était plus d'actualité et que l'orage, après le vent d'hiver, gronderait à la frontière entre Oësgard et Serramire.

La jeune Aline était partie de sa ville natale depuis déjà quelques jours pour rejoindre Nored, village plus commerçant qu'autre chose, afin de régler une course. Elle en avait également profité pour faire une pause avec l'agitation qu'il régnait à Montévlin, ne supportant que mal l'agitation et le trop de monde. En cette cinquième ennéade de ce premier mois de printemps, la noble rentrait tranquillement chez elle, n'ayant pour le moment pas le besoin de revenir au plus rapidement chez elle. C'était le deuxième jour de chevauchée depuis Nored et la dame, accompagnée de son ami Thiev, de sa nourrice Meivèn et de deux autres gardes, avaient entamé l'une des dernières montées lorsque des bruits de sabots se firent entendre. Regardant en arrière, Aline put vite apercevoir des cavaliers cavaler vers eux. La première réaction de Thiev fut de porter la main à son épée mais, vu l'armure rutilante que portaient les hommes qui avançaient à vive allure, Aline lui fit signe de ne pas dégainer. Elle se demanda ce qu'il pouvait bien se passer pour que des gens habillés ainsi viennent jusque dans les montagnes. Une première réponse lui fut vite donnée avec un bel homme s'arrêtant à ses côtés, malgré le fait qu'elle ne sache encore ce qui l'amenait par là.


"Bien le bonjour, Madame. Je suis Aymeric de Brochant, votre marquis, et me rends jusqu'au château de Montvélin pour y quérir l'hospitalité. Votre cortège est bien réduit, par ces temps troublés, aussi permettez moi de vous faire escorte, puisque nous marchons dans la même direction. M'accorderez vous également de connaître votre nom, gente dame ?

Aline afficha un doux sourire à l'homme venant des vallées, prenant tout de suite son rôle de noble à cœur.

-Soyez le bienvenu, Messire Marquis. Ne vous inquiétez donc pas pour moi, malgré ces temps troubles je suis assez bien entourée pour ne pas risquer grand chose. Cependant, si vous souhaitez que nous fassions route ensemble, ce sera un honneur pour moi que d'être accompagnée par votre personne. Je me nomme Aline de Montévlin, Dame de ces lieux où vous vous rendez. Puis-je vous demander ce qui vous a fait venir jusqu'ici, au cœur des Monts, pour y rencontrer mon frère ?"

N'ayant jamais eu l'occasion de rencontrer le nouveau marquis de Serramire, Aline avait préféré se présenter en bonne et due forme, qu'il sache à qui il avait affaire. De plus, en fille de montagnards et habituée des Monts, elle avait instinctivement rassuré l'étranger (par rapport au lieu) sur le fait qu'elle savait ce qu'elle faisait, en espérant ne pas avoir fait d'impair à son égard... Un regard rapide vers ses compagnons avant de le retourner vers de Brochant. Elle savait que s'ils ne montraient rien de leurs interrogations, tous se demandaient ce que faisait le serramirois ici.
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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeDim 1 Juin 2014 - 15:26

La rencontre s'avérait être une bonne surprise, puisqu'il s'agissait de la sœur de Jared, le seigneur de Montvélin. Aymeric espérait ainsi pouvoir sonder, au travers de la demoiselle, les intentions de son frère. En outre, c'était au demeurant une ravissante jeune femme, ce qui ne gâterait en rien le voyage, au contraire.

"Votre réponse me comble de joie, Madame. J'escomptais m'entretenir avec le seigneur de Montvélin votre frère au sujet des frontières de notre pays. L'ignorez vous peut-être, mais l'affliction m'a tenu écarté pendant de longs mois de mon pays. Ma santé aujourd'hui retrouvée par la grâce des Cinq, j'entends rattraper le temps perdu."

Nestor de Versmilia vint se porter aux côtés de son oncle, et adressa un salut des plus courtois à la dame de Montvélin. Evrard, le frère du marquis, en fit juste après de même, et une fois les présentations faites, Aymeric ordonna que l'on reprenne la marche. Bien que la ville de Montvélin fut encore hors de vue, sa campagne vallonnée se dévoilait au fur et à mesure que la troupe progressait. On pouvait voir au loin, dans l'Est, les hauteurs des Monts d'or, dont l'équipée ne foulait alors que les contreforts.

"Gente dame, pourquoi votre frère n'a-t-il répondu à l'appel de mon oncle, votre suzerain ? Êtes vous déloy...
- Je n'ai convoqué les Trente à cette chevauchée, mon neveu, pour ne pas menacer la sureté de nos frontières, interrompit Aymeric. Vous l'oubliez peut-être, mais le calme dont jouissent nos fiefs, dans l'intérieur du pays, n'est du qu'à la surveillance sans relâche qu'effectuent nos voisins des marches, ce en quoi je leur suis bien gré. Quelques minutes s'écoulèrent, avant qu'il n'interroge son interlocutrice de la sorte : Avez vous eut à souffrir de ma gouvernance depuis que je suis devenu votre marquis, Madame ? Vos gens ont ils su oublier les affres de la guerre qui fit de moi leur seigneur ? Je vous prie, parlez librement."

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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeMar 3 Juin 2014 - 18:10

"J'ai entendu parler de vos maux, en effet. Je me vois ravie de vous savoir en meilleure santé, Messire.

Alors s'approchèrent des deux nobles deux autres cavaliers, appartenant visiblement à la même classe sociale qu'eux. Ils se présentèrent tous deux auprès de la dame comme étant Nestor de Versmilia et Evrard, frère d'Aymeric de brochant. Toujours sur sa monture, Aline inclina gracieusement sa tête afin de les saluer. Puis ils repartirent en route, allant toujours plus haut vers la ville natale de la jeune femme. Il ne fallut pas longtemps pour que le dénommé Nestor ne commence à poser des questions qui, si elles n'avaient pas été interrompues par le marquis, auraient très certainement reçu une réponse des plus sèches. Autant si Aline n'avait pas entendu parler de levé de ban de Montévlin concernant Serramire, elle était de ceux qui n'aimaient guère que l'on traite les gens de déloyaux très rapidement, ayant toujours appris quelles étaient les vertus de la loyauté. De plus, elle savait ce que pouvait signifier la traîtrise sur le plan politique et défendrait bec et ongles les siens contre toute insulte sur ce sujet. Elle laissa donc de Brochant expliquer à son neveu qu'il était dans l'erreur, refoulant au plus profond d'elle-même le regard noir qu'elle avait failli laisser jaillir. De ses émotions, elle ne laissa strictement rien paraître. Par contre, elle se demanda bien ce que cette histoire de levée de ban pouvait signifier. Elle essaya de se remettre en mémoire tout ce qu'elle avait pu entendre sur le sujet mais pour le coup, ses plusieurs pérégrinations de début de printemps avaient dû la tenir mal informée... Quoi qu'il en soit, elle avait comme l'impression que ce n'était pas la meilleure des surprises.

-Avez vous eu à souffrir de ma gouvernance depuis que je suis devenu votre marquis, Madame ? Vos gens ont ils su oublier les affres de la guerre qui fit de moi leur seigneur ? Je vous prie, parlez librement.
-Nous avons eu la chance d'avoir été de ceux qui n'ont pas eu à trop souffrir de la guerre qui vous a vu devenir marquis, messire, de par notre placement géographique. De plus, l'hiver s'est montré relativement clément et nous avons été quelque peu aidés, même si vous n'avez pas dû le connaître de la même manière que nous. Malheureusement le printemps revenu, la guerre fait rage à nouveau...

En effet, avec toutes ces histoires ils ne seraient plus tranquilles avant un bon moment, peut-être même pas avant plusieurs années. Aline était quelque peu triste de savoir cela - et surtout à y penser - et elle ne s'imaginait pas vraiment avoir touché le point central qui englobait autant les levées de ban que la venue du marquis à Montévlin.
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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeMar 3 Juin 2014 - 20:46

Aline abordait elle même le sujet brûlant, rebondissant sur la maladresse de Nestor, rapidement interrompue par son oncle. Qu'à cela ne tienne ! Aymeric aurait pris plaisir d'une discussion badine avec la demoiselle, mais s’accommoderait toutefois du langage politique. Connaissant le pragmatisme des gens du nord, la jeune femme ne serait probablement pas trop ignorante en la manière, et le marquis saurait ainsi sonder les positions dans les Monts d'or.

"La guerre, oui, c'est bien cette maîtresse exigeante qui m'amène aux marches du pays. L'humour des Dieux est sans limite, en vérité, car ils ne m'ont tiré de mon affliction inconnue que pour mieux me rappeler à un mal que j'ai hélas trop côtoyé."

Le marquis cessa de parler pendant de longues minutes, alors qu'un silence pesant s'abattait sur la compagnie. Aymeric, pris d'une mélancolie profonde, s'abima dans la contemplation du pays, de ses vallons et de ses torrents, de ses forêts et de ses pâturages. Des cimes jusqu'au fond de vallée, tout offrait matière à spectacle : les cheptels sortis de leur long hivernage, les lacs dont la glace se fendillait à peine, jusqu'à l'agitation battante d'un millier de petits hameaux. *Ma terre, ma belle terre... Combien d'hommes faudra-t-il que je te sacrifie pour être digne de toi ?* pensa le marquis.

S'arrachant à la torpeur qui s'était emparé de lui, Aymeric se retourna vers Aline, s'adressant d'une voix résolue à la demoiselle.

"Cette guerre est hélas nécessaire ! Vous ne le sentez peut-être pas chez vous, mais partout ailleurs, les sauvageons s'enhardissent. Nos frontières sont bafouées, les raids incessants, et demain peut-être verra l'arrivée d'une horde wandraise aux portes de ma cité même. Cela je ne peux m'y résoudre. C'est pour empêcher cela qu'aujourd'hui, je lève le ban afin d'aller pacifier la marche septentrionale que nos querelles intestines ont laissé béante.

Hélas, je ne peux compter sur le soutient de mon bon vassal Jérôme, lequel s'est épris de conquête, loin des intérêts de ses gens et de son marquis. C'est une triste époque que l'on vit."


À l'écoute de son frère, Evrard riait sous cape. Il était des rares qui pouvaient se targuer de connaître vraiment le marquis, et avait senti dès les premiers mots de ce dernier qu'il était désormais à la manœuvre. Si la guerre s'était faite verbe, Aymeric serait à n'en pas douter en train de disperser des éclaireurs dans le pays, d'infiltrer des espions dans la place forte.

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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeDim 8 Juin 2014 - 12:42

La guerre, toujours la guerre... Aline avait de quoi soupirer en entendant le marquis admettre qu'il venait là au sujet de la guerre, chose qu'elle se retint de faire. Pourquoi fallait-il que les hommes se battent encore, encore et encore, créant trente-six conflits à la fois ? Il faudrait qu'elle demande à son frère, lui peut-être aurait une réponse à lui donner... Il y eut un long silence qui s'installa sur la petite troupe, silence qui dura plusieurs minutes. Pendant ce temps Aline fit surtout attention à la route qu'ils empruntaient, vérifiant comme les autres montagnards que rien d'anormal n'arrivait. La route était bien tranquille, ce jour-ci, ce qui n'était pas plus mal. Faisant entièrement confiance en ceux qui la suivaient depuis le début du voyage, la jeune femme se laissa à regarder de temps à autres les réactions des uns et des autres, discrètement. Le marquis semblait apprécier le paysage, celui de ces montagnes qui l'avaient vue grandir. Peut-être en serait-il de même avec les personnes y vivant. Ce fut le marquis qui l'arracha à ses pensées, reprenant la parole afin de briser le silence qui s'était emparé d'eux quelques temps auparavant.

"Cette guerre est hélas nécessaire ! Vous ne le sentez peut-être pas chez vous, mais partout ailleurs, les sauvageons s'enhardissent. Nos frontières sont bafouées, les raids incessants, et demain peut-être verra l'arrivée d'une horde wandraise aux portes de ma cité même. Cela je ne peux m'y résoudre. C'est pour empêcher cela qu'aujourd'hui, je lève le ban afin d'aller pacifier la marche septentrionale que nos querelles intestines ont laissé béante. Hélas, je ne peux compter sur le soutient de mon bon vassal Jérôme, lequel s'est épris de conquête, loin des intérêts de ses gens et de son marquis. C'est une triste époque que l'on vit.

Aline regarda un instant Aymeric, réfléchissant aux paroles de cet homme avant de lui répondre. Lorsqu'on parlait de guerre, ce n'était que très rarement de façon anodine.

-Nous en avons entendu parler et, si nous ne les vivons pas de la même manière que dans les plaines, nous restons concernés par cela au niveau de nos frontières. Mais pensez-vous vraiment que les gens des Wandres viendraient jusqu'à Serramire, votre ville ? Ils seraient arrêtés bien avant.

Elle sourit, montrant ainsi que ses mots n'étaient en rien pour réellement contredire son interlocuteur. Cela relevait plus de la taquinerie mêlée à sa propre opinion des choses. Elle allait maintenant aborder ce qui allait être, ressentait-elle, un point sensible. En effet, la demoiselle sentait mal le fait que le marquis ait levé le ban - et doit donc certainement être en marche de guerre - "sans pouvoir compter sur son bon vassal". Jérôme étant actuellement en Oësgard pour rallier le Nord au nom de la Couronne et Aymeric étant venu jusqu'ici avec d'autres nobles qui n'avaient rien à faire là en temps normal - ce qui était tout à fait relatif vu les dernières années du marquisat, de Brochant s'avançait-il contre son propre vassal à l'heure-même ? Cette "pacification" se ferait-elle par une guerre entre eux ? Elle espérait se tromper... mais ne se faisait pas trop d'illusions là-dessus.

-A ce que je sache votre vassal, Jérôme de Clairssac, s'en est allé ramener l'Alonna et l'Oësgard dans le girond de la Couronne à la demande de celle-ci. Cette guerre a donc un but qui le dépasse, mais peut-être en savez-vous plus que moi sur le sujet ?"

Ou comment chercher à savoir si son intuition était la bonne...
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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeLun 9 Juin 2014 - 15:34

Un silence et un soupir suivirent la réponse d'Aline. Aymeric, fort peiné par ces quelques mots, s’apprêtait à réagir quand il fut à son tour interrompu par l'héritier de Versmilia.

"Et vous oser nous l'avouer ! Sale trai..." s'emporta-t-il, avant qu'un signe du marquis ne le fasse se taire. Mais l'orage qui grondait dans ce jeune cœur sanguin ne sut se contenir une seconde fois, et éclata tout de bon. Le jeune chevalier vint se porter au devant de son suzerain, s'adressant cette fois-ci à lui, tout en pointant d'un doigt accusateur la demoiselle.

"Sire ! Ne voyez vous pas qu'elle est de mèche avec nos ennemis ? La Régente bafoue vos droits légitimes, ordonne votre spoliation, et de vos vassaux, ceux qui n'ignoraient cette trahison vous la cachent ! Êtes vous aveugle à ce qui se trame ? Ou sont-ce vos maux qui vous débi...
- Silence, Nestor ! Le marquis est peut-être votre oncle, mais il est votre suzerain, ne l'oubliez pas ! tonna Evrard, mettant fin à la diatribe du jeune chevalier.
- Du calme, du calme, faites honneur à votre rang, et gardez votre sang froid, messieurs."

L'ultime intervention du marquis fit regagner à ses deux parents leur place, mais n'augurait que le début d'une autre tirade, celle du marquis. Tandis que son neveux se battait les flancs à lui exposer des implications qu'il avait déjà saisi, Aymeric, sourd à l'agitation autour de lui, s'était efforcé de penser aux tenants et aux aboutissants de la révélation d'Aline. Car il s'en agissait bien d'une : la remarque anodine enseignait à celui capable de la déchiffrer bien plus qu'elle ne disait en substance.

Il y a de mois de cela, Aymeric, dans une demi-convalescence, s'était rendu à la capitale pour rendre hommage à la dépouille du roy Eliam, et prêter serment à son successeur. Ce dernier, ou plutôt ses représentants, avaient reconnu son droit légitime à posséder Serramire, et exercer sa suzeraineté sur les baronnies d'Oesgard et d'Alonna. Plus tard, la Régente avait renié cet hommage, en ordonnant la spoliation des ces mêmes baronnies, et Jérôme de Clairssac avait alors trahi son serment de fidélité envers son suzerain, en acceptant de participer à cette rapine.

Pour le marquis, la trahison de Jérôme avait été pressentie lorsqu'il avait été alerté par la marquise d'Odelian, aussi victime des bassesses de la régence. Elle était devenue manifeste lorsque le baron d'Etherna, renommé pour l'occasion l'Ogre de l'Atral, s'était emparé d'Alonna, avant d'y installer un couple baronnial fantoche et d'en exiger l'hommage. Toutefois, s'agissait il de la seule trahison ? En raison de la nature ambitieuse de Jérôme, et des agressions qu'il avait déjà commises contre Serramire, son parjure était compréhensible, mais qu'en était il des autres vassaux ? Les seigneurs de l'intérieur avait tous répondu à l'appel du marquis, et n'avaient pas faussé compagnie, ce qui les écartait de tout soupçon. Cependant, qui pouvait pronostiquer que nul des Trente n'avait voulu saisir sa chance d'amasser un copieux butin ? Ces petits seigneurs frontaliers étaient belliqueux, et Aymeric avait appris à ses dépends qu'il valait mieux s'en méfier.

Voila les réflexions qu'avaient agité l'esprit du marquis, au moment où son neveu tempêtait. Le silence obtenu, il s'adressa à cette demoiselle source de tant d'interrogations.

"Pardonnez l'emportement de mon bon neveu, Madame. Il est manifeste que vous ne pensiez à mal. On ne peut blâmer une dame d'avoir des oreilles attentives, quand bien même elle aurait appris ce dont je ne suis encore sûr. Voyez, j'ai longtemps cru que Jérôme s'en était allé à la guerre pour me rendre ces terres qu'un mal inconnu m'empêchait de reconquérir. Mais c'est une longue discussion, et je gage que n'aurions le temps de parler et de voyager après. Remettons nous en route."

Et le marquis, à mesure que le paysage défilait sous ses yeux, entretint la jeune demoiselle des longues considérations qu'il avait médité juste avant, ne lui épargnant que l'ultime couplet de soupçons à son encontre. Progressivement, tandis que les mots et les monts s'enchainaient, et qu'aux paraboles du verbe s'ajoutaient celle des ponts franchis, la compagnie finit par être en vue de Montvélin. Aymeric, qui s’approchait de l'ultime crête précédant la descente vers le village, prononçait les ultimes paroles de son discours.

"Aussi, vous comprenez plus aisément l'emportement de mon neveu, quand il vous soupçonna de connivence avec le traitre Jérôme. Car rien ne serait pire pour quelqu'un du pays que de s'être acoquiné avec ce félon ; il y perdrait aussitôt son fief et son honneur... Mais Nestor est encore jeune, et votre frère que je m'apprête à rencontrer lui donnera bientôt t..."

Il ne put achever sa phrase, dont le dernier mot resta coincé dans sa gorge tandis que son regard surplombait enfin la dernière crête, et embrassait toute la vallée de montvélin. Car tout autour de la ville étaient dressées des tentes et des cantonnements, d'où pendaient nombre de bannières au mont et à la vigne. D'un mouvement raide, les dents serrées et le regard ardent, Aymeric foudroya la demoiselle, n'articulant qu'un sommaire :

"Menez moi auprès de votre frère sur-le-champ."

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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeJeu 19 Juin 2014 - 14:39

Les paroles du dénommé Nestor étaient de trop pour la pauvre Aline qui avait appris ce qu'était la loyauté tout comme ce qu'était un traître. Et elle comprenait quelle était l'horreur qui attendait son peuple, qui viendrait vite les embraser si son frère se montrait être plus d'un côté que d'un autre : le marteau qu'était Serramire s’abattrait sur l'enclume qu'était la Couronne, plus précisément Etherna, brisant sur son passage Montévlin. D'un côté les gens de de Brochant les considéreraient comme traîtres parce qu'ils ne seraient pas dans le même camp qu'eux, de l'autre ce serait trahir un serment d'allégeance que de se ranger du côté de Serramire... Elle ne pouvait que plaindre son frère qui aurait à discuter avec ces hautes gens de la plaine et qui, dans leur montée pour la ville montagnarde, emmenaient avec eux une haine grandissante.

La colère prenant Aline de plein fouet, elle fit avancer plus rapidement son cheval pour aller à la rencontre du noble de Versmilia, lui barrant ainsi la route tout en se portant à sa hauteur. Elle n'arrêta sa monture que lorsqu'elle ne fut plus qu'à quelques dizaines de centimètres du noble et planta son regard dans le sien, qu'il puisse lire la colère qui était en elle à ces mots et, surtout, qu'il sache qu'elle ne baisserait pas les yeux devant lui comme quelqu'un qui avait à se reprocher quelque chose. Parce qu'elle n'avait rien à se reprocher, justement.


"Parjure, traître, ennemis... Vous n'avez que ces mots à la bouche, Nestor de Versmilia. Des mots de grande ampleur que vous utilisez sans même savoir si ce que vous dites est vrai, sans même chercher à connaître. Seriez-vous monté jusqu'ici pour jouer à la chasse aux sorcières ? Seriez-vous donc venu dans les montagnes sans même savoir ce qu'il fallait savoir, vous retrouvant donc devant de nombreux préjugés que vous ne désirez que voir s'accomplir devant vos yeux ?

Elle avait parlé avec plus de calme qu'elle ne s'y était attendue, ce qui était une bonne chose. Le noble ne répondant guère directement à sa question, elle reprit donc, avec encore plus de calme et sans quitter son regard des yeux.

-La haine et la colère ne sont que des sentiments, messire. Réfléchir et prendre du recul sont des choses bien plus nobles et qui ne pourront que vous servir à vous et à votre peuple. Alors la prochaine fois, avant de traiter un peuple de bien de mots, réfléchissez. Et même, avant de réfléchir, ayez la bonté de prier."

C'est alors que le marquis prit la parole, demandant le pardon pour l'emportement de son neveu - un emportement qu'elle n'était pas prête à pardonner. Il ne savait rien, ne connaissait rien et se permettait déjà trop de choses. En se retournant elle put voir que les gens l'entourant, surtout Thiev, étaient prêts à réagir si ce simple retour chez soi venait à avoir épine sous pied, ce qui était déjà en partie le cas vu les mots qu'avait prononcés le Nestor. Un regard de la part de la jeune femme et l'atmosphère se détendit quelque peu, même si ce n'était pas au mieux.

Elle ne dit plus rien de tout le trajet, se contentant d'écouter et de voir la tête du marquis lorsqu'il vit que le ban était levé malgré le fait qu'il n'ait pas demandé aux Monts d'Or qu'il le soit. Il valait mieux qu'elle laisse son frère faire à présent, sinon elle sentait que la discussion entre lui et le marquis serait plus tendue qu'elle ne pouvait déjà l'être.


~~~~~~~~

Au château de Montévlin, Jared regardait attentivement une carte détaillée des montagnes en soupirant. Voilà qui était bien à tomber ! D'un côté il allait bientôt devoir aller en Oësgardie pour aider son suzerain, de l'autre les troupes de Serramire s'étaient levées ainsi qu'un ban, et étaient arrivés au niveau de Nored, et de l'autre les créatures trouvables dans les monts avaient commencé à essayer de détruire des villages plus au nord, cherchant certainement de la nourriture ou à se défouler après le long hiver. En somme, il trouvait que le ban n'avait pas été levé pour rien, quelle qu'en soit la raison. En premier lieu il s'occuperait des kobolds et autres créatures, ensuite devrait venir l'heure de Serramire... ou peut-être l'inverse, les services concernés, ce qui ne l'arrangeait pas vraiment. Avoir le temps de faire une chose à la fois aurait été mieux, vraiment...


"Dragan, je sens qu'on va finir par manquer d'hommes ici...
-Pourquoi dites-vous cela, mon seigneur ?
-Tout simplement parce qu'il va falloir éradiquer une bonne fois pour toute nos adversaires pour qu'ils ne nous attaquent pas à nouveau au moment des récoltes. Sachant qu'ils se sont mis à deux clans, il va falloir y aller fort. Vous ne trouvez pas ?
-Ah ça... En seulement deux jours ce peut être réglé, surtout si Godrav et Tolren viennent à commander vos troupes. Ils s'y connaissent mieux que personne en pistage...
-... et en tuerie de gobelins. Qu'ils mènent une troupe à la tour d'Elfiryn et l'autre à l’œil du Boët, de là ils pourront avoir toute latitude pour leurs manœuvres. Il faudrait les arrêter avant qu'ils n'arrivent au petit village se trouvant en contre-bas. Si on suit leur trajectoire, c'est là qu'ils iront.
-Bien... Je m'en vais donc les prévenir.
-Faites, qu'ils partent maintenant !

A ce moment on frappa à la porte. Se présenta au seigneur un apprenti fauconnier portant une missive, jeune garçon qui s'inclina bien bas - trop bas même - devant le châtelain. Il ne devait pas être habitué à porter des messages celui-là, pensa Jared en souriant. D'ailleurs, il n'avait croisé ce garçon que deux ou trois fois au cours de l'hiver, ce qui lui fit penser qu'il ne devait pas avoir tort. Il lui fit alors signe d'approcher.

-Entre, jeune homme. Quel est ton nom, déjà ?
-Sylvain, mon seigneur.
-Sylvain... Très bien, je suppose que c'est la missive que tu tiens dans tes mains qui est l'objet de ta venue ?
-Oui, messire... Elle vient d'arriver, elle provient d'Oësgard.

Jared fit signe de la main à Sylvain pour qu'il lui remette la lettre.

-Tu peux y aller, quoique... Sylvain, sais-tu pourquoi on s'incline devant un noble ou un supérieur ?
-Hum... Par respect, mon seigneur ?
-Pas que. Il y a plusieurs significations plus ou moins réalistes, l'une d'entre elle étant qu'en s'abaissant on offre son cou nu à la personne se trouvant devant nous, ce qui montre la confiance qu'a le vassal pour son suzerain. Parce que si la personne souhaite notre mort... hé bien il lui est plus facile de le faire à ce moment-là que si on est droit, l'épée au clair. Ne t'abaisse donc pas trop, tu ne sais jamais ce que peut te vouloir l'autre. Tu lui offres ton cou, inutile d'y ajouter le dos, non ?
-Oui mon seigneur.
-Va, ton maître doit t'attendre !"

Le gamin sorti après une révérence plus courte, le châtelain entreprit d'ouvrir la lettre qui lui était adressée. Il reconnut sans problèmes le sceau de son suzerain et fut presque surpris de lire dans le message lui étant destiné, fort court, qu'il ne lui donnait pas encore l'ordre de partir. En fait, le maréchal du Nord avait plutôt pris ses précautions quant à Serramire, à ce qu'il pouvait comprendre. Les deux autres messages, également scellés avec de la cire, étaient destinés à la famille de Versmilia et au marquis de Brochant. Il allait falloir qu'il envoie un messager jusqu'à Nored où devait certainement se trouver le marquis, quoi qu'en fait non... le marquis venait à lui, ainsi que quelques uns des siens selon les patrouilleurs. Il se dirigea alors vers l'entrée du château après avoir rangé divers documents dont la lettre lui étant adressée. Il attendit quelques temps, pensif, puis après avoir donné quelques instructions il rentra.


~~~~~~~~

Aline, tout comme les autres, descendirent de cheval une fois arrivés devant le château. Un page vint à leur rencontre et s'inclina devant la dame.


"Ulric, va dire à mon frère que le seigneur Aymeric de Brochant, marquis de Serramire, souhaite le voir.
-Ma dame, votre frère l'attend déjà dans la grande salle. Il m'a envoyé l'accueillir pendant qu'il réglait quelques affaires.
-Très bien.
-Messires..." fit le page tout en s'inclinant vers les invités de son seigneur.

Ulric amena Aymeric et Evrard de Brochant, ainsi que Nestor de Versmilia à la grande salle où Jared était habitué à guider son peuple. Lorsque le jeune seigneur, qui s'entretenait avec le vieux prêtre de Néera Yven, vit entrer le marquis, il abrégea la conversation pour se tourner vers le régent du marquisat.

"Messire marquis, soyez le bienvenu à Montévlin. Que me vaut l'honneur de votre visite ?"
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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeJeu 19 Juin 2014 - 22:05

La pente menant au château s'était progressivement adoucie, et bien vite la compagnie s'était portée au devant des premières tentes, desquelles émergeaient les soldats de Montvélin. La bannière du marquis flottait haut, si bien que l’hébétement parcouru comme une trainée de poudre l'ensemble des guerriers. Ne disait on pas Aymeric mort, ou presque ? Et pourtant il était là, rayonnant de santé. Tandis que l'attroupement menaçait d'engluer la compagnie sous la masse des curieux, Evrard hurla de sa voix la plus haute "Longue vie au marquis !", avant de piquer droit devant. Reprenant l'acclamation, les soldats s'écartèrent pour laisser passer les montures lancées au galop des chevaliers de Serramire.

Une fois la porte passée, les hommes démontèrent prestement. Baisant galamment la main d'Aline, Aymeric se défit de sa compagnie pour s'en aller gagner celle du châtelain. Suivi de son frère Evrard et son neveu Nestor, ils parcoururent les corridors et les portiques, suivant le page Ulric pour finalement déboucher dans le grand hall. Affairé auprès d'un prélat, Jared congédia ce dernier pour recevoir ses invités, les interrogeant sur le sens de leur visite. "Je vous remercie de votre accueil, ami Jared, répondit Aymeric en lui tendant sa main pour que le vassal en baise le sceau. La chose faite, il reprit : J'ai eut l'honneur de côtoyer autrefois votre père, à la cour du duc. C'était un preux, et la nouvelle de sa mort m'a rempli de tristesse. J'aimerais me recueillir sur sa tombe, si vous y concédez."

Il aurait été insensé pour Jared de refuser une pareille marque d'estime, et le clerc parti auparavant fut bien vite rappelé. On mena les nobles dans la chapelle du château, où sommeillaient éternellement les châtelains et les châtelaines de Montvélin. Aymeric fit ses offrandes aux Cinq, et s'agenouilla pour prier, imité dans son geste par le reste de l'assemblée. Néanmoins Aymeric ne pria pas. Il pensait. Son recueillement, quoique sincère, céda rapidement le pas devant ses réflexions, et la gymnastique que son esprit ne pouvait réfréner. De même que jadis, Aymeric s'était évadé cent fois, avait orchestré cent guerres tout en restant engeôlé, il projetait aujourd'hui avec limpidité son intellect au delà de sa prison charnelle, et réfléchissait.

Si Jared levait aujourd'hui en secret ses hommes d'armes, c'était pour une raison précise. Par le passé, son père s'était rangé du côté d'Anselme, allant jusqu'à lui offrir l'hommage dont il avait toujours honoré le duc auparavant. Était il possible que Jérôme, dans sa conquête du fief de Froissart, se soit accaparé non seulement les terres des Bastylle, mais en ait également dépossédé le marquis des hommages ? Les Trente avaient toujours été ambitieux, et la déchéance des Séraphins leur avait donné du grain à moudre. Tandis qu'Aymeric croupissait en prison, combien de seigneurs Anselme avait il mystifié, rattachant la fidélité des uns non au trône de Serramire, mais à la maison de Bastylle ? Et combien de seigneurs avaient persisté dans cette félonie, une fois le clan du boiteux chassé, et remplacé par le baron d'Etherna ? Il faudrait à Aymeric toute son habileté, pour dénouer l'intrigue qui s'était tissée de par le pays durant toutes ce temps de geôle, de guerre et de maladie.

"Laissons céans le preux qui dort,
Gardez vous bien qu'on ne réveille,
Cel que trop tôt poussa la mort,
Dans un bien mérité sommeil.
" conclut le marquis en se relevant, prouvant par là même qu'il ne restreignait son esprit à la politique.

L'assemblée laissa les mannes du châtelain à leur repos éternel, et s'en alla regagner le hall du château. C'est là que le marquis, s'adressant au seigneur de Montvélin, mit à exécution son stratagème pourpensé.

"Ami Jared, il me peine grandement de vous l'annoncer, mais je suis venu ici comme témoin de mon neveu, pour une affaire se réglant au point d'honneur. annonça Aymeric, faisant par là même sursauter l'intéressé, pris de court par une telle déclaration. Voyez, mon bon neveu Nestor a ouï-dire que vous aviez suivi Jérôme de Clairssac, après qu'il eut, de concert avec la Régente, bafoué la parole du Roy, et trahi l'hommage qui nous liait lui et moi. Il a entendu que vous vous apprêtiez à rejoindre l'Ogre de l'Atral dans sa guerre félonne, dont le but aujourd'hui à moitié achevé est de spolier Serramire de ses baronnies pour se les approprier. Nestor étant un brave, il s'est tout naturellement proposé de rapporter votre tête si la chose s'avérait, et ne s'est résolu à présenter ses excuses qu'après vous avoir entendu dédire les rumeurs."

Il avait énoncé cela mi-figue mi-raisin, si bien qu'on n'aurait su dire si sa sympathie apparente provenait de la certitude que le châtelain ne l'avait trahi, ou de la banalité qu'était un duel à mort en ces temps là. En son for intérieur, Aymeric se félicitait du piège qu'il venait de tendre à son vassal.

"Alors, devons nous gagner la lice ?" Demanda-t-il, la gouaille déridant son visage.

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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeLun 28 Juil 2014 - 17:49

"Je vous remercie de votre accueil, ami Jared. J'ai eut l'honneur de côtoyer autrefois votre père, à la cour du duc. C'était un preux, et la nouvelle de sa mort m'a rempli de tristesse. J'aimerais me recueillir sur sa tombe, si vous y concédez.

La demande, bien qu'honorable, surprit quelque peu Jared. En effet, il ne s'était pas spécialement attendu à ce que le marquis vienne rendre hommage à feu son père alors que toute son armée se trouvait aux portes du fief. De plus, Tanedre n'ayant jamais vraiment apprécié son voisin du sud (Brochant si vous préférez) et cela ayant été régulièrement réciproque, le jeune châtelain en vint facilement à se dire que cette demande ne devait être qu'une politesse parmi tant d'autres avant que le sujet de conversation concernant la réelle raison de la venue de De Brochant ne vienne à éclairer ou au contraire obscurcir sa journée. Mais soit, Jared accepta la requête du marquis et ainsi le pauvre Yven dut reprendre de son service en tant que prêtre. Ah lala, si seulement la retraite existait !

Ils s'en allèrent donc au temple de Néera, sous lequel se trouvaient les dépouilles des châtelains de Montévlin au fil des générations. Lors du temps consacré au recueil, Jared ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil au marquis que l'on avait dit gravement malade. Pas qu'il ne pensait pas à son père mais il avait eu le temps de faire son deuil, le monde des vivants le réclamant bien plus que celui des morts... et il souhaitait laisser son père reposer en paix, comme le voulait l'expression. Il se laissa donc à penser, ne mettant qu'un moment à laisser son esprit s'égarer dans le passé. Tanedre avait été un homme à la forte poigne, se montrant bourru surtout avec les étrangers, mais étant quelqu'un de foncièrement bon. Tout ce qu'il avait pu faire pour sauver le peuple des montagnes, son peuple, il l'avait fait ; y compris se tuer à la tâche. Il n'avait pas tant que ça participé aux réunions de l'ancien duc, l'ayant surtout côtoyé en tant que seigneur de Bastille, son suzerain direct, et non pas en tant que duc. Et il en était de même aujourd'hui pour Jared qui, comme bon nombre de châtelains, avait prêté serment à un noble se trouvant au rang d'au-dessus, c'est-à-dire à celui de Bastylle (Jérôme de Clairssac). Si Montévlin s'était trouvée tout à l'ouest, certainement que Jared aurait prêté serment au châtelain de Lourmel. En soit, ce n'était pas parce que l'ancien châtelain de Bastylle gérait également Serramire qu'après la conquête de la ville il devait en être de même... Ce fut une fois qu'ils sortirent du temple qu'Aymeric reprit la parole, faisant plus sortir Jared de ses pensées que le surprenant réellement.


-Ami Jared, il me peine grandement de vous l'annoncer, mais je suis venu ici comme témoin de mon neveu, pour une affaire se réglant au point d'honneur. Voyez, mon bon neveu Nestor a ouï-dire que vous aviez suivi Jérôme de Clairssac, après qu'il eut, de concert avec la Régente, bafoué la parole du Roy, et trahi l'hommage qui nous liait lui et moi. Il a entendu que vous vous apprêtiez à rejoindre l'Ogre de l'Atral dans sa guerre félonne, dont le but aujourd'hui à moitié achevé est de spolier Serramire de ses baronnies pour se les approprier. Nestor étant un brave, il s'est tout naturellement proposé de rapporter votre tête si la chose s'avérait, et ne s'est résolu à présenter ses excuses qu'après vous avoir entendu dédire les rumeurs. Alors, devons nous gagner la lice ?

Jared s'arrêta de marcher, regardant tour à tour son marquis et le fameux Nestor de Versmilia. Ainsi donc ils étaient bien venus pour cela ? Et avec l'envie de juger directement en plus ?! Hé bien, cela lui laissait à penser quant aux dires de feu son père sur les de Brochant - ce que la désagréable expression "ami Jared" venant d'un étranger ne venait pas aider. Venu exprès avec une armée derrière pour une question d'honneur... et encore, il ne s'agissait pas là d'un honneur touchant Nestor directement. En soit, un joli pétrin qui se présentait aux pas du jeune homme comme des sables mouvants : s'il acceptait le duel parce qu'en effet il devait partir aider son suzerain, alors il risquerait d'y laisser sa vie alors que ce n'était pas le moment pour les siens. S'il refusait le combat et que l'on découvrait ce qui était tout à fait découvrable, il passerait alors pour un lâche. Et malheureusement, on ne pouvait plaisanter avec l'honneur. Regardant le marquis droit dans les yeux, il fit appel à la seule chose (du moins à l'une des seules choses) qui était à ses yeux plus fort et primordial que l'honneur : le devoir. Malgré une perte ou un gain d'honneur, il ne fallait pas oublier quel était son devoir. Et le sien, c'était de protéger son peuple et ce d'où vienne la menace.

-Vraiment ? Alors, puisque vous parlez au nom de votre neveu ici-présent, j'ai à vous poser une question avant de vous répondre : votre neveu n'a-t-il pas autre chose à faire que de provoquer une personne étant actuellement en train de préparer la défense de son peuple, d'un peuple frontalier dont, à ce que je sache, Serramire a toujours eu besoin ? Si votre neveu souhaite ma mort par le biais d'un duel, qu'il attende donc le moment opportun. Si la lice peut attendre, les kobolds et gobelins eux n'attendront pas. J'ai un devoir envers mon peuple, celui de les protéger. Et je ne tiens pas à manquer à ce devoir.

Ainsi Jared ne refusait ni n'acceptait la demande de Nestor (ou plutôt d'Aymeric lui-même, assurément), il en retardait juste la véritable réponse en expliquant que de telles choses pouvaient attendre. Mais déjà, il savait très bien que ses jours seraient comptés. Il n'était pas sans honneur : une fois tout cela terminé, il se pourrait bien qu'il meurt dans un duel engendré par deux belligérants de plus haute noblesse que lui. Il se remit alors en marche, amenant les trois nobles dans la sale de régence. Au passage il interpella un page et lui demanda d'aller chercher une lettre se trouvant à un endroit précis. Le page s'inclina et les retrouva quelques minutes plus tard dans la grande sale, avec deux lettres toujours scellées.

-J'ai reçu il y a peu un message vous étant adressé, de la part de mon suzerain Jérôme de Clairssac. Je ne sais ce qu'il y raconte mais ce doit être assez important pour que depuis l'Oësgard il fasse faire passer une missive à votre intention. La deuxième lettre est pour la famille de Versmilia, toujours de la même personne."

Il prit les missives dont le sceau avait la marque de la licorne, celle des de Clairssac. Il tendit celle destinée au marquis et la lui donna, avant de faire de même avec Nestor de Versmilia. Puis il alla s'asseoir à sa place habituelle. Il profita de se retourner pour vérifier discrètement que les gardes étaient prêts à réagir au cas où de Brochant ou son neveu auraient la folle idée de l'assassiner maintenant et, comme toujours il put remarquer que les gardes étaient prêts. Maintenant il devait se mettre à l'aise, aussi décontracté que d'habitude, pour répondre aux questions qui seraient certainement nombreuses à venir de la part des nobles de la plaine.
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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeLun 28 Juil 2014 - 22:47

La pirouette effectuée par Jared acheva de plonger le jeune héritier de Versmilia dans une stupeur profonde. Encore surpris par la déclaration de son oncle, et du duel pour lequel il avait été mandaté à son insu, Nestor fut frappé d'un doute profond, quand le châtelain confirma à demi-mots les accusations portées contre lui par le marquis. Le jeune chevalier ne savait s'il devait recevoir des mains du page la missive adressée à sa famille, ou tirer l'épée sans attendre et défier le seigneur local. La patte de son oncle, Evrard, et les quelques mots que ce dernier, ayant vu l'incertitude que traversait son neveu, prononça, le rassurèrent : "Garde ton épée au fourreau, Nestor, et range bien ce papelard, aussi. Laisse Aymeric parler, et tranquillise toi : il ne tient pas à que le message transmis à Roland soit assorti d'un cadavre." l'entendit on souffler à voie basse.

Dès lors, après qu'il eut décacheté le vélin d'un mouvement sec, le marquis arpenta la pièce, son regard courant sur l'écriture. Il termina sa lecture silencieuse, transmis le papier à son frère, lequel s'empressa de lire à son tour les nombreuses lignes. Tandis qu'Evrard étouffait quelques toussotements à la vue du manuscrit, l'ainé alla s'installer devant une fenêtre, à travers de laquelle on pouvait aisément observer la cour du château, et les préparatifs qui s'y déroulaient.

Ignorant le châtelain dont les années ne semblaient avoir effacé une inimité de jeunesse, Aymeric s’appesantit de tout son regard sur les ouailles de celui-ci. La petite société guerrière était animée d'une frénésie sans commune mesure : les fagots de flèches étaient disposées sur les murs et dans des charrettes, tandis que sur le pavé de la cour se dressaient d'imposant faisceaux de lances. Les serviteurs s'affairaient, trainants d'aucuns force victuailles vers les caves et les selliers, alors que d'autres entassaient les uns sur les autres plusieurs clapiers à lapins.

"Des kobolds et des gobelins ?" tonna le marquis en se retournant soudainement.

Il marcha droit vers le siège où s'était installé Jared, l'écho de ses pas se réverbérant sous les voûtes tout le long de son approche. À deux pas de son interlocuteur, le dominant alors de sa haute taille, un chuchotement, presque une rumeur, s'échappa des dents serrées du marquis. "Est-ce tout ce que votre esprit peut inventer ?" Il se détourna derechef du châtelain, pour regagner le petit observatoire qu'il avait quitté auparavant. De là, il reprit empire sur lui-même, après cet instant de colère, et s'exprima d'une voie ayant retrouvé toute son assurance.

"Jared. Il est vain de me mentir. Vous vous préparez à la guerre, tout ici en trahit les préparatifs. Et pour quelle guerre vous préparez vous ? Inutile de répondre ; je le redoutais, et cette lettre vient m'en apporter la preuve. Vous prétendez vouloir défendre vos gens, mais vous vous apprêtez à rejoindre Clairssac en Oësgardie."

Récupérant la missive des mains de son frère, le marquis repris la diatribe : "J'ignore cependant les raisons qui vous poussent à cette folie ? Cette même ambition qui dévore Jérôme vous habite-t-elle, Jared ? Ou est-ce la fidélité que semble tant chérir votre sœur, qui vous pousse aujourd'hui à suivre aveuglément un parjure dans sa sinistre entreprise ? Qui sait ? Peut-être croyez vous réellement qu'en semant le chaos, vous récolterez la "grandeur passée", et la "puissance légendaire" du Nord ?"

Tandis qu'il énonçait cela, Aymeric avait parcouru de long en large la salle, dispensant son verbe avec fluidité et hauteur. Il ne s'arrêta pas en si bon chemin, reprenant de plus belle à l'adresse du châtelain : "Vous souvenez vous, Jared ? lorsque nos pères foulaient cette terre, le chaos qui s'empara du pays ? Quand séduit par les promesses d'un roturier, le jeune Merwyn bafoua son hommage et se fit félon ? Souvenez vous du choix de nos pères ? Ils se dressèrent contre cette incurie, et chassèrent ce traître du trône! Pensez vous que Tanèdre, dont nous venons à l'instant de vénérer les mânes, se satisfasse du choix que vous avez fait ? Qu'il bénisse votre engagement aux côtés d'un félon ?

Je vous offre une chance de repentir, Jared, ce sera la seule. Le parjure de Jérôme est manifeste, personne ne peut aujourd'hui le nier ; il s'est emparé hier d'Alonna et en a réclamé l'hommage qui me revenait. Aujourd'hui, il prendra Oësgard pour lui seul, quand le Roy en a reconnu ma suzeraineté légitime. Au Sud, il a trahi la veuve de son ami, de son mentor! Et selon ses dires mêmes,
Aymeric brandit le vélin, il projette de renier à son tour sa nouvelle maîtresse, la perfide Régente. Parjure, traître, vendu, race de vautour! Quel honneur engager auprès de celui qui n'en a aucun ? Vous n'en tirerez que la ruine et l’opprobre."

Son discours clos, le marquis amorça le mouvement de sortie, bientôt rejoint par son frère et son neveu. Au moment de passer la porte, il se retourna brièvement, adressant une dernière parole au châtelain : "Rejoignez moi dès à présent, ou recommandez votre âme aux dieux, car ils se tiennent au côté des justes, et ce côté n'est pas le vôtre."

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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeVen 1 Aoû 2014 - 23:04

Jared ne perdit pas un mot de toute la diatribe du marquis, ne perdit non plus aucun mouvement pouvant provenir de ses gardes ou de la famille de De Brochant. Étrangement, c'était pour Jared comme s'il pouvait contrôler le temps autour de lui, chose bien surnaturelle à son goût. Alors que la grande majorité des personnes présentes dans cette salle n'était plus forcément apte à garder son calme, le châtelain lui garda un calme qu'il n'aurait jamais pensé pouvoir maîtriser. Il ne bougea aucunement à l'approche dangereuse d'Aymeric, le laissa cracher sa colère tout en ne disant mot. Il laissait passer, comprenant les sous-entendus du marquis. Qu'il ait pris une mauvaise décision ou non en souhaitant suivre Jérôme de Clairssac, le résultat en restait le même : Aymeric de Brochant se trouvait juste devant lui, avec toute une armée à la porte de son fief. Et visiblement, s'il ne s'alliait pas à cette personne semblant être imbue d'elle-même, de Brochant profiterait d'être de passage dans la région (pour aller jusqu'en Oësgard) pour raser ce fief lié à son ennemi. Et comme il l'avait précisé quelques minutes auparavant, Jared était quelqu'un qui tenait à la protection de son peuple. Aider son suzerain à la guerre, cela faisait partie des devoirs d'un vassal : le serment de vassalité faisait en sorte que le vassal avait la protection de son suzerain, en échange de quoi il se devait de l'aider à la guerre et généralement financièrement, aussi. Mais là, il se trouvait face à un problème de taille qui faisait qu'il ne pouvait suivre la marche initialement prévue. Retourner sa veste pour protéger son propre peuple, c'était tout à fait possible... mais c'était quelque chose à laquelle Jared ne pouvait se résigner, pour la simple et bonne raison qu'il ne revenait jamais sur une promesse donnée. Alors que le marquis commençait à partir, Jared lui répondit enfin, d'une voix puissante et montrant l'assurance qui était en lui, chose qui pouvait fortement étonner ceux qui étaient montés spécialement pour le voir.

"Vous vous trompez, marquis.

Oui, le marquis se trompait sur au moins une chose: Jared n'avait rien inventé de ce qu'il avait pu raconter jusque là. De plus, il restait une troisième solution concernant Montévlin ; une solution que le noble avait évoquée lui-même afin de tendre un piège au châtelain. Un piège dans lequel il était en partie tombé, à son grand damne. Alors il se leva et se rapprocha de quelques pas du trio des plaines, faisant attention à ne pas s'arrêter trop près d'eux.

-Pensez-vous réellement que les kobolds et autres ne sont que des contes pour enfants, afin de leur faire peur ? Demandez à n'importe qui, tous vous répondront qu'ils existent réellement et que les ignorer n'est pas une bonne façon de faire. Demandez à qui de droit et vous saurez qu'alors qu'on m'apportait la nouvelle de votre visite, j'étais justement en train de travailler avec mes chefs militaires sur la sécurité des villages suite à des carnages perpétré par eux. Vous plairait-il de plaisanter sur ce sujet, s'il s'agissait de vos propres gens en Serramire-ville ou en Brochant ?

Il laissa un instant le silence peser sur eux, afin que le trois visiteurs aient le temps d'intégrer ses paroles. Non il ne plaisantait pas, non il n'avait rien inventé. Ce fut lui qui rompit ce silence, regardant cette fois-ci Aymeric de Brochant droit dans les yeux.

-Notre discussion n'est pas terminée, marquis. Mais nous la termineront seul à seul. Veuillez me suivre, je vous prie.

Se retournant vers l'un des gardes, il lui ordonna :

-Emmenez les deux autres seigneurs dans une salle où ils pourront plus être à leurs aises en attendant Monsieur le marquis. Que quelqu'un leur apporte de quoi se sustenter.

Aucune de ses quatre dernières phrases ne demandait à être contredite ou autre, et comme cela s'entendait fort bien, les commandements de Jared furent suivis sans trop de peine. Deux gardes escortèrent le châtelain ainsi que son marquis jusqu'à la bibliothèque de ce premier, où à son ordre ils gardèrent la porte de l'extérieur. Personne ne devait venir les déranger, sous aucun prétexte autre que si un bruit de combat venait à se faire entendre (mais cette exception n'eut guère besoin d'être dite). Dans la petite salle se trouvaient quelques fauteuils installés auprès d'une cheminée, une table basse ainsi que plusieurs étagères. En plus d'être une petite bibliothèque, ce lieu était également un bureau et un endroit calme pour le jeune noble. Il invita de Brochant à s'installer et, se fichant assez de la réponse du seigneur de Serramire, il reprit enfin la parole tout en regardant à travers une fenêtre.

-Joli coup, marquis... mais vous auriez pu vous en passer. Je pense que vous devez avoir assez d'oreilles pour savoir ce qui en est réellement des choses, malgré le fait que vous sembliez bien méconnaître cette région que vous souhaitez prendre de gré ou de force. Vous ne deviez certainement pas si bien que cela connaître mon père et vous ne me connaissez pas encore, mais je suppose que vous vous attendiez déjà à certaines choses ? Sinon vous m'auriez également demandé de lever le ban, malgré le fait que ce fief soit chargé de la protection de ce marquisat de ce côté du territoire. Alors maintenant cessons ces demi-mots qui ne font plaisir qu'aux dames de cour et parlons-nous d'homme à homme. A moins que je me parjure moi-même concernant mon serment de vassalité, vous allez attaquer les villages que vous croiserez avec votre armée jusqu'à faire le siège de Montévlin et ensuite avoir rasé cette ville ?"
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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeSam 2 Aoû 2014 - 18:08

Tandis que la valetaille menait les deux seigneurs jusqu'au cabinet de l'hôte, Aymeric se surprit à exhumer de sa mémoire l'image farfelue d'un kobold. En avait il vu, par le passé ? À de rares occasions peut-être, quand d'habiles belluaires en exhibaient un spécimen comme on fait danser un ours. Cela amusait les foules et les seigneurs, toujours friands d'exotisme. À ce qu'on disait, ces petits lézards pullulaient dans les marais, surtout ceux fort lointains, dans des terres oubliées des Dieux. Il était bien curieux qu'un sujet si bénin préoccupasse tant le châtelain, au moment même où la guerre pouvait emporter tout entier son fief.

Le marquis s'installa, sur l'invitation de son hôte, dans un dodu fauteuil, s'adonnant à l'observation de la pièce où il se trouvait. Pour un château si reculé, l'érudition dont faisait montre le maître des lieux était une étrangeté. À l'évidence, on comptait parmi les Trente plus de seigneurs illettrés que savant, et Jared était donc une exception. Pourtant, de ce qu'il en avait vu jusqu'à présent, le savoir ne semblait avoir apporté la sagesse au jeune châtelain, toujours obstiné dans sa volonté de seconder Jérôme dans sa félonie.

Bien qu'il déclarât vouloir causer à bâton rompu, l'homme n'en perdait pour autant son opiniâtreté. Suspicieux et farouche, ses paroles semblaient trahir une certaine anxiété : celle d'un complot ourdi contre lui et ses gens. Vraisemblablement, avoir rejoint le parti d'un conjuré poussait ce jeune homme vers une attitude cauteleuse. Connaissait il vraiment tous les engrenages de ce conflit ? Aymeric allait tenter de rétablir un peu de justesse :

"Jared, puisque c'est votre souhait, laissez moi être franc : vous êtes un sot. Croyez vous vraiment qu'il me plait de ravager vos villages, de jeter à bas votre demeure, et de pourchasser vos gens ? Ce pays est le mien, et cette guerre, j'en suis la victime, tandis que vous secondez l'agresseur. Et vous me suspectez d'avoir épargné les Trente de la levée et de la guerre pour je ne sais quel fourbe dessein! Quelle absurdité."

Le marquis prit un instant de réflexion, tâchant d'ordonner les pensées qui l'agitaient depuis quelques mois. Longtemps il était resté dans le brouillard, incapable de lire au travers des évènements ; mais l'aveu de Jérôme lui avait permis de déchirer cette opacité. Il saisissait nettement les contours du complot ourdi contre lui et ses terres.

"Laissez moi vous révéler quelque vérité. Il y a des mois de cela, un mal sourd et inconnu s'abattit sur moi. Je demeurais aux portes même de l'Enfer, quand on m'apprit la mort du guérisseur. "C'est fini", me dis-je, mais au contraire, mon état s'améliora. La conclusion était limpide : il s'agissait d'un poison. C'est en ce même temps que Goar usurpait mes baronnies. Les premiers soupçons d'une conjuration me vinrent quand j'appris la bonne intelligence qu'il régnait entre la Régente et ce nouveau roitelet. Le coquin amputait le royaume de son fer de lance, et elle le félicitait, envoyait des gens à son service. Ne dit on pas que le poison est l'arme des femmes ? J'entrepris alors moi même d'introduire le mal dans mes veines, espérant que cette faiblesse simulée pousserait à se dévoiler les conjurés. Et aujourd'hui nous y sommes!"

Aymeric saisit alors la lettre reçue de Jérôme, et d'un geste brutal, la plaqua contre le secrétaire. Exalté, il repris sans attendre l'explication : "Ne saisissez vous pas ? L'aveu même de Jérôme désigne l'instigateur de ce complot! Depuis toujours, Diantra a craint le pouvoir que représentait un Nord pacifié, c'est pourquoi la Régente ne fit pas un geste, au contraire, pour empêcher l'usurpation de Goar ; celui-ci mort stupidement, elle encouragea Jérôme à la rébellion. Et le brave Jérôme, n'écoutant que son ambition, s'est laissé charmer par de telles sirènes. Il croit restaurer une ancienne grandeur en chassant les rebelles, mais réfléchissez : la Régente lui a promis la suzeraineté sur Oesgard, et l'a relevé d'hommages sur lesquels elle n'avait aucun droit. Elle a planté les graines d'une guerre civile capable d'ébranler le Nord pendant des années!

Jared. Votre fidélité vous honore, mais elle vous aveugle aussi. Jérôme doit être arrêté ; par la force s'il ne saurait revenir à la raison. C'est à cette seule condition que le Nord tout entier peut être sauvegardé du chaos qui s'amoncelle à l'horizon. Croyez moi, si Jérôme parvenait à ses fins, la guerre civile s'ensuivant vous fera vite oublier vos kobolds. Je ne peux permettre cela. Comprenez moi bien, Jared ; j'ignore si Jérôme saura retrouver ses esprits, ou s'il me faudra l'affronter, mais tant que tout ceci ne sera apaisé, je ne laisserai personne se mettre en travers de ma route. Vous souvenez vous de ces seigneurs, qui dans leur folie suivirent la rébellion de Merwyn ? Moi pas. Ils disparurent dans la poussière du champ de bataille."


Pris d'une certaine empathie pour cet homme coincé dans des schémas qui le dépassaient, Aymeric posa une main paternelle sur l'épaule du jeune châtelain. "Ne devenez pas un de ces seigneurs, Jared", prononça le marquis, avant de se détourner de son interlocuteur. Il déambula devant les rayonnages, tout en enroulant lentement la précieuse missive. Son regard embrassa tout entier la pièce, et son occupant rivé vers la petite fenêtre.

"Vous avez de bien beaux ouvrages ici, qu'il me couterait de voir brûler. Je serais de retour dès demain, fort d'un ost contre lequel vous n'avez aucune chance. Vous laisserez assez d'hommes pour garder le pays de vos chimères, et emmènerez le reste à mes côtés. Si Jérôme ne saurait revenir à la raison, je vous laisserais le rejoindre, et les Dieux seuls nous jugeront. Voila ce que je consens à vous offrir ; n'oubliez pas que vous servez un traitre, et mesurez donc la générosité qui vous est accordée. Réfléchissez, prenez une nuit de repos, et si nous sommes parvenus à un accord, dressez demain deux bannières à votre donjon au lieu d'une. Que les Dieux vous gardent."

Aymeric prit ainsi congé de son hôte, et s'en alla retrouver ses parents, qu'on avait conduit à l'hostellerie où s'était restaurée l'escorte. Lorsqu'on lui demanda si le châtelain avait finalement accédé à ses injonctions, le marquis répondit d'un laconique "Nous verrons demain", et ordonna le départ. Il vint adresser un dernier salut à la sœur du seigneur, avant de quitter à vive allure le château. Après un nouveau trajet sur les contreforts montagneux, la compagnie retrouva finalement le campement principal.

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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeDim 10 Aoû 2014 - 16:32

Le marquis de Brochant avait laissé de quoi réfléchir à Jared, et c'était en grande partie pour cette raison que ce dernier se tenait là, appuyé contre les créneaux des longs murs entourant Montévlin. S'il avait été habitué à fumer, il se serait bien enfilé plusieurs pipes ou autres pour s'aider à réfléchir... ou tout simplement pour passer le temps. La soirée de la veille était passée très vite, la réaction du petit seigneur à la visite du marquis ne se faisant pas attendre. Des ordres, des conseils, des directives... s'était-il arrêté pour manger ? Il ne s'en souvenait plus... Quoi qu'il en soit, en cette matinée il était là, sur le chemin de ronde, à regarder le soleil se lever sur le sud-ouest des Monts d'Or. Ce fut alors qu'il entendit la voix d'un vieil homme l'interpeller. La première réaction du jeune homme fut de rire avant d'arriver à répondre au vieillard.

"Jared, qu'est-ce que tu fais ici à cette heure-ci ?
-J'attends, Yven... et je regarde ce que ma chère sœur appelle l'or des montagnes. C'est beau, non ? Tu devrais sortir plus souvent de ton temple pour venir admirer le spectacle.
-Que veux-tu, être prêtre n'empêche pas mes os de vieillir. Mais tu sais, en parlant d'aube, le mieux est d'être devant le grand lac plus haut, celui où tu aimais aller te baigner avec ta donzelle lorsque tu n'étais qu'un jeune fou rêvant de pourchasser des dragons crachant mille flammes, de grimper au plus haut des arbres elfiques et encore mieux de partir à l'aventure retrouver les traces des premiers Hommes, en solitaire ! Ou encore avec cette jeune enfant... comment s'appelait-elle, déjà ?
-Yven !
-Non, Yven c'est moi, pas elle !

Jared regardais le plus vieux et plus important prêtre de ce temple d'un air dépité, ne s'étant pas attendu à ce que son interlocuteur lui parle ainsi. C'est qu'il avait toujours été persuadé que ses cachotteries n'avaient jamais été découvertes !

-Yanah... elle s'appelait Yanah. Si père n'avait pas fait en sorte que je reste cloîtré à Montévlin avec de nombreux devoirs, je pense sincèrement que je serais parti avec elle. Heureusement que ça n'a pas été le cas, je n'aurais pas survécu plus d'un an ! Il eut un petit rire. Mais qu'est-ce que tu faisais aux levés du soleil là-bas ? C'est loin de tout village.
-Tu sais, au début de ma vocation, j'étais un ermite... Sot que j'étais, il me fallut près de dix ans avant de me rendre compte que ce n'était pas ce que me demandait la Mère ! Mais bon... on dit que l'armée du marquis monte jusqu'ici, est-ce vrai ?
-Oui Yven, et je l'attends de pied ferme. Mes ordres ont été donnés et j'ai envoyé une missive, partie par pigeon hier soir. Aline sait ce qu'elle a à faire si les choses venaient à mal tourner.
-Et es-tu sûr de ton choix ? Quel qu'il soit, c'est avant qu'ils arrivent devant nos portes que tu pourras changer d'avis.
-Aussi sûr que les montagnes sont solides et que s'il devait y avoir traîtrise envers Montévlin, je me chargerai moi-même d'abattre celui qui aura osé faire cela. Vois-tu, j'ai peut-être toujours été très mauvais menteur... j'ai toujours su tenir parole."

Jared se retourna alors, un sourire aux lèvres, et dut porta sa main à ses yeux pour pouvoir voir l'objet de son attention. En haut du donjon, deux bannières se dressaient fièrement, flottant au gré du vent.
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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeMer 13 Aoû 2014 - 21:32

7ème jour de la 5ème énéade de Favriüs, 8ème année du 11ème cycle.

Jared n'était le seul à profiter du lever de soleil, dont les rayons illuminaient les cimes enneigées des Monts d'or et des Hortles. Au loin, on pouvait deviner au milieu de ces silhouette dorées la trouée qu'emprunterait l'ost vers sa destination, Hasseroi. Mais pendant un instant, les préparatifs guerriers semblaient avoir déserté l'esprit d'Aymeric, emprunt de mélancolie à la perspective de quitter son pays natal. Le marquis était profondément attaché à sa terre, éprouvant une relation presque charnelle à son endroit. Toutefois, c'était pour la protéger, la sauvegarder pour lui et sa descendance, qu'il se devait aujourd'hui de mener l'ost hors les frontières.

La nuit passée n'avait pas été avare en activité, tous se préparant pour ce qui serait le véritable départ. Aymeric, quant à lui, avait adressé force missives, dictant à plusieurs reprise leur contenu aux clercs. Parti dans l'exaltation du combat, il n'avait donné l'entièreté de ses directives jusqu'à maintenant. Désormais, elles étaient claires : les villes fermeraient leurs portes à la moindre menace, qu'elle vienne de l'extérieur, ou de Froissart. Le fief du baron devenait frappé de commise, et ainsi de ceux qui le suivraient dans sa folle entreprise.

L'aube consommée, l'armée s'était mise en route vers le château de Montvélin. On traversa Nored sans s'arrêter, et après une demi-journée de marche d'un pas lent, les hommes aperçurent le val des Frouassier. Un instant d'anxiété saisit le marquis au moment de dépasser la ligne de crête, son regard lancé avec ardeur vers les tours de Montvélin, mais fort heureusement, le malaise se dissipa aussitôt qu'il en aperçut les deux bannières. C'était le signal ! "Messieurs, la journée est nôtre, ils s'inclinent !" Des vivats accompagnèrent cette déclaration, bien qu'il s'en trouva pour regretter le joyeux massacre qu'aurait assurément été cette altercation. On sonna les oliphants à s'en rompre les tympans.

Arrivant aux abords du château, Aymeric en salua le maître, avant de l'inviter à rejoindre le train de l'armée, lui et ses hommes. La longue marche qui durerait près de deux jours commença donc. Après quelques temps au côté de ses vassaux et de ses parents, Aymeric se déplaça dans le cortège, allant se ranger côte à côte avec le seigneur de Montvélin.

"Au moment de partir, ami Jared, il m'a semblé apercevoir la douce Aline, votre sœur, sur les murs du château. Il m'a semblé opportun de vous témoigner de l'impression favorable qu'elle me fit. C'est une dame noble et intègre, fort attachée à l'honneur et à la probité de sa famille. Il est regrettable qu'elle et vous demeuriez si loin aux marches du pays, Jared, car nombreux sont les jeunes chevaliers à ma cour, tous vertueux et de bon lignages, qui s’enorgueilliraient d'une si agréable compagnie. Lorsque tout ceci sera fini, et le pays apaisé, il me plairait grandement que vous m'honoriez de vos visites à Serramire, encore trop rares jusqu'à présent."

Le marquis laissa flotter un instant l'invitation qu'il venait de faire, avant d'interroger, à brûle-pourpoint : "Et vous ? Comment se fait il qu'un jeune et si gaillard châtelain n'ait ni épouse, ni héritier ?"

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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeMer 27 Aoû 2014 - 9:27

Des vivats, assurément, il y en aurait - à moins . Que la nouvelle des deux bannières soit un véritable soulagement ou que cela ait juste permis de donner du moral au troupe quant à la campagne militaire qui ne faisait que débuter, Jared appréhendait la suite des opérations et surtout la réaction de De Brochant. Finissant de mettre ses brassards dans ses appartements, il fit un signe au garçon qui lui ferait office d'écuyer. Le garçon s'inclina rapidement et prit son sac et, suivant désormais son maître pour une guerre dont l'issue était plus qu'incertaine, il se contenta sans prononcer le moindre mot d'écouter son châtelain. Il fallait dire qu'en plus de faire attention à ses gens, Jared aimait beaucoup avoir le rôle de professeur, apprenant à la future génération tout en contribuant à continuer à faire vivre la tradition orale de ses ancêtres. Alors il n'hésitait pas à discuter avec les jeunes travaillant au château - ce qui lui permettait en même temps d'apprendre certaines choses quant aux coulisses des services - ainsi qu'aux autres lors de différents événements l'amenant à les rencontrer, comme lors de l'aide aux moissons par exemple.

Quelques minutes plus tard, alors que l'armée d'Aymeric arrivait, criant comme il l'avait deviné des vivats à la vue du signal de soumission - si on pouvait appeler cela comme ça -, Jared donna ses derniers ordres dont celui d'ouvrir les portes du bourg et alors qu'il se retournait, il aperçut sa sœur en bas des remparts. Se montrant toujours droite et distante des émotions qui pourraient essayer de la prendre avec ce nouveau départ, Jared qui la connaissait mieux que personne put cependant voir en elle de l'inquiétude et, peut-être, de la tristesse. Il marcha donc jusqu'à elle et discuta rapidement avec elle pour la réconforter tout en lui rappelant certaines indications qu'il lui avait données concernant la gestion du fief, puisqu'elle en serait la régente pendant son absence. Elle acquiesça de la tête et lui serra sa main, lui donnant par-là même un petit objet. Jared fronça les sourcils mais sourit bien vite en regardant ce que c'était, et le rangea dans sa besace. Il déposa un baiser sur le front de sa sœur en guise d'adieu et alla rejoindre le marquis dans son périple avec ses troupes. Comme put se rendre compte Aymeric, Aline elle monta sur les remparts pour voir l'armée de son frère partir.



Longtemps après, alors que la grande armée traversait les Monts d'Or depuis un certain temps, Jared put voir qu'Aymeric de Brochant lui-même venait lui rendre visite, se séparant de ses vassaux et de sa proche famille auprès de qui il chevauchait. Le châtelain arrêta les quelques explications qu'il s'évertuait à donner à son écuyer et ordonna à ce dernier de se mettre un peu en retrait pour que le marquis puisse se tenir à ses côtés, comme il semblait le vouloir. Jared eut une bonne intuition puisqu'une conversation entre les deux hommes commença.


"Au moment de partir, ami Jared, il m'a semblé apercevoir la douce Aline, votre sœur, sur les murs du château. Il m'a semblé opportun de vous témoigner de l'impression favorable qu'elle me fit. C'est une dame noble et intègre, fort attachée à l'honneur et à la probité de sa famille. Il est regrettable qu'elle et vous demeuriez si loin aux marches du pays, Jared, car nombreux sont les jeunes chevaliers à ma cour, tous vertueux et de bon lignages, qui s’enorgueilliraient d'une si agréable compagnie. Lorsque tout ceci sera fini, et le pays apaisé, il me plairait grandement que vous m'honoriez de vos visites à Serramire, encore trop rares jusqu'à présent. Et vous ? Comment se fait il qu'un jeune et si gaillard châtelain n'ait ni épouse, ni héritier ?

Jared regarda Aymeric dans les yeux, intégrant les différentes propositions du marquis. Il eut un petit sourire en comprenant que le noble avait déjà l'intention de se mettre sa propre personne dans la poche par le biais d'invitations telles que des visites plus ou moins de courtoisie à Serramire ainsi qu'un potentiel mariage pour sa sœur Aline. Il allait vite et, dans le fond, Jared devait reconnaître qu'il n'avait pas forcément tort s'il voulait s'assurer qu'il resterait dans le camp du marquis et n'irait pas rejoindre son suzerain. Mais Jared n'entendait pas prendre parti de si tôt.

-Je suis heureux que ma sœur vous ait fait une telle impression, marquis. Vous semblez avoir une bonne analyse des gens, la façon dont vous la décrivez lui correspond bien. Mais attendez de mieux la connaître, peut-être vous surprendra-t-elle. Il accorda un sourire à Aymeric pour signifier qu'il avait l'intension d'éviter toute tension entre eux. En ce qui me concerne disons que ces derniers temps ont été fort chargés, surtout depuis la mort de mon père. Je n'ai pas encore pris le temps de penser à un mariage mais cela devrait changer si notre Mère me permet d'un jour voir une Serramire paisible ou du moins en n'étant pas en guerre continuellement.

Le châtelain ne put s'empêcher à la question du marquis de repenser à une certaine jeune femme qu'il avait connue dans un passé pas si lointain que cela, une fille à peine plus jeune que lui qu'il avait aimée. Il était vrai que si elle avait été encore là aujourd'hui, Jared aurait certainement déjà un héritier - et ne serait finalement pas parti jouer aux aventuriers. Yanah... Il balaya ces souvenirs rapidement et changea volontairement de sujet.

-Puisque nous les traversons... que pensez-vous des Monts d'Or ?"
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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeDim 31 Aoû 2014 - 13:13

Il était fort commun que les seigneurs du crû s'estimassent seuls détenteurs du savoir en ce qui concernait leurs terres respectives. C'était particulièrement le cas dans le Nord de Serramire, où les gens des marches se pensaient hélas trop souvent comme un monde à part. Ils avaient certes leurs coutumes et leurs maux propres, comme en témoignait l'insistance de Jared sur ses chimères goblinoïdes, mais il aurait été malhonnête de leur reconnaître cette forme d'autarcie à laquelle il prétendaient. Ainsi Aymeric soupira à la question de son interlocuteur.

"Il me blesse que vous me tinssiez pour un ignorant. Ces montagnes font tout autant partie du pays que le reste des terres, et sachez que j'aime chacune sans préférence aucune. Votre attachement pour ces cimes est louable, Jared, mais vous seriez malavisé d'en réclamer l'apanage. Le massif court au Sud, jusqu'au bord de la Siriliya, et depuis mes fiefs de Brochant, je puis en voir les sommet chaque matin."

On racontait qu'autrefois, les montagnes avaient même hébergé de nombreuses colonies naines, et qu'au cœur du rocher demeurait endormis de fabuleux trésors. Il y a des années de cela, Hanegard l'usurpateur avait entrepris d'excaver une de ces mines, qu'on éboulement avait révélé aux gens de Lodikaier. Qui pouvait imaginer les secrets renfermés sous la montagne ? Hélas, les seigneurs ne s'en souciaient guère plus aujourd'hui.

"L'ignorez vous peut-être, mais autrefois les ducs mes ancêtres, jouissant d'une paix et d'une félicité sans limite, entreprirent de dompter ces régions ensauvagées. Des Wandres jusqu'au grand fleuve sont semés sur les cols et les pics nombre de fortins, dont la déshérence fait désormais la joie des bandits et d'autre maux pire encore. J'enrage à l'idée seule que ce puissant héritage soit aujourd'hui profané, à cause de la faiblesse de ses gardiens. Ceux qui aujourd'hui plantent dans ce pays les graines du chaos et de la guerre sont les ennemis de cette grandeur dont nous nous devons d'être les garants, ne le croyez vous pas ?"

La remarque était suffisamment cousue de fil blanc pour qu'on en identifie la cible. Toutefois, elle n'appelait pas de réponse, car le marquis, peu soucieux d'engager une nouvelle joute politique avec son châtelain, embraya derechef sur des considérations plus triviales :

"Avez vous vu, Jared, les murs blancs d'Osto-Tel ? Ces tours élancées dont la pierre d'albâtre embrase le ciel de son éclat, dès le Soleil levé ? L'ombre double et diaphane de ces arches périlleuses, sous la clarté des Lunes ? Avez vous connu autrefois les clairons des hérauts, annonçant bien haut le retour des servants des Divins ? Ne souhaiteriez vous entendre à nouveau l'oliphant résonner entre ces murs marmoréens ? Lorsque tout sera apaisé, nous rendront à ce pays la grandeur qui lui revient."

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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeDim 7 Sep 2014 - 19:33

"Non pas que je souhaite vous prendre pour un ignorant, marquis, mais j'ai beau être encore assez jeune il y a bien une chose que j'ai pu apprendre des quelques pérégrinations que j'ai faites avec mon père : on ne peut pas parler d'un endroit que l'on ne connait pas vraiment. J'aurais beau voir la mer au loin se dessiner à l'horizon à chaque levé de soleil, si je ne vis moi-même au bord de cette mer je ne peux pas essayer de comprendre la vie de ceux qui y habitent, quel que soit le nombre de livres que j'aurais lu sur le sujet. Il me serait un temps soit peu malavisé d'imaginer la vie de pêcheurs et encore plus des Elfes, ne pensez-vous pas ?

Voilà ce que répondit le jeune châtelain à Aymeric tout en lui accordant un sourire afin de lui montrer qu'il était inutile de prendre mal ses propos. Il n'avait fait que remarquer et, contrairement à ce que pouvaient penser bien des gens accompagnant le marquis dans sa guerre, Jared n'était ni le montagnard bougon des contes pour enfants, ni un ignorant et encore moins une personne incapable de penser convenablement pour sa fonction. Il voulait juste protéger les siens, ce qui en était au final sa principale faiblesse ; et le fait qu'il était mauvais menteur n'était pas pour l'aider. Il avait encore des choses à apprendre dans le monde de la politique et, à son grand malheur, il avait l'impression que cette marche presque forcée aux côtés du marquis - ce qui n'en faisait pas un allier pour autant - lui serait bénéfique en ce sens. Quoi de mieux pour s'instruire et s'exercer que de faire route avec des gens aimant ce que l'on pourrait appeler les jeux de cour ?

-L'ignorez vous peut-être, mais autrefois les ducs mes ancêtres, jouissant d'une paix et d'une félicité sans limite, entreprirent de dompter ces régions ensauvagées. Des Wandres jusqu'au grand fleuve sont semés sur les cols et les pics nombre de fortins, dont la déshérence fait désormais la joie des bandits et d'autre maux pire encore. J'enrage à l'idée seule que ce puissant héritage soit aujourd'hui profané, à cause de la faiblesse de ses gardiens. Ceux qui aujourd'hui plantent dans ce pays les graines du chaos et de la guerre sont les ennemis de cette grandeur dont nous nous devons d'être les garants, ne le croyez vous pas ? Avez vous vu, Jared, les murs blancs d'Osto-Tel ? Ces tours élancées dont la pierre d'albâtre embrase le ciel de son éclat, dès le Soleil levé ? L'ombre double et diaphane de ces arches périlleuses, sous la clarté des Lunes ? Avez vous connu autrefois les clairons des hérauts, annonçant bien haut le retour des servants des Divins ? Ne souhaiteriez vous entendre à nouveau l'oliphant résonner entre ces murs marmoréens ? Lorsque tout sera apaisé, nous rendront à ce pays la grandeur qui lui revient.

Jared regarda bien Aymeric, comprenant bien de qui le noble avait parlé dans la première partie de son discours. Aymeric ne lui laissa pas le temps de répondre et, de toute façon, Jared n'avait aucunement envie de lancer un débat sur le sujet. Ils verraient bien ce que cela donnerait une fois qu'ils seraient arrivés à Jérôme. Pour Osto-Tel, c'était une autre histoire.

-Je suis déjà allé là-bas et je dois avouer qu'étant enfant j'étais resté émerveillé face à ces tours. Mon esprit encore innocent avait cru que les Hommes avaient réussi à construire des montagnes parce qu'ils trouvaient qu'il n'y en avait pas assez sur cette terre. Il se mit à rire. Je n'y suis pas beaucoup retourné depuis, le devoir et toutes autres affaires m'ayant gardé à Montévlin. Il faudrait que j'aille faire un tour là-bas une fois que la paix de nos ancêtres sera revenue."
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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeLun 8 Sep 2014 - 14:17

"J'en prends acte, Jared ; lorsque nous nous en reviendrons de cette guerre, je m'engage à vous recevoir sur mes fiefs. Nous irons chasser au rapace dans ces montagnes."

La discussion fut interrompue par l'arrivée d'une enseigne provenant de l'avant-garde. Celle-ci transmit bien vite au marquis les informations que son frère, dont les chevaliers ouvraient la marche, avait à lui dire. Aymeric congédia le courrier aussitôt, l'envoyant porter la nouvelle au seigneur Roland de Versmilia, dont les hommes formaient l'arrière-garde. Il se reporta ensuite vers le châtelain de Montvélin :

"Cher ami, il me faut prendre congé. Nous serons dans une heure à la frontière de Serramire, où nous passeront la nuit avant d'entrer en Oësgard. Je vous enjoins à retourner auprès de vos hommes pour les conduire, comme je m'apprête à le faire. Une fois que vous et vos gens auront dressé leurs quartiers, je vous invite à me rejoindre dans ma tente de commandement, nous reprendrons alors cette discussion."

Et le marquis s'en fut d'un trot léger rejoindre ses capitaines et ses bannerets, dont les hommes occupaient le centre de l'armée. Au bord de ces montagnes escarpées, la route se réduisait drastiquement, et il n'était pas rare que par endroit, la cohorte dusse resserrer les rangs. On progressait lentement, à quatre de front, les enseignes et les courriers faisant la navette sur le bas-côté pour apporter des messages aux commandants.

La marche pris fin à la vue du défilé entre les Mont d'or et les Hortles, dont l'étroitesse figurait la frontière oësgardienne. La vallée se resserrant une fois que l'on y aurait pénétré, il fut décidé de dresser le camp ici. Les hommes d'armes prirent leurs quartiers dans ce large pâturage, leurs chefs s'arrogeant les lieux les plus plats pour y dresser des tentes bigarrées. Le marquis, lui, s'installa dans l'unique bâtisse présente à des lieues, une menue ferme d'altitude dont les occupants n'avaient repris possession, en cette période de l'année.

Lorsque tous furent installés, et que Jared rejoignit le marquis comme celui-ci lui avait demandé, il pu découvrir le coquet arrangement dont on avait gratifié la masure. La table branlante avait été drapée d'un oriflamme, et entourée d'austères sièges de campagne. Une certaine bonhommie s'était emparée de l'endroit, que la chaleur d'un bon feu avait tiré de son sommeil hivernal. Dans la pièce unique se tenaient le marquis et ses ouailles : parents, vassaux et capitaines, à qui l'on avait offert une chère certes frugale, mais gouleyante. La marmite aux trois quart vide témoignait du sort que l'on avait fait au brouet.

"Entrez, Jared, entrez ! Profitez donc de l'hospitalité de mon sémillant manoir ! déclara le marquis, enjoué, tandis qu'un page apportait une chaise et dressait le couvert pour l'invité. Nous étions justement en train d'évoquer les créatures infestant les montagnes, et dont l'existence semblait tantôt vous causer bien du soucis. Et si vous nous entreteniez plutôt de ce fabuleux bestiaire, voulez vous."

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Aline de Clairssac
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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeJeu 18 Sep 2014 - 14:29

Jared hocha affirmativement de la tête lorsqu'il fallut qu'Aymeric retourne plus avant dans son armée, acceptant ainsi l'invitation du marquis. Osa alors s'avancer l'écuyer qui avait désormais la place pour retourner aux côtés de son mentor. Le petit châtelain le regarda avec un sourire puis, après lui avoir donné un dernier conseil quant à la noblesse, il alla donner ses ordres.

Ce n'est qu'une fois les tentes installées et l'armée occupée à manger que Jared vint à la seule bâtisse des environs, là où s'était installé De Brochant. Il ne vint pas seul, son écuyer ne le quittant que peu. De plus, Jared avait jugé que même si ce ne serait certainement pas la meilleure soirée qu'il passerait en compagnie de nobles, il était était important pour l'apprentissage du jeune Oden qu'il voit ce qu'il peut s'y passer et aussi qu'il imprègne bien quelles pouvaient être les relations entre les différents personnages. La guerre était la guerre et justement Oden savait que malgré les apparences la situation de Montévlin était plus compliquée que ce que certains pensaient et que le marquis n'était pas forcément un allier. Quoi qu'il en soit Jared ne montra aucune hésitation à entrer dans la petite maison où, dorénavant, trônait dans la pièce principale l'oriflamme du marquis. Enfin, trônait... disons que c'était ce qui était le plus visible dans la pièce niveau décoration mais cet oriflamme ne faisait qu'être sur la table.


"Entrez, Jared, entrez ! Profitez donc de l'hospitalité de mon sémillant manoir ! Nous étions justement en train d'évoquer les créatures infestant les montagnes, et dont l'existence semblait tantôt vous causer bien du soucis. Et si vous nous entreteniez plutôt de ce fabuleux bestiaire, voulez vous.

Jared accepta d'un signe de tête le couvert à la tablée que le page mettait. Son écuyer, quant à lui, resta en retrait pas trop loin de Jared. Chacun à sa place et le châtelain savait très bien qu'en ce moment-même la sienne était auprès du marquis, entrant dans son jeu sans pour autant trop s'impliquer dans une partie à l'issue incertaine. Après avoir écouté le noble poser sa question peut-être au nom de tous ses pairs, Jared croisa les jambes et regarda tour à tour tous ces gens qu'il ne connaissait que bien peu, sans malice ou animosité, avant de répondre.

-Je ne reviendrai que peu sur l'histoire de ces terres, puisque vous devez être nombreux à la connaître, mais remettre chaque chose en son contexte n'est pas plus mal. En l'an 612 mon ancêtre, Avelin Frouassier, fut chargé de bâtir un fief dans les Monts d'Or afin de stopper tout envahisseur ayant l'idée de passer par les montagnes. Mais en même temps, sa mission n'en restait pas qu'aux humains : de nombreuses créatures vivaient encore dans ces monts et il allait de soi qu'il était impossible de vivre en paix lorsque votre propre présence n'est pas acceptée par les tribus kobolds ou gobelines. S'engagea alors une forme de guerre entre tous ces peuples - kobolds et gobelins se guerroyant déjà régulièrement - et même s'il en reste beaucoup moins qu'avant, vu toutes les caches qu'il est possible de trouver dans ce type de relief nous avons encore de quoi nous méfier d'eux. Les kobolds ont beau être lâches seuls, en groupe ils n'hésitent pas à massacrer ceux qui sont moins nombreux qu'eux...

Sans non plus trop s'attarder sur le sujet, n'aimant guère certains regards que certains sujets d'Aymeric pouvaient avoir à son encontre, Jared s'évertua à expliquer de manière claire et concise la différence entre les deux petites races ainsi que les dégâts qu'ils pouvaient causer si on ne les prenait pas au sérieux à temps. D'où le fait - mais cela il n'en parla aucunement - que s'il aurait accepté un duel entre Nestor et lui, Jared aurait d'abord demandé à être assuré que la menace plus que potentielle était éradiquée avant de mettre sa vie en jeu au nom de l'honneur. Il était le gardien de ses gens et non pas juste un supérieur aussi se serait-il évertué à faire attendre son adversaire. Lorsqu'il eut fini son discours, il s'enfonça un peu plus dans son siège de manière décontractée et questionna.

-Ais-je répondu à toutes les questions qui ont pu traverser vos esprits, messieurs ? Peut-être avez-vous des histoires similaires qui s'approchent bien plus de la réalité que des contes ?"

Il avait volontairement éliminé de sa dernière question la fin de sa phrase qui aurait été "dans vos contrées", évitant ainsi de laisser croire qu'il considérait tous ces gens des plaines comme de parfaits étrangers - même si c'était un peu le cas puisqu'ils ne vivaient pas dans les montagnes-même. Tant qu'à faire, autant prendre compte des remarques du marquis !
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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: Re: Sur la route de Montvélin [Aline]   Sur la route de Montvélin [Aline] I_icon_minitimeSam 27 Sep 2014 - 10:39

À la question de Jared se succédèrent de nombreuses histoires. Chacun raconta l'aventure qu'il avait vécu dans sa jeunesse, s'il s'agissait d'un vieux seigneur, ou des péripéties plus récentes, pour les jeunes chevaliers. À travers cet amoncellement de brèves, de petites anecdotes, se dépeignait le portrait de la noblesse péninsulaire, cette coterie d'hommes au sang bleu, tous plus avides de faits d'armes les uns que les autres, et dont le souhait fut que leur renommée résonne dans tout le Nord et le Médian.

Ces histoires étaient elles véridiques ? Bien peu s'en souciaient, pourvu qu'elles soient bonnes. Tels des trouvères faisant poindre le rêve dans l'esprit des badauds, ces hommes d'armes aiguillonnaient leur honneur et leur vertu à force de gestes fabuleuses. Le plus savant expliquait doctement que les engeances des bois provenaient du Puy même ; d'aucun rétorquait que les gobelins étaient mus par quelque nigromancien des Hortles, dont l'évocation seule faisait usuellement frémir les chaumières. La grandeur d'une épopée ne se mesure-t-elle à celle du péril encouru ?

Aymeric, quant à lui, ne pipait guère mot, dispensant ses seuls assentiments par de menues paroles, lorsqu'une histoire avait l'heur de lui plaire. Il ne se fendit de quelques phrases qu'à l'évocation de ses propres faits d'armes, fort longtemps, durant la campagne d'Oesgardie, quand tout jeune alors il s'était emparé d'une des trente fameuses baguettes à feu du baron Baudoin, avant de la jeter dans l'Olyia. Mais l'anecdote fut bientôt suivie et ensevelie par les suivantes, aussi le marquis fut replongé dans son mutisme.

Les heures passant et les contes s'énonçant d'une voix de plus en plus chétive, à la chiche lueur des chandelles bien entamées, Aymeric décida, sentant ses pupilles ciller, que la discussion s'achevait. "Doux sires, bonnes gens, vous avez fort bien parlé ce soir. Que le souvenir de ces gentilles paroles vous roidisse la vertu, pour que demain tout ébaudis, vous agissiez de la sorte. Ainsi au retour de cette campagne, nous aurons moult geste et force faits d'armes pour entretenir les bardes !"

Le signal donné, seigneurs et capitaines prirent le chemin de leurs quartiers, où le repos les attendait.

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