Dormmel, où l'on change d'allégeance comme de cauches.

« Comment le sais-tu ? »
« Je les ai vu Sire. »
« Combien sont-ils ? »
« Des milliers Sire, au moins une douzaine de milliers Sire. »
« Est-ce Tyra qui nous puni de nos péchés ? »
« Cesses tes enfantillages fiston, et cours réunir les consuls. »

Godricks de Courreau, fils du premier consul de la ville de Dormmel sortit en trombe de la grande salle pour toquer aux hôtels de ses oncles et des autres seigneurs formant le conseil de la cité. Les nouvelles étaient alarmantes, les drows se trouvaient à Krahof et l’on racontait que la place ne tiendrait pas plus longtemps que cela, leur enfant-roi était à l’abri derrière les doubles murailles d’Oësgard-la-Citadelle et le Primat n’avait pas tenté de rassurer ses vassaux quant à cette invasion noirelfique sur les terres de leurs ancêtres. A Dormmel, dans les tavernes, des vétérans racontaient les effroyables batailles ayant secoué la baronnie il y a de ça une douzaine d’années lorsque le Puy était venir affronter une Communauté de la Lumière à son apogée, au temps où l’alliance des trois peuples était encore en vigueur, mais ce non sans cracher sur la couardise des fils d’Anaëh. La session  extraordinaire des consuls se teint à salle ouverte en présence des seigneurs et bourgeois de la cité, les consuls présidaient la session sur une estrade où était dressée une table. Ils étaient au nombre de cinq et parmi eux le frère du précédent seigneur de la ville.

« Le Primat ne peut pas assurer notre protection. »
« Il peut à peine protéger son neveu ! »
« Les drows vont descendre sur Dormmel ! »
« C’est certain ! »
« Même plus que sûr ! »
« Osvald, éclairez-nous de votre sagesse ! »
« Du calme mes Sieurs. Ecoutons Erdegard. »
Le dit bonhomme tapa trois fois de son marteau sur la table, faisant craquer le bois de celle-ci à chaque frappe menaçant la table drapée de bleu de s’écrouler.
« Nous ne pouvons nous défendre seul face à ces monstres de l’Elda…
« Que Néera nous préserve… »
« Ils vont brûler nos villages, pourrir nos terres et voler notre nourriture… »
« Que Néera nous protège… »
« Nous n’avons plus assez de provisions au sein de la cité pour nourrir tout le monde en cas d’attaque. »
Un vent de panique prit les seigneurs présents. Osvald se pencha pour murmurer à l’oreille de son camarade.
« Cesses de les alarmer… » Il acquiesça et reprit.
« Nous devons revoir notre serment de vassalité, un suzerain se doit de protéger son vassal de toute menace armée, il se doit de prendre les armes pour venir en aide à son peuple. La lignée de Goar a été corrompue par l’avidité de son patriarche, et aujourd’hui les fils et filles de Dormmel sont menacées. »
« Il y a la fille Heinster… »
« Sa légitimité n’est pas prouvée, et son champion le Marquis a été touché par la maladie, son armée infecté par la peste, ils sont en route pour Serramire… »
« Vous ne suggérez quand même pas de prêter allégeance au Clairssac ? »
« S’il peut nous défendre face aux elfes de l’Elda, alors oui Jollring. »
Nouveau brouahaha interrompu par le marteau d’Osvald qui, jura Godricks, affaissa la table de quelques centimètres.
« Votons ! »
La séance dura encore plusieurs heures, Godricks commença à bailler de plus en plus fort malgré les regards sévères de son paternel, tout ces discours politique l’ennuyaient au plus haut point. Lui n’aspirait qu’à parcourir la campagne et pourfendre des dragons. Il finit par s’endormir et se réveilla au bruit de la table effondrée et de la voix de son père concluant sur l’allégeance de la ville auprès du seigneur ethernan contre sa protection. Le lendemain, une ambassade de consuls fut dépêché pour le retrouver à Nulhadon et lui jurer serment.