Entre chien et loup | Solo

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Margot de Soltariel
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Margot de Soltariel


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MessageSujet: Entre chien et loup | Solo   Entre chien et loup | Solo I_icon_minitimeSam 13 Déc 2014 - 21:32

La lumière déclinait rapidement sur Thaar et ses ruelles. La ville était devenue si dense que même ses quartiers bourgeois étaient constituées de manoirs et d'hôtels particulier écrasés les uns contre les autres, enchevêtrement incompréhensible d'arches, d'escalier, de portes, de terrasses, de jardins et de galeries. La gestion du cadastre de la ville était un véritable enfer et donnait lieu à des débats interminables devant les hautes autorités, qui s'en souciaient comme d'une guigne, confortablement installées dans les palais tentaculaires qui couvraient le haut des collines.
Mais si Margot était de sortie ce soir là, ce n'était certainement pas par curiosité architecturale. Elle devait rencontrer des gens, des gens qui cultivaient le secret et le mystère comme elle avait cultivé le complot durant ses années de règne. Non pas qu'ils soient, d'ailleurs, particulièrement mauvais ou mal intentionnés, la plupart d'entre eux prenaient simplement un plaisir fou à se draper de mythes et de racontars. C'était pour l'essentiel une petite noblesse oisive, qui avait su trouver une place confortable et peu exigeante. Il servait les intérêts des princes marchands et autres grands pontes de la cité tout en s'octroyant au passage un bénéfice qui leur permettait de mener un train de vie assez dépensier. Généralement des cadets de familles, des gens sans héritage particulier et qui n'avait aucune volonté de se battre pour, ils avaient été élevé dans un cocon confortable où l'on s'occupait d'eux et étaient prêts à s'occuper des besognes peu glorifiantes, sans être déshonorantes, pour que cela continue. Ils étaient la populace administrative de la cité, les petites mains qui concluaient les accords quotidiens, sans importance unique mais dont la masse était le fondement de la puissance économique de Thaar.
Et puis il y avait quelques... originaux, pour le moins.

Elle toqua à la porte, en une savante combinaison de pauses et d'impacts, dispersés sur différentes planches qui rendaient chacune un son propre. On lui ouvrit alors qu'elle n'en avait pas fait la moitié, comme d'habitude, les gardes toujours prêts à couper court aux pitreries de leurs employeurs et ayant appris à reconnaître le geste sec et impatient de la Bella. Elle pénétra dans une antichambre où se répandait déjà une entêtante odeur sucrée qui n'arrivait pas à masquer toutefois celle de sueur et d'attente. C'était une pièce globalement nue où le principal aménagement était constitué d'une table autour de laquelle étaient installés les trois vigiles. L'un d'eux portait son sang-mêlé sur son visage, avec sa tignasse blanche comme neige malgré son allure de jeune homme de vingt ans -mais elle savait qu'il avait certainement plus de deux fois son âge- et ses yeux vairons. Ils portaient des tenues officielles alambiqués dont une bonne partie des breloques avait été déposées à terre pour lutter contre la chaleur accablante.
Margot elle-même se sentait prise de vertige et se dépêcha de rejoindre les couloirs plus frais, Valérian derrière elle. Elle se glissa entre deux draperies ornées de runes dont elle ne connaissait pas la signification, si tant est qu'elles en avaient, pour pénétrer au cœur de la demeure. Un serviteur vint aussitôt la délester de sa pelisse inutile. Elle congédia Valérian d'un geste de la main, lequel rejoignit une pièce à l'écart où se retrouvaient les quelques gardes du corps des personnalités suffisamment importante pour en avoir et où ils passaient la soirée à tuer le temps en jouant aux cartes, aux dés ou en se mesurant dans des épreuves de force.
Margot, elle, continua son chemin à travers des couloirs tout en croisements et en virages pour arriver devant une porte peinte, où étaient représentés de façon stylisé une demi-lune et un demi-soleil. Elle décrocha le masque à sa ceinture, une pièce de bois blanc représentant un visage auquel manquait toute la partie basse et dont les yeux étaient rehaussés de filigranes d'or, le tout maintenu par une coiffe. Elle l'ajusta en s'aidant d'un miroir en étain, puis passa dans le salon principal. C'était une large pièce calfeutrée au cœur du dédale, aux murs pleins recouverts de tapisseries multicolores. Un épais nuage de fumée s'amassait contre le plafond, venant des multiples encensoirs et pipes à chanvre ou opium. Le sol lui était recouvert de tapis, coussins, tables basses et quelques sofas. Des lanternes à huile ceignaient le pourtour et répandait leur lumière chaude, presque organique. Il faisait encore plus chaud ici qu'ailleurs. Elle se sentait dépérir sous sa longue robe cyan, mais elle n'appréciait pas les tenues plus frivoles, aurait-elle même dit provocatrice, de la majorité de l'assemblée.

Car assemblée il y avait. Le cercle était presque au complet ce soir là et une quarantaine de personnes se pressaient en petits groupes de trois à cinq, discutant de sujets plus ou moins éclairés. L'ambiance était festive, détendue, même si chacun d'eux portait un masque plus ou moins couvrant. Ce qui ne l'empêchait pas d'être capable de citer la moitié des noms. Cette pièce n'était qu'un jeu.
Elle s’avança sans prêter attention à la plupart des invités, rendant leur salut à ceux qui prenaient le temps de l'accueillir. Le temps où sa seule entrée dans une pièce suffisait à imposer un parfait silence pendant quelques minutes, où chacun rivalisait pour venir la saluer et avoir quelques minutes de son attention, lui manquait. Bien plus qu'elle ne le reconnaissait.
Ses pas la menèrent à proximité du centre de la pièce, où la lumière était, sans aucune raison, plus vive et douce qu'ailleurs. Quand elle s'avança, c'était comme si des particules d'or s'accrochaient à ses vêtements, ses cheveux, sa peau. Pour autant elle ne ressentait rien, si ce n'est une très légère magie. Elle nota qu'il s'était encore amélioré dans son art. Elle approcha d'un petit cercle de personnes assises sur des coussins au centre de la pièce et de la lueur. La plupart d'entre eux étaient béats d'admiration et buvaient les paroles d'un homme aux oreilles effilés, aux yeux verts pomme et aux traits trop fin. Son corps longiligne était caché dans un ample vêtement brodé d'écriture elfique et de symboles représentants les phases de la lune ou la course du soleil. Elle arrivait derrière lui et pourtant alors qu'elle ne s'était pas encore signalée il l’interpella :

« Ah, Bella, je ne vous attendais plus » il s'amusait de l'appeler par son surnom soltarii et elle lui passait cette fantaisie : « Mais je vous en prie, prenez place dans notre petit cercle, vous n'allez pas rester ainsi debout, quel hôte indigne ferai-je alors ! »

Un des adeptes béats s'écarta légèrement pour lui laisser de quoi s'asseoir et elle accepta l'invitation. Elle savait qu'il n'accepterait pas de la recevoir sans finir son petit numéro de maître de cérémonie. Elle ne comprendrait jamais pourquoi des mages talentueux gaspillaient leur art en pareilles frivolités, que cela soit dans cette cité ou à Soltariel, quand ils avaient autrefois pu gouverner des royaumes entiers par leurs pouvoirs.

« Ainsi donc comme je l'expliquai, la course des deux astres que sont la Lune et la Soleil rythme toute notre existence, cela est une évidence, mais est également le moteur de toute la magie de notre monde, de toute son énergie et garante de l'équilibre. Ce n'est pas pour rien que c'est lors de leur rencontre millénaire que les événements du Voile ont pus se dérouler. Des puissances extraordinaires, qui s'opposent à l'équilibre, ont profité de cet instant de fragilité du tissu réel pour essayer de prendre le contrôle.
-L'obscurité serait donc mauvaise, luminen ?
-Non, l'obscurité est nécessaire, car comment qualifier la lumière sans cela ? La lumière créé notre monde, l'ombre lui donne consistance. C'est uniquement lorsque l'un des deux disparaît que notre monde est menacé. Le Voile est ainsi une fissure dans notre réalité, une brèche possible, un moment, bref, où la lumière n'existe plus.
-Et la Deuxième Lune ?
-Un nouvel astre dédié à maintenir l'équilibre et à ne plus laisser de tels événements se produire, de toute évidence. »

Margot l'écouta ainsi de longues minutes, feignant l'intérêt. Elle connaissait déjà les prophètes et autres avant de venir à Thaar, mais elle n'en connaissait alors que deux types : les convaincus et les escrocs manipulant les esprits faibles. Elle se fichait des premiers et avait fait empaler un maximum des seconds, terrain beaucoup trop fertiles de révoltes et autres troubles. Depuis elle en avait découvert d'autres : ceux qui faisaient ça par jeu. C'était le cas de Sylème. Ce demi-elfe n'avait aucun besoin de son statut de prophète touché par le divin. Il en tirait juste un grand amusement. Ses talents autres suffisaient à lui permettre de mener une vie tout à fait convenable. Et c'était ses talents qui avaient amené la duchesse en exil à le fréquenter.

« Mais, si vous voulez bien m'excuser, je dois m'entretenir en privé avec mon invitée. »

A ces mots tant attendus, le demi-elfe se releva d'un bond et tendit une main galante à Margot pour l'aider à faire de même qu'elle accepta bien volontiers. Il la guida ensuite dans une alcôve connexe où la température était plus respirable, la fumée des encensoirs moins présente et où un petit balcon permettait d'avoir vue le panorama nocturne de Thaar, brillant de la lueur de milles et une torches comme autant d'étoiles. Sylème se défit de son manteau étrange qu'il jeta négligemment sur un sofa et sous lequel il portait une tunique ocre largement ouverte sur son corps bien fait, désigna à Margot un fauteuil où il l'invita à s'asseoir et attrapa d'une main adroite deux coupes et une bouteille de vin avant de venir s'asseoir face à son invité, de l'autre côté d'un petit plateau d'orfèvre sur lequel il posa les coupes avant de les remplir.

« Ma Dame, en de tels occasions vous portez votre surnom mieux que jamais. Et c'est un réel délice que de vous accueillir à nouveau chez moi, votre absence de nouvelles me fit craindre le pire, que vous me rejetiez, et ne daigniez plus m'adresser la parole. Je vous le dis, j'en ai perdu le sommeil des nuits durant et...
-Cessez donc ce mélodrame mon ami. Je suis certaine que vous saviez exactement où j'étais et ce que je faisais, voilà pourquoi je n'ai pas éprouver la nécessité de vous en tenir informé.
-Ah certes, de telles informations me sont parvenues » un petit sourire amusé ceignait ses lèvres « mais elles ne remplacent pas la volupté de vos paroles ou la touchante attention d'une missive, si ridicule et minuscule soit-elle. Mes petits amis ne peuvent pas combler votre absence. Mais, je connais votre pragmatisme et me doute que vous n'êtes pas venu ce soir pour m'entendre vous conter fleurette. A vrai dire je pense même que votre venue n'a qu'une seule raison : vous êtes prêtes à partir. Me trompe-je ?
-Pas de beaucoup. Il y a encore une personne que j'aimerais voir, et il me faut recruter les mercenaires qui me suivront à Soltariel.
-Oh, voyons, vous n'avez jamais émis le souhait de rencontrer quiconque d'autres avant ce soir, il ne doit pas s'agir d'un résident permanent de Thaar. Il doit avoir une certaine importance pour que vous vouliez le voir, surtout si cela doit vous faire décaler votre départ. Serait-ce, par hasard, ce nain venue de Thanor et de ses environs ?
-Vous n'avez pas besoin de me démontrer votre talent, je le connais. » elle lui glissa un sourire avant de tremper ses lèvres dans le breuvage mis à sa disposition. Un vin doux et fruité, de ceux qu'elle appréciait. « C'était surtout pour les mercenaires que je venais. Je suppose que vous avez des renseignements sur toutes les troupes d'épées à louer que l'on peut croiser en ces terres, n'est-ce pas ?
-Toutes, ce serait impossible, vous savez comme moi qu'il en existe bien trop. Mais, je puis sans doute vous procurer une certaine satisfaction dans vos recherches. »

Il se leva et s'approcha d'une tenture qu'il écarta d'un geste vif pour découvrir une bibliothèque pleine de rouleaux. L'un de ses nombreux trésors. Sylème avait su mettre à profit ses dons magiques, d'abord développé dans l'ombre d'un maître d'une quelconque cabale, pour obtenir des informations qu'il pouvait revendre ou utiliser. Puis, en quelques dizaines d'années, il était devenue l'un des informateurs les plus courus de la cité. Il n'avait pas de réseau, pas de contacts à entretenir, simplement une palette de talents forts utiles. Il était, de fait, difficilement atteignable sauf à l'attaquer directement. Mais il s'en était jusque là sortis, échappant à pas moins de trois tentatives d'assassinat. Toutefois il se sentait de plus en plus mis en danger, de moins en moins accepté. Peut-être n'était-ce que paranoïa. En tout cas, elle avait su en tirer profit. Il n'avait guère de plus grand désir que de se refaire une vie ailleurs. La promesse d'une bonne situation, d'une protection et d'un soutien officiel avait suffit à le rallier à sa cause. Ça et le fait bien connu que l'homme était un charmeur.

« Je me rappelle de quelques noms. L'un d'eux, en particulier, devrait vous intéresser. Ah, le voilà » il extirpa un rouleau de parchemin qu'il tendit à la duchesse, laquelle le prit et l'ouvrit pour en examiner le contenu, l'air sévère et l'oeil vif.
« Les aigles rouges ? Atanae, c'est un nom de...
-De femme en effet. Une certaine partie de ses rangs est composé de femmes également.
-Vous croyez que je vais les engager juste parce que ce sont des mégères ?
-Certainement pas. Mais parce que cette compagnie a presque doublé ses effectifs dans les dernières années, qu'elle est l'une des plus réputées d'Estrévent, que ses membres ne sont pas attachés à cette terre et pourront vous suivre de l'autre côté et qu'ils cherchent une gloire que votre service pourrait leur offrir.
-Intéressant, ils ont des états de faits assez remarquables. Mais, le soltaar a aussi son lot d'intrigues. Il me faudrait des hommes à même de s'occuper de sales besognes. Efficacement.
-Hum... cela me dit quelque chose, laissez-moi un instant. » Il farfouilla dans sa bibliothèque, déplaçant des rouleaux, les ouvrant pour les rejeter d'un geste impatient, jusqu’à finalement trouver celui qui l'intéressait le plus : « Ah, enfin ! La Main d'Aost. Une belle bande d'enfants de salauds. Ils s'étaient établis à Diantra pendant longtemps, avec tout un réseau d'informateurs et de contacts. La sale besogne ça les connaît. Ils ont déménagé en nos terres suite à des problèmes avec la noblesse. Ils aimeraient sans doute retourner au pays, même si Soltariel n'est pas tout à fait Diantra. Moins nombreux que les aigles mais sacrément réputés.
-Exactement ce qu'il me faut. Donnez moi ces parchemins. Je les contacterai tous les deux dans les prochains jours.
-Mais certainement. J'ose espérer que vous n'avez pas oublier notre petit arrangement. » Il était passé dans son dos : « J'attends beaucoup de vos promesses, j'estime m'être montré plus qu'utile.
-Ne vous en faites pas, vous aurez ce que vous voulez. Je suis sûre que vous adorerez les cabales. Elles sont pleines de petites intrigues, de secrets et de querelles ancestrales. Et sous ma protection, vous n'aurez rien à craindre, ne vous en faites pas. »

Il sembla se calmer et revint s'asseoir face à elle. Et comment qu'elle comptait le protéger, il était le meilleur espion qu'elle ait jamais vus jusqu'à maintenant. Son aide serait un apport quasiment inestimable. Il pourrait faire un fonctionnaire zélé, si elle parvenait à lui instiller un peu de son ancien courage. Pour le moment il était trop apeuré et fragile pour ça. Ils continuèrent à parler projets et machinations pendant quelques heures, de plus en plus pressés par le temps qui semblait s'écouler trop vite. Jusqu'à ce qu'une nouvelle particulière soit abordée :

« Ahah, le sale petit merdeux est mort ! Parfait, rien n'aurait pu m'arranger davantage !
-Sauf votre respect, Bella, êtes-vous sûr de ce que vous avancez ?
-Certaine. Elle a perdus la face devant le comté entier, si ce n'est tout le duché. Elle est désormais obligé de négocier avec le patriarche Anoszia qui en profitera certainement pour réclamer plus que sa part.
-Mais n'oubliez pas que ce même patriarche n'a guère hésité à vous trahir par le passé.
-Il est vrai, et cette fois ne sera sans doute pas différente si je lui en laisse l'occasion. Le mieux serait qu'ils se bouffent le nez entre eux. Mais c'est peu probable, la mort du comte va entraîner la paix sous peu. Il faudra alors se contenter de retourner le vieillard. Le plus dur sera de l'appâter.
-Ses objectifs semblent être clair. Vous devrez lui promettre encore davantage de pouvoirs.
-Ce n'est pas une chose qui m'enchante. »

Sylème haussa les épaules, l'air de dire qu'il n'y pouvait rien. Elle quitta la demeure tard dans la nuit, non sans avoir repousser quelques insistantes propositions du maître de maison d'y dormir. Cette nuit là, lorsque qu'elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, sa tête reposant contre la poitrine de Valérian, elle ne put empêcher un large rictus de se dessiner sur son visage et de sentir les embruns de l'Eris qui lui fouettaient déjà le visage.
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