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| Une campagne comme oncques ne vit | |
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+6Entité Meinhard d'Andorf Gaston d'Odélian Walther Hohenburg Roderik de Wenden Aymeric de Brochant 10 participants | |
Auteur | Message |
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Aymeric de Brochant
Humain
Nombre de messages : 714 Âge : 33 Date d'inscription : 22/02/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 35 ans Taille : 6 pieds Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Une campagne comme oncques ne vit Dim 4 Oct 2015 - 14:45 | |
| 1ème jour de la 1ère énéade de Verimios, 8ème année du 11ème cycle. Deux jours durant, l'armée serramiroise avait patiemment attendu que son champion ne revienne enfin de sa chevauchée. Evrard! ce nom suscitait tant parmi la chevalerie que la piétaille un entrain certain. On narrait ses exploits levantins, forçant le trait avec une indécence que n'auraient pas renié les trouvères du médian. Avait-il occis, durant quelque escarmouche estréventine, un ou deux drows ? Finalement, l'assemblée s'accordait sur le chiffre d'un bataillon entier. Avait-il protégé quelque pucelle des derniers outrages ? C'était cent princesses de sauvées. Aymeric, non sas cynisme, avait vu monter cet engouement au sein des troupes, se gardant bien de le réfréner. Peut l'importait que les masses se fussent figurées un parangon au lieu d'un croquant, pourvu qu'elles le suivent en combat. En cela, le marquis était prêt à pardonner ses frasques guerrières à son cadet - pourvu qu'il revienne.
La chose ne fit pas attendre, quand durant la dernière nuit de Barkios, on annonça le retour du chevalier au cimeterre. L'émoi fut grand, car à la selle du chevalier pendouillait mollement la tête déjà fort putréfiée d'un mauvais puysard. Bientôt, le cadet des Brochant fut admis auprès de son frère, avec lequel il s'entretint longuement. Il serait vain de retranscrire l'entretient, mais l'on peut toutefois ajouter qu'à la suite de ce dernier, moult bannerets et moult capitaines furent rassemblés sous la grand'tente. L'offensive, semblait-il, fut décidée ce soir là.
Le lendemain, on sonna le rassemblement aux bonnes heures du matin. Quel spectacle! S'assemblèrent sous les yeux ravis du marquis pas moins de huit mille croquants, de la plus noble à la plus basse extraction, mais tous dévoués à son service - en l’occurrence, s'en aller percer le flanc de quelques mauvais drows. On pouvait reconnaitre, si tant est qu'on eut l'oeil capable de lire les livrées chatoyantes qu'arboraient les reîtres, chacune des villes et des forteresses au service du marquis. Ici et là, les armes de Lourmel, tandis qu'à un autre endroit, c'était les bannières de la Verse. Ailleurs, on distinguait les gens de l'hasseroyale, mais surtout les ineffables Compaings de la Cicquerie. Chacun portait le tabard haut, et toujours éclatant quoiqu'un peu crotté, heureux de vanter la bonne complexion des hommes venus de telle ville, tel bourg, tel crasseux patelin serramirois. En masse, c'était le corbin tout noir des Brochant qui trônait, avec l'avantage sur les autres qu'il marquait moins les tâches.
"Mon frère, il serait malvenu de ne pas enhardir tous ces braves" lança Evrard, lui aussi positivement ébaudis par cette puissante assemblée. Le marquis ne pouvait lui donner tort, et bientôt on put l'entendre, dressé sur un baril, prêcher à la foule. "Aux preux de Serramire, oyez! Il se dit que des démons enhardissent les puysards, et que nos dieux nous les ont préféré! Peut-être! En vérité, de l'amour ou de la haine que les Cinq avaient pour les drows, il n'en savait rien. Mais je sais bien qu'ils seront tous boutés hors de la Péninsule, excepté ceux qui y périront!" l’époustouflante harangue était terminée.
Les olifants annoncèrent à tue-tête le signal du départ, et bientôt, l'armée toute entière se mit en branle. On résolut de fendre l'Oesgardie d'Ouest en Est, du Nord au Sud, d'un rythme point pressé mais sûr. Après qu'il eut passé Poëhl-Jacq, Aymeric fit mander ses enseignes, les adressant aux châteaux d'Essenburg et d'Aatenach. Ces hommes avaient pour rôle d'annoncer aux seigneurs Gaston et Alwin que le marquis, s'étant assuré de l'état de l'ennemi par une reconnaissance audacieuse, allait porter la guerre au devant des puysards, et qu'il conviait tout naturellement ses alliés à le rejoindre, si tant est que ceux-ci le désirassent.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
Nombre de messages : 1133 Âge : 34 Date d'inscription : 25/12/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 27 ans (né en 982) Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Sam 10 Oct 2015 - 14:47 | |
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Le temps des chevauchées interminables touchait à sa fin ; les principales armées coalisées allaient enfin opérer leur jonction. A Aatenach, on attendait le signal du marquis avec une impatience grandissante.
A la semonce du comte Alwin, l'ost arétan se mit en branle. C'étaient trois mille malelandois, des chevaliers en quête de gloire, de simples sergents à pied ou à cheval, et une gueusaille avide d'étancher une soif de violence qui se rassemblait sous les multiples bannières que comptait la noblesse arétane. S'y ajoutait un millier d'hommes du Berthildois qui s'étaient vus rattacher au commandement d'Alwin. Tous étaient unis dans un même combat, sans que l'on sut toutefois ce qui primait dans leurs intentions : la défense d'un royaume en pleine implosion, ou la haine ancestrale que les hommes vouaient aux drows.
Le comte Alwin, du haut de ses cinquante ans, chevauchait au devant de son armée avec une allure qui en imposait ; du haut de son destrier, revêtu de sa lourde armure et arborant son terrible marteau d'armes « Nourrit-les-Vers », il avait tout du chef de guerre, et l'on n'en attendait pas moins chez lui qui commandait le destin d'un peuple à forte tradition martiale. Son visage, pourtant, n'exprimait aucune joie ; lui qui avait fait montre d'un fort enthousiasme à l'heure de partir en campagne, comme si la perspective du combat pouvait lui redonner une seconde jeunesse, s'était replié sur lui-même après la mort de son fils aîné Bertrand, survenue quelques jours plus tôt. Il ne prenait désormais la parole que lorsqu'il devait planifier les opérations, et semblait avoir perdu goût à tout ce qui, auparavant, le mettait de bonne humeur. Mais sa détermination à mener à bien cette campagne ne semblait pas avoir faibli ; il se montrait, en toute circonstance, résolu et décidé à conduire les choses jusqu'au bout.
Son second fils Ewald, devenu son héritier, chevauchait à sa droite. Le garçon ne faisait pas montre de la même allure que son père, et semblait ne pas éprouver de grand plaisir à se trouver là. Il avait toujours préféré profiter des bonnes choses de la vie, et mener une vie facile et confortable en laissant autrui pourvoir à ses besoins. Le sens des responsabilités n'avait pas plus germé chez lui que celui du devoir et du sacrifice. La chose était connue, et Ewald en payait le prix ; moins aimé que ne l'avait été Bertrand, il peinait à obtenir l'approbation des nobles et petites gens, et peut-être même celle de son père. Mais l'homme qui le méprisait le plus était sans doute celui qui chevauchait à la gauche du comte : Roderik, seigneur de Wenden, qui, depuis qu'Alwin était comte, s'était toujours comporté en vassal exemplaire, faisant parfois preuve d'un zèle des plus inattendus. Dans les rangs de l'armée, on disait que le comte faisait plus confiance à son vassal qu'à son propre fils ; on ne sait si la chose était vraie, mais à chaque fois qu'Alwin s'entretenait avec son héritier, Roderik de Wenden n'était pas loin. Sa présence, sans doute, rassurait la piétaille et même les plus nobles chevaliers qui suivaient le comte, car on savait qu'il avait la tête sur les épaules. N'avait-il pas accompagné et conseillé Wenceslas de Karlsburg lors de la précédente marche des arétans en Oësgardie ? N'avait-il pas mené les hommes sur le chemin du retour, lorsque Wenceslas avait connu sa funeste fin ? Le sens des responsabilités, incontestablement, lui était naturel. Et il était de la maison Wenden, famille respectée dont le fief formait la principale porte de la malelande vers Serramire, depuis bien des générations. Pourtant, d'aucuns s'attendaient à voir un jour Roderik chuter de son piédestal, le jour où Ewald succéderait à son père ; le fils prodigue n'aimait pas le seigneur de Wenden, et se méfiait vraisemblablement - à tort ou à raison - de l'importance grandissante qu'il prenait sur l'échiquier politique arétan.
C'est au croisement des routes menant à Essenburg et Dormmel que l'ost arétan rencontra l'allié serramirois. La vue des forces du marquis Aymeric de Brochant, venues en grand nombre, galvanisa autant Roderik que le reste de l'armée ; la voilà, la fameuse armée coalisée du Nord ! A présent, comment pourrions-nous douter de l'inéluctable victoire des Hommes sur les engeances du Puy ? Un petit groupe de cavaliers formé du comte Alwin, de son fils Ewald et des seigneurs de Wenden, Schlosshund et Rimbert, s'avança au devant, à la rencontre du marquis de Serramire.
Le face à face entre le comte d'Arétria et son voisin le marquis de Serramire était attendu de longue date ; pourtant, tout alliés qu'ils fussent, l'entourage proche d'Alwin se demandait si cette entrevue serait cordiale ou, au contraire, tendue. On n'oubliait pas que feu le comte Wenceslas avait précédemment soutenu la cause de Jérôme de Clairssac, lorsque celui-ci avait cherché à s'accaparer l'Oësgardie au détriment de Serramire. Même si l'expédition n'avait pas abouti, Serramire n'avait pas manqué d'émettre des protestations par la voix d'un de ses émissaires. La chose, certes, appartenait au passé, et la situation était différente aujourd'hui. Mais le comte Alwin s'était bien gardé, jusqu'à présent, de prendre position concernant l'attribution de l'Oësgardie à tel ou tel noble une fois la guerre terminée. D'abord parce qu'il ne lui appartenait pas de le faire, étant dépendant de Sainte-Berthilde, mais surtout car il ne souhaitait s'aliéner ni Aymeric de Brochant, ni Jérôme de Clairssac. Toujours est-il que ce « malentendu » flottait comme une ombre au-dessus d'eux, alors que le comte s'apprêtait à saluer son voisin et allié.
- Messire de Brochant, je vous salue, lança le comte Alwin lorsqu'il fut suffisamment proche pour être entendu. Vous voilà à la tête d'une bien grande armée, qui est à la hauteur du combat qui nous attend. Sachez que les meilleures épées de la malelande sont venues vous prêter main forte, car nous avons juré de défendre le royaume des Hommes, et il n'a que rarement connu plus grand péril.
Aux côtés du comte, Roderik jugea que l'entrée en matière était assez sobre. Son suzerain entendait témoigner du respect au marquis de Serramire, sans pour autant se comporter comme l'un de ses sujets. Lui-même se fendit d'un courtois « Votre Excellence », et il fut imité par les autres. Lui aussi rencontrait pour la première fois Aymeric de Brochant, et il repensa à ce que lui en avait dit le père Bréguet, un ecclésiastique serramirois avec qui il avait eu l'occasion de voyager. Un homme vertueux et droit, qui traîne avec lui son lot de vieilles blessures, d'injures non-réparées, de velléités de vengeance encore inassouvies. Il eut le sentiment que le père Bréguet n'avait peut-être pas menti, ou avait finalement peu exagéré, lorsqu'il avait dit que son suzerain avait un certain nombre de points communs avec Roderik. Du reste, c'était un de ces hommes qui, au premier coup d’œil, semblent faits pour commander les autres. Ses yeux pétillaient d'audace et d'intelligence, il était bien bâti, et plutôt bel homme. C'était le genre de suzerain que les gens de guerre suivaient sans hésiter. Ces choses devaient inciter les arétans à la méfiance, mais Roderik ne put s'empêcher d'éprouver pour lui un certain respect.
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| | | Walther Hohenburg
Humain
Nombre de messages : 139 Âge : 110 Date d'inscription : 09/01/2015
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Lun 12 Oct 2015 - 9:58 | |
| - Hrp:
Petite apparition avec l'accord de Roderik. Je ne reviendrai que pour les hostilités ^-^ bon jeu
Très tôt la veille, le glas de leur inertie avait été sonné et les hommes s'étaient mis en branle pour marcher derrière le marquis de Serramire et son cadet revenu du front. Pas mécontent de voir la situation enfin évoluer, Walther avait réuni ses quelques hommes fraîchement sortis des geôles de Lourmel et s'était mis à marcher derrière Braan d'Outremont, général de l'ost du même nom. On ne leur avait rien dit encore sur leur destination, mais personne n'était dupe quant au fait de faire mouvement vers le front et sur les puysards. Ainsi, il dénota une certaine tension dans les visages de ses hommes, surement pas encore assez préparés pour affronter leurs prochains ennemis, mais une bonne humeur générale régnait tout de même dans les rangs depuis le retour du chevalier au cimeterre.
Une longue colonne suivit ainsi le marquis et ses capitaines, s'étendant à n'en plus finir sur les routes et chemins déjà labourrés. On la voyait se profiler telle une anguille d'acier tantôt brillante, tantôt rouillée. Car s'il était vrai que l'armée serramiroise était bien fournie, tous les hommes n'étaient pas logés à la même enseigne de par leur niveau de richesse. Ceux comme ses hommes, arboraient des cotes de mailles en piteux état ou des guenilles qui partaient en lambeaux.
Sans comprendre pourquoi, la colonne se figea progressivement et les hommes commencèrent à s'interroger sur leur arrêt soudain qui ne ressemblait pourtant pas à une attaque. Mais au bout de quelque temps à patienter sur ce qui avait sans doute était par le passé une route, des rumeurs finirent à leurs oreilles annonçant que la jonction avec les arétans venait d'être faite. Pris d'un élan d'espoir, Walther se mit à tenter d'imaginer quels chevaliers connus avaient rejoint l'ost arétan. Cela ne faisait aucun doute qu'il finirait par le savoir prochainement et qu'il pourrait en saluer quelques-uns afin de prendre des nouvelles du comté. L'un de ses hommes, un jeune voleur repenti s'approcha de lui l'air penaud.
-Vous pensez qu'y s'disent quoi là-bas, cap'tain ?
Avant qu'il n'ait eu le temps de répondre, son sergent d'arme se gaussa à gorge déployée avant de les éclairer sur la raison de son soudain éclat.
-Ils doivent s'demander comment qu'ils vont faire pour nous z'envoyer au casse pipe mon gars !
Fidèle à lui-même, l'homme qui lui servait de sergent avait parlé sans retenue, mais il avait au moins le mérite de parler franchement sur le sort qui les attendaient tous. Avec une certaine pointe de scepticisme, Walther regarda le jeune soldat armé à la hâte et l'affubla d'un regard aussi certain que s'il avait dû annoncer que la bataille serait gagnée aisément.
-On le saura bien assez tôt.
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| | | Gaston d'Odélian
Humain
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Jeu 15 Oct 2015 - 15:58 | |
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La nouvelle était tombée la veille, lorsque des bandes partis fourrager avaient rapportée la rumeur qui courrait dans les villages et les bourgs les plus éloignés du camps odélian : l'ost de Serramire s'était mis en marche et celui de la Malelande l'avait rejoint. Dans la grande salle du château d'Essemburg, Gaston était assit dans une chaise à ciseaux, jetant un os de volaille et suçant ses doigts devant un agréable feu de cheminée. Accalon, la lourde épée de son frère Grégoire, reposait sur ses cuisses. A ses côtés, sous la dictée du Bélier, Fulbert, le clerc du marquis, prenait note de ses derniers ordres sur un écritoire. Un concile s'était improvisé entre le marquis et ses vassaux. Les capitaines, tous de vieux briscards aguerris, patientaient en armure, debout. Il y avaient Loup de Rochefort, fidèle bras droit et seigneur d’Assar, et son frère Thibault ; Foulques de Prademont, sénéchal des provinces septentrionales du marquisat et chef de l’Ordre du Cygne et Grimm de Dens, cousin du marquis. Sanglés dans leur harnois d'acier, roidis par leur armure, tous avaient hâte de se battre et attendaient patiemment que l'ordre de se mettre en route tombe enfin. Finissant de dicter sa lettre à Madeleyne, Gaston respira une nouvelle fois le mouchoir imbibé de son parfum. Il prit le temps d'une méditation, puis dévisagea ses compagnons et rit soudain. Après Hasseroi était venu Essemburg, après Essemburg venait la bataille.
Seigneurs d’Odélian, l'heure est venue ! Le Bélier flottera haut !
Enfin !
Nous bouterons ces créatures hors du royaume !
Quelques minutes plus tard, un concert de cornes de guerre odélianne résonna sous les étendards qui flottaient mollement dans l’air frais du matin, au sommet du donjon. Les capitaines des compagnies hurlèrent des ordres et dans un brouhaha général, les combattants odélians firent leur paquetage et commencèrent à démonter les tentes. Les piquiers d'Assar se rangèrent par compagnie et les attelages des terribles chars de guerre furent amenés tandis que les écuyers des chevaliers du Cygne se chargeaient d'armer leur maîtres et préparaient leurs montures. La discipline odélianne ravissait Gaston, elle était le ciment de la victoire. Midi sonnait sur les cloches de la cité que l'ost du Bélier était déjà loin d'Essemburg et se présentait en bon ordre devant les armées réunies de Serramire et d'Aretria. Les chars odélians ouvraient la marche. Conquérant, entouré de ses capitaines et de Fulbert, monté sur une mule, Gaston piqua des éperons vers le marquis et le comte. C'était la première fois qu'il rencontrait ces deux hommes et alors qu'il remontait les innombrables rangs des soldats serramirois et arétans, il repensa à ce que lui avait communiqué Jérôme. Si l'attribution de l'Oësgardie n'avait toujours pas été tranchée entre son propre vassal et le marquis, il ne doutait pas qu'une fois les noirelfes repoussés, la question ne manquerait pas de se poser de nouveau. Il lui tardait de faire plus ample connaissance d'Aymeric, afin de prendre la réelle mesure de cet homme, qui ferait peut-être obstacle à ses dessins. Mais pour l'heure, l'avenir de la Péninsule était entre leurs mains à tous et seule cette question importait.
Salut à vous messires ! Odélian a répondu à l'appel et nous voici !
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
Nombre de messages : 714 Âge : 33 Date d'inscription : 22/02/2014
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Jeu 22 Oct 2015 - 16:15 | |
| Rarement, de mémoire d'hommes, l'on avait vu un si beau déploiement. Partis avec les aurores, la horde serramiroise ne s'était arrêtée qu'à la mi-journée, lorsqu'elle opéra son jonction avec les cavaliers arétans. Peu après, c'était l'ost d'Odelian, qui, remontant d'Essenburg, s'était greffé à ce conglomérat déjà si formidable. Pouvait-on entamer une campagne sous de meilleures auspices ? La célérité comme l'entente de ces alliés improbables ferait, à n'en pas douter, cas d'école des années durant. Car combien de guerres avaient été perdues en raison d'un départ retardé, d'un capitaine paresseux, ou de troupiers traînant la patte ? Nul n'était le besoin de remonter bien loin : Nimmio devait son succès à un assaut du petit matin. De même, la rébellion d'Anseric n'avait échoué que de quelques heures. "Nos amis savent comme nous que l'on ne fait point attendre l'Histoire!" lança le marquis, enjoué.
Peu après, ce furent tour à tour le comte d'Arétria, puis le marquis d'Odelian, qui se présentèrent devant lui. Aymeric, qui de ces osts alliés, n'avait vu que la poussière, pu enfin découvrir de ses propres yeux les armées qui l'épauleraient dans son combat. Les arétans étaient venus en nombre : c'était une forte mesnie, et l'on sentait parmi ces reîtres le gout pour le tumulte. À l'inverse, la coterie venue d'Odelian semblait impénétrable, et seuls leurs chars rutilants traduisait l’appétence de ces gens là pour la guerre. D'aucuns, parmi la gent de serramire, s'oublièrent en un soupir de déception. Deux milles hommes! C'était là autant que les seuls rescapés d'Amblère. Aymeric, quant à lui, se gardait bien de juger les effectifs de son allié de circonstance. Gaston, dont il ignorait bien des choses, ne devait pas être un sot, et s'il espérait emporter l'Oesgardie pour lui, ces deux milles reîtres devaient constituer la plus fine fleur du comté.
Le marquis se résolut ainsi de ne point méjuger ses pairs, tant que la vermine drow ne serait boutée hors la Péninsule, et s'en alla trouver ses alliés sans arrière-pensée. *Dussé-je me méfier d'eux lorsque nous combattrons côte-à-côte, et ce sera la ruine*, pensa-t-il au moment de saluer le comte d'Arétria. "La Damedieu vous garde, messire Alwin! Nous sommes plus qu'heureux de vous savoir à nos côtés, et je prie que feu le comte Wenceslas, en voyant ceci depuis son séjour aqueux, trouve quelque réconfort." Tout en lançant ceci, le marquis en vint à se demander fugacement si les pesteux étaient admis dans la demeure de Tari. Et quid des braves qui avaient été relevés par la magie puysarde ? Il ne put cependant pas attaquer la question, car à leur tour, les olifants d'Odelian se manifestaient.
Bientôt, les trois seigneurs furent réunis, et après que furent échangées les saluts d'usages, le marquis prit la parole : "Mes bons amis, puisque vous avez fait le choix de me suivre dans cette guerre, je vais m'ouvrir à vous en pleine confiance. J'eus souhaité pouvoir m'entretenir avec vous des meilleures manœuvres à choisir sous une grand'tente, et m'éclairer de votre science du combat devant une belle carte, mais hélas, le temps nous fait défaut. Que nos ostes prennent donc la route, tandis que nous causeront en selle de la meilleure manière de conduire cette noble entreprise."
Les armées, qui n'avaient desserrés leurs rangs le seul temps de cette halte, furent bientôt remises en marche, et l'on put voir défiler à travers le pays oesgardien un formidable cordon fort de près de quinze mille hommes. Les chars odelians ouvraient ce cortège de tumulte, suivis des chevaliers et de la piétaille. Le centre était occupé par l'ost serramirois, dont la piétaille constituait la majorité des forces. Enfin venait les agrestes cavaliers arétans, dont on voyait régulièrement les plus habiles cosaques piquer du galop, sauter quelque haie, ou je ne sais quelle autre prouesse montrant une fois de plus au monde leur adresse.
Après qu'ils eurent dispensés leurs ordres respectifs, on put voir les trois chefs se retrouver, en compagnie de leurs coteries respectifs, en marge de l'immense colonne. Bientôt, Aymeric se lança dans une longue explication :"Gentils seigneurs, il me faut maintenant vous apprendre deux nouvelles. Elles me sont parvenus par la bouche même de l'ennemi, après que les miens se fussent emparés d'un sorcier puysard, au moult péril de leur vie. La première nouvelle est bien funeste : à l'heure où nous parlons, je gage qu'il n'y ait plus dans Nebelheim âme qui vive, fors celles de notre Némésis, le drow. Mon frère Evrard, avant de s'emparer d'un de nos ennemis, a pu en effet de ses propres yeux assister à l'assaut puysard sur le château. Pour un bien ou un mal, je ne saurais le dire, le Maréchal avait toutefois choisi de laisser cette place à l'ennemi, aussi sommes nous certains que si les murs sont désormais perdus, le bon peuple, lui, est sauf. Il s'arrêta un instant, reprenant son souffle. L'ahanement du cheval entrecoupait ses propos, ravissant ainsi son entendement, lequel se figurait non sans orgueil l'allure de cette scène, fort belle s'il en est. Aussi me faut il vous entretenir de la deuxième nouvelle, à travers laquelle je puis entrevoir la victoire. Les drows, en dépit de leur nature démoniaque, doivent comme nous autre se sustenter. Or voila plusieurs lunes que leurs réserves dépérissent. Nous le savons tous, cette engeance se repait de la chair des nôtres, et c'est pourquoi leur armée fondit sur Amblère. Nous savons désormais que la horde puysarde escomptait un ravitaillement venu d'estrévent, qu'elle n'a, par quelque divin secours, point obtenu. Nous avons tout autant appris que leurs sorciers ont relevé les morts tant pour leurs menées guerrières, mais tout aussi bien pour leur maintenir, et j'enrage à cette seule pensée, un garde-manger. L'horreur de cette image dut en faire gronder plus d'un. Par les cinq, on en blêmissait d'ire! Mais! l'injonction mit fin à la rumeur c'est de ce sacrilège que viendra leur perte! Nebelheim, habilement vidée de ses ouailles, ne saurait sustenter l'infâme appétit du drow, et qui plus est, celui-ci n'a daigné guerroyer lui-même pour les murs. Il y envoya plutôt ses sorciers, et, à notre chance, l'armée de non-vie levée sous les murs d'Amblère. Un silence s'ensuivit. Ne le comprenez vous donc pas ? en pourfendant cette première horde, nous nous apprêtons à affaiblir doublement l'ost puysard, qui se verra privé non seulement de ses auxiliaires, mais aussi de son ravitaillement! Après cela, il sera fort aisé de mettre le siège devant Amblère, que le drow devra abandonner s'il ne vaut y périr par la faim!"
On pouvait lire l'exaltation sur les traits du marquis. Plus que quiconque parmi les trois chefs, Aymeric tenait en une haine farouche les puysards, et s'était juré, depuis sa défaite devant Amblère, de venger les siens. Toutefois, l'alitement l'avait fait s’appesantir sur ses faiblesses, et le marquis se savait être ici, sinon le moins expérimenté, au moins le plus jeune. Il souffrait en outre de cette auréole déplaisante que confère les déroutes, dont étaient naturellement dépourvus ses confrères. Ces derniers pouvaient ainsi douter légitimement du bien fondé d'Aymeric à mener l'armée, c'est pourquoi ce dernier se pressa de leur demander leur avis : "Mes bons amis, vous qui êtes des gens de guerre, et d'habiles prudhommes, je ne saurais que trop bénéficier de vos conseils. Si dans ma hargne contre le drow, j'avais commis quelque erreur, de grâce, ne ménagez point mon orgueil, et faites le moi savoir céans."
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Ven 30 Oct 2015 - 11:48 | |
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La nouvelle de la tragédie de Nebelheim assombrit, si tant qu'il put encore l'être, le coeur du comte Alwin. Roderik ressentait et partageait la même peine ; savoir que l'ennemi poursuivait sa progression n'était pas fait pour leur remonter le moral, et l'on imaginait sans difficulté les atrocités que ces monstres avaient pu commettre en chemin. Roderik ne pouvait s'empêcher, toutefois, de trouver la situation paradoxale : lors de leur dernière venue, les arétans combattaient le peuple de Sgardie, et non les drows, ceux-ci ne s'étant immiscés dans le paysage qu'après. Si nous avions alors marché nous-même sur Nebelheim, peut-être l'aurions-nous mise à feu et à sang de notre propre chef. Comme nous l'avons fait à Erbay. Cette pensée l'attrista quelque peu, bien qu'il n'en montrât rien. Dans leur haine des drows, les hommes en oublient souvent qu'ils sont eux aussi capables du pire. Mais ce que nous avons fait était nécessaire. C'était la guerre, et si ces gens-là n'avaient pas tourné le dos au royaume, nous serions en paix, et les drows n'auraient sans doute pas osé s'aventurer jusque-là.
Et puis, nous, les cadavres, on ne les bouffe pas.
Alwin et Roderik retrouvèrent une once d'optimisme lorsque le marquis de Serramire leur énonça ses plans. Aymeric avait visiblement su analyser la situation ; une victoire à Nebelheim, si elle pouvait être arrachée rapidement, pouvait vraisemblablement donner à l'armée coalisée du Nord un avantage décisif. Par les morts, l'ennemi ne gardera pas longtemps cette ville, songea Roderik, tandis qu'Alwin prenait la parole :
- Je ne pense pas, mon ami, que votre hargne contre le drow vous induise en erreur. Je crois, au contraire, que c'est cette hargne qui nous conférera la victoire. Votre stratégie me semble bonne, et je me range à vos côtés. Alors, allons ensemble à Nebelheim donner le repos à tous ces malheureux qui, dans leur trépas, s'en sont vus priver ; nous allons montrer aux peaux-grises qu'elles n'ont pas le monopole de la peur, et que nous savons fort bien en user nous aussi.
La gigantesque marée humaine foulait la terre de Sgarde, marquant irrémédiablement le sol de son empreinte ; sur son passage, les rares gens du pays qui n'avaient pas fui avec la proximité de l'ennemi la regardaient, hébétés. Jamais ils n'avaient vu telle quantité d'hommes ; certains se mirent à penser qu'une armée de cette taille avait dû être rassemblée par toute la péninsule. L'idée était risible, quand on savait combien la péninsule était aujourd'hui divisée ; mais si l'envahisseur drow lui-même pouvait y croire, il y réfléchirait à deux fois avant de tenter une nouvelle expédition.
La perspective du combat, désormais proche, serrait le coeur de Roderik. Car, si cette guerre les opposait aux drows tant haïs, il savait ce sur quoi ils risquaient de tomber en premier. Il n'avait jamais affronté de cadavre ; il n'avait jamais vu de ses yeux les noirs artifices de la nécromancie. Il n'aimait pas la magie, et cette forme de magie-là était sans conteste la plus sombre, la plus détestable, la plus terrible que l'on puisse imaginer. Il la craignait d'autant plus qu'il ne se faisait pas d'illusion sur son sort, en cas de défaite : lui-même tout comme quinze mille hommes risquaient fort de venir grossir les rangs d'une armée de morts, esclaves de l'ennemi. Rien, alors, ne saurait arrêter le déferlement de colère noirelfique qui s'abattrait sur toute la péninsule. Il eut la vision fugitive de nombreuses villes en flammes, à travers Serramire, et à travers Arétria. Il vit brûler les maisons de Lourmel ; il vit son château de Wenden s'écrouler pierre par pierre. Qui protégerait Maélyne, si l'armée tombait ? Qui protégerait Aliénor ?
La défaite, plus que jamais, était impensable.
En chemin, les trois grands seigneurs discutaient stratégie. Le comte Alwin, inférieur en rang à ses deux compagnons, savait rester humble, même s'il occupait de facto une responsabilité équivalente dans cette campagne ; mais peut-être était-ce dans sa nature-même de ne pas se mettre en avant. Il devisait, posait des questions sur la situation des villes, sur ce qu'on savait des défenses de Nebelheim, et tout ce qu'avaient pu rapporter les éclaireurs récemment.
- La traversée de l'Ambrie sera une étape décisive, disait Alwin. Le processus sera délicat, d'autant plus délicat que notre armée est grande. Il y a un pont, à peu près à égale distance d'Amblère et de Nebelheim. L'emprunter nous ferait probablement gagner du temps... mais si l'ennemi avait vent de notre progression, il aurait tout intérêt à profiter de l'occasion pour nous tendre une embuscade. Il ne faudrait pas que le drow nous surprenne pendant la traversée, alors que nous serions vulnérables. Il ne faudrait pas non plus qu'il nous prenne à revers depuis Amblère, pendant que nous serions aux prises avec les défenseurs de Nebelheim.
Alwin plissait le front, semblant réfléchir tout en contemplant, du haut de sa selle, une carte du pays.
- La prudence commanderait de nous rendre d'abord à Dormmel, afin de traverser le pont qui se trouve plus à l'ouest. Cela nous permettrait de rejoindre le baron d'Etherna, et d'attaquer Nebelheim sans trop nous exposer. Evidemment, cela prendra plus de temps, nous obligeant à longer la forêt et traverser la rivière Vysle... et le drow risque de l'apprendre et réagir en conséquence... nous risquerions alors d'affronter à Nebelheim une armée bien plus grande que prévu. D'ailleurs, je ne suis pas certain que les chars d'Odélian puissent traverser la Vysle...
La décision n'était pas facile à prendre. L'ennemi pouvait se trouver n'importe où. Savaient-ils que les Hommes venaient ? Viendraient-ils à leur rencontre disputer l'avenir du Nord dans un champ, ou les attendraient-ils, tapis derrière les murs de la forteresse ? Les trois chefs de guerre restaient aux aguets ; les éclaireurs également, et l'on guettait le moindre petit signe de menace. Les drows devaient en faire autant, à moins que leur soif de sang et la facilité avec laquelle ils avaient remporté leurs premières victoires n'aient endormi leur vigilance. Mais on ne fait pas la guerre en misant tout sur les failles de l'ennemi. Il fallait prendre la bonne décision, et toute la responsabilité en incombait à ces trois hommes, Alwin de Karlsburg, Aymeric de Brochant et Gaston d'Odélian.
Roderik demeurait silencieux. Il n'était pas chef de guerre ; néanmoins, il conseillait son suzerain en toute occasion, et il avait tout comme lui le sentiment que la traversée de l'Ambrie était une étape-clé. Les deux hommes échangèrent quelques mots, en aparté. Après quoi, le comte se tourna une nouvelle fois vers les deux marquis :
- Puisque nous craignons que l'ennemi ne nous tende un piège, tendons nous-mêmes un piège à l'ennemi, proposa Alwin. Envoyons un groupe réduit d'hommes jouer les rabatteurs. Nous les prendrons par surprise pendant qu'ils traverseront le pont, et nous les écraserons avec toute notre force. Les yeux des drows ne portent pas encore au-delà du fleuve, et ils n'imaginent sûrement pas qu'une armée grande comme la nôtre puisse se trouver si près d'eux.
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| | | Gaston d'Odélian
Humain
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Dim 1 Nov 2015 - 18:00 | |
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Une fois adressés les saluts d'usage et la coterie des trois seigneurs et de leurs vassaux de nouveau en route, le marquis se laissa aller à une plénitude curieuse et observatrice, celle, toujours trop courte, qui précède l'action. Tout en écoutant Aymeric, Gaston s'appuya sur le pommeau de sa selle, une main gantée de fer tenant les rênes de son destrier, lui-même harnaché aux couleurs du marquis : un bélier brisé d'un lambel d'argent à trois pendants. Avisant la puissante armée réunie par les grands barons du Nord, il laissa errer sur ses lèvres un long sourire de contentement secret, tout en écoutant les observations d'Aymeric. On manquait de temps ? Qu'à cela ne tienne, on tiendrait conseil en chemin. L'idée n'était pas pour lui déplaire, lui, qui était pour ainsi dire novice en ce qui concernaient les choses de la guerre. Il avait déjà combattu aux côtés de ses frères, mais jamais vraiment disposer d'un réel commandement d'importance. Il savait néanmoins pouvoir compter sur l'expérience redoutable - et redoutée - de ses capitaines. La chute de Nebelheim n'était pas une surprise pour le marquis et ses hommes : les quelques expéditions lancées Gaston vers le sud et le terrain gagné par les drows avaient fournies leur lot d'informations. Alors qu'Aymeric et Alwin faisaient part de leurs analyses de la situation le marquis se demandait si Jérôme, son vassal, serait prêt à répondre à son appel et à accueillir autant d'hommes dans le pays dormmilois ? Les récoltes avaient été ravagées par les chevauchées des différentes armées, amies et ennemies. Aymeric y avait-il songé ? Les Odélians avaient jusque là réussi à trouver de quoi nourrir hommes et bêtes : mais cela n'avait pas été sans difficultés ! Et quinze milles hommes réunis au même endroit ? Pour aussi formidable que soit cette coalition, les hommes, eux, ne mangeaient pas les cadavres...
- Messires ! Tout cela est bel et bon, mais combien de temps pourrons-nous tenir dans notre offensive ? Nous avons quinze milles bouches à nourrir, sans compter les bêtes ! Et cette terre n'est plus que lambeaux... Le temps est un luxe sur lequel nous ne pouvons guère compter !!
Enfin, pour aussi novice qu'il soit, Gaston, en bon tacticien, savait que rallier Dormmel et parvenir jusqu'au pont, cela revenait à exposer le flanc de l'armée coalisée aux partisans du petit roi d'Oesgard. Même dépassé par le nombre, ces rudes guerriers pouvaient très bien décider de harceler l'armée en marche !
- Avancer en direction de l'Ambrie nous exposerait en partie aux partisans de la couronne de Sgarde ! Avez-vous, messire Aymeric, des informations à nous faire partager sur leurs dispositions à notre égard ? D'autre part, sachez-le, mes éclaireurs m'ont appris que la majeure partie des Sombres stationnés à Nebelheim s'étaient retirés sur Amblère, annonça-t-il. Tendre un piège aux Drows avec un nombre d'hommes trop réduit, c'est faire le pari qu'ils s'engageraient en masse à la poursuite de quelques fourrageurs. Y aller avec un nombre trop important, c'est leur laisser deviner qu'il s'agit là de l'avant-garde d'une armée plus nombreuse... Ces bâtards savent bien que nous avons été échaudés par notre revers devant Amblère et que nous ne nous risquerons pas derrière l'Ambrie sans un nombre d'hommes plus important que la dernière fois !
D'une main assurée, Gaston maitrisa sa monture, excitée par la fougue du marquis, qui semblait communicative. Qu'aurait fait Phillinte à sa place ? Et Grégoire et Gaucelm ? auraient-fait les mêmes choix ? Auraient-ils partager son analyse ? Peut-être auraient-ils moqué leur cadet trop emporté... Mais Grégoire et Gaucelm n'étaient plus. Et Phillinte croupissait dans les geôles de ces pourceaux de rebelles. C'était à lui, Gaston, que revenait la dure responsabilité de conduire les ost d'Odélian et d'Etherna.
- De plus, messire comte, vous dites vrai ! Nos chars ne peuvent passer la Vysle. Que les ost d'Odélian et d'Etherna tiennent le pont sur l'Ambrie. Vous, messires, vous pourrez passer la Vysle avec vos hommes et nous joindrons ensuite nos forces : si ces chiens s'avancent vers la Vysle, Etherna et Odélian les prendront à revers. S'ils se dirigent vers le pont sur l'Ambrie, c'est vous, qui les prendrez à revers !
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| | | Aymeric de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Dim 8 Nov 2015 - 17:19 | |
| La stratégie édictée par le marquis n'avait tenu que quelques minutes à l'examen minutieux de ses deux compères. Avant même que l'on n'envisage l'assaut sur Amblère, il semblait que la libération de Nebelheim, qui ne devait être qu'une mise en jambe, divisât d'ors et déjà les commandant. Alwin suggérait que l'on tourne complètement la position drow, quitte à délayer l'attaque, tandis que Gaston, lui, proposait de scinder l'armée pour mieux cerner la ville. Aucune des propositions pourtant ne sut convaincre Aymeric.
"Bons sires! Vos plans me semblent chacun fort hardi, mais de grâce, ne nous leurrons pas d'ennemis! Le drow se terre à Amblère, c'est là qu'il nous faudra déployer toute notre audace. Nous sommes plus près ici de Nebelheim que les puysards ne le sont eux même, et comme nous le savons, la ville n'est plus tenue que par les nécromanciens et leurs séides. Frappons sans attendre! Si nous délayons l'assaut, c'est avec certitude que nous verrons les puysards sur nos arrières, au plus mauvais moment je gage. "
Un murmure d'approbation parcourut la coterie serramiroise, et Aymeric se serait félicité d'avoir si bien enhardi les hommes, si peu après, un sentiment étrange ne l'envahit. On continuait alors d'avancer au pas (c'était là l'avantage d'un conseil de guerre à même la selle, qui avait dispensé de sonner la marche), cependant, on pouvait observer une forme d'hésitation parmi la soldatesque. D'aucune semblaient guigner en direction de Dormmel, d'autre en direction d'Oesgard. C'est que l'encouragement d'Aymeric n'avait apporté nulle réponse aux interrogations des deux autres commandants. Le marquis, soucieux de ne pas laisser planer plus longtemps le doute, s'empressa de reprendre la parole.
"Ami Gaston, vous aviez raisons d'évoquer les oesgardiens, car on n'a point vu pareils coquins que ces rebelles, depuis que le baron Baudoin lui même mit à sac Diantra! Voila pourquoi il est plus sage que nous restions unis : le nombre, d'abord, pourrait dissuader ces croquants de nous tendre quelque piège. D'autre part, comme vous le savez, j'ai obtenu du Primat un accord, temporaire s'il en est, tant que les drows infesteront son pays. Hélas, personne d'autre ici n'en jouit, et les dieux savent que les oesgardiens, dans leur rancœur à l'égard d'Etherna, pourraient se trouver bien inspirés de vous attaquer céans. Aussi vaut-il mieux que mes gens restent avec les vôtres."
À vrai dire, l'incertitude continuait de ronger le marquis, quant aux dispositions des rebelles à son encontre. Ce n'était pas sans hasard qu'il avait préféré envoyer ses alliés récupérer les forts laissés par le primat. Depuis l'assaut sur Amblère, où l'absence de Flourens avait profondément troublé Aymeric, ce dernier n'avait plus entretenu de correspondance avec les rebelles. Ceux-ci n'aivaient disputé ni Essenburg ni Aatenach, mais malgré cela, le nombre des alliés semblait faire office d'un sauf conduit plus sûr que la seule parole d'Aymeric.
"Messire comte, j'entends également vos doutes! Cependant, si les oesgardiens préoccupent monsieur le marquis, ce sont les gens de Dormmel qui m'inquiètent, moi. Nous ignorons où ce trouve le maréchal, et si comme je le crois, il demeurait dans le Sud, qui ne nous dit que nous trouverions porte close devant Dormmel ? Qui plus est, le trajet serait doublé, et il nous faudrait traverser l'Überwald. Cependant, le risque de laisser aux drows de Nebelheim une porte de sortie est véritable, et je ne saurais trouver le sommeil, si la horde puysard s’engouffrait dans les monts d'or, car cela mène droit sur Serramire. Aussi, mandons les bourgeois de Dormmel de remonter au plus vite la Vysle, pour couper tout échappatoire au drow. Ils pourront ensuite nous renforcer dans notre marche sur Amblère. Messire Gaston, vous qui êtes également le suzerain du Maréchal, envoyons conjointement une enseigne vers Dormmel, ainsi, nous seront sûr que les bourgeois ne se défieront pas de nous. Quant à moi, j'ai déjà informé Nulhadon de nos mouvements ; si les dieux sont cléments, Clairssac viendra en prompt renfort. "
L'ost avançait inexorablement, mais cette fois-ci, Aymeric demeurait assuré du bien fondé de ses décisions. Il avait grandement redouté ce moment, où trois têtes devraient mener à son but une seule armée. Certes, l'immensité de ses troupes, qui valaient à elles seules le double de ses deux alliés, semblait - aux yeux des serramirois - porter naturellement Aymeric au commandement suprême, mais celui-ci s'était résolu de ne point imposer son autorité à ses alliés, venus librement le seconder. C'est ainsi qu'il leur demanda une dernière fois leur avis, ou plutôt, leur approbation : "Bien, si la chose vous agrée, je vous propose que chacun regagne ses ostes. Que les chars d'Odelian ne devancent point les éclaireurs dans leur traversé de l'Ambrie, car qui sait, si le drow venait à y livrer bataille, le fleuve pourrait bien devenir notre meilleure défense. S'il ne le fait point, nous traverserons sans attendre. Marchons prestement sur Nebelheim, avant d'avancer prudemment sur Amblère!"
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Dim 8 Nov 2015 - 20:05 | |
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Depuis aussi longtemps qu'il puisse s'en souvenir, Roderik avait toujours pensé que le Nord était la région la plus divisée de la péninsule ; que ses seigneurs étaient incapables de se mettre d'accord et que leur orgueil démesuré les empêchait de mener la moindre action conjointe. Les exemples ne manquaient pas : la longue période de vacance du pouvoir qu'avait connue Sainte-Berthilde, et qui avait entraîné la guerre de l'Atral ; et le phénomène identique qu'avait connu Arétria, avant l'arrivée des Karlsburg. De même, la trahison de la baronne Alanya de Broissieux qui avait renié son serment à l'égard de Jérôme de Clairssac sitôt que ce dernier l'avait placée sur son trône. La sécession d'Oësgard n'était qu'un exemple de plus.
Pourtant, en cet instant, les trois chefs de guerre confrontaient leurs points de vues sans pour autant chercher à s'imposer ; la discussion était saine et sereine. Le marquis Aymeric sut entendre les inquiétudes de ses alliés, et y répondre en toute intelligence. Malgré la supériorité de ses forces, il traitait le marquis Gaston, et même le comte Alwin, comme ses égaux. C'était de la diplomatie pure et simple, mais Roderik y vit la preuve que leur alliance pouvait fonctionner.
Les drows ont profité de nos querelles pour envahir la péninsule. Mais l'union fait la force, et si les Hommes marchent désormais ensemble, ces pourritures n'ont plus la moindre chance.
Le comte Alwin prit le temps de mesurer les paroles d'Aymeric. Roderik, en son for intérieur, y réfléchissait également. Son suzerain avait voulu conseiller la prudence, mais l'on ne pouvait se tapir derrière l'Ambrie dans l'attente que l'ennemi daigne se montrer ; le plan était trop hasardeux et offrait aux drows le temps nécessaire pour s'organiser. L'idée de Gaston d'Odélian était également intéressante, mais demandait du temps ; un temps qui leur était précieux. La stratégie d'Aymeric, elle, capitalisait sur la rapidité ; si l'ennemi ignorait encore la présence de la redoutable marée humaine qui allait déferler sur Nebelheim et Amblère, il fallait attaquer maintenant et le prendre par surprise. Les drows rentreraient au Puy la queue entre les jambes.
Le comte Alwin parvint à cette même conclusion en fort peu de temps, puisqu'il releva bientôt la tête et lança d'un ton décidé :
- Je me range à votre jugement, marquis. Vous dites vrai : informons le baron d'Etherna, et frappons sans attendre !
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Ven 27 Nov 2015 - 21:28 | |
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L'an Huit du onzième cycle, Première ennéade de Verimios, Le troisième jour
Était-ce un piège tendu aux Hommes pour tromper leur vigilance, ou un signe avant-coureur que le vent tournait enfin dans la bonne direction ? La traversée du fleuve se fit sans encombre, et les éclaireurs ne décelèrent sur la route aucune menace. Pourtant, les meneurs de cette fière alliance du Nord gardaient en toute occasion leurs sens en alerte. De l'autre côté de l'Ambrie, la menace se tenait, tapie, et on la devinait prête à frapper à tout instant.
Ils avaient opté pour la stratégie du marquis Aymeric, et désormais, Serramirois, Odélians, Ethernans, Arétans et Berthildois, tous poursuivaient la marche vers la première étape de l'aventure, Nebelheim, dans la ferme intention d'infliger à l'ennemi le premier revers d'une longue série.
Au petit matin, les murs éventrés de la forteresse se dessinaient à l'horizon. En perçant la muraille lorsqu'ils avaient prit la ville, les drows s'étaient eux-mêmes privés d'un puissant avantage défensif. Ils s'en mordraient bientôt les doigts. Une vague d'effroi traversa pourtant les rangées de combattants ; car les rumeurs n'avaient pas manqué de propager cette affreuse perspective, celle de devoir combattre non pas les noirelfes tant haïs, mais les cadavres ambulants de frères tombés au combat, et qui désormais servaient l'ennemi comme de vulgaires marionnettes. Bien décidé à dompter la peur et à galvaniser le courage chez les intrépides cavaliers arétans, le comte Alwin s'adressa en personne à ses troupes tandis que ses nobles alliés en faisaient autant. Revêtu de sa lourde armure et chevauchant un puissant destrier, il déclara que les faits d'armes de ce jour résonneraient pendant des siècles dans les chants des bardes, et que d'Ydril jusqu'au port de Lün, toutes les femmes de la péninsule mouilleraient en se souvenant des valeureux guerriers de la malelande. Roderik n'avait pas l'habitude d'entendre son suzerain se répandre en plaisanteries grivoises et en termes aussi triviaux, mais c'était le genre de choses qu'appréciaient les arétans ; tout valeureux qu'ils étaient, leur esprit était simple et se domptait par des paroles tout aussi simples. Le comte Alwin l'avait bien comprit.
Alors, comme la horde de zombies désarticulés s'extrayait déjà du rempart telle une masse grouillante de vers pour conglomérer sur la plaine, le comte commanda la première charge de cavaliers ; et les hommes de la malelande s'élancèrent sur leurs chevaux, aux côtés des Odélians et de leurs chars de guerre, sabots et roues soulevant sur leur passage des nuages de poussière. Les rangs ennemis furent enfoncés, malmenés, désorientés. Sitôt passé ce premier choc, la cavalerie revint sur ses pas. Alors l'infanterie serramiroise se jeta dans la mêlée.
Le cliquetis des armes et des armures résonna longtemps au-dessus de la plaine ; et aux cris de guerre se mêlaient invariablement les hurlements des blessés, les plaintes des mourants. Perchés sur les plus hauts toits de la ville, les corbeaux contemplaient le spectacle, guettant l'issue de la bataille pour se repaître du festin qui les attendait. Quel que soit le tribut que leur réclamerait Othar, les Hommes étaient prêts à donner leur sang aujourd'hui, et aucun sacrifice ne serait vain.
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| | | Walther Hohenburg
Humain
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Sam 28 Nov 2015 - 14:22 | |
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Lui et ses hommes se trouvaient dans les premiers rangs. Nebelheim leur faisait face avec cette faille béante qui verrait bientôt surgir d'innombrables abominations. Une atmosphère bien pesante planait dans cette énorme masse d'hommes qui attendaient déjà les premiers ordres. Mais avant cela, certains seigneurs dont celui d'Outremont gueulait haut et fort des encouragements et des notions d'honneurs qui semblaient bien désuets face à ce qui les attendait. Il fallait dire la vérité, Walther était mort d'angoisse et aucune fierté, ni aucune bravoure semblaient vouloir prendre le dessus. En jetant un œil autour de lui, il vit que ses hommes n'étaient guère épargnés par cette peur invisible qui s’immisçait sans prévenir. Qui était préparé pour affronter des âmes sans vies ? Quel genre de guerrier pouvait trouver de l'honneur à tuer ses frères tombés et relevés par d'anciennes magies obscures ? Une envie de vomir l'assaillit soudainement lorsqu'une odeur nauséabonde leur parvint des remparts. Cela sonnait l'heure de la bataille et pourtant, les hommes semblaient déjà rechigner cette idée. Sortie de nulle part, la cavalerie arétrianne et odélianne affublée de chars s’élancèrent en premier dans la mêlée. Une horde de cadavres en putréfaction avait déjà recouverte une partie de la plaine en contre-bas des remparts à ce moment-là et l'on put dire que cette charge de cavalerie montra toute la détermination de la coalition. Les hommes soufflèrent un coup en voyant que l'issue s'annonçait plutôt prometteuse, mais une fois que les cavaliers revinrent sur leur pas, tous, dans les rangs, surent que le moment était venu de faire marche. Une odeur de merde vint à ses narines et manqua presque de le faire vomir une bonne fois pour toute. En regardant à l'arrière, il vit alors l'un des plus jeunes de sa compagnie totalement envahi par la peur. - Ce n'est ni le moment, ni le lieu pour se mettre à déféquer ! Lança Manfred, déjà prêt pour se battre avec sa masse. Les cors se mirent à sonner et le sol boueux commença à trembler sous les pas des milliers d'hommes qui s'élanceraient au combat. L'infanterie serramiroise serait la première à atteindre les âmes sans vie, mais Walther ignorait si cela était un honneur qu'on leur réservait ou autre chose de bien moins généreux. Toujours est-il qu'ils commencèrent leur marche dans un ordre bien précaire et sous les aboiements de leurs chefs. La gorge nouée avec une envie brutale de se trouver à mille lieux d'ici, Walther imita le reste et jeta un œil inquiet en direction du grand Meinhard, qui lui, semblait être le plus concentré du monde. Les goules et autres immondices n'étaient plus qu'à quelques pas d'eux, et ce, dans le désordre le plus complet. La cadence s'accéléra très nettement lorsque les premiers rangs reçurent l'ordre d'activer le pas. L'épée solidement tenue par sa main crispée, ils finirent par atteindre les premières rangées ennemies et la boucherie commença. Le choc ne fut pas aussi brutal qu'il l'imaginait. Peut-être bien parce que leurs ennemis étaient dépourvus de la même hargne qu'eux. Dans tous les cas, ces monstruosités n'avaient plus grand chose à voir avec les fiers guerriers qu'ils avaient pu être dans une vie antérieure. Il manquait des membres à la plupart d'entre eux et lorsqu'ils étaient entiers, c'était leur gueule qui tombait en lambeaux. Sans parler de l'odeur de décomposition qui émanait de leur corps et qui aurait pu répugner le plus immunisé des hommes. Il eut alors en face de lui son premier adversaire qui vit sa tête se faire dévisser à son premier coup d'épée. Il se prit à ce moment-là une giclée de sang en plein visage qui manqua presque de le déstabiliser. Walther comprit dès lors que l'issue de la bataille se jouerait dans ces premiers instants. Pris d'une décharge d'adrénaline, la peur laissa place à une profonde volonté de semer le chaos dans cette masse putride. - Coupez leur la tête pour qu'ils ne se relèvent plus ! cria-t-il à plein poumon pour que ses hommes l'entendent.
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| | | Meinhard d'Andorf
Humain
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Sam 28 Nov 2015 - 16:48 | |
| L’aube était là, le soleil dardant ses rayons de miel sur le pays d’Oësgard, d’habitude si maussade et dépourvu de vie. L’ombre des remparts de Nebelheim, ville fantôme et peuplée par la mort, donnait l’impression que la roche était aussi noire que la nuit, et ce à cause du contre-jour. Cependant, beaucoup ne pouvaient s’empêcher de penser que la présence des Drows n’avait pas fait non plus blanchir la muraille… Dans l’air frais du petit matin, les Hommes, armés de leur courage, s’étaient présentés face à la balafre défensive dont s’était pourvue la ville, lorsque ses conquérants l’avaient envahie. Nombreux étaient ceux qui avaient peur, et plus encore seraient ceux qui mourraient ce jour charnier, sans mauvais jeu de mot. Mais la guerre était ainsi faite, et les Hommes s’en remettraient aux Cinq pour le reste. Lorsque l’on est acculé, le dos contre le mur froid de la Mort, le seul moyen de ne pas perdre la raison, c’était encore d’avoir la Foi.
Et la Foi, Meinhard l’avait toujours eue.
Le colosse de métal s’était présenté aux aurores sur le champ de bataille. Il y avait traîné la compagnie de coupe-jarrets lourmelois, avec l’aide de sir Walther. Il le trouvait particulièrement sympathique, et c’était un homme qui valait bien plus qu’il n’avait l’air de le croire. Malheureusement, le doute et la morosité semblaient avoir pris le dessus en lui, et Meinhard, d’un air songeur, se disait qu’il devrait un jour lui montrer à nouveau le chemin de la Damedieu, celui que tout chevalier devrait suivre sans faillir, un chemin bordé par les orties et les brumes de la perdition. En regardant les hommes de la compagnie, le Foudreguerre se disait qu’il n’y avait pas qu’avec les chevaliers qu’il fallait réviser les préceptes de Néera. Ils les avaient suivis jusqu’ici, au moins, et pour cela, ils avaient déjà effectué une prouesse. Mais tant restait à faire…
Meinhard planta son espadon dans le sol, pour remettre convenablement ses gantelets. Il regardait la brèche dans les remparts avec un air à la fois sérieux et déterminé. Il sentit le regard de Walther glisser sur lui, et tenta de montrer qu’il n’était en rien impressionné par les hordes de mort-vivants qui se cachaient derrière les murs de Nebelheim la Défunte. Le géant se disait qu’il pouvait peut-être ainsi détendre son confrère chevalier, ou du moins lui montrer qu’il ne fallait pas se laisser aller à la peur et à la déraison. Durant l’attente monstre qui précédait chaque rencontre d’importance, Meinhard avait l’habitude de prier pour la Damedieu. Il ne dérogea pas à sa règle, et se mit à murmurer des paroles religieuses, de celles qu’il avait apprises par le biais de cet illuminé de prédicateur au château des Pyk. Il ferma les yeux et se laissa envahir par ce sentiment apaisant, celui qu’une divinité supérieure vous regarde, et ne vous lâche pas d’une semelle. Dans la vie, comme dans la mort, Meinhard savait qu’il n’était pas seul.
Une plainte s’éleva des rangs humains, un murmure d’effroi, de colère, ou de désespoir pour certains. Le Foudreguerre rouvrit les yeux. Face à lui, une légion de non-morts, traînant leurs carcasses abîmées au-devant de leur second décès. Meinhard tressaillit. Il ne s’attendait pas à ce que la vue de tous ces mort-vivants lui fasse cet effet. Il sentit le malaise l’envahir, et une étrange sensation le prit aux tripes. Fermant à nouveau les yeux, il tenta de trouver l’apaisement. Les paroles réconfortantes ne tardèrent pas à fuser à l’intérieur de lui, et l’image de la Dame des Hommes était omniprésente dans son esprit. Tel un exorcisme, le doux credo chassa l’ombre de la peur, et c’est en homme purgé de toute crainte que le colosse d’acier s’éveilla, ses yeux clos à présent ouverts et posés sur les cadavres pourris qui se dirigeaient dans sa direction. A côté de lui, l’un des repris de justice s’était transformé en castagnettes. Il lui mit la main sur l’épaule, et lâcha :
« La Damedieu veille sur nous. Marche en homme, bats-toi en homme, et tu vivras en homme. »
Et sur cette phrase rassurante, il se saisit de son immense épée à deux mains, prêt à faire un ravage. Le pas se fit de plus en plus pressant, à mesure qu’ils se rapprochaient de la ligne de combat. Dans sa tête, les tambours s’emportaient, sa vision se précisait. L’odeur était tenace, et la mort était sur tous les sens. Il la sentait, il la voyait, il l’entendait. Un mort-vivant était quelque chose de contre-nature, et Meinhard n’en fut que plus en colère. Une nouvelle énergie gorgea l’intérieur de son corps, et ses mains avaient du mal à retenir cette envie pressante d’enfoncer une lame au plus profond du corps d’une de ces créatures démoniaques.
Les lignes s’entrechoquèrent, sans une énorme violence. Mais Meinhard, quant à lui, fit ce qu’il savait le mieux faire lors d’un combat ; se comporter en brute sanguinaire. Son espadon s’abattit avec force sur deux adversaires, les coupant presque en deux. La chair s’était sûrement ramollie avec la putréfaction et le temps de la région. Ils étaient aussi souples qu’une motte de beurre en été, et c’était avec une redoutable efficacité que le colosse s’amusait à les trancher du haut vers le bas, n’oubliant pas de leur couper la tête, lorsqu’il entendit l’invective de Walther. Donnant un gros coup d’épaule devant lui, plusieurs cadavres tombèrent, qu’il s’empressa de piétiner, et de découper en petits dés, comme du jambon. Une giclée de sang noir, pourri et à l’odeur nauséabonde, vint tacher son armure immaculée, et dans un cri de rage, il hurla :
« Ô Grande Mère, Créatrice et Fondatrice, accorde nous ta pitié et préserve nous du malheur ! Ô Divine Patronne, Vierge Vénérable, apaise nos cœurs et veille sur nos enfants ! »
Si les soldats devaient le regarder comme s’il s’était agi d’un fou, Meinhard n’en avait rien à battre. Il s’était mis en tête de prêcher la bonne parole, et ce pendant qu’il exterminait les ennemis de sa Foi. Il fit tournoyer son espadon au-dessus de sa tête, et trancha celle d’un mort-vivant qui avait tenté de lui rentrer dedans. Il les tenait à distance par son allonge, et sa résolution était à présent à l’image de son armure ; froide, et d’acier.
« Néera ! Protège tes enfants ! »
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Sam 28 Nov 2015 - 18:13 | |
| A Nebelheïm, plus aucun être humain ne parcourait les rues autrefois bondées de la ville. Dans un silence religieux, les morts s’actionnèrent à l’approche de l’armée humaine qui approchait. Ils étaient deux milles, deux milles soldats de Serramire qui avaient été relevé par les nécromants d’une armée disparate mais pourtant terrifiante. Les noirelfes s’étaient emparés d’Amblère, la cité des rois de Sgarde, puis ils avaient ravagés Nebelheïm, la ville des précédents barons. Sans, sans doute, le savoir, ils avaient fait tomber les symboles d’un domaine mourant que plusieurs armées foulaient depuis bien trop longtemps.
La coalition porta la charge avec sa cavalerie sur la plaine. Les puissants destriers habitués au combat fracassèrent des crânes, tandis qu’une douzaine fit tomber leurs cavaliers à l’approche de ces ennemis hors du commun, de peur sans doute. Ce qui était pratique avec cette armée de morts, c’était que bien peu agile, ils ne craignaient pas l’acier, ne ressentent pas la douleur et continuent de se battre même avec un seul bras. La plupart portait encore les couleurs de Serramire, peut-être que chez la coalition, certains reconnaissaient des frères, des pères ou des gendres. La première charge fut celle qui fit le plus de mort, en effet, les soldats vivants ne surent pas comment abattre un mort. Certains ne se relevaient pas une fois la tête tranchée, mais d’autres continuaient. Il fallut qu’un odélian tranche tête puis bras pour que le corps s’affaisse sans vie sur le sol boueux de la plaine.
Alors que la bataille avançait, un soldat outremont beugla quelque chose dans son patois en montrant la direction de la forêt d’Uberwald du doigt. En effet, sur le flanc gauche de la coalition, arrivaient une deuxième horde de morts, un bon millier qui venait compléter le millier qui se battaient sous les remparts.
« Douce mère… » marmonna un lourmellois. De la forêt à mauvaise réputation, sortaient également des cavaliers au regard vide sur des montures d’outretombe. Ce fût d’ailleurs ses derniers mots avant qu’une lance ne le fauche. Contre ces morts, les flèches ne servaient à rien comme purent le prouver quelques odélians, c’était la hache qu’il fallait d’après les arétans. Parmi eux, un certain chevalier Guy se targuaient d’en avoir renvoyé dans la tombe une centaine à l’aide de son marteau.
L’issue de cette bataille était toutefois connue des noirelfes, les vivants l’emporteront contre les morts. Après tout, ceci n’était qu’un prélude à ce qui les attendait réellement à Amblère.
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| | | Roderik de Wenden
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Sam 28 Nov 2015 - 21:26 | |
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- Ah, les enculés ! pestait un reître juché sur un cheval boîteux, qui s'était dégagé par miracle de la première charge. 'sont pas futés, ces tas d'merde, mais y crèvent pas vite !- Ils sont déjà crevés, en même temps, répliquait un de ses comparses. - Excellente remarque, persifla Roderik, qui chevauchait près d'eux. On devrait te surnommer le « Cavalier Clairvoyant. »La cavalerie arétane se regroupait tandis que les Serramirois allaient au contact. Le sang de Roderik lui battait aux tempes. Ils y étaient, les choses sérieuses avaient commencé. Les arétans avaient beau être sur la route depuis plusieurs ennéades, tout ce temps où sa patience avait été mise à l'épreuve lui paraissait désormais relativement court. - C'est une sensation étrange que de combattre les morts, souffla Roderik pour lui-même pendant cet instant de répit. - C'est un peu comme... affronter la Mort elle-même ? lança son écuyer Athaulf qui se tenait à ses côtés, et qui tentait à sa manière de faire de l'esprit. - Pas du tout. Hmphf, j'ai surtout le sentiment d'un énorme gâchis... sans la défaite d'Amblère, tous ces macchabées qui s'agitent comme des pantins seraient encore animés de vie, et, au lieu d'être contre nous, combattraient avec nous. C'est une sacrée perte de temps.- Nous conservons l'avantage du nombre, et sitôt Nebelheim nettoyée, nous...- Nebelheim n'est pas encore nettoyée, fiston. Maintenant, ferme-la et concentre-toi.Ils s'étaient rassemblées autour de leur comte, attendant son signal pour lancer une nouvelle charge. Enfoncer tel ou tel flanc affaiblirait l'ennemi : les morts-vivants avaient pour eux leur absence de peur et cette étonnante endurance qui poussait même certains à combattre sans tête, mais leur sens de l'organisation était des plus limités. A coup sûr, combattre les drows serait une autre paire de manches. Mais chaque chose en son temps.Le comte Alwin s'apprêtait à lancer un nouvel assaut, quand plusieurs voix craintives s'élevèrent. Roderik tourna la tête en direction de la forêt d'Uberwald, d'où émergeaient de nouvelles formes menaçantes. - Par les morts, murmura-t-il. Cette vision glaça le sang des hommes ; mais le comte Alwin ne leur laissa pas le temps d'avoir peur. Il prit son célèbre marteau de guerre et le leva bien haut, à la vue de tous. - Fils de la malelande ! Nous ne combattons pas pour la sauvegarde de nos terres, de nos fils et de nos femmes. Nous nous battons pour l'avenir de notre race toute entière. Tous les regards de la péninsule sont tournés vers nous ! Tous les Hommes attendent notre victoire aujourd'hui. Nous ne nous battons pas contre la mort, car même Tyra ne peut que soutenir notre juste cause. Nous luttons contre cette infamie que d'aucuns appellent « nécromancie » ! Nous luttons contre cette odieuse sorcellerie qui, dénaturant le lien qui unit la vie et la mort, prive nos frères de leur dernier repos. Alors, libérons de leurs chaînes les frères qui sont tombés ! C'est en faisant la guerre que nous leur apporterons la paix !Le destrier d'Alwin se cabra et poussa un long hennissement. Bizarrement, c'est le cri du cheval qui fut reprit par les arétans ; ceux-ci se mirent à pousser de longs cris de guerre ressemblant, involontairement semble-t-il, aux cris des chevaux. Roderik songea que jamais les cavaliers arétans n'avaient été si proches de leurs montures. Puis Alwin montra une nouvelle fois son marteau de guerre. - Voici « Nourris-les-Vers ». Souvenez-vous de cette arme, lorsque vous verrez voler des têtes à son passage ! Fils d'Arétria, êtes-vous avec moi ?- Pour Alwin ! cria Roderik en tirant son épée. - Pour Alwin !!!!! reprirent les hommes en choeur. Mus pas une allégresse destructrice, les arétans s'élancèrent en direction des nouveaux arrivants qui se massaient peu à peu hors des bois. Une partie des Serramirois, des Odélians et des Ethernans suivaient le mouvement, sans dégarnir le front devant les murailles ; la gigantesque marée humaine conservait un écrasant avantage du nombre. Parmi les cavaliers, chacun y allait de ses conseils avisés quant à la meilleure manière de tuer ces créatures. Dans leur hargne, les arétans se promettaient qu'aucun ennemi ne conserverait le moindre membre. Ceux qui étaient vétérans étaient déjà des tueurs en puissance, qui n'avaient jamais manifesté une grande pitié à l'égard des vivants ; ils ne s'embarrasseraient sûrement pas pour charcuter des morts, insensibles à la souffrance. Le choc frontal fut violent. Une partie des ennemis étaient montés, eux aussi ; Roderik avait pour cela demandé à Athaulf de lui donner une lance. Chevauchant en direction d'un de ces cavaliers de la mort, le seigneur de Wenden y alla d'une méchante attaque ; la lance se rompit tout net au contact de l'adversaire, mais cela suffit à le désarçonner. Le cavalier mort eut à peine le temps de se relever que Roderik, épée en main, lui fauchait la tête. Partout autour de lui, la cavalcade soulevait des tourbillons de poussière. Dans le feu de l'action, Roderik était prit d'une frénésie combattive qui occultait le vacarme assourdissant, et lui faisait presque oublier l'odeur infecte de la putréfaction, qu'agrémentait un délicat parfum de merde. Roderik avait déjà connu des champs de bataille, mais aucun n'avait jamais senti aussi fort. C'était sans doute l'odeur qui faisait vaciller le jeune écuyer Athaulf, tel un ivrogne titubant sous des relents d'alcool ; un autre cavalier mort manqua de l'occire en selle. Roderik s'interposa en toute hâte, et croisa le fer. Les corps décédés n'étaient-ils vraiment que des pantins, ou conservaient-ils certaines connaissances de leur ancienne vie ? Roderik n'en savait rien, mais il semblait que cet adversaire-là avait dû être un guerrier expérimenté, à la manière dont il parrait chacune des attaques du seigneur tout en conservant son assiette. Roderik dut recourir à une feinte pour l'avoir ; les sens émoussés des morts-vivants ne leur permettaient guère de pousser la technique aussi loin. Lorsqu'il eut démembré la créature, Roderik se tourna vers son écuyer, lequel haletait, le visage couvert de sueur. Il avait probablement fait dans son froc, mais avec l'odeur qui régnait, il ne risquait pas vraiment de se trahir. - Tu affirmais récemment être prêt à mourir pour ton seigneur, mais c'est moi qui sauve ta vie aujourd'hui. La prochaine fois, tu me rendras la pareille, je compte sur toi.Roderik s'élança à nouveau dans la mêlée. Autour de lui, les arétans taillaient comme des démons. L'un d'eux, un marteau à la main, faisait forte impression. Le seigneur de Wenden reconnut en lui un chevalier prénommé Guy, qui s'était attiré une fameuse réputation sur les champs de bataille. Il maniait le marteau avec une habileté qui n'était pas sans rappeler celle du comte Alw... - Le comte est en difficulté ! hurla une voix au milieu du tumulte. Roderik le chercha des yeux et l'aperçut plus en avant, flanqué de ses gardes rapprochés qui se resserraient autour de lui, s'efforçant de tenir l'ennemi à distance. Mais les morts-vivants s'attroupaient en nombre autour d'eux, et étaient parvenus à les isoler du reste des guerriers malelandois. Le comte et les siens se défendaient comme de beaux diables, taillant et tranchant dans tous les sens ; le flot continu d'ennemis ne cessait de progresser. Pour chaque corps qui tombait en lambeaux, un autre venait prendre son tour. - Secourez le comte ! cria Roderik aux combattants de Wenden, tout en tentant de se frayer un chemin dans sa direction. Mais l'ennemi était encore nombreux dans cette direction, et les hommes s'exposaient à bien des risques en se précipitant au secours de leur suzerain. Un mort-vivant à pied entailla au flanc droit la jument de guerre de Roderik, qui rua sous la douleur. Roderik lui trancha la tête, mais le macchabée poursuivit ses attaques à l'aveugle. Occupé à ferrailler, Roderik ne vit pas arriver dans l'autre sens un cheval sans cavalier, lancé au grand galop, que la peur semblait avoir rendu fou. La bête heurta de plein fouet la jument de Roderik, et le seigneur de Wenden vida les étriers, tombant lourdement au sol. Sa jument vacilla, et seule une roulade de Roderik l'empêcha d'être écrasé lorsque la malheureuse monture s'écrasa dans la poussière. Il se releva, l'esprit embrumé et les muscles endoloris. Blanc-Cendre, sa malheureuse jument, ne l'accompagnerait plus, et sa perte l'emplit d'une indicible tristesse, alors même qu'autour de lui de nombreux arétans mouraient. Au moment où l'odeur de merde et de mort vint lui chatouiller les narines, il se rappela que son suzerain courait toujours un grave danger. Il poursuivit le combat à pied, sa rage aveugle tenant à l'écart le sentiment d'épuisement qui peu à peu le rongeait. Il avança, encore ; taillant, brisant la garde de ses adversaires par l'usage de chaque botte dont il avait le secret, il ne recula jamais. Autour de lui, la plupart combattaient maintenant à pied ; un cavalier mort, pourtant, s'élançait dans sa direction. Il manqua de faucher la tête de Roderik, qui n'évita le pire que d'une fraction de seconde. Il dévia ensuite la lame du cavalier, avant de frapper sa jambe. Le mort-vivant unijambiste vida les étriers, mais s'effondra sur Roderik ; les deux roulèrent au sol, lâchant leurs armes, et les mains froides et grises du macchabée se refermèrent sur la gorge du seigneur de Wenden. Roderik suffoqua et perdit connaissance. * * * Lorsqu'il s'éveilla, Roderik ne réalisa pas tout de suite qu'il était traîné par les pieds, et que son cul et son dos glissaient sur le sol, drainant de la poussière. Il crut d'abord que c'était un mort-vivant qui le conduisait parmi les corps ; cela ne l'effraya pas plus que ça. Son esprit voguait dans une espèce de fatalité, et il se dit que si le monde devait s'achever ainsi, eh bien, cela se passerait ainsi. Il réalisa finalement que l'homme qui le traînait par les pieds n'était autre qu'Athaulf. Autour de lui, les choses semblaient plus calmes. Le combat n'était pas terminé, toutefois ; plus loin, les derniers morts-vivants continuaient à se battre dans une lutte sans espoir - mais que pouvait représenter l'espoir pour ces êtres dénués de toute conscience ? - Je n'ai pas eu à attendre longtemps pour vous rendre la pareille, lança joyeusement Athaulf lorsqu'il remarqua que son seigneur remuait et ouvrait les yeux. - Hein ?- Je vous ai sauvé la vie.- Ah.Si Athaulf avait espéré recevoir un « merci », il pouvait se gratter. Roderik était encore un peu dans les vappes. - Le comte Alwin ? demanda-t-il. - Il est... là-bas, fit Athaulf en désignant un attroupement d'hommes un peu plus loin. - Lâche-moi, maintenant, gamin. Je ne suis pas infirme.Roderik se releva, trop rapidement sans doute. Il grimaça sous l'effet d'un violent mal de crâne. Et cette damnée odeur, car les lieux schlinguaient encore, et peut-être même plus qu'avant, si cela était possible. Le seigneur de Wenden se fraya un chemin au milieu des corps. Des morts jonchaient le sol, et l'on distinguait les morts récents des anciens morts-vivants selon qu'ils étaient entiers ou démembrés. Le spectacle était dégueulasse, bien sûr, mais Roderik vomirait quand il en aurait le temps. Il joua des coudes pour se frayer un chemin parmi les hommes qui entouraient le comte. Celui-ci était allongé sur le sol poussiéreux, la tête tournée vers le ciel. Au premier regard, Roderik le crut mort ; mais il clignait des yeux. Son armure était cabossée, et le teint du comte était gris comme celui des morts ; néanmoins, il vivait encore. La plupart des hommes s'écartèrent lorsqu'ils virent Roderik. Certains l'avaient vu tomber de son cheval, et avaient sans doute pensé que le seigneur de Wenden était passé de l'autre côté. A voir l'expression peinée du jeune fils du comte, Ewald de Karlsburg, celui-ci était déçu qu'il n'en soit pas ainsi. Ewald et Roderik ne s'aimaient guère. Roderik avança, et les yeux du comte Alwin se posèrent sur lui. Alors le comte sourit, et Roderik vit qu'il tenait encore une main fermement serrée sur la poignée de son marteau de guerre, « Nourrit-les-Vers », lequel était taché de sang. - Mon marteau de guerre n'a jamais aussi bien porté son nom qu'en ce jour, murmura Alwin. Le comte d'Arétria était heureux.
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| | | Walther Hohenburg
Humain
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Dim 29 Nov 2015 - 14:28 | |
| - Indication HRP:
La victoire est acquise, mais dans la zone d'action ou se trouve Walth et Mein, ils n'en savent rien et se trouvent toujours devant une horde de zombies.
Ils se relevaient, toujours et encore, ils se relevaient... Certains à la tête coupée restaient à terre, mais l'intensité du combat ne diminuait toujours pas. A côté de lui, Meinhard labourait les morts avec son épée à deux mains, tandis que ses hommes formaient tant bien que mal une sorte cercle en plein milieu des morts-vivants. Il avait reçu quelques coups en plein estoc et il n'avait pas fort à parier sur l'état de quelques côtes. Pourtant, il essaya de faire face du mieux possible, sans jamais baisser sa garde. Heureusement que ces immondes créatures étaient dénuées d'intelligence se dit-il. Sinon, ils auraient fini par être submergés en quelques minutes seulement.
Partout autour d'eux, des corps s'entassaient. De mémoire d'homme, on avait rarement vu aussi chaotique et pour tout dire, cette odeur de décomposition n'aidait en rien. Tout ceci était un sort tragique qu'on leur avait réservé. Tuer leurs frères, leurs pères et leurs fils était sûrement la pire ruse qu'un ennemi pouvait leur faire. Prit de dégoût en pensant cela, Walther se mit à donner des coups dans la chair putride des ennemis, et ce, sans jamais faiblir même si son bras commençait à le brûler.
L'heure n'était pas encore au bilan, mais il y avait fort à craindre qu'une bonne partie de sa compagnie se soit fait exterminer. Bien qu'il eût tenté de maintenir l'ordre dans les rangs, les hommes n'étaient certainement pas préparés à de telles visions cauchemardesques. Depuis combien de temps se battaient-ils ? Ici, personne ne pouvait le dire. Le temps s'était arrêté brusquement et seuls les plus chanceux verraient la nuit tomber.
-Tenez la position ! Cria-t-il en direction de ses hommes.
Seulement, juste après qu'il leur ait ordonné de ne pas bouger, une monstruosité aussi grande que Meinhard enfonça la formation et projeta les plus exposés dans les airs comme de vulgaires pantins.
-Oh bordel de merde, c'est quoi ça ?! Murmura Walther en voyant ses derniers instants arriver.
Sans attendre, le monstre en décomposition l'envoya valser à son tour et il se retrouva la tête enfoncée dans la boue. Dans l'impossibilité de se relever avec ses plates qui pesaient un homme, il rampa du mieux possible pour retrouver les rangs arrières, mais une pression sur son dos l'immobilisa net. En se retournant, il vit le mort se préparer à l'envoyer dans l'autre monde.
-Meinhard ! A moi ! supplia-t-il dans un dernier effort.
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| | | Jérôme de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Lun 30 Nov 2015 - 13:04 | |
| Jérôme se trouvait encore à Dormmel lorsqu'il reçu la visite de deux chevaucheurs, l'un de Serramire et l'autre d'Odélian. Les nouvelles étaient que les osts étaient en route et qu'ils se dirigeaient vers Nebelheim afin de surprendre les sombres, ou du moins les morts vivants. Suite à la discussion qu'il avait eu avec Nakor, le baron avait jugé plus sage, en effet, de se renforcer en attendant les renforts, il aurait été inutile de donner plus d'âmes à l'armée des morts alors que les troupes alliées étaient proches. Il avait envoyé des coursiers afin de se renseigner mais les informations lui étaient arrivées avant le retour de ses hommes. Les rajouts de protections à Dormmel, citadelle déjà lourdement fortifiées, faisaient de la ville un défi de poids pour quiconque voudrait la prendre, du moins tant qu'il y avait suffisamment de défenseurs bien entendu. Le baron mit donc en branle les préparatifs pour l'arrivée des coalisés. Il avait également envoyé un message à son frère Guillaume qui se trouvait à Nulhadon afin qu'il se mette également en marche. Il avertit également Nakor de tout cela. Les moines guerriers avaient aussi été mis à contribution et ils n'avaient pas rechignés à la tâche pour ceux qui en connaissaient l'utilisation. Tous n'étaient pas des mages bien que des combattants endurcis.
Jérôme pensait que les dirigeants de l'ost coalisé changeraient d'avis et que finalement ils bifurqueraient vers Dormmel afin de prendre sa troupe au passage et gonfler leurs rangs mais ce ne fut pas le cas. Dès qu'il s'en aperçu et ne pouvant attendre plus longtemps dans l'inactivité, le baron décida de mettre en branle les effectifs sous ses ordres, laissant ce qu'il fallait en garnison pour tenir la ville. Les troupes coalisées étherniennes, bastylloise ainsi que celles de Dormmel étaient reposées, fraîches et prêtes à en découdre.
Jérôme se présenta devant les seigneurs coalisés, jetant un regard entendu à Gaston ainsi qu'à Aymeric, ses deux suzerains, l'un pour Etherna, l'autre pour Bastylle. La Sgarde était un point noir qu'il faudrait éclaircir mais en voyant les deux hommes côte à côté, il se posa mille et une question et il se dit qu'il n'était pas temps de savoir ce qu'il en résulterait. Le moment était à bouter les sombres et leurs magies impie hors de péninsule et chacun devait s'y employer, écartant les rancœurs ou questions qui reviendraient plus tard, si le succès était au rendez vous, bien entendu.
Le baron se tint un peu en retrait et ne parla avec les seigneurs qui pour répondre à leurs questions, il resta avec ses hommes autant que possible, les galvanisant de sa présence et sachant qu'il pouvait compter sur ces vétérans. La route se fit donc sans encombre, le pont sur le fleuve était bien entendu surveillé et prêt à être défendu, l'étroitesse rendant une défense aisée. Tout le monde se retrouva rapidement de l'autre côté et en direction de Nebelheim qui était maintenant tombée aux mains des morts vivants. Le seigneur de la ville avait rejoint Jérôme à Dormmel avec une petite poignée de troupes et les villageois apeurés. Il faisait maintenant parti de l'expédition aux côtés de son nouveau suzerain, Jérôme, qui lui avait promit de reconquérir la ville et de lui rendre.
Jérôme et ses troupes étaient en queue, fermant la marche et assurant l'arrière garde. Lorsque l'on annonça que Nebelheim était en vue, le baron réunit ses seigneurs autour de lui, plusieurs chevaucheurs prêt à relayer les ordres aux officiers qui commandaient les troupes. Personne ne sut si c'était le bruit de l'ost ou autre chose mais à leur approche, ils n'eurent pas besoin de faire le siège ou de s'engouffrer dans les brèches, l'armée des morts sortit béatement et stupidement pour affronter les hommes sur la plaine entourant la ville. Aussitôt les cavaliers d'Aretria et les chars d'Odélian donnèrent l'assaut, immédiatement suivit par l'infanterie de Serramire. Jérôme resta en retrait, examinant la situation et sachant qu'il devait tenir l'arrière garde et donc prévoir tout éventualité alors que les autres combattaient. Stratège dans l'âme, il comprit après la première charge que les morts vivants ne feraient finalement pas long feu. Toutefois il ne fallait pas négliger leur nombre, ni le fait qu'ils ne reculaient jamais, ni ne se fatiguaient. Ce dernier trait ferait défaut aux humains si le combat durait trop longtemps. Il garda donc sa cavalerie avec lui mais il envoya un petit groupe d'une vingtaine avec le seigneur de Nebelheim à leur tête et avec des instructions. Il dirigea une partie de l'infanterie issue des hommes de Dormmel et d'Etherna afin d'appuyer les serramirois. Il trouvait aussi juste que le dirigeant de la ville commande l'assaut et qu'il reprenne sa ville.
Les soldats ne tremblaient pas de trop alors qu'ils affrontaient des morts vivants. La stress et la peur était bien entendu présente mais c'étaient des vétérans endurcis et les moines guerriers avaient prodigué des enchantement afin de les galvaniser et de leur retirer les appréhensions que l'on peut avoir dans ce genre de combat inhabituel. Nakor était aux côtés de Jérôme et il attendait sans aucun doute son heure, voyant que pour l'instant on avait pas besoin de lui pour défaire l'adversaire. Il devait garder ses forces pour affronter les mages noirs, la piétaille non vivante étant à la portée des hommes ordinaires. Les soldats envoyés à l'affrontement, servant d'arrière garde, se trouvaient derrière tout le monde et ils furent les derniers à donner des coups et venger la ville. Ils étaient alors au courant de la façon d'occire la troupe des deux fois nés.
Soudainement, une seconde horde s'extirpa de la foret alors que l'on pensait tous les morts vivants au même endroit. La surprise rapidement disparue, la comte d'Aretria sonna la charge avec sa cavalerie, en prenant lui même les devants. Il fut suivit par les chars odélians, les deux participants étant plus proche de l'action de par leurs première charge. Jérôme, qui avait gardé sa cavalerie et une bonne partie de son infanterie, se félicita de sa décision. Il fit appel à sa chevalerie et cavalerie et lorsqu'ils furent tous en place, il les lança dans l'action, restant lui même en retrait comme l'exigeait tout bon stratège. Il n'était pas pressé d'aller au combat alors qu'il ne s'agissait pas de sombre. Il gardait sa haine tenace et ses forces pour le moment ou il affronterait cette race qu'il détestait. Il envoya la moitié de l'infanterie qu'il lui restait en appui. La charge fut de nouveau dévastatrice, la cavalerie ethernienne arrivant après celle d'Aretria et d'Odélian.
Alors que la troupe à pied arrivait à hauteur de la horde, prenant sur eux de ne pas s'enfuir, un cor sonna, faisant se tourner des têtes. La seconde troupe éthernienne, menait par Guillaume, le frère du baron d'Etherna, venait de surgir, venant de Nulhadon et ayant passé à gué pour rejoindre Nebelheim comme l'avait demandé Jérôme. Une nouvelle vague de cavalerie se heurta alors aux morts vivants et avant que la nouvelle infanterie soit au contact, les jeux étaient déjà faits et ils n'eurent guère de coups à porter.
Durant ce temps, Nebelheim était en train d'être reconquise, les hommes ayant détruit la horde qui était sortit et passant au peigne fin les rues de la ville. Son seigneur se mit en devoir de diriger le contingent qu'il avait avec lui et il se rendit immédiatement à la citadelle et au donjon qui appartenait à sa famille, histoire de se croire encore en position de diriger et de faire comme s'il accueillait vaillamment les renforts.
Dernière édition par Jérôme de Clairssac le Ven 4 Déc 2015 - 11:02, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Lun 30 Nov 2015 - 14:45 | |
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| | | Meinhard d'Andorf
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Lun 30 Nov 2015 - 16:19 | |
| Combien de ces choses avaient donc été descendues ? Combien de membres coupés ? De têtes arrachées ? Les cadavres retournaient à leur juste place, face contre terre, alors que les courageux hommes du Nord frappaient avec rage ces engeances maléfiques. Dans la mêlée, un jeune garçon, qui devait à peine être majeur, enfonça sa hache dans le buste d’un mort-vivant. La créature tomba à la renverse, et le jeunot n’eut pas l’intelligence de lâcher le manche de son arme. En essayant de la retirer, il trébucha vers l’avant, entraîné par le poids du mort. Dès qu’il fut au sol, des légions de non-morts se ruèrent vers le soldat à terre, qui hurlait à présent, englouti sous une masse informe et flairant la chair putréfiée. Les guerriers alentours eurent peut-être le temps de voir des mains convulser dans tous les sens, mais pas un son ne sortait de cette orgie dégoûtante, hormis le bruit de la chair qu’on dévore. Lorsqu’un mort-vivant détourna la tête, et que l’on vit la langue du jeune homme entre ses dents pourries, plus d’uns surent dès lors pourquoi le gamin n’avait pas crié…
Formant un cercle contre les soldats d’outre-tombe, la vaillante, mais quelque peu défaillante, compagnie menée par Walther se défendait tant bien que mal. Plusieurs hommes étaient déjà tombés, et l’un d’eux avait même tenté de s’enfuir, avant d’être happé par les hordes de l’ennemi. Meinhard était entré depuis un petit moment dans une sorte de transe guerrière, occupé qu’il était à faire tournoyer son espadon dans les rangs adverses. Le tranchant de sa lame, de qualité olysséane, avait beaucoup de travail devant lui.
« Ô Miséricordieuse Néera ! Trésor vénéré de l’univers ! Lumière qui jamais ne s’éteint ! Arme de force les bras de Tes enfants, qu’ils abreuvent de coups les ennemis de la Vie, celle qui est Tienne ! »
Tel le boucher, à l’heure du matin, le saint chevalier découpait en morceaux tout ce qui passait à sa portée. Les plus rapides tentaient de le frapper à l’armure, mais cette dernière était tout aussi salvatrice et de bonne facture que son arme. Un mort-vivant, portant les défroques désormais méconnaissables de Serramire, lui sauta dessus, et lui mordit le cou. Meinhard hurla, se rappelant ce souvenir d’enfance atroce, où un molosse lui avait arraché une partie de l’oreille. Pris de panique, il se mit à bouger dans tous les sens, faisant tomber à la renverse son adversaire.
Les yeux rouges, le Foudreguerre attrapa son arme à deux mains, et commença à réduire l’abomination vampirique en charpie. Chaque coup était porté avec rage et douleur, car le sang suintait de la plaie, et nul doute qu’il devrait y verser de l’eau-de-vie s’il ne voulait pas crever par après. Une fois le voile rouge dissipé, il contempla son œuvre, et finit par entendre une supplique qu’on lui lançait. Il tourna la tête en direction de l’appel. C’était Walther. Un énorme monstre lui écrasait le dos avec son pied, et la suite du programme ne s’avérerait pas plus joyeux. Beuglant un cri de guerre à peine reconnaissable, il fonça en direction du danger, son espadon dans les mains. La créature se retourna, mais il était trop tard. La grande épée à deux mains de Meinhard s’enfonça en profondeur dans la gorge du béhémoth. Avec la force de ses muscles, il retira l’épée par le côté, tranchant sans aucune propreté la tête de son adversaire. Elle roula sur le sol, le corps restant debout… Et soudain, le poing fermé de la créature nécromante s’abattit avec violence sur le casque du Foudreguerre. Le heaume alla valdinguer plus loin, pendant que Meinhard essayait de récupérer du coup violent. Une de ses pommettes avait éclaté, et il avait reculé de deux pas.
La grande chose dégoûtante, qui n’avait plus de tête à présent, commença à faire pleuvoir ses poings sur le chevalier, qui dut lâcher son arme, recevant de plein fouet chaque coup donné sur le visage. Une arcade sourcilière sauta, et Meinhard mit un genou à terre. La créature, aveugle, tenta encore de donner des coups au visage de son opposant, mais ne parvint pas à l’atteindre. Reprenant ses esprits, le Foudreguerre fonça comme un buffle, tête la première, dans les côtes de cette erreur de la nature. Le colosse mort-vivant tituba vers l’arrière, mais se stabilisa, et n’avait fait que reculer de quelques pas. Meinhard récupéra son arme, prêt à se battre à nouveau.
C’est alors qu’un homme arriva derrière le géant de chair pourrie, et lui ouvrit le ventre armé d’une dague. Les intestins de la créature se déversèrent devant lui, libérant une odeur plus terrible encore que celle qu’il dégageait de l’extérieur. L’immense chevalier olysséan fit frémir ses narines, et grimaça. Il vit que c’était Walther qui s’était relevé, pour asséner ce coup à l’horrible mort-vivant. Prêt à charger, ce dernier voulut de nouveau rentrer dans le lard de Meinhard. Mais, hélàs… Le sir Hohenburg avait été bien plus malin. Car les pieds du monstre se prirent dans ses propres tripes, et c’est une inexorable chute qui emporta le grand colosse, tombant torse contre terre (à défaut d’avoir une face). Il était à la merci des vivants.
Meinhard s’en donna à cœur joie, tout comme Walther. Les deux hommes réduisirent le cadavre encore frémissant à l’état de bouillie. Leur folie guerrière stoppée, ils se regardèrent. Le Foudreguerre frappa sa poitrine :
« La Damedieu vous a donné la Force, sir Walther ! Combattons ce qu’il reste de ces mécréants ! »
Le fidèle chevalier regarda tout autour de lui, et il ne put que constater une chose… La bataille était en réalité finie. Il restait encore quelques mort-vivants, en train de se faire achever par les soldats qui avaient survécu. Le champ de bataille n’était qu’un immense tapis de cadavres, qui donnait à la plaine devant les murs une allure quasi apocalyptique. Meinhard sourit, et embrassa le pommeau de son espadon. Il leva son arme en l’air.
« Louée sois la Divine Néera ! »
Quelques-uns levèrent également leurs armes et leurs voix, mais la plupart étaient occupés à soulager leur estomac dans les buissons alentours, ou à même les cadavres. Un type de la compagnie des repris de justice Lourmelois se présenta alors au chevalier.
« Heu, messire, c’est fini, maint’nant ? »
Et le Foudreguerre répondit, armé d’un sourire carnassier :
« Non. Maintenant, nous pénétrons dans Nebelheim, et nous purifions les lieux. »
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| | | Haldren
Ancien
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Mar 1 Déc 2015 - 11:38 | |
| La bataille de Nebelheim touchait à sa fin. La horde de morts-vivants cédait peu à peu sous le nombre et la férocité des combattants humains coalisés. L’attaque en provenance de la forêt avait bien failli causer un vent de panique qui aurait été malaisé à endiguer s’il avait gagné l’ensemble de l’ost, mais la prompte réaction de la cavalerie permit de rétablir la situation. Les plus vaillants guerriers eux-mêmes ne pouvaient rester totalement stoïque face à l’horreur des deux-fois nés, cauchemar issu des esprits malsains des nécromanciens aux ordres du Puy, et les chefs coalisés pouvaient sans rougir se déclarer fiers de leurs soldats. En ce jour glorieux pour eux, beaucoup avaient conchié leurs frocs ou vomis sur leurs tabards, mais ils continuaient à se battre sans faiblir. Le faisaient-ils pour sauver cette terre damnée ? Pour protéger leurs femmes, leurs enfants, peut-être ? Ou au nom d’une déesse qui devait pleurer en voyant tant de braves s’enfoncer à jamais dans le royaume des morts ? À moins tout simplement que les humains n’aient combattu pour survivre, pour voir se lever de nouveau le soleil et croire que l’avenir ne serait pas si sombre que les augures l’annonçaient.
Si le gros des combats se déroulaient encore à l’extérieur des murailles, une partie de l’infanterie venait d’investir la ville et traquait les groupes de morts-vivants qui y rôdaient. Tâche pour le moins dangereuse et délicate, car les ruelles étroites se prêtaient admirablement bien aux embuscades. En plusieurs endroits éclataient des cris de colère ou de douleur, indiquant qu’un groupe d’humains se trouvait aux prises avec leurs sombres ennemis. La cruauté et la violence de ces accrochages n’en étaient que décuplées pour les vivants, qui sentaient la victoire à leur portée. Les vétérans vous diront qu’il n’est pire moment dans une bataille que les derniers instants, lorsque vous sentez qu’il redevient possible d’espérer en sortir vivant… et que la peur d’être dans les derniers tués vous prend aux tripes.
Sur les murailles, dans une guérite quelque peu isolée, deux paires d’yeux observaient attentivement ce qui se déroulait. Ils avaient suivi l’affrontement, admirant la vaillance des humains et la puissance des morts-vivants, les actes de bravoures et les moments de doute. D’un geste, l’un des deux observateur fit signe à son comparse de le suivre, et ils quittèrent leur refuge, s’enfonçant dans les rues de la ville vers la poterne par où ils y étaient entré la veille.
Respire, Lùthien. Que sens-tu ? La merde et la mort, maître. C’est pire qu’un charnier, ici. Ça sent… Ça sent la victoire, la coupa sévèrement l’archimage. Et cette fragrance m’est douce. Certes, les humains vont remporter la bataille, mais ils comptent déjà leurs morts par centaines, et Nebelheim n’a été pour eux qu’un avant-gout de l’enfer qu’ils connaitront bientôt. Je gage qu’à Amblère, les prêtres de Kiel leur feront découvrir le vrai sens du mot « douleur ».
L’ancienne Dame Protectrice ne dit rien. Elle connaissait suffisamment le drow pour savoir qu’il fallait parfois le laisser divaguer sans l’interrompre. D’un air pensif, ce dernier regarda la plaine, plissant les yeux pour en étudier les étendards.
Voilà bien longtemps que le Nord n’a pas su réunir tant de bannières. Brochant, la Verse, Wenden, Odélian, Etherna et tant d’autres. Faut-il qu’ils craignent de voir cette terre tomber entre les mains du Puy pour oublier un temps leurs différends.
Ne souhaitant pas s’exposer plus longtemps et risquer d’être aperçu, le drow et l’elfe s’enfoncèrent dans le réseau de rues de la ville. La puanteur qui y régnait ne pouvait pas se comparer à celle qui dominait le champ de bataille. Nedelheim sentait… la mort, tout simplement. Pas la mort récente, non, une mort vieille et ancienne de plusieurs siècles. L’art maudit des nécromants avait donné à la cité une aura presque similaire à celle qui entourerait une nécropole, et cela vous prenait littéralement à la gorge comme si les mains glaciales d’une liche s’y posaient pour vous étrangler. L’elfe frissonnait un peu tout en marchant, alors que le drow semblait au contraire s’y complaire, en riant presque comme s’il savourait une bonne plaisanterie.
La poterne se trouvait à la base d’une massive tour de garde incrustée de lierre. On y accédait par une simple porte en bois d’apparence banale, mais dont la solidité des gonds et les barres renforcées qui la verrouillaient indiquaient un usage bien plus important qu’il n’y apparaissait au premier abord. Alors qu’il l’ouvrait, Haldren se figea. Il venait de ressentir une présence, une perturbation dans la trame même de la magie, qui signalait l’approche d’un être aux pouvoirs hors du commun. L’écho des nombreux sortilèges utilisés par les nécromants pour réanimer leur horde brouillait ses sensations, mais cette présence s’imposait à lui comme un souvenir de son passage par Diantra, quelques ennéades plus tôt.
Nakor ? Ainsi donc cette vieille chouette participe à la fête ? murmura le drow à voix basse.
Et un sourire carnassier apparut sur ses lèvres. |
| | | Nakor
Humain
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Mar 1 Déc 2015 - 20:15 | |
| Nakor avait d'abord donné ses conseils, puis avait pris congés de Jérôme en Dormmel pour trouver le repos. On lui avait donné une chambre, une grosse miche de pain, du vin et du fromage. Il s'était assez lourdement restauré, puis il s'installa sur la couche dans la chambre. Nakor ne dormait plus vraiment depuis très longtemps, la particularité de son éternité de vie lui donnait quelques spécificités de ce genre Il avait par contre besoin de méditation, de restaurer ses forces magiques en entrant au contact de la trame naturelle du monde, de la diffusion des énergies du monde et de la tranquillité de l'esprit qu'une telle posture lui apportait Il se mit donc en tailleur, dos contre le mur et ferma les yeux. Son bâton était horizontalement posé sur ses genoux et les forces arcaniques du magicien se mirent en oeuvre. La magie qui se dégageait de l'archimage ne se ressentait pas à des kilomètres à la ronde, bien au contraire, elle était terriblement dense et forte, mais très concentrée, très localisée autour du vieillard. Les magiciens dans la cité ressentiraient une perturbation évidente, les prêtres proches aussi mais cela n'irait pas plus loin que la forteresse en elle-même. Dans ce moment spécial, Nakor était hors du temps et de l'espace. Il voguait dans le flux du monde, se ressourçait et réfléchissait en même temps de manière profonde. Plusieurs heures furent plus que bénéfiques. Le Magistère du Firmament sorti de sa transe et dû difficilement se délasser les jambes.
"Hoooo, faudrait pas vieillir!"
Le sorcier se saisit de son bâton, se redressa, fit quelques mouvements d'étirement et alla quérir Jérôme. Des cavaliers finirent par arriver et les ordres furent donnés. La politique était toujours présente, mais il fallait finalement lutter hors des murs de Dormmel pour la sauvegarde des hommes. Nakor glissa tout de même au baron d'Etherna, lorsqu'ils furent seuls et proche de partir chevaucher aux côtés de leurs troupes.
"Cette attaque infernale aura peut-être pour effet de ramener un peu d'union entre les hommes ... mais si les soldats se reconnaissent au milieu du charnier, les nobles gardent bien d'autres idées en tête, même l'épée à la main ... surtout l'épée à la main! Je peux me tromper mais ... tachez d'en faire de même Monseigneur."
Le regard du vieux fou était sombre, il indiquait clairement qu'il doutait de la capacité totale et franche de l'ensemble des grands nobles du royaume de s'unir définitivement autour d'une cause commune. Il espérait sincèrement se tromper, il espérait qu'enfin une cause commune ramène chaque homme et chaque femme sur le même chemin, dans la même direction et que le royaume retrouve son unité d'autrefois. Mais en temps troublés, il était ardu de croire sans aucun doute en cela. Nakor fit donc la route en restant proche des armées. Il fit ce qu'il aimait faire avant l'attaque, une fois que l'armée de morts-vivants était en vue.
"Armée du Royaume, vous allez affronter un mal jamais vu auparavant sur nos terres, vous n'allez pas affronter des sombres, des elfes rebelles ou des nains conquérants. Non, vous allez affronter vos propres morts. Vos frères et soeurs, tombés sous le coup des monstres du Puys et de leur magie maudite. Vous pourrez douter, vous pourrez craindre, vous pourrez vouloir ne pas être là! Mais vous êtes ici, aujourd'hui, pour faire face à cette horreur, pour permettre aux âmes de ces pauvres enfants du Royaume de retourner au repos qu'ils n'auraient jamais du quitter. Alors n'hésitez pas, pas une seule seconde, votre combat est celui de la vie, celui du retour au repos de vos frères. Vous vous battez pour vous, pour eux aussi, pour la sauvegarde de leur âme. Vous êtes l'armée de la libération! Haut les coeurs!!!!!"
Comme bien souvent, les armées se donnaient de la force en criant, se joignant aux harangues de leurs seigneurs et des puissants. Nakor était reconnu comme une force non négligeable et les troupes de Jérôme étaient heureuses de l'avoir à leur côté. Ils savaient tous que si la magie s'abattait sur eux, il sera là et ce n'était pas rien. Il n'était pas apte à mettre fin au combat dans un claquement de doigt, bien loin de là, mais il pouvait mettre de sacrés bâtons dans les roues de l'ennemie. Il observa le début de l'attaque au côté droit de Jérôme. Il se tenait prêt, il observait et ressentait le flux détestable des prêtres drows qui contrôlaient sur une longue distance les cadavres. Mais ils n'étaient pas présents.
"Je n'aime pas ça Monseigneur ... il n'y a que des cadavres ici, pas de prêtres sombres, pas de drows ... pas de ..."
Puis il se tut car une deuxième vague de morts quitta la forêt pour prendre par surprise la coalition. Nakor serra son bâton plus fortement, s'avança de quelques pas et activa ses pouvoirs magiques. Il scruta les alentours, mais non, toujours pas de danger vivace proche. Sans se retourner vers les nobles, il dit tout haut
"Je n'aime vraiment pas cela ... nos hommes se débrouillent bien ... il faudra rassembler au plus vite ces cadavres et les brûler ... je m'occuperai des flammes moi-même pour en contrôler le flux et éviter que les cendres pestilentielles ne viennent rendre malade nos arm ... ."
Puis il tourna la tête vers la cité. Une présence que l'on ne pouvait oublier. Que faisait-il là celui là.
"Haldren Baenfere! Peste et damnation."
Il se détourna vers Jérôme.
"J'ai quelque chose à faire, faite passer le mot à vos hommes Monseigneur ... qu'ils ne restent pas trop prêt de moi, il pourrait y avoir du grabuge."
Nakor partit alors, bâton à la main, très concentré, dans la direction de celui qui pouvait aussi bien être là pour profiter du spectacle sans rien faire, qu'être là pour détruire et tuer, dans le simple but de s'amuser. Un fou à ne pas négliger du tout. Peut-être quitterait-il les lieux en sentant Nakor approcher, peut-être viendrait-il vers lui pour discuter, peut-être viendrait-il pour le tuer. L'archimage allait bien vite le savoir. |
| | | Haldren
Ancien
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Mer 2 Déc 2015 - 17:14 | |
| Lorsque les maîtres mages font l’effort de collaborer entre eux, ils se rendent souvent compte qu’ils ne ressentent pas la magie de la même manière, et que chacun la vit selon ce que ses propres expériences lui ont inculquées. Sans doute faut-il voir là une richesse supplémentaire de l’esprit humain, qui peut générer des modes de pensées et des schémas mentaux d’une incroyable richesse. A moins, et Haldren se trouvait partisan de cette hypothèse, qu’il ne s’agisse d’une volonté des Dieux eux-mêmes pour empêcher les mages de travailler trop aisément de concert. Lorsque l’on sait qu’un mage lambda est une sorte de catastrophe ambulante se demandant où elle va sévir, il faudrait alors admettre qu’il s’agirait d’une saine précaution. Et pour conclure sur ce point, citons l'une des maximes de notre drow préféré : « pour une fois que les Dieux n’ont pas chié dans la colle, je ne vais pas me plaindre ».
Mais revenons à notre histoire.
Haldren, donc, ressentait la présence des autres mages comme des sources de lumière dans un monde de ténèbres. La lumière que générait Nakor dans son esprit brillait comme mille soleils, signe des capacités hors du commun du vieillard acariâtre et à l’hygiène parfois douteuse. Or justement cette lumière se rapprochait peu à peu de lui, amenant un dilemme : fuir ou faire front. Le drow pesait toujours le pour et le contre lorsque son ennemi apparut à l’angle d’une ruelle, son bâton à la main. En le voyant, Lùthien cracha comme un chat en colère, arrachant un sourire en coin à son maître qui ne pouvait qu’admirer la qualité du reconditionnement mentale de l’ancienne Dame Protectrice.
Nakor, décidément tu arrives toujours comme un cheveu sur la soupe !
Malgré son air décontracté, voire narquois, Haldren restait sur ses gardes et maintenait actif ses sortilèges de boucliers. La vieille chouette barbue et tapageuse constituait l’une des rares personnes qu’il craignait en ce bas-monde, leur dernier affrontement à Diantra s’était soldé par un match nul au milieu d’un impressionnant tas de débris. Toutefois, un nouvel affrontement entre eux deux s’imposait-il réellement ? Faisant signe à Lùthien de rester en arrière, il s’avança lentement.
Je n’arriverais jamais à comprendre pourquoi tu t’attaches à ces humains, Nakor. Par l’éther, tu es l’un des plus puissants archimages de Miradelphia, et te voilà à la traine de nobliaux qui n’ont pas le centième de ton talent ! Que sont donc pour toi ces Clairssac, ces Brochant, et autres gueux tout juste bon à régner sur la fange ? Rejoins-moi, mon vieil ami. Si nous unissons nos forces, nous pourrons bouter hors de leurs châteaux ces incapables, et créer une véritable magiocratie. Tu sais au fond de toi que tu ne seras jamais vraiment accepté par les nobles du Royaume, tout au plus te tolèrent-ils tant que tu ne compromets pas leurs mesquines ambitions. N’as-tu donc pas envie que des êtres supérieurs comme nous guident la masse de la plèbe vers une ère nouvelle, celle de la magie ? La famine, la maladie, la mort même ne seront plus des obstacles si nous coopérons sincèrement. Les races qui peuplent ce monde se déchirent, se confrontent dans de vains combats. Unis sous la douce férule d’un pouvoir fort que nous incarnerons, elles pourront enfin aborder l’avenir de ce cycle avec sérénité.
Alors qu’il s’approchait du vieillard, la voix du drow s’était faite douce et charmeuse. Telle un serpent, elle s’insinuait dans les esprits et faisait lentement fondre les résistances pour les remodeler à leur insu. Après tout, ce drow était-il réellement un ennemi ? Ses paroles semblaient empreintes de bon sens, et qui oserait lui dire « non » alors qu’il ne voulait que le bien du plus grand nombre ? Fallait-il donc s’arrêter de manière inique à ses origines et à ses actions passées pour le juger ? La main du drow se tendit, paume en avant, apaisante et accueillante.
Joins-toi à moi, Nakor |
| | | Walther Hohenburg
Humain
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Ven 4 Déc 2015 - 12:01 | |
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Lui et ses derniers hommes encore en vie étaient entrés dans la cité. Ce n'était pas l'envie qui lui avait manqué, mais le cœur n'y était plus vraiment. Fébrile à cette idée de passer par la faille béante dans la muraille, il y était pourtant allé, suivant ainsi des centaines d'hommes qui avaient eu la chance de ne pas mourir sur le champ de bataille, mais qui en auraient peut-être moins une fois à l'intérieur. Comme il se l'était imaginé, certains tombèrent face à des hordes éparpillées dans les quatre coins de Nebelheim. Prudent comme jamais, lui, Meinhard et les siens restèrent dans l'une des principales artères. S'il pensait que le pire était passé au niveau du spectacle horrifique, la vision de cette cité totalement fantomatique, abandonnée de toute vie, le remit dans un certain malaise. Trop d'horreurs pour la journée, les hommes étaient à cran...
Les armes toujours à la main, ils s'enfoncèrent encore un peu plus sans véritablement savoir où leur peine prendrait fin. Meinhard semblait ailleurs, comme sur le champ de bataille. Cet homme qu'il ne connaissait que depuis quelques jours seulement lui avait sauvé la vie. Il n'avait pas eu le temps de l'en remercier, mais il savait éperdument qu'il en serait endetté à vie. Cette montagne de nerfs et d'acier avait été impressionnant. Sa foi l'avait inspiré et lui avait donné la force de se battre et d'inspirer les hommes à ses côtés. Alors que lui n'avait fait que lutter pour sa survie et celle de ses hommes. C'était bien cela qui les différenciait. Meinhard se battait pour un idéal et lui pour retrouver sa place...
De leur côté, il ne restait plus que huit hommes dans la compagnie. Manfred, leur sergent d'arme, avait été salement amoché en voulant protéger un des gars. De là à savoir s'il passerait la nuit, la réponse était moins sûre. Parmi les autres survivants, on retrouvait les plus endurcis, comme si la sélection naturelle avait repris son cours en emportant tous les plus faibles et les moins aguerris. Mais il fallait se le dire, la guerre dans ces conditions ne pardonnait aucune faiblesse. Et c'est avec une certaine appréhension qu'il pensa au combat qu'il leur resterait à fournir contre les puysards d'Amblère.
Ils arrivèrent sur la grande place de la cité où une pile de corps était entassée en plein milieu. Les regards se figèrent en voyant cela, pas de doute que des visions cauchemardesques envahiraient leurs prochaines nuits pendant un long moment, mais il leur faudrait vivre avec ça jusqu'à leurs morts. Wilfrid, l'un des survivants de sa compagnie se retourna alors vers lui en affichant un regard un peu penaud.
-Où c'est qu'on va après ça ?
Voyant Meinhard se diriger vers le petit temple de Néera sans les avoir attendu, Walther fit signe de le suivre. Bien que la pression commençât à retomber, les gars continuaient de regarder dans tous les azimuts pour prévenir une éventuelle attaque de morts-vivants, mais que pouvait-il bien leur arriver une fois dans la maison de la Dame Dieu ? N'était-ce pas un lieu censé être épargné par la mort ? Il ne souhaita pas prendre le risque de le croire et garda son épée solidement rivée à son poignet.
-Restons vigilant, Meinhard, nous ne savons pas quelle surprise nous sera réservée une fois les portes ouvertes.
Et la surprise ne tarda pas lorsque ces dernières s'ouvrirent. Une dizaine de ces créatures les attendait bel et bien, n'attendant pas pour faire marche dans leur direction. Heureusement pour eux, leur allure était lente, ce qui leur permit de préparer l'assaut. Ainsi, ils combattraient sous les yeux normalement bienveillants de la Dame Dieu, ce qui pouvait paraître ironique... Lorsque Meinhard se précipita sur les premiers assaillants, ils firent de même et le sang noir et puant des morts-vivants gicla sur les pierres ancestrales du temple. A ce moment-là, tous les hommes furent prit d'une certaine envie de vengeance comme si ils incarnaient à eux seul la lutte qui opposait l'humanité toute entière contre le chaos et la mort.
Une fois les derniers cadavres ambulants à terre, certains de ses hommes continuèrent à les ruer de coups comme si leur frénésie guerrière ne s'était pas estompée.
-C'est terminé, cessez le combat ! Laissez ces morts partir en paix, ils l'ont mérité...
Ses hommes s'arrêtèrent brusquement, prenant petit à petit conscience de leurs actes.
-Où est Meinhard ?
-Là-bas, cap'taine, répondit Wilfrid.
En se retournant, il vit au loin le chevalier prendre place devant la statue de Néera. Sans comprendre pourquoi, il s'avança presque machinalement dans sa direction et vint s'agenouiller à ses côtés. Ses mains tremblaient et il sentait le sang couler sur son visage. D'extérieur, il devait en être recouvert, comme tous les autres. Mais en regardant Meinhard en pleine prière, une certaine sérénité s'empara de lui sans qu'il ne puisse l'expliquer et ses tremblements cessèrent. En jetant un œil derrière, il vit ses gars s'agenouiller à leur tour. Même les moins croyants les avaient rejoints. C'était à croire que tout le monde avait ressenti le même besoin au même moment. Ainsi, leurs yeux se fermèrent et un profond silence régna dans la maison de la Dame Dieu.
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| | | Nakor
Humain
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| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Mar 8 Déc 2015 - 15:30 | |
| Nakor avançait droit vers son but, son unique but du moment et pas des moindres, le plus puissant archimage drow à sa connaissance. Il croisa un chef de troupe en descendant vers la cité. Il le pointa du doigt
"Capitaine? - Oui Seigneur Nakor? - Je ne suis pas un seigneur ... laissez tomber! Faite passer le mot jeune homme : dés que l'on me voit, il faut fuir. J'ai un ennemi à combattre dans la ville et la magie qui affronte la magie peut faire des dégâts considérables. Hors de mon chemin donc! - Bien sûr Seigneur!"
Puis des ordres furent hurlés pour faire le tour des armées encore debout. Nakor avança, tourna, vira, et fini enfin par se trouver au plus proche de la grande source de puissance qu'il avait capté et qu'il ne connaissait que trop bien. Il tourna dans une dernière ruelle et il le vit enfin, ce grand drow élancé, à la longue crinière, habituellement seul et ... cette fois accompagné. Quelle était encore cette histoire? Et par une elfe qui lui semblait toute acquise?
"Pale-sang-bleu mais qu'est-ce que ... "
Marmonna le vieillard avant qu'il ne s'entende appelé par son prénom. Ainsi ils étaient une nouvelle fois en face l'un de l'autre. Le vieux barbu à chapeau et la perruque blanche dégingandé. Était-ce le fait de pratiquer la magie à un si haut niveau qui faisait des archimages ce qu'ils étaient? Des êtres un peu trop singulier pour être honnête. Le Magistère n'était pas fou, il manipulait ses forces arcaniques avec précision. Si une attaque était tenté, il aurait de quoi répondre et plus que nécessaire. Il ne fallait pas faire trop de dégâts, les armées étaient déjà affaiblis, et jouer le jeu d'Haldren dans le chaos n'était en aucun cas le but du vieux fou. Mais quand il fallait y mettre les moyens, Nakor n'était que bien rarement avare en effets. Haldren prit la parole et avança très lentement. Une sensation étrange s'empara du maître de la guilde du Firmament. Il se sentit allégé, puis très légèrement compressé. Il écoutait les paroles du drow, sans pouvoir faire autrement. Il voulait lui couper la parole, lui dire à quel point c'était une folie. Mais quelque part, une petite voix, la sienne, dans son propre esprit, lui intimait des souvenirs anciens, des déceptions, des douleurs du passé, gagnées par l’entêtement du vieil homme à perdurer aux côtés des hommes, à croire en eux et à tenter de les guider sur ce qu'il pensait être le bon chemin. Et pourquoi pas? Pourquoi ne pas tout envoyer brûler et laisser libre cours à sa puissance .... pourquoi ... pourquoi cette étrange sensation. Un discours qui se termine enfin et une main tendu devant lui, Nakor ne savait plus trop quoi penser. Pourquoi ce tourbillon d'images dans son esprit, si fortes et si tenaces qu'il pouvait être amené à changer d'avis. A ne plus faire ce qu'il faisait depuis plus de six cents ans. Mais c'était sans compter sur la fureur qu'un tel comportement et que de telles pensées réveillaient en lui. L'archimage activa ses forces magiques et comme un coup de vent qui balai la brume ambiante, il fallu une colossale force d'esprit pour détruire les entrelacs arcaniques qu'Haldren avait crée pour ensorceler Nakor. Le vieux fou donna un grand coup de bâton, comme pour définitivement retrouver ses esprits, sa magie affluant en lui, montante puis descendante, comme un torrent sauvage. Une étoile parmi les sources de magie présentes. Il planta un regard féroce dans celui de son homologue drow
"Comment as-tu seulement osé? Tu t'inities à la manipulation d'esprit maintenant Haldren? Pour un peu et je me laissais avoir par ton tour. C'était bien mal me connaître que de négliger l'effet que de telles propositions auraient eu sur moi en temps normal! Peste et damnation comment peux-tu imaginer que j'ai envie d'asservir, de mépriser et d'écraser! Je vénère la vie, là où tu cherches à la détruire simplement. Tu me trouveras toujours contre toi."
Jetant un très très très bref regard en direction de la femme elfe à ses côtés, Nakor avança son bras droit et balança un éclair d'une si grande puissante que tout mortel qui se respecte perdrait la vue en étant simplement présent à regarder le sortilège prendre forme. Ce fut donc dans un féroce grondement que la magie électrique fit son œuvre. Nakor ne perdait pas de vu deux choses importantes : Haldren allait sans aucun doute parer le coup et riposter. Mais ils étaient tout de même très proches l'un de l'autre. Retourner l'éclair contre lui ne fonctionnerait pas, Nakor en avait une trop grande maîtrise. Et surtout, le vieux fou avait regardé la jeune elfe avec insistance après avoir indiqué qu'il avait compris les manigances du drow et découvert qu'il manipulait les esprits. Oui, le vieux fou se demandait, en même temps qu'il attaquait, s'il en était de même pour elle ou si elle le suivait de son plein grés. Le combat venait de s'engager par une tentative de manipulation puis une parade et riposte en bonne et due forme. Haldren continuerait-il sur cette voie? |
| | | Meinhard d'Andorf
Humain
Nombre de messages : 41 Âge : 28 Date d'inscription : 04/10/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 29ans à sa mort Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Mer 9 Déc 2015 - 9:59 | |
| L’entrée dans la cité avait été ordonnée. Meinhard, accompagné par Walther et ses hommes, pénétreraient à l’intérieur même de la cité fantôme, jadis haut-lieu de la baronnie et de son ancien royaume de Sgarde. A l’intérieur de celle-ci, ils s’attendaient à voir bien des choses, des scènes horribles ou dégoûtantes. Mais ils n’étaient définitivement pas préparés à un tel spectacle, et ce malgré leur imagination fertile. Car de l’ancienne Nebelheim ne subsistait qu’une ombre. Oui, une ombre, à l’odeur de mort et à l’allure de ville infernale. Dans les artères vides qui jadis accueillaient hommes et femmes, enfants et marchands, il n’y avait plus que le vide, les étals des marchés saccagés, les portes grandes ouvertes. Ceux qui avaient tenté de fuir lors du siège des Drows avaient tenté d’emporter leurs biens, et ceux-ci pourrissaient à présent sur les pavés ensanglantés de la ville, témoins d’actes inhumains et contre-nature.
Au milieu de cette vision désolante, pourtant, quelques groupes de mort-vivants subsistaient. Meinhard aurait bien entendu souhaité être de la partie, mais les effectifs des non-morts s’étaient perdus dans les dédales de ruelles, au plus profond de la cité, et Walther tenait absolument à rester sur la principale avenue, refusant de voir plus de ses hommes mourir. En y réfléchissant bien, ce chevalier était sûrement meilleur meneur d’hommes que lui. Car là où Meinhard voyait une occasion de rendre gorge à un ennemi de la Foi, Walther, quant à lui, prenait avant tout en compte les vies humaines dont il avait la charge. Un homme sur qui on pouvait compter, même s’il pouvait sentir le doute et la fatigue qui le pesaient depuis des lunes. Ne sachant pas si cela allait changer grand-chose, le Foudreguerre mit tout de même une main sur l’épaule de Walther, de façon fraternelle. Dans ce combat démoniaque, nul n’était seul.
Les corps empilés sur la place du marché étaient une vision d’horreur particulièrement efficace. Meinhard souffla une prière à sa Dame, en voyant le sinistre sort réservé à ces pauvres gens. La compagnie s’était arrêtée, et les gars demandaient vers où se tourner en cet instant. Il était vrai que rester devant ce carnage sanglant n’était pas une idée riche de sens, il fallait que les hommes recouvrent leur moral, alors défaillant. Le colosse de métal avait bien une idée, mais il ne connaissait pas bien Nebelheim, et ne savait pas si un tel endroit existait en ces lieux bannis de la grâce divine. Soudain, pourtant, comme si Néera le lui avait soufflé, il tourna la tête vers l’est. Et c’est là qu’il le vit. Ce bâtiment. Il était bien voyant, pourquoi ne l’avait-il pas remarqué plus tôt ? Comme porté par une énergie inconnue, et profondément ancrée en lui, il marcha machinalement en sa direction, l’épée abaissée et le regard rivé sur le fronton qui embellissait l’édifice.
Un temple de la Damedieu.
Arrivé à la porte, il sentit Walther se diriger prestement à sa suite, accompagné des repris de justice ayant survécu. Apparemment, les dieux avaient décidé d’en garder certains en vie. Peut-être le méritaient-ils ? Peut-être avaient-ils trouvé la rédemption ? Lui, en revanche, cherchait toujours la sienne. Et c’était cette envie irrésistible de la trouver qui l’avait attiré vers ce lieu sacré. La justice devait être rendue. Il avait eu le Choix, et il avait agi en connaissance des conséquences. Mais pourtant, le doute subsistait ; avait-il bien fait ? N’y avait-il pas une autre solution qu’il n’avait pu voir ? A la recherche de ces réponses, il tenta de pénétrer dans le temple, suivant les conseils de vigilance de Walther.
C’est l’épée levée qu’il affronta avec colère les derniers mort-vivants ayant souillé cet endroit béni et lumineux. Outré que des êtres aussi bas aient pu poser le pied dans un temple consacré à la Dame des Hommes, Meinhard ne pouvait que les réduire en charpie. Faisant tourner sa lame devant lui, il trancha la tête d’un cadavre trébuchant, puis lança son genou dans le ventre de l’un d’eux. Ce dernier lui vomit ses tripes sur son armure, mais dans un état second, le chevalier ne s’en rendit même pas compte. Il se contenta de le hacher menu, se servant de sa lame comme d’un hachoir à jambon. Les maigres effectifs présents dans le temple furent vite balayés par la compagnie arétane, qui, las de tant de guerre, avait décidé d’en finir au plus vite.
C’est sur le cadavre, bel et bien mort une fois pour toute, que le Foudreguerre marcha en direction de la statue de la Damedieu. Blanche et intacte, épargnée par le Mal qui avait sévi au dehors, elle était baignée par la lumière du soleil, qui se reflétait dans les vitraux cassés du temple. Dans les yeux de Meinhard, il n’y avait jamais eu plus belle représentation de sa Dame, baignée de lumière, et Se tenant droite au milieu du chaos, comme si seule Sa voie était la bonne. Comme si Elle seule pouvait montrer le chemin qu’il fallait suivre. La félicité était dans le cœur du chevalier.
Il se prosterna, tombant à genou, l’épée devant lui. Il communiait à présent avec Néera, et il s’était mis à la prier de tout son cœur, murmurant les dogmes qu’il avait appris durant sa formation. Même si ses yeux étaient fermés, il put sentir la présence des autres hommes autour de lui. Tous se prosternèrent face à la Damedieu. Même Walther, qui était rempli de doute, parut plus serein en sa présence. Meinhard sourit.
Après tout, à quoi peut tenir le moral d’une armée ? Chaque homme peut-être galvanisé par les encouragements de son général, ou par les promesses de richesse et de gloire éternelle. Mais dans la bataille, toutes ces considérations disparaissent, et lorsqu’elles ne sont plus là, le courage défaille. C’est alors que le seul et véritable chemin apparaît, clair comme du cristal, à celui qui sait le trouver.
Le Chemin de la Foi. Le Chemin de la Dame.
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| | | Haldren
Ancien
Nombre de messages : 1234 Date d'inscription : 19/12/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : ~1050 ans Taille : 2m Niveau Magique : Archimage.
| Sujet: Re: Une campagne comme oncques ne vit Sam 12 Déc 2015 - 16:12 | |
| Haldren sentait les boucliers mentaux de Nakor faiblir puis céder les uns après les autres. Des siècles de déceptions, de trahisons et de mesquineries de la part des nobles humains constituaient un fertile terreau pour y semer les graines haineuses de la discorde. Encore quelques arguments envoyés au bon endroit, quelques paroles corruptrices, et l’union sacrée entre les deux archimages allaient pouvoir se réaliser. L’alliance de lumière et de l’obscurité, auraient dit les poètes, bien que les moralités respectives des deux adversaires ne puissent pas être catégorisées d’une manière aussi simpliste.
En repensant à cet affrontement bien des ennéades plus tard, le drow se demanda à quel moment il avait échoué. La rigueur morale de Nakor s’était-elle finalement redressée face à ses insidieuses suggestions ? Avait-il sous-estimé les capacités de résistance de l’humain face aux sortilèges de persuasions ? Quoi qu’il en soit, Haldren fut réellement et profondément surpris lorsque sa trame mentale se retrouva brutalement déchirée.
Passant d’une innocente passivité à une violence non contenue, Nakor déchaîna alors ses pouvoirs et la foudre jaillit de ses doigts. Entièrement mobilisé sur son emprise mentale, le drow n’avait pas pu maintenir simultanément ses boucliers magiques à leur niveau habituel, et l’attaque les traversa comme le couteau fend le beurre. Une épouvantable douleur l’envahit alors que chaque fibre de son être encaissait la surcharge énergétique issue des éclairs. La puissance de l’impact projeta littéralement le drow en arrière, et il alla s’écraser contre les murailles de Nebelheim dans un bruit sourd.
Maître, hurla Lùthien.
Pour la première fois depuis des siècles, Haldren sentit son art lui échapper et refuser d’obéir à sa volonté. L’intense douleur qui le vrillait de part en part l’empêchait de se concentrer sur une riposte. Nakor lui-même ne devait pas avoir instantanément saisi que son adversaire se trouvait momentanément dans l’incapacité de se défendre car il n’en profita pas, laissant le temps à l’elfe d’intervenir en incantant rapidement.
Entre les ennemis, les pavés volèrent en éclat, et la roche s’assembla pour former un élémentaire qui dominait chacun des combattants, ses massives épaules touchant presque les bords de la ruelle. La créature poussa un mugissement bestial, défiant hommes et dieux de l’affronter. Haute de trois mètres et large quasiment d’autant, ses petits yeux rouges brillant de colère, il s’agissait d’un adversaire face auquel plus d’un mage ordinaire aurait souillé son pantalon. Malheureusement, Nakor n’était pas ce que l’on pourrait appelé « un mage ordinaire ».
Mais Lùthien n’était pas non plus une novice en matière de magie, et Haldren lui avait enseigné la majeure partie de ses connaissances quant aux duels. Consciente qu’ils affrontaient un adversaire redoutable, l’elfe avait choisi cette invocation afin d’occuper Nakor suffisamment longtemps pour sauver son maître. Tandis que l’élémentaire se ruait à l’assaut, elle aida l’archimage à se relever et le guida en titubant jusqu’à la poterne, claquant la porte derrière eux. De là s’ouvrait un souterrain qui permettait de s’éloigner des lieux du combat, souterrain que l’elfe fit s’effondrer derrière eux.
S’il ne fallut guère de temps au vieil humain multicentenaire pour terrasser l’élémentaire, il dut alors se résoudre à un amer constat : ses ennemis avaient pris la fuite. Blessé mais vivant, Haldren ne pourrait dès lors que brûler d’une rage et d’une haine tenace lorsqu’il repenserait à ce retrait honteux. |
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