[Mathaora] Un tonneau de vin qui roule, roule, roule - [Pv Marik Rivers]

Ne sommes bien loin de la terre des elfes, une terre riche de vies animales et végétales ! Loin du climat humide de la forêt dense, des hauts arbres qui couvrent le monde elfe de leur ramure protectrice. Forêt qui les protège du monde extérieure, les elfes gardent jalousement pour eux le petit monde qui est le leur. Ils n'aiment pas quitter leur petite bulle de confort ! Mais parfois il le faut ! Aujourd'hui ils étaient pourtant très éloignés de leur terre. Ton père doit conclure un marché avec un homme important de cette cité perdue au milieu de nulle part selon toi ! Le cousin de ton père à Ithri'vaan lui avait fait suivre un courrier du Nizam en personne demandant qu'on lui apporta bien entendu les meilleurs crus en possession pour être servi ensuite à la table de l'Emir. Un marché plus que juteux et il ne pouvait clairement pas laisser un intermédiaire aller faire affaire à sa place bien que ces lieux soient très reculé. Cela serait très irrespectueux ! Vous avez donc pris la route accompagnait de sept autres hommes pour un voyage plus sûr ! Il ne faudrait pas perdre la marchandise en cours de route ! En tout il était neuf elfes pour une cargaison de quinze tonneaux, du blanc, du rouge, du rosé et de l'hydromel elfe.

Nous avons fait un long voyage de plusieurs jours pour rejoindre tout d'abord Ithri'vaan, où vous vous êtes arrêtés pour une nuit ! Avant de repartir à l'aube pour Mathaora qui se trouvait beaucoup plus au sud. Même au printemps il fait chaud sur ses terres, il y a de quoi s'estimer heureux d'ailleurs que ce soit le printemps et non l'été. Les paysages n'étaient pas très verdoyant par ici, tu te sens totalement dépaysée, tu n'es même pas sûre que ton propre père soit déjà allé si loin au sud.
Ce déplacement n'aurait guère plu à Lossë il y a tant de sable, il n'est pas très habile de ses sabots dans le sable ! Tu as donc préféré le laisser en Anaëh, puis là-bas au moins il ne risquait de se faire descendre pour finir dans une assiette par inattention... Il y a donc entre tes cuisses une monture plus classique qu'on ne prendra pas pour son repas.

Vous avez fini par atteindre votre but, la cité est très... exotique ! Les habitations sont en argile et torchis, néanmoins malgré la pauvreté des matériaux utilisés, ça à l'air de tenir le coup. Les femmes portent des couleurs vivent et chaudes et aussi plutôt légère pour certaine... Tes yeux vagabonds sur un peu tout, les maisons, les gens qui vivent là. Ils ont un teint basané, les cheveux noirs pour un grand nombre, les yeux noirs olive. Bref vous avez traversé la ville en direction du palais, c'est là que vous attends le Nizam. On ne peut pas le manquer d'ailleurs le palais, il domine très largement la ville de sa hauteur. Vous progressez lentement, mais surement dans les rues de terres battues pour rejoindre l'entrée des serviteurs c'est là qu'ils sont attendus par le conseiller. Vous faites donc le tour de bâtisse de marbre, pour tomber sur une petite porte en bois légèrement sculpté, après ce sont les domestiques qui passent par là, mais bon il fallait au moins ça pour ne pas enlaidir la demeure de l'Emir.

Le printemps c'était installé en Mathaora et déjà la chaleur devenait étouffante pour les étrangers, même pour ceux qui étaient installé là depuis des années. Le soleil venait frapper inlassablement les corps qui bronzaient sous son ardeur au point que les occidentaux ressemblaient à des tomates trop mûres lorsqu'ils s'aventuraient trop longtemps à l'air libre. Les locaux quant à eux étaient habitués depuis des années à la chaleur du printemps et se préparaient déjà au torride été qui se préparait. Etait importé depuis Thaar des monceaux de glace pour les plus riches, et l'eau puisée était placée dans de profonds puits où elle se refroidissait doucement. Mais la principale boisson - outre le lait de chèvre - était le vin principalement importé du nord et de la Péninsule. Le blanc et le rosé étaient particulièrement appréciés par Son Excellence l'Emir qui en commandaient des dizaines de tonneaux au cours de l'hiver et du printemps pour le faire macérer avec des épices locales pour se rafraîchir durant l'été où l'air pouvait atteindre près de quarante degrés pendant plusieurs semaines. Ainsi Marik avait mandé des messagers pour trouver un fournisseur régulier, bon marché et bien évidemment ayant des crus de qualité. Et par chance il l'avait trouvé.

Cela avait été une surprise agréable lorsqu'on savait que le marchand était un elfe ainsi que le reste de sa suite. Marik ne connaissait guère ses êtres sylvains si ce n'étaient les regrettés éclaireurs qui avaient combattus à ses côtés. Il ne leur avait guère parler pour autre chose que donner des ordres lors des combats ou pour tenter de calmer le jeu lorsque les relations avec les nains s'envenimaient. Mais leurs lames dorées avaient fauchés bien des pillards dans une danse magnifique. Ces images marqueraient à jamais ma mémoire ainsi que tous ceux qui avaient combattu avec eux. Mais là n'était guère la surprise. Non... Il était très rare que les elfes quittent leur forêt surtout pour vendre de l'alcool. Cependant Marik avait fait une bonne affaire car il avait dégotté au passage quelques tonneaux de l'hydromel elfique qui avait soulagé sa douleur durant le siège de Fibis. Bien que n'en buvant que peu l'alcool calmait ses nerfs et la perte de ses proches semblaient moins forte. Aujourd'hui Marik savait ses blessures intérieures guéries mais l'hydromel était délicieux. C'est pourquoi il attendait à l'ombre, une bourse bien remplie à sa ceinture, habillé de sa tunique habituelle. Il avait couvert ses mains de riches gants en cuir ne désirant pas montrer ses blessures de guerre si voyantes. Il n'en avait guère honte mais il ne voulait pas jeter l'opprobre sur son souverain en ayant une image de rustre guerrier. Les chariots pénétrèrent par la délicate arche sculptée et s'arrêtèrent dans la cour où d'autres chariots étaient garés, étant déchargé par une armée de serviteur. Marik s'avança vers les dix hommes - et une femme remarqua t'il - et s'inclina respectueusement.

"Bienvenue à vous valeureux amis marchands ! La route a dû être longue et j'espère que vous n'avez rencontré aucun problème d'aucune. Je suis Marik Rivers, Nizam de son Excellence l'Emir, et c'est moi qui vous ai commandé ce délicieux breuvage que vous nous avez apportez. Laissez moi donc vous offrir un rafraîchissement pendant que nous discutons du prix à vous payer."

Marik s'inclina à nouveau et fit un léger mouvement de la main. Aussitôt une foule d'esclaves s'avancèrent, portant un dais ainsi qu'une table et des divans. Deux pichets de jus de fruit, et un de lait de chèvre, furent servis dans des gobelets argentés et les soldats qui accompagnaient les marchands reçurent chacun une ration de pain et de fromage ainsi qu'une gourde d'eau. L'Emir savait être généreux avec ses amis, tout du moins Marik faisait en sorte que ce soit le cas...

Bien évidemment... Marik aurait du deviner que les elfes étaient attirés par l'appât du gain. Ah on pouvait vivre éternellement mais l'éclat de l'or attisait tout autant les esprits ! Le chevalier se surprit à avoir un franc sourire et non pas un sourire poli. Il tint à l'oeil la fille du commerçant. Les quelques semaines du siège de Fibis, tant d'années auparavant, lui avait permis d'apprendre l'équité des sexes et surtout de l'intelligence de leur femme. Non pas que les humaines soient stupides mais peu d'entre elles étaient éduquées pour un jour avoir le pouvoir. Marik avait également fait cette erreur ayant tout fait pour préparé sa fille au mariage et aux affres de "bonne femme". Et pourtant elle était morte l'épée à la main en emportant trois brigands avec elle. Le chevalier avait vu des paysans tués lors du premier jour de combat en pleurant et pourtant sa femme et sa fille avait été à ses côtés lors de sa sortie ultime. Et si elles avaient été là jusqu'à la fin c'étaient parce qu'elles avaient les capacités à survivre... Enfin le Nizam s'évadait dans ses pensées et s'éloignait de son sujet.

"Cent ans d'âge me dites vous ? Il se doit d'être délicieux alors j'en goûterai avec ravissement."

Marik craignait surtout ce fusse du vinaigre. Du rouge de 100 ans existait... Mais du blanc ? Le conseiller craignait le pire. Il fit signe aux esclaves de percer un tonneau de blanc et se fit apporter une coupe. Il huma doucement le doux nectar appréciant son odeur légèrement fruitée, rappelant la pomme puis y trempa délicatement ses lèvres. Le liquide avait une robe divine, non pas rêche mais douce comme la caresse d'une femme. Ce délicat goût entre la pomme et la noix était divin et ravirait même les Cinq à leur éternel banquet. L'Emir apprécierait. Mais malgré ce délice Marik ne changerait pas d'avis, il tenait à l'or également. Cependant il allait s'arranger pour donner un bonus à l'homme.

"En effet votre vin est à ravir le plus délicat des palais ! Le plus malheureux des hommes danserait de joie rien qu'à l'idée de le goûter. Pour m'avoir apporter ce délice je vous propose, à vous et votre entreprise, de devenir les fournisseurs de Mon Altesse l'Emir. Vous aurez également des appartements au sein du palais que vous pourrez utiliser à votre guise. Votre fille peut rester dès aujourd'hui en Ithri'Vaan si elle le désire. En échange vous n'aurez qu'à expédier une caravane tous les six mois, pour le même prix - les épices en moins. Cependant si vous désirez en acheter nous pouvons amoindrir les coûts et offrir protection, moyennant finance bien évidemment. Acceptez vous honorable marchand ?"